Léa Salamé veut imiter Pascal Praud ? Ce n’est pas gagné…, par Gabrielle Cluzel.
Autrefois, les pieuses dames patronnesses se retrouvaient à l’heure du thé, et devisaient un peu tristement en secouant la tête sur les péchés du temps – le sujet du dernier prêche du curé – les turpitudes dans lesquelles tombaient leurs pauvres, bien qu’elles les exhortassent à la vertu. C’était parfois décourageant.
Aujourd’hui, ce n’est plus dans un fauteuil Napoléon III mais au micro rouge – au propre comme au figuré – de France Inter que les mêmes, aux allures un peu plus punk, 2020 oblige, se lamentent. Leur curé à elles, c’est Daniel Schneidermann ou autre figure longue comme un vendredi Saint de la gauche morale, et Dieu sait s’il y a du monde qui se bouscule depuis des dizaines d’années dans ces séminaires. Léa Salamé et Sonia Devillers – journaliste de France Inter dont la passion est la « fachosphère », elle en collectionne les déclarations, les saillies, les bad buzz, les pensées et les arrière-pensées… à chacun ses hobbies, mais il y en a qui ont été invités à dîner un mercredi pour moins que ça – cherchent une solution pour retenir leurs gens, ceux que leurs certitudes hautaines, leur mépris bienveillant (ou pas), et tous leurs discours déconnectés poussent vers… CNEWS. Elles s’imaginaient peut-être naïvement qu’ils leur appartenaient de droit, qu’ils avaient signé – d’une croix – quelque-part, ou qu’ils leur devaient une reconnaissance éternelle pour leur apporter tous les matins, dans les médias du service public, leur petit panier plein d’idées toutes faites, mitonnées par leur soin, de politiquement correct tricoté tout l’hiver de leurs blanches mains pour tenir chaud au cerveau.
Léa Salamé a trouvé la solution : « Il ne faut pas laisser à Pascal Praud les débats politiques ». Parfois, Monsieur de La Palice invente le fil à couper le beurre les deux pieds dans l’eau tiède. Mais il ne faut pas la laisser tomber, être une journaliste libérée ce n’est pas si facile. De vrais débats, c’est compliqué, ce ne sont pas des conversations ouatées où des esprits proprets à l’idéologie bien peignée tombent d’accord sur tout, sauf peut-être sur la couleur du papier peint de l’Élysée.
Le sectarisme a longtemps protégé la gauche aussi sûrement qu’un cordon de CRS, un confinement intellectuel confortable et aseptisé, une citadelle aux grands murs imprenables. Mais à l’ombre de ses sentences qui empêchent de douter et donc de penser, elle tourne en rond, s’étiole, est en train d’étouffer et de faire le vide autour d’elle.
Vendredi, sur les réseaux sociaux, une anecdote symptomatique. Certains se sont étonnés, de voir Christine Boutin dans un tweet approuver la récente déclaration de Nicolas Bedos : “Comme Nicolas Bedos a raison ! Par la peur et l’angoisse, on fait de nous beaucoup de morts-vivants ! Choisissons d’être des vivants qui mourront un jour #COVID19france” .
Certains ont ironisé : ce soutien-là, n’est-ce pas, Nicolas Bedos s’en passerait bien ! Mais pour quelle raison sur un sujet sanitaire, donc en principe transverse sur le plan politique et rebattant les cartes, deux personnalités telles que celles-là ne pourraient pas tomber d’accord ?
Sans trop s’avancer, on peut juger peu probable de voir un jour Nicolas Bedos « liker » un tweet de Christine Boutin… Preuve que contre toute attente, cette dernière est infiniment plus libre, ouverte, provocatrice, transgressive que lui. Et ce constat pourrait se généraliser à leur univers respectif.
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Toujours amie de la vérité, Gabrielle Cluzel analyse l'actualité avec honnêteté et perspicacité. Et quelle belle plume! C'est toujours une joie de la lire.