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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Société • Charles Saint-Prot : Mai 68 la révolution des imbéciles

     

    L'invité de Yannick Urrien *

    Pour l'équipe de Lafautearousseau, l'occasion de retrouver un ami de longue date, avec qui nous partageons de riches expériences, et qui nous est cher. LFAR

    Charles-Saint-Prot-810x579.jpg...Charles Saint-Prot : « Mai 68, c’est la destruction de nos sociétés traditionnelles, c’est la destruction des nations et c’est l’individualisme. » En finir avec le mythe soixante-huitard pour remettre les idées à l’endroit…

    Charles Saint-Prot est docteur en science politique, universitaire, habilité à diriger des recherches (HDR) et directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques. Il fait partie des rares intellectuels qui ne s’en laissent pas conter sur les prétendus « apports de Mai 68 » et qui osent le dire. Son dernier ouvrage n’est guère tendre à l’égard de ce qu’il qualifie de « chamboulement abject, un mouvement littéralement antisocial conduisant à l’institution d’un individu abstrait livré à la domination du Marché mondialisé… ». Il souligne : « Sous couvert d’un gauchisme de façade qui ne fut rien d’autre que la maladie sénile du crétinisme, Mai 68 fut le terreau d’un nouveau totalitarisme qui s’épanouit aujourd’hui avec un rare cynisme. Moins qu’une révolution, ce fut le début d’un long processus de pourrissement, de renversement des valeurs ». Charles Saint-Prot répond aux questions de Yannick Urrien.

     

     

    Kernews : Pour ce cinquantenaire, vous publiez un livre intitulé « Mai 68 : la révolution des imbéciles ». Franchement, vous n’y allez pas avec le dos de la cuillère…

    Charles Saint-Prot : Oui, mais ce titre correspond bien à la réalité ! Je mène depuis des années une réflexion sur la politique nationale, puisque j’ai écrit « La pensée française » ou « l’État-nation » et je suis très excédé par la commémoration de ces événements qui marquent le déclin de la France. Il fallait qu’un certain nombre de gens tapent sur la table en disant que cela suffit. Il faut en finir avec Mai 68, qui était une révolution de dupes et d’imbéciles où la piétaille était totalement manipulée, ce qui est d’ailleurs le cas d’à peu près toutes les révolutions. La Révolution française était manipulée on sait par qui, tout comme la Révolution russe. Et Mai 68 a été organisé par les États-Unis et par Israël pour punir la France gaulliste d’avoir une politique d’indépendance nationale. Je l’ai écrit plusieurs fois et je n’ai jamais été démenti. Souvenons-nous qu’en 1967, le général De Gaulle avait pris la position que l’on sait pendant la guerre des Six Jours entre Israël et les Arabes. C’était le renouveau d’une politique arabe de la France, et De Gaulle c’est aussi le discours de Phnom Penh ou le discours du Québec. C’est une France debout qui s’est affirmée et je crois que les États-Unis et Israël ne veulent pas de cette France debout. Ils ont manipulé ces événements de Mai 68 avec la complicité de Daniel Cohn-Bendit et autres… Ce Cohn-Bendit est adulé par les journalistes qui l’appellent Dany, en le tutoyant, mais ce monsieur a quand même dit que le drapeau français était un torchon qu’il fallait brûler. Il est allé pisser sur la tombe du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe ! Il faut que les Français se souviennent que c’était la haine de la France qui s’exprimait en Mai 68, avec la manipulation de pauvres imbéciles qui ont servi de piétaille. Il est temps de dénoncer cette supercherie et de dire ce qu’était Mai 68 : un complot anti Français, mais aussi une dégradation de toutes les valeurs. À partir de Mai 68, il y a eu un recul intellectuel et moral des forces traditionnelles et, aujourd’hui, ce sont les idées de Mai 68 qui sont au pouvoir, avec la destruction de la famille, la destruction de l’autorité, la destruction de l’État et la destruction du travail. Ce sont ces idées qui ont gagné. C’est comme un cancer ! Cela a mis 50 ans à s’infiltrer et vous avez même un président de la République qui commémore cet événement avec Daniel Cohn-Bendit… On ne peut pas traiter la France avec plus de mépris !

    Vous expliquez qu’il est temps de tourner la page de Mai 68, mais on ne peut plus vraiment faire marche arrière…

    Il faut se battre et dénoncer le mythe de Mai 68 ! Ce n’était pas une révolution du bonheur et des libertés. Il faut en finir avec toute cette utopie de Mai 68 et ces slogans idiots sur les libertés car, aujourd’hui, la seule liberté, c’est celle du fric roi et de l’ultralibéralisme. On est passé du col Mao au Rotary, comme le dit Guy Hocquenghem. Mais, à côté de cela, il y a toutes ces idées qui sont encore présentes. Il ne faut pas baisser les bras, mais contester des idées qui sont des idées de mort. Cet ignoble Cohn-Bendit en est l’image typique. Entre les soixante-huitards et le libéralisme, c’est la même idéologie, je parle de l’ultralibéralisme à la Macron, c’est-à-dire ce mondialisme qui veut détruire les nations. Ce qui unit les ultralibéraux, Monsieur Cohn-Bendit et toute cette clique de gauchistes soixante-huitards, c’est la haine de la France, la haine de la tradition et la haine de l’identité française. Les Français doivent se réveiller, parce qu’ils sont un peuple qui n’est pas destiné à mourir et qui n’est pas destiné à supporter la dictature de ces gens-là.

    Votre principale critique de Mai 68 porte sur la création de ce citoyen de nulle part : n’est-ce pas un effet naturel de la mondialisation, puisqu’on le retrouve dans toutes les grandes capitales ?

    Oui et non, parce que je ne sais pas si on le retrouve réellement en Russie, en Chine ou en Turquie, y compris dans les classes dirigeantes… Je peux vous citer de nombreux pays où cette idéologie a été moins prégnante. Je pense que les Français, qui ne sont jamais en retard d’adhérer aux idées les plus loufoques, sont malheureusement au premier rang dans ce domaine. Mai 68, c’est la destruction de nos sociétés traditionnelles, c’est la destruction des nations et c’est l’individualisme. C’est la préparation à ce citoyen de nulle part, cosmopolite. On prépare ce monde de robots que prédisaient des gens comme Bernanos ou Saint-Exupéry : c’est-à-dire de parfaits abrutis consommateurs qui sont propres à adhérer à toutes les billevesées de la mondialisation, qui n’est pas, bien entendu, une mondialisation heureuse. Il faudrait être bien naïf pour croire que cette mondialisation est heureuse. C’est une mondialisation qui met sur le carreau les plus faibles, les professions les plus traditionnelles, comme les agriculteurs. Donc, c’est une mondialisation qui ne vise qu’à détruire les Nations, après avoir détruit l’État qui est quand même le protecteur des Nations. L’État est au service du bien commun, à condition d’être dirigé par des gens dignes de ce nom. L’État est là pour remettre de l’équilibre dans les choses et pour faire passer de l’équité dans les choses. Ce n’est pas le cas du système ultralibéral où le pauvre est libre de crever et le riche libre de s’enrichir.

    C’est un paradoxe de constater que la conséquence de Mai 68, c’est la puissance de l’argent…

    Bien entendu et c’est là que l’on s’aperçoit vraiment de la supercherie de ces événements. Les révolutionnaires ont donné l’impression d’être contre les forces de l’argent, alors qu’ils ont méthodiquement, par leurs idées de destruction, préparé le règne de l’argent roi.

    On célèbre Mai 68, mais dans les médias, comme dans l’opinion publique, on n’est plus dans l’idolâtrie…

    Je ne sais pas. Je me souviens quand même d’un président de la République, Nicolas Sarkozy, qui a dit que le problème de la France c’est Mai 68 et qu’il fallait sortir de Mai 68 ! Je me demande toujours si la haine qu’il a suscitée n’est pas due à cette phrase… Il a remis en question le saint évangile soixante-huitard… Nicolas Sarkozy, qui peut avoir des défauts, a quand même eu de grands moments : le discours du Latran, où il explique que le curé est plus important que l’instituteur, parce qu’il est porteur de valeurs éternelles, et sa critique de Mai 68. Je pense que ces deux discours peuvent expliquer beaucoup de la haine qu’il y a contre Nicolas Sarkozy, parce qu’en réalité il avait mis le doigt sur deux choses fondamentales. Aujourd’hui, je n’entends pas formuler par la classe dirigeante une critique très acerbe de Mai 68, y compris dans ces mouvements dits de droite ou d’extrême droite, qui sont d’un silence absolu sur cette question… Il y a un vrai problème. Bien sûr, le pays réel existe, il y a une grande partie des Français qui n’adhèrent pas du tout à cette idéologie et à cette destruction de notre Nation et de notre société. Mais ces Français ont peu la parole et ils ne sont pas, ou peu, représentés. C’est le vrai problème. Il est temps que les Français se réveillent, parce que l’on ne peut pas laisser ce piège diabolique conçu par Monsieur Macron qui nous refait le coup des gaullistes avec les communistes, puisqu’il dit qu’entre Mélenchon et lui, il n’y a rien. Mélenchon est un fou furieux, probablement très dangereux, et il est très facile de dire qu’entre les deux il n’y a rien… Bien entendu, personne n’a envie de faire le choix impossible. Il faut que les Français se réveillent et retrouvent les vraies valeurs, celles de la Nation et de la société. C’est là-dessus que l’on pourra rebâtir quelque chose et non sur des combines politiciennes qui ne sont, d’ailleurs, que de l’écume. 

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    « Mai 68 : la révolution des imbéciles » de Charles Saint-Prot est publié aux Éditions de Flore. En vente à la librairie de Flore [5 € - 20 p.]

    * La radio du littoral de Loire Atlantique - Kernews

  • Marie-Antoinette, une héroïne pour l'éternité : plus de trois millions de spectateurs...

    marie antoinettte vigee lebrun.jpg... pour le "Secrets d’histoire" consacré à Marie-Antoinette : encore plus précisément, plus de 3,1 millions de téléspectateurs étaient au rendez-vous, soit 400 000 de plus que la semaine dernière pour le numéro consacré à Frédéric II.

    Sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste les réactions à notre note sur ce Secret d'Histoire "Marie-Antoinette : une héroïne pour l'éternité..." ("j'aime", "commenter" ou partager") ont frôlé la centaine : encourageant !...

  • Réseau Regain : dernière mise en ligne...

    reseau regain.jpg
    "Au jour le jour"
    Les leçons de l'Histoire  - Y a-t-il un islam laïque? - Soyez branchés
    Pologne : la réplique de Katyn
    Les dérapages nauséabonds de Plantu - SNCF... c'est possible
    Pour nos démocrates, moins il y en a, mieux ça vaut !
    Écologie : la forêt, milieu vivant
    Voyages : Retour au Sénégal
    NOTRE HISTOIRE (en 30 leçons)
    Les recensions de Georges Leroy

    Cliquer sur ce lien: http://reseau-regain.net

  • Sur Figaro Live, Zemmour: «Napoléon incarne tout ce que notre époque déteste».

    À l'occasion de la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon, le chroniqueur explique en quoi il admire l'empereur et pourquoi sa figure est si décriée par une partie des élites médiatiques et universitaires.

    POUR ALLER PLUS LOIN : «Bonaparte membre de l’Institut: une histoire peu connue»

    https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/...

    Bicentenaire de Napoléon: un empereur pour quoi faire ?

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositi...

    Bicentenaire de Napoléon: 5 mai 1821, l'ultime recours

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositi...

  • Sur TV Libertés, passé-Présent n°303 : La France ne se résume pas à la République.


    Agrégé et docteur en histoire, Jean-François Chemain a professé auprès de jeunes issus de l'émigration auxquels il s'est donné pour mission de leur faire aimer la langue, l'histoire et le patrimoine de notre pays. Philippe Conrad lui propose de développer certaines réflexions contenues dans son dernier ouvrage à propos des notions de distanciation, ou au contraire d'amalgame, menées et entretenues par un grand nombre d'intellectuels à statut, entre les termes de République et de France.

    "Non, la France ce n'est pas seulement la République" - par Jean-François Chemain - Ed. Artège -

    2021 - 143 p.

  • Sur Marianne, Hubert Védrine : ”Le cycle d'effacement de l’État-nation est en bout de course”.

    Qu’est-ce que la géopolitique ? Dans son "Dictionnaire amoureux de la géopolitique", l’ex-ministre des affaires étrangères Hubert Védrine décrit cette science peu connue comme "l’interaction entre l’histoire, la géographie et la diplomatie". Entretien.

    Qu’est-ce que la géopolitique ? Dans son “Dictionnaire amoureux de la géopolitique“, l’ex-ministre des affaires étrangères Hubert Védrine décrit cette science peu connue comme “l’interaction entre l’histoire, la géographie et la diplomatie”. Entretien.

    Pour recevoir le livre d’Hubert Védrine, cliquez sur l’image ci-dessous :

  • Frédéric Rouvillois : « Pourquoi les Français sont nostalgiques de la monarchie » [1ère partie]

    « FIGAROVOX / GRAND ENTRETIEN - Sondage BVA : près de 40% des Français considèrent qu'un monarque serait bénéfique pour l'Unité nationale. Le professeur Frédéric Rouvillois explique les raisons de cet attachement à la figure du Roi. »

     

    3338857515.jpgQuestion désormais récurrente, même si elle apparaît, pour l'heure, sans effet immédiat ; discussion de principe plutôt qu'efficiente, donc, mais question posée de plus en plus souvent et qui traverse tous les milieux, tous les médias ; évocation - voire invocation - de plus en plus fréquente de la figure du Roi, bien au-delà des cercles royalistes traditionnels et qui surgit des profondeurs de l'opinion sans que les dits cercles royalistes y soient - apparemment - pour grand-chose. Le temps, la crise ouverte du Système politique et idéologique, le désamour des Français pour les politiques, les médias, la doxa dominante, travaillent pour leurs idées plus et mieux qu'ils ne savent eux-mêmes le faire ...

     

    L'incapacité croissante, de plus en plus patente, du régime à surmonter les défis assez terribles auxquels la France doit faire face aujourd'hui, peut transformer cette nostalgie en aspiration, et, en cas de crise, cette aspiration en demande d'un recours, d'une rupture, d'un régime nouveau, qui aurait forme royale - directement ou après une transition dont on ne voit pas encore les hommes ni les contours mais dont on devine qu'elle pourrait devenir nécessité. Impérieuse, évidente, déterminante nécessité. Une société ne tolère pas indéfiniment un régime devenu incapable d'assurer sa pérennité, sa sécurité, son intégrité.

     

    Ainsi va l'Histoire, passent les régimes en place, et s'opèrent les vrais changements.    

     

    C'est ce dont traite - avec la finesse et la pertinence qui lui sont coutumières - Frédéric Rouvillois dans le long entretien qu'il vient de donner au Figaro. [Figarovox, 2.09, dont illustration ci-dessus]. Entretien que nous publions intégralement, en deux parties, aujourd'hui et demain. Les lecteurs de Lafautearousseau pourront en débattre.  LFAR

     

     

    Entretien par Alexis Feertchak           

    BVA a réalisé un sondage sur l'éventualité d'une candidature monarchiste à l'élection présidentielle. Que pensez-vous de la pertinence d'un tel sondage ?

    Je vous dirai qu'il faut se méfier des sondages en général. Néanmoins, il y en a de différents types. Certains sont liés de manière réactive à l'actualité immédiate, à la mode du moment, à l'apparition soudaine d'un personnage dans les médias. Ces sondages sont très artificiels et, au fond, ne disent pas grand-chose de la réalité de l'opinion publique. Quand les questions sont superficielles, l'opinion oublie trois semaines après les réponses qu'elle y apporte. En revanche, quand ils portent sur des questions de fond et ne se rattachent à aucune forme d'immédiateté, certains sondages ont une vraie pertinence. Le sondage de BVA dont nous parlons aujourd'hui et qu'il faut mettre en parallèle avec un sondage analogue réalisé une dizaine d'années plus tôt appartient à cette catégorie. Dans la mesure où la question de la monarchie est justement d'une brûlante inactualité, ce sondage révèle comme des lames de fond ou des courants en profondeur qui agitent l'opinion publique. Il ne s'agit alors pas d'une mode, d'un coup de cœur ou d'un coup de sang.

    À lire les résultats du sondage, près de 40% des Français considéreraient que la présence d'un monarque à la tête de l'État aurait des conséquences positives pour l'unité nationale et la stabilité gouvernementale. Que vous inspirent ces chiffres ?

    Ces chiffres sont très impressionnants et ils le sont davantage encore si nous les comparons aux chiffres d'un sondage analogue paru en 2007. La proximité avec certaines idées monarchistes semble avoir progressé de moitié. Il faut se souvenir de Descartes expliquant que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». En l'occurrence, l'opinion des Français sur le rapport entre monarchie, unité nationale et stabilité gouvernementale me semble être une manière de répondre à la situation difficile qu'ils perçoivent à juste titre : l'unité du pays n'est plus une évidence et le tissu social et culturel est gravement abîmé par rapport à ce qu'il était jadis et même naguère. Au fond, face à cette situation, les Français ne savent plus très bien répondre à la question de leur identité au sein d'une mondialisation soi-disant heureuse, mais vécue tragiquement par beaucoup d'entre eux. Plus la situation est difficile, plus cette identité est incertaine, plus le sentiment de faire corps avec les autres est abîmé, plus il est nécessaire d'avoir des repères stables, rassurants, qui fassent sens. C'est une lapalissade, mais c'est aussi l'illustration de ce bon sens cartésien. La monarchie apparaît de ce point de vue là comme le régime qui a constitué la France au cours des siècles et qui demeure une institution qui se rattache à une réalité naturelle, celle de la famille, de la paternité et de l'incarnation. Même deux siècles après la Révolution, la monarchie conserve une signification réelle pour les Français.

    En 2007, seulement 27% des Français souhaitaient un tel changement institutionnel. Les deux derniers quinquennats ont-ils porté un coup fatal à l'image de « monarque républicain » incarné depuis 1958 par le président de la République ?

    Je ne le crois pas ! Les deux précédents quinquennats ne portent pas atteinte à la crédibilité du monarque républicain en tant que tel, mais davantage à la crédibilité de la République. La dimension monarchique du chef de l'État n'est pas réellement remise en cause. Les Français ne souhaitent pas - contrairement à ce que demandait Arnaud Montebourg dans les années 2000 - que l'on supprime le président de la République ou son élection au suffrage universel direct. Les Français ne souhaitent pas que le premier d'entre eux soit moins fort. Il suffit d'observer que c'est aux élections présidentielles que la participation électorale est la plus élevée. Le chef de l'État demeure le référant fondamental. Ce n'est pas la dimension monarchique de ce dernier qui pose problème, mais davantage sa dimension républicaine. L'année dernière, j'ai publié un essai Être ou ne pas être républicain, pour montrer que tous les hommes politiques se servent absolument sans arrêt de ce mot de « République », sans se demander ce qu'il signifie vraiment. La raison est simple… Dès que l'on creuse vraiment la signification de ce qu'est la République, on s'aperçoit qu'elle n'a pas de sens véritable. S'il s'agit seulement de la « chose publique », le terme peut tout signifier. Est-ce davantage l'absence de monarchie ? Est-ce simplement l'expression de la souveraineté ? Autant la figure du monarque, incarnée, peut vouloir dire quelque chose et paraître équilibrante, rassurante, autant la simple étiquette de « républicain », dont tout le monde se targue de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, ne suffit plus à rassurer l'intégralité des Français.

    Dans sa tâche quotidienne d'exercice du pouvoir, le président de la République semble de plus en plus démuni. D'inspiration gaullienne, la figure du monarque républicain n'échoue-t-elle pas aujourd'hui à concilier l'incarnation et l'exercice du pouvoir ?

    Vous n'avez pas tort, mais ceci est moins dû à la structure même de cette monarchie républicaine telle que l'avait conçue de Gaulle qu'à ses dérives contemporaines. Le Général conçoit la Cinquième République comme une sorte d'ersatz de monarchie qu'il aurait d'ailleurs souhaitée à titre personnel. Il construit alors un système formé autour d'un président de la République et d'un Premier ministre. Comme chef de l'État, le premier est chargé des orientations stratégiques et de l'incarnation de l'État. À ses côtés, le second, en s'occupant du quotidien, est son subordonné. Le monarque républicain peut concilier incarnation et exercice du pouvoir parce qu'il se cantonne aux décisions fondamentales qui engagent l'avenir du pays. Il n'a pas les mains dans le cambouis comme le Premier ministre.

    La situation va se brouiller avec le passage du septennat au quinquennat. Le rythme et la fonction du président de la République vont être bouleversés. Le chef de l'État devient beaucoup plus interventionniste, monte sur le pont, en particulier sous Nicolas Sarkozy et la tendance continue avec François Hollande. Ceci abîme fondamentalement l'esprit de notre monarchie républicaine au point que, de nos jours, de la gauche au Front national, tout le monde souhaite revenir sur cette erreur magistrale du quinquennat, soit par un retour pur et simple au septennat, soit en le remplaçant par un septennat non renouvelable, ce qui est peut-être la solution la plus pertinente. Le rapport entre incarnation et exercice du pouvoir était clairement établi au départ, mais il a été brisé en 2000. [A suivre] 

    Frédéric Rouvillois est écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Crime et Utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme (éd. Flammarion, coll. Essais, 2014) ; Être (ou ne pas être) républicain (éd. Cerf, 2015) et dernièrement La Clameur de la Terre. Les leçons politiques du Pape François (éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2016).

    Alexis Feertchak

  • Islamisme à l'école: après l'énième constat des territoires perdus, à quand la reconquête?

    « L'école est pourtant bien le seul lieu qui nous reste pour retisser le lien social » Barbara Lefevbre. 

     

    Par  

     

    Le témoignage du principal de collège Bernard Ravet a fait, il y a quelques jours, son petit effet dans certains médias qui ont semblé découvrir qu'il existât «des territoires perdus de la République». Un peu comme en janvier 2015 lorsque ces mêmes médias et l'opinion réalisèrent brutalement que la France abritait un foyer ardent de violence sanguinaire, nourri par une vision totalitaire de l'islam. Depuis que les autruches ont été contraintes de sortir la tête du sable, nous sommes soumis à leur lancinant lamento fait de «mais pourquoi nous ?» et autres «comment en sommes nous arrivés là ?» en passant par l'autodénigrement occidental systématique et son corollaire la victimisation du bourreau, soit par des arguments socioéconomiques ou plus récemment psychopathologiques, afin de mieux oublier l'effarement qui saisit les autruches devant le sort réservé aux innocentes victimes dans leurs rangs. Tout cela comme si rien n'avait été dit ou écrit depuis plus de deux décennies sur le sujet. Sur la menace que faisait peser l'islam politique, et le communautarisme qui lui sert de paravent pour développer sa clientèle et que nos dirigeants nationaux et locaux ont laissé se développer au nom du respect des différences, du multiculturalisme qui vire aujourd'hui au racialisme avec des colloques ouverts en fonction du taux de mélamine des participants.

    Le témoignage de Bernard Ravet est précieux et intéressant, toutefois le devoir de réserve invoqué pour ne pas avoir livré ce récit avant la retraite me paraît quelque peu surfait. Nous qui avons témoigné dès 2002 dans l'ouvrage Les territoires perdus de la République, n'avons en rien dérogé aux règles de discrétion imposées aux fonctionnaires en alertant sur les dérives institutionnelles observées et les menaces que l'islam politique représentait au sein de l'école. Son intrusion se manifestant par le port du hijab, des requêtes à caractère religieux insistantes pour l'alimentation, les contenus d'enseignement, le calendrier scolaire. Pour les trois auteurs qui ont témoigné sous leur nom en 2002, nous n'avons souffert d'aucune sanction, ni rétorsion de notre administration. Nous avions tout dit de l'absence de réaction de l'institution, de sa volonté d'étouffer nombre d'affaires «délicates». Qu'il s'agisse d'élève juif devant être changé en urgence d'établissement en cours d'année en raison des violences graves qu'il subissait, des filles de culture musulmane se plaignant en vain d'être harcelées verbalement et physiquement par des camarades autoproclamés agents du vice et de la vertu, d'élèves traqués parce qu'ils ne faisaient pas Ramadan auxquels la direction conseillait d'aller manger chez eux plutôt que garantir leur sécurité. À l'instar du surveillant fiché S dont Bernard Ravet dénonce l'activisme, j'ai moi-même raconté dans Les territoires perdus de la République comment deux surveillants diffusaient leur propagande islamiste au sein de mon collège dans les Hauts-de-Seine, tant auprès des élèves que de leurs collègues, l'un d'eux se servant de notre local d'histoire-géo pour prier. Nous étions au début des années 2000. J'ai raconté ces élèves contestant les cours, sans parler de l'antisémitisme violent qui régnait dans des établissements où plus aucun élève de confession juive n'était scolarisé. Rien de neuf sous le soleil. Hélas.

    On l'a vu après les attentats de janvier 2015, la situation n'a fait qu'empirer, en sourdine. Malgré les mesures prises par le ministère en 2003 sous Luc Ferry et Xavier Darcos. Malgré le rapport Obin de 2004, longtemps gardé dans les tiroirs du ministre Fillon peu intéressé à cette époque par ces questions, qui avait démontré que les témoignages dérangeants des Territoires perdus de la République n'avaient rien d'anecdotiques comme le prétendent encore aujourd'hui, en professionnels du déni du réel, ces idéologues qui traquent les «paniques identitaires».

    Je me permets de conseiller la lecture du rapport Obin aux journalistes qui découvrent, stupéfaits, le témoignage de Bernard Ravet. Depuis que cette situation délétère a été exposée et dénoncée, l'Education nationale a continué de travailler seule, à ne pas partager ses informations, ses constats, sur l'évolution tragique du tissu social et culturel français. Nous l'avions dit. Ils étaient dans nos classes dans les années 1990 et 2000 les Merah, Fofana, Coulibaly et tous les «déséquilibrés» venus à leur suite. Quand j'entends à présent les médias psychiatriser les terroristes islamistes, je reconnais bien là le réflexe de l'homo-struthio, une nouvelle espèce d'hominidés descendant de la famille des Struthionidés, trivialement appelés autruches. A croire que nous scolarisions des cohortes d'élèves atteints de maladies psychiques sans le savoir. La décompensation psychotique est pourtant un phénomène rarement discret ! J'ai vu en effet quelques élèves au profil agressif, à l'éducation familiale déstructurée violente à leur égard, qui mélangeaient dans un délire évident la religion et la haine, mais ils furent incontestablement moins nombreux que ceux qui articulaient tout cela de façon absolument raisonnée, alimentée par des idéologues extérieurs à l'école, et nourrissant une haine antijuive singulièrement obsessionnelle. Ces élèves sont toujours dans nos classes.

    A l'école de la République depuis trois décennies au moins, on a su très bien s'y prendre pour déraciner les savoirs et la culture, pas la haine. Elle a continué à croître en s'alimentant de tout ce qui était timidement mis en œuvre pour la contrer, mesures que les idéologues de l'islam politique et leurs idiots utiles taxèrent de racisme et autre «… phobie». On peut au moins se satisfaire de la loi de 2004. D'innombrables jeunes filles ont échappé à la main mise psychologique et physique de l'islam politique par l'interdiction du port de signes religieux à l'Ecole. La loi, puisqu'il fallut en arriver là en raison de l'inertie du ministre Jospin en 1989, aura permis d'éviter la propagation généralisée du sexisme islamique incarné par le hijab et aura ainsi limité la visibilité de l'islam wahhabite au moins dans l'espace scolaire. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: marquer le corps de la fille d'un signe discriminatoire pour lui indiquer sa place, son rôle, la soustraire aux yeux de tous en lui faisant croire que cet effacement la glorifie et qu'elle l'a choisi. Relisons le Discours de la servitude volontaire d'Etienne de la Boétie datant de 1548.

    On ne le dira jamais assez: la vraie grande muette, c'est l'Education nationale. Demandez ce qu'il en est aux autres ministères ou collectivités territoriales, jusqu'aux préfectures, qui doivent travailler en partenariat avec les rectorats ou le ministère. Aucune transmission d'information, aucune volonté de partenariat suivi. Et quand l'Education nationale ne peut s'y soustraire, c'est bien souvent une seule réponse: «chez nous, pas de problème». La fameux «pas de vague». Je l'ai constaté lorsque j'ai été chargée de mission au Haut Conseil à l'Intégration pendant trois ans. Et le rapport sur «les défis de l'intégration à l'école» publié en janvier 2011 avait demandé à mes collègues bien du travail pour réussir à établir un état des lieux. Les 50 propositions de ce rapport ne furent suivies d'aucune mesure, pour cause avec l'élection de François Hollande en mai 2012, le HCI fut dissous, les problèmes qu'il soulevait avaient disparu par magie, aspirés par le rêve de la «grande nation pour une société inclusive» promu par le rapport Tuot. Nous voyons où nous en sommes.

    Que de temps perdu. Que de beaux principes invoqués en vain et instrumentalisés pour endormir les masses à qui l'on demande de «s'habituer» à la barbarie, à la haine, sauf à y répondre à coup de peluches! Que de salive et d'encre usées pour si peu de mesures concrètes, de résultats! La peur n'a toujours pas changé de camp. L'école est pourtant bien le seul lieu qui nous reste pour retisser le lien social. Ce lieu d'adhésion affective et raisonnée à l'identité commune dont le manque brise le cœur de tant et tant de Français. L'école est un si vaste chantier qu'on ne sait par où commencer: dévasté par le pédagogisme, le relativisme culturel, le consumérisme scolaire, le communautarisme. Pourtant, nous n'avons plus le choix. Les constats sont posés depuis vingt ans. L'école de la République doit être reconquise. Ni avec des peluches ou des minutes de silence. Nous l'avons encore montré par de nombreux témoignages dans Une France soumise, il existe une majorité de gens dans ce pays qui ne se résignent pas. On peut reconquérir l'Ecole, avec de l'audace et du courage, comme les Français en sont capables quand le moment du sursaut est venu, quand plus aucune autre alternative ne s'offre. Sinon la disparition de ce que nous sommes.  •

     

    XVM10109c1e-8f2f-11e7-8851-28a86c911c0f-93x150.jpgBarbara Lefebvre, professeur d'histoire-géographie, elle a publié notamment Élèves sous influence (éd. Audibert, 2005) et Comprendre les génocides du 20e siècle. Comparer - Enseigner  (éd. Bréal, 2007). Elle est co-auteur de Les Territoires perdus de la République (éd. Mille et une nuits, 2002).

     

     

  • Contre le chômage, ni étatisme ni ”laisser-tomber” !, par Jean-Philippe Chauvin.

    La crise sanitaire actuelle ouvre la porte à de nombreuses autres crises, et le cycle infernal dans lequel nos pays semblent entrés sans savoir où se trouve la sortie n’est pas pour rassurer nos concitoyens :

    jean philippe chauvin.jpgselon un sondage publié par l’Unedic jeudi dernier, et que rapporte Le Figaro dans son édition du vendredi 25 septembre, « la quasi-totalité des Français (93%) a le sentiment que le chômage peut toucher tout le monde », donc soi-même, et c’est bien la survenue de la Covid 19 dans le paysage sanitaire qui a aggravé ce sentiment fort et anxiogène : « 73% des Français estiment que la situation s’est dégradée en raison du Covid-19. Un chiffre qui bondit de 27 points par rapport à la première vague de l’enquête réalisée avant le confinement et publiée en avril par l’organisme en charge de l’assurance-chômage. » Cela rompt avec le (relatif) optimisme qui pouvait, au moins dans les milieux gouvernementaux, prévaloir avant janvier dernier : le nombre de chômeurs s’était stabilisé, sans pour autant diminuer de façon assez significative pour indiquer une inversion de tendance véritable. D’autant plus que, ces dernières années, on assiste à la montée inquiétante d’un précariat qui correspond aussi à l’ubérisation de l’économie et de la société, et qui doit nous interroger sur les définitions du travail et de l’emploi.

     

    Aujourd’hui, le chômage atteint des sommets que l’on espérait réservés aux pays lointains ou aux manuels d’histoire relatifs à la dépression des années 30 : le « nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A, (est) en progression de plus de 500.000 entre janvier et juillet 2020, et (…) près de 600.000 emplois salariés détruits en l’espace d’un an ». Sans oublier que 8,8 millions de Français ont été ou sont encore concernés par le dispositif de chômage partiel au plus haut de la crise… Quelques articles publiés dans la presse économique dès le mois de mars dernier indiquaient que la Covid 19 risquait de tuer plus d’entreprises et d’activités que de personnes physiques : cette sinistre prédiction s’est largement réalisée, et elle peut parfois faire oublier le risque sanitaire lui-même, alors même qu’il ne faut négliger ni l’un ni l’autre, tout en sachant garder raison, comme le proclame la célèbre formule capétienne.

     

    Mais il ne faut pas oublier aussi que le chômage de masse, en France, n’est pas une réalité récente et qu’il n’est pas certain, contrairement à la formule fataliste du président Mitterrand dans les années 1980, que l’on n’ait tout essayé contre ce qui reste un fléau social de grande ampleur pour nos sociétés. Observons aussi la structure sociologique du chômage : les plus frappés sont les jeunes et les personnes proches de la retraite, principalement dans le secteur industriel, et ces caractéristiques risquent de s’aggraver autant que la courbe du chômage elle-même. Le danger serait que les nouvelles générations débarquant dans la vie active se sentent exclues du monde du travail et de l’insertion sociale, ce qui fragiliserait un peu plus le processus d’intégration à l’ensemble national et pourrait nourrir les séparatismes de toute sorte, et pas seulement religieux ou communautaristes. L’histoire du XXe siècle, pour se contenter d’elle, nous enseigne que le chômage, s’il ne créé pas les totalitarismes ou les idéologies totalitaires, peut les nourrir suffisamment pour les faire advenir et ensanglanter le monde.

    Aussi, le chômage appelle une réponse qui n’est pas qu’économique, mais qui doit être sociale, politique, voire civilisationnelle : redonner du sens au travail, mais aussi à la communauté de travail, c’est renouer des liens sociaux aujourd’hui distendus par l’individualisme et sa traduction politique, le libéralisme. C’est aussi favoriser l’entraide entre les différents acteurs du monde du travail, que cela soit au sein des entreprises, des communes et, bien sûr, de la nation : pour l’heure, la solidarité s’exprime de façon surtout financière mais sans que cela soit expliqué, au risque de susciter de l’agacement à l’égard de ceux qui, chômeurs, reçoivent une aide sous forme d’allocations : « 38% (des Français) considèrent que les demandeurs d’emploi sont des personnes assistées (+5 points), qui perçoivent des allocations chômage trop élevées (36%, +4 points), et qu’une partie d’entre eux fraudent (35%, +4 points). » Bien sûr qu’il y a des fraudeurs et des assistés, mais ils sont une minorité, Dieu merci, et il s’agit justement d’en réduire le nombre pour permettre de mieux aider, et pas forcément financièrement, les autres, les « vrais » chômeurs. La fraude est sans doute plus facile à combattre que l’assistanat qui, lui, est largement suscité et entretenu par le système lui-même, y compris à travers l’Education nationale qui, trop souvent, a cessé de valoriser les valeurs de l’effort et de la joie du travail bien fait, tout comme elle a marginalisé le travail manuel et l’autonomie, individuelle comme familiale : où sont les cours de cuisine ou de jardinage, par exemple, qui permettraient, en particulier aux jeunes citadins éloignés des campagnes, de savoir faire pousser des légumes et de les cuisiner pour s’en nourrir ? Notre société de consommation a coupé les jeunes des racines de la terre et de l’envie de créer pour mieux les asservir au « tout-fait, tout-prêt » marchandisé, et elle a préféré l’assistanat qui n’est, en définitive, qu’une forme à peine subtile d’esclavage social et économique…

     

    Dans cette affaire, le rôle de l’Etat est principalement de mettre en place une stratégie de soutien et d’incitation toujours préférable à l’assistanat et à l’étatisme, mais aussi à la logique du « laisser faire-laisser passer » qui est souvent l’alibi du « laisser tomber », et dont les plus faibles ou les moins habiles sont les principales victimes. La République a tenté sous de Gaulle cette stratégie volontaire et d’équilibre, que l’on pourrait qualifier de néo-colbertisme, mais les successeurs du général ont eu moins de constance et de colonne vertébrale pour soutenir cet effort qui méritait d’être pérennisé et amplifié, et, surtout, le temps court de leur mandat (sept, puis cinq ans depuis M. Chirac) n’a pas permis de déployer sur le long terme une stratégie qui, comme le rappelait le philosophe Michel Serres, aurait mérité au moins un quart de siècle pour être pleinement efficace. « Pour avoir un Colbert, encore faut-il un Louis XIV », et ce dernier n’est possible qu’en Monarchie royale, celle qui apprivoise le temps sans s’en croire le maître absolu… La lutte contre le chômage, dans ce monde et ce temps mondialisés, nécessite « la durée, la mémoire et la volonté » qui sont, qu’on le veuille ou non, l’apanage des monarchies, y compris constitutionnelles, mais qui sont véritablement effectives et efficaces dans cette Monarchie royale « active » que nous appelons de nos vœux, cette monarchie éminemment politique qui ne se contente pas de la douce monotonie des inaugurations et du spectacle symbolique, mais qui assume, effectivement, « le risque politique de dire et de faire ». Non une monarchie qui « dirige tout » mais un régime qui assume son rôle d’arbitre au-dessus des forces (voire des féodalités) financières, économiques et politiques, et fixe le cap, comme un capitaine de navire le fait pour mener le navire à bon port. Une monarchie qui valorise les Richelieu, les Vauban et les Colbert contemporains, pour le plus grand service de la France, de ses peuples comme de ses personnes.

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/jeanphilippe_chauvin/

  • Goldnadel: «Lettres ouvertes à Obama, aux juges de Sarkozy et à Décathlon»

    Gilles-William Goldnadel. JOEL SAGET/AFP

    Le chroniqueur et avocat fustige cette semaine tous ceux qui font preuve d’une intolérance décomplexée, se sachant appartenir au camp du bien. Il répond ainsi aux commentaires de Barack Obama sur l’origine ethnique de Nicolas Sarkozy, aux magistrats qui s’en prennent à l’ancien président, et à la marque Décathlon qui boycotte la chaîne CNews.

    Sans vouloir attenter au secret de la correspondance auquel je tiens comme tout à chacun, je voulais vous faire part de la teneur des courriers que j’ai tenu à adresser à des gens qui voudraient passer pour gentils et qui souvent y parviennent, du moins dans le monde virtuel de la gauche médiatique.

    J’ai adressé la première de mes lettres ouvertes à l’ancien président Obama, véritable chouchou du Monde et du New York Times réunis, et dont la lecture des mémoires que paraît-il on s’arrache m’a inspiré des sentiments pour le moins mélangés, touchant au portrait qu’il a cru devoir faire de notre Sarkozy: «Monsieur le Président et ,si j’ose, cher Barack, je sais bien que les personnalités politiques de droite peuvent être moquées impunément. Le président honni des États-Unis jusqu’en janvier en est le témoin vivant. Avant lui Charles de Gaulle, Ronald Reagan et Margaret Thatcher ne peuvent plus témoigner de la manière dont ils furent maltraités, l’Histoire leur a cependant largement rendus justice.

    Mais tout de même, vous avez une drôle de manière de traiter Nicolas Sarkozy. Je vous cite:

    «Sarkozy était tout en emportements émotifs et en propos hyperboliques. Avec sa peau mate, ses traits expressifs, vaguement méditerranéens (son père était hongrois, son grand-père maternel juif grec), et de petite taille (il mesurait à peu près 1,66 m mais portait des talonnettes pour se grandir), on aurait dit un personnage sorti d’un tableau de Toulouse-Lautrec. Les discussions avec Sarkozy étaient tour à tour amusantes et exaspérantes, ses mouvements perpétuels, sa poitrine bombée comme celle d’un coq nain».

    Toujours estomaqué par la manière particulière dont l’homme de droite Sarkozy était traité, j’ai adressé ma seconde missive publique à l’actuel représentant du Syndicat de la Magistrature

    En dehors du fait que vous êtes autrement plus délicat dans votre «Une terre promise» avec le sultan ottoman Erdogan que vous trouvez «cordial» et «attaché à la démocratie»! qu’envers le quart de petit juif grec, mon imagination est impuissante à décrire les réactions de votre New York Times ou de mon Monde, si par extraordinaire l’ancien président français s’était hasardé à railler votre physique jusqu’à vous tenir pour infirme tout en soulignant vos origines ethnico-religieuses.

    Très respectueusement vôtre.».

    Toujours estomaqué par la manière particulière dont l’homme de droite Sarkozy était traité, j’ai adressé ma seconde missive publique à l’actuel représentant du Syndicat de la Magistrature.

    Ce syndicat a en effet cru devoir adresser le 20 novembre écoulé un courrier au Conseil Supérieur de la Magistrature pour dénoncer «une forme de pression inacceptable et intolérable» sur les magistrats instructeurs émanant de l’ancien président actuellement poursuivi. Ce dernier, en sa seule qualité de justiciable, et après que son principal accusateur Takkiedine soit revenu sur ses accusations le concernant dans l’affaire libyenne, a dit tout le mal qu’il pensait de cette procédure diligentée à son encontre et de la méfiance que lui inspiraient les magistrats poursuivant.

    C’est donc dans ce cadre dénué de toute aménité particulière que le syndicat de magistrats a cru y voir «une atteinte à l’indépendance des juges d’instruction spécialisés en matière économique et financière». Saisissant ma plume après l’avoir trempé dans une encre, j’en conviens, assez encolérée, j’écrivais au représentant syndical et magistrat ce passage que je reproduis un peu édulcoré:«J’ai beau savoir que l’indécence et l’inversion des rôles était dans l’ADN de l’extrême-gauche, je ne soupçonnais pas que vous puissiez trouver l’audace d’en remontrer encore en matière d’indépendance judiciaire. On n’est nullement obligé d’apprécier Nicolas Sarkozy. Ni l’homme ni son style. Ni la manière dont il a exercé le pouvoir. Nul n’est contraint de lui accorder le bon Dieu sans confession.

    Je n’ai pour ma part jamais rencontré notre créateur et les confidences que j’ai reçues de mes clients qui ne sont pas tous des saints estampillés, je les garde pour moi. Mais le syndicat de magistrats que vous représentez était la dernière organisation qui pouvait se permettre d’écrire au Conseil Supérieur de la Magistrature touchant l’indépendance des juges en général et Nicolas Sarkozy en particulier. Je ne suis pas le plus mal placé pour devoir vous rappeler ce que vous semblez avoir curieusement oublié.

    Ma dernière lettre très ouverte a été adressée en poste restante à un certain Yann (...) qui officie pour la communication de la maison « Décathlon »

    Sur votre Mur des Cons qui fera date dans l’histoire de la dépendance politique et idéologique de la magistrature que vous représentez, vous avez punaisé Nicolas Sarkozy au milieu de personnalités politiques que vous détestez et de parents de victimes assassinées. Nicolas Sarkozy et certaines autres personnalités politiques épinglées sur votre panneau syndical, que j’ai l’honneur de représenter, ont parfaitement raison de ne pas se sentir en sécurité, si, par un hasard funeste, ils se retrouvaient dans le cabinet d’instruction ou poursuivis par des magistrats appartenant à votre organisation, quand bien même ils n’auraient strictement rien à se reprocher.

    Que vous ayez pu dans ces circonstances, et bien que votre prédécesseur ait été condamné par un arrêt à l’encontre duquel il s’est pourvu, oser vouloir donner une leçon d’indépendance à l’un de vos épinglés, représente un exploit inatteignable sur l’échelle de l’audace. Veuillez croire à mes sentiments vraiment impressionnés».*

    Ma dernière lettre très ouverte a été adressée en poste restante à un certain Yann, dont j’ignore le patronyme, mais dont je sais qu’il officie pour la communication de la maison «Décathlon» qui commercialise comme chacun sait les articles destinés aux sportifs ou à ceux qui voudraient tenter de conserver la forme comme l’auteur de ces lignes. C’est dans ces conditions que j’ai été conduit à faire la connaissance du précité qui twittait le 20 novembre à 18 heures 04:

    «Bonjour, en effet nous avons retiré nos publicités de C News en cette fin d’année. Bonne fin de journée, Yann.»

    Je reproduis ci-après pour mes lecteurs partie du gazouillis que j’ai été conduit à adresser lorsque j’ai compris que Décathlon avait cédé aux pressions de ces Géants Endormis qui sont censés traquer tous les «discours de haine» selon la haute idée que ces activistes gauchistes bas de plafond se font de la détestation.

    Quand, après les fêtes de fin d’année et le boycott insensé d’une télé (...) vous ferez les comptes des hidjabs athlétiques et des burkinis aquatiques que vous vendez...

    «Très Cher Yann de chez Décathlon, vous pourriez peut-être regretter bientôt votre message. Quand, après les fêtes de fin d’année et le boycott insensé d’une télé au mépris de la liberté d’exprimer, vous ferez les comptes des hidjabs athlétiques et des burkinis aquatiques que vous vendez et des baskets qui vous resteront sur les bras, il se pourrait que le coureur de Décathlon connaisse le sort de celui de la bataille de Marathon.

    Bonne fin de journée.». Rien de tel qu’un courrier bien senti pour commencer son lundi.

     

    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son dernier ouvrage Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée est paru chez Plon.

    Source :https://www.lefigaro.fr/vox/

  • La guerre des monnaies, par Olivier Pichon.

    Yuan contre dollar : la monnaie, valeur d'échange, a conquis une dimension politique. L'extraterritorialité abusive du dollar va-t-elle aboutir à donner aux Chinois un outil légitime de contrôle interne et externe, au détriment des États-Unis ?

    5.jpgCette guerre a commencé dès le XXe siècle au lendemain de la Grande Guerre quand le jeune dollar des années 20 commençait à tailler des croupières à la vieille lady, la livre sterling que Churchill, alors chancelier de l’Échiquier, voulut rétablir dans son antique splendeur en la rendant convertible en or (convertibilité suspendue à cause de la guerre) : il ruina consciencieusement l’industrie britannique devenue trop chère mais fit les beaux jours de la City.

    Le temps du roi dollar

    La suprématie du dollar fut affermie à Bretton Woods, en 1944, lorsque la thèse américaine l’emporta au cours de cette fameuse conférence à laquelle assistait Keynes, qui recommandait une monnaie internationale, le bancor. La thèse adverse, émise par un certain White, voulut avec succès opposer le dollar à ce bancor. Il est vrai que les États-Unis représentaient l’offre de production et que le reste du monde, ravagé par la guerre, représentait la demande. Quoi de plus facile alors que de faire de la monnaie américaine la devise mondiale ? De surcroît convertible en or sur demande des états participants (l’URSS n’en faisait pas partie) à condition de dégager des excédents de leur commerce extérieur, lesquels, payés en dollars, pouvaient donc être convertibles en or (70 % du stock d’or monétaire mondial en 1945). Ce que fit le général de Gaulle, la prospérité revenue, avec les excédents du commerce extérieur, conseillé en cela par Jacques Rueff.

    « Notre monnaie, votre problème »

    L’émission inconsidérée de dollar (commerce extérieur, guerre du Vietnam, euro-dollars) conduisit à la rupture du lien avec l’or au cours de l’été 71. On sait que cette rupture entraîna la hausse de l’énergie et provoqua la fin de la période des Trente Glorieuses. Dès lors, la valeur des monnaies devint fonction de leur demande ou leur offre sur les marchés, on appela cela les changes flottants ou flexibles (si on était optimiste). Mais, si l’on sait assez bien que cette rupture fut une cause de la crise, on voit moins qu’elle ouvrait aussi la page redoutable de la financiarisation de l’économie mondiale et l’invention de produits dit dérivés dont le caractère spéculatif n’avait d’égal que leur dangerosité financière. Paradoxalement, c’est au moment où la monnaie ne vaut plus rien que se vérifient les intuitions de Marx et de Weber sur la monnaie comme bien en soi et objet de marché. Néanmoins le privilège de l’Amérique devenait exorbitant puisqu’il n’y avait plus l’obligation de l’assise métallique : « le dollar est notre monnaie et votre problème » pouvait dire John Connally, secrétaire au Trésor de Nixon (août 1971), dans ce qui restera une date majeure de l’histoire monétaire. Perturbée par les changements erratiques de parité (le système de Bretton Woods avait établi une parité fixe des monnaies), une délégation européenne était venue se plaindre auprès de John Connally, en vain. Il restait aussi un autre privilège, beaucoup moins connu, que nous avions évoqué dans Politique Magazine d’octobre 2019 : le privilège d’extraterritorialité que s’octroie l’oncle Sam. Tout utilisateur du dollar est soumis à la loi américaine mais plus précisément, c’est moins connu, au FCPA : Foreign Corrupt Practice Act[1]. Cette loi date de 1977, à la suite de l’affaire du Watergate et surtout l’affaire Lockheed. Sous couvert de lutte contre la corruption, elle va devenir une véritable machine de guerre ciblant principalement les grandes entreprises européennes. C’est ainsi que l’Amérique (General Electric) pourra s’emparer d’Alstom.

    Guerre économique USA-Chine

    La question d’une alternative à cet ordre dollarisé a été posée un temps par l’euro, qui s’est néanmoins avéré incapable de rivaliser ; il est douteux d’ailleurs que celui-ci ait été voulu comme tel, même si une partie de l’opinion le souhaitait comme instrument d’une Europe-Puissance, la vassalisation étant trop prononcée dans le personnel européen. L’euro est une monnaie d’échange intra-européenne, mais il ne sert pas assez à acheter du pétrole, du blé, du cacao ; des pays se sont essayé à commercer en euro, mais la matraque étatsunienne était là pour les en empêcher.

    La Chine n’entend pas se laisser dominer par l’Amérique et vise le premier rang mondial, mais les États-Unis disposent encore d’une arme redoutable, le dollar, avec son cortège de sanctions, taxes, droits de douanes, et interdictions, copiés par les Chinois. Il s’agit donc pour la Chine de tailler à son tour des croupières à son rival, tâche difficile puisque tout le monde veut encore du dollar, les banques surtout, et que l’Amérique peut interdire à toute entreprise qui utilise le dollar de commercer avec un pays déclaré ennemi (Corée du Nord, Iran). La Chine a donc tenté d’imposer le yuan comme monnaie d’échange international.

    Modalités de la guerre monétaire

    Mais qui veut des yuans ? Pour l’heure, assez peu de monde, en vérité. Le yuan ne représente que 4 % des transactions mondiales. Seule peut-être la Russie vend ses hydrocarbures et achète en yuan des produit manufacturés (accords de Shangaï). Mais cela ne pèse guère pour faire du yuan une devise. La dévaluation compétitive (déprécier sa monnaie sur les marchés) permet de stimuler les exportations et de préserver le marché national puisque les prix des marchandises importés enchérissent (Trump ayant intelligemment utilisé les droits de douane pour freiner ces très importantes importations de produits chinois). Mais la contrepartie de cette dépréciation pèse sur le prestige de la monnaie, son attractivité. Nous sommes là dans une guerre qui n’est pas sans rappeler la crise des années 30, dévaluations en chaîne et protectionnisme.

    Pour sortir de l’impasse, la Chine a donc choisi une autre solution : le yuan ne parvient pas à s’imposer comme devise, qu’à cela ne tienne, il sera numérique : l’e-yuan est né !

    Cyber monnaie pour une cyber guerre

    Il s’agit d’échapper à l’étau du dollar mais aussi à ses circuits, soit le produit et le moyen de sa circulation, en créant une monnaie numérique, comme le bitcoin et toutes les monnaies numériques libres qui échappent à cette tutelle. Mais – et la différence est énorme –, ces monnaies ne sont pas discrétionnaires, elles sont le produit du seul marché. La Chine reste une dictature et, si elle a fait ses preuves numériques dans la surveillance de ses citoyens, elle ne saurait renoncer à son monopole d’émission de l’e-yuan, dont elle est en train d’accélérer le programme d’émission. Celui-ci lui permettrait de surcroît de contrôler immédiatement toutes les transactions faites par les Chinois, plus de contrôle a posteriori, coûteux et laborieux. Celui qui s’avise de ne pas traverser dans les clous est déjà fiché par reconnaissance faciale, il le sera aussi pour toute transaction suspecte, un vrai bonheur pour les banquiers et les politiques. L’e-yuan DCEP (Digital Currency Electronic Payment) doit donc remplacer le yuan, sous sa forme physique. Les deux monnaies ont la même fonction. Elle est distribuée par les banques nationales à leurs clients, sous contrôle de la banque centrale chinoise. Les premiers tests se déroulent depuis ce mois d’avril dans des villes choisies par le gouvernement. L’e-yuan pourrait donc aider Pékin à renforcer sa position sur la scène internationale, notamment en Afrique où la Chine gagne du terrain et où des dirigeants et des gouvernements subissent de plus en plus des sanctions économiques (pas toujours infondées, il est vrai) de la part de Washington. Pour Linghao Bao, analyste chez Trivium China, la principale raison de création de l’e-yuan est « d’égaliser les règles du jeu », entendez avec les Américains. Les chances de réussite internes sont grandes pour cet e-yuan. Une application pourrait permettre le paiement avec les téléphones portables, qui joueraient une fois de plus le rôle de portefeuille.

    Il reste qu’on ne voit pas encore cet e-yuan assurer les paiements sur les marchés internationaux et être recherché pour les achats en Chine, mais la technologie va vite et l’histoire aussi. Le dollar a néanmoins encore de belles années devant lui et ne doutons pas que son pays saura prolonger le « In God We Trust » pour quelque temps encore.

     

    [1] .  Wikipedia : « Le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) est une loi fédérale américaine de 1977 pour lutter contre la corruption d’agents publics à l’étranger. […] Elle concerne l’ensemble des actes de corruption commis par des entreprises ou des personnes, américaines ou non, qui sont soit implantées aux États-Unis, soit simplement cotées en bourse sur le territoire américain, ou qui participent d’une manière ou d’une autre à un marché financier régulé aux États-Unis. […] Par extension, le simple fait d’avoir établi une communication téléphonique ou envoyé un courriel transitant via le territoire américain permet l’application du FCPA. »

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Hydroxychloroquine, Laurent Joffrin est mal informé, par Oli­vier Perceval.

    A l’instar de la super­struc­ture médi­cale et phar­ma­ceu­tique, Laurent Jof­frin semble igno­rer l’existence d’études en faveur de l’Hydroxychloroquine. Je suis tom­bé de ma chaise, lorsque j’ai enten­du sur CNews,  dimanche der­nier, le cuistre Jof­frin affir­mer qu’aucune étude n’avait été publiée dans ce sens et que les per­sonnes pré­sentes, y com­pris Guillaume Bigot, sont res­tées coites devant un tel men­songe ou pire encore devant une telle mani­fes­ta­tion  d’ignorance. 

    olivier perceval.jpgLe fait que l’OMS n’ait pas pour­sui­vi les études enga­gées suite au « Lan­cet­gate », ne  doit pas faire oublier le tra­vail réa­li­sé par l’IHU médi­ter­ra­née depuis le début de la pan­dé­mie  avec plus de 3000 patients trai­tés et les résul­tats dument enre­gis­trés et véri­fiables. Je suis d’autant plus cho­qué que l’on conti­nue de tirer sur ce médi­ca­ment alors que le véri­table scan­dale est l’approbation (pro­vi­soire) du Redem­si­vir par l’agence euro­péenne du médi­ca­ment et qu’un chèque de 1 mil­liard d’euros a été signé à GILEAD par l’UE et le trai­te­ment offert gra­tui­te­ment aux pra­ti­ciens euro­péens comme seul auto­ri­sé. Depuis l’OMS a mis en garde contre ce médi­ca­ment dan­ge­reux.  Et, j’espère que des pour­suites judi­ciaires vont être enga­gées contre cet acte de cor­rup­tion aggra­vée, mais d’un point de vue média­tique, il sem­ble­rait que le dos­sier soit clos.

                Ci- des­sous à l’intention de Jof­frin et des sourds et aveugles qui sont cen­sés nous éclai­rer, une étude belge du mois d’aout der­nier qui ren­dait jus­tice au médi­ca­ment pro­po­sé par le pro­fes­seur Raoult, article paru dans France soir. On peut mettre en doute l’objectivité de ce quo­ti­dien par rap­port à cette cause, mais les réfé­rences sont là, bien évo­quées et en dehors d’une réfu­ta­tion scien­ti­fique, on doit prendre au sérieux les élé­ments énoncés :

                Une étude belge sur l’hy­droxy­chlo­ro­quine vient d’être publiée, sur 8 000 patients, et conclut que l’hy­droxy­chlo­ro­quine réduit la mor­ta­li­té de 30%, comme l’é­tude ita­lienne évo­quée dans notre article du 4 aout 2020.

                Les résul­tats sont édi­fiants et il est sur­pre­nant que le Conseil Scien­ti­fique, le minis­tère de la San­té et les médias fran­çais n’en parlent pas plus.

    L’hy­droxy­chlo­ro­quine a mon­tré une dimi­nu­tion de la mor­ta­li­té due à la COVID-19, dans une pro­por­tion de patients simi­laire à celle obser­vée dans l’é­tude ita­lienne, selon une ana­lyse natio­nale belge publiée aujourd’­hui dans l’In­ter­na­tio­nal Jour­nal of Anti­mi­cro­bial Agents. 

    L’é­tude est rétros­pec­tive et pré­sente bien sûr plu­sieurs limites. Tou­te­fois, asso­ciée à l’é­tude Iaco­viel­lo, elle com­mence à consti­tuer un impor­tant noyau de don­nées sur un grand nombre de patients. 

                Les effets de l’hy­droxy­chlo­ro­quine sont bien sûr limi­tés car, après des décen­nies de recherche sur le HIV/AIDS, l’u­ti­li­sa­tion d’un seul médi­ca­ment ne peut être consi­dé­rée comme une solu­tion défi­ni­tive pour une mala­die cau­sée par un virus à ARN. Des com­bi­nai­sons de médi­ca­ments sont nécessaires. 

                À cet égard, une autre étude publiée aujourd’­hui par la même revue a mon­tré les effets addi­tifs de l’a­zi­thro­my­cine à une com­bi­nai­son d’hy­droxy­chlo­ro­quine et d’un inhi­bi­teur de la pro­téase du HIV, confir­mant ain­si les études de Raoult. 

                Les com­bi­nai­sons de chlo­ro­quine et de l’in­hi­bi­teur de la pro­téase du HIV lopinavir/r sont recom­man­dées par les direc­tives chi­noises pour le trai­te­ment COVID-19 mais ont été lar­ge­ment igno­rées par les pays occi­den­taux, à l’ex­cep­tion de l’I­ta­lie, où cette asso­cia­tion a d’a­bord été encou­ra­gée dans les direc­tives de février der­nier mais ensuite décou­ra­gée par l’a­gence ita­lienne de régle­men­ta­tion des médi­ca­ments pour des rai­sons assez mys­té­rieuses. Le Dr. Sava­ri­no expri­me­ra ses réflexions à ce sujet, alors qu’ils ont été d’a­bord recom­man­dés dans les direc­tives de février der­nier, mais ensuite décou­ra­gés par l’a­gence régle­men­taire ita­lienne des médi­ca­ments (AIFA) pour des rai­sons qui res­tent inex­pli­quées à ce jour.

    Auteur(s): Peter D’angelo pour FranceSoir

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Brexit : Le souverainisme à la mode britannique ... Une vraie bonne nouvelle pour l'Europe ?

     

    La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est désormais une éventualité de court terme. Mathieu Bock-Côté estime [Figarovox - 24.02] qu'à leur manière bien singulière, les Anglais partisans du Brexit défendent le véritable esprit européen. Et lorsqu'il invoque la vie démocratique de l'Europe, c'est au sens des peuples, des nations, de leur pluralité. Il le fait en des termes et selon une conception de l'Europe, des sociétés et des nations, qui est aussi fondamentalement la nôtre. Sur ce même sujet, on pourra se reporter utilement au lundi de Louis-Joseph Delanglade publié ici-même le 29.02 : L’Union agonise ? Vive l’Europe !  LFAR

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgLa table est mise, les Britanniques se prononceront le 23 juin sur leur sortie de l'Union européenne. Les cyniques ont déjà leur formule toute trouvée : les Britanniques envisagent d'autant plus librement de sortir de l'Europe qu'ils n'y sont jamais vraiment entrés. Il n'en demeure pas moins que la vie politique européenne tournera pour les prochains mois autour de ce débat fondamental : est-ce qu'un État est en droit de sortir d'une association politique qui était censée représenter un grand bond en avant dans l'histoire universelle ? Est-il même en droit de définir selon ses intérêts nationaux spécifiques sa participation à une telle union ?

    Le sens de l'histoire, tel que l'interprétaient généralement les grandes figures de l'idéologie dominante, qui pousse à la dissolution des nations par le multiculturalisme et le globalisme, ne permettait pas cette prise au sérieux du fait national. Mais il semble que la liberté des peuples est encore capable de faire dévier l'inéluctable et que les grands processus historiques puissent se gripper quand la souveraineté s'en mêle. C'est d'autant plus vrai que la nation n'est pas une fiction idéologique, quoi qu'en pensent ceux qui y voient une construction sociale récente dans l'histoire du vieux continent, mais une réalité ancrée dans l'histoire. L'État-nation demeure l'horizon indépassable de la démocratie.

    On peut reprendre la formule aujourd'hui à la mode : de quoi l'Europe est-elle le nom ? Louis Pauwels, la grande figure historique du Figaro Magazine, au moment d'en appeler à voter contre Maastricht, en 1992, distinguait entre les européistes et les Européens. Les premiers, disait-il, s'attachaient à une chimère idéologique désincarnée qui n'avait d'européenne que le nom. Les seconds, en se portant à la défense des nations, défendaient la civilisation européenne à travers le cadre qui avait permis le développement de la liberté politique. Pauwels n'était pas le seul à penser ainsi, même si le souverainisme français de l'époque, qui ne portait pas encore ce nom, avait moins explicité sa vision de la civilisation européenne.

    À sa manière, c'est cette distinction qu'a reprise Boris Johnson, le maire de Londres, en contestant aux partisans de l'Union européenne la prétention à être les seuls défenseurs de l'Europe. Celui qui sera probablement la figure dominante du camp souverainiste, et qui lui donne un poids politique majeur, ne se laissera pas enfermer dans le mauvais rôle du Britannique insulaire seulement soucieux de cultiver son jardin. Il fait preuve d'un authentique cosmopolitisme. Il ne tolèrera manifestement pas l'étiquette d'europhobe que voudront lui coller ses adversaires et les commentateurs, qui ont décidé, en adoptant ce terme il y a quelques années, de psychiatriser la dissidence devant la construction européenne.

    Le souverainisme britannique est particulier : à la différence des autres pays d'Europe occidentale, il n'est pas canalisé ni confisqué par une force politique populiste, ou du moins, étiquetée comme telle. On ne saurait sérieusement faire du petit parti eurosceptique UKIP un parti d'extrême-droite, quoi qu'en pensent ceux qui n'en finissent pas d'étendre la définition de ce terme. Mais surtout, le souverainisme est très présent au sein du Parti conservateur même si ce dernier, pour l'instant, demeure sous l'autorité de son chef. Évidemment, David Cameron ne saurait être défini comme un souverainiste au sens strict, mais les conditions qu'il a posées pour rester dans l'UE rappellent une chose : l'adhésion à l'Europe n'était pas pour lui inconditionnelle.

    C'est une perle napoléonienne : un pays a la politique de sa géographie. Il ne peut s'en abstraire, même s'il n'en est pas prisonnier. C'est ce qui explique notamment que la Grande-Bretagne n'a jamais vu dans l'Union européenne autre chose qu'un grand marché auquel elle refusait son âme. La Grande-Bretagne appartient à la civilisation atlantique, et plus largement, à la civilisation anglo-saxonne. Pour Boris Johnson, la Grande-Bretagne serait plus forte délivrée des entraves communautaires. Elle renouerait avec une souveraineté lui permettant de conduire sa propre politique. À tout prendre, ses grands hommes politiques envisagent plus favorablement une éventuelle fédération des peuples de langue anglaise que d'unir son destin à l'Europe continentale.

    La possibilité d'une séparation britannique obligera l'Europe à réfléchir à son identité profonde et à la nature du projet politique qu'on porte en son nom. Depuis le refus, en 2005, d'intégrer la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne, c'est la vraie nature de la construction européenne qui s'est dévoilée. Elle entend moins constituer politiquement le vieux monde à travers un patriotisme de civilisation transcendant les nations sans les abolir, que bâtir une forme d'empire universel et humanitaire aux frontières indéfinies et prétendant embrasser théoriquement l'humanité entière. Cette posture suicidaire conduit inévitablement à un refus de l'idée même de frontière, puisque c'est la pluralité humaine qui est contestée.

    La crise des migrants des derniers mois a rappelé une chose : non seulement l'Europe n'a pas vraiment de frontières, mais elle n'en veut pas non plus. Elle aurait l'impression de trahir sa vocation humanitaire en distinguant entre l'intérieur et l'extérieur de la communauté politique. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater que plus la construction européenne avance, et plus elle croit devoir dissoudre la civilisation européenne. Dans le monde idéal des européistes, la citoyenneté devrait recouper l'humanité entière et la logique des droits de l'homme définir exclusivement la vie politique. À terme, cette philosophie politique désincarnée provoque la révolte des peuples.

    À sa manière bien singulière, la Grande-Bretagne se porte peut-être à la défense, en ce moment, du véritable esprit européen. Quel que soit le résultat du référendum, qu'on ne saurait sérieusement prophétiser plusieurs mois à l'avance, il aura au moins eu une vertu : rappeler que le politique peut surgir à tout moment dans la vie des peuples et jeter à terre les constructions idéologiques aussi artificielles qu'autoritaires. L'Europe ne saurait traiter ses peuples comme des provinces vassales. Parce qu'il redonne vie au politique et permet aux peuples de se le réapproprier, ce référendum représente une vraie bonne nouvelle dans la vie démocratique de l'Europe.

    FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

     

  • Michel Onfray : « Michel Houellebecq a diagnostiqué l'effondrement spirituel de notre époque »

     

     

    Entretien par Alexandre Devecchio

     

    A l'occasion de la parution de son dernier livre, Miroir du nihilismeHouellebecq éducateur, Michel Onfray décrypte, dans ce long et remarquable entretien,  la philosophie de l'auteur de Soumission [Figarovox, 30.09]. Une philosophie qui a pour toile de fond la situation de notre civilisation, de notre société. Bien-sûr, sa certitude que « nous allons mourir » n'est pas la nôtre. Mais sur le diagnostic porté par Onfray à travers l'oeuvre de Houellebacq, on ne peut qu'être presque en tous points d'accord. Pour qui ne veut pas mourir - et ni Houllebecq ni Onfray n'en forment le souhait - il y a là d'importantes analyses, de profondes réflexions et quelques maximes superbes.   LFAR   

     

    XVM1af2a674-a53a-11e7-b619-f944cd28c6f6.jpgVous publiez aux éditions Galilée, Miroir du nihilisme, un essai consacré à Soumission de Michel Houellebecq. Vous êtes longtemps passé à côté de l'œuvre de ce dernier. Pourquoi son dernier roman vous a-t-il fait changer de point de vue ? 

    J'avais aimé la performance littéraire d'Extension du domaine de la lutte qui était vif et bref, rapide et percutant. Les autres romans m'avaient paru techniquement moins rapides. J'aime les stylistes et les textes qui vont vite. Voilà pour la forme.

    Pour le fond, j'avais commis l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur. C'est confondre le cancérologue qui diagnostique la pathologie avec le cancer, la pathologie qu'il a diagnostiquée. J'étais, selon l'image bien connue, l'imbécile qui regarde le doigt quand le sage lui montre la lune !

    Soumission m'a plu parce qu'il renoue avec la vitesse d'Extension. Il m'a éloigné du doigt et ramené à la lune quand j'ai constaté chez Michel Houellebecq la grande souffrance qui était la sienne à se savoir, se voir, se constater, s'expérimenter corporellement et spirituellement tel un sismographe de notre époque en cours d'effondrement.

    v_9782718608577.jpgEn termes hégéliens, il est le grand homme choisi par l'Histoire pour qu'il en fasse la narration. Il est au cœur nucléaire du processus de Ruse de la raison. Le savoir, ce qui est son cas, car il est d'une redoutable lucidité, c'est affronter les plus grands tourments.

    En quoi Houellebecq est-il le romancier du nihilisme ?

    En tant que sismographe, il enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles : il a diagnostiqué l'effondrement spirituel des générations produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.

    Mais aussi la veulerie du tourisme sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de collaboration des élites avec les idéologies liberticides - ici un islam francisé.

    Depuis 1994, Michel Houellebecq dépèce minutieusement le Veau d'or - c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental.

    Houellebecq s'inscrit volontiers dans la filiation d'Auguste Comte qui était positiviste…

    Mais aussi de Schopenhauer - ou de Huysmans. Il n'est pas homme à s'enfermer dans des cases, à aimer l'un, donc pas l'autre, à choisir celui-ci, donc à écarter celui-là… Il est un homme authentiquement libre.

    Ce qu'il aime chez Auguste Comte, c'est sa réflexion sur la place de la religion dans la société, sur la possibilité d'une liaison d'un certain type de sacré avec le social. Qui dira qu'il ne s'agit pas d'une question essentielle si l'on veut aujourd'hui penser la question politique ?

    Le positivisme n'est pas la philosophe un peu bêtasse de Monsieur Homais, mais la pensée mal connue d'un homme qui estimait que la religion sociologique des Hommes pouvait remplacer la religion théologique de Dieu.

    La question de la religion est un leitmotiv dans la pensée de Michel Houellebecq : que faire dans un monde vidé de toute transcendance ? Lui qui décrit dans le détail le désespoir qu'il y a à vivre dans un monde de pure immanence (ce qui n'est pas mon cas : je crois que la sagesse tragique permet de vivre dans la seule immanence sans désespoir…) , il est normal qu'Auguste Comte lui parle.

    Votre livre est sous-titré Houellebecq éducateur. Comment peut-on être à la fois nihiliste et éducateur ?

    En enseignant la nature tragique du monde, autrement dit, en évitant deux chose : la lecture optimiste du monde et… la lecture pessimiste ! L'optimiste voit le meilleur partout et ne veut pas entendre parler du pire ; le pessimiste voit le pire partout et ne veut pas entendre parler du meilleur.

    Le tragique quant à lui sait qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur - qui provient chez lui, paradoxalement, de Schopenhauer pour qui il existe des solutions à ce monde sombre dans la pitié et la contemplation esthétique.

    N'oublions pas que Schopenhauer a aussi écrit un Art d'être heureux… On connaît sa vision du monde animal, elle est d'une grande compassion. Il y a dans sa conversation en tête à tête la même présence attentive à l'autre. On n'ignore pas non plus qu'il trouve dans l'art un sens à sa vie: il a produit des romans, des essais, des poèmes, des films, des photographies, des performances d'art contemporain…

    En tant qu'il dit le monde tel qu'il est, sans faux-semblants, et qu'il vit une vie poétique sans l'imposer ou la conseiller à qui que ce soit, il invite chacun à construire sa propre existence dans un temps de détresse.

    Beaucoup ont vu dans Soumission une critique de l'islam radical. Vous y voyez plutôt un grand roman de la collaboration. Qui sont les « collabos » d'aujourd'hui ?

    Ceux qui estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.

    Certes, il existe un islam pratiqué par des gens qui voient en cette religion une coutume familiale ou un signe d'appartenance dans laquelle dominent effectivement la tolérance, la paix et l'amour.

    Mais il y a aussi, dans le Coran et dans l'histoire de l'islam, terrorismes inclus, une autre voie qui est celle de la misogynie, de la phallocratie, de l'homophobie, de l'antisémitisme, du bellicisme, de la guerre qui constituent des valeurs à exporter par le djihad guerrier.

    Le collaborateur ne veut voir que le premier islam en estimant que le second n'a rien à voir avec l'islam. Le Coran est un livre dont les sourates justifient aussi bien le premier que le second islam.

    Concrètement, ces collaborateurs sont les islamo-gauchistes qu'on trouve ici ou là au NPA, dans la France Insoumise, dans l'aile gauche du PS, au PCF, ou à EELV. Il y en a également dans l'aile gauche des Républicains - chez les juppéistes par exemple.

    C'est aussi une critique acerbe du monde universitaire. Un monde avec lequel vous avez toujours pris vos distances …

    Michel Houellebecq se contente de décrire cette institution qui fonctionne à la cooptation, au piston, donc au phénomène de cour ; avec retard, elle suit les modes qu'elle ne crée jamais ; elle se prétend du côté de la science alors qu'elle est le lieu de l'idéologie ; elle est un lieu de rituels d'écriture scrupuleux et de reproduction institutionnelle - comme l'a bien vu Bourdieu ; elle dit être un lieu de recherche mais on y cherche ceux qui y trouveraient - précisons que je parle des seuls secteurs littéraires, sociologiques, philosophiques…

    C'est pour ma part un monde contre lequel je n'ai rien puisque j'ai refusé de l'intégrer après ma soutenance alors que ma directrice de thèse me proposait d'y faire carrière et que j'ai préféré rester professeur de philosophie dans un lycée technique.

    Mais, en effet, l'Université est une institution et, en tant que telle, elle est un lieu où la liberté, l'autonomie et l'indépendance soufflent peu ! Ni Montaigne ni La Boétie, ni Descartes ni Voltaire, ni Nietzche ni Proudhon, ni Alain ni Camus n'ont eu besoin de l'université pour penser - et leurs pensées furent vraiment libres…

    Presque aussi intéressant que le livre lui-même a été son accueil au moment même où la réalité rejoignait la fiction avec les attentats de janvier 2015. Comment analysez-vous son rejet par une partie des médias ?

    J'ai repris le dossier de presse de l'accueil de ce livre pour essayer de voir comment on avait lynché l'homme sans avoir lu l'œuvre pour ne pas avoir à la lire et à la commenter - parce qu'elle mettait le doigt dans la plaie…

    Il est intéressant de constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias de l'islamo-gauchisme ont sali l'homme Michel Houellebecq en lançant une polémique comme ils savent le faire pour souiller l'homme afin de discréditer l'œuvre.

    Il est également intéressant de mettre en perspective ceux qui ont écrit ou parlé en faveur de Mehdi Meklat (blogueur islamophile, antisémite, phallocrate, misogyne, antisémite, belliciste ) dans Libération , Le Monde , Les Inrockuptibles ou France-Inter et de rappeler ce que les mêmes ont écrit contre Houellebecq.

    Ce travail a été riche d'enseignements pour moi sur le fonctionnement du dispositif collaborationniste français… Je vous renvoie au détail de l'analyse (noms, lieux, citations, analyse de tweets, etc) dans mon livre…

    C'est aussi un livre sur la perte de sens dans notre civilisation occidentale. Le christianisme et l'idéologie totalitaires ont laissé la place à la religion du marché et à l'islam conquérant. En tant qu'athée et matérialiste, que cela vous inspire-t-il ? Pourquoi la raison a-t-elle échoué à être le ciment d'une nouvelle civilisation ?

    Une civilisation n'est possible qu'avec une spiritualité qui la soutient et qui, elle-même, découle d'une religion. Depuis que le monde est monde, c'est ainsi. L'Histoire témoigne.

    Elle témoigne également qu'il n'y eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une civilisation - je le sais au premier chef puisque je suis athée et matérialiste… On ne lie pas les hommes sans le secours du sacré.

    J'en profite pour m'opposer à cette scie musicale chantée par un certain nombre de philosophes pour lesquels la religion serait ce qui relierait les hommes entre eux - sur le principe du religare, relier… C'est une vision étroite de… matérialiste, voire… d'athée !

    Car, si la religion relie bien, elle ne relie pas les hommes entre eux, sur le terrain de l'immanence, mais avec le sacré, sur le terrain de la transcendance. Elle n'est pas un lien des hommes entre eux, mais des hommes avec ce qui les dépasse. Or nous sommes dans une civilisation qui a congédié toute transcendance.

    XVMdcf717aa-a5da-11e7-8269-811617cc40e3-200x250.jpgVous publiez également, Thoreau le sauvage, un livre sur Henry-David Thoreau. Qui était ce « penseur de champs » ?

    C'est un homme qui montre qu'il existe une philosophie américaine loin de la philosophie européenne - et qui, ostensiblement, lui tourne le dos… L'Europe philosophique aime les Idées éthérées et les concepts purs, elle chérit plus que tout le beau raisonnement même s'il est faux, elle aime les cathédrales utopiques même si elles sont inhabitables.

    Thoreau se moque des concepts et des idées, des beaux raisonnements et des cathédrales utopiques : il veut que la philosophie soit l'art de parvenir à une sagesse qui est connaissance de la nature et invitation à y trouver sa place.

    Thoreau est un marcheur, un herboriste, un géologue, un nageur, un chasseur, un pécheur, un jardinier qui mène une vie philosophique. Il n'imagine pas une seule seconde une idée découplée de ce qu'elle doit produire : une action concrète, un comportement, une pratique. C'est un penseur existentiel comme je les aime…

    Sa philosophie ne peut-elle être une alternative au nihilisme que vous décrivez ?

    C'est une solution, oui. Pas forcément la seule.

    Il faudrait ajouter que ce sympathique na

  • Les hérésies chrétiennes dans le Coran (2/3) – l’arianisme, par Annie Laurent

    Annie_Laurent.jpgVoici le deuxième des trois volets qu'Annie Laurent consacre à ce sujet.

    Le premier est paru ici-même, le mardi 31 janvier dernier, et vous y avez accès en cliquant sur le lien suivant :

    Les hérésies chrétiennes dans le Coran (1/3), par Annie Laurent

    Rendez-vous bientôt pour la conclusion de cette brillante étude...

    François Davin, Blogmestre

     
    Nous avons vu précédemment (cf. PFV n° 95) que l’islam – ou plutôt le « proto-islam » – est apparu comme l’un des premiers millénarismes de l’Histoire. Il s’agissait d’un mouvement (ou ensemble de mouvements) apocalyptique ancré initialement dans le substrat juif et chrétien de l’Orient du VIIème siècle, tout particulièrement fondé dans l’espérance de l’établissement d’un règne politique de Dieu sur terre par la venue physique et l’action guerrière de son Messie chargé d’éradiquer le mal. Le rôle ainsi prêté au Messie (Jésus, ou ceux qui ont prétendu l’être à sa place) diffère complètement de la vision d’un Jésus sauveur, prônant le dépassement du mal par la charité et le pardon, que la foi chrétienne avait enseignée durant des siècles.

    On a certes pu voir dans l’histoire des chrétiens passer directement du Jésus de la foi des Apôtres aux espérances millénaristes – ce fut le cas, par exemple, du mouvement anabaptiste dans l’Allemagne du XVIème siècle. Il a dû en être également ainsi au VIIème siècle. Mais on peut aussi considérer que le pullulement des doctrines chrétiennes hétérodoxes au Proche-Orient a pu préparer le chemin, en prêchant des visions déformées du Jésus des Évangiles – le Sauveur – au profit de « pseudo-Jésus » n’étant plus sauveurs par eux-mêmes, au profit de systèmes proposant une autre forme de salut. C’est particulièrement le cas de l’arianisme, objet de la présente Petite Feuille Verte.

    La condamnation d’Arius au Concile de Nicée de 325 – enluminure tirée du Ménologe de Basile II (Xe s., Bibliothèque Apostolique Vaticane, folio 108)

    L’ARIANISME

    Le nom de cette hérésie, apparue au IVème siècle, se rattache à son auteur, Arius (256-336). Né en Cyrénaïque, ce dernier fut ordonné prêtre à Alexandrie. À partir de 315, il répandit une théorie hétérodoxe auprès de ses paroissiens, auxquels il enseignait que Dieu, unique et inengendré, ne pouvait communiquer sa substance, y compris au Verbe [Jésus], celui-ci étant créé par sa volonté. Il contestait ainsi publiquement l’enseignement de son évêque, saint Alexandre (296-326), primat d’Égypte et de Libye, pour qui, selon les Écritures, « le Fils a le même rang que le Père et qu’il a la même essence que le Dieu qui l’a engendré ». Alexandre prêchait donc sur l’unité essentielle dans la Trinité.

    En 318, Alexandre réunit un concile diocésain ; celui-ci excommunia Arius et le déposa. Cette décision, transmise au pape saint Sylvestre qui l’approuva, n’emporta cependant pas l’adhésion de tout le clergé alexandrin. Dans la lettre synodale qu’Alexandre adressa alors à tous les évêques de la catholicité, il écrivit ceci : « Dans notre diocèse, voilà que des hommes iniques et hostiles au Christ ont maintenant surgi, qui enseignent une apostasie telle qu’on pourrait à bon droit la présumer et l’appeler un signe précurseur de l’Antéchrist » (P. Ephrem Boularand, L’hérésie d’Arius et la “foi” de Nicée, Letouzey & Ané, 1972, t. 1, p. 30).

    Le Père Boularand résume sobrement cette doctrine : « Arius a éliminé de Dieu le mystère de sa vie intime. Dès lors, pouvait-il croire que le même Dieu unique fût Père et Fils et Saint-Esprit ? ». Il en expose ensuite les « assertions majeures » : le Fils n’est pas éternel ; il a été créé du néant par Dieu et cela volontairement ; il n’est pas Dieu véritable, égal et consubstantiel au Père ; il est imparfait et changeant ; le Saint-Esprit n’est pas Dieu (ibid., p. 71 à 81).

    L’islamologue belge Alfred Havenith la présente ainsi : « Arius enseignait que Dieu, unique et inengendré, ne pouvait communiquer sa substance. Tout, en dehors du Dieu unique, est créé par sa volonté. Le Verbe donc, a aussi été créé, mais avant le monde et avant le temps. Pourtant, dit Arius, “il fut un temps où le Verbe n’existait pas”. Jésus donc est une créature intermédiaire entre Dieu et les hommes. Sa filiation ne peut être qu’adoptive. Il est inférieur à Dieu bien que la plus parfaite des créatures » (Les Arabes chrétiens nomades au temps de Mohammed, Centre d’histoire des religions, Louvain-la-Neuve, 1988, p. 50). Arius confondait donc « engendré » et « créé », faisant de Jésus cet « intermédiaire ».

    Le Coran reflète cette idée en présentant Jésus d’une part comme une créature comparable aux autres êtres humains.

    Oui, il en est de Jésus comme d’Adam auprès de Dieu : Dieu l’a créé de terre, puis il lui a dit : “Sois”, et il est. (3,59).
    Dis : “Lui, Dieu est Un ! Dieu ! L’impénétrable ! Il n’engendre pas ; il n’est pas engendré ; nul n’est égal à lui !” (112,3).

    Et le Coran présente d’autre part Jésus comme doté par Dieu de pouvoirs divins exceptionnels :

    Et Nous [Dieu] avons donné des versets [ou des "preuves évidentes"] à Jésus fils de Marie, et Nous l’avons renforcé du Saint-Esprit (2,87 ; cf. aussi 2,253).
    Pour vous, je [Jésus] forme de la glaise comme la figure d’un oiseau, puis je souffle dedans : et, par la permission de Dieu, cela devient un oiseau. Et je guéris l’aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission de Dieu (3,49).
    Il [Jésus] n’était qu’un Serviteur que Nous [Dieu] avions comblé de bienfaits (43,59).

    Aux sources de l’hérésie

    Il importe d’avoir présent à l’esprit que, dans l’intelligence de la foi chrétienne, la révélation de la divinité de Jésus découle directement de ce qu’il est reconnu comme sauveur : il est la vie, en lui-même, par lui-même ; il donne cette vie, il « vivifie » (en araméen, ce sont les mots « vie » et « vivifier » qui sont employés pour signifier « salut » et « sauver »). Il délivre de l’emprise du mal, jusqu’à celle de la mort elle-même, par le don de cette vie nouvelle (d’où les notions de salut au sens de « secours », de délivrance de cette emprise, de rédemption). Ce que seul Dieu peut faire. D’où la conclusion des premiers chrétiens et de ceux qui font l’expérience de ce salut : Jésus est Dieu, la présence divine est en lui.

    De ce point de vue, fondamental, l’hérésie arienne revenait donc à refuser que Jésus soit sauveur par lui-même, en lui-même. Elle faisait de Jésus un simple homme que Dieu aurait élevé au-dessus des autres en lui confiant certains pouvoirs divins, l’établissant comme un intermédiaire. S’identifier alors à Jésus revenait ainsi à s’extraire de la condition humaine commune pour devenir soi-même un surhomme, à l’image, par exemple, de l’empereur romain (nous verrons ci-après que c’est d’ailleurs à une version « arianisée » de la foi chrétienne que s’est converti l’empereur Constantin 1er).

    Plus généralement, l’arianisme conduit ainsi très directement à la constitution de sociétés pyramidales, dont les chefs pourront revendiquer pour leur pouvoir une forme de divinité, ou à tout le moins de lien particulier avec la divinité. Ainsi, on comprend mieux pourquoi pendant deux siècles tout le monde s’en est pris à ces questions et pourquoi elles sont cruciales et non pas seulement académiques.

    Des influences diverses semblent avoir conduit Arius à nier l’incarnation de Dieu en Jésus-Christ. Pour saint Athanase, successeur d’Alexandre en 328 et auteur de deux Traités contre les Ariens, « la philosophie platonicienne, dont il [Arius] était nourri ne lui permettait pas de faire descendre Dieu à ce niveau d’infériorité, dans une humanité mesurable, muable et matérielle. Son intention était de sauvegarder la monarchie divine, c’est pourquoi, à ses yeux, le Père seul peut être Dieu de toute éternité » (coll. Sources chrétiennes, Cerf, 2019, t. 1, p. 31). Il en tire cette remarque : « Pour la première fois dans l’Église, la divinité du Christ, deuxième personne de la Trinité, est niée explicitement, et [l’empereur] Constantin voit entre Arius et Alexandre seulement “une querelle sur des points minimes et absolument sans importance” » (Traité contre les Ariensop. cit., t. 1, p. 33).

    Niant ainsi la nature salvifique, la divinité et l’éternité du Christ, l’arianisme ne lui reconnaissait donc qu’une filiation divine de type adoptif. On peut y voir un lien avec l’hérésie adoptianiste promue au IIème siècle par Théodote de Byzance. Attaché à un monothéisme radical, ce dernier prétendait que cette adoption résultait du baptême de Jésus dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Cette doctrine fut condamnée lors d’un concile tenu à Antioche en 268.

    L’hérésie arienne prit ainsi la forme d’un monothéisme strict, autrement dit un Dieu de solitude, ce qui revenait à rejeter le mystère de la Trinité mais aussi celui de l’Incarnation. Or telle est la position du Coran.

    Ceux qui disent : “Dieu est, en vérité, le Messie, fils de Marie”, sont impies (5,17). 
    Louange à Dieu qui a fait descendre le Livre [le Coran] sur son serviteur [Mahomet] […] pour avertir ceux qui disent : “Dieu s’est donné un fils !” […]. Ils ne profèrent qu’un mensonge (18,4-5).
    Il ne convient pas que Dieu se donne un fils (19,35).
    Dieu ne s’est pas donné de fils ; il n’y a pas de divinité à côté de lui, sinon chaque divinité s’attribuerait ce qu’elle aurait créé (23,91). 
    Dis : “Je ne suis qu’un mortel semblable à vous. Il m’est seulement révélé que votre Dieu est un Dieu unique. Allez droit vers lui et demandez-lui pardon !” (41,6).
    Dis : “Si le Miséricordieux avait un fils, je serais le premier à l’adorer” (43,81).

    Tout cela a conduit l’historien britannique Hilaire Belloc à considérer l’arianisme comme une forme d’unitarisme, « doctrine selon laquelle Dieu serait un seul et même esprit ». En l’occurrence, concernant le Christ, il s’agit d’« une espèce d’unitarismeidentifiant en fin de compte sa personne à celle d’un prophète ; un prophète très certainement inspiré mais rien de plus ». Cet auteur souligne que « les unitariens reprochent aux catholiques de ne pas être strictement monothéistes, et ils les accusent donc d’idolâtrie » (Les grandes hérésies, Artège, 2022, p. 67).

    Selon Havenith, cette doctrine correspondrait plus précisément à l’hénothéisme (le fait d’associer un ou plusieurs autres dieux au Dieu créateur) et ne peut pas être confondue avec le polythéisme, propre au paganisme (op. cit., p. 21). De fait, il s’agit là de l’un des principaux griefs que le Coran adresse aux chrétiens qui sont accusés de professer une forme d’« associationnisme » (shirk en arabe).

    Dieu ne pardonne pas qu’il lui soit donné des associés, alors qu’il pardonne à qui il veut les péchés moins graves que celui-là. (4,48).
    Dieu interdit le Paradis à quiconque attribue des associés à Dieu. Sa demeure sera le Feu. Il n’existe pas de défenseurs pour les injustes. Oui, ceux qui disent : “Dieu est, en vérité, le troisième de trois” sont impies. Il n’y a de Dieu qu’un Dieu unique. S’ils ne renoncent pas à ce qu’ils disent, un terrible châtiment atteindra ceux d’entre eux qui sont incrédules. (5,72-73).  
    Nous jetterons l’épouvante dans les cœurs des incrédules parce qu’ils ont associé à Dieu ce à quoi nul pouvoir n’a été concédé. Leur demeure sera le Feu. Quel affreux séjour pour les impies ! (3,151).