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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

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  • Communiqué du Haut Conseil français de la Langue française et de la Francophonie.

    Communiqué de Presse 14 juillet 2020 Haut Conseil français LFF

    Des personnalités françaises – une centaine* – de milieux professionnels et orientations spirituelles et politiques très divers se sont, par un communiqué* du 18 juin, constituées en un Haut Conseil, réseau informel de citoyens voulant porter à un palier supérieur la résistance de la «  société civile  » française à l’entreprise en cours d’effacement de la Langue française et de la Francophonie.

    1.jpgContre les puissances privées et les pouvoirs publics français et étrangers œuvrant aujourd’hui à la substitution de l’anglo-américain aux langues nationales en Europe et au Canada dans leurs fonctions publiques et officielles.

    En cette année de commémorations d’actes forts de résistance, notamment du traité de Niamey créant, le 20 mars 1970, l’ancêtre de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F.), le Haut Conseil français souhaite hisser la résistance à la hauteur de l’enjeu politique et civilisationnel, et  :

    • Exiger le plein respect de la Constitution (art. 2  ; et titre XIV sur la Communauté francophone) et le renforcement sensible de la loi Toubon ;
    • Convaincre politiciens, media, firmes, pouvoirs publics, de cesser de contribuer à l’arrachage linguistique en cours ;
    • Animer un débat national constant sur la politique linguistique de l’Etat.

    Les 20 associations à l’origine de la création du Haut Conseil lui proposent un premier objectif important  : demander collectivement aux pouvoirs publics de s’opposer à toute action du Conseil de l’Union européenne tendant à faire de l’anglais une «  langue commune de fait » des institutions de l’UE, au mépris du règlement UE de 1958 modifié portant statut des langues officielles. Alors que la logique du Brexit entraîne un fort affaiblissement de l’emploi officiel et quotidien de cette langue à Bruxelles, et le nécessaire regain des langues officielles des pays membres, conforme à la nature de l’UE, qui est diversité.

    Les citoyens membres du Haut Conseil français ont invité les Conseils des pays et communautés où le français est langue maternelle à constituer avec eux le Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie.

    Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur, président d’honneur d’Avenir de la Langue française (ALF), par délégation des associations membres, en attendant l’élection des organes du Haut Conseil.

  • Livres & Société • Histoire de l’islamisation en France, 1979-2019

       

    michelletribalat.pngLes auteurs de ce livre ont eu l’idée géniale de reprendre ce qui s’est dit et écrit sur l’immigration et l’islam au cours des quarante ans qui viennent de s’écouler en rappelant « les faits et les décisions », comme le mentionne la quatrième de couverture.

    Ce rappel se fait à travers de très nombreuses citations tirées d’archives. De ces auteurs nous ne savons rien, puisque la signature est celle d’un collectif anonyme. Mais on comprend, à la lecture, qu’ils se soient mis à plusieurs, compte tenu de la masse documentaire considérable qu’ils ont eu à travailler. 

    Histoire-de-l-islamisation-francaise-1979-2019.jpgLe titre du livre, Histoire de l’islamisation française – et non Histoire de l’islamisation de la France – insiste sur la fabrication française d’un renoncement à être et à persévérer dans son être d’une nation abandonnée par des élites qui s’appliquent à domestiquer des autochtones qui renâclent à l’adaptation qu’elles attendent d’eux.

    Ce livre est l’occasion de nous rappeler tout ce que nous avons eu tendance à oublier ou que nous n’avons tout simplement pas remarqué et qui, au fil des ans, fait système. Il raconte la lente élaboration d’une idéologie islamophile, portée par une bonne partie des élites intellectuelles et médiatiques dont le bréviaire de gauche est en train de changer en début de période et qui va avoir tendance, au fil des ans, à devenir hégémonique.

    Chacun des titres des 40 chapitres est un millésime (de 1979 à 2018), accompagné d’une citation qui en donne la tonalité. Le premier chapitre démarre ainsi sur la révolution iranienne de 1979, avec ces mots de Serge July dans Libération : « La joie fait son entrée à Téhéran ». Le dernier chapitre s’ouvre sur le lapsus du décodeur de France Culture, Nicolas Martin, lapsus qui révèle « son incompétence et ses préjugés inconscients » :

    « Si les immigrés font plus d’enfants, seront-ils plus nombreux ? »

    Ce livre est l’occasion de repérer les prémisses de ce que l’on entend aujourd’hui, de manière récurrente, sans y avoir toujours prêté attention alors. Qui se rappelle qu’en 1979, en réponse aux propos de Georges Marchais, Libération publiait une tribune de Fredj Stambouli de l’université de Tunis qui plaidait déjà pour une décolonisation des esprits des populations occidentales, afin de leur permettre « d’accepter et même d’encourager le droit légitime des Autres à rester ce qu’ils veulent être » ? Nous étions à la fin des années 1970 et, déjà, l’assimilation faisait figure de repoussoir. C’étaient déjà les autochtones qu’il fallait acclimater aux nouveaux venus.

    Déjà, dans les années 1980, les propos des musulmans dits « modérés » étaient reçus avec politesse, même s’ils disaient la même chose que ceux proférés par d’autres qualifiés d’islamistes. Dans Le Monde de mars 1989, Mohammed Arkoun, grand « modéré » s’il en est, pouvait ainsi accuser, sans soulever le moindre tollé « la raison des Lumières d’avoir substitué le dogme de sa souveraineté à celui de la raison théologique ». On ne lui répondit pas.

    « La raison des Lumières d’avoir substitué le dogme de sa souveraineté à celui de la raison théologique. »

    Vingt-cinq ans plus tard, le réflexe de l’inversion ou du mensonge par omission s’est si bien propagé que la presse rapporte parfois exactement l’inverse de ce qui est dit, tout en faisant silence sur les propos les plus gênants. C’est l’objet du chapitre 2014. Cette année là, le « modéré » Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris et président du CFCM, présente à la presse une Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble concoctée par le CFCM. Ça sonne bien à nos oreilles. Lors de la conférence de presse, Dalil Boubakeur se garde bien d’évoquer l’article 5 de la convention sur les tenues vestimentaires qui fait du voile une obligation islamique. Les rares médias qui évoquent cette convention trouvent motif à se réjouir, sans jamais parler de l’article 5. Ainsi, Le Monde  déclara que « ce message ne pouvait pas mieux tomber ». Il ajouta que « le texte s’attache aussi à lever les soupçons qui pèsent sur l’islam. “L’islam est parfaitement compatible avec les lois de la République” proclame-t-il […], le texte affirme que “les musulmans de France désirent se joindre au renouveau de la pensée religieuse sur l’islam” et “ajuster leurs pratiques” à la société française. » Jean-Louis Bianco aussi salua cette avancée. MédiapartLe Nouvel Observateur et la Ligue de l’enseignement ne furent pas en reste. La lettre ouverte de trois femmes du collectif « Femmes sans voile » d’Aubervilliers, parue dans Marianne et qui dénonçait le CFCM, n’aura aucun écho. Les féministes ne bougeront pas. Enhardi par cette méprise volontaire, Dalil Boubakeur récidive en juin 2017 lorsqu’il met en ligne, sur le site de la mosquée de Paris, des textes injurieux, méprisants et hostiles au christianisme et au judaïsme, textes qui reprennent en gros la doctrine islamique sur le sujet. Sans provoquer, là encore, la moindre réaction.

    Le cas Redeker

    XVMb988ecf6-6456-11e6-89ca-170f2a825fda.jpgHeureusement, le chapitre 2006 nous a déjà rappelé la veulerie dans laquelle se sont vautrés les contempteurs de Robert Redeker, menacé de mort et condamné à la clandestinité pour avoir écrit dans Le Figaro ce que d’autres avant lui avaient écrit sur l’islam. C’est vrai, c’est plus facile et moins risqué de se mettre du côté du plus fort. Olivier Roy y vit « un tissu d’imbécilités », Le Monde, « des vociférations ». Libération parla d’une « tribune satanique ». Et, n’écoutant que son courage, la responsable de la page « Débats » du Monde rassura les lecteurs du journal : Si la tribune avait été proposée au Monde, « nous ne l’aurions certainement pas publiée ». On retrouve donc les “Usual Suspects”, dont Le Nouvel Observateur qui a l’audace d’écrire que Robert Redecker n’est pas victime d’islamistes, de musulmans vindicatifs mais « de son orgueil de roseau pensant », mettant ainsi en doute sa compétence de philosophe. C’est la curée. S’y joignent Témoignage chrétien qui voit dans la tribune de Robert Redeker une injure islamophobe digne de l’extrême droite et Paris Match qui pousse au maximum le renversement moral en parlant de chronique haineuse d’un « simplet » qui cherche la notoriété et n’est pas digne d’être défendu au nom de la liberté d’expression.

    Les auteurs du livre y voient une inversion, dénoncée au fil des chapitres, qui place la violence du côté de celui qui en est victime. Olivier Roy gagne le pompon de la lâcheté lorsque, dans Libération, en septembre 2006, il accuse Robert Redeker de « chatouiller la fatwa », lequel ne devrait pas s’étonner de ce qui lui arrive. Pour Olivier Roy, qui remet ça dans Esprit, « Robert Redeker est raciste ».

    Et, si l’on veut bien remonter au chapitre 1989, on trouvera le même genre de veulerie intellectuelle lors de l’affaire Rushdie. Rappelons simplement ce que le grand Jacques Berque écrivait dans Le Figaro à l’époque. Il aurait préféré que Les versets sataniques ne soient pas diffusés en France et considérait que Salman Rushdie ne pouvait en aucun cas être pris pour un héros de la libre-pensée après avoir insulté si grossièrement le prophète de l’islam.

    Les caricatures danoises de 2005

    JFSCaric2.jpgSans oublier l’affaire des caricatures danoises publiées en 2005 qui donna l’occasion aux députés européens de montrer leur courage en adoptant une résolution dénonçant les abus de la liberté d’expression qui incitent « à la haine religieuse, au racisme et à la xénophobie » et exprimant leur « sympathie à l’égard de ceux qui se sont sentis offensés par les caricatures du prophète Mahomet ». Le Conseil des ministres de l’UE s’était fendu, rappelons-nous, d’un texte où il avait cru bon de préciser que « la liberté d’expression devait respecter les croyances et les convictions religieuse ». On a là un renversement de l’interprétation de l’incitation à la haine décrit par Flemming Rose, qui parle d’inversion de l’effet et de la cause dans son livre, jamais traduit en français, The Tyranny of Silence. Rappelons seulement la stupéfaction qui fut la sienne lorsqu’il fut accueilli le 10 décembre 2005 pour participer à un débat organisé par Amnesty International et l’Institut danois des droits de l’homme, lesquels avaient installé une bannière au titre orwellien « Victimes de la liberté d’expression » (http://www.micheletribalat.fr/439913052). Le livre illustre la progression de cette inversion et de l’activisme nécessaire pour, au moins, faire taire ceux qui seraient tentés par la lucidité.

    Jacques Chirac lui-même avait condamné les caricatures, ce qui avait rendu le CFCM audacieux au point de demander une loi interdisant le blasphème, demande relayée par Éric Raoult qui fut un temps ministre de l’intégration ! Cette affaire des caricatures a eu les conséquences que l’on sait et a renforcé la tyrannie du silence dénoncée par Flemming Rose, dont les effets désastreux sont parfaitement décrits au fil des pages de ce livre.

    Même sans loi écrite sur le blasphème, la liberté d’expression n’est plus qu’un lointain souvenir. Les poursuites en justice qui se sont multipliées ont un puissant pouvoir d’intimidation. Même lorsque les personnes poursuivies gagnent leur procès, l’intimidation dont elles ont fait l’objet tend à les rendre plus discrètes et plus prudentes et à dissuader celles qui seraient tentées de s’exprimer librement de le faire. Et, depuis Charlie Hebdo, la menace s’est concrétisée.

    La peur a abîmé la notion de respect et de tolérance. Salman Rushdie craignait par dessus tout que des gens bien puissent céder à la peur en appelant cela du respect. Jens-Martin Eriksen et Frederik Stjernfelt, deux chercheurs danois, parlent de « respect-mafia ».

    La peur a aussi démonétisé toute idée de subversion…

    Alors qu’on attendait des élites politiques, intellectuelles et médiatiques qu’elles défendent la liberté d’expression, elles se sont trop souvent illusionnées en croyant défendre les faibles et les déshérités. Elles ont ainsi pratiqué l’amalgame qu’elles dénoncent tant par ailleurs en prétendant défendre les musulmans qu’elles considèrent authentiques, sans grand discernement, tout en abandonnant les dissidents acquis aux valeurs libérales. L’assimilation des critiques et des moqueries de l’islam à du racisme a produit cet amalgame et favorisé l’infantilisation des musulmans.

    Ce livre permet de mesurer ce qui nous sépare aujourd’hui d’un temps pas si lointain où les connaisseurs de la question, tombés dans l’oubli pour ce qu’ils ont écrit sur l’islam (c’est le cas de Jacques Ellul), écrivaient ce qui leur vaudrait aujourd’hui un passage à la 17e chambre, sans parler des menaces de mort. Et les livres scolaires sont à la pointe du « progrès ».   

    Article paru sur le site de Michèle Tribalat, avec son aimable autorisation

    Source : ICI

  • À la découverte de huit français(e)s ”illustres et méconnus”...

    28 février 2007/28 février 2021 : lafautearousseau fête ses quatorze ans !

    Pour célébrer cet évènement d'une façon un peu originale, nous avons choisi d'extraire huit passage de nos Éphémérides, qui vous emmèneront, pendant une semaine, à la découverte de huit personnes éminentes de notre Histoire mais qui, pourtant, sont peu ou pas du tout connues, du moins du grand public...

    Aujourd'hui (3/7) : Jean-Baptiste Ducasse...

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    14 ans ! Un anniversaire célébré en rappelant nos Racines, notre Culture, notre Histoire et ceux qui l'ont faite : Frédéric Mistral ne disait-il pas "Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut" ?...

    (Extrait de notre Ephéméride du 1er juin

     

    1711 : Jean-Baptiste Ducasse est fait Commandeur de l'Ordre de Saint Louis

     

    Pour François Bluche, Jean-Baptiste Ducasse est "le plus méconnu des Français illustres".

    Raison de plus pour lui rendre, dans ces Éphémérides, l'hommage qu'il mérite largement : qu'on en juge, par ce court passage du Louis XIV, de François Bluche (pages 828/829), racontant quelques uns de ses exploits lors de la terrible Guerre de Succession d'Espagne... : 

    1A.jpg

    "...A l'escorte des galions de Sa Majesté Catholique, un homme est particulièrement attaché : c'est Jean-Baptiste Ducasse. Tour à tour chef de flibustiers, gouverneur pour le Roi à Saint Domingue, marchand, négrier, capitaine de vaisseau à quarante-sept ans, chef d'escadre à cinquante-cinq, lieutenant-général à soixante et un ans, directeur de la Compagnie de Guinée ou de l'asiento, capitaine général pour le roi d'Espagne, enfin chevalier de la Toison d'Or (ci dessus), cet officier de fortune originaire du pays Basque, né dans la bourgeoisie petite ou moyenne, cet homme dont la vie inspirerait plusieurs romans d'aventures, se trouve être à la fois "un des chefs les plus brillants de la marine de Louis XIV", et le plus méconnu des Français illustres. En 1702, il a  vaincu à Santa Martha l'escadre de Benbow, l'amiral anglais. En 1703, trompant les croisières britanniques, il rapporte de Carthagène des Indes à La Rochelle 300.000 piastres, don de Philippe V à son grand-père. Sa croisière d'aller lui avait fait transporter en Amérique des soldats espagnols destinés à la défense des places. En 1704, il commande une division à Velez-Malaga. Le 28 octobre 1707, Dangeau note : "On mande de Brest que Ducasse a mis à la voile pour aller quérir les galions dans l'Amérique, et les escorter en Espagne ou en France". Et, le 1er septembre suivant : "Le Roi apprit à son lever, par un officier de la marine, que M. de Pontet lui amena, que M. Ducasse était lundi dernier au port du Passage avec la flotte du Mexique, riche de quarante à cinquante millions en argent, sans compter pour environ dix millions de ce que les espagnols appellent los frutos, qui sont toutes choses dont le débit est facile."  Et de décider, sur le conseil de Desmarets, d'approvisionner aussitôt tous les hôtels des monnaies de France pour frapper des écus. 26 juin 1709, Dangeau note encore : "Ducasse, avec sept vaisseaux de guerre qu'on arme en diligence à Brest, sera prêt à la fin du mois qui vient pour conduire à Lima le nouveau vice-roi du Pérou." Le 30 décembre 1710 : "M. Ducasse va partir pour Brest, où il trouvera trois ou quatre vaisseaux du Roi prêts à faire voile. On ne doute pas qu'il n'aille à Carthagène, pour en ramener les galions." Le 1er juin 1711, Louis XIV fait Ducasse Commandeur de l'Ordre de Saint Louis (ci dessous). En mars 1712, Ducasse a ramené à La Corogne une nouvelle division de galions : il n'a pas volé sa toison d'or !

    1AA.jpg

    Si la guerre de  succession prend en 1712 un tour favorable à la maison des Bourbons, c'est d'abord parce que l'habile Ducasse a gagné la bataille des convois. Le même phénomène se reproduira, mutatis mutandis, au XXème siècle. Quel fut le tournant de la seconde guerre mondiale, le début de la victoire alliée ? Le 31 janvier 1943, jour de la capitulation à Stalingrad du maréchal von Paulus ? Ou plutôt, ces mois qui vont de mai en août suivant, qui voient tourner au profit des alliés la bataille de l'Atlantique : quand cent sous-marins allemands sont coulés en cent-vingt jours; quand en août lesdits sous-marins ne détruisent que 96.000 tonnes marchandes, contre un million au mois de mars ?  Cette excursion hors du Grand Siècle n'est pas digression mais analogie à but explicatif.

    L'histoire est quelquefois un recommencement..."        

    1AAA.jpg

    Jean-Baptiste Ducasse, par Hyacinthe Rigaud (château de Josselin)

     

    Saint-Simon, qui a généralement la dent dure, trace de Ducasse ce portrait flatteur dans ses Mémoires (1857, page 323) :

    "...Ducasse mourut fort âgé, et plus cassé encore de fatigues et de blessures. Il étoit fils d'un vendeur de jambons de Bayonne, et de ce pays là où ils sont assez volontiers gens de mer. Il aima mieux s'embarquer que suivre le métier de son père, et se fit flibustier. Il se fit bientôt remarquer parmi eux par sa valeur, son jugement, son humanité. En peu de temps ses actions l'élevèrent à la qualité d'un de leurs chefs. Ses expéditions furent heureuses, et il y gagna beaucoup. Sa réputation le tira de ce métier pour entrer dans la marine du roi, où il fut capitaine de vaisseau. Il se signala si bien dans ce nouvel état, qu'il devint promptement chef d'escadre, puis lieutenant général, grades dans lesquels il fit glorieusement parler de lui, et où il eut encore le bonheur de gagner gros sans soupçon de bassesse. Il servit si utilement le roi d'Espagne, même de sa bourse, qu'il eut la Toison, qui n'étoit pas accoutumée à tomber sur de pareilles épaules. La considération générale qu'il s'étoit acquise même du roi et de ses ministres, ni l'autorité où sa capacité et ses succès l'avoient établi dans la marine ne purent le gâter. C'étoit un grand homme maigre, commandeur de Saint-Louis, qui avec l'air d'un corsaire, et beaucoup de feu et de vivacité, étoit doux, poli, respectueux, affable, et qui ne se méconnut jamais. Il étoit fort obligeant, et avoit beaucoup d'esprit avec une sorte d'éloquence naturelle, et, même hors des choses de son métier, il y avoit plaisir et profit à l'entendre raisonner. Il aimoit l'état et le bien pour le bien, qui est chose devenue bien rare..."

  • Dans notre éphéméride de ce jour : aux origines de l'histoire de France de Jacques Bainville...

    1866 : Naissance d'Arthème Fayard, fils. Aux origines de L'Histoire de France de Jacques Bainville...

     

    Quatre siècles après Gutenberg, le livre imprimé était encore souvent rare et cher. Le rendre disponible et accessible à tous : tel sera le but premier que se fixa le fondateur de la Maison Fayard, puis son fils prénommé, comme lui, Arthème.

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    Eclectique, Arthème 1er s'intéressait à tout : ses familiers l'appelaient "L'Encyclopédie".

    Parmi ses enfants, Arthème le second, qui deviendra le Grand Arthème Fayard, l'un des plus fameux et puissants éditeurs français de la première moitié du XXème siècle, fut d'abord un adolescent qui faisait ses études à Louis le Grand où il se lia avec un joyeux luron de son âge, Léon Daudet.

    Après qu'il eut fait son service militaire, son père l'engagea comme collaborateur et associé.

    Un jour, il alla trouver Alphonse Daudet, père de son ami, et lui offrit de l'éditer en fascicules à cinq centimes. Daudet accepta : l'idée de l'édition populaire d'auteurs vivants, telle que la reprendront au siècle suivant clubs et collections au format de poche, était née.

    Arthème le fondateur mourut en 1895. Son successeur souhaita continuer dans la voie de l'édition dite de grande diffusion. A une époque où les gloires littéraires de l'époque - Maurice Barrès, Marcel Prévost, Paul Bourget, Henry Bordeaux... - paraissaient en volumes à plus de trois francs, la grande littérature demeurait inabordable pour le grand public. Le projet d'Arthème Fayard fils consista donc à publier les grands contemporains en volumes à dix-neuf sous, mais pas au rabais, sous forme de vrais livres, élégants et illustrés. Ces auteurs fameux ne se vendaient alors qu'à quelques milliers d'exemplaires : Fayard leur proposait de les tirer à cent mille ! Le succès fut au rendez-vous. La cote des cent mille exemplaires se trouva dépassée pour chaque titre et les ventes grimpaient toujours. Barrès ne voulait pas croire qu'il eût dépassé, lui, les trois cent mille : cela ne s'était jamais vu.

    7 mai,toulouse,être suprême,robespierre,convention,seconde guerre mondiale,gorges du verdon,reims,tuileries,dien bien phu,indochine,dalloz,giapUn jour, Arthème Fayard eut ce  dialogue avec Jacques Bainville :

    • Vous devriez écrire pour moi une Histoire de France en un volume.
    • Mais je ne la connais pas. En tout cas, pas assez pour l'écrire.
    • Eh bien, apprenez-la !

    Le rédacteur de politique étrangère de L'Action française finit par rédiger le tome qui fut le premier de la série des Grandes Etudes historiques, collection dirigée par Pierre Gaxotte.

    Un employé de la maison calcula en 1947 qu'en empilant les deux millions et demi d'exemplaires de cette collection vendus jusqu'à cette année-là, on aurait atteint vingt fois l'altitude du Mont-Blanc.

    On n'a pas refait le calcul depuis lors, mais on peut supposer que le remplacement du Mont-Blanc par l'Everest ne serait pas exagéré...

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     Constamment rééditée depuis sa parution en 1924, au sommaire du Catalogue du Livre de poche, l'Histoire de France de Bainville est traduite en huit langues : anglais, italien, espagnol, turc, finlandais (suomi), suédois, hongrois, polonais; l'édition anglaise est également disponible en braille.

     France info l'a présentée à ses auditeurs dans une petite chronique d'anthologie, de 2'19" : le journaliste, ce jour-là, en a déclaré la lecture "enthousiasmante", ajoutant, sans ambages : "...Autant vous le dire tout de suite : l'Histoire de France est un chef d'oeuvre ! Chef-d'oeuvre d'écriture, de grâce, de finesse... C'est presque du journalisme... Quand l'Histoire est plus contemporaine que jamais, c'est qu'un grand auteur est passé par là... Lisez donc l'Histoire de France de Jacques Bainville : c'est un petit bijou..." :

     

    France info présente L'Histoire de France de Jacques Bainville

     

     

    S'il est évidemment totalement vain - et même absurde - de prétendre dire quel est, ou quels sont, les meilleurs ouvrages de Bainville, il n'en demeure pas moins tout à fait sûr qu'avec son "Histoire de deux Peuples" (voir l'Éphéméride du 10 août) et son "Napoléon" (voir l'Éphéméride du 15 octobre, jour de sa parution) cette "Histoire de France" forme une trilogie qui, à elle seule, suffit à faire de Bainville l'un des plus grands historiens de tous les temps, peut-être même le plus grand...

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Aux origines de L'Histoire de France, de Jacques Bainville...

    1866 : Naissance d'Arthème Fayard, fils. Aux origines de L'Histoire de France de Jacques Bainville...

     

    Quatre siècles après Gutenberg, le livre imprimé était encore souvent rare et cher. Le rendre disponible et accessible à tous : tel sera le but premier que se fixa le fondateur de la Maison Fayard, puis son fils prénommé, comme lui, Arthème.

    7 mai,toulouse,être suprême,robespierre,convention,seconde guerre mondiale,gorges du verdon,reims,tuileries,dien bien phu,indochine,dalloz,giap

     

    Éclectique, Arthème 1er s'intéressait à tout : ses familiers l'appelaient "L'Encyclopédie".

    Parmi ses enfants, Arthème le second, qui deviendra le Grand Arthème Fayard, l'un des plus fameux et puissants éditeurs français de la première moitié du XXème siècle, fut d'abord un adolescent qui faisait ses études à Louis le Grand où il se lia d'amitié avec un joyeux luron de son âge, Léon Daudet.

    Après qu'il eut fait son service militaire, son père l'engagea comme collaborateur et associé.

    Un jour, il alla trouver Alphonse Daudet, père de son ami, et lui offrit de l'éditer en fascicules à cinq centimes. Daudet accepta : l'idée de l'édition populaire d'auteurs vivants, telle que la reprendront au siècle suivant clubs et collections au format de poche, était née.

    Arthème - le fondateur - mourut en 1895. Son successeur souhaita continuer dans la voie de l'édition dite de grande diffusion. À une époque où les gloires littéraires de l'époque - Maurice Barrès, Marcel Prévost, Paul Bourget, Henry Bordeaux... - paraissaient en volumes à plus de trois francs, la grande littérature demeurait inabordable pour le grand public. Le projet d'Arthème Fayard fils consista donc à publier les grands contemporains en volumes à dix-neuf sous, mais pas au rabais, sous forme de vrais livres, élégants et illustrés. Ces auteurs fameux ne se vendaient alors qu'à quelques milliers d'exemplaires : Fayard leur proposait de les tirer à cent mille ! Le succès fut au rendez-vous. La cote des cent mille exemplaires se trouva dépassée pour chaque titre et les ventes grimpaient toujours. Barrès ne voulait pas croire qu'il eût dépassé, lui, les trois cent mille : cela ne s'était jamais vu.

    7 mai,toulouse,être suprême,robespierre,convention,seconde guerre mondiale,gorges du verdon,reims,tuileries,dien bien phu,indochine,dalloz,giapUn jour, Arthème Fayard eut ce  dialogue avec Jacques Bainville :

    • Vous devriez écrire pour moi une Histoire de France en un volume.
    • Mais je ne la connais pas. En tout cas, pas assez pour l'écrire.
    • Eh bien, apprenez-la !

    Le rédacteur de politique étrangère de L'Action française finit par rédiger le tome qui fut le premier de la série des Grandes Études historiques, collection dirigée par Pierre Gaxotte.

    Un employé de la maison calcula en 1947 qu'en empilant les deux millions et demi d'exemplaires de cette collection vendus jusqu'à cette année-là, on aurait atteint vingt fois l'altitude du Mont-Blanc.

    On n'a pas refait le calcul depuis lors, mais on peut supposer que le remplacement du Mont-Blanc par l'Éverest ne serait pas exagéré...

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     Constamment rééditée depuis sa parution en 1924, au sommaire du Catalogue du Livre de poche, l'Histoire de France de Bainville est traduite en huit langues : anglais, italien, espagnol, turc, finlandais (suomi), suédois, hongrois, polonais; l'édition anglaise est également disponible en braille.

     France info l'a présentée à ses auditeurs dans une petite chronique d'anthologie, de 2'19" : le journaliste, ce jour-là, en a déclaré la lecture "enthousiasmante", ajoutant, sans ambages :

    "...Autant vous le dire tout de suite : l'Histoire de France est un chef d'oeuvre ! Chef-d'oeuvre d'écriture, de grâce, de finesse... C'est presque du journalisme... Quand l'Histoire est plus contemporaine que jamais, c'est qu'un grand auteur est passé par là... Lisez donc l'Histoire de France de Jacques Bainville : c'est un petit bijou..." :

     

    France info présente L'Histoire de France de Jacques Bainville

     

    S'il est évidemment totalement vain - et même absurde - de prétendre dire quel est, ou quels sont, les meilleurs ouvrages de Bainville, il n'en demeure pas moins tout à fait sûr qu'avec son "Histoire de deux Peuples" (voir l'Éphéméride du 10 août) et son "Napoléon" (voir l'Éphéméride du 15 octobre, jour de sa parution) cette "Histoire de France" forme une trilogie qui, à elle seule, suffit à faire de Bainville l'un des plus grands historiens de tous les temps, peut-être même le plus grand...

  • Culture • L’excellence à la française a 250 ans

     

    Par Camille Pascal

    Camille Pascal fait partie de ces agrégés sachant écrire qui participent éminemment de cette excellence à la française menacée par les équarrisseurs égalitaristes aujourd'hui encore dominants. Le concours de l’agrégation, inauguré en 1766, fête cette année son 250e anniversaire. Camille Pascal rappelle ici opportunément qu'il n'est donc pas une création de la république mais de la monarchie française [Valeurs actuelles, 1.04].  LFAR

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngDeux siècles et demi après son inauguration, l’agrégation est plus que jamais dans la ligne de mire d’une administration égalitariste.

    Le concours de l’agrégation, inauguré en 1766, fête cette année son 250e anniversaire. Ceux qui pensaient que cette clé de voûte de notre méritocratie républicaine était une invention de Jules Ferry ou, à tout le moins, de Bonaparte, en seront pour leurs frais. L’agrégation est un héritage de l’Ancien Régime, finissant à une époque où l’esprit des Lumières inspirait au despotisme éclairé ses dernières réformes. L’expulsion des jésuites ayant laissé bien des collèges sans maîtres, il fallut les remplacer. L’idée de recruter des enseignants laïcs sur le modèle des mandarins chinois, soumis à un concours difficile, s’imposa. Cette « chinoiserie » à peu près contemporaine de la pagode de Chanteloup a, par la suite, survécu à tous les régimes au point de s’identifier à une République qu’elle a pourtant précédée. C’est ainsi que la figure de « l’agrégé sachant écrire » attachée à Jaurès ou à Pompidou est devenue une sorte de mythe de la vie politique française qui permet, de temps à autre, à un jeune agrégé d’échapper à sa classe pour partir à la conquête du pouvoir et de ses cimes plus ou moins enivrantes.

    Ces carrières aussi rares que fulgurantes masquent une réalité beaucoup moins légendaire. Si l’agrégation reste l’un des concours les plus exigeants au monde, elle est aujourd’hui la victime de l’égalitarisme absurde qui règne depuis bientôt un demi-siècle sur notre éducation nationale.

    Un agrégé de l’université — entendez par là un agrégé reçu au concours externe —, après avoir été soumis à une préparation intensive pendant une période qui peut compter plusieurs années, a non seulement démontré qu’il pouvait être un véritable spécialiste sur les diverses questions inscrites à son programme mais aussi un généraliste capable de faire la démonstration d’une profonde culture. En effet, et sans vouloir offenser quiconque, la leçon « hors programme » qui attend un « agrégatif » d’histoire ou de lettres classiques est à l’épreuve dit de « culture générale » de certains concours administratifs ce qu’une leçon inaugurale du Collège de France est au Jeu des mille francs.

    La France peut donc s’honorer d’avoir formé et de disposer d’un corps d’enseignants d’élite qui ne sont pas uniquement des « éducateurs » ou des « répétiteurs » mais de véritables intellectuels rompus à l’art de la synthèse autant que de l’analyse, et lestés d’une culture qui leur permet de transmettre le coeur de ce qui fait l’identité de notre civilisation et même de quelques autres !

    Pour prix de leurs capacités et de leurs mérites, les agrégés sont payés un salaire qui n’excédera jamais trois fois le Smic et, contrairement à leur statut, une grande partie d’entre eux reste cantonnée en collège par une administration qui se méfie d’eux. La vieille lune communiste qui rêvait d’un seul corps enseignant depuis le primaire jusqu’au lycée a la vie dure.

    À l’heure où la question de la transmission est au coeur du débat public, la France dispose d’une force qu’elle a décidé de sous-employer quand elle ne projette pas de la faire disparaître. Car ne doutons pas qu’après le latin et le grec les agrégés qui enseignent ces matières “bourgeoises” seront les prochains à se trouver inscrits sur la liste des équarrisseurs de l’excellence. 

     Camille Pascal  

  • Lu sur le Blog du CRAF : A propos de la manifestation du 18 juin, pour la langue française...

    Albert Salon est ancien ambassadeur, docteur d’état ès lettre et président de l’association : Avenir de la langue Française. Il a répondu aux questions d’Olivier Perceval pour L’Action Française 2000. Il nous présente également la journée du 18 juin pour la langue française.

    http://www.avenir-langue-francaise.fr/

     AVENIR DE LA LANGUE FRANCAISE.JPG

     

    L’AF 2000 – Quand avez vous établi votre premier constat du déclin du français ? Était-ce quand vous exerciez vos fonctions de diplomate ?

    Albert Salon – Ce fut bien avant, à la lecture de René Etiemble, Parlez-vous franglais ?

    J’ai eu d’abord des initiateurs et maîtres, surtout Philippe Rossillon, paladin de la francophonie, inspirateur de maintes institutions officielles et d’associations. Membre de Défense de la langue française depuis quarante ans, j’ai créé en 1992, avec Dominique Noguez et Dominique Gallet, Avenir de la langue française. Nous avons été à l’origine, avec nos amis parlementaires, de l’introduction de cette phrase dans la Constitution : « La langue de la République est le français » ; puis de l’avant-projet de ce qui devint, en août 1994, la loi Toubon ; enfin, en juillet 2008, de l’introduction de la Francophonie au titre XIV, article 87, de notre Constitution. Au fil des années, dans leur quasi-totalité, les associations concernées ont rejoint ce combat plus "politique", au sens noble. Elles agissent ensemble tandis que des mouvements de réflexion et des partis politiques les soutiennent partiellement. Chacun pourra le voir à la marche du 18 juin.

    Le français peut-il continuer de jouer le rôle qui fut le sien naguère, notamment dans le domaine des échanges commerciaux internationaux ?

    La principale puissance économique est ailleurs, même si notre économie et celles d’autres pays francophones sont loin d’être négligeables. Mais les empires s’écroulent. Celui qui nous étrangle aujourd’hui, avec l’aide déterminante de trop de nos élites, en France, comme au Québec ou ailleurs, est déjà en déclin, face à de grands rivaux. Il dépend des francophones – des Français au premier chef – de garder leur être, leur esprit, donc leur langue et les cultures qu’elle irrigue. Le français demeure promis a un grand avenir, si nous le voulons. La puissance économique n’est pas le seul facteur. La puissance culturelle est toujours là.

    La langue française, si elle était à nouveau pratiquée comme langue internationale, aurait-elle un impact sur les civilisations ?

    Elle reste internationale, ne serait-ce qu’au sein des soixante-quinze pays de la Francophonie organisée en communauté. Et bien des concepts, des philosophies, des marqueurs de civilisation, ont leur source dans le français. À nous de veiller à continuer de les formuler en français.

    Les Anglo-saxons sont-ils seuls responsables du recul de notre langue ? N’y a t-il pas, parmi nos "élites", des responsabilités actives qu’il convient de souligner ?

    Vous avez raison : le "peuple élu" des penseurs anglo-saxons – presque la "race élue" selon certains – est évidemment hégémonique, sans pitié pour les faibles et les vaincus, mais il est loin d’être seule responsable. Aussi est-ce bien surtout contre nos propres "élites" dévoyées que nous combattons. Nous dénonçons sans relâche la nouvelle "trahison des clercs".

    Quel esprit dominera la manifestation que vous organisez le 18 juin et qu’en attendez vous ?

     Nous exprimerons le refus passionné de l’hégémonie de toute langue sur la nôtre ; le rejet de la domination de la finance internationale sur les nations, les cultures, les langues ; la dénonciation d’une super-classe mondiale qui écrase tout ce qui n’est pas son intérêt, y compris ce qui nous est le plus sacré. Nous attendons un sursaut, un réveil du peuple, un coup d’arrêt au massacre, et demandons aux gouvernements francophones, d’abord au nôtre, d’organiser des états généraux de la langue française et de la Francophonie, un vrai grand débat avec toutes les forces vives de la nation. Venez tous, pour cette cause, pour un sursaut, marcher avec nous le samedi 18 juin ! Rassemblement à 14 h 30 au pied du Panthéon. C’est le moment de faire nombre et masse. Et merci de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vos lecteurs !

  • HISTOIRE • L’histoire militaire autrement

     

    Par Ludovic Greiling

    En mars 1918, en pleine guerre, les ingénieurs allemands de la compagnie Krupp réalisent une prouesse technologique : la projection d’un obus à plus de 120 kilomètres de son point de tir, à une époque où les canons les plus gros n’excédaient pas un rayon de 30 à 40 km, rappellent les éditions Pierre de Taillac dans un livre riche en iconographie.

    Pour se faire, ils inventent des tubes géants qui projettent les obus à 1500 mètres à la seconde, les font grimper jusqu’à 45 kilomètres d’altitude dans les couches raréfiées en gaz de l’atmosphère, puis les font retomber à un ou deux kilomètres près sur leurs objectifs.

    Prouesse technologique, impact mineur

    Le but de l’Etat-major allemand ? Atteindre la capitale et provoquer la panique dans Paris, en même temps qu’il décide de lancer des offensives qui enfoncent le front situé à une centaine de kilomètres.

    Si la percée allemande et les tirs des Paris Kannonen provoque le départ de près de 500 000 habitants à partir de mars 1918, la plupart des Parisiens demeurent sur place et s’habituent aux bombardements, dont le bilan s’avère limité : en quatre mois et demie, 320 projectiles auront frappé Paris et sa banlieue, provoquant la mort de 256 personnes et en blessant 625.

    Après la guerre, en dépit des efforts allemands pour garder secret les plans de cette arme unique, les services français recueilleront témoignages et documents révélant en partie les secrets de fabrication de la firme Krupp.

    Mais l’histoire de la balistique à très haute altitude ne s’arrête pas là.

    Dans les années 50 et 60, un brillant ingénieur canadien reprend l’idée et les plans des Paris Kannonen, et tente de concevoir pour les gouvernements canadiens puis américains des lanceurs de satellites à bas coût.

    Ces projets sont finalement abandonnés en Amérique du Nord, mais l’homme relance son activité en privé. Dans les années 80, il propose ses services à plusieurs gouvernements, dont l’Irak, ce qui provoquera les craintes du voisin israélien. Il sera mystérieusement assassiné par balles en mars 1990 à Uccle, une cité périphérique de Bruxelles.

    Au total, voici un livre rigoureux et bien écrit, brillamment illustré par les éditions Pierre de Taillac qui publie des photos exceptionnelles.  

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    Feu sur Paris ! L’histoire vraie de la Grosse Bertha, par Christophe Dutrône (éd. Pierre de Taillarc – 30 euros).

     

  • Antifa & Société • Action antifasciste Paris-Banlieue était connue des politiques et des médias

     

    Par Gabriel Robin

    Une fois de plus, un énorme bobard politico-médiatique éclate au grand jour. Qui se trouve ici analysé et, à juste titre, dénoncé [Boulevard Voltaire, 21.05]. On sait que la jeunesse d'Action française est régulièrement en butte aux violences de ces groupes, ressuscitant un une sorte de fascisme rouge groupusculaire et seulement dotés d'une réelle capacité de nuisance.   LFAR

     

    2008088630.jpegCinq jeunes hommes se trouvaient toujours, hier soir, en garde à vue dans les locaux du 2e district de police judicaire, soupçonnés de « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Ces militants de la gauche radicale, connus de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), ont agressé deux fonctionnaires de police, sans raison particulière autre que l’envie d’en découdre. Une jeune femme aurait même pu mourir brûlée par les flammes d’un fumigène si elle n’avait pas pu s’extraire à temps du véhicule.
     
    Qui étaient précisément les personnes aperçues sur la vidéo diffusée par BFM TV montrant l’assaut ? Des professionnels de la casse en bande organisée, les fameux « antifas ». Sans surprise, les émeutiers appartenaient à la nébuleuse gauchiste. Au moins deux des casseurs étaient des membres du collectif Action antifasciste Paris-Banlieue, ultra-médiatisé lors de la mort d’un de ses membres, Clément Méric.
     
    Antonin, issu de la grande bourgeoisie parisienne, descendant en ligne directe, lit-on dans la presse, de l’écrivain catholique Georges Bernanos, fait notamment partie des personnes interrogées, en compagnie de son frère aîné. Le jeune homme était interdit de manifester, jusqu’à ce que le tribunal administratif n’annule cette interdiction. Preuve d’amitiés bien placées ? Le tribunal administratif avait considéré que le préfet de police ne « produi[sai]t aucun élément permettant de retenir que [le suspect] a personnellement participé à ces dégradations et violences ».
     
    Les premiers responsables de l’impunité dont jouissent ces groupuscules para-terroristes sont les mouvements politiques de gauche, qui ont toujours été complaisants avec ce bras armé. Lors de l’affaire Méric, dramatique pour les deux parties mises en cause, les médias et les politiques se sont immédiatement rangés du côté des « antifas », sans respect pour la présomption d’innocence d’Esteban Morillo, lequel, de son côté, a toujours clamé avoir agi en état de légitime défense. En 2013, Antonin posait en photo lors de l’hommage rendu à son ami décédé au cours d’une bagarre. Son visage s’était même retrouvé dans les pages de plusieurs journaux…
     
    Jean-Luc Mélenchon parlait ainsi, à propos de ce fait divers, d’un « fait politique », sans jamais dénoncer la violence – pourtant de notoriété publique – du collectif Action antifasciste Paris-Banlieue. Pis : ils les défendait, et défendait une proximité avec cette mouvance. Logique, le Front de gauche ne peut pas se couper de sa base !
     
    Ce qui était attendu de la part de Jean-Luc Mélenchon l’était moins de la part du gouvernement, et même de l’UMP d’alors. Il faudra rappeler à Manuel Valls qu’il avait essayé de récupérer cette histoire pour diaboliser le Front national, qui n’était pas du tout impliqué, de près ou de loin.
     
    Plus savoureux encore, une partie de l’UMP parisienne, réunie autour de Nathalie Kosciusko-Morizet, s’était rendue à l’hommage rendu à Clément Méric, organisé par le collectif Action antifasciste Paris-Banlieue, et diffusé en direct par la chaîne BFM TV ! NKM, la super bobo, a-t-elle aussi crié « ¡No pasarán! » ?
     
    Une fois de plus, un énorme bobard politico-médiatique éclate au grand jour. Non, les « antifas » ne sont pas des anges, mais des petits nervis qui rêvent du Grand Soir en se donnant le frisson dans la rue. Il est temps de les mettre hors d’état de nuire. Il est aussi temps de dénoncer les liens profonds que les partis de gauche entretiennent avec ces idéalistes factieux, longtemps manipulés par leurs aînés pour accomplir la basse besogne contre les patriotes. 

    juriste

     
  • Identité française: un sursaut est-il encore possible ?, par Nicolas Lévine.

    Incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019 © Diana Ayanna/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22325038_000006

    Source : https://www.causeur.fr/

    Il y a coïncidence entre l’écroulement de notre culture et celui de l’Église.

    A un an d’intervalle, des incendies ont ravagé Notre-Dame de Paris puis la cathédrale de Nantes. Les réactions à ces drames ont démontré notre profond malaise identitaire. Alors qu’un changement de peuple est en train de s’opérer, le catholicisme peut-il renaître de ses cendres?

    Qu’est-ce que la République en France ? C’est la IIIème. Qu’est-ce que la IIIème République ? Une alliance des minorités franc-maçonne, protestante et, dans une moindre mesure, juive contre les masses catholiques qui étaient aussi, du moins jusque dans les années 1880, monarchistes. Pour les hommes qui ont bâti ce régime, la laïcité devait rompre définitivement le lien qui unissait la nation à l’Eglise ; la loi de 1905, promulguée dans un climat délétère, contre la volonté d’un peuple encore très majoritairement attaché à sa religion, fit du catholicisme un culte parmi d’autres dans la désormais « patrie des droits de l’homme » issue d’une déclaration abstraite et léguée par le Grand Architecte.

    Disons-le tout net : l’Eglise en France n’a pas volé le triste destin qui est le sien aujourd’hui. En tant qu’institution, elle œuvre sans relâche, avec une admirable constance, à sa propre destruction

    On ne peut pas comprendre la médiocrité – quand ce n’est pas carrément l’absence – des réactions de notre personnel politique face aux permanents actes anti-chrétiens si l’on oublie que la République s’est construite contre l’Eglise. Pour parler comme les libéraux, c’est son « logiciel », dans son « ADN ». Un an avant la loi de 1905, l’affaire des fiches révélait, au sein de l’armée, un vaste système de fichage – commandé par le ministère – visant à brider l’avancement des officiers catholiques. Cependant que les anticléricaux, athées, libre-penseurs en tout genre menaient virilement le combat culturel dans les gazettes et les écoles, l’Etat expulsait les congrégations, soutenait les loges et, donc, abattait enfin « l’infâme ». On le sait, durant une génération, l’Eglise tenta de résister, cherchant un modus vivendi avec la République qui la haïssait. Mais, après le catholicisme social d’un Lamennais qui était un aberrant compromis avec l’air du temps, l’affreux sulpicianisme dans lequel elle sombrait à la veille de la guerre disait combien elle manquait déjà de chair. Elle se soumit et commença à produire un nouveau genre de catholiques, honteux, plus obsédés par les œuvres que par leur salut. Victorieuse, la République s’amusait des querelles qui animaient son ancienne ennemie héréditaire.

    Triste destin et sursaut d’absolu

    Cela dit, il y avait les fidèles, qui continuaient de se rendre à la messe. En 2018, dans Comment notre monde a cessé d’être chrétien, l’historien Guillaume Cuchet démontrait comment, jusqu’au début des années 1960, les églises étaient encore pleines ; c’est à ce moment-là, en quelques années seulement, qu’elles se vidèrent. Les enfants du baby-boom furent donc les premiers à refuser le rituel. Parce que leurs parents furent également les premiers à ne plus les y contraindre. Vatican II, qui est l’introduction de l’esprit du protestantisme dans l’Eglise, justifia ce reniement en promouvant la liberté de conscience. En réduisant pour ainsi dire la foi à une affaire personnelle, ce concile péteux, cornaqué par des personnes extérieures à l’Eglise, fut un prodigieux accélérateur du déclin de celle-ci. Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes ; c’est en suivant ce principe que, durant deux millénaires, l’Eglise put traverser cent hérésies et révolutions ; en s’arrimant au monde par peur de se l’aliéner, elle perdit sa force, sa grandeur et son charme. De nos jours, il n’y a plus que dans certains monastères et dans le mouvement dit traditionnaliste que l’on trouve encore des clercs érudits, souriants, combattifs, plus préoccupés par les âmes du peuple de Dieu que par le sort des migrants et avec qui l’on peut prier sans être perturbé par d’immondes dessins d’enfants ou des chants qu’on dirait écrits par une chaisière fan de Calogero.

    Disons-le tout net : l’Eglise en France n’a pas volé le triste destin qui est le sien aujourd’hui. En tant qu’institution, elle œuvre sans relâche, avec une admirable constance, à sa propre destruction. Face à l’effondrement de la pratique religieuse, elle continue de servir la soupe insipide qui fait fuir tant de jeunes gens qui, à un âge où l’on est souvent saisi par un magnifique sursaut d’absolu, préfèrent logiquement se tourner vers d’autres religions, à commencer bien sûr par l’islam. La crise des vocations, elle, découle directement du célibat des prêtres devenu insupportable non pas du fait de tentations plus nombreuses mais de l’acceptation de ces dernières, d’une miséricorde mal comprise et encore plus mal professée. Comme l’Eglise réformée dont elle suit le pathétique chemin, l’Eglise catholique se transforme en une sorte d’association où, le dimanche, par habitude plus que par conviction, des CSP+ hagards viennent prendre leur dose hebdomadaire d’« humanisme » en écoutant beugler de girondes Africaines évadées de Sister Act. Tous les fidèles ou presque commettent ce qui, pour le saint curé d’Ars, était un grave péché : en public, ils n’osent jamais affirmer leur foi, et vont même jusqu’à rire d’elle avec les autres afin de ne pas être ce « signe de contradiction » qui est pourtant leur glorieuse croix. En vérité, rejoindre l’Eglise réclame bien du courage. Dans la plupart des paroisses, surtout les progressistes, on décourage le catéchumène, on lui demande de « bien réfléchir », on lui dit qu’il devra être patient, trouver un parrain, remplir un CERFA. Il devra en outre entendre ses coreligionnaires lui expliquer que la Résurrection est une « métaphore », comme l’est la virginité de Marie, et que l’eucharistie est un « moment de partage » à l’instar des « goûters » organisés chaque mois par Elisabeth, « la maman de Sixtine ». Pour se faire accepter par « la communauté paroissiale », il faudra moins faire oraison qu’apporter des vêtements pour les Roms. Si, malgré ces nombreux écueils, le postulant s’obstine, il devra ensuite errer longtemps avant de trouver une église correcte, où le curé ne versera pas, pour composer ses homélies, dans la paraphrase ou l’apologie d’SOS Méditerranée.

    Les actes anti-chrétiens sont à peine relevés, en général en dernière page des journaux gratuits!

    Sans cesse moquée sur l’antenne de Radio Paris, pardon, France Inter et ses humoristes « impertinents » payés par nos impôts, décrite comme une réserve de pédophiles, d’abrutis qui croient que la Terre est plate et d’obscurantistes qui ont brûlé par millions ces « femmes libres » que l’on appelait autrefois sorcières, l’Eglise baisse la tête. Pire ! non contente d’accepter les insultes, elle promeut le changement de peuple avec un enthousiasme digne des Verts ou de RESF. En effet, il ne se passe pas un mois sans que la Conférence des évêques de France ne se fende d’un communiqué en faveur de l’accueil des hordes de miséreux, pour la plupart musulmans, qui se pressent aux portes de l’Europe. Elle croit ainsi être charitable alors qu’elle contribue à l’ensauvagement du continent ; d’en être victime, elle et ses fidèles, ne la perturbe pas. Pas plus que ne le font les actes qui visent ses cimetières et ses lieux de culte. Car si chaque lardon lancé contre une mosquée et chaque croix gammée dessinée sur une tombe juive engendre un drame national avec ministres qui se dépêchent sur place afin d’exprimer la « solidarité » de la République et promettre de nouvelles lois pour « lutter contre la haine », les actes anti-chrétiens, eux, sont à peine relevés, en général en dernière page des journaux gratuits. Or, ces derniers sont de très loin les plus nombreux – à hauteur de 90%, pour être précis. Tombes souillées par des métaleux « satanistes » en fin de soirée, sacristies incendiées par des punks à chien ayant abusé de la 8.6, objets liturgiques volés partout et en particulier dans les petites églises laissées à l’abandon : ce vandalisme-là n’indigne personne, pas même l’Eglise qui semble tétanisée.

    Le brasier de Notre-Dame

    Il y a un an de cela brûlait Notre-Dame de Paris. Là, pour le coup, il s’agissait d’un « événement ». Les profanes apprirent à cette occasion que l’entretien des lieux de culte chrétiens, du moins ceux bâtis avant la loi de 1905, étaient à la charge de l’Etat. Et que celui-ci, radin, comptait chaque sou. Considérées comme des monuments historiques au même titre que la maison de vacances de Sarah Bernhardt ou quelque baisodrome d’Alexandre Dumas, les églises ne jouissaient, dans le PLF 2019, que d’une partie des 346 millions d’euros dédiés par le ministère de la Culture à la sauvegarde de ces mêmes monuments, soit à peine 10% du budget de ce dernier. Tous les spécialistes s’accordent à dire que cette somme est dérisoire ; pour l’Etat républicain, il est de toute évidence plus important de subventionner les cracheurs de feu et les lanceurs de diabolo que de rénover ces endroits étranges où des gens bizarres vénèrent un Juif cloué sur une croix.

    C’est très clairement dans les années 1960 que la France a commencé à ne plus être la France

    L’« émotion » parfaitement artificielle que cet incendie a produite dans les médias – un peu à la manière du saccage de l’Arc de Triomphe durant le mouvement des Gilets jaunes – disait moins, en tout cas chez les politiques, le chagrin de voir fondre la mère des cathédrales du pays que celui de perdre une fraction de ces dizaines de millions de touristes sans lesquels la France ne serait plus le bronze-cul de l’Europe et le musée du monde. D’ailleurs, l’attentif aura remarqué que, dans la langue politico-journalistique, Notre-Dame était appelée « monument » ; sa qualité d’église était secondaire et même accessoire ; à travers ce spectaculaire brasier, c’étaient pour les revenus tirés du patrimoine qu’éditocrates, économistes et parlementaires pleuraient. Certes, il y eut bien quelques brefs « sujets » sur des catholiques à serre-tête qui, à l’instar des impuissants « Veilleurs » de la Manif pour Tous, faisaient leur chapelet à Saint-Michel. Mais ils ne firent rien d’autre, animés par un fatalisme que leur envient les bouddhistes auxquels ces vétérans des JMJ et de Taizé ressemblent tant sans le savoir.

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    A Nantes, des policiers empêchent l’approche de la cathédrale en feu, samedi 18 juillet 2020 © Laetitia Notarianni/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22474389_000011

    Le 18 juillet, c’était au tour de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de cramer. La multiplicité des foyers d’incendie oriente les enquêteurs vers un acte criminel. Un migrant rwandais, hébergé par le diocèse, fut d’ailleurs suspecté avant d’être renvoyé dans la nature ; entre-temps, son avocat, malin au sens propre du terme, exigea que l’Eglise fasse preuve, si son client était bien coupable, de « miséricorde », la « communauté catholique » étant à ses yeux « la meilleure » en la matière – si par miséricorde on entend faiblesse et même lâcheté, c’est très vrai. Infiniment moins célèbre et lucrative que Notre-Dame, la cathédrale de Nantes fut du reste rapidement chassée de l’actualité par la saison II de la série Tous à la maison et le retour du string-ficelle sur les plages. Quatre jours après, l’affaire est déjà oubliée. Par la voix du nouveau Premier ministre, ce pauvre Jean Castex qui nous ramène aux heures les plus sombres de la IVe République, l’Etat s’est engagé à réparer les dégâts comme l’avait fait, avec son emphase coutumière, Macron pour Notre-Dame. Je n’ai pas vérifié, je le confesse, mais je parie que, face à cet énième sacrilège, l’Eglise s’est contentée de pondre une déploration sans âme, « équilibrée », qui n’accuse personne et ne réclame rien, et qui doit même remercier, en plus des vaillants pompiers, les autorités venues pour une fois soutenir les catholiques en tant que minorité.

    Notre culture brûle aussi

    A l’heure où une jeune aide-soignante lyonnaise, certaine Axelle, vient de mourir sous les coups de la « diversité », il convient de noter qu’il y a coïncidence entre l’écroulement de notre culture et celui de l’Eglise. C’est très clairement dans les années 1960 que la France a commencé à ne plus être la France. L’immigration africaine de masse, l’internationalisme socialo-communiste, la construction européenne, la sous-culture américaine, la colère des petits-bourgeois libertaires s’allient alors pour nous faire basculer dans une autre temporalité, un autre paradigme. On assiste à une grande inversion des valeurs. Comme une digue, l’Eglise contenait ce mouvement ; en tombant, elle entraîne le pays dans sa chute. Car comme l’écrit Malraux, une « civilisation est tout ce qui s’agrège autour d’une religion ». C’est le catholicisme qui a fait la France, modelé ses mœurs et forgé ses coutumes. Le principe libéral selon lequel une société tient par le contrat est un échec total, hormis pour de rares privilégiés qui, dans leur Aventin de Montreuil, profitent égoïstement des fruits de leurs idéaux cependant que le peuple, lui, vit dans une constante insécurité culturelle et une insécurité tout court. La nature ayant, bien entendu, horreur du vide, l’islam, par le truchement du regroupement familial et d’une natalité exubérante d’abord, vient remplacer le catholicisme. Et ce ne sont pas les risibles « valeurs de la République » qui vont l’en empêcher ; au contraire, elles se mettent à son service. Durant cinq décennies, les libéraux ont cru que les musulmans finiraient par apostasier, par se convertir eux aussi à la poursuite du bonheur, c’est-à-dire au néant ; désormais, en plus de ceux qui continuent d’y croire contre toute évidence, contre les faits – mais il est vrai que le réel ne les intéresse, que pour eux le faux est un moment du vrai – nombre d’entre eux s’accommodent de l’islamisation du pays et la subséquente violence qu’elle engendre. Ces derniers sont comme le personnage principal du Soumission de Houellebecq : ils font avec, convaincus en leur for intérieur, comme tout bon libéral qui se respecte, que tout change, évolue, qu’il faut s’adapter, et que l’on n’y peut rien.

    Seule la tradition est révolutionnaire, n’est-ce pas. Il ne saurait y avoir de reconquête sans réveil de l’Eglise – n’en déplaise à l’excellent Michel Onfray. Ceux qui, dans notre camp, prétendent que nous pourrons nous en sortir sans sueur et sans larmes sont soit d’une naïveté criminelle, soit des imbéciles, soit des pleutres. Français, combien d’entre vous devront mourir avant que vous le compreniez ?

  • Histoire & Actualité • Éric Zemmour : « René Grousset, cet historien d'antan qui parle de nous »

    René Grousset, « un immense historien »

     

    Par Eric Zemmour

    CHRONIQUE - A propos d'une histoire universelle écrite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par un immense historien. La réédition bienvenue d'un chef-d'œuvre lumineux [Le Figaro - 14.12.2016]. Zemmour la commente en la comparant aux réalités et aux idées en vogue aujourd'hui. Passionnant. LFAR

     

    1245093644.2.jpgL'histoire monde est à la mode. Nos historiens contemporains jouent à saute-mouton avec les frontières, les civilisations et les époques. Entre mépris du « roman national » et adaptation à la mondialisation, leur démarche se veut transgressive et se croit originale. Ils nous trompent et se trompent. Leurs prédécesseurs ne les ont pas attendus. On se souvient bien sûr de la somptueuse histoire du capitalisme de Fernand Braudel. Moins connu, mais non moins talentueux, René Grousset nous a légué, lui aussi, une histoire universelle, mais où le politique et le culturel sont privilégiés. Elle est écrite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce qui explique sans doute l'impression crépusculaire de fin du monde qui s'exprime dans le titre choisi : bilan de l'histoire.

    Cette réédition est fort judicieuse. On a toujours intérêt à lire les historiens des temps passés. Il n'y a pas de progrès en histoire, seulement de nouvelles approches, répondant aux questions que les contemporains se posent. Les textes des grands historiens du passé sont en eux-mêmes une borne historique. Leur prose claire et élégante fait honneur à la langue française, et honte au jargon abscons et prétentieux des universitaires d'aujourd'hui. Leur liberté de ton et d'expression leur donne rétrospectivement une allure iconoclaste à nos yeux et nos esprits hantés par les menaces judiciaires du politiquement correct.

    René Grousset serait aujourd'hui accusé d'islamophobie, car il ne fait aucune distinction entre islam et islamisme ; de germanophobie quand il analyse l'histoire allemande comme le retour récurrent « des mauvais rêves qui montent par moments de son tempérament de demi-barbare à son cerveau de civilisée » ; ou encore de complotisme, lorsqu'il explique les motivations avant tout commerciales de l'entrée en guerre des États-Unis du président Roosevelt : « Mais les marchés se fermaient. L'autarcie allemande, l'autarcie soviétique, l'autarcie japonaise… posaient à l'hôte de la Maison-Blanche les plus graves problèmes. » Il serait cloué au pilori par toute l'Université française pour son plaidoyer pourtant fort convaincant sur les Croisades.

    René Grousset est tout pourtant sauf un franchouillard borné. Ayant rejoint le général de Gaulle à Londres, il ne dissimule pas sa gratitude envers « nos amis » anglais et américains ; même le régime stalinien de l'URSS est gratifié d'un éloge qui sonne curieusement à nos oreilles nourries d’antitotalitarisme : « un régime qui donne en stabilité, une continuité d'action, tout ce qu'on recherchait naguère en régime monarchique. » René Grousset fut par ailleurs conservateur en chef des musées Guimet et Cernuschi ; et a voué une grande part de son œuvre à la connaissance des cultures orientales.

    Un fou d'Asie, de son histoire, de son art, de sa civilisation, à la manière d'un Chirac mais qui ne se sentirait pas obligé de renier les racines chrétiennes de la France et de l'Europe. Au contraire. Il n'hésite pas à présenter les religions asiatiques comme un christianisme inachevé : « La spiritualité des foules d'Asie et le mérite de leur enquête philosophique restent immenses, leurs virtualités chrétiennes infinies. » On comprend mieux en le lisant l'essor des spiritualités indiennes parmi la jeunesse occidentale des années 1960, et la progression des conversions au catholicisme dans la Chine d'aujourd'hui.

    Grousset est un esprit universel justement parce qu'il est français : « qu’il s'agisse de Bossuet ou de Voltaire, notre esprit classique, suivant les habitudes cartésiennes qui constituent son intime essence, simplifie pour mieux comprendre, et, pour être sûr de dominer le réel, le ramène d'office à l'aspect le plus général… l'esprit français légifère dans l'universel. » Pour le meilleur et pour le pire.

    Avec notre auteur, c'est pour le meilleur et sa capacité de dégager des lois historiques qui valent pour tous les pays et tous les temps : « À bien lire l'Histoire, aucune civilisation n'est détruite du dehors sans s'être tout d'abord ruinée elle-même, aucun empire n'est conquis de l'extérieur, qu'il ne se soit préalablement suicidé. »

    Grousset est un adepte de la « théorie des grands siècles » : chaque nation incarne successivement l'esprit du temps et donne alors ce qu'elle a de meilleur. Puis passe le relais à d'autres, quand le temps du déclin est venu. La France a eu le privilège d'avoir deux grands siècles : le XIIIe et le XVIIe. Et « nos deux plus grands siècles nationaux sont ceux où la discipline latine a été chez nous la plus forte ». On transmettra à Najat Vallaud-Belkacem…

    Notre auteur n'a pas attendu Huntington pour raisonner en termes de conflits de civilisations. Et son explication par les décalages chronologiques parle étonnamment à notre époque : « L’islam date ses éphémérides du quatorzième siècle de l'Hégire, et il est exact que nombre de ses fidèles vivent encore à l'époque de notre trecento… ce décalage chronologique constitue pour l'humanité le plus grave péril. La plupart de nos malheurs viennent de ce que les peuples, ne vivant pas à la même époque, n'obéissent pas ni à la même logique, ni à la même morale. Combien de guerres a causées ce dénivellement culturel !»

    Grousset n'a pas non plus attendu les théoriciens du « monde plat » pour déceler les virtualités unificatrices et belliqueuses à la fois de la technique : « Tous les peuples désormais se touchent… des peuples que nous venons de voir séparés par des abîmes psychologiques et culturels devront vivre en étroite symbiose, cohabiter dans une maison commune aux parois soudain resserrées, aux cloisons abattues. »

    Même la menace du réchauffement climatique ne lui est pas inconnue, qu'il nomme poétiquement « lente saharification de la planète ».

    René Grousset n'est pas un prophète ; seulement un grand historien. Un esprit universel, mais enraciné. Une âme ouverte sur toutes les spiritualités de l'univers mais qui reste un chrétien. Une race d'hommes disparue. 

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    Bilan de l'histoire. René Grousset, Desclée de Brouwer, 387 p., 20,90 € 

    Eric Zemmour

  • ”Une mission politique de redressement national” : Politique magazine a choisi Jeanne d'Arc, son action, sa leçon politi

     ( Le Site de Politique magazine ) 

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            Voici l'Editorial de ce numéro 109 (juillet/août 2012) , par Jean-Baptiste d'Albaret : Politicien ou homme d’état :

            L'histoire ressemble à un triomphe pour François Hollande. Le parti socialiste qui disposait déjà de la quasi-totalité des régions, des départements et des grandes villes, contrôle désormais l’Assemblée nationale. Avec le Sénat, ce sont les deux piliers du pouvoir législatif qui viennent renforcer le pouvoir exécutif qu’il détient déjà. Ajoutons-y le soutien indéfectible de « l’élite » intellectuelle et de l’immense majorité des médias qui n’a pas ménagé sa peine pour favoriser cette situation inédite sous la Ve République et nous voilà vraiment dans « l’omnipotence » tant dénoncée lors du quinquennat précédent ! Que cette majorité absolue à l’Assemblée nationale ait été obtenue avec un taux de participation « historiquement bas », c’est-à-dire bâtie sur un socle électoral en réalité minoritaire, n’a pas tempéré l’admiration générale dont continue de bénéficier le gouvernement Ayrault dans la France « d’en haut ». Mais ce défaut de représentation et de représentativité qui est le mal qui ronge la vie politique française depuis longtemps déjà, est, en soi, l’annonce des difficultés futures… La France réelle étant absente dans cette combinaison gouvernementale, elle s’en sentira fort peu solidaire. Cette simple « possibilité » d’un retournement de l’opinion devrait d’ailleurs conduire les uns et les autres à mesurer leurs commentaires triomphaux.

            Tout « président normal » qu’il prétende être, Hollande ne devrait pas oublier qu’il est le plus exposé parce qu’il est en position de responsabilité effective et qu’il sera fatalement tenu pour responsable de tout. Après le temps des promesses et de la démagogie électoralistes, viendra le temps des réalités. Et la première des réalités, c’est que, si le gouvernement Ayrault applique le programme Hollande, il ne faudra pas six mois pour que la France se trouve « dans le mur ». Mais le souhaite-t-il vraiment ?

            Adepte de l’ambiguïté permanente, qui est chez lui un mode de gouvernement, le nouveau locataire de l’élysée semble plutôt vouloir pratiquer une politique de demi-mesures qui ne satisfera personne (Smic, retraites…). Ni les marchés financiers dont la France a un besoin vital dans l’état calamiteux où elle se trouve avec des dépenses publiques incontrôlées, un taux de prélèvement parmi les plus élevés au monde et des déficits abyssaux ; ni, évidemment, les « partenaires sociaux », dont l’appétit a été aiguisé par les promesses démagogiques du P.S. lors des élections présidentielles et législatives. Les syndicats, qui ont déjà prévenu qu’ils ne prendraient pas des vessies pour des lanternes, l’attendent au tournant. Et quid de Mélenchon et des « alliés » verts ?

            De fait, alors qu’aucun président de la Ve République n’a eu autant de pouvoir sur le plan politique, la marge de manœuvre économique, financière et sociale du nouveau gouvernement n’a jamais été aussi mince. Pour sauver l’euro dont il n’envisage pas la possible fin, on voit mal comment le président français ne pourrait pas se résoudre à une intégration économique sous tutelle allemande et renoncer ainsi à son rêve d’une politique de relance fondée sur la dépense publique. Et mettre en œuvre, sous des faux airs de « justice sociale », une politique d’austérité !

           Pris en tenaille entre la fermeté allemande et son programme constitué de promesses d’une manne chaque jour renouvelée, Hollande va peu à peu apparaître pour ce qu’il est réellement : un homme de discours, sans envergure politique, sans appréhension de la réalité du monde, sans projet pour la France, sans légitimité profonde. Un politicien aux capacités limitées et pas le chef qu’il faudrait au pays dans les épreuves qu’il va traverser. La pathétique « affaire du tweet » de Valérie Trierweiler l’a démontré. L’homme ni son entourage ne sont et ne seront à la hauteur.

            Faut-il désespérer ? L’histoire de France nous l’interdit. Le six-centième anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, que les autorités ne prennent plus la peine de fêter, permet à Politique magazine dans son numéro d’été de proposer une réflexion sur le sens de sa mission qui fut essentiellement politique, ce qui n’est jamais souligné. Jeanne n’a pourtant cessé de répéter ce qu’elle était venu faire : restaurer l’autorité et la légitimité en sacrant le roi Charles VII à Reims. Au-delà de sa sainteté – elle fut canonisée par Benoît XV en 1920 – et de son génie militaire, Jeanne, par son action, a ramené la paix et la prospérité civiles dans une France déchirée par mille factions. Une France qui, après le sacre, « retrouvait avec sa monarchie, la condition de son indépendance et l’instrument de son salut », disait Bainville. C’est en cela que Jeanne d’Arc accomplit avant tout une mission politique de redressement national.