"Qousque tandem... ?" : un 52ème militaire français tué en Afghanistan...
Il est naturel de marquer clairement notre sympathie envers nos forces armées et, lorsqu'elles sont dans l'épreuve comme en ce moment, de manifester nettement que nous sommes à leurs côtés.
Ce qui ne veut bien sûr pas dire que nous devions assister benoîtement, et sans rien dire, au triomphe de l'absurdie auquel on assiste actuellement en Afghanistan....
Jaco a envoyé le vendredi 17, juste après notre note sur le 51ème militaire français tué, un commentaire résumant sa pensée; il se trouve qu'en exprimant, d'une façon succincte mais argumentée, sa pensée, il exprime aussi, parfaitement, la nôtre.
Pourquoi redire ou re-écrire ce qui a été dit ou écrit convenablement ? Voici le billet de Jaco : c'est son avis, et c'est le nôtre.....
C'est bien de signaler la mort de nos soldats en Afghanistan.
Mais il est surtout important de rappeler que l'officier français du 2e régiment étranger du génie qui vient d'être tué lors d'un accrochage avec des insurgés l'a été pour rien, l'a été en pure perte, comme ceux qui l'ont précédé ou le suivront ...
Le terme "insurgé" me paraît d'ailleurs assez inapproprié car il suppose qu'il existe quelque part, dans ce pays, une autorité qui dispose du pouvoir ou quelque chose qui y ressemble.
Or, personne, aujourd'hui, en Afghanistan, n'incarne le Pouvoir, encore moins une quelconque légitimité.
Il y existe des pouvoirs divers et variés, d'ailleurs parfaitement rivaux : celui des troupes étrangères, qui, pour un Afghan, à quelque ethnie qu'il appartienne, seront toujours des troupes d'occupation; celui des chefs de tribus rivales; celui des trafiquants d'opium; celui des fantoches corrompus qui constituent le "gouvernement", et ainsi de suite.
C'est la raison pour laquelle, hors du subtil compromis que représentait, jadis, le roi, il ne peut exister ni Etat, ni armée, ni éducation, ni même santé, ni administration, ni, bien-sûr, de "démocratie" afghane selon nos schémas ...
Et c'est aussi la raison pour laquelle l'entreprise des "occidentaux" en Afghanistan, du moins telle qu'ils l'ont définie, est perdue d'avance et pour laquelle, aussi, nos troupes doivent en être retirées au plus tôt.
Si nous avons des intérêts à sauvegarder, dans cette région, qui fut sympathique, en d'autres temps (par exemple celui de Kessel), avant que l'"Occident" consumériste n'y développe toutes sortes de perversions, il y d'autres moyens moins coûteux et plus sûrs de les garantir.
Tout le reste n'est que de la littérature. Mais elle tue nos soldats.
Commentaires
Pour compléter l'excellent commentaire de JACO, il faut dire que les Talibans, expression de l’identité tribale patchoune, la principale ethnie du pays, ne sont pas des exportateurs de violence, et que la France et les Afghans n’ont aucun objet de litige.
Nicolas Sarkozy a déclaré : "La France restera engagée en Afghanistan aussi longtemps qu’il le faudra, car ce qui est en cause dans ce pays, c’est l’avenir de nos valeurs et celui de l’Alliance atlantique ".
Des "valeurs" qui semblent se confondre avec la prise de contrôle par les USA, du pétrole de l’Asie centrale et de la mer Caspienne, soit 26 % des réserves mondiales, rendant ainsi plus difficile l’accès de la Chine à une source d’approvisionnement autre que le golfe Persique. Là est le véritable enjeu de la guerre.
Tout le reste n'est effectivement que de la littérature. Celà justifie-t-il que l'on envoie nos soldats sur le terrain pour y défendre ces "valeurs"? C'est la question.
La pomme de la discorde
http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2011/01/11/la-pomme-de-la-discorde.html
Tout à fait d'accord avec Sébasto, je réitère mon récent commentaire.
En matière de guerres, celles engagées par les Etats-Unis
se révèlent toujours, ou le plus souvent, motivées par des
enjeux qui leur sont propres, ou comme les conséquences
de renversement d'alliances (les islamistes afghans armés
à l'origine par les U.S.A. contre l'Union soviétique, les
Irakiens idem contre l'Iran) dont ils n'avaient pas mesuré,
ou dont ils avaient sous estimé les conséquences.
Qu'avons nous à y faire ?
Nicolas Sarkozy, après nous avoir réintégré dans l'OTAN,
en "fidèle héritier du Général" estime que nous défendons
notre liberté future, mais que n'aurait-il dit s'il eut été
président lors des prétendues armes de destruction
massive prétexte à la guerre en Irak ?