Un quinquennat compromis par Gérard Leclerc
Comment un éditorialiste pourrait-il échapper à la situation d’un pays paralysé par la grève et au dossier épineux qui est à l’origine du mouvement social ? Difficile de se dérober ! Et pourtant, la difficulté technique de la réforme des retraites constitue déjà un fameux obstacle. Nous n’avons même pas encore le projet définitif du gouvernement.
Il sera présenté par Édouard Philippe mercredi midi devant le Conseil économique et social. Il a fait l’objet de plusieurs réunions ces jours derniers à Matignon et à l’Élysée pour trancher les dernières difficultés. Serons-nous alors pleinement éclairés sur ce qui nous attend et sur ce qui attend surtout les prochaines générations, puisqu’il s’agit, nous dit-on, de travailler pour l’avenir, de garantir la sécurité d’un système social qui s’est bâti notamment au moment de la Libération, mais qui nécessite un rééquilibrage urgent si l’on tient à le sauvegarder pour l’essentiel.
Autant avouer mon incompétence en termes techniques. J’écoute les experts les plus qualifiés et ils sont en désaccord. Il en va de même pour les syndicats très divisés. Les adversaires les plus résolus de la réforme sont en vedette, notamment le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, rejoint par les responsables de FO, de la FSU, de la CGC… La CFTC n’a pas appelé à la mobilisation, laissant ses structures régionales décider par elles-mêmes. Le gouvernement attend beaucoup de la CFDT et de son dirigeant Laurent Berger. Ce syndicat a acquis, depuis Nicole Notat, une réputation de syndicat réformiste. Berger a d’ailleurs donné son accord au régime par points, qui est le dispositif central du projet élaboré par Jean-Paul Delevoye.
Emmanuel Macron joue très gros dans cette affaire. S’il recule et obtempère à la volonté de ses opposants qui veulent un retrait pur et simple de la réforme, son quinquennat aura perdu sa dynamique réformatrice et lui-même son aura progressiste. Le problème, c’est que lorsqu’on est dans un rapport de force, ce n’est pas forcément la rationalité qui domine. Puisse-t-elle être sauvegardée au minimum pour que le pays ne se déchire pas trop.
Commentaires
Entre la peste et le choléra, peut-on choisir ? Le moins risqué serait de satisfaire à 50 % chacune des deux parties. En cette période de fêtes, l'apaisement doit être la seule solution pour ne pas virer au cauchemar. Et si le prix à payer semble lourd, qu'importe, il sera toujours temps "après" d'y revenir, c'est ce qui se passe souvent avec les lois, leurs avenants, leurs amendements, rien n'est jamais vraiment définitif. Pour l'heure, la paix est souhaitable. Après ? on verra...
Les chiffres sont plus têtus que les principes.
La réforme du système de retraites sera paramétrique, soit par l'accord général de la nation, soit par la défiance future de nos créanciers qui le financent.
Le reste est la lutte en voracité des puissances sociales héritées de la Libération.
Moins les comptes publics sont bons, plus les chances d'être gouvernés de l'étranger augmentent.