Éditorial monde de septembre : la civilisation du QR code, par Laurent Gayard.
© Romée de Saint-Céran pour L'Incorrect
Dix ans après les révélations d’Edward Snowden, l’affaire Pegasus ne nous apprend rien de nouveau. Elle confirme des pratiques courantes, y compris entre pays alliés, peu surprenantes dans le cas de régimes autoritaires comme le Maroc, mais qui mettent en lumière les tensions géopolitiques qui se multiplient autour du bassin méditerranéen et s’inscrivent dans un schéma global bien plus inquiétant.
Ce que l’affaire Pegasus est venue confirmer, c’est la tendance à la privatisation des opérations et des méthodes de renseignements. Une dizaine de pays seraient clients de la société israélienne NSO Group, qui développe cette application permettant de mettre sur écoute n’importe quel smartphone. Comme le rapportent les journalistes Pierre Gastineau et Philippe Vasset : « Dans un univers pourtant peu porté sur la modestie, tout le monde s’incline devant les pirates du petit État hébreu » (Armes de déstabilisation massive. Enquête sur le business des fuites de données, Fayard). Si tout le monde s’accorde pour reconnaître l’expertise et la compétence d’Israël en matière de cyber-renseignement, l’État hébreu n’est pas le seul à se voir décerner un prix d’excellence. « Négligé par les occidentaux pendant longtemps, le secteur du cyber-renseignement privé a explosé en Inde ces dernières années », affirment également les deux auteurs qui démontrent à quel point le microcosme du cyber-renseignement rassemble acteurs étatiques et privés.