Lu sur le Blog du CRAF : A propos de la manifestation du 18 juin, pour la langue française...
Albert Salon est ancien ambassadeur, docteur d’état ès lettre et président de l’association : Avenir de la langue Française. Il a répondu aux questions d’Olivier Perceval pour L’Action Française 2000. Il nous présente également la journée du 18 juin pour la langue française.
http://www.avenir-langue-francaise.fr/
L’AF 2000 – Quand avez vous établi votre premier constat du déclin du français ? Était-ce quand vous exerciez vos fonctions de diplomate ?
Albert Salon – Ce fut bien avant, à la lecture de René Etiemble, Parlez-vous franglais ?
J’ai eu d’abord des initiateurs et maîtres, surtout Philippe Rossillon, paladin de la francophonie, inspirateur de maintes institutions officielles et d’associations. Membre de Défense de la langue française depuis quarante ans, j’ai créé en 1992, avec Dominique Noguez et Dominique Gallet, Avenir de la langue française. Nous avons été à l’origine, avec nos amis parlementaires, de l’introduction de cette phrase dans la Constitution : « La langue de la République est le français » ; puis de l’avant-projet de ce qui devint, en août 1994, la loi Toubon ; enfin, en juillet 2008, de l’introduction de la Francophonie au titre XIV, article 87, de notre Constitution. Au fil des années, dans leur quasi-totalité, les associations concernées ont rejoint ce combat plus "politique", au sens noble. Elles agissent ensemble tandis que des mouvements de réflexion et des partis politiques les soutiennent partiellement. Chacun pourra le voir à la marche du 18 juin.
Le français peut-il continuer de jouer le rôle qui fut le sien naguère, notamment dans le domaine des échanges commerciaux internationaux ?
La principale puissance économique est ailleurs, même si notre économie et celles d’autres pays francophones sont loin d’être négligeables. Mais les empires s’écroulent. Celui qui nous étrangle aujourd’hui, avec l’aide déterminante de trop de nos élites, en France, comme au Québec ou ailleurs, est déjà en déclin, face à de grands rivaux. Il dépend des francophones – des Français au premier chef – de garder leur être, leur esprit, donc leur langue et les cultures qu’elle irrigue. Le français demeure promis a un grand avenir, si nous le voulons. La puissance économique n’est pas le seul facteur. La puissance culturelle est toujours là.
La langue française, si elle était à nouveau pratiquée comme langue internationale, aurait-elle un impact sur les civilisations ?
Elle reste internationale, ne serait-ce qu’au sein des soixante-quinze pays de la Francophonie organisée en communauté. Et bien des concepts, des philosophies, des marqueurs de civilisation, ont leur source dans le français. À nous de veiller à continuer de les formuler en français.
Les Anglo-saxons sont-ils seuls responsables du recul de notre langue ? N’y a t-il pas, parmi nos "élites", des responsabilités actives qu’il convient de souligner ?
Vous avez raison : le "peuple élu" des penseurs anglo-saxons – presque la "race élue" selon certains – est évidemment hégémonique, sans pitié pour les faibles et les vaincus, mais il est loin d’être seule responsable. Aussi est-ce bien surtout contre nos propres "élites" dévoyées que nous combattons. Nous dénonçons sans relâche la nouvelle "trahison des clercs".
Quel esprit dominera la manifestation que vous organisez le 18 juin et qu’en attendez vous ?
Nous exprimerons le refus passionné de l’hégémonie de toute langue sur la nôtre ; le rejet de la domination de la finance internationale sur les nations, les cultures, les langues ; la dénonciation d’une super-classe mondiale qui écrase tout ce qui n’est pas son intérêt, y compris ce qui nous est le plus sacré. Nous attendons un sursaut, un réveil du peuple, un coup d’arrêt au massacre, et demandons aux gouvernements francophones, d’abord au nôtre, d’organiser des états généraux de la langue française et de la Francophonie, un vrai grand débat avec toutes les forces vives de la nation. Venez tous, pour cette cause, pour un sursaut, marcher avec nous le samedi 18 juin ! Rassemblement à 14 h 30 au pied du Panthéon. C’est le moment de faire nombre et masse. Et merci de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vos lecteurs !