Dérives de Santé publique France : du sanitairement correct à la cause LGBT, par Jean-Michel Pradel.
La propagande pro-LGBT télévisée de Santé publique France (SPF), appuyée sur pas moins de sept publications récentes sur les LGBT et la santé, sous un angle victimaire – variante sanitaire des études de genre -, jette une lumière crue sur le brouillage de la frontière entre la science et le politique.
Ce constat est inquiétant en ceci que les agences sanitaires ont été créées, il y a environ vingt ans, dans le but de déconnecter l’expertise scientifique de sa tutelle politique, afin de garantir son objectivité.
Au-delà de ce surinvestissement LGBT qui fait finalement office de révélateur, on retrouve malheureusement ce fonctionnement sur les autres champs, et notamment celui du Covid.
Je prendrai appui, pour l’illustrer, sur l’exégèse d’une autre publication de SPF (article du 18 décembre 2020) où se manifeste la « Covid correctness » : cette étude conclut (certes avec des précautions de langage) que les mesures gouvernementales (confinement, couvre-feu) de novembre 2020 ont été bénéfiques à l’évolution de l’épidémie.
Pourtant, deux biais majeurs viennent l’entacher.
D’abord, la méthode : elle est basée sur une étude descriptive des courbes épidémiques, après mise en place de couvre-feu et confinement. Les auteurs considèrent, en gros, que si les chiffres d’incidence du Covid se mettent à baisser une semaine après les mesures (délai d’incubation), c’est que celles-ci sont efficaces. Ce raisonnement est inepte du point de vue épidémiologique car non comparatif. Il évacue, notamment, la possible naturalité d’une baisse des cas, exposant à une fausse corrélation, ce dont l’épidémiologiste devrait se méfier comme de la peste. Pour faire une analogie : si je remplis ma cuve à mazout en fin d’automne car l’hiver n’est pas loin, et que le froid survient une semaine après, dois-je pour autant conclure que c’est mon plein de mazout qui a déclenché le froid ? On inverse les causes et les effets !
Puis l’interprétation : en effet, il se trouve (et l’étude le dit !) que les baisses du nombre de Covid sont trop précoces pour être explicables par le couvre-feu ou le confinement (elles ont même, parfois, précédé les mesures gouvernementales !). La conclusion logique devait être qu’il y a d’autres facteurs explicatifs (évolution « naturelle », etc.). Pourtant, les experts ont « raccroché » le résultat à leur hypothèse d’efficacité des mesures par une interprétation alambiquée invoquant un supposé effet de résonance de mesures prises en d’autres lieux ! Or, en science, le principe du rasoir d’Ockham, à savoir l’explication la plus directe, doit prévaloir tant que celle-ci n’est pas prise en défaut.
Tout se passe comme si les auteurs avaient à cœur d’éviter l’interprétation qui remettrait en cause les mesures gouvernementales : ils concluent gentiment : « Cette première analyse descriptive suggère un impact positif des mesures de freinage mises en place. » Le Dr Véran sera content…
Or, c’est justement un des rôles de cette instance que d’expertiser si les actions gouvernementales sont efficaces ou non : on avance dans cette épidémie en marchant, soumis à la loi des essais et des erreurs. Si on se plante, il n’y a pas de honte à cela, mais il faut pouvoir en tirer les leçons.
Ne pas mordre la main de celui qui vous nourrit est une réaction humaine mais, au-delà, je crains que des effets souvent inconscients de politisation, générateurs de biais cognitifs, entachent ces démarches d’expertise. C’est évidemment très dommageable à l’avancée des connaissances, pour le Covid comme pour le reste…