UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Migrants : l'abbé de Tanouärn contre la dérive de l'Eglise vers une sorte d'ONG...

À l’occasion de la 105ème Journée mondiale du migrant et du réfugié, une structure en bronze a été érigée, place Saint-Pierre, représentant des migrants sur une embarcation.

Très beau signe de charité ou geste démagogique ?

Réponse de l’abbé de Tanoüarn au micro de Boulevard Voltaire :

 

https://soundcloud.com/bvoltaire/abbe-guillaume-de-tanouarn-4

 

 

Boulevard Voltaire : Une statue en bronze représentant 140 migrants sur une embarcation a été érigée à l’occasion de la 105e journée mondiale du migrant et du réfugié. Cette statue a été installée place Saint-Pierre au Vatican. Cette décision a fait réagir. Certains y voient un très beau signe de fraternité, d’autres au contraire un signe de démagogie. Quel est votre point de vue ?

Guillaume de Tanouärn : Je crois que c’est ni la fraternité ni la démagogie que ce groupe sculpté signifie, mais une nouvelle conception de l’Église. L’Église jusqu’à maintenant été l’arche du salut pour les individus et les sociétés. Son rôle, historiquement dans cette religion de salut qu’est le christianisme, est de prêcher ce salut spirituel, ce salut surnaturel. Or, beaucoup d’hommes d’Église ont été sensibles à la philosophie de Polnareff, vous savez : « on ira tous au paradis, même moi ». La question du salut est complètement démonétisée aujourd’hui. Parmi les intellectuels, elle ne signifie plus rien.
C’est la marque de l’insignifiance de sa mission d’origine qui a poussé l’Église à devenir quelque chose comme une O.N.G., une organisation non gouvernementale, au service de causes. Ces causes sont choisies et il ne me revient pas de juger de la légitimité du choix de cette cause des migrants. Il y a dans ce phénomène beaucoup de détresse et tous les migrants ne sont pas des agresseurs, même si dans le contexte social actuel ils sont perçus comme tels, et on peut le comprendre. La question n’est pas tellement le choix de tel ou tel sujet, mais le fait que l’Église soit en quête de sujets auxquels se dévouer. Ce qu’on appelle en latin instrumentum laboris, pour le synode amazonien qui aura lieu à Rome dans quelques jours, c’est exactement la même démarche avec un autre thème, celui de l’écologie. L’Église se met au service de la cause écologique, comme elle se met au service de la cause des migrants.
Vous remarquerez que ce sont deux causes très politiquement correctes. L’Église cherche manifestement à plaire au monde à travers ce choix. Mais surtout, elle change de nature. Le fait d’inscrire cela dans un bloc de bronze place Saint-Pierre est à cet égard significatif. Certains appellent cela un deuxième souffle de l’Église, une Église comme O.N.G., mais ce qu’il n’en reste pas moins un changement complet dans sa nature et dans ses perspectives. Si l’Église ne prêche plus le salut, elle va prêcher des causes humaines et se mettre à la disposition de la planète pour ce faire.

B.V. : On ne peut s’empêcher de penser à ce qu’était devenue l’Église dans Le camp des saints de Raspail, une Église totalement incapable de jugement moral. En sommes-nous là aujourd’hui ?

G. de T. : L’Église se veut en apesanteur, en quelque sorte, sur la planète. Elle se voudrait ne pas être plus l’Église des chrétiens que des non chrétiens. Elle voudrait vraiment être cette O.N.G. laïque au sens abstrait de ce terme. Elle voudrait être là pour tout le monde. Quand le pape François avait ramené de l’île de Lesbos des personnes qui étaient toutes musulmanes, alors que des chrétiens souffrent tout autant et qu’il avait refusé de s’intéresser aux chrétiens pour s’intéresser aux musulmans, c’est le même genre de démarche. À Abu Dhabi, on est en train de construire sur une île, avec la bénédiction du Saint-Père, une sorte de monument aux trois monothéismes, où les trois monothéismes ont la même place. C’est une autre cause, c’est la cause du dialogue inter religieux. Dans cette autre cause, l’Église ne veut pas être intéressée et elle ne veut pas avoir la première place. Elle veut être une parmi d’autres. Je crois que ça lui coûtera très cher, car le message de l’Église est difficile. Alors, soit il vaut la peine, soit il ne vaut pas la peine. S’il ne vaut pas la peine, pourquoi se charger de ce message difficile ? Pourquoi vivre selon les commandements de l’Église qui ne sont pas simples à observer ?

B.V : L’église a un temps d’avance avance en ne jugeant pas les gens selon leur religion étant entendu qu’elle les juge égaux devant Dieu ?

G. de T. :Pascal disait : « l’hérésie n’est pas le contraire de la vérité, mais l’oubli de la vérité contraire ». L’Église prêche deux vérités contraires, l’universalisme et l’incarnation. L’universalisme, parce qu’en effet elle s’adresse à tout homme et quelle annonce l’appel de Dieu lancé à tout et à chacun. Elle ne fait pas de différence entre les hommes. Mais aussi l’incarnation. L’Église n’est pas idéologue. Elle ne prêche pas un ensemble d’idées. Elle prêche des réalisations et des réalités concrètes

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel