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Comment en est-on arrivé là, en relisant Marie Madeleine Martin..., par Frédéric Poretti-Winkler.

3834054413.54.jpgLe remplacement des organisations naturelles et des corps intermédiaires, que la coutume et les traditions, l’usage et les habitudes avaient légitimés, par des structures artificielles, d’une nouvelle légalité républicaine, transformeront lentement les structures du peuple français…
La mise en place des partis, dont les membres sont : « reliés seulement par la fidélité à des idéologies» ont perturbés profondément les structures de la société française, jusque-là fondé sur le réel. « La psychologie même de notre peuple en a été transformée… »Cette « maladie démocratique du pouvoir mis aux mains du nombre, se résumait par la division des Français en groupements antinaturels, gouvernés souvent par des puis¬sances occultes »

frédéric winkler.jpg« Si l’on se représente, tout un peuple s’occupant de politique, et depuis le premier jusqu’au dernier, depuis le plus éclairé jusqu’au plus ignorant, depuis le plus inté¬ressé au maintien de l’état de choses actuel jusqu’au plus intéressé à son renversement, possédé de la manie de discuter les affaires publiques et de mettre la main au gouvernement ; si l’on observe les effets que cette maladie produit dans l’existence de milliers d’êtres humains ; si l’on calcule le trouble qu’elle apporte dans chaque vie, les idées fausses qu’elle met dans une foule d’esprits, les sentiments pervers et les passions haineuses qu’elle met dans une foule d’âmes ; si l’on compte le temps enlevé au travail, les discussions, les pertes de force, la ruine des amitiés ou la création d’amitiés factices et d’affections qui ne sont que haineuses, les délations, la destruction de la loyauté, de la sécurité, de la politesse même, l’introduction du mauvais goût dans le langage, dans le style, dans l’art, la division irrémédiable de la société, la défiance, l’indiscipline, l’énervement et la faiblesse d’un peuple, les défaites qui en sont l’inévitable conséquence, la disparition du vrai patrio¬tisme et même du vrai courage, les fautes qu’il faut que chaque parti commette tour à tour, à mesure qu’il arrive au pouvoir dans des conditions toujours les mêmes, les désastres et le prix dont il faut les payer ; si l’on calcule tout cela, on ne peut manquer de dire que cette sorte de maladie est la plus funeste et la plus dange¬reuse épidémie qui puisse s’abattre sur un peuple, qu’il n’y en a pas qui porte de plus cruelles atteintes à la vie privée et à la vie publique, à l’existence matérielle et à l’existence morale, à la conscience et à l’intelligence, et qu’en un mot il n’y eut jamais de despotisme au monde qui pût faire autant de mal »( Fustel de Coulanges )

Nous voyons à travers l’écrit de Marie Madeleine Martin et de ces citations, que la responsabilité du désastre Français, n’est pas seulement dû à la révolution et à ses conséquences mais aussi aux forces contre-révolutionnaires qui par intérêt, confort ou laxisme ont laissés « pourrir » la situation jusqu’à devenir ce que l’on connaît aujourd’hui… « Que le pouvoir et les moyens d’action ayant appartenu presque sans arrêt, depuis 1789, aux partisans de la Révolution, c’est elle et ses doctrines sociales qui ont été amenées à triompher, parce qu’elles avaient pour elles la force, la puissance, l’influence »
« Mais si certaines sociétés et certaines nations ont donné le spec¬tacle, à maintes époques, de l’ordre sage, de l’équilibre et de la prospérité, il faut donc que le triomphe du bien soit possible, il faut donc que l’homme ait le pouvoir de vaincre le mal ou du moins de limiter ses méfaits. Et ainsi, pour que, depuis 1789, les doctrines de sagesse et d’ordre n’aient jamais eu d’influence, que celles de mort aient continûment triomphé, pour que tous les sur¬sauts en faveur des résurrections aient été étouffés ou voués à l’échec, il faut que l’effort des « réactionnaires » ait été, quelque peu, ou irrationnel, ou maladroit, ou désorganisé, ou mené trop faiblement, car la nocivité même des doctrines triomphantes aurait dû les annihiler bien souvent, malgré les formidables moyens de succès mis à leur service. »
« Dans une brochure retentissante publiée sous le règne de Louis XVIII, le Conventionnel et régicide Carnot, parlant au nom de tous ses collègues des Assemblées révolutionnaires, se tournait vers certains fidèles-nés de la monarchie, en leur démon¬trant que leur action avait été souvent plus funeste au sort du roi- martyr que le vote des Conventionnels. Sans oublier l’insolent désir de garder une part de pouvoir qui animait, sous la Restaura¬tion, Carnot et ses pareils, nous serons forcés de constater que son attaque n’était pas sans motif contre certains monarchistes, plus funestes au gouvernement qu’ils prétendaient défendre que ses adversaires déclarés. »
« Lorsqu’on étudie l’histoire, on voit bien qu’une révolution ne progresse que fort lentement dans les mœurs et les coutumes d’un peuple, même si elle obtient des triomphes san¬glants passagers et des succès bruyants de discours et d’écrits subversifs. En demeurant objectif, on constate qu’au début du XIXe siècle, ce n’est pas la Révolution qui tient les leviers de commande dans la structure même de la nation, ce n’est pas le parti de la Révolution qui possède la fortune, ni les cadres sociaux traditionnels, ni même les grands hérauts de l’intelligence. Jusqu’au jour de l’année 1875 où le retour du comte de Chambord échoua, la France de la tradition a encore eu des chances et des forces non seulement égales, mais supérieures, à celles de la France nouvelle conquérante, et nous ne pouvons-nous contenter, par conséquent, d’attribuer tant de responsabilité aux révolution¬naires alors que leurs ennemis avaient encore de tels moyens pour riposter. »
« …souligner l’incroyable lâcheté ou sottise des « bien-pensants ». Qu’on lise Drumont, Péguy, Léon Bloy ou Bernanos et l’on voit que leurs verges s’en vont frapper certaines « autorités sociales » défaillantes, douillet-tement abritées dans leur confort ou leurs préjugés, ou leurs rou¬tines, et qui n’ont point su peser de toute leur puissance, au moment opportun, sur le plateau de la balance où mouraient, en combattant, des héros que personne ne soutenait dans leur effort de réaction. « Quelle déplorable armée il nous faut conduire ! » écrit Montalembert à Veuillot, au milieu du XIXe siècle, en parlant des catholiques de l’époque. »
« Si au XXe siècle la France qui fut naguère la nation la plus puissante et la plus enviée de toute l’Europe, si cette France s’est effondrée brusquement, après deux guerres, en laissant apparaître la désorganisation des familles, le pourrissement des classes diri¬geantes, l’absence des personnalités et des chefs, et surtout la veu¬lerie universellement répandue, la ruée vers l’Etat socialiste distri¬buteur de prébendes et d’assurances confortables sur toutes les difficultés de la vie, l’effroi devant les responsabilités, l’esprit de fonctionnarisation envahissant tout, comme au temps où il jetait bas l’Empire de Rome, reine de l’Occident, ce cataclysme est évi¬demment dû aux doctrines que la Révolution de 1789 avait fait triompher ; mais nous devons chercher sans ménagements à savoir si ce triomphe de 1789 n’aurait pu être jugulé, jusqu’à rester l’une de ces erreurs sanglantes mais passagères dont l’histoire est rem¬plie et qui n’eurent pas de prolongements... »
« En réalité, à partir de la fin du XIXe siècle, c’est la pénurie de personnalités, qu’elles soient de droite ou de gauche, qui com¬mence à frapper tous les observateurs de la société, l’esprit de nivellement prêché par la Révolution commençant de laisser appa¬raître ses méfaits à partir de 1870. A force de déclarer la guerre aux supériorités on les a presque toutes détruites. Mais comme elles se sont mal défendues !... »
«Ce ne sont pas les idées qui manquent, écrivait déjà Honoré de Balzac en 1832, ce sont les hommes d’exécution ».
« En 1842, Charles de Rémusat constate : « Notre temps manque de grands hommes ». Et à la fin du XIXe siècle, Henri de Tourville précise : « Ce qui manque, ce n’est ni la science, ni l’outillage pour l’action matérielle, intellectuelle ou morale ; ces deux instruments sont en progrès incessants. Ce qui manque c’est l’homme... C’est la question de l’homme qui vient à son tour après celle du développement des autres puissances natu¬relles. Une grande œuvre a surgi, mais elle fonctionne mal, et après s’en être pris à toutes les forces de la nature, après y avoir fait appel, on s’aperçoit que ce qui fait défaut, c’est l’homme »Le nivellement révolutionnaire a détruit les hommes d’exceptions et d’actions…
« L’oubli préliminaire des grandes lois dont Bossuet disait déjà « qu’on ne pouvait y toucher sans ébranler tous les fondements de la terre », et qu’un lecteur de Frédéric Le Play, en 1875, appelait ces « lois sociales, vieilles comme le monde, aussi certaines et aussi fixes que celles qui régis¬sent les étoiles »
Frederic PORETTI-Winkler (Histoire Social, à suivre)

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