La priorité en politique est d’identifier l’ennemi !, par Christian Vanneste.
Julien Freund affirmait : “pas de politique sans ennemi”. Un ennemi n’est pas un concurrent, qui accepterait l’alternance au pouvoir d’un même Etat, avec des différences quant aux modalités de la gouvernance, mais dans le but identique de maintenir cet Etat et même d’en amplifier si possible la puissance. Non, l’ennemi, extérieur ou intérieur veut vous détruire et régner comme seul maître.
Le conflit majeur de notre époque en Occident est celui du progressisme et du conservatisme. Il ne s’agit pas d’une opposition entre deux conceptions politiques qui puissent se succéder au pouvoir, comme les Libéraux et les Conservateurs au Royaume-Uni pendant le XIXe siècle. Il s’agit d’une lutte à mort en ce que le progressisme consiste à détruire ce que justement les conservateurs veulent conserver. Mais c’est un conflit qui transcende les Etats-nations, et d’une certaine manière reprend ce que les marxistes appelaient la lutte des classes. Simplement, au lieu d’opposer un prolétariat conquérant à une bourgeoisie décadente, elle oppose une oligarchie mondiale triomphante aux peuples humiliés. Warren Buffett, pendant un temps l’homme le plus riche du monde, disait sur CNN en 2005 : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner. »
Il y a une oligarchie mondialiste qui est constituée de puissances financières qui contrôlent la majorité des médias, et une partie essentielle des réseaux sociaux. Elle règne sur un certain nombre d’instances internationales et diffuse son pouvoir dans les Etats occidentaux par le biais de représentants locaux. Son objectif est clair : diluer les volontés politiques nationales afin de substituer à la démocratie une technocratie des “sachants”. Le gouvernement mondial, dont “l’Etat profond” américain et l’Europe “bruxelloise” sont les étapes, est l’objectif final. Son terrain de prédilection est la lutte contre des ennemis certes non-humains mais qui oblige “moralement” à contrôler davantage les hommes : le réchauffement climatique, malheureusement un peu abstrait ou le virus beaucoup plus convainquant parce qu’il parle à chaque individu de sa propre mort. Mais il faut aussi et surtout en finir avec les nations, c’est-à-dire les peuples conscients de leur identité historique, parce qu’ils sont capables d’exprimer leur volonté, comme le montrent les votes hostiles des nations européennes à l’encontre de leur fusion dans une Europe fédérale. Pour cela, trois processus sont en oeuvre : d’abord, l’immigration de remplacement qui prive les peuples de leur unité et de la transmission de leur identité ; ensuite, le matraquage de la “cancel culture”, c’est-à-dire de la dénonciation et du renversement de la culture occidentale, grâce à une culpabilisation de l’histoire, des héros, et des oeuvres qui en font la richesse ; enfin, l’atomisation des sociétés en une poussière d’individus consommateurs et hédonistes, après la destruction des familles fondées sur la nature et l’évidence des sexes. La violence et l’intolérance des attaques contre le populisme, c’est-à-dire contre la réaction légitime et démocratique des peuples désirant persévérer dans leur être, contre le conservatisme sociétal lorsqu’il s’oppose à l’avortement ou au “mariage unisexe”, témoignent du caractère acharné, littéralement “terroriste” et en somme totalitaire de cette offensive : il s’agit non de vaincre momentanément l’adversaire, mais d’empêcher toute alternance, d’interdire tout retour, de bâillonner sa pensée par le biais de lois liberticides, d’inciter les médias à lui refuser la parole, bref il s’agit de l’anéantir.
C’est ce que vivent Trump et ses partisans aujourd’hui, c’est ce qui tente de s’installer en Europe avec la mise à l’écart de Salvini en Italie, avec la mise à l’index de la Hongrie ou de la Pologne, avec la mise au pas des Français par la macronie qui profite du Covid pour museler l’opposition, effacer tout autre débat, décourager les manifestations et même gommer les élections, ces fâcheuses récréations démocratiques. Les Français, contents ou pas de l’action d’un gouvernement qui a multiplié les erreurs, ne pensent plus qu’à ça, et c’est ce qui compte, car face au risque, tout le monde se tourne vers l’Etat protecteur, bon ou mauvais, plus que vers l’opposition verbeuse. Or, lorsqu’on scrute la caste qui occupe le pouvoir dans notre pays, on voit bien qu’elle est la représentante locale de l’oligarchie mondialiste. Elle a vampirisé la quasi totalité des médias, dans une alliance improbable mais néanmoins réalisée entre la gauche caviar de Libération et de l’OBS, le libéralisme aveugle des journaux économiques, et le manichéisme de la bien-pensance pour laquelle la droite est le mal, du Monde jusqu’au service dit public de l’information. Le trait commun de cette idéologie est le refus des limites. Certains voient dans le transhumanisme son horizon. Son présent se confond avec la fin des frontières, et des discriminations, au nom d’une liberté et d’une égalité que démentent sans cesse davantage le pouvoir et la hiérarchie de l’argent. Mais son passé remonte parfois à la surface comme autant de bulles malodorantes, celles de la pédophilie et des addictions qui marquent tant de ces personnalités issues du “Tout est permis” des années 1970. Que ces gens, si peu exemplaires, encombrent les couloirs du pouvoir et les antichambres des Assemblées, saturent les plateaux de télévision, conseillent l’exécutif quand ils n’y participent pas, est bien plus inquiétant pour notre pays qu’un virus, dont il ne faut pas nier la gravité, mais qui passera.
Source : https://www.christianvanneste.fr/