Rechercher des responsables du fonctionnement moins que satisfaisant de nos hôpitaux publics, par Aristide Renou.
On pourrait peut-être remonter un peu la chaîne des responsabilités et citer à la barre les concepteurs et réalisateurs des calamiteuses « 35heures », qui ont été un désastre sans mélange pour l’économie française en général et pour l’hôpital en particulier – désastre dont il ne s’est jamais relevé.
On pourrait donc aller arrêter Martine Aubry au bistrot du coin pour lui demander des comptes. On tirerait Lionel de son abri côtier de l’Ile de Ré pour l’amener à la barre. Et on exigerait des explications de Dominique Méda, auteur de l’immortel « Le travail : une valeur en voie de disparition » et dont les « travaux » (manifestement effectués en moins de 35 heures) ont tant influencé les susnommés.
Martine Aubry se présenterait en savates et robe de chambre. Elle commencerait par déclarer au président du tribunal que ce n’est pas elle qui a volé la caisse de Kiravi (« Le vin qui vous ravit ») de tata Josette (celle qui rit quand…), puis elle dirait qu’elle ne se souvient plus bien, qu’elle a mal aux cheveux et puis qu’il fait sacrément chaud dans c’te boutique, y aurait pas moyen de boire un coup ?
Lionel Jospin déclarerait : « Oui, j’ai été un peu naïf, je le reconnais. J’ai cru qu’il suffirait de faire baisser le temps de travail pour faire baisser le chômage. J’en tire donc les conséquences et je me retire de la vie politique. Et maintenant, si vous voulez bien m’excusez, on m’attend dans la salle d’à côté pour que je m’explique au sujet de la parité. Et cet après-midi je suis cité à comparaitre à propos du PACS-qui-jamais-ne-conduira-au-mariage-homosexuel. Je crains bien, dans ces cas aussi, d’avoir été un peu naïf. Mais je saurais en tirer toutes les conséquences en me retirant de la vie politique. »
Dominique Méda protesterait que ce n’est pas humain de tirer de son lit à 11h du matin une honnête chercheuse-fonctionnaire mais que, si on veut bien lui accorder une dizaine de fois trente-cinq heures, elle pourra démontrer par a+b que le travail va disparaitre, qu’il est temps de passer à la semaine de deux jours avec des horaires allégés (de 10h à 12h et de 14h à 16h), que d’ailleurs elle-même donne l’exemple depuis longtemps et que de toute façon le modèle social français est le meilleur du monde et le restera, pourvu qu’il s’oriente vers la transition écologique et plus d’égalité entre les hommes et les femmes. A moins que ce ne soit vers plus de transition entre les sexes et plus d’égalité écologique, des travaux ultérieurs préciseront ce point.
Bref, ce serait amusant.
Et puis on passerait au verdict.
Martine Aubry serait condamnée à ne boire que de l’eau filtrée jusqu’à la fin de sa vie, 35 litres par jour au minimum. Lionel Jospin devrait chanter « Les feuilles mortes » 35 fois par jour, devant une audience strictement paritaire (50% de Jospiniens et 50% de Rocardiens) et devrait en outre épouser un homme. Quant à Dominique Méda, elle serait condamnée à creuser des trous pour y enterrer ses livres, articles et autres travaux, à 35 mètres sous terre dans des sarcophages composés de 35 couches de plomb et de béton, qu’elle aurait fabriqué de ses blanches mains. Tâche qui devrait normalement lui prendre au moins trente cinq ans, ce qui est déjà assez rapide pour une chercheuse-fonctionnaire.
Bien sûr, on pourrait aussi, plus platement, les condamner à se faire fesser cul-nu à coups de cathéter et en place publique par tous les personnels hospitaliers de France et de Navarre. Mais rien n’empêche de cumuler les deux dans un souci de saine distraction populaire tout autant que de justice dissuasive.
Il est grand temps de réhabiliter l’art français du châtiment qui, pendant si longtemps, a fait partie de notre modèle social à nous que le monde nous enviait. Le « Ségur de la santé » pourrait commencer par un geste fort. Ne perdons pas une telle occasion !