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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Barrès visionnaire, comme Maurras ?

     Ignacio Zuloaga, Portrait de Maurice Barrès devant Tolède, 1913          

     

    Ah !... des demi-bienfaiteurs sont aisément des malfaiteurs !

    J'entrevois qu'ils imposeront au monde une règle morale, comme ils lui proposent une règle économique. 

    Maurice Barrès

    L'Ennemi des lois (1892)

  • La monarchie chez Maurras

    Par Axel Tisserand 

    1964667714.jpgLe monarchisme est une idée politique. Souvent associé à une simple posture, il est, chez Maurras, le fruit d'une logique intellectuelle.

    IMG.jpg« Oui ou non, demande Maurras, à l'aube du XXe siècle, l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? » La monarchie, pour Maurras, n'est pas seulement une institution : elle doit aussi permettre de libérer les structures sociales, afin de redonner au pays réel la maîtrise de son destin. Une véritable représentation de la nation, incompatible avec la République, est même consubstantielle à la monarchie : « Il faut constituer, organiser la France, ou plutôt la laisser se constituer et s'organiser en une multitude de petits groupements, naturels, autonomes : véritables républiques locales, professionnelles, morales ou religieuses [...] se gouvernant par libres conseils spontanés. Le parlementarisme, expulsé de l'État central, peut se réfugier dans ces États inférieurs ». La République n'a jamais réussi à assurer la représentation du pays réel, se contentant d'une représentation partisane qui se prétend l'expression de la volonté générale alors qu'elle n'est que celle d'une oligarchie qui a confisqué le pouvoir. Confiscation contre laquelle s'exprime, aujourd'hui, la colère du pays réel en Gilet jaune.

    Les bienfaits de la monarchie découlent de sa nature même. Le fait d'échapper à l'élection garantit l'impartialité et l'indépendance du Roi. La monarchie était absolue, mais au sens d'indépendante, car elle est modérée par un réseau de contre-pouvoirs qui interdisent au roi de devenir despote. « Il n'y a point dans la République de frein à la République [...] Qui dit royauté dit Conseils royaux, États du peuple. Qui dit démocratie dit un double gouvernement : l'apparent, celui du nombre, le réel, celui des oligarchies et de l'or. »

    louis_xiv_ea_cheval_roi_de_fra86532_4.jpgLa tradition capétienne, du reste, s'oppose directement au despotisme royal : « Qu'on ne dise point que le souverain ne soit pas sujet aux lois de son État puisque la proposition contraire est une vérité du droit des gens que la flatterie a quelquefois attaquée, mais que les bons princes ont toujours défendue comme une divinité tutélaire de leurs États. Combien est plus légitime de dire avec le sage Platon que la parfaite félicité d'un royaume est qu'un prince soit obéi de ses sujets, que le prince obéisse à la loi et que la loi soit toujours droite et dirigée au bien public. » (Louis XIV).

    De plus, comme le souligne le Prince Jean : « La république n'est pas concrète, le Royaume l'est. Marianne est une allégorie, le Prince est humain, il a un corps, une voix et un visage. Je dirais même qu'il a les pieds sur terre. La monarchie, c'est un surcroît d'humanité — et d'amour — dans un monde qui en a éperdument besoin » (Un Prince français). Pensons à ce très beau texte de Maurras : « Au commencement de la royauté nationale, par-delà le phénomène de protection et de patronage, il faut placer d'abord un fait aussi complet, aussi primordial, aussi digne de vénération et d'admiration que possible, le fait de force qui est aussi un fait d'amour, le fait de nature qui est aussi acte de volonté : la paternité. » Boutang disait également : « Le Prince est une réalité effective, une personne », dont les institutions permettent de développer les capacités propres. D'autant que les intérêts du prince coïncident avec ceux du royaume. C'est le « patriotisme inné » du monarque dont parlait Bossuet. « La monarchie héréditaire nationalise le pouvoir, parce qu'elle l'arrache : aux compétitions des Partis ; aux manoeuvres de l'Or ; aux prises de l'Étranger. » (Maurras)

    Pour Maurras, il ne s'agit pas de restaurer en France une monarchie soumise à un régime d'assemblée. Au contraire, « il faut revenir à un régime qui rétablisse la distinction entre le Gouvernement, chargé de gouverner, et le Représentation, chargée de représenter.» Ce que le Prince Jean confirme : « Il est important que la solution retenue soit conforme au tempérament comme au génie français. La monarchie, telle que je la conçois, doit concilier les capacités d'arbitrage et d'impulsion ».   

  • Histoire • Ainsi meurent les empires

     

    Dans La Fin des empires, vingt spécialistes réunis sous la direction de Patrice Gueniffey et Thierry Lentz analysent comment, de l'Antiquité à nos jours, les empires ont toujours péri, mais aussi comment ils ont ressuscité sous d'autres formes. Une passionnante synthèse... Et une passionnante recension de Jean Sévillia. [Figaro magazine du 12.02].


    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb.jpgUn peu plus de dix ans seront nécessaires au roi de Macédoine, Alexandre III, après qu'il eut soumis la Grèce, pour conquérir l'Asie mineure, l'Egypte et l'Empire perse, étendant son emprise de la Mésopotamie aux frontières de l'Inde. Mais, peu d'années après sa mort, ses successeurs se déchireront et l'empire d'Alexandre s'effondrera.

    Vingt-deux siècles plus tard, à l'est de l'Europe, l'Empire soviétique prendra la suite de l'Empire russe, né peut-être quand Ivan IV le Terrible, dans une symbolique empruntant à Rome et à Byzance, prit le titre de « tsar de toutes les Russies ». Il ne faudra cependant qu'un an et demi, entre la déclaration d'indépendance de la Lituanie, le II mars 1990, et la démission de Mikhaïl Gorbatchev, le 25 décembre 1991, pour que disparaisse cet empire qui avait Moscou pour capitale.

    Deux millénaires séparent Alexandre le Grand et Gorbatchev. De l'Antiquité à nos jours, d'autres empires sont nés, ont atteint leur apogée, puis ont disparu. C'est cette fascinante litanie de puissances englouties par l'Histoire qu'égrène un livre collectif réalisé sous la direction de Patrice Gueniffey et Thierry Lentz, deux spécialistes de Napoléon. Vingt historiens — dont Claude Mossé, Jean-Louis Voisin, Sylvain Gouguenheim, Jean Meyer, Bartolomé Bennassar, Jean-Paul Bled, Arnaud Teyssier ou Lorraine de Meaux — y analysent la chute de ces constructions politiques que furent l'Empire romain d'Occident et la Perse sassanide, l'Empire carolingien et Constantinople, l'Empire aztèque et l'Empire espagnol, le Saint Empire romain germanique et le Grand Empire de Napoléon, l'Empire chinois et l'Empire ottoman, l'Autriche-Hongrie et le Troisième Reich, l'Empire britannique et l'Empire colonial français.

    « Tout empire périra », observait naguère le grand historien Jean-Baptiste Duroselle. D'un cas à l'autre, les causes diffèrent : trop grande disparité des populations conquises, paupérisation économique, épuisement politique ou militaire, crises de succession intérieures, rivalités extérieures. Les circonstances varient tout autant : longue agonie pour l'Empire byzantin, maladie de langueur pour le Saint Empire romain germanique et pour l'Empire ottoman, défaite militaire pour l'empire des Habsbourg, apocalypse sous les bombes pour le Reich hitlérien. Ajoutons que la durée de vie des empires « décourage toute comparaison », comme le reconnaissent Gueniffey et Lentz dans leur avant-propos : quelques années pour Alexandre le Grand et Napoléon, un siècle pour les Empires inca et aztèque, quatre siècles pour les Empires arabes, cinq siècles pour Rome, huit siècles pour le Saint Empire romain germanique, mille ans pour l'Empire byzantin.

    A raison de ces dissemblances, est-il possible d'établir une théorie du phénomène impérial ? Rappelant, dans leur passionnante préface, que Montesquieu, Gibbon ou Toynbee s'y sont essayés, les deux directeurs de l'ouvrage esquissent à leur tour une réflexion à ce sujet. Mais pour souligner un paradoxe : si les empires sont mortels, tel le phénix, ils ressuscitent toujours. Parce qu'ils incarnent un mythe dont les hommes ont besoin. Les deux autres formes politiques qui ont existé dans le passé sont la cité ou l'Etat-nation. La première, limitée par sa taille, ne correspond plus aux exigences du monde moderne. Le second est d'origine européenne, or les Européens, après les excès du siècle des nationalités (le XIXe siècle) et les tragédies du XXe siècle, se sont détournés de l'Etat-nation, aspirant, à travers l'Union européenne, à dépasser les frontières afin de renouer avec la paix, à vivre sous un pouvoir lointain, par-là même respectueux des particularismes. La deuxième moitié du XXe siècle, en Europe, a vu par conséquent un regain de l'idée impériale. Pour autant, Patrice Gueniffey et Thiery Lentz rappellent que les rois de France, rejetant la tutelle de l'empereur comme du pape, imposèrent jadis le modèle de la nation, modèle qui triomphe à travers les Etats qui, aujourd'hui, décident de l'avenir du monde : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Iran, Israël, et.. l'Allemagne. L'Allemagne qui est en train de saper l'Europe, si bien que, au XXIe siècle, les rêves d'empire se sont déjà évanouis sur le Vieux Continent. Conclusion : l'histoire continue. 

    Détails sur le produit

    La Fin des empires, sous la direction de Patrice Gueniffey et Thierry Lentz, Perrin/Le Figaro Histoire, 474 p., 22 €.

  • Un message de Rémi soulié...

    Le lundi 14 décembre, à 10h30, je recevrai Guillaume Travers dans Le Monde de la philosophie, sur @radiocourtoisie. Nous y explorerons depuis La Bibliothèque du jeune Européen le vaste panorama de la pensée, disons, occidentale, mais au sens d’Abellio.

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  • Euthanasie, le bal des hypocrites, par Rémy Mahoudeaux.

    La proposition de loi pilotée par la gauche et profitant d’une niche parlementaire visant à légaliser l’ et le suicide assisté a été retirée, suite au rejet de son article 1er. La loi aurait été vidée de toute substance. Ce n’est pas la première fois que le lobby de la mort en blouse blanche (l’ADMD) tente un passage en force législatif. Mais que d’hypocrisies !

    4.jpgLa première est dans le titre de la loi : c’est prétendre qu’être tué par un médecin ou avec son aide serait digne, et qu’une autre mort pourrait par conséquent être indigne. « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux misères du monde », écrivait Albert Camus.

    L’épidémie d’un nouveau virus déstructure complètement notre vie, altère nos performances économiques et, surtout, délite nos liens sociaux. Ce virus tue et il serait stupide de négliger de lutter contre lui. Mais les décès concernent, pour 78 %, des personnes de 75 ans et plus[1]. Pour mémoire, l’espérance de vie à la naissance, en France, était, en 2020, de 79 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes[2]. L’énoncer ainsi est odieux, mais faut-il sauver nos vieux du Covid-19 pour pouvoir les euthanasier ?

    Le gouvernement, en la personne d’Olivier Véran, a émis un avis défavorable et sort de son chapeau un énième plan pour le développement des soins palliatifs, notamment en , avec un budget ridicule de 7 millions d’euros et la mise à disposition du midazolam pour la médecine de ville. Si le ministre énonce que le débat n’est pas opportun, il propose « d’avoir un horizon »[3]. Faut-il lire qu’une promesse électorale pourrait être utile lors d’une prochaine échéance, ou une simple flatterie à la gauche dont il est issu ?

    La palme de l’ignoble est décernée à Mme la députée communiste Cathy Apourceau-Poly, qui déplore la solitude et la culpabilité des familles qui souhaiteraient euthanasier leurs membres handicapés[4]. « Adapter le recueil du consentement » est-il un euphémisme pour que l’État puisse décider de mettre fin à la vie de ces personnes présumées indésirables et inutiles ?

    Le débat public, comme c’est bien souvent le cas, est biaisé. Oui, l’accès à des soins palliatifs de qualité (« Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut plus ajouter de jours à la vie. »[5]) est inégal et insuffisant en France, bien que le principe ait été acté en 2005 par la loi Leonetti. Oui, l’ADMD en tire un argument fallacieux et présente comme un progrès une légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie. Oui, la sédation profonde continue n’est pas une panacée palliative et consensuelle. Oui, le gouvernement, en mégotant sur les moyens, travaille à long terme pour cette légalisation. Et oui, les sujets de fin de vie sont complexes et ne peuvent se contenter de réponses bêtement binaires.

    Mais l’on peut se réjouir des résultats du IFOP réalisé pour Alliance VITA qui n’élude pas ces complexités et relativise beaucoup la supposée appétence des Français pour l’euthanasie : ils ne sont que 24 %, contre 46 % opposés à l’acharnement thérapeutique et 48 % désireux de ne pas subir de douleur[6] (choix de deux propositions sur sept concernant la fin de vie). Pas sûr qu’un État utilitariste confisqué par les forces dites de progrès les entende, mais ce n’est pas une raison pour cesser de répéter que la dignité de l’homme est intrinsèque à sa nature et ne dépend en rien de son autonomie.

     

    [1] https://fr.statista.com/statistiques/1104103/victimes-coronavirus-age-france/

    [2] https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/mortalite-cause-deces/esperance-vie/

    [3] http://www.senat.fr/cra/s20210311/s20210311_1.html#par_161

    [4] http://www.senat.fr/cra/s20210311/s20210311_1.html#par_161

    [5] https://citations.ouest-france.fr/citation-anne-dauphine-julliand/faut-ajouter-vie-aux-jours-110883.html

    [6] https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2021/03/117962-Soulager-mais-pas-tuer-Résultats.pdf

     

  • Où Pierre Manent définit, pour l'Histoire, une nouvelle « émigration » ...

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    « Dans les vingt dernières .années, notre régime politique a connu un profond changement. En somme, il a cessé d'être représentatif. Jusqu’au début des années 1980, la droite et la gauche puisaient leur légitimité dans la représentation du peuple. La droite gaulliste se réclamait du peuple national, de « la France ». La gauche socialiste et communiste se réclamait du peuple social, des « travailleurs ». On pouvait contester leurs programmes ou leurs actions, mais nos politiques étaient légitimes parce qu’ils représentaient ces deux peuples qui n'en faisaient qu'un. 0r la droite qui, on ne sait pourquoi, se dit encore gaulliste, a renoncé à la nation, comme la gauche, qui, on ne sait pourquoi, se dit encore socialiste, a renoncé au peuple.   

    Les deux partis de gouvernement ont élaboré ce qu’il faut bien appeler un programme commun, le programme européen dont ra France n’est que le champ d'application. Les Français ont perdu confiance dans la classe politique, en même temps que celle-ci se sentait de moins en moins responsable devant le peuple français. Elle se sent engagée dans une entreprise plus haute et plus sublime que celle de gouverner la France, celle de « construire l'Europe ». 0n ne saurait exagérer res conséquences de cette émigration, si je peux dire, de la classe politique. » 

    Pierre Manent

     

    Entretien donné au Figaro, 17.1.2014.

     

  • Quand la démographie est aussi politique : le cas de la France dans l'histoire

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.2.jpgLa démographie est aussi politique, et l'histoire même de notre pays le démontre à l'envi : je m'en suis rendu compte il y a quelques années déjà lorsque je travaillais un cours de Seconde qui évoquait la transition démographique en Europe. En effet, le cas français est, comme souvent, plutôt original et l'explication en est éminemment politique... 

    La France est effectivement le premier pays à entamer sa transition démographique sur le continent européen : comme d'autres, pourtant, elle a connu le radoucissement climatique après les sinistres premières années du XVIIIe siècle qui étaient aussi les dernières du règne de Louis XIV, ce roi-soleil d'un royaume qui en manqua parfois... Elle a aussi connu les progrès médicaux, l'amélioration des techniques agricoles, etc. Mais il y avait plus encore : la France était une Monarchie absolue, et son administration passait pour l'une des plus complexes en Europe, difficile équilibre entre autorité de l'Etat central et libertés des provinces et des corporations. 

    Entre 1700 et 1789, et malgré le creux démographique consécutif aux années 1708-1709, la population du royaume passa de 20 millions environ à presque 28 millions, soit une augmentation d'environ 40 % en trois générations, ce qui peut constituer, pour l'époque, une véritable explosion démographique. Ne parlait-on pas, à la veille de la Révolution, de « Chine de l'Europe » quand on évoquait la France ? Au même moment, le reste de l'Europe entame une transition que la France, déjà, aborde en sa deuxième phase. 

    Les raisons de cette précocité sont connues : d'abord, le territoire de la France n'est plus envahi de façon pérenne de 1636 à 1792, et c'est la Révolution qui va clore cette « parenthèse enchantée », parenthèse dont nous n'avons jamais plus, depuis le XVIIIe siècle, connu la même heureuse longueur... Ensuite, les voies de France sont plutôt sûres et, bien entretenues par l'impopulaire corvée royale, permettent une meilleure circulation des grains et des vivres quand la nécessité oblige à une plus grande célérité de celle-ci. Tout cela, qu'on le veuille ou non, est la conséquence de la nature de l'Etat royal français qui ne théorise pas forcément sa politique mais se doit d'être le protecteur de la population du royaume, celle-ci étant à la fois un élément important de sa puissance et de son prestige : « il n'est de richesse que d'hommes », reconnaît le légiste Jean Bodin, et l'on est bien loin du cynisme tout républicain et égalitaire du général Bonaparte devenu empereur Napoléon qui, au soir d'une bataille particulièrement sanglante, s'exclamait « Une nuit de Paris réparera cela ! »... 

    La Révolution française et l'Empire ne seront pas, effectivement, économes du sang des hommes, entre les massacres multiples sur des terres qui n'avaient pourtant plus connu la guerre depuis parfois la fin du XVe siècle et les guerres napoléoniennes qui demandaient encore et toujours plus de « matériau humain » : les morts brutales de l'époque dépassent largement le million d'âmes (certains évoquent le double), et accélèrent la deuxième phase de la transition démographique, au risque d'affaiblir le pays face aux puissances montantes de l'Europe, en particulier cette Allemagne qui n'est pas encore une mais le deviendra, en janvier 1871, sur le dos d'une France éreintée et démographiquement épuisée. 

    Il faudra attendre les premières mesures d'une politique familiale digne de ce nom, dès la fin des années trente (poursuivie par Vichy et les deux Républiques qui lui succéderont, avec des fortunes parfois diverses), pour que la France retrouve une santé démographique que la Révolution avait au mieux ébranlée, au pire durablement déstabilisée, ne serait-ce que par ses principes égalitaristes et individualistes, peu favorables au maintien d'une natalité équilibrée : les tristes événements des années quarante accéléreront, comme une réponse au malheur, le renouveau démographique qui suivra la guerre. « Mort, où est ta victoire ? », auraient pu triompher les mères de l'après-guerre ! 

    La récente baisse de la fécondité française, qui semble s'être accélérée cette année, prouve que, si la politique n'explique pas tout en démographie (ce qui est d'ailleurs fort heureux !), elle est un facteur non négligeable et sans doute déterminant dans ses évolutions : la remise en cause de certains principes anciens de la politique familiale française par les deux derniers quinquennats (M. Fillon ayant amorcé, timidement mais sûrement, un travail de sape que les gouvernements suivants ont malheureusement poursuivi et amplifié, par démagogie et radinerie) a eu des effets désastreux alors même que la France se signalait jusque là, depuis les années 2000, par une bonne santé démographique qui pouvait alléger d'autant la charge des retraites et des frais de la fin de vie... 

    Ainsi, les bonnes intuitions de la République du XXe siècle (car elle en eût quelques unes, malgré tout), ou les leçons tirées des siècles passés et de l'étude sérieuse des mécanismes démographiques, n'ont pas résisté à cette inconstance qui, essentiellement, définit la République des quinquennats. On peut le regretter, mais ce n'est pas, disons-le, suffisant ! 

    Inscrire une politique familiale dans la longue durée impose, désormais et aujourd'hui peut-être plus encore qu'hier, un Etat qui, lui-même, s'enracine dans le temps long, non d'une seule, mais de dix, de vingt générations... Un Etat qui, lui-même, s'inspire de la nature familiale, de cette suite que l'on nomme lignée ou dynastie : il n'en est qu'un, qui a marqué notre histoire et notre territoire sur tant de siècles, et il est royal... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Victoire ! La Nouvelle Calédonie restera française.

    Le bureau poli­tique de l’Ac­tion fran­çaise.

    Les accords de Mati­gnon ont beau faire indé­fi­ni­ment revo­ter les néo-calé­do­niens et pri­ver de leur droit à peser dans la déci­sion les habi­tants les plus plus récents du « Caillou », le « non » à l’indépendance vient, une nou­velle fois, de l’emporter.

    Même si le résul­tat en faveur du main­tien dans la France est moins bon que celui du pré­cé­dent scru­tin, il faut noter qu’il s’agit à nou­veau, avec 53%, d’une nette vic­toire pour les loya­listes, rehaus­sée encore par l’excellent niveau de la par­ti­ci­pa­tion. C’est plus lar­ge­ment une vic­toire pour tous ceux qui sont atta­chés à la plus grande France, à cette France puis­sance mari­time mon­diale, et non simple Finis­tère de l’Europe.

    L’Action fran­çaise qui a tou­jours défen­du la sou­ve­rai­ne­té fran­çaise sur l’ensemble du ter­ri­toire natio­nal, métro­po­li­tain comme ultra­ma­rin, adresse ses féli­ci­ta­tions à tous les patriotes, monar­chistes ou répu­bli­cains, qui ont ren­du pos­sible cette vic­toire.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Chevènement : « Tout pays est toujours seul dans les grands moments de son histoire »

     

    Il y a aujourd'hui, cela nous semble évident, toute une école française de diplomatie et géopolitique réalistes - école dite de Realpolitik - qui s'oppose courageusement et intelligemment aux politiques utopiques en même temps qu'erratiques des gouvernements occidentaux. Politiques menées depuis de trop longues années. Par la France, tout particulièrement. De cette école de Realpolitik, Jean-Pierre Chevènement est incontestablement, avec Hubert Védrine, l'un des représentants les plus qualifiés. Les puristes nous objecteront - comme si nous les ignorions - les idées, les sujets, les domaines où nous ne pouvons l'approuver. Nous en sommes d'accord. Il n'empêche que dans ce monde de dangers extrêmes où l'Histoire est décidément de retour, sur tout ce qui touche à notre défense, notre sécurité, notre diplomatie, nous serions rassurés pour la France si les propositions de Jean-Pierre Chevènement se trouvaient adoptées et appliquées par les gouvernants français. Nous payons aujourd'hui leurs erreurs au prix fort. Il serait temps de s'en apercevoir. 

    Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Léa Salamé, lundi dernier (23.11), à 7h50, sur France Inter. Nous croyons utile et intéressant d'écouter ou réécouter ce qu'il y a déclaré. Les positions qu'il a définies, les propositions qu'il a faites, vont à l'évidence dans le sens des intérêts vitaux de notre pays. On les retrouvera dans la vidéo qui suit. LFAR            

     

    « Quand on casse un Etat comme en Irak, on récolte Al Qaida »

     

  • La Révolution française désavouée par François Hollande ?...

    hollande,revolutionSi les mots ont un sens, on notera avec gourmandise que la Révolution française, és-qualité, semble bien avoir été désavouée par son lointain héritier et successeur, François Hollande !

    Ou alors, on a mal entendu, mal lu...

    Ou alors, les mots n'ont plus de sens...

    Le président, lors de l'inauguration - mardi 18 septembre 2012 - du nouveau département des arts de l'Islam au Louvre à Paris, a dénoncé "l'insondable bêtise" des destructeurs de patrimoine, y voyant "une agression à l'égard de toutes les civilisations".

    Il y a des "grands ancêtres" qui ont dû se sentir mal...

    Illustration : l'une des têtes de la Galerie des Rois de Judas, sur la façade de Notre-Dame de Paris, mises à bas par les iconoclastes révolutionnaires : ajoutant leur ignorance à leur vandalisme, les révolutionnaires avaient pris ces têtes de rois de Judas pour des têtes de rois de France, et les avaient donc, purement et simplement, faites tomber, et mutilées, les abandonnant a même le sol.... "Insondable bêtise", donc, leur répond aujourd'hui le Président Hollande...

    Aujourd'hui, cette statue se trouve au Musée de Cluny, comme les autres. Sa photo a servi d'illustration de couverture au remarquable ouvrage de Pierre Boutang, Reprendre le pouvoir

    Pour ceux que l'Histoire intéresse, voir notre Epéhéméride du 26 octobre :  

    OCTOBRE 1793 :  Quand la Terreur s'abat sur Notre Dame….. ou : L'incroyable histoire des statues des rois de Juda.....

  • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (60) : (1/2) Marseille, Dimanche 12 Juin 1938, le tri-centenaire de Louis

     

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

     

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    Hôtel de ville  de Marseille, façade sur le Vieux Port : Louis XIV domine la ville...

    L'annonce ci-dessus paraît trois fois, toujours en "Une", dans les numéros du 9, 10 et 11 Juin (actualisée ce jour-là par un "Aujourd'hui"...); il n'y a rien dans le numéro du 12 car, Maurras ayant été élu à l'Académie - au fauteuil de Jean de La Fontaine - le 9 Juin, la "Une" publie, ce jour-là cette photo de lui, et la suite des "Félicitations"... :

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    Il est émouvant de lire la légende de cette photo, prise "dans les jardins de Mme Jacques Bainville", l'ami fidèle, le plus jeune des "trois mousquetaires", et, pourtant, parti le premier, trois ans plus tôt, ce terrible 9 Février 1936...

    C'est, ensuite, dans la "Une du Lundi 13 que le journal revient sur les deux réunions :

    1. D'abord, celle de Pujo, du samedi (même si le journal commence par dire un mot, très court, des "onze cent couverts du merveilleux banquet de la Saint-Jean et du tricentenaire de Louis XIV, dont nous donnerons demain un compte-rendu complet..."

    Dans la partie inférieure des deux colonnes centrales (trois et quatre)...

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    • ...puis dans la moitié supérieure de la colonne cinq (relation signée "P.G.) :

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    On me permettra, ici, de rapporter un souvenir personnel : au sujet de "La Rocque", et aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, c'est la deuxième phrase que mon père prononçait le plus, quand j'étais enfant (après son inoubliable "chez moi, la République s'arrête à la porte !").

    Natif de Martigues, où mon grand-père Émile, "voisin de trois cent mètres" de Maurras fut l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française martégale (ma famille habitait alors au 2, Quai Kléber, une maison que nous n'avons, hélas, pas pu conserver...), mon père vint très vite se fixer à Marseille.

    Voyageur de commerce, il était souvent à Paris, et fut affecté à l'équipe des vendeurs volontaires de La Trinité.

    Il participa, évidemment, à la manif du 6 Février à Marseille et, parlant de celle de Paris, il ne manquait jamais de "cracher" un très méchant "ce salaud de La Rocque...!" et moi, trop jeune pour comprendre, j'allais voir ma mère pour lui demander qui était ce monsieur, pour que papa l'insultât ainsi. Elle me faisait la même réponse que pour la dame que je croyais être "la république" : "...c'est un peu difficile à t'expliquer, tu es encore un peu petit, mais tu comprendras bientôt, quand tu auras un peu grandi..."

    Je grandis, en effet, comme tout un chacun; je compris, et je fis miennes ces deux phrases, que je trouve toujours admirables aujourd'hui, et que je suis fier d'avoir "maintenues", au sens félibréen du terme, jusqu'à aujourd'hui; et que je maintiens encore, bien évidemment...

    "Ce salaud de La Rocque..." (même si sa mort, plus noble que sa vie, la rachète un peu...)

    François Davin

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (20)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    20 : À Martigues et Roquevaire, hauts-lieux maurrassiens... (1/5)

    (pour ces cinq livraisons, on pourra se reporter à notre Album (de 125 photos) : Une visite chez Charles Maurras...)

    L'Union Royaliste Provençale a la chance, si l'on peut dire, de "posséder" sur son territoire deux haut-lieux concernant directement Charles Maurras : son caveau familial (du côté paternel), à Roquevaire, et la maison de ses parents (du côté maternel), à Martigues.

    Bien entendu, nous avons souvent et régulièrement utilisé ces deux lieux, chargés d'histoire et d'émotion, lors de nombreuses manifestations et rencontres de tout ordre, mais surtout la maison et son jardin. Nous n'allions en effet à Roquevaire, du moins habituellement, qu'en septembre, pour les réunions de rentrée...

    Je commencerai donc, aujourd'hui, par parler de ces habituelles réunions de rentrée, qui se passaient dans les premiers jours de septembre, à Roquevaire, devant le caveau familial des Maurras (côté paternel), là où sont enterrés ses deux parents, son frère et lui-même.

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    Le rituel était assez immuable, mais il flottait toujours quelque chose de joyeux dans l'air : après les deux mois de vacances, on se retrouvait, enfin, Chauvet et Lavo "recevaient" les participants, toujours heureux de se (re)trouver là. Venaient surtout les Marseillais, Aixois et Toulonnais, car pour les Niçois, cela faisait 400km aller/retour, et pour les Avignonnais, 200. Mais il en venait malgré tout à chaque fois...

    Le 19 avril dernier, dans le numéro 10 de ces "livraisons", j'ai rappelé la belle figure de notre Président du Var, Pierre Navarranne. Après les mots de bienvenue de Pierre Chauvet (Lavo ne prenait jamais la parole en public), il y avait la récitation de La prière de la fin, assez souvent faite, justement, par le docteur Navarranne. Ce n'est qu'après plusieurs réunions que je me risquais à proposer à Chauvet/Lavo de réciter la traduction en provençal du Je vous salue Marie, faite par Maurras, ce qu'ils acceptèrent. Ainsi, nous nous répartissions un peu les rôles, avec Pierre Navarranne...

    Mais, pourquoi aller faire nos réunions de rentrée à Roquevaire ? Ou, si l'on préfère, pourquoi Maurras est-il enterré à Roquevaire ?

    Pour une raison très simple, que beaucoup ignorent : la famille Maurras n'est pas de Martigues, mais, partie des Alpes et du pays gavot il y a bien longtemps, elle a fini par s'installer à Roquevaire... où se trouve donc le caveau familial. Charles Maurras y est enterré, ainsi que son frère, Joseph, son père et sa mère. Seul son coeur se trouve à Martigues, dans le jardin de "sa" maison, qui est la sienne parce qu'elle était celle de sa mère, qui était une Garnier.

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    En Haute Provence, se trouve toujours le hameau "Les Maurras". C'est de Saint Julien le Montagnier que sont partis, il y a bien longtemps, les ancêtres des Maurras... À leur façon, en somme, ils étaient des "migrants", des précurseurs ! Bien en avance sur notre époque !

    Petite, mais charmante, commune du Haut Var, Saint Julien le Montagnier est située sur l'aire du Parc naturel régional du Verdon, à deux pas du très beau lac d'Esparron-sur-Verdon.

    Ce n'est qu'après que, fonctionnaire, le père de Charles Maurras fut muté... à Martigues, où il devait faire la connaissance de Marie-Pélagie Garnier. On connaît la suite...

    Le père de cette madame Garnier - laquelle épousa donc le futur père de Charles Maurras... - était marin, et navigua avec le Prince de Joinville, qui vint un jour visiter son ami dans sa maison, à Martigues.

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    De même, Maurras n'est pas né dans "sa" maison, mais dans une autre, très étroite, située sur l'actuel Quai Marceau (ci dessus). A l'époque ce Quai s'appelait le Quai Brescon sur toute sa longueur. Aujourd'hui, seule l'extrémité du Miroir aux oiseaux s'appelle encore Quai Brescon : l'autre partie, à l'opposé, où se trouve donc la maison natale de Maurras, s'appelle maintenant Quai Marceau. Voilà pourquoi on peut voir une ancienne photo montrant l'actuelle pointe du Quai Brescon/Miroir aux oiseaux sur laquelle Maurras a écrit de sa main : "Mon quai natal"...

    Mais nous verrons cela dans  nos prochaines livraisons...

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    Dans cette allée assez étroite, le caveau des Maurras est le troisième, en partant de la droite, après celui qui possède une bizarre ornementation métallique. Nous devions nous serrer de part et d'autre, et même descendre dans la restanque d'en dessous, pour entendre les intervenants... Comme ici (photo ci dessous, novembre 2016), lorsque je récite d'abord le "Te saludo Marío..." (en provençal) puis La prière de la fin. Il fallait parler fort !...

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    Ce n'est que beaucoup plus tard, après la disparition de nos Présidents Chauvet, puis Arnaud, que nous transformâmes radicalement nos réunions de rentrée, qui n'eurent plus lieu début septembre mais le dernier samedi de ce mois; et, surtout, qui se passèrent dans les Alpilles, là où avait lieu le Rassemblement royaliste (nous sommes allés plusieurs années à Fontvieille, par exemple, une autre fois à Maillane...)

  • Histoire • Les 700 ans d'une « enclave pontificale »

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    « Habemus pontificem !»

    Par Péroncel-Hugoz

     

    enclave - Copie 6.jpgAvec les siècles écoulés, le Comtat Venaissin, ancienne possession de la papauté en France méridionale, nous apparaît un peu comme un galet unique et bien arrondi, alors qu'il fut un assemblage discontinu de sept territoires, plus Avignon, ville contiguë mais à part, provenant, elle, non d'une cession des rois de France, comme le Comtat, mais d'un achat papal à la reine Jeanne Ire de Naples, comtesse de Pro­vence. Le Comitatus Vindascinus comportait lui-même cinq enclaves en son sein dont la Principauté d'Orange, un moment fief batave. Tous ces découpages et curiosités ont dis­paru au fil des temps sauf sur un point de résistance qui a fini par imposer à Paris, capi­tale unificatrice, la toujours nommée « Enclave des Papes ». Elle forme un losange de 125 km2, peuplé de 12 000 âmes, bref un canton de Vaucluse, chef-lieu Valréas, complètement enclavé dans la Drôme qui, longtemps, s'en est plainte en vain...

    Passée la brutale surprise du rattachement à la France révolu­tionnaire d'Avignon et du Comtat, Valréas et ses environs obtin­rent, à force de réclamations la reconstitution de l'Enclave dès 1800. En faisant émettre un timbre en 1967 (daté 1968), célé­brant le 650e anniversaire de cette singularité administrative, l'État français parut l'avoir définitivement reconnue, bien que ce soit à l'usure... En cette année 2017, le « pays de Valréas » fête avec un éclat sans complexe le septième centenaire de son existence. C'est en effet en 1317 que le Saint-Siège acheta Valréas au Dau­phiné, alors indépendant, afin d'arrondir son domaine rhodanien où les papes restèrent quasi un siècle ; même si, dès 1377, le Saint-Père retourna à Rome, un autre pontife élu, l'Espagnol Pedro de Luna alias Benoît XIII, aujourd'hui considéré comme « antipape » par un effet révisionniste ecclésial, siégea plusieurs années en Avi­gnon avant d'aller résister jusqu'à l'âge de 95 ans, en 1423, dans la forteresse maritime de Peniscola, près de Valence d'Espagne, une péripétie haute en couleurs oubliée que Jean Raspail ressus­cita avec panache dans son Anneau du Pêcheur (1995).

    enclave 5.jpgDepuis des siècles, donc, l'Enclave des Papes est restée fidèle à ses origines, menant un mélange de vie religieuse et agricole; ouvrant sa première école communale en 1410; subissant stoï­quement les guerres de Religion dont, en 1562, la bataille de Valréas (1700 tués); subissant trois occupa­tions françaises sous Louis XIV et Louis XV, lors des accès de gallicanisme de Versailles; enfin devenant, à force de toujours vouloir dépasser les cités voisines « non enclavées», la capitale française du carton dès la décen­nie 1750, sans parler de l'élevage du ver à soie et, de nos jours, les plantes à parfum et la bioagriculture. Un fringuant député du cru, futur ministre sarkozyste, Thierry Mariani, fils d'un maçon italien, fut un temps un «Monsieur Enclave» très visible, qui finit par se faire mal voir à Paris pour sa russophilie (il épousa même une com­patriote de M. Poutine) ; ce cursus contrasté a un peu rappelé aux Valréasiens, le brillant cardinal Maury (1746-1817), fils d'un cor­donnier de l'Enclave, agent à Rome du futur Louis XVIII avant de se rallier à Napoléon pour devenir archevêque de Paris puis d'être relégué par le pape au château Saint-Ange...

    Sic transit gloria mundi. Mais l'Enclave, elle, perdure...  

    Lire : Guillaume Mollat, Les Papes d'Avignon (1305-1378), Letouzey et Ané, 1965 ; rééd. BiblioBazaar, 2009. Jean Raspail, L'Anneau du pêcheur, Albin Michel, 1995 ; rééd. Livre de poche, 1997

     

    PÉRONCEL-HUGOZ - Correspondant du Monde au Caire à l'époque de Sadate, notre chroniqueur a souvent écrit sur le sort des chrétiens d'Orient, dont les coptes d'Égypte, en ses articles, notamment dans La NRH depuis 2003, ainsi que dans l'un de ses premiers essais : Le Radeau de Mahomet (1983).

    Repris de la NRH - Septembre-octobre 2017

  • AUJOURD'HUI S'OUVRE LE CAMP MAXIME REAL DEL SARTE, UNIVERSITE D'ETE D'ACTION FRANCAISE

     

    Le Camp Maxime Real del Sarte 2015 (16 - 23 août) est une université d’été d’Action française, surtout destinée à la formation de jeunes Français soucieux de l'avenir de leur pays.

    A travers les générations, l'A.F. n’a jamais cessé de remplir cette fonction. L’on serait en effet étonnés si l’on dressait la liste des personnalités du monde politique, économique, littéraire ou médiatique d’aujourd’hui qui y sont passées, et qui, même si elles ont parfois gagné d’autres rivages, y ont forgé des liens, des amitiés et des convictions restés toujours vivaces.    

    La réflexion précède l’action mais aussi elle s’en nourrit et c’est de leur perpétuelle interaction que naissent les œuvres du long terme. L’Action française, dans sa meilleure tradition, a, ainsi, toujours su tout à la fois maintenir sa ligne fondatrice et l’actualiser suivant les réalités de chaque époque, de même que ses méthodes d’action.

     

    Ainsi, après le colloque du 9 mai dernier, dont le thème, heureusement formulé était Dessine-moi un roi, le Camp Maxime Real del Sarte 2015 s'est logiquement donné pour sujet : Les rois ont fait la France, à la France il faut un roi. 

     

    Les jeunes qui s’y réuniront cette année seront invités à combiner étude, réflexion, sport, détente et un grand fond d'amitié. Il leur faudra, sans-doute, beaucoup de lucidité et de courage pour affronter les difficultés du monde qui vient. Il faut les leur souhaiter.

     

     

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     Le Camp Maxime Real del Sarte 2014

  • Mais où est donc passée la fierté française ?, par Chrisitian Vanneste.

    La fierté française avait survécu à bien des vicissitudes. Des guerres perdues, on ne retenait que le sacrifice héroïque d’une poignée de combattants. Des discours sur le déclin économique de notre pays, on ne voulait entendre que la critique injuste d’un modèle social merveilleux au point d’éblouir le monde. De la confusion des moeurs et de la montée du communautarisme, on ne voulait voir que notre goût de la liberté et d’un respect de l’autre étendu à l’univers entier.

    christian vanneste.jpgDans le fond, ce sont ces illusions réduites comme une peau de chagrin qui se blottissent dans les allocutions théâtrales du président que la France subit. Mais l’abîme qui sépare désormais la sinistre réalité de notre pays d’un décor chargé d’histoire, de mots pompeux et d’une mise en scène soignée est poignant.

    La France a été au XVIIIe siècle le pays de l’esprit et des Lumières. L’ironie mordante, la satire, la parodie, le mot d’esprit ont fait briller la liberté de penser qui conduisit à la révolution et n’y survécut pas. Intelligence, élégance, finesse marquent la langue de cette époque, “pressée de rire de tout pour éviter d’en pleurer”, comme disait Beaumarchais. Une phrase d’un des derniers témoins de ce grand moment français, Rivarol, résumerait assez notre actuel chef de l’Etat : ” C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser.” Ce technocrate et banquier ivre d’un supposé talent qui lui a permis un très précoce accès au pouvoir ne cesse de repenser la France, de la redessiner à son goût. Il s’agit toujours d’appliquer à la France réelle, telle qu’elle est devenue, une vision réductrice de son avenir en même temps qu’une mémoire idéologique sélective : des idées à la mode et des poncifs éculés, au gré des événements.

    C’est ainsi que notre effondrement industriel laisse la place dans la rhétorique à la “start-up nation”. C’est ainsi que l’idéalisation du professeur, du “hussard noir de la république” sert à masquer le désastre scolaire. C’est ainsi que la liberté de penser étouffée par de multiples lois votées pour complaire aux groupes de pression communautaires renaît de ses cendres sous la forme de dessins obscènes. Qu’ils puissent exister aux dépens de l’islam dans une société d’hommes libres, et dans une nation de citoyens où cette religion n’a droit à aucun privilège est une évidence. Qu’ils soient au centre du débat, et comme le bastion ultime à défendre, est beaucoup plus discutable. Si l’Occident en général et la France en particulier n’avaient pas cultivé un esprit de repentance à l’égard des cultures jadis dominées au nom de la “civilisation”, s’ils n’avaient pas fait de l’altérité le sommet du droit au respect et à la reconnaissance, s’ils n’avaient pas sciemment bâillonné l’identité majoritaire au profit des minorités supposées humiliées ou exclues, s’ils n’avaient pas inscrit dans la loi la chasse aux prétendues “phobies”, on n’assisterait pas aujourd’hui à ce curieux spectacle dans lequel des représentants arrogants d’une religion particulièrement intolérante expriment des exigences, réclament une censure, imposent des sanctions.

    La liberté d’expression semble retranchée sur une île, après des meurtres qui n’ont pu être empêchés et ont été favorisés par une politique migratoire suicidaire, recroquevillée sur le rire et le spectacle, et sur des dessins dont la vulgarité demeure choquante, quel que soit le sujet, alors même que l’expression des idées au sein du débat ne jouit pas de la même liberté, et se trouve sans cesse convoquée au tribunal. Voltaire voyait dans l’amour socratique, bref l’homosexualité, “un vice mortel pour l’humanité, s’il était général”. J’ai du aller en Cassation pour qu’on m’autorise à exprimer cette évidence en termes d’ailleurs moins polémiques. Zemmour passe d’un procès à un autre pour critiquer avec ardeur et conviction la politique d’immigration, Renaud Camus de même, et on pourrait encore citer Christine Tassin et Pierre Cassen, ou encore Georges Bensoussan, finalement relaxé pour avoir dit que l’antisémitisme, l’hostilité aux Juifs était inscrite dans l’éducation des Arabes.

    C’est certes un phénomène mondial. Des organisations comme Freedom House ou l’indice de démocratie de The Economist auscultent l’état de la liberté d’expression à travers le monde. En France, le délabrement est net. C’est le recul de nos libertés qui a fragilisé notre pays et en a fait la cible, parce qu’on s’attaque toujours au maillon le plus faible. Ce n’est pas la liberté de penser, l’esprit voltairien que l’on assiège, mais la mauvaise conscience, la culpabilité reconnue qui ont fait de la caricature et du dessin d’humour un refuge quand ils devraient être noyés dans un océan sans rivage où toutes les idées devraient naviguer sans entraves, avec la certitude que la répression se ferait à l’encontre de ceux qui s’y opposeraient, à l’intérieur comme à l’extérieur. Simplement faudrait-il espérer que la dignité ou la finesse de l’expression puissent ainsi dominer l’ensemble : le trait d’humour plutôt que le dessin grossier. Dans ce domaine, comme dans d’autres, y compris le savoir-faire sanitaire, l’heure n’est pas à la nostalgie mais à la restauration.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/