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La France des ploucs, par Aristide Renou.

La France des ploucs, ceux qui roulent au diesel et qui fument des clopes. Heureusement que la France de ceux qui envoient des vidéos de leur quéquette à leur maîtresse est là pour prendre leur destin en main (sinon, où irait-on?)

"Cette violence de la mondialisation sous parapluie européen, du reste, est une donnée qui n’est pas appréhendée par les élites françaises. Pour elles, l’ouverture des frontières européennes, la libéralisation des échanges, la fin des monopoles, la banalisation de la langue anglaise, l’avènement de l’euro, l’arrivée de la main-d’œuvre immigrée à bas coût, le règne d’un droit abstrait et impersonnel, l’envolée des prix de l’immobilier des métropoles (là où elles possèdent leurs biens), la transformation brutale des modes de vie, tout cela est perçu comme autant d’opportunités nouvelles.

A cela s’ajoute l’éclosion d’une économie numérique et tertiaire qui profite particulièrement aux cadres, aux très diplômés et aux personnes connectées au vaste monde.

Or chacune de ces caractéristiques peut être retournée de manière négative pour les classes populaires françaises. Du statut d’avant-garde reconnu aux ouvriers par le PCF et de celui de classe ascendante par le reste de la société française dans les années 1960, les voilà passés à celui de « gens en trop », condamnés à changer de vie et de milieu sous le coup des suppressions d’emplois productifs et maintenant de services ; sans espérance d’ascension sociale, voire de maintien à l’identique des conditions de vie pour leurs enfants. C’est pourquoi leur natalité diminue fortement, ainsi que le dévoilent les statistiques récentes.

Pour les gens ordinaires, qui constituent la majorité du peuple, la mondialisation à la française, dans sa radicalité, a dégradé leur mode de vie. En quelques décennies, l’individualisme a progressé dans des proportions considérables. Les sociabilités se sont dissoutes au rythme des fermetures d’usines. Ce qui restait de sociabilités paysannes s’est évaporé faute de peuplement agricole, et en raison de l’arrivée dans les zones rurales d’ouvriers ou d’employés des villes chassés par les loyers urbains, ou par l’exclusion des classes populaires des logements sociaux urbains occupés par les nouveaux arrivants. Les structures d’encadrement qui favorisaient l’insertion des ouvriers et employés se sont volatilisées. Eglises et cafés ont fermé (90% des 600 000 cafés en France depuis les années 1960 selon France-Boisson ; il en resterait 29 000, essentiellement dans les grandes villes et lieux touristiques), les services publics se sont rétractés, à l’exception des maisons de retraite, rebaptisées EHPAD comme pour déshumaniser ce qui advient. Le maillage syndical, politique et associatif, notamment lié à l’Eglise, s’est fortement distendu, tant à la campagne que dans les vastes zones pavillonnaires.

Et, au lieu de relâcher la pression fiscale et monétaire sur les psychotropes légaux, les gouvernements se succèdent pour augmenter les taxes et « faire le bien » des pauvres, car ils sont de fait les seuls à être pénalisés. Cela concourt fortement à l’économie des psychotropes illégaux (le haschich marocain, dont l’usage annuel se compte en milliers de tonnes, avec le record de consommation en Europe pour la France) et détournés (qu’il s’agisse des psychotropes médicaux, dont la France est une championne avec les Etats-Unis, ou des cigarettes de contrebande). Bien sûr, les autorités sanitaires et politiques font cela pour de bonnes causes, mais les résultats sont souvent à l’opposé de ceux escomptés."

Pierre Vermeren, La France qui déclasse

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