De Christian Vanneste sur le Liban (1/2) : deux jours dans un pays frère : le Liban.
Source : http://www.christianvanneste.fr/
À l’invitation du Docteur DEGUY, je me suis rendu au Liban afin d’évoquer la question très sensible de l’avenir des Chrétiens au Moyen-Orient. Cette visite avait été précédée par le colloque tenu à l’Assemblée Nationale sur cette question. J’avais également été reçu par le Vicaire patriarcal maronite de Paris la veille de mon départ. Mon séjour a été d’une densité exceptionnelle, grâce à l’excellente organisation du Docteur DEGUY.
J’ai d’abord été accueilli par le patriarche maronite, sa Béatitude Mgr Bechara EL RAHI. Je me suis rendu ensuite dans le village de Ghosta, dans le Kesrouan où m’attendait une grande surprise : une réception par la municipalité avec l’harmonie municipale, et une double haie de scouts. Le paysage ressemble à l’arrière pays niçois, mais la présence des musiciens et des scouts me faisait me sentir chez moi. Après un entretien télévisé d’une heure avec le Docteur DEGUY sur Télé Lumière, j’ai terminé la soirée en compagnie de responsables et de sympathisants de l’UMP du Liban. Ma deuxième journée m’a permis de dialoguer avec deux chefs des partis politiques chrétiens, le Général AOUN pour le Mouvement Patriotique Libre dans sa résidence du Metn, et Samir GEAGEA pour les Forces Libanaises dans le Kesrouan. Après avoir quitté celui-ci, j’ai été reçu par le Président Michel SLEIMAN, au palais présidentiel et en compagnie de son Excellence l’Ambassadeur de France, Denis PIETTON. Le soir j’ai pu donner une conférence consacrée à l’avenir des Chrétiens d’Orient à l’université Saint Esprit de Kaslik en présence d’un grand nombre de responsables civils et religieux libanais ainsi que de représentants de la communauté française du Liban. La soirée s’est achevée par une réunion avec les responsables de l’organisation Labora qui œuvre pour sauvegarder les équilibres professionnels entre les confessions religieuses.
Le troisième jour m’a offert l’occasion d’un échange très fructueux avec le Mufti de Tripoli. Après mon intervention au cours d’un débat organisé par le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, le Mufti a prononcé un discours que tous les observateurs ont qualifié d’extrêmement important puisqu’il soulignait le caractère indispensable de la présence des Chrétiens au Moyen-Orient et particulièrement au Liban, et la nécessité pour les musulmans de protéger cette présence.
Ce court déplacement a été d’une grande intensité. J’en tire trois conclusions :
– D’abord la chaleur de l’accueil et l’extraordinaire proximité culturelle de ce pays doivent inciter les responsables politiques français à veiller particulièrement à sauvegarder les rapports privilégiés que nous entretenons avec lui. Il faudrait que se développent les échanges culturels et notamment des jumelages entre des communes libanaises et françaises.
– Ensuite, j’ai pu vérifier au Liban combien le concept de laïcité positive qui fait des religions non pas un obstacle mais un atout de la Démocratie était bien compris par les libanais. Ils présentent en effet pour la plupart le double avantage d’affirmer leur appartenance confessionnelle et de respecter celle des autres.
– Enfin, devant la situation tragique de certaines communautés chrétiennes, comme en Irak et dans le contexte du printemps arabe, qui voit à la fois se profiler une possibilité de démocratisation de cette partie du monde et apparaître le risque d’un écrasement des minorités religieuses par la majorité, le Liban qui est le seul pays à ne pas avoir de religion officielle, ni de droit découlant d’un texte religieux, est le modèle de la démocratie qui marche sur ses deux pieds, celui de la légitimité majoritaire mais aussi celui de l’État de droit, protecteur des minorités.