André Manaranche, théologien-évangélisateur, par Gérard Leclerc.
Le Père André Manaranche
© Cécile Rigaud
Le Père André Manaranche est mort dans la nuit de Pâques. Magnifique occurrence pour ce fils de saint Ignace, théologien et missionnaire. Sa vie et son exemple nous donnent une autre idée d’une Église trop souvent dénigrée.
L’épidémie m’a encore enlevé un ami. Et de quelle qualité ! Je sais bien que le Père André Manaranche, de la Compagnie de Jésus, avait ce qu’on appelle un âge canonique, puisqu’il était né en 1927, et qu’à cet âge on est plus vulnérable au virus. Mais c’est tout de même cette saleté qui l’a tué, ce qui provoque en moi encore un nouveau chagrin.
C’était un prêtre, un religieux, un théologien, un spirituel, un missionnaire qui nous a quittés. Providentiellement et significativement dans la nuit de la Résurrection. Et je rends grâce à Dieu de nous l’avoir donné comme son témoin parmi nous en notre temps.
Il est de mode, aujourd’hui, de dénigrer toute l’époque qui s’identifie au pontificat de Jean-Paul II et à la nouvelle évangélisation, comme si l’opprobre qui s’était jetée sur l’Église avec le scandale de la pédophilie l’atteignait toute entière et la disqualifiait définitivement. Je proteste de toutes mes forces, contre une telle calomnie, et l’exemple d’un théologien-évangélisateur comme André Manaranche est pour moi l’exemple même de ce qui a pu être réalisé de beau et de lumineux, avec des apôtres de sa trempe. Je ne puis que résumer en quelques mots ce qu’il nous a apportés, en rappelant un souvenir personnel. C’était il y a dix ans, au bas de la colline de Vézelay. Je vois André – il voulait que je l’appelle par son prénom – m’annoncer qu’il allait publier un tout petit livre, Les yeux de la foi, qui n’était pas de lui, mais d’un jésuite d’une génération précédente, le Père Pierre Rousselot. Un petit livre, mais d’une importance capitale en ce qui concerne précisément l’intelligence de la foi.
Car André alliait indissolublement sa vocation de théologien et sa vocation de missionnaire. Il souffrait parfois des approximations et même des erreurs d’une évangélisation mal éclairée. L’annonce de Jésus Christ ne pouvait s’accomplir qu’au travers d’une assimilation profonde du mystère chrétien. Et c’est celle-ci qui lui a permis d’enseigner des milliers de personnes, surtout des jeunes, qui lui doivent le sérieux et la solidité de leur foi. Que grâce soit rendue à Dieu pour le témoignage d’André Manaranche.