À la découverte du "Fonds lafautearousseau"... (11) : Sanson, le bourreau de Paris, qui exécuta Louis XVI, était... royaliste !
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Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...
Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...
Aujourd'hui : Sanson, le bourreau de Paris, qui exécuta Louis XVI, était... royaliste !
(tiré de notre Éphéméride du 21 février)
(retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :
Á la découverte du "Fonds lafautearousseau")
1793 : Deuxième Lettre de Sanson, établissant les faits sur l'exécution de Louis XVI
Charles-Henri Sanson, né le 15 février 1739 et mort le 4 juillet 1806, était le bourreau de Paris, issu d'une famille de bourreaux normands qui ont exercé de 1688 à 1847, cette charge officielle restant donc dans la famille pendant plusieurs générations, jusqu'à ce que que Henri-Clément (auteur de Les Mémoires des Sanson), ruiné par ses dépenses somptuaires et le jeu, soit révoqué en 1847....
Charles-Henri Sanson a administré la peine capitale durant plus de quarante années et a exécuté de sa propre main près de 3.000 personnes, dont le roi Louis XVI ainsi que différents révolutionnaires comme Danton ou Robespierre.
Cette maison, ancien manoir du fief de Thumery, est la demeure familiale des Sanson. Charles-Henri Sanson est exécuteur des jugements criminels, c'est-à- dire "bourreau de Paris", pendant la Révolution. Au lendemain de l'exécution du roi Louis XVI, il vient se reposer à Thumery...
Dans deux lettre datées du 20 et du 21 février 1793, il réagit à la version du Thermomètre du Jour en consignant son propre témoignage de l'exécution :
• Lettre du 20 : "Arrivé au pied de la guillotine, Louis XVI considéra un instant les instruments de son supplice et demanda à Sanson si les tambours s'arrêteraient de battre. Il s'avança pour parler. On cria aux bourreaux de faire leur devoir. Pendant qu'on lui mettait les sangles, il s'écria : "Peuple, je meurs innocent !". Ensuite, se tournant vers ses bourreaux, Louis XVI déclara : "Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français." Le couperet tomba. Il était 10 heures 22. L'un des assistants de Sanson présenta la tête de Louis XVI au peuple, cependant que s'élevait un immense cri de : "Vive la Nation ! Vive la République !" et que retentissait une salve d'artillerie qui parvint aux oreilles de la famille royale incarcérée."
• Lettre du 21 : (le roi) "a soutenu tout cela avec un sang froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu'il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé."
Alexandre Dumas père, dans ses Causeries, raconte par ailleurs une rencontre, vers 1830, avec le fils de l'exécuteur, alors présent :
"Eh bien, vous disiez que vous désiriez quelque chose, monsieur Dumas ?
- Vous savez combien les auteurs dramatiques ont besoin de renseignements précis, monsieur Sanson. Il se peut qu'il arrive un moment où j'aie à mettre Louis XVI en scène. Qu'y a-t-il de vrai dans la lutte qui s'engagea entre lui et les aides de votre père, au pied de l'échafaud ?
- Oh ! je puis vous le dire, monsieur, j'y étais.
- Je le sais, et c'est pour cela que je m'adresse à vous.
- Eh bien, voici : le roi avait été conduit à l'échafaud dans son propre carrosse et avait les mains libres. Au pied de l'échafaud, on pensa qu'il fallait lui lier les mains, moins parce qu'on craignait qu'il ne se défendît que parce que, dans un mouvement involontaire, il pouvait entraver son supplice ou le rendre plus douloureux. Un des aides attendait donc avec une corde, tandis qu'un autre lui disait : "Il est nécessaire de vous lier les mains."
À cette proposition inattendue, à la vue inopinée de cette corde, Louis XVI eut un mouvement de répulsion involontaire. "Jamais ! s'écria-t-il, jamais !" Et il repoussa l'homme qui tenait la corde. Les trois autres aides, croyant à une lutte, s'élancèrent vivement. De là, le moment de confusion interprété à leur manière par les historiens.
Alors, mon père s'approcha, et, du ton le plus respectueux : "Avec un mouchoir, Sire" dit-il. À ce mot, Sire, qu'il n'avait pas entendu depuis si longtemps, Louis XVI tressaillit; et, comme au même moment son confesseur lui adressait quelques mots du carrosse : "Eh bien, soit; encore cela, mon Dieu !" dit-il. Et il tendit les mains."
On sait, par le journal du républicain modéré Léon Dufresne, ce qu'a dit l'abbé au roi : "Sire, je vois dans ce nouvel outrage un dernier trait de ressemblance entre Votre Majesté et le Dieu qui va être sa récompense."
En réalité, Sanson avait essayé d'échapper à cette terrible exécution. Mais cela était impossible, car lui et sa famille étaient, légalement, les seuls à pouvoir "officier".
Il en perdit d'abord la parole, puis peu à peu la raison. En mourant, il laissa une somme importante pour fonder une messe anniversaire annuelle à la mémoire du Roi...
Sanson, l'exécuteur du roi et de la reine, offrant au péril de sa vie un mouchoir à son Roi, au lieu de la corde, signe d'infamie, réservée aux criminels et aux "gibiers de potence"; eût-il été entendu dire à voix basse "Sire" au Roi, à quelques mètres seulement, quelques dizaines de centimètres peut-être même, des assassins/représentants de la Convention, c'était l'arrestation immédiate, puis, à n'en pas douter, la mort assurée : Sanson, royaliste ! Si les Français connaissaient l'Histoire, leur Histoire, voilà qui en étonnerait plus d'un...
A quoi dut-il penser lorsqu'il exécuta, à leur tour, les Girondins (vrais auteurs de la Révolution, et surtout leur chef, Brissot), Hébert, Danton, Robespierre, Fouquier-Tinville et autres monstre du même tonneau ? Peut-être à ce que dira Bainville, plus tard :
"La seule chose qui rende supportable les récits de la Révolution, c’est qu’on peut dire à la plupart des imbéciles et des scélérats qui ont coopéré aux actes révolutionnaires : "Toi non plus tu n’en as pas pour longtemps"...
(illustration : le caveau de la famille Sanson, à Montmartre)
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