C'est l'été : profitez-en, suivez le conseil de France infos, et lisez l'Histoire de France, de Jacques Bainville
1924 : parution de L'Histoire de France...
Arthème Fayard - le fils - fonde, au début des années 1920 une nouvelle collection, les "Grandes Etudes historiques", dirigée par l'historien Pierre Gaxotte.
Cette série est inaugurée par L'Histoire de France de Jacques Bainville, qui paraît en 1924.
Constamment rééditée depuis, au sommaire du Catalogue du Livre de poche, l'Histoire de France de Bainville est traduite en huit langues : anglais, italien, espagnol, turc, finlandais (suomi), suédois, hongrois, polonais; l'édition anglaise est également disponible en braille.
* France info l'a présentée à ses auditeurs dans une petite chronique d'anthologie, de 2'19" : le journaliste, ce jour-là, en a déclaré la lecture "enthousiasmante", ajoutant, sans ambages : "...Autant vous le dire tout de suite : l'Histoire de France est un chef d'oeuvre ! Chef-d'oeuvre d'écriture, de grâce, de finesse... C'est presque du journalisme... Quand l'Histoire est plus contemporaine que jamais, c'est qu'un grand auteur est passé par là... Lisez donc l'Histoire de France de Jacques Bainville : c'est un petit bijou..." :
Ecoutez ce journaliste enthousiaste ici :
http://lafautearousseau.hautetfort.com/list/documents/671829730.mp3
* Et François Porché, dans Le Souvenir de Jacques Bainville, écrit :
"...C'est un des honneurs de ce pays qu'un ouvrage de cet ordre ait immédiatement produit, dans la masse cultivée, un remous si profond. Il répondait à une attente, à une soif. Soif de comprendre ! Prométhée a dérobé le feu du ciel. Bainville, par un mythe analogue, est allé chercher sur la montagne l'eau fabuleuse et transparente. Nous buvions et tout s''expliquait; les ténèbres se fendaient et nous étions désaltérés.....
Les dimensions restreintes de l'ouvrage ont pu faire dire à quelques personnes, qui se plaisaient à entretenir l'équivoque, que cette Histoire de France n'était qu'un livre de vulgarisation. C'est tout le contraire. Mais il est vrai que c'est un précis, où tout est ramené aux traits essentiels. Nous touchons ici la vertu la plus éminente de Jacques Bainville. A cette altitude, l'intelligence est une faculté de dépouillement. Elle n'admet plus le pittoresque. Celui-ci, comme moyen d'expression serait impuissant, donc il est exclu. L'auteur ne se propose point de nous donner une image approximative (et fatalement fausse) du passé; il n'entend pas non plus se borner à une sèche nomenclature d'événements; il s'applique à montrer des relations de causes à effets, des développements, des arrêts, des reprises, des déclins, des disparitions, des retours, des hasards imprévus, et cela dans un déroulement continu. Cette continuité, dans le désordre apparent, est l'un des mystères de la vie, et donc de l'Histoire. S'appliquer à le pénétrer, enfoncer dans cet épais tissu un regard qui décèle les liaisons, les passages, les directions de la trame et de la chaîne, là fut le souci constant de Bainville, là fut son pouvoir merveilleux.
Mais ne soyons pas dupes des mots. Présentée sous ce seul aspect, l'Histoire pourrait apparaître comme ressortissant à la mécanique, quelque chose comme le démontage d'une horloge. Or, la matière de l'historien, c'est la matière humaine. L'intelligence de Bainville était comme imbue de ce sentiment profond. Non seulement ses investigations et ses découvertes s'appuyaient sur la science politique, sur les grandes lois qui président au gouvernement des Etats et sur des bases morales (celles-ci d'autant plus indispensables à l'historien qu'on ne peut démêler l'immoralité dont l'Histoire est pleine que par rapport aux principes transgressés), mais il était psychologue, il avait des hommes et de leurs faiblesses, de leurs aspirations inguérissables aussi, une connaissance aigüe.
Les méprisait-il ? Il en méprisait le plus grand nombre, sans être pour cela méprisant. La sottise, la sottise compacte, qui ne croît pas uniquement dans les champs de l'ignorance (les gens distingués, les gens du monde en ont souvent leur part) amenait sur ses lèvres fines un malicieux sourire d'enfant : le sourire de David devant l'éternel Goliath.
C'est ainsi que Jacques Bainville nous a donné de notre pays une conscience plus claire. Dans ce livre, sa phrase élégante, rapide, incolore, toute en signe intellectuels, en associations d'idées, en articulations logiques, semble un fuseau de lumière filant, depuis les origines jusqu'à nos jours, notre long destin..."