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Une semaine libanaise avec Annie Laurent : 3/8, Béchir Gemayel, emblème de la résistance chrétienne

Annie_Laurent.jpgAlors que le Liban commémore son centenaire en 2020, le pays connaît depuis quelques mois d’importants soubresauts populaires.

De quoi s’agit-il précisément, comment analyser la situation profonde du Liban aujourd’hui ?

Quelle place pour les chrétiens ?

C’est à ces questions que répond ce dossier.


par ANNIE LAURENT

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3 Béchir Gemayel, emblème de la résistance chrétienne

 

«Béchir Gemayel fut un phénomène unique dans l’histoire du Liban », écrit Jacques Neriah dans un ouvrage (1) qui retrace la biographie politique du chef de la résistance chrétienne, en particulier sa relation avec Israël.

Officier du Renseignement militaire israélien puis conseiller du Premier ministre Yitzhak Rabin, l’auteur était bien placé pour livrer les dessous de cette relation jusqu’ici insuffisamment connue dans ses divers aspects.

Neriah revient d’abord sur le contexte des débuts de la guerre du Liban, montrant les divergences entre responsables politiques maronites quant à l’attitude appropriée face à la menace mortelle qui pesait alors sur le pays du Cèdre et sur l’avenir des chrétiens.

Tandis que Pierre Gemayel, fondateur du parti Kataëb, ne voyait de salut que dans le nationalisme arabe, son fils Béchir, qui ne croyait pas au Liban islamo-chrétien, né en 1920, opta pour une alliance avec les Juifs en vue de susciter l’émergence d’un « petit Liban chrétien ».

« En toile de fond, planait toujours la reconnaissance, pour ces deux peuples, d’un seul et même destin : survivre dans un environnement musulman. »

Ce choix ne fut pas simple.

L’intérêt principal de ce livre est de montrer la complexité d’une relation qui ne manquait ni d’ambiguïtés ni de malentendus.

Tout en bénéficiant d’une aide militaire et logistique d’Israël et bien qu’entretenant des relations fréquentes avec ses dirigeants, le chef des Forces Libanaises refusa de se compromettre avec Tsahal durant l’opération « Paix en Galilée » destinée à éliminer l’OLP (1982).

Béchir ne voulait pas sortir des voies légales pour parvenir à la présidence qu’il convoitait et qu’il obtint finalement le 23 août 1982 en grande partie grâce aux votes de parlementaires chiites, las de subir les retombées de la guérilla palestinienne sunnite.

Ayant cependant misé activement sur lui, Israël espérait en retour la signature d’un traité de paix avec le Liban, que Béchir aurait promis.

Mais, une fois élu, ce dernier proposa d’ajourner ce projet.

La rencontre du 2 septembre, à Nahariya (Israël), se solda par un échec et déclencha une crise entre les deux partenaires.

Le 14 septembre, l’attentat mortel contre Béchir, perpétré à Beyrouth par un militant maronite pro-syrien, inspira cette réflexion à l’un des collaborateurs du charismatique résistant chrétien, « Béchir Gemayel est mort, dès lors le Liban court à sa perte ».


A.L. 

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(1) Jacques Neriah, L’ascension et la chute de Béchir Gemayel. Les secrets de l’enlisement d’Israël dans le bourbier libanais. VA Editions, 2019, 232 pages, 20 €.

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