Célébrer Notre-Dame de Paris et en même temps éluder nos racines chrétiennes, par Iris Bridier.
Deux ans après l’incendie de Notre-Dame de Paris, où en sont les travaux ? « Jusqu’à maintenant, les interventions étaient surtout dédiées au déblaiement, au nettoyage et à la consolidation du site post-incendie. Désormais, la phase du chantier de restauration va concrètement pouvoir débuter », explique Albéric de Montgolfier, président de la commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA).
Dans L’Écho républicain, il rappelle que la reconstitution raisonnée a été privilégiée, c’est-à-dire la reconstruction d’une charpente s’approchant le plus possible de celle partie dans les flammes.
Pour ce faire, des milliers de chênes sont nécessaires. Les experts forestiers ont donc entamé leur tour de France afin de sélectionner les plus beaux arbres centenaires, pour moitié dans des forêts domaniales et communales et, pour l’autre, dans des forêts privées. Pour leurs propriétaires, c’est souvent un honneur et une fierté de participer à ce grand chantier national. Alors, des prêtres se déplacent çà et là pour bénir les chênes sélectionnés. « Pour nous, catholiques, il était important de le bénir avant qu’il soit scié. C’est une façon de signifier au Seigneur que nous lui rendons ce qu’il nous a donné. Cet arbre fait partie de la création divine, nous en sommes seulement les gardiens », témoigne, dans Aleteia, Alain Le Gualès, propriétaire d’une forêt en Bretagne. Les chênes partent ensuite en scierie, puis sécheront entre 12 et 18 mois.
Pour l’heure, Notre-Dame de Paris est enfin débarrassée de son agglutinement de tubes fondus dans l’incendie. Depuis fin novembre, le trou béant de la voûte est remplacé par le plus grand échafaudage d’Europe qui permettra de s’approcher au plus près de la croisée des quatre voûtes adjacentes du transept. Malgré les interruptions liées à la pandémie ou les aménagements nécessaires pour lutter contre les émanations de plomb entraînant retards et surcoûts, « les bonnes nouvelles se succèdent, l’infrastructure a très bien résisté et les risques sont derrière nous. Le chantier avance bien tandis que l’argent est là en abondance pour promettre une restauration sans précédent », annonce Guillaume Poitrinal, président de la Fondation du patrimoine, dans Challenges.
« Les sommes ainsi récoltées [NDLR : 833 millions d’euros] nous permettent d’envisager tranquillement ce chantier », abonde Roselyne Bachelot qui promettait, mercredi, au Sénat, la réouverture en 2024. Deux ans après le drame, Emmanuel Macron doit se rendre ce jeudi sur les lieux. Une visite symbolique et une belle aubaine pour redorer son blason. Occasion, pour le Président, de remercier les 340.000 donateurs, mais aussi tous ceux qui ont œuvré, œuvrent et œuvreront pour redonner à Notre-Dame son lustre d’antan. Emmanuel Macron saluera « l’esprit de résilience de la France ». Un esprit de résilience s’inscrivant dans « une tradition millénaire », précise Europe 1.
Mais à quoi bon célébrer la résurrection d’une cathédrale si ce n’est seulement comme « quelque chose qui appartient à notre culture, à notre histoire littéraire, architecturale, religieuse et laïque, à l’imaginaire de France » ? Évoquer ainsi (las, qu’à demi-mot) nos racines chrétiennes, c’est bien, mais oser nommer la loi contre le séparatisme, ne pas se coucher quotidiennement devant l’islamo-gauchisme ni laisser fleurir les mosquées partout dans notre pays, c’est autre chose. Puisse cette restauration s’accompagner d’un rayonnement spirituel rappelant à la France, celle de Clovis et de Saint Louis, de Notre-Dame de Reims et Notre-Dame de Paris, que sa grandeur est intimement liée à sa vocation de fille aînée de l’Église.
Journaliste