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La voie héroïque (II), par Michel Michel.

La che­va­le­rie

  • Entre le faire et l’être, le combat.

À ce niveau, le che­va­lier, lui, n’é­vite pas ‑pas com­plè­te­ment en tout cas- les pas­sions, celles de la vio­lence des affron­te­ments rela­tion­nels, comme celles de l’in­com­plé­tude du désir amoureux.

Mars et Vénus sont inex­tri­ca­ble­ment liés, comme le rap­pellent les innom­brables chan­sons (comme les “madri­gaux amou­reux et guer­riers” de Mon­te­ver­di) …  La noblesse inven­ta l’amour cour­tois. Les moines-che­va­liers eux-mêmes, ceux qui sont héri­tiers de Saint Ber­nard, n’ont-ils pas une dévo­tion toute par­ti­cu­lière pour Notre-Dame ?

Le Che­va­lier ne peut évi­ter d’af­fron­ter les sources-mêmes de la souf­france ‑Éros et Thanatos‑, car la voie héroïque est à la fois une lutte exté­rieure pour la Jus­tice, contre le désordre dans le monde, et une lutte inté­rieure avec les passions.

Ce tra­vail est dan­ge­reux bien-sûr, et bien peu de ceux qui sont par­tis en quête du Graal sont reve­nus intacts de cette errance.

Dès qu’il entre en rela­tion avec les autres, l’homme peut-il échap­per à la logique mimé­tique, celle du pou­voir et de la séduc­tion, celle des rap­ports de forces, celle de l’a­mour et de la haine ?

Cette pas­sion mimé­tique, mise en évi­dence par Jean Bau­drillard ou René Girard, se mani­feste par exemple, lorsque dans une crèche des enfants veulent tous le même jouet qu’ils délais­saient aupa­ra­vant, parce que l’un d’entre eux a paru s’in­té­res­ser à ce jouet. On le sait bien, dans les familles nom­breuses, le gâteau que l’on aurait vou­lu avoir est, en géné­ral, celui qui a été choi­si par son frère. Ce qui est dési­ré, c’est l’ob­jet du désir d’autrui.

C’est cette dimen­sion que tra­vaillent spé­ci­fi­que­ment les ini­tia­tions che­va­le­resques, pour trans­muer la vio­lence en vaillance, la jalou­sie en loyau­té, et la concu­pis­cence en courtoisie.

Enfin, au-des­sus de l’é­tat che­va­le­resque, se situent les ini­tia­tions monas­tiques, où l’é­tat humain consiste à “con-tem­pler” le Centre abso­lu qui est la source du sens, la Lumière éblouis­sante (ou la “nuée obs­cure”) qui éclaire toute chose, et pour recou­vrer l’i­mage et la res­sem­blance divine, il renonce, dans une cer­taine mesure, à agir (direc­te­ment) sur les choses et sur les autres.

La méta­phy­sique, la phi­lo­so­phie pérenne, n’est pas seule­ment la doc­trine de moines et autres brah­manes, mais celle de toute l’Hu­ma­ni­té, dans ses dif­fé­rentes condi­tions. Chaque état donne à cette unique véri­té sa colo­ra­tion propre.

Cam­pé sur les alti­tudes d’une méta­phy­sique pure, René Gué­non a peu déve­lop­pé le thème des adap­ta­tions de la doc­trine aux dif­fé­rents états sociaux.

Pour­tant chaque par­tie est néces­saire au tout ; et si toutes les vir­tua­li­tés de l’hu­ma­ni­té sont en chaque homme, chaque homme ne peut actua­li­ser toutes ses vir­tua­li­tés à moins d’en­trer en rela­tion avec ceux qui ont actua­li­sé des vir­tua­li­tés com­plé­men­taires à la sienne. C’est en ce sens qu’une socié­té n’est pas une somme d’in­di­vi­dus, mais un grand être qui donne à cha­cun la pos­si­bi­li­té de par­ti­ci­per de l’Homme total.

Voi­là pour­quoi s’il est vrai que l’i­dée d’é­ga­li­té entre les dif­fé­rents états de l’Hu­ma­ni­té est absurde, aucun état n’est mépri­sable, parce que cha­cun a sa rai­son d’être. Encore faut-il que cha­cun de ces états soit éclai­ré, de façon par­ti­cu­lière, par une même vérité.

  • la che­va­le­rie, une voie universelle

Ces trois types d’i­ni­tia­tions se sont donc déve­lop­pés au sein de la Chré­tien­té, mais il est vrai que dans la mesure où elles actua­lisent des dimen­sions inhé­rentes à l’é­tat humain, elles sont uni­ver­selles et qu’on les retrouve peu ou prou dans toutes les socié­tés traditionnelles.

La voie héroïque consiste donc à faire de la guerre exté­rieure ‑ou de toute autre action sur les autres, action mili­tante, poli­tique[1]  ou encore amou­reuse (le voca­bu­laire de la séduc­tion témoigne des ana­lo­gies avec la guerre) – la mani­fes­ta­tion d’une guerre intérieure.

Dans cette pers­pec­tive, l’ac­tion ne tire sa jus­ti­fi­ca­tion qu’en tant que sacri­fice, c’est-à-dire en tant que faire sacré.

Ain­si, la guerre sainte en Islam, le dji­had, com­porte deux aspects :

La petite dji­had, celle qu’on mène contre les infi­dèles, et la grande dji­had, la guerre inté­rieure contre soi-même dont la pre­mière n’est que le reflet et la mani­fes­ta­tion. Nous ren­ver­rons sur ce sujet à l’ar­ticle de René Gué­non Say­ful-Islam, « le sabre de l’Is­lam », publié dans “Sym­boles de la science sacrée”, ou à l’ar­ticle de Abd-Allah Yahya Darolles “Aper­çus sur le dji­had : doc­trine et appli­ca­tions” (in Les cahiers de l’Ins­ti­tut des Hautes Etudes Isla­miques n°2, mai/août 1996).

De même, ceux qui pra­tiquent les arts mar­tiaux d’Ex­trême-Orient le savent : l’es­prit du Bushi­do – le code de l’hon­neur des samou­raïs – implique une cer­taine atti­tude inté­rieure autant que l’ef­fi­ca­ci­té dans le com­bat ; ou plu­tôt, l’ef­fi­ca­ci­té dans le com­bat ne serait en quelque sorte qu’un effet second, le sous-pro­duit de cette atti­tude d’é­veil inté­rieur, véri­table objec­tif de celui qui suit la Voie (le “do”).

« Ren­ver­ser Tsing, res­tau­rer Ming » pro­clame la socié­té secrète des Hungs. II s’a­git à la fois d’a­battre la dynas­tie des enva­his­seurs Mand­chous, ‑les Tsing usurpateurs‑, pour res­tau­rer la lignée légi­time des empe­reurs Ming ; mais aus­si, puisque Ming n’est pas seule­ment le nom d’une dynas­tie mais signi­fie “lumière”, il s’a­git de faire jaillir la lumière à l’in­té­rieur de la socié­té des Hungs, et d’a­bord dans cha­cun d’entre eux.

Aux Indes, dans le livre de la Bha­ga­vad-Gîta, Arju­na, le Roi dépos­sé­dé, au milieu de son armée ran­gée en ordre de bataille, se lamente devant le car­nage auquel il va devoir se livrer pour recon­qué­rir son royaume. Le dieu Indra, qui conduit son char de com­bat, lui révèle qu’il peut légi­ti­me­ment com­battre ses cou­sins rebelles, si, indif­fé­rent à la convoi­tise du fruit de son action, il s’en­gage dans la bataille comme dans un sacri­fice. Car alors, Arju­na ne fait que rem­plir son devoir d’é­tat, réa­li­ser la fonc­tion de sa caste. Si Arju­na ne réa­li­sait pas sa voca­tion en bataillant, le monde serait livré à la pire des catas­trophes, car l’i­gno­rance des devoirs est pire que le car­nage. Mais Arju­na, pour vaincre ses enne­mis doit aus­si se vaincre lui-même.

L’ac­tion doit être accom­plie de façon dés­in­té­res­sée. Le Royaume ne peut être res­tau­ré qu’au­tant que la sou­ve­rai­ne­té inté­rieure du Roi est res­tau­rée. Alors les contin­gences du com­bat exté­rieur ne pour­ront atteindre l’in­té­rio­ri­té du combattant.

Cette carac­té­ris­tique che­va­le­resque se retrouve dans toutes les figures de héros, même celles des romans de cape et d’é­pée ou celles des wes­terns. Le vrai héros com­bat pour vaincre certes, mais sa fin n’est pas ‑pas seule­ment- la vic­toire ; et en tout cas, pas à n’im­porte quel prix. Dans les films de cape et d’épée, le bon mous­que­taire laisse son adver­saire désar­mé, ramas­ser son épée avant de pour­suivre le duel, tan­dis que le vil traître frappe l’ad­ver­saire désar­mé, ou par der­rière, ou de toute autre façon déloyale.

C’est que, pour le héros, le résul­tat n’est pas le seul enjeu de la bataille. Il reste d’ailleurs quelque chose de cette éthique che­va­le­resque dans le fair play, l’es­prit spor­tif, tel qu’il a été défi­ni au début du siècle dans la gen­try anglaise. Ou pour par­ler comme le baron de Cou­ber­tin, l’es­sen­tiel n’est pas de gagner, mais de par­ti­ci­per[2]. Avant de deve­nir un spec­tacle de masse la com­pé­ti­tion spor­tive était d’a­bord conçue comme une façon d’a­gir sur soi, de se culti­ver (la “culture phy­sique” comme on cultive une plante), de se vaincre soi-même à tra­vers le pré­texte d’un affron­te­ment dont la vic­toire n’est que le but appa­rent. Être beau joueur c’est sans doute cher­cher à gagner, mais en sachant que dans le jeu il y a un autre enjeu, plus impor­tant que la Victoire.

  • le chris­tia­nisme héroïque

Si dans toutes les civi­li­sa­tions, les héros ont réus­si, à tra­vers com­bats, épreuves et tri­bu­la­tions, à réta­blir l’ordre cos­mique mena­cé par la chute entro­pique ou la mali­gni­té des méchants, le chris­tia­nisme n’a pas igno­ré cette voie héroïque, mais au contraire, l’a déve­lop­pée de façon très radicale.

Le Chris­tia­nisme, ce n’est pas seule­ment la dou­ceur appa­rente des Béa­ti­tudes, mais c’est aus­si par excel­lence la reli­gion de la Pas­sion. Car il n’est pas sans inté­rêt que, dans le Chris­tia­nisme, le même mot désigne à la fois la force de l’a­mour, les atta­che­ments ter­restres, et la geste héroïque et sacri­fi­cielle de l’Homme-Dieu par laquelle a été ouverte la voie du Salut.

Tout au long de l’his­toire chré­tienne, cette vir­tua­li­té héroïque du chris­tia­nisme s’est diver­se­ment mani­fes­tée, et sans doute, chaque chré­tien est-il ame­né à vivre, plus ou moins, cette dimen­sion par­ti­cu­lière de sa Foi.

Les Évan­giles rap­portent ces paroles, étranges pour qui ne vou­drait recon­naître dans le Christ qu’un pro­phète de la non-violence :

« Ne pen­sez pas que je sois venu appor­ter la paix sur la terre, je ne suis pas venu appor­ter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu sépa­rer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle fille de sa belle-mère : on aura pour enne­mi ceux de sa propre mai­son » (Mat­thieu X‑30:36).

Je suis venu appor­ter un feu sur la terre et comme je vou­drais qu’il soit déjà allumé…Pensez-vous que je sois venu appor­ter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plu­tôt la divi­sion…” (Luc XII- 49/53)

C’est encore Jésus qui proclame :

« Le Royaume des Cieux souffre vio­lence, et les vio­lents le prennent de force » (Mat­thieu XI-12).

Ou encore : « Le Royaume de Dieu est au dedans de vous. On y pénètre par la vio­lence » (Luc VII-21).

Jésus, avant de s’en­ga­ger sur la voie héroïque, la grande épreuve de sa Pas­sion, ordonne à ses dis­ciples : « que celui qui n’en a pas, vende son man­teau pour ache­ter un glaive ». (Luc XXII-36).

Certes il pro­clame “ceux qui pren­dront l’é­pée péri­ront par l’é­pée” (Mat­thieu 26.52) mais il ne pré­cise pas qu’il est plus mau­vais de périr par le glaive…

Remar­quons que si par Marie le Mes­sie est issu de la des­cen­dance sacer­do­tale d’Aa­ron, par Joseph il appar­tient à la tri­bu royale de Juda, il est héri­tier des Rois David et Salo­mon. Le Christ concentre deux qua­li­tés nor­ma­le­ment dis­tinctes : prêtre et roi.

L’agent ultime du sacri­fice, celui qui perce le Cœur du Cru­ci­fié afin que s’en écoule l’Eau et le Sang de la vie nou­velle est un sol­dat ; le cen­tu­rion que la Tra­di­tion nomme Lon­gin. Il est consi­dé­ré comme le Pre­mier che­va­lier chré­tien car sa lance ouvre la fon­taine régé­né­ra­trice de la Misé­ri­corde Divine, et pro­voque l’effusion de la Grâce sur l’homme et l’u­ni­vers (p.33 G. de Sor­val “ini­tia­tion che­va­le­resque et royale” Dervy).

Par­mi les saints dont la vie est don­née en modèle aux fidèles, les guer­riers et les che­va­liers sont nom­breux, sur le type de St. Michel, l’Ar­change des com­bats escha­to­lo­giques, de St. Georges le che­va­lier ter­ras­sant le dra­gon, de St. Mau­rice à St. Théo­dore et tant d’autres, et en France, de St. Mar­tin évan­gé­li­sa­teur de la Gaule, St. Louis le roi croi­sé, jus­qu’à Ste Jeanne d’Arc avec laquelle l’his­toire de notre pays est si étran­ge­ment mêlée. Sans comp­ter des sou­dards comme St. Chris­tophe dont la légende nous dit qu’il n’ai­mait que la force et que c’est en vou­lant suivre le maître le plus fort qu’il finit par ser­vir l’en­fant Jésus.

Et je n’é­vo­que­rai pas ici St. Ber­nard et la spi­ri­tua­li­té des Ordres de che­va­liers-moines (tem­pliers) ins­ti­tués lors des Croi­sades, car cela exi­ge­rait un déve­lop­pe­ment particulier.

C’est tout par­ti­cu­liè­re­ment dans les Épitres de St. Paul que la che­va­le­rie chré­tienne trou­ve­ra son inspiration.

Les affron­te­ments dans ce monde trans­posent et reflètent les théo­go­nies angé­liques :  » Car nous n’avons pas à lut­ter contre la chair et le sang, mais contre les prin­ci­pau­tés, contre les puis­sances, contre les domi­na­teurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits méchants dans les lieux célestes « . (Éphé­siens 6:12)

Saint Paul parle de ses com­pa­gnons comme des « com­pa­gnons d’armes » et écrit à Thi­mo­thée (deuxième épître II‑3) : « Prends ta part de souf­frances, en bon sol­dat du Christ Jésus. Dans le métier des armes, per­sonne ne s’en­combre des affaires de la vie civile s’il veut don­ner satis­fac­tion à celui qui l’a enrôlé ».

On com­prend qu’à la messe les che­va­liers se tenaient debout lors de la lec­ture des Epîtres de Paul qu’ils consi­dé­raient comme un des leurs. C’est pour la même rai­son que dans l’i­co­no­gra­phie, St. Paul est nor­ma­le­ment repré­sen­té muni d’une épée[3] , car, fai­sant par­tie de l’a­ris­to­cra­tie juive, il jouis­sait aus­si de la qua­li­té de citoyen romain. C’est à ce titre qu’il fut conduit à Rome pour être déca­pi­té et non condam­né à l’in­fa­mant sup­plice de la croix[4].

En outre, l’at­ta­che­ment des che­va­liers à St. Paul s’ex­plique aus­si par le texte de l’é­pître aux Éphé­siens (VI-10 – 17) qui jette les bases de la che­va­le­rie chrétienne.

“En défi­ni­tive, ren­dez-vous puis­sants dans le Sei­gneur et dans la vigueur de sa force. Revê­tez l’ar­mure de Dieu pour pou­voir résis­ter aux manœuvres du diable. Car ce n’est pas contre des adver­saires de chair et de sang que nous avons à lut­ter, mais contre les Prin­ci­pau­tés, contre les Puis­sances, contre les Régis­seurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes.

C’est pour cela qu’il vous faut endos­ser l’ar­mure de Dieu, afin qu’au jour mau­vais, vous puis­siez résis­ter, et, après avoir tout mis en œuvre, res­ter ferme. Tenez-vous debout, avec la Véri­té pour cein­ture, la Jus­tice pour cui­rasse, et pour chaus­sures, le zèle à pro­pa­ger l’Évangile de la paix ; ayez tou­jours en main le bou­clier de la Foi, grâce auquel vous pour­rez éteindre tous les traits enflam­més du Mau­vais ; enfin, rece­vez le casque du Salut et le glaive de l’Es­prit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. »

Des textes qui font échos à celui de Saint Paul, on en retrouve tout au long de l’his­toire de l’Église. Nous nous conten­te­rons ici d’é­vo­quer St. Tho­mas : “la ver­tu de force a pour fonc­tion d’écarter l’obstacle qui empêche la volon­té d’obéir à la rai­son. Or, recu­ler devant une dif­fi­cul­té, c’est le propre de la crainte qui fait battre en retraite devant un mal dif­fi­cile à vaincre. La force a donc pour objet prin­ci­pal la crainte des dif­fi­cul­tés, sus­cep­tible d’empêcher la volon­té d’être fidèle à la rai­son. D’autre part, il faut non seule­ment sou­te­nir fer­me­ment les chocs des dif­fi­cul­tés en répri­mant la crainte, mais aus­si les atta­quer avec modé­ra­tion, lorsqu’il faut en venir à bout pour assu­rer l’avenir, ce qui est évi­dem­ment la fonc­tion de l’audace.”  (cité par Mar­cel de Corte “De la force”, Ed Domi­nique Mar­tin Morin).

On pour­ra aus­si citer les exer­cices spi­ri­tuels de Saint Ignace de Loyo­la qui, dans la Médi­ta­tion des « deux éten­dards » qu’il tenait de Saint Augus­tin (la Cité de Dieu), invite le retrai­tant à fixer ses facul­tés men­tales sur une repré­sen­ta­tion du monde comme champ de bataille :

« On se repré­sen­te­ra une vaste plaine près de Jéru­sa­lem, au milieu de laquelle se trouve Notre Sei­gneur Jésus Christ, Chef Sou­ve­rain (= Capi­taine Géné­ral) de tous les hommes ver­tueux, et une autre plaine près de Baby­lone, où est Luci­fer, le chef des ennemis…

Je consi­dé­re­rai com­ment il appelle autour de lui des démons innom­brables, com­ment il les répand, les uns dans une ville, les autres dans une autre, et aus­si dans tout l‘univers, n’ou­bliant aucune Pro­vince, aucun lien, aucune condi­tion, aucune per­sonne en particulier…

À l’op­po­sé, on se repré­sen­te­ra éga­le­ment le Chef Sou­ve­rain et véri­table qui est Jésus Christ Notre Seigneur.

Dans un pre­mier col­loque, je deman­de­rai à Notre Dame qu’elle m’ob­tienne de son Fils et Sei­gneur, la grâce d’être reçu sous son éten­dard. » (P.183 – 191 St. Ignace de Loyo­la “Exer­cices spi­ri­tuels” Paris Librai­rie Ch. Pous­sièlgue 1895).

A notre époque, une mys­tique comme la si douce sainte Thé­rèse de Lisieux affirme, quelques jours avant sa mort : “ Je ne suis pas un guer­rier qui a com­bat­tu avec des armes ter­restres, mais avec le glaive de l’es­prit qui est la parole de Dieu. Aus­si, la mala­die n’a pu m’a­battre… Je l’ai dit, je mour­rai les armes à la main ».

 

[1]la guerre, c’est la poli­tique conti­nuée par d’autres moyens “ affir­mait Carl von Clau­se­witz, le théo­ri­cien de la stratégie.

[2] La phrase attri­bué à Pierre de Cou­ber­tin est apo­cryphe. Il a repris la for­mule de l’é­vêque de Penn­syl­va­nie Eth­lel­bert Tal­bot : « l’im­por­tant dans la vie n’est point le triomphe mais le com­bat ; l’es­sen­tiel, ce n’est pas d’a­voir vain­cu mais de s’être bien bat­tu. » (24 juillet 1908)

[3] Curieu­se­ment, l’i­co­no­gra­phie attri­bue l’é­pée à Paul dont le métier était de fabri­quer des tentes, et les clefs à Pierre qui pour­tant s’illus­tra par l’u­sage de l’é­pée (Jean 18 10 – 11).

[4] Remar­quons que jus­qu’à la révo­lu­tion, la tri­par­ti­tion sociale se mar­quait aus­si dans les sup­plices : on pen­dait pour les crimes cra­pu­leux, on déca­pi­tait pour les crimes poli­tiques, et on brû­lait pour les crimes spi­ri­tuels. Même à l’é­poque contem­po­raine, on ne guillo­tine pas les oppo­sants poli­tiques, mais on les fusille.

Source : https://www.actionfrancaise.net/

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