Les mercenaires islamistes syriens en première ligne contre les Arméniens qui reculent, par Antoine de Lacoste.
Malgré le cessez-le-feu que les Russes avaient laborieusement fait conclure, il y a quelques jours, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les combats se poursuivent dans le Haut-Karabakh. Cette enclave arménienne située en territoire azéri a été conquise par l’Arménie en 1994 et l’Azerbaïdjan rêvait, depuis, de la reconquérir.
Prudente en raison de la défaite très sévère subie alors, elle s’est sentie pousser des ailes sous l’influence du bon sultan Erdoğan qui lui a fourni des drones d’attaque très performants (ils avaient déjà fait leurs preuves en Libye) et des mercenaires syriens qui combattent en première ligne.
Plusieurs vidéos visibles sur le site de France 24 montrent des images d’un camp d’entraînement situé en Syrie, près de la frontière turque, ainsi que l’arrivée de ces mercenaires en Azerbaïdjan. Des scènes sporadiques de combats sont également en ligne mais apportent peu d’enseignements.
Ces islamistes regroupés principalement dans la division Hamza sont, pour la plupart, des Turkmènes passés sous contrôle turc lors des différentes invasions de l’armée turque en Syrie. Déjà utilisés comme chair à canon contre les Kurdes et contre l’armée syrienne, plusieurs milliers ont été envoyés en Libye contre les hommes du maréchal Haftar avec succès. Succès relatif, tout de même, car ce sont surtout les drones turcs qui ont fait la différence.
L’affaire est plus délicate dans le Haut-Karabakh : les Arméniens sont de rudes combattants et leur histoire tragique leur a appris à défendre leur terre avec acharnement. Mais la supériorité technique de l’armée azérie est incontestable et plusieurs positions importantes ont été perdues par les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh.
Les Arméniens ont plusieurs centaines de morts à déplorer et l’on ne sait rien des pertes azéries soigneusement cachées, mais les autorités militaires reconnaissent un bilan élevé.
Quant aux mercenaires syriens, ils ont payé un lourd tribut et découvert que la promenade promise était plus rude que prévu. Sur les 2.000 mercenaires envoyés, le très islamiste OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme) annonce 134 morts, dont plusieurs ont été discrètement enterrés en Syrie, selon Le Monde. D’après la même source, des imams turcs leur font croire qu’ils vont aider des frères sunnites azéris, alors que ces derniers sont presque exclusivement chiites.
Sans l’aide turque, il est certain que l’offensive azérie aurait échoué. Mais cette fois, la situation est beaucoup plus inquiétante pour nos amis arméniens et l’on ne peut malheureusement plus exclure une reconquête du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan. Ce serait une tragédie pour cette région peuplée à peu près exclusivement d’Arméniens qui seraient alors obligés d’abandonner leur terre ancestrale et de fuir vers l’Arménie.
Dans ce contexte périlleux, la passivité russe laisse perplexe. L’Arménie est un allié proche et laisser Erdoğan gagner impunément cette guerre serait un désastre. Il est temps que les Russes reprennent la main ou alors une grande victoire islamiste serait à déplorer.