L’accueil des migrants, nouveau bon plan pour faire du cash ?, par Arnaud Florac.
À mesure que l’amour de l’argent devient universel, la haine est en train de se déplacer doucement vers l’intelligence. Je suis sûr que vous l’avez remarqué. On envoie paître les raisonnements construits, la culture livresque et les intellectuels, tandis qu’on glorifie l’argent facile et la célébrité en carton.
De fait, c’est l’émotion la plus primale qui tient désormais lieu de réflexion. C’est la victoire du pathos sur le logos, d’Andersen sur Heidegger. Voyez par exemple la crise migratoire : elle déverse chaque jour, en même temps que de pleins cargos d’ingénieurs de bonne volonté, venus chercher, on le sait bien, une nouvelle patrie qu’ils respecteront, des litres de lieux communs larmoyants et de mobilisations citoyennes, tous deux aussi inconséquents que présumés inattaquables.
Il arrive même que l’amour de l’argent rejoigne le totalitarisme de l’émotion. Ainsi de cette association que dénonce le Canard enchaîné dans sa dernière édition. Le directeur de cette association, qui s’accordait l’honnête salaire de 11.000 euros par mois, utilisait également les fonds de son organisation pour payer les mensualités de son 4×4 Audi. Il faut le comprendre : une note interne stricte précisait que la prise en charge des véhicules personnels excluait les Mercedes, Jaguar et Lexus. Dès lors, les puristes le comprendront, à moins d’oser le vrai luxe en optant pour une Maserati 3500 GT ou une Aston Martin DB4 GT Zagato, il n’y avait pas trente-six solutions… Il faut, on s’en doute, quelques “biens positionnels” à ces généreux militants, pour montrer à nos frères humains, venus de si loin, que la France est à la hauteur de leurs rêves. Un Q7 dans chaque garage, 11kE nets mensuels (comme on dit de nos jours) pour un simple directeur d’association. Un pays de Cocagne.
On en rigole, mais je me demande combien de preuves il faudra à l’opinion publique pour que l’imposture de cette crise éclate au grand jour. On laisse venir des millions de gens qui n’auront jamais d’emploi stable, on se remplit les poches de fric sur leur dos, et on appelle ça de l’humanisme. Décidément, le capitalisme est le meilleur ami de la gauche morale, et ce depuis longtemps.
On raconte que Brejnev fit un jour visiter à sa vieille mère sa somptueuse datcha, pleine de voitures de sport, de meubles de prix et de raffinement bourgeois. La pauvre femme se serait alors tournée vers son fils avec inquiétude et lui aurait dit : « Mais, Léonid, que t’arrivera-t-il si les Rouges reviennent ? » Eternel paradoxe des donneurs de leçons.