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Républicain, moi-même ! Pour Causeur, République, un mot-valise, vide de sens, qui épuise le citoyen ?

Gare à la leguénisation des esprits ! (Photo ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA)

 

L'auteur des lignes qui suivent, bien troussées et pleines d'esprit, est Daoud Boughezala, rédacteur en chef de Causeur. Sans-doute ne partage-t-il pas la critique que nous faisons ici du régime républicain à la française. Mais il s'agace de l'usage immodéré de cette invocation à la République et à ses valeurs qui s'est emparé de la totalité de la classe politique. Il est ainsi de la cohorte de ceux que désormais le mot agace. Le mot, puis, parfois, aussi la chose. Elle-même. Comme si la République était en danger, comme si elle était une forteresse assiégée de toutes parts ! Alors que - n'étant plus au temps ni des Ligues ni du Komintern - rien d'extérieur ne la menace et qu'elle n'a plus grand chose d'autre à redouter que de s'effondrer sur elle-même ... Nous partageons d'ailleurs à cet égard l'avis de Houllebecq qui dit qu'en pareil cas, nous n'aurons rien à regretter ... Lafautearousseau

Le grognard du gouvernement a encore frappé. Interrogé ce matin sur Sud Radio, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement s’en est vivement pris à l’UMP. Pour une fois, ce ne sont pas les frondeurs socialistes qui sont l’objet de son courroux social-démocrate n’admettant pas d’autre ligne à la gauche du vallsisme. Non, la pomme de discorde entre cet ex-strauss kahnien et ses adversaires de droite porte sur une simple expression, en l’occurrence « Les Républicains », nouveau nom que Nicolas Sarkozy voudrait proposer à l’UMP. Verdict du ministre : « C’est évidemment un abus de pouvoir. Non pas qu’il n’y ait pas une droite qui ne soit pas républicaine, moi personnellement je sais faire la différence entre des idées d’extrême-droite et la droite » mais « ce qui est vrai – on l’a vu avec cette affaire du ni-ni -, c’est qu’elle n’est pas toujours au clair », a-t-il expliqué en désignant la droite avec la répétition du sujet si chère à François Hollande. Et la sentence de tomber : « Donc il y a à mon avis un abus de position que de vouloir se réclamer républicain de la part de l’UMP ». Certes, on ne sache pas que la hargne de l’ancien médecin, très engagé dans la lutte contre l’obésité, ait fait dégrossir les scores mirobolants du Front national, mais seule l’intention compte…

Explication de texte. L’UMP refusant de faire barrage au Front national par tous les moyens, y compris d’appeler à voter pour un candidat de gauche au second tour, le parti post-gaulliste ne peut se prévaloir de l’épithète de « républicain ». Clair comme de l’eau de roche : pour avoir droit au label AOC, encore faut-il respecter le sacrosaint « pacte républicain » et passer avec succès l’inspection des troupes qu’impose le brigadier chef Le Guen. Qu’un parti socialiste, dont le slogan était encore « pas un canton pour le FN » en 2011 puisse poser en arbitre des élégances républicaines surprendra les naïfs. Mais quoi, comme son n+1 Valls, Jean-Marie Le Guen a toute légitimité pour distribuer les bons points et décider qui est républicain et qui ne l’est pas. Je me répète ? C’est que vous n’avez pas saisi l’axiome de base du leguénisme : la République, c’est moi !

Le piquant de cette affaire, c’est que Sarkozy n’a évidemment pas choisi ce label par hasard. Las de s’entendre amalgamés à l’intérieur du monstre « UMPS », ses militants le pressaient de changer de nom, afin d’échapper aux imprécations verbales de Marine Le Pen. Voilà pour le flanc droit du parti, que l’association avec le PS insupporte. Mais Sarkozy, qui n’a rien d’un idéologue et tout du parfait opportuniste, avait également pour souci de satisfaire son hémisphère gauche en apposant un brevet de républicanisme au logo de l’UMP. La République comme ADN, nom et prénom, avec comme supplément d’âme un clin d’œil à l’Amérique, que demander de plus ? « Je suis républicain parce que je le dis » : horreur, malheur, le principe élémentaire du leguénisme a infusé à droite !

République, république, république : une telle avalanche de mot-valise vide de sens finit par épuiser ce qu’il reste de citoyens. Pendant ce temps, un petit parti qui monte, qui monte, qui monte capitalise sur le projet d’une république sociale, à la laïcité intransigeante, malgré ses casseroles et son passé de cancre de la classe politique. Sarkozy et Le Guen auront beau faire tourner les tables en tous sens, j’en connais une qui a le front de se définir comme la seule femme politique républicaine, nationale et sociale. Diable, le leguénisme aurait-il contaminé le FN ? 

Daoud Boughezala

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