Un héros français : qui était le caporal-chef Maxime Blasco, tué dans un affrontement avec des terroristes au Mali ?, par Amaury Coutansais Pervinquière.
PORTRAIT - Plusieurs fois décoré, le tireur d'élite avait sauvé en 2019 deux militaires, sous le feu de l'ennemi, dans des conditions héroïques. Il a été tué vendredi matin par un tireur embusqué, qui a ensuite été abattu.
De fer et d'acier. La devise du 7ème bataillon des Chasseurs Alpins résume les faits d'armes du caporal-chef Maxime Blasco. Vendredi 24 septembre, dans la forêt de N'Daki, à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, un drone repère un groupe de combattants ennemis. Une trentaine de commandos, appuyés par deux hélicoptères et un drone, sont «déployés pour reconnaître la zone», selon un communiqué de l'État-Major des Armées.
Très vite, ils sont pris à partie dans une zone boisée, très dense. «Au cours de cette action, le caporal-chef Maxime Blasco a été touché par un tireur embusqué, qui a été neutralisé par les commandos». Grièvement blessé, il succombe rapidement à ses blessures. Le caporal-chef devient le 52ème soldat français à mourir au combat depuis le lancement de l'opération Barkhane en 2013.
Tireur d'élite
Originaire de Grenoble, il s'engage à 25 ans, se spécialisant comme tireur de précision, puis tireur d'élite du groupe Commando montagne. En 2014, il est déployé en République centrafricaine, au Tchad et au Sénégal dans le cadre des opérations Barkhane et Sangaris. «Il se distingue à chaque reprise dans des actions de combat par sa précision et son sang-froid. Cela lui vaudra d'être décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze», précise le communiqué de l'Armée de Terre
Il est projeté plusieurs fois au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane. De septembre 2016 à janvier 2017 comme tireur d'élite du groupe commando montagne où «son engagement lui vaudra l'attribution d'un témoignage de satisfaction», permettant l'arrestation ou la neutralisation de groupes armés terroristes.
Puis de septembre 2017 à janvier 2018 où il s'illustre à deux reprises. «D'abord, en participant de nuit à l'assaut d'une maison abritant cinq djihadistes armés où, en tête du dispositif d'assaut, il se trouve face à quatre ennemis qu'il fait prisonniers. Il contribue plus tard à la saisie d'un dépôt important d'armes et d'explosifs où, après une infiltration en zone hostile, il participe à l'immobilisation des sentinelles ennemies. Il sera alors à nouveau décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze.»
À nouveau déployé de mai à septembre 2018 comme tireur embarqué sur les hélicoptères Gazelle, il se distingue par son efficacité au combat, notamment «dans une zone boisée très dense». Il est décoré pour la troisième fois de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze.
Un fait d'armes héroïque
C'est un fait d'armes héroïque qui lui a valu la reconnaissance des Armées et d'être décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de Vermeil puis de la Médaille Militaire des mains d'Emmanuel Macron. Cet exploit a été relaté en juillet 2020 par France 2.
Le caporal-chef Maxime Blasco est envoyé, pour la quatrième fois, au Mali en 2019. Quelques jours plus tôt l'État Islamique a tué une vingtaine de soldats nigériens. En réponse, la France, le Mali et le Niger lancent l'opération Aconit le 7 juin dans la forêt d'Azambara à la frontière nigero-malienne.
Dans la nuit du 13 au 14 juin, un drone repère un groupe dans les bois. Un hélicoptère Tigre est dépêché sur place, puis 45 commandos de montagne. À Gao, Maxime Blasco monte à bord d'un hélicoptère Gazelle chargé de relever le Tigre, au combat depuis plusieurs heures. Dès son arrivée, sous les tirs de l'ennemi, le Gazelle doit se poser en urgence. Encore sur place, le Tigre survole le crash et distingue trois survivants. Son pilote décide : «on va les chercher».
«Touché par des tirs ennemis, l'hélicoptère est contraint de se poser en urgence et le Caporal-Chef Blasco est éjecté à l'impact. Malgré de graves blessures et la proximité immédiate des ennemis, il n'hésite pas à extraire le pilote ainsi que le chef de bord, blessé et encastrés dans l'aéronef en feu. Il les traîne jusqu'à une zone dégagée sur près de cinquante mètres puis, toujours sous le feu ennemi, les arrime par une manœuvre de fortune sur un hélicoptère Tigre venu en renfort avant de s'accrocher par la seule force des bras au train d'atterrissage. Son action permettra le sauvetage et la survie de l'équipage de l'hélicoptère. Blessé au dos et souffrant de multiples fractures vertébrales, il est rapatrié en France le 18 juin 2019», narre le ministère des Armées.
Un an plus tard, dans le documentaire de France 2, Maxime Blasco se défend d'être un héros. «Je ne vois pas vraiment de héros, je vois des personnes courageuses. C'était une action collective». «Je m'étais toujours juré que le jour où il m'arriverait un accident en mission, j'arrêterais mon travail. Finalement, je vois que ce métier est une passion. L'esprit de camaraderie, l'action, l'adrénaline, la sensation de servir à quelque chose, ça l’emporte sur l'accident. Je me sens de repartir», témoigne-t-il.
Dans son livre Du courage - Éloge à l'usage des aventuriers et... des héros du quotidien, Gérard Guerrier rapporte les propos de la femme de Maxime Blasco : «Pour lui, les choses sont simples. On part avec des camarades, on rentre ensemble. Il a confiance dans le collectif ; il a toujours été comme ça. Quand il était encore pâtissier, il est intervenu une nuit au centre de Grenoble pour immobiliser un homme qui frappait sa compagne jusqu'à l'arrivée de la police». À 34 ans, cet homme de fer et d'acier «est mort pour la France lors d'une action de combat contre un groupe terroriste au Mali». Il laisse derrière lui une femme et un enfant.
Source : https://www.lefigaro.fr/