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Lu sur le Blog de Patrice de Plunkett (note du mardi 15 mai) : François Hollande devrait relire Marcel Pagnol

   ...et lui rendre hommage ce matin après Jules Ferry et Marie Curie :

        Né en 1895 d'un hussard noir de la IIIe République issu des écoles normales, « ces séminaires où l'étude de la théologie était remplacée par des cours d'anticléricalisme » (la Gloire de mon père), Marcel Pagnol a donné son nom aux amicales laïques des écoles de l'Hexagone. Il symbolise donc ce qu'est censé aimer François Hollande en matière de références. Mais on imagine l'indignation qui l'aurait saisi devant certains articles du programme Hollande durant la campagne présidentielle de 2012...

        Proposons au nouveau président de la République cette réflexion de Marcel Pagnol extraite de L'Eau des collines :

        "....Un soir d'hiver, à la campagne, devant de flamboyantes bûches, je pensait tout à coup à Sparte, à ses lois, à ses moeurs, à son idéal... Lorsqu'un enfant naissait, une commission d'experts venait donc l'examiner, dans la chambre même de l'accouchée... Quant aux enfants « réformés » par ce « conseil de révision », les vieux sages les emportaient sous le bras, et allaient les jeter dans un gouffre voisin, qui s'appelait le Barathre. Finalement, cette race si belle, et si soigneusement épurée, que nous a-t-elle laissé ? Des noms de rois, auteurs de lois aussi sévères qu'un règlement pénitentiaire, des noms de généraux, dont les armées ne dépassèrent jamais les effectifs d'un régiment, des noms de batailles, dont la plus célèbre est le glorieux désastre des Thermopyles, et les murs effondrés d'une petite ville. Ces pierres éparses sous des ronces ne cachaient pas une Vénus, un Discobole, une Victoire ailée... Au centre d'un paysage quelconque, ces ruines anonymes ne sont pas dominées par un lumineux Parthénon, haut dans le ciel sur une Acropole, mais accroupies dans l'ombre au bord d'un trou. Ces hommes furent des Grecs de la grande époque, à deux pas d'Athènes, mère de l'intelligence et des arts. Pourquoi leur héritage est-il si misérable ? C'est parce qu'ils ont sacrifié leurs poètes, leurs philosophes, leurs peintres, leurs architectes, leurs sculpteurs ; c'est parce qu'ils ont peut-être précipité sur les rocs aigus, au fond du Barathre, un petit bossu qui était Esope, ou le bébé aveugle qui eût chanté à travers les siècles les Dieux et la gloire de leur patrie... Et parmi les trop pâles petites filles qui tournoyèrent un instant, frêles papillons blancs, à travers la nuit verticale du gouffre, il y avait peut-être les mères ou les aïeules de leur Phidias, de leur Sophocle, de leur Aristote ou de leur Platon ; car toute vie est un mystère, et nul ne sait qui porte le message ; ni les passants, ni le messager...."

        Il y a une différence apparente entre Sparte, tyrannie du collectif, et notre société, empire de l'individuel. Mais notre société aussi est en proie au vertige de l'eugénisme. Que l'eugénisme vienne de lois collectivistes (comme à Sparte) ou du caprice individuel (comme dans notre société libérale), qu'il soit idéologique ou pseudo-médical, le résultat est le même : c'est l'antithèse de la vie et le contraire de la civilisation. François Hollande devrait réfléchir à la portée de masse de certaines de ses promesses électorales ; il est encore temps.

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