François de Rugy président de la nouvelle Assemblée Nationale
L'entrée de l'hôtel de Lassay
François de Rugy est donc devenu avant-hier président de la nouvelle Assemblée Nationale.
Personne ne doute qu'il fera un plus digne président que son prédécesseur, Claude Bartolone, réputé homme vulgaire, brutal, sans scrupules et sans manières. A l'hôtel de Lassay, dont la rumeur fait le plus bel appartement de Paris, où vécurent Edouard Herriot, Jacques Chaban-Delmas, Edgar Faure, Philippe Seguin et quelques autres plus obscurs, un peu d'allure sans-doute se reverra. Il n'y a pas lieu de s'en plaindre, même si l'on ne voit pas là l'essentiel.
À propos de cette assemblée, François de Rugy a osé dire - et peut-être même s'y est-il senti obligé : « Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, nous avons été collectivement choisis par une minorité de Français ».
Ainsi cette « incomplétude de la démocratie » naguère signalée par Emmanuel Macron avant qu'il ne devînt président de la République, se trouve-t-elle aujourd'hui non pas créée - elle est de son essence - mais aggravée par le fait que désormais, elle s'exerce minoritairement. Car Emmanuel Macron, non plus, n'a pas été élu par une majorité de Français...
Il ne semble pas que ni l'exécutif, président en tête, ni le législatif, emportés par la vague jeuniste, la confiance en soi, la dynamique des succès, le concours sans défaillance des médias, l'attentisme pour l'heure encore bienveillant des Français, ne s'en émeuvent outre-mesure. Ils vont leur train, le veulent rapide, autoritaire et décidé.
Ils veulent opérer une reprise en mains de l'Etat ; ont recadré, c’est-à-dire, au fond, relativisé, le Parlement ; ils ambitionnent une certaine restauration de la fonction présidentielle, redevenue prééminente, et gouvernementale, subordonnée mais dite de plein exercice. Même si ce genre de vœu vit généralement ce que vivent les roses, ou plutôt moins, si les volontés s’émoussent assez vite, et si les mécanismes toujours renaissants du Système viennent inlassablement en ronger les ardeurs, même, en bref, si les velléités de cette espèce portent sous notre République, la croix de mort de l’éphémère, qui s’en plaindrait légitimement ? Il suffit de les considérer sans illusion.
Reste l’autre essentiel : quelle sera la politique menée ? Et là encore, l’on ne sera pas dans la simplicité. Un jour Macron recevra Poutine à Versailles, royalement, semblera tenir tête à Trump, ira au Maroc, y tiendra, avec le roi des réunions d’amitié et de travail, fera prendre à la diplomatie française un virage assurément positif dans l’affaire syrienne … Et ce sera bien. Un autre jour, il voudra conduire l’Europe vers plus de fédéralisme, proposera une C.E.D. revisitée mais tout aussi illusoire, voudra légaliser la PMA, au mépris de la filiation, etc. Et ce sera mal.
Face à ce système, plus subtil que sous Sarkozy et Hollande, une opposition polémique, imprécatoire, marquée de radicalité, apparaîtra anachronique, inappropriée, inefficace. Notre opposition – qui perdure – ne vaudra que faite d’analyse, de réflexion et de rigueur. Les royalistes d’Action française, par tradition, en ont les moyens. •
Commentaires
Par cette élection au "Perchoir" de l'Assemblée nationale François de Rugy perçoit une récompense comme Judas les 30 deniers de la trahison de son engagement à lors du premier tour de la primaire socialiste de soutenir le candidat gagnant ladite primaire. Pire comme son ex-collègue du Parti EELV Barbara Pompili ils se sont ralliés à Macron, le digne représentant de l'oligarchie ultralibérale au service de l'Europe et de la mondialisation. Au moins on peut leur rendre justice, comme à tant d'autres, d'avoir mis fin à une fiction, celle des alternances droite/gauche qui n'étaient en réalité que les 2 faces d'une même médaille.
Article doté d'une excellente conclusion : nous allons voir et à nous d'être vigilants...
François de Rugy ou l’inquiet en marche avant l’heure:
http://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/primaire-gauche/primaire-gauche-rugy-s-inquiete-de-la-menace-russe-sur-l-europe-4699120
Un soldat du camp du bien qui rejoint le bataillon d’autant de connaisseurs de qui menace qui.... Et inutile de dire que depuis la diffusion du documentaire qu’Oliver Stone a consacré à Vladimir Poutine, on serre les rangs et on mitraille:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2017/06/29/ces-grands-humanistes-pourfendeurs-de-la-russie-et-de-son-president.html
Oui, comme le relève votre article, le système est très subtil et la vigilance s’impose, comme l’indique, ci-dessus, le propos de Pierre Builly