Lu dans la Dépèche : on attend des précisions et des explications...
(Lu sur la page FB de Jean-Philippe Chauvin)
Le nouveau Haut-commissaire aux retraites a déclaré avoir occupé le poste de responsable départemental des ressources humaines au sein de l'entreprise Auchan France pendant près de deux mois : une mission pour laquelle il a touché plus de 71 000 euros, alors qu'il était député.
Quelques heures après sa nomination, et déjà épinglé ? Laurent Pietraszewski, nouveau Haut-commissaire aux retraites, voit ses précédentes activités professionnelles le rattraper. En cause : une récente déclaration d’intérêts et d’activités déposée par le député La République En Marche sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Le 6 octobre dernier, Laurent Pietraszewski affirmait ainsi avoir occupé le poste de responsable départemental des ressources humaines au sein de l'entreprise Auchan France pendant près de deux mois, du mois d'août au mois de septembre 2019.
Ce qui pose question, c'est le chèque qui accompagne le poste : le nouveau Haut-commissaire aux retraites aurait perçu quelque 71 872 euros de salaire net pour deux mois de mission.
Le secrétaire d'État en charge des retraites, était en poste au sein du groupe Auchan France, en tant que responsable de la gestion des carrières, du recrutement et de l'évaluation, jusqu'à son élection en 2017 en tant que député. Laurent Pietraszewski aurait ainsi cumulé son poste au sein du groupe de grande distribution avec son mandat de député.
Ce mercredi, René Dosière, président de l'Observatoire d'Éthique publique, a estimé au micro d'Europe 1 que la déclaration d'intérêts de Laurent Pietraszewski n'était « pas claire à 100% » et que celle-ci « mériterait d'être un peu plus précise ». Cet ancien député atteste que le document présente « peu de renseignements sur les activités qu'il a pu exercer durant les cinq années précédant son élection comme député ».
Ce mercredi à la mi-journée, l'entourage du nouveau ministre a fourni quelques explications sur la copieuse somme d'argent versée par Auchan : « Lorsqu'il est devenu député, Laurent Pietraszewski a demandé en juin 2017 à son employeur Auchan de suspendre son contrat. Il a finalement été licencié économiquement en mai 2019. Il a touché son indemnité de licenciement en août 2019, calculée sur son ancienneté et ses salaires : 71 872 euros. Il a déclaré cette somme en octobre dernier, d'où le fait que cette mise à jour soit la dernière à apparaître en ligne sur le site de la HATVP. Mais sur sa déclaration, on peut retrouver l'historique et les cinq années précédentes travaillées à Auchan », affirme les proches de Laurent Pietraszewski sur BFMTV.
Autre déconvenue, aussi, pour le nouveau Haut-commissaire : c'est un incident survenu en 2002 qui refait parler de lui. Laurent Pietraszewski est alors responsable des ressources humaines dans le magasin Auchan de Béthune (Pas-de-Calais). Dans le supermarché, une employée du rayon boulangerie, également déléguée CFDT, avait été mise à pied par la direction (à titre conservatoire) à cause d'une « erreur de commande sur deux viennoiseries » à 80 centimes.
La salariée avait finalement été convoquée au commissariat et placée en garde à vue. Laurent Pietraszewski avait alors prononcé une mise à pied disciplinaire à l'encontre de l'employée. Une sanction jugée lourde par de nombreux syndicats : « Mon rôle a été d'examiner des éléments objectifs, avait alors expliqué le responsable des ressources humaines, dans les colonnes de l'Humanité. Après avoir sollicité l'inspection du travail, j'ai pris cette décision. La collaboratrice ne l'a pas contesté aux prud'hommes. »
Le Haut-commissaire vient ainsi remplacer Jean-Paul Delevoye, contraint à la démission. L'ancien secrétaire d'État s'est retiré après une semaine de révélations sur ses activités et mandats non déclarés, admettant « une légèreté coupable ». Il avait « omis » de déclarer 13 mandats.
C'est dans la nuit de mardi à mercredi que la bascule a été faite.Emmanuel Macron a ainsi nommé Laurent Pietrszewski au poste de secrétaire d’État en charge des retraites. Celui-ci connaît particulièrement bien le dossier des retraites, et devra reprendre les négociations avec les syndicats après 13 jours d’un bras de fer marqué par des grèves dans les transports et de nouvelles manifestations hier. Le député était destiné à être le rapporteur du projet de réforme des retraites lors de son examen au Parlement prévu en février.
Il participera au Conseil des ministres mercredi matin, a indiqué l’Elysée dans la nuit.
Robin Serradeil