La loi Climat face aux excès de la mondialisation, par Christian Montagard.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la France, avec 0,9 % d’émissions de carbone (28,2 % pour la Chine et 14,5 % pour les États-Unis), est un des pays les moins pollueurs du monde. Pour ceux qui se sont déplacés dans certaines capitales d’Afrique ou d’Asie, Paris apparaît comme un havre d’air pur.
Mais, comme nous le constatons chaque jour sur d’autres sujets (notre Histoire, nos grands personnages…), le projet de loi Climat, porté par le ministre Barbara Pompili devant le Parlement, n’échappe pas à l’idéologie ambiante consistant à culpabiliser les Françaises et les Français, qui seraient quasiment les principaux responsables du dérèglement climatique.
Ce sentiment de culpabilité se manifeste par de nouvelles attaques insidieuses contre la France, dite périphérique, des villes moyennes et des campagnes qui représentent 60 % de la population. Sont visés les commerçants à qui l’on impose de nouvelles contraintes sur la publicité, notamment numérique, dans les vitrines. Les transporteurs routiers sont visés par de nouvelles taxes en perspective. Les agriculteurs sont menacés par de nouveaux délits, dont celui de l’écocide. À cet égard, l’insécurité juridique de ces nouveaux délits est susceptible d’y affaiblir l’attractivité du métier d’agriculteur et, donc, à terme, de mettre en cause la souveraineté alimentaire de nos concitoyens.
Autre bouc émissaire de la loi Climat, les automobilistes auxquels il sera progressivement interdit d’approcher des centres-villes des grandes métropoles et qui devront s’affranchir de nouvelles obligations. Manifestement, la crise des gilets jaunes n’aura pas servi, les pseudo-élites qui gouvernent ce pays ont décidé de se couper irrémédiablement du peuple.
Mais pendant que le ministre présente ses mesures punitives au Parlement, il ne parle pas de l’essentiel, à savoir, d’une part, de la stratégie de la France concernant ses sources d’énergie et, d’autre part, de l’une des causes majeures du dérèglement climatique : le libre-échange sans limite et les excès de la mondialisation.
L’abandon progressif du nucléaire constitue la première faute stratégique de nos gouvernants. En effet, comment comprendre que le nucléaire, seule énergie capable, dans les décennies à venir, de contribuer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre en produisant une électricité « bas carbone », de façon sûre et dans des conditions économiques satisfaisantes, soit aussi dévalorisé. Cette stratégie d’abandon progressif du nucléaire produit déjà ses effets : la fermeture des réacteurs de Fessenheim se solderait déjà par l’émission annuelle supplémentaire de plusieurs millions de tonnes de gaz carbonique (CO2) en Europe.
La mondialisation et le libre-échange sans limite constituent une source majeure de la pollution et du dérèglement climatique. Le blocage, ces jours-ci, du canal de Suez par un porte-conteneurs de 400 mètres de long, transportant des produits et marchandises fabriqués à l’autre bout du monde, outre ses conséquences économiques et industrielles (difficulté d’approvisionnement des entreprises françaises en cette période d’épidémie), met en évidence le lourd tribut que ce type de transport fait peser sur la détérioration de la qualité de notre environnement. Il est plus que temps de mesurer l’impact du carbone émis par ces navires, lesquels transportent des biens, souvent de piètre qualité, produits dans des conditions écologiques désastreuses.
Ainsi, une véritable politique de protection de notre environnement, au lieu de culpabiliser nos concitoyens des villes moyennes et des campagnes, d’imposer des normes écologiques qui pénalisent nos entreprises et nous conduisent à importer, après un transport long et polluant, des produits fabriqués sans respect des normes environnementales les plus élémentaires, passe par l’injection d’une dose de protectionnisme et un patriotisme économique assumé. Il devrait s’ensuivre une relocalisation d’une partie de notre production et une réindustrialisation du pays. Une telle politique, qui devrait être impulsée par un État stratège, renforcerait l’indépendance nationale, notre souveraineté économique et (très important) préserverait la paix sociale, à laquelle la loi Climat de Barbara Pompili risque de porter atteinte.