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André Bercoff : « Chronique de l'élection la plus surréaliste de la Vème République »

 

Par André Bercoff           

ANALYSE [Figarovox, 20.04] - A trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, André Bercoff revient sur une campagne ubuesque, souvent violente et, pour tout dire, indigne de la France. Il en dresse un tableau malheureusement réaliste mettant en évidence ce divorce entre Français et pseudo-élites, entre Pays Réel, ou ce qu'il en reste, et Pays Légal, d'ailleurs lui aussi en piteux état, tel que nous-mêmes aurions pu le décrire.  LFAR

 

andre_bercoff_sipa.jpgÀ trois jours du premier tour de l'élection présidentielle la plus surréaliste de la Vème République, les métaphores pleuvent, et la rhétorique, et les hystéries contradictoires : tendez vos rouges tabliers. Et chacun d'évoquer l'angoisse du gardien de but au moment du penalty, la course du lièvre à travers les champs, l'infini babil du roitelet sans divertissement, les émois de Brutus et autres figures de style du plus émouvant effet. Dans l'ultime virage avant l'arrivée, les quatre mousquetaires donnés favoris s'échangent coups bas, sonnantes et trébuchantes insultes, sans qu'aucun sondage ne puisse dégager autre chose qu'un sentiment infini de brouillard et de brouillage. Léger inventaire.

François Fillon laissé, il y a encore un mois, gisant dans une mare de sang électorale, percé jusques au fond du cœur par des flèches empoisonnées au curare judiciaire et médiatique, panse ses plaies et se remet debout. Il y croit encore et force est de reconnaître qu'ils sont assez nombreux à partager cette conviction. En dernier ressort, on lui jette « Sens commun » dans les jarrets en l'accusant du péché mortel de droitisation excessive. Les voraces l'emporteront-ils sur le coriace?

Emmanuel Macron, l'homme qui dit tout et son contraire parce qu'il est persuadé que, pour gagner, il faut d'abord plaire, a été sans contexte le candidat le plus sponsorisé, médiatiquement et financièrement parlant, de la présente joute présidentielle. Il est la figure laïque de l'Immaculée Conception : ses années de banque, d'Élysée, de ministère n'ont jamais existé, cachez ce Hollande que je ne saurais voir: le fils naturel de l'ENA et du CAC 40 croit en son destin, et c'est son droit.

Jean-Luc Mélenchon a remplacé la multiplication des pains par la multiplication de sa personne. Le tribun hologramme rêve d'être le Maduro d'une France vénézuélienne malheureusement sans pétrole et le Daladier d'un Munich ta mère à venir. Peace, love, et fuck la dette.

Marine Le Pen se pose en Madame Astérix du dernier village gaulois, menacé de toutes parts et envahi par les hordes barbares qu'il importe de bouter au plus vite hors du royaume. Ceux qui la vouent aux gémonies, au nom de l'antiracisme et du vivre ensemble, devraient tout de même se demander pourquoi des millions d'ouvriers, de paysans, d'employés, d'artisans, de commerçants et autres fonctionnaires, se rallient massivement à son panache tricolore. Quand les élites font sécession en voulant dissoudre le peuple, celui-ci se manifeste souvent dans le désordre.

Il faut toujours faire confiance aux vrais professionnels : Mitterrand avait plumé la volaille communiste en faisant simultanément la promotion du Front National et de SOS Racisme. François Hollande tire sa révérence en achevant le PS : le chant désespéré de Benoît Hamon en témoigne tous les jours. Les primaires de droite comme de gauche ont achevé le divorce entre la représentation politique et les citoyens privés des derniers repères qui leur restaient dans ce domaine. Résultat : ce dimanche, la victoire - par défaut - appartiendra à celui ou à celle qui sera considéré le moins mauvais pour empêcher que la nation France ne se transforme en maison de passe. 

André Bercoff           

Commentaires

  • On ne peut que souscrire à cette analyse d'une France totalement déboussolée face à des nains de jardin dont aucun n'a la stature d'un chef d'Etat. L'offre politique est en effet pitoyable malgré cinq années de chienlit,,d'impéritie et de naufrages. On espérait que de ce chaos surgirait. une sorte de " sauveur". Mais Niente, rien que le néant d'un personnel politique à bout de souffle et incapable de se réformer. Comme d'habitude il va falloir voter pour le moindre mal.Il n'en demeure pas moins que des réformes en profondeur sont inévitables et que les structures politiques doivent être revues de fond en comble avec notamment une diminution drastique du nombre d'élus au Sénat et à l'Assemblée nationale. Trop de bavards, trop de prébendes et trop d'immobilisme face à un monde sans pitié et qui change rapidement.

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