Un an d’éclipse de nos libertés : stop ou encore ?, par Jean-Frédéric Poisson.
Depuis ce 16 mars 2020 où le président Macron déclarait aux Français claquemurés chez eux pour au moins quinze jours, que « Nous sommes en guerre ! », l’exécutif n’a pas hésité à s’arroger le droit de grignoter notre vie sociale, mettre sous perfusion l’économie agonisante, stigmatiser les cultes et la culture comme “non-essentiels”, provoquer l’éclipse de nos libertés fondamentales pour enrayer la pandémie et lutter du même coup contre des « séparatismes ». Contrairement à l’anxiété et à la pauvreté, rien n’a été enrayé !
Face à cette pandémie, le gouvernement avait deux choix : contraindre par des mesures totalitaires, ou miser sur la responsabilité individuelle et la subsidiarité. Laisser les acteurs de terrain prendre les mesures adaptées, sans recourir à une centralisation oppressive. Faire confiance. Miser sur l’autonomie et l’intelligence des Français. Le choix aura été du côté de l’hyper-concentration des pouvoirs, incarnée par ce « Conseil de défense sanitaire » et ses conseils scientifiques échappant à toute légitimité et tout contrôle démocratiques.
En l’absence de contrôle du Parlement sur l’exécutif, en l’absence de toute opposition digne de ce nom, en l’absence de corps intermédiaires ignorés, combien de libertés nous ont été arrachées sous prétexte de pandémie, d’unité et d’efficacité ? Nous fêtons les un an d’une France mise en liberté conditionnelle, de suppression méthodique de nos droits essentiels qui, hier encore, nous paraissaient indéboulonnables : liberté de circuler, de se réunir, de manifester, de travailler, d’éduquer nos enfants, liberté de culte, de prescrire, de penser, de s’exprimer ou de s’associer. À chaque fois, ce peuple prétendu indiscipliné, réticent aux mesures fortes et à l’abandon de ses libertés, a accepté caprices et inconséquences de l’exécutif sans rechigner. À chaque fois, il a courbé l’échine, fait preuve d’une extraordinaire résilience face aux mesures ahurissantes qu’on lui imposait. Osera-t-on encore jeter l’opprobre sur ce peuple en prétendant qu’il « se relâche » ?
A contrario, il y aurait beaucoup à dire sur l’irresponsabilité et les incohérences d’un gouvernement qui navigue à vue depuis un an, prônant la politique du « en même temps », quitte à faire porter la responsabilité de son impotence sur son peuple. Il y a un an, le couple Macron assistait à la représentation de Par le bout du nez, pièce mettant en scène un président de la République forcé de consulter un psychiatre… Poussant l’autodérision, Emmanuel Macron avait alors expliqué qu’il n’y avait aucune raison de « modifier ses habitudes de sorties ». Cette saillie verbale ouvrit le bal des affirmations erratiques, avec les masques qui ne « servaient à rien » ou encore le virus qui « n’avait pas de passeport ». Aujourd’hui, les théâtres, musées et restaurants sont fermés, et gare à celui qui osera contester les décrets gouvernementaux en ouvrant un bar clandestin. Aujourd’hui, le masque nous a été imposé sous peine d’une amende démesurée, au point même d’être entré dans les codes vestimentaires. Aujourd’hui, les frontières se ferment de l’intérieur pour empêcher les Français d’aller skier à l’étranger, alors que ceux qui oseront défendre la frontière extérieure verront leur association dissoute sans raison juridique. Dans le même temps, des lois sur le fichage des opposants politiques et contre la liberté d’enseignement ont été promulguées sans réaction des médias. Tout cela est gravissime.
Heureusement, le peuple de France a des ressorts. Il l’a montré au cours de son histoire. Nul doute qu’il saura à nouveau solliciter son imagination pour combattre la crise et tourner une fois pour toute cette page de pandémie et de folie politique, pour autant qu’un gouvernement apprenne à nouveau à lui faire confiance. S’il y avait un souhait à formuler pour fêter cet anniversaire, ce serait que les Français puissent désigner un chef d’État qui applique une politique subsidiaire pour l’avenir et le redressement du pays, plutôt que de se perdre dans un tropisme totalitaire permanent. Candidat à la présidence de la République, c’est le contrat de confiance que je leur propose…