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À la découverte de huit français(e)s "illustres et méconnus"...

28 février 2007/28 février 2021 : lafautearousseau fête ses quatorze ans !

Pour célébrer cet évènement d'une façon un peu originale, nous avons choisi d'extraire huit passage de nos Éphémérides, qui vous emmèneront, pendant une semaine, à la découverte de huit personnes éminentes de notre Histoire mais qui, pourtant, sont peu ou pas du tout connues, du moins du grand public...

Aujourd'hui (3/7) : Jean-Baptiste Ducasse...

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14 ans ! Un anniversaire célébré en rappelant nos Racines, notre Culture, notre Histoire et ceux qui l'ont faite : Frédéric Mistral ne disait-il pas "Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut" ?...

(Extrait de notre Ephéméride du 1er juin

 

1711 : Jean-Baptiste Ducasse est fait Commandeur de l'Ordre de Saint Louis

 

Pour François Bluche, Jean-Baptiste Ducasse est "le plus méconnu des Français illustres".

Raison de plus pour lui rendre, dans ces Éphémérides, l'hommage qu'il mérite largement : qu'on en juge, par ce court passage du Louis XIV, de François Bluche (pages 828/829), racontant quelques uns de ses exploits lors de la terrible Guerre de Succession d'Espagne... : 

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"...A l'escorte des galions de Sa Majesté Catholique, un homme est particulièrement attaché : c'est Jean-Baptiste Ducasse. Tour à tour chef de flibustiers, gouverneur pour le Roi à Saint Domingue, marchand, négrier, capitaine de vaisseau à quarante-sept ans, chef d'escadre à cinquante-cinq, lieutenant-général à soixante et un ans, directeur de la Compagnie de Guinée ou de l'asiento, capitaine général pour le roi d'Espagne, enfin chevalier de la Toison d'Or (ci dessus), cet officier de fortune originaire du pays Basque, né dans la bourgeoisie petite ou moyenne, cet homme dont la vie inspirerait plusieurs romans d'aventures, se trouve être à la fois "un des chefs les plus brillants de la marine de Louis XIV", et le plus méconnu des Français illustres. En 1702, il a  vaincu à Santa Martha l'escadre de Benbow, l'amiral anglais. En 1703, trompant les croisières britanniques, il rapporte de Carthagène des Indes à La Rochelle 300.000 piastres, don de Philippe V à son grand-père. Sa croisière d'aller lui avait fait transporter en Amérique des soldats espagnols destinés à la défense des places. En 1704, il commande une division à Velez-Malaga. Le 28 octobre 1707, Dangeau note : "On mande de Brest que Ducasse a mis à la voile pour aller quérir les galions dans l'Amérique, et les escorter en Espagne ou en France". Et, le 1er septembre suivant : "Le Roi apprit à son lever, par un officier de la marine, que M. de Pontet lui amena, que M. Ducasse était lundi dernier au port du Passage avec la flotte du Mexique, riche de quarante à cinquante millions en argent, sans compter pour environ dix millions de ce que les espagnols appellent los frutos, qui sont toutes choses dont le débit est facile."  Et de décider, sur le conseil de Desmarets, d'approvisionner aussitôt tous les hôtels des monnaies de France pour frapper des écus. 26 juin 1709, Dangeau note encore : "Ducasse, avec sept vaisseaux de guerre qu'on arme en diligence à Brest, sera prêt à la fin du mois qui vient pour conduire à Lima le nouveau vice-roi du Pérou." Le 30 décembre 1710 : "M. Ducasse va partir pour Brest, où il trouvera trois ou quatre vaisseaux du Roi prêts à faire voile. On ne doute pas qu'il n'aille à Carthagène, pour en ramener les galions." Le 1er juin 1711, Louis XIV fait Ducasse Commandeur de l'Ordre de Saint Louis (ci dessous). En mars 1712, Ducasse a ramené à La Corogne une nouvelle division de galions : il n'a pas volé sa toison d'or !

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Si la guerre de  succession prend en 1712 un tour favorable à la maison des Bourbons, c'est d'abord parce que l'habile Ducasse a gagné la bataille des convois. Le même phénomène se reproduira, mutatis mutandis, au XXème siècle. Quel fut le tournant de la seconde guerre mondiale, le début de la victoire alliée ? Le 31 janvier 1943, jour de la capitulation à Stalingrad du maréchal von Paulus ? Ou plutôt, ces mois qui vont de mai en août suivant, qui voient tourner au profit des alliés la bataille de l'Atlantique : quand cent sous-marins allemands sont coulés en cent-vingt jours; quand en août lesdits sous-marins ne détruisent que 96.000 tonnes marchandes, contre un million au mois de mars ?  Cette excursion hors du Grand Siècle n'est pas digression mais analogie à but explicatif.

L'histoire est quelquefois un recommencement..."        

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Jean-Baptiste Ducasse, par Hyacinthe Rigaud (château de Josselin)

 

Saint-Simon, qui a généralement la dent dure, trace de Ducasse ce portrait flatteur dans ses Mémoires (1857, page 323) :

"...Ducasse mourut fort âgé, et plus cassé encore de fatigues et de blessures. Il étoit fils d'un vendeur de jambons de Bayonne, et de ce pays là où ils sont assez volontiers gens de mer. Il aima mieux s'embarquer que suivre le métier de son père, et se fit flibustier. Il se fit bientôt remarquer parmi eux par sa valeur, son jugement, son humanité. En peu de temps ses actions l'élevèrent à la qualité d'un de leurs chefs. Ses expéditions furent heureuses, et il y gagna beaucoup. Sa réputation le tira de ce métier pour entrer dans la marine du roi, où il fut capitaine de vaisseau. Il se signala si bien dans ce nouvel état, qu'il devint promptement chef d'escadre, puis lieutenant général, grades dans lesquels il fit glorieusement parler de lui, et où il eut encore le bonheur de gagner gros sans soupçon de bassesse. Il servit si utilement le roi d'Espagne, même de sa bourse, qu'il eut la Toison, qui n'étoit pas accoutumée à tomber sur de pareilles épaules. La considération générale qu'il s'étoit acquise même du roi et de ses ministres, ni l'autorité où sa capacité et ses succès l'avoient établi dans la marine ne purent le gâter. C'étoit un grand homme maigre, commandeur de Saint-Louis, qui avec l'air d'un corsaire, et beaucoup de feu et de vivacité, étoit doux, poli, respectueux, affable, et qui ne se méconnut jamais. Il étoit fort obligeant, et avoit beaucoup d'esprit avec une sorte d'éloquence naturelle, et, même hors des choses de son métier, il y avoit plaisir et profit à l'entendre raisonner. Il aimoit l'état et le bien pour le bien, qui est chose devenue bien rare..."

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