Lever de rideau
par Louis-Joseph Delanglade
Voici donc élue la Chambre qui devrait permettre au gouvernement voulu par M. Macron de bénéficier d’une grande liberté d’action.
Les choses sérieuses vont donc commencer. Pourtant la longue période d’électoralisme débridé qui s’achève (des primaires aux législatives) mérite qu’on en fasse le bilan. En commençant par l’essentiel : un non-politicien, peu connu malgré ses fonctions ministérielles il y a encore deux ans, a pu en une année non pas accéder au pouvoir mais plutôt s’emparer du pouvoir politique. Cela laisse supposer qu’il est des périodes où la faillite conjuguée des « élites », des pratiques et des idéologies du pays légal républicain constitue une occasion à saisir. Il en fut d’ailleurs ainsi en 1958 lorsque De Gaulle, qui avait quand même préparé son affaire, entama le processus de transmutation de la IVème en Vème République. Ce qui distingue M. Macron, c’est qu’il a utilisé le mécanisme démocratique lui-même. Mieux : il a en quelque sorte fait triompher les institutions de la Vème contre de vieux partis sclérosés et inutiles ne rêvant que de conforter davantage leur rente de situation et donné ainsi à la France ce qu’elle attend toujours, un chef. Même si, par nature, cela ne saurait ni durer ni garantir une politique du bien commun, on sait désormais que tout est encore possible dans ce vieux pays.
Reconnaissons aussi à M. Macron quelques qualités. Notre nouveau président est un homme cultivé, plutôt brillant, dont le comportement en tant que chef d’Etat rompt totalement avec la vulgarité et l’inconsistance de ses prédécesseurs immédiats. Que celui qui, de facto, représente la France considère que sa fonction l’oblige à une certaine tenue n’est pas pour déplaire. Reconnaissons encore que certaines des premières mesures sérieuses évoquées (création d’un Centre national de contre-terrorisme, intégration au droit commun des mesures d’urgence, restriction du libre-échangisme au niveau européen, etc.) semblent aller dans le bon sens - comme le montre, a contrario, l’inquiétude qu’elles provoquent dans les médias, y compris étrangers, qui les taxent déjà de « liberticides ».
On ne reprochera donc pas à M. Macron d’être ce qu’il est devenu. On aimerait au contraire qu’il mît à profit sa fonction pour défendre au mieux l’intérêt national. Si l’on s’en tient aux axes de sa campagne (libéralisme, mondialisme, immigrationnisme, etc.) on peut avoir des doutes fondés et de sérieuses inquiétudes. A l’inverse, on peut aussi se dire que l’oubli des engagements électoraux est une pratique courante en France ou encore que les événements et/ou tout simplement le passage de candidat à chef de l’Etat pourraient bien induire de grandes transformations dans le personnage. Le syndrome de Becket en quelque sorte. •
Commentaires
Je viens d’écarquiller les yeux :
« Notre nouveau président est un homme cultivé, plutôt brillant … »
Je persiste à ne pas retenir le pourcentage par rapport aux exprimés, mais bien par rapport aux inscrits, car pour moi un citoyen est un inscrit, loin de la soupe des pourcentages. Lu sur tableur du Min Int :
Inscrits 47.570 millions
Résultats Macron hier second tour législatives : 7.8 mios donc 16.4 %
C’est à comparer, pour être parfaitement cohérent au premier tour des présidentielles soit 8.6 mios
Le vote s’est donc sérieusement érodé et il n’y a aucune adhésion. La carmagnole que les jeunes écervelés nous dansent me rappelle les législatives qui ont suivi Mai 81. Et déjà là le bon peuple a été très rapidement dégrisé …
Par simple curiosité intellectuelle, je suis allé par quatre fois à des réunions de « comités » de ce troupeau débile (au sens médical). Niveau pitoyable au dessous des AG de Mai 68, qui pouvait rappeler des réunions tuperware. C’est la camarilla qui entre à l’AN. Nous sommes en pleine destruction de la France.
Vous citez « … Centre national de contre-terrorisme … ». Tous les professionnels savent que c’est une ineptie qui s’ajoute aux structures déjà existantes. Sans aucune efficacité …
Ce billet en dithyrambes laisse perplexe …
Dans l'esquisse de bilan que vous faites, vous relevez fort justement qu' un non-politicien, peu connu il y a encore deux ans, a pu en une année s’emparer du pouvoir politique. C'est une leçon d'espoir pour ceux qui savent l'importance de Reprendre le Pouvoir.
Vous auriez également pu valoriser le coup de balai du vieux système des partis. Même en rêve, le militant d'AF n'aurait oser l'envisager. A cela ajoutons le taux de participation et... ne boudons pas notre plaisir.
Enfin on peut envisager avec Jean-Louis Faure que la future assemblée se transforme en camarilla; à moins que Macron ne vire au bonapartisme, nous confirmant ainsi la vieille règle de Démos à César.
Il fallait que cela bouge.
Cela à bougé !
Reste à savoir si la France verra rouge...
Papy réagit ici dans un esprit militant et stratégique. Il reprend la vieille formule maurrassienne : "La voie est libre". Elle l'a été pour Macron. Il a renversé l'ancien système en même temps qu'il l'a sauvé. Demain, la voie pourra s'ouvrir à l'un des nôtres pour abolir le Système sans le sauver. L'espoir fait partie de l'éthique militante de l'Action française. Pas le défaitisme.
J'ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi il faut tirer des feux d'artifices. Quant à anticiper l'avenir, il me semble que nous avons tous assez de métier et d'ancienneté, pour savoir que trop de paramètres l'hypothèquent. Et donc pour en rester à l'immédiat, j'en reviens à ma rengaine des cinq fonctions régaliennes qui créent l'Etat. La clé de voûte, la Justice. Nécessaire de s'étendre ? Après des Dati, Taubira, Urvoas, un politicard véreux qui a déjà donné toute sa mesure en quatre années à l'Education ? La Défense, entre les mains d'une apparatchik européiste, dogmatique, sectaire, qui va nous servir de la défense européenne du matin au soir; et de plus absolument incompétente dans le domaine militaro-industriel. Notre diplomatie ? Le mieux est qu'elle soit entre les mains d'un diplomate, pas d'un apparatchik socialiste. Non vraiment je ne vois pas ...
Ce que JLF écrit est exact
Mais je ne reprocherai pas à LFAR de macroniser. Il me semble y avoir tout lu de ce qui peut être formulé de critiques de fond envers Macron.
Nous en sommes maintenant au stade de l'observation critique des actes du noiveau pouvoir. S'il devait y en avoir de positifs, nous ne serions pas crédibles de les critiquer ou de les ignorer.
Au demeurant LJD reprend dans son articles nos réserves sur l'essentiel.
Parfait commentaire de Delanglade, concis, précis, lucide. Ne croyons en rien, espérons en tout...
On ne verra que dans quelques mois les conséquences du séisme sur les pratiques politiques... Mais quel impact des gens comme nous pourrait-il y avoir ?