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Lire Jacques Bainville (XLI) : la "guerre aux riches", c'est l'appauvrissement pour tous...

(Comme tous les textes publiés dans cette catégorie, celui-ci, aussitôt paru, est incorporé à notre album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville. - 164 photos) 

 

MATRAQUAGE FISCAL 1.jpgL'expatriation fiscale des "riches" est une plaie notoire, dans la France d'aujourd'hui, après des décennies de matraquage fiscal; ainsi que la proportion de jeunes Français qui quittent le territoire national pour aller s'épanouir ailleurs (plus de 30.000 à Londres, mais combien au Canada, en Australie, aux États-Unis et ailleurs ?) : la proportion devient réellement alarmante...

Les Français doivent aimer la France, à laquelle ils ne rendront jamais tout ce qu'elle leur a donné, et doivent supporter, pour elle, en y restant et en y travaillant, les mauvaises politiques menées par le Système. Il n'en demeure pas moins que celui-ci est - chronologiquement, si l'on peut dire - le premier fautif de cette expatriation massive, véritable perte de substance, et aussi d'identité.

C'est, déjà, ce que dénonçait Bainville, il y aura bientôt cent ans, dans un texte qui, non seulement n'a rien perdu de sa pertinence, mais qui est même encore plus actuel qu'à l'époque, puisque nous voyons bien se réaliser et s'accroître dans des proportions maintenant alarmantes les conséquences funestes de la politique suicidaire qu'il dénonçait alors...

Du Journal, Tome III (1927/1935), page 12, note du 27 avril 1927 :

 

La démagogie municipale est une très vieille plaie. Elle a déjà ruiné les cités antiques. Car, pour commencer, c'est tentant et d'une application facile. Mais les excès de dépenses qui se font au profit d'une classe et au détriment d'une autre ne sont pas un enrichissement. 

Le jour vient où tout le sang des riches a été sucé. Peu à peu, les bourgeois s'éteignent. Ils s'appauvrissent et rentrent dans les rangs des prolétaires, c'es-à-dire de ceux qui ont droit à l'assistance et au partage. Ou bien ils s'exilent et vont vivre ailleurs, moins mal s'il est possible. 

Cependant les municipalités socialistes continuent leurs largesses, et, comme elles ne possèdent pas de secret pour fabriquer de l'argent - sauf du papier-monnaie, fabrication qui ne dure guère - la ruine générale arrive tôt ou tard. 

Relisez La Cité antique de Fustel de Coulanges. Ainsi ont péri tant de villes magnifiques d'autrefois. Nous retrouvons quelques colonnes, les gradins du cirque, les vestiges des temples et nous nous étonnons de ces disparitions émouvantes. L'explication est là. Il n'est nullement interdit de penser que, par les mêmes causes, - la guerre à la richesse - le même sort attend nos villes modernes.

MATRAQUAGE FISCAL.jpg

Commentaires

  • En lisant les " carnets d'un captif" écrits par André François Poncet, de l'Académie française et ancien ambassadeur de France, notamment en Allemagne, je note les propos roboratifs du diplomate sur la classe politique française.

    Les socialistes, réactionnaires emblématiques, en prennent pour leur grade ainsi que pêle-mêle le régime de la IIIe république, l'institution parlementaire, les mioeurs politiques et le marécage parisien qualifié de putride.Ces notes révèlent un esprit pénétrant et un jugement sur les politiciens d'une actualité brûlante.

  • En effet, ce que dit Bainville paraît écrit d'aujourd'hui. Pas tout à fait, pourtant, si l’on y réfléchit. Car derrière ce qui n'a pas changé, il faut voir aussi – et, peut-être, surtout - ce qui n’est plus du tout pareil. Bainville, je crois, n'eût pas manqué de le relever.
    Ce qui me semble assez évident, c'est que les riches de 2013 sont substantiellement différents de ceux de 1927. Ils ont largement changé de nature. Ceci n'infirme pas la réflexion de Bainville mais l’actualise en la rendant singulièrement plus complexe.
    Les riches de la Cité Antique construisaient « des villes magnifiques » et lorsqu’ils s’appauvrissaient ou s’exilaient, ne subsistaient bientôt plus que « quelques colonnes, les gradins du cirque, les vestiges des temples ». Et ces disparitions, dit Bainville, étaient « émouvantes ». Elles le sont encore.
    Les riches de 1927 construisaient des villes, en tout cas des édifices, qui commençaient déjà d’être beaucoup moins magnifiques que ceux des grands siècles.
    Plus de temples, de cirques, de colonnes ni grand-chose d’équivalent. Mais ces « riches » et, avec eux, le capitalisme, conservaient encore ce qu’Antoine de Crémiers appelle « des réserves de tradition ». Et ce sont ces réserves de tradition (familiales, professionnelles, éthiques, religieuses, simplement morales, ou purement laïques) qui donnaient au capitalisme, au monde des « riches » sa cohésion, son efficacité, sa pérennité, et qui lui conféraient, en un sens, au moins partiellement, une certaine conformité au Bien Commun. La conséquence en était, aussi, une remarquable efficacité dans l’ordre purement économique qui, par une sorte de contagion, s’étendait plus ou moins à toutes les classes.
    Qu’en est-il des « riches » d’aujourd’hui ? Que leur reste-t-il des « réserves de tradition » que je viens d’évoquer ? De leurs traditions familiales, professionnelles, éthiques, morales ou religieuses celles de leur classe ? Bien peu de chose, sans-doute ; à vrai dire, presque rien. Alors, le monde des riches, des « capitalistes » a-t-il encore droit à quelque estime ? Ce n’est plus sûr du tout. Pas plus, d’ailleurs, que n’est évidente, aujourd’hui, au moins pour nombre d’entre eux, leur simple efficacité proprement économique …
    La guerre aux riches demeure absurde car elle ne résout rien. Mais lorsque les Français seront lassés de poursuivre la courbe de leur déclin, en tout cas s’ils le sont un jour, il faudra bien que les « riches », comme les autres classes sociales du pays, notamment son "élite" intellectuelle et politique, redeviennent dignes de l’être. C’est ce que Renan, il y a longtemps, avait appelé une « réforme intellectuelle et morale » qu’il appelait aussi de ses voeux... Au rythme où les choses sont allées, ce n’est, d’ailleurs, plus une « réforme » mais une « révolution », me semble-t-il, qu’il faudra au pays. Et, beaucoup plus profondément, comme le pensait Boutang, une metanoia. La France de 1927 n'en était pas encore là.

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