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La différence eucharistique, par Gérard Leclerc.

Dieu se donnant en nourriture pour que tous vivent de la chair même du Christ.

© Pascal Deloche / Godong

L’expérience que nous vivons, avec cette épidémie, est tout de même singulière. Comment aurions-nous pu imaginer, alors que nous abordions la nouvelle année 2020, que nos conditions de vie seraient à ce point transformées ! Aurions-nous pu seulement admettre que la puissance publique intervienne ainsi jusqu’à contrôler étroitement nos conduites individuelles et familiales ? 

gerard leclerc.jpgSans doute les conditions imposées par la propagation du virus justifiaient-elles des mesures de précaution exceptionnelles. Mais si on avait prévenu d’avance nos concitoyens de ce qu’ils auraient à subir, nul doute qu’un mouvement de révolte serait né, à moins qu’il ne soit recouvert par la surprise et l’incompréhension. Les lecteurs de George Orwell [1] auraient songé à l’avertissement qui domine le climat de 1984, son roman fameux : «  Le grand frère vous surveille.  »

Arbitraire réglementation

On trouvera sans doute cela exagéré, mais lorsque le curé de la cathédrale de Toulouse voit la police intervenir durant sa messe, parce qu’un voisin a signalé qu’il y avait infraction au confinement, on est en droit de s’interroger. Plus encore, lorsque le gouvernement décrète, de la façon la plus arbitraire, que seules trente personnes seront admises pour la célébration eucharistique, quelle que soit la taille de l’édifice, chapelle ou cathédrale, on tombe des nues et on se demande de quelle autorité peut disposer l’instance qui impose pareil diktat. Sans doute, le Conseil d’État est-il venu rappeler à la raison notre gouvernement, mais la question est posée des limites de son intervention dans la vie sociale. Dès lors que les précautions sanitaires indispensables ont été prises, il n’appartient pas à l’État de réglementer l’organisation de ce qu’en langage administratif on appelle le culte, et qui en langage ecclésial se nomme liturgie.

À temps et à contretemps

Certains catholiques ont estimé qu’il n’appartenait pas à leur Église et à ses fidèles de réclamer des droits dérogatoires par rapport à ce qui est imposé à tous. Mais il ne s’agit nullement de dérogation, et par ailleurs, si la liberté religieuse a un sens, c’est de donner à la foi son espace de pleine expression. Espace qui permet d’exprimer ce qu’on pourrait appeler la différence eucharistique. Différence ignorée du langage commun, parce qu’elle résulte de la révolution absolue que constitue le mystère de l’Incarnation. Mystère du Dieu devenu homme, ayant offert sa vie pour le Salut du monde et se donnant en nourriture pour que tous vivent de la chair même du Christ. Oui, cette différence a un caractère insupportable aux yeux du monde mais elle doit s’affirmer à temps et à contretemps.

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P.-S. : Je ne puis que recommander le beau petit livre d’Henri Quantin, Manger Dieu. Pour une eucharistie de première nécessité, Le livre ouvert, 180 p., 14 €.

[1Ses œuvres complètes viennent d’être rééditées à la Pléiade.

Source : https://www.france-catholique.fr/

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