Séparatisme : « des établissements scolaires catholiques niant le pacte républicain » dans le viseur de l’Élysée ?, par Gabrielle Cluzel.
C'est ce que révèle Le Parisien...
Faute de combattre sur le terrain, notre gouvernement fait la guerre dans le dictionnaire. C’est plus prudent, on ne risque pas de se casser un ongle. Ensauvagement ou pas ensauvagement ? Oui pour Darmanin, non pour Dupond-Moretti. Et en attendant qu’on se mette d’accord sur son petit nom, la délinquance continue de galoper.
Il faut dire que le patron donne l’exemple, absorbé dans des ratiocinations lexicales… c’est ce que Le Parisien révèle dans un article intitulé « Pourquoi Macron parle de “séparatisme” et plus de “communautarisme” ». « La République [on ne dit plus la France, NDLA] parce qu’elle est indivisible, n’admet aucune aventure séparatiste », a-t-il déclaré au Panthéon. Chacun sait bien sûr, Emmanuel Macron le premier, que l’appeler séparatisme, communautarisme, mistigri, schmilblick ou patate chaude ne change pas d’un iota la nature de l’islamisation dans notre pays, mais c’est plus doux aux oreilles. L’idéal est, d’ailleurs, d’utiliser le pluriel : « les séparatismes » laissent imaginer que les Corses, les Basques, les Bretons et les membres Front de libération de la Corrèze constituent une hydre terrifiante fomentant des attentats à travers le monde entier…
Car, nous explique-t-on, « de peur d’être accusé de stigmatiser une religion, Emmanuel Macron veut élargir [le séparatisme] à d’autres domaines ». Le Parisien rapporte donc qu’à Bercy, « on étrille les ultra-riches qui pratiquent l’évasion fiscale, autre forme du séparatisme », que Place Beauvau, « on montre du doigt les suprémacistes blancs » (tous dangers qui font frémir les Français, ce sont souvent les sacs Vuitton abandonnés par les évadés fiscaux en col blanc, choix sans doute suprémaciste, dans les 1res des TGV qui mobilisent les démineurs)… et surtout qu’à l’Élysée, « on cite les dérives de ces établissements scolaires catholiques qui nient le pacte républicain ».
Mais… de quoi nous parle-t-on ? De quelles écoles, de quelles dérives, de quel pacte républicain ? Quand même pas de ces établissements qui tentent, bon an mal an, de conserver quelques exigences pédagogiques dans un effondrement général, celles où les parents se réfugient pour mettre leurs enfants à l’abri, même si ça leur coûte un bras, et même si, par leurs impôts, ils financent d’autres écoles, parce que la sécurité de leurs petits n’a pas de prix ? Celles où une blouse, un pull d’uniforme permettent d’éviter les délires vestimentaires sources de tant de conflit ? Celle où l’on se lève quand le professeur arrive, mais pas pour lui lancer des boulettes à la tête, et où on lui dit même – oui, je sais, c’est dingue ! – bonjour Madame ou bonjour Monsieur ? Celle où l’on apprend à aimer la France, où on lit les classiques – y compris ceux d’avant 1968, notre nouvelle ère -, où l’on apprend des poésies qui ne parlent pas nécessairement de zizi (Pierre Perret), de policier sur lequel on fait pipi (Aldebert) ni de déserteur (Boris Vian). Celles, horresco referens, où l’on prie le petit Jésus et on apprend par cœur les commandements – tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère, tu aimeras ton prochain comme toi-même… -, qui sont quand même drôlement commodes, à l’usage, pour mettre de l’huile dans les rouages du « vivre ensemble ».
Il y a quelques semaines, le député François Pupponi, sur un plateau télévisé, dénonçait l’éclosion d’écoles hors contrat salafistes, impossibles à contrôler. L’idée ne serait-elle pas en train de germer, parce que c’est devenu la doctrine générale en matière de laïcité – l’islam t’inquiète ? Tape donc d’abord sur les chrétiens -, d’accabler les écoles catholiques hors contrat en leur reprochant leur liberté (et, par exemple, de ne pas enseigner l’Histoire façon Benjamin Stora ou l’éducation sexuelle comme au Planning familial), qui les « sépare », de fait, de la moyenne des écoles ?
Si c’est le cas, le résultat serait, in fine, diamétralement opposé à celui espéré. Parce que, pédagogiquement, ces écoles sont à la fois pilotes (de ce que l’Éducation nationale pourrait faire) et témoins (de ce qu’elle faisait jadis et qui ne fonctionnait pas si mal). Parce que, spirituellement, la nature ayant horreur du vide, l’islam avance à mesure que le catholicisme recule. Et parce que, matériellement, « fliquer » toutes les écoles y compris celles qui n’ont jamais posé de problème au seul prétexte de ne pas en discriminer certaines est une dispersion grave et stupide des moyens.
Commentaires
Bravo Gabrielle Cluzel, percutant, comme toujours !