Emmanuelle Ménard : « L’Assemblée en est réduite à être une chambre d’enregistrement. C’est humiliant et infantilisant ! », par Emmanuelle Ménard.
De vives tensions se sont fait entendre à l’Assemblée nationale lorsque Jean Castex est venu exposer la stratégie du gouvernement face à l’épidémie de Covid-19, le jeudi 1er avril, au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron.
De nombreux députés ont dénoncé un simulacre de démocratie et beaucoup ont refusé de prendre part au vote de décisions déjà annoncées aux Français. Emmanuelle Ménard était présente dans l’Hémicycle et s’exprime au micro de Boulevard Voltaire.
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Jean Castex a pris la parole devant l’Assemblée nationale puis devant le Sénat. Le but était de faire reconduire la politique sanitaire par la représentation nationale. 97,5 % des députés ont voté pour le maintien de cette politique sanitaire. Comment expliquer une telle unanimité vis-à-vis de la politique du gouvernement ?
S’il y a eu un tel score, c’est que la quasi-totalité des oppositions et moi y comprise avons refusé de prendre part au vote. C’était une véritable mascarade. Je ne comprends pas.
Vous avez un président de la République tout-puissant qui vient vous annoncer, le mercredi soir, les différentes mesures qu’il a prises avec son Conseil de défense, puis il nous annonce que le lendemain matin, le Premier ministre va nous expliquer à nous les députés et aux sénateurs les mesures prises, comment elles vont se dérouler et nous demande de voter.
Nous sommes vraiment réduits à être une chambre d’enregistrement. C’est absolument ridicule.
Jeudi matin, M. Castex est donc venu devant nous pour répéter ce qu’avait dit M. Macron la veille. Nous ne sommes pas des imbéciles et n’avons pas besoin de nous le répéter. Nous avons eu, une fois de plus, le droit à un exercice d’autosatisfaction d’Olivier Véran. C’est humiliant et infantilisant. Nous avons donc voulu montrer notre désaccord en refusant de prendre part au vote. Ce n’est même pas s’abstenir ou voter contre. Dans l’absolu, on peut être pour ou contre les mesures prises. L’unanimité ou la quasi-unanimité était de dire que nous ne prenions pas part à ce vote parce que c’est se moquer du Parlement français.
Au Sénat, le nombre de votants était ridicule. Ils ont eu exactement le même réflexe.
Votre premier mandat est un de vos points communs avec les députés de la majorité. En tant que député, avez-vous le sentiment d’être utile dans le mandat d’Emmanuel Macron ?
Avec une majorité aussi importante que celle qu’il a, l’Assemblée nationale ne sert qu’à être une chambre d’enregistrement. Nous n’avons quasiment aucun pouvoir et aucun contrôle.
Tant que l’on continuera à organiser des élections législatives juste après l’élection présidentielle, il n’y a aucune raison que cela change. J’ai toujours été contre le quinquennat et je milite depuis longtemps pour le retour au septennat. Cela ne fait que confirmer mon opinion là-dessus. Tel que c’est organisé aujourd’hui, l’Assemblée nationale ne sert pas à grand-chose.
Lorsque nous arrivons à voter quelque chose de cohérent qui ne confirme pas la volonté du gouvernement, ils organisent un 2e vote derrière et font voter en rappelant leur troupe pour être suffisamment nombreux et voter comme ils le souhaitent.