Régis de Castelnau : « Multiplication des candidatures à la présidentielle : une mosaïque qui va emmener la gauche dans une situation de totale catastrophe ! ».
Les déclarations ou intentions de candidatures à la présidentielle se multiplient, dans les rangs de la gauche : après Jean-Luc Mélenchon, c’est Anne Hidalgo, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Arnaud Montebourg ou encore Christiane Taubira qui pourraient bien se déclarer. Sans compter l’émergence d’un candidat pour les écologistes.
Quelles conséquences pour la gauche ? Analyse et réaction de Régis de Castelnau au micro de Boulevard Voltaire.
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Les présidentielles de 2022 se précisent. Mais en réalité c’est beaucoup plus complexe que cela.
Anne Hidalgo a ouvert la porte à une candidature. Jean-Luc Mélenchon a officialisé la sienne. Vraisemblablement, les écologistes enverront un candidat. Philippe Poutou, Nathalie Arthaud iront aussi chacun de leur côté sauf surprise de dernière minute.
Votre engagement à gauche est connu partout. Vous reconnaissez-vous dans ces candidats ?
De tous les noms que vous avez cités, je ne vois personne de gauche, pour être un peu provocateur.
C’est catastrophique. Je pense que c’est le fruit d’une situation qui avait été assez bien décrite au mois de septembre. Un sondage de l’IFOP montrait les deux candidats principaux, Emmanuel Macron et Marine Le Pen et derrière en additionnant tout, la gauche faisait péniblement 25 %. C’était le ticket vers une défaite historique.
Cela provoque une espèce d’aspiration à la base, mais cela provoque exactement l’effet contraire au sommet. D’abord, Jean-Luc Mélenchon est décidé à y aller pour tout un tas de raisons, en particulier pour des raisons personnelles. Il est le plus légitime. Dans ce sondage, lorsqu’ils ont fait leur calcul avec un seul candidat à gauche, il était à 15 %, c’est-à-dire, pas si loin de son score de 2017. Le problème c’est qu’il ne sera pas tout seul. Les autres vont devoir y aller pour exister. Ce seront que des candidatures témoignage. Tout le monde a envie de faire un tour de piste. C’est une façon d’exister, de préparer l’avenir, etc.
Vous avez cité un certain nombre de noms, mais vous avez oublié Arnaud Montebourg et Christiane Taubira. Tout cela est très mauvais signe. On peut faire confiance à l’extrême gauche pour vouloir être également présente. Tous les cinq ans, une tribune leur est offerte et le reste du temps, on ne les entend pas. Ce sera une mosaïque extrêmement nombreuse qui va emmener « la gauche » dans une situation de totale catastrophe.
Je viens de voir passer un petit sondage très intéressant à propos des régionales. Je ne sais si elles auront lieu. Et je crois que Macron n’en a aucune envie et qu’il va peut-être utiliser la pandémie pour les reporter. À la grande époque, le PS et le PC faisaient des scores extrêmement importants. Chez les ouvriers, la concurrence dans le Nord se faisait entre le PC et le PS. Il y avait un électorat ouvrier puissant. Ailleurs, ce n’était pas toujours le cas.
Pour la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand est à 33 %, Sébastien Chenu à 29 %, LREM à 9 % et derrière vous avez la gauche, Karima Delli les Verts 9, Patrick Kanner PS 8. C’est tragique. On parle bien des couches populaires qui spontanément devraient se reconnaître à gauche.
Cet électorat traditionnellement communiste du Nord est parti au Rassemblement national. Finalement, en 2022 on s’oriente vers un duel entre le candidat de la majorité, marconiste, centre LR, orléaniste face à Marine Le Pen. On peine à voir la gauche parvenir à casser ce scénario.
La gauche n’y arrivera pas. Elle ne peut pas. Sur quelle base et avec quels arguments ?
Elle va présenter François Hollande ? Qui a d’ailleurs l’air de vouloir revenir !
N’est-ce pas Marine Le Pen, la candidate de la gauche pour être provocateur jusqu’au bout ?
C’est une question extrêmement provocatrice. Marine Le Pen est devant avec Macron. L’ancien électorat communiste vote maintenant pour le RN. Chez les ouvriers, ils font 55 % des voix au premier tour. Le PCF n’a jamais fait cela, même juste après la guerre. Un tel pourcentage chez les ouvriers n’a jamais été réalisé. C’est davantage un vote d’adhésion, un vote de confiance et durable. Cela fait quand même une bonne dizaine d’années qu’elle reste constante.
Aujourd’hui, peut-on considérer qu’elle est de « gauche » ? Elle a des positions assez nettes sur le plan social. Cela énerve d’ailleurs beaucoup dans les courants d’une certaine droite libérale. La retraite à 60 ans ne leur plaît pas beaucoup…
Ce courant est traversé de contradictions comme les autres. Elle a voté la loi de sécurité globale. Elle est à mon avis, une erreur. Cette loi de sécurité globale a d’abord et avant tout pour objectif de donner au pouvoir actuel les moyens de réprimer les mouvements sociaux, je pense notamment aux Gilets jaunes. Ce mouvement avait été soutenu par le RN et qui, manifestement mobilisait les couches qui votent ensuite RN. Je pense qu’elle a aussi un autre problème. Elle est concurrencée sur ce qui faisait sa force principale. Elle pouvait dire « en ce qui concerne l’immigration, je suis le seul mouvement qui vous donne des garanties ». Aujourd’hui, avec l’infléchissement très net d’Emmanuel Macron et surtout de Gérald Darmanin sur les questions d’immigration, les choses sont en train de changer. Je ne sais pas si c’est uniquement en parole et s’ils pourront récupérer de la confiance, mais c’est très net.
Commentaires
C'est le syndrome "Hollande".
Chaque capo socialiste a vu se réaliser l'incroyable en 2011.
Une chiquemolle pouvait accéder au fauteuil présidentiel avec suffisamment de ruse et de bagout ; et chacun de se penser supérieur à celui qui réussit alors à les doubler tous.
Reste à se trouver maintenant une Trierweiler !