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Non, Thierry Lentz, l'ancêtre de la laïcité n'est pas... Napoléon !

téléchargement.jpgThierry Lentz est un homme de grande culture et, assurément, une personne fort estimable. Disciple de Jean Tulard, il dirige, depuis une vingtaine d'années, la Fondation Napoléon.

"Chacun son truc", comme on dit dans le "langage jeunes" : pour Thierry Lentz, c'est la doxa officielle sur Napoléon, pour nous c'est Bainville, et son immortel raccourci : "Trois invasions, deux pour l'oncle, une pour le neveu : voilà une famille qui a coûté cher à la France..."

Mais ce n'est pas une polémique sur Napoléon que nous voulons lancer ici : nous voulons simplement, en toute estime et courtoisie, reprendre Thierry Lentz sur un de ses propos dans La Provence, le jour du 15 Août : "...l'ancêtre de la laïcité c'est le Code civil de 1804".

Ce n'est pas faire injure à quelqu'un que nous estimons - nous l'avons dit - que de lui dire, tout simplement, que, sur ce point précis, il se trompe. L'ancêtre de la laïcité, et même son inventeur, c'est Jésus-Christ, et son "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu"

Certes, Napoléon, au sortir de l'anarchie indescriptible ("horrible", écrivit l'ambassadeur vénitien) induite par la Révolution, a du arrêter celle-ci ("j'ai arrêté la révolution, elle aurait tout dévoré" dira-t-il, un jour, ce qui est vrai); certes, il a redonné, en urgence et dans l'urgence, comme le militaire cassant qu'il était, une colonne vertébrale à la Société française après le cataclysme abolitionniste de la Révolution, avec le Code civil, auquel, du reste, plusieurs juristes royalistes, dont Portalis, ont collaboré; et certes, du coup, c'est lui qui dans le chaos où la France était plongée, a bien re-dit les principes fondamentaux d'ordre et d'Etat.

Mais ce que Napoléon appelait la "non-confessionnalité de l'Etat" n'est pas l'acte fondateur, l'acte de naissance de la laïcité. Un Philippe le Bel connaissait et pratiquait déjà, plus de cinq siècles avant Napoléon, la saine laïcité tirée des Evangiles : la distinction - non la séparation - des deux pouvoirs. 

C'est sur cette nuance, ou cette finesse, que se trompe Thierry Lentz : distinguer, et non séparer, les deux pouvoirs (spirituel et temporel), voilà la vraie, la saine, la juste laïcité. Et non pas les couper l'un de l'autre, les mettre ou les renvoyer dos-à-dos, comme s'il s'agissait de deux entités indépendantes.

Distinguées, non séparées : c'est assurément une vision plus fine des choses, moins "à la hache", moins brutale : mais c'est celle qui est juste...

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