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Pour une politique migratoire européenne, par Natacha Polony.

"Quelques principes pourraient guider une politique migratoire capable de rassembler les pays de l'Europe de l'Ouest en une forme de coopération renforcée, puisque, sur ce sujet comme sur tant d'autres, jamais les 27 ne seront d'accord", explique Natacha Polony, directrice de la rédaction de "Marianne".

 

L'incendie du camp de Mória, sur l'île de Lesbos, le mercredi 9 septembre, est venu nous rappeler qu'aux frontières de l'Europe, depuis des mois ou des années, des êtres humains vivent parqués dans des conditions sanitaires atroces : 12 700 personnes, pour un camp destiné à en accueillir quatre fois moins ; 12 700 personnes, et tous les autres, ailleurs, dans d'autres camps, et autour, les habitants de ces îles grecques, accusés de racisme, et qui ont l'impression qu'un continent entier se décharge sur eux de la misère du monde. Une situation intenable.

L'Union européenne a annoncé qu'elle allait finalement accueillir 400 mineurs non accompagnés présents à Lesbos. De 100 à 150 pour la France. Puis Angela Merkel, fidèle à son personnage de phare de la conscience européenne, est montée jusqu'à 1 500. Les mineurs isolés. Les plus vulnérables, ceux qui suscitent le plus volontiers la pitié. Une réponse de court terme face à l'urgence. Mais pour le reste ? Est-il acceptable que l'Union européenne soit incapable de se doter, sur le long terme, et après un débat démocratique, d'une véritable politique migratoire ? Est-il supportable que les dirigeants français, allemands et bruxellois ne prennent des décisions que quand Recep Tayyip Erdogan menace l'Europe de laisser passer les millions de migrants présents sur son sol si l'on contrarie ses visées expansionnistes, ou quand des ONG décident de convoyer des malheureux depuis le large de la Libye vers un port européen pour leur éviter la noyade, mais aussi pour affirmer leur refus de toute frontière ?

"Wirschaffen das"

Angela Merkel souhaiterait faire davantage, et ce sont les autres, notamment les pays de l'Europe centrale, qui freinent ? En ce cas, pourquoi a-t-elle refusé, pendant des années, de revoir le règlement de Dublin, qui condamne l'Italie et la Grèce à maintenir sur leur sol les nouveaux arrivants ? Pourquoi, en 2015, a-t-elle refermé unilatéralement ses frontières trois semaines après avoir lancé, tout aussi unilatéralement, son « Wirschaffen das » [« Nous y arriverons »], puis est-elle allée négocier, toujours unilatéralement, avec Recep Tayyip Erdogan pour qu'il joue les portiers ? Quant à la France, elle mène, derrière les grands discours, une politique absurde, dictée uniquement par les scores du Rassemblement national, et faite de « fermeté » apparente et d'impuissance à faire respecter la loi. Moralité, 10 % des déboutés du droit d'asile sont effectivement raccompagnés aux frontières, et les autres végètent pendant des années dans un no man's land d'illégalité en épuisant les recours jusqu'à la régularisation de fait. Une garantie de non-intégration.

Quelques principes pourraient pourtant guider une politique migratoire capable de rassembler les pays de l'Europe de l'Ouest en une forme de coopération renforcée, puisque, sur ce sujet comme sur tant d'autres, jamais les 27 ne seront d'accord. Les pays de l'Europe du Sud, c'est-à-dire l'Espagne, l'Italie et la Grèce, devraient être traités en égaux par la France et l'Allemagne. Le premier élément de cette politique serait la proclamation du droit de vivre et de travailler au pays, pour n'importe quel être humain, tant il est vrai qu'aucun ne devrait être contraint de quitter sa famille et sa terre. Ce qui implique la fin des opérations militaires à la remorque des États-Unis, comme la fin de la complaisance envers les multinationales qui s'approprient les matières premières de pays fragiles en maintenant la corruption de leurs élites.

10 % des déboutés du droit d'asile sont effectivement raccompagnés aux frontières, et les autres végètent pendant des années dans un no man's land d'illégalité en épuisant les recours jusqu'à la régularisation de fait. Une garantie de non-intégration.

Une fois ce principe posé, il s'agirait de garantir le traitement rapide des demandes d'asile et d'accueillir tous ceux qui l'obtiennent, puisqu'il s'agit d'un droit imprescriptible. Les autres, en revanche, seraient reconduits là d'où ils viennent, quitte à faire pression sur les pays d'origine. Ceux qui obtiennent le droit de rester sur le sol européen devraient se voir dirigés là où on leur trouvera du travail et un logement, sans lesquels il n'est pas d'intégration possible (et le droit de travailler doit être immédiat). Il est des régions de France, des communes rurales, où l'accueil et la formation des migrants donnent des résultats, comme ce fut le cas lors de la répartition dans certains villages des Cévennes d'hommes chassés par la fermeture du camp de Sangatte. L'intégration, sans laquelle l'immigration ne sera jamais une « chance » pour un pays, passe par une répartition (obligatoire) sur le territoire et par une formation efficace.

liberté

Ajoutons un point. L'immigration ne peut être acceptée sereinement par les citoyens d'un pays que s'ils ont la conviction que les nouveaux venus et leurs enfants s'approprieront les valeurs et les mœurs de ce pays. Ce qui doit relever d'un accord tacite entre hôtes. Car il y a bien un pays d'accueil et des gens qui sont accueillis. Et ce processus ne peut marcher que si le premier s'interdit de laisser des gens dans des conditions sordides en déléguant à des associations, et si les seconds ne se font pas convaincre par ces associations pleines de bonnes intentions qu'on n'en fait jamais assez à leur endroit et que ce sont eux les créanciers. Venir en Europe, c'est choisir une civilisation fondée sur la liberté humaine, le refus du théologico-politique, l'émancipation de chacun. Accueillons avec ce beau et ferme projet.

Source : https://www.marianne.net/

Commentaires

  • Natacha Polony reste dans le domaine de l'illusion. Relevons les points d' irréalisme:

    - "aucun ne devrait être contraint de quitter sa famille et sa terre". Mais personne n'est contraint. Les arrivants viennent en Europe pour gagner plus que chez eux, et plus facilement, avec les prestations sociales. Cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas de travail chez eux.Bien plus, ceux qui arrivent ont des moyens supérieurs à la moyenne de leur pays.
    - "L'intégration, sans laquelle l'immigration ne sera jamais une « chance » pour un pays, passe par une répartition (obligatoire) sur le territoire et par une formation efficace". Quelle naïveté! Croyez-vous que les arrivants accepteront d'aller dans la Lozère ou les Cévennes? . Ils veulent ce qui brille et non la paisible et dure vie de notre campagne. A la rigueur accepteront-ils de vivre dans des villages en périphérie des grandes villes, où ils saccageront l'environnement social.
    - "L'immigration ne peut être acceptée sereinement par les citoyens d'un pays que s'ils ont la conviction que les nouveaux venus et leurs enfants s'approprieront les valeurs et les mœurs de ce pays." Pour cela, il faudrait que nous ayons la fierté de nos "valeurs" et de nos moeurs. Or c'est justement par les conséquences de cette "liberté humaine" et de ce refus d'un politique ancré dans la sacraliténque nous les avons perdues. Nous sommes atomisés, une masse d'individus apeurés et sans identité. J'ai bien connu les immigrés, travaillant avec eux dans une commune de l'Essonne. Ils n'ont nulle envie de nous ressembler parce qu'ils nous jugent indignes, et y compris de les avoir laissé rentrer. Non, Madame, il faut cesser d'accueillir, il faut trier ceux qui sont ici et en expulser un bon nombre. Vous me décevez.

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