Brigitte Bardot et la mosquée de Strasbourg : le non d’une Française libre !, par Pierre Arette.
C’était en 1959. La Ve République naissait dans la douleur. Babette s’en allait en guerre sous la caméra gouailleuse de Christian-Jaque, qui enrôlait BB dans la Résistance contre un Francis Blanche « Papa Schulz ». La star qui affolait les troupes du djebel et les ménages de province jouait la comédie !
Qui eût cru que la jeune femme libre de 25 ans, qui visitait, cette année-là – en compagnie des députés Pierre Lagaillarde et Jean-Marie Le Pen –, les soldats blessés pour défendre nos départements d’Algérie, s’en irait aussi en guerre contre l’OAS, quelques années plus tard, et deviendrait un temps l’égérie de la gauche qui portait les valises des indépendantistes ?
L’affaire fit grand bruit. Par un courrier du 12 novembre 1961, signé OAS, l’actrice était sommée de verser illico 50.000 NF à l’organisation. L’Express s’en fit écho et BB y trouvait une tribune pour exprimer son refus du chantage : « En tout cas, écrivait-elle, moi, je ne marche pas, parce que je n’ai pas envie de vivre dans un pays nazi. » Quels que soient les racketeurs – vrais OAS ou mafieux inspirés –, l’occasion était trop bonne pour la presse marxiste : Brigitte avait convié dans sa révolte les mânes de la Résistance. L’Humanité reprenait son cri : « Elle n’a pas cédé » ; « Elle est antinazie » ; pour en faire un symbole contre la réaction. Et toute la gauche à sa suite. Comme une consécration, le chef de l’État aurait alors lui-même déclaré : « Cette jeune personne fait preuve d’une simplicité de bon aloi. » Éloge quand même en demi-teinte pour sa nouvelle maquisarde.
« Comme le temps passe », titrait Brasillach… en 1937, lorsque BB avait 3 ans. Et notre Ve République aussi n’en finit plus de passer ; d’être trahie dans l’esprit, dans la forme et le fond, par ceux qui la dirigent aujourd’hui et qui, pourtant, s’affirment tous « gaullistes ». Le gisant de Colombey a bon dos. Et celle qui fut, en 1958, comme une incarnation de femme libre est devenue la vieille dame indigne et mal-pensante de nos temps étriqués sous corset mondialiste et fureurs antinationales.
Mais, des leçons de moraline et d’un néo-catéchisme d’apostats de toutes les gauches ; celle qui s’affirme aujourd’hui résolument conservatrice – elle a été condamnée à cinq reprises pour « incitation à la haine raciale » – n’en a cure. « Au début des années 60, j’ai pris un gros risque en refusant de me soumettre aux menaces de l’OAS », tweetait-elle, ce 25 mars. Et de clamer son refus de se soumettre aux nouveaux totalitarismes après le vote des élus de Strasbourg avalisant l’érection d’une gigantesque mosquée. Pour elle, une « tumeur métastasée » d’un vrai cancer spirituel : « J’ai été élevée au temps où la France […] était surnommée “la fille aînée de l’Église”. Je refuse, quoi qu’il m’en coûte, qu’elle devienne la première “mouquère” de l’islam », conclut-elle, prête au nouveau procès qui ne manquera pas d’arriver.
Doit-on voir dans ce cri d’alarme une fidélité à certaine pensée de celui qui refusait une Algérie française pour éviter que Colombey-les-Deux-Églises ne devienne un jour « Colombey-les-Deux-Mosquées » ?
Ayant expérimenté les bassesses des hommes de l’art et du monde et leurs lâchetés carriéristes, Brigitte Bardot lutte frontalement contre ce qu’elle dénonce implicitement comme un patriarcat exogène qui s’avance chez nous de moins en moins masqué. Avec « l’affaire » OAS, elle fut exposée par contrainte. Aujourd’hui, à 86 ans, s’exposant par choix, elle reste une femme libre et française, en paroles et en acceptation du risque ; pour sa terre et ses morts. Et parce qu’au bout de son chemin, par sentiment et par raison, elle veut défendre encore « une certaine idée de la France »…