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Inflation, pénuries : le « quoi qu’il en coûte » en bout de course…, par Olivier Piacentini.

Plusieurs indices économiques donnent aujourd’hui des signes très inquiétants pour les mois à venir. Tout d’abord, on assiste à des pénuries pour de très nombreux produits : bois, matériaux de bâtiment, fer, aciers, matières premières, produits alimentaires de base, semi-conducteurs.

9.jpegJe décrivais, le mois dernier, les fermetures temporaires d’usines Peugeot liées à des pénuries de semi-conducteurs, tous fabriqués en . En France, de nombreux chantiers sont retardés faute de matériaux. Et l’inflation pointe dangereusement le bout de son nez : 5 % aux États Unis sur 12 mois glissants en mai, 1,4 % en Europe, encore sous contrôle malgré le frémissement, mais la vague ne tardera pas à nous atteindre. Déjà, certains produits alimentaires (fruits, légumes, beurre, huile) flambent aux rayons des supermarchés.

Dans la presse économique classique, ces phénomènes s’expliquent par un décalage entre une reprise forte et des chaînes de production qui peinent à retrouver leur rythme de production. Surtout, la plus forte des pays asiatiques, Chine en tête, capte l’essentiel de la production et ne laisse aux autres que les miettes : la mondialisation place donc nos industries sous le bon vouloir des principaux pays exportateurs, nous met en dépendance des vraies puissances industrielles qui daignent nous livrer une fois qu’elles se sont d’abord servies. Normal, me direz-vous, chacun pense d’abord à soi : mais alors, pourquoi nos dirigeants n’ont-ils jamais anticipé ce qui nous arrive, qui était somme toute largement prévisible ?

Étrangement, la cause majeure de ces phénomènes est largement sous-estimée dans les grands : c’est le fameux « quoi qu’il en coûte ». Depuis des années, mais particulièrement depuis un an et demi, les banques centrales états-unienne et européenne endettent massivement les États et inaugurent une technique moderne de « planche à billets », déguisée sous des termes techniques comme le « quantitative easing », qui ne servent qu’à euphémiser un laxisme monétaire dangereux. De fait, on inonde nos économies de monnaie alors que la production ne suit pas. Les agents se retrouvent avec de l’argent surabondant alors qu’il n’y a pas l’offre en face : de tout temps, cela se traduit par de l’inflation et des pénuries, n’en déplaise aux tenants de la fumeuse « théorie économique moderne », promue par Bernie Sanders mais appliquée à la lettre par Biden. Avec son plan de relance, des dizaines de millions d’Américains ont reçu des chèques de l’État fédéral : comme la production nationale ne suit pas, les consommateurs se tournent vers les importations chinoises. Les Américains s’endettent, les Chinois encaissent… En Europe, nous ne sommes guère mieux lotis et la France de et sa doctrine du quoi qu’il en coûte est le pays qui s’est le plus endetté cette année…

La fin probable de tout cela ? La remontée des taux d’intérêt est la seule solution pour enrayer l’inflation, et cela se traduira très vite par la flambée du coût de service de la , qu’il faudra solder par les impôts… Rien d’étonnant, me direz-vous, du simple bon sens : et pourtant, nos économistes de plateaux télé expliquaient encore, il y a quelques semaines, qu’il fallait s’endetter, cela serait sans douleur… Qui, donc, nous informe ? Des experts ou des propagandistes du et de la finance internationale ? Nous ne tarderons plus à le savoir, à nos frais…

 

Olivier Piacentini

Ecrivain, politologue

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