UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Le numéro 1190 (18 mai 2020) de Royaliste est paru...

    SOMMAIRE DU NUMERO

    Cible : Médailles. A la une : StopCovid, un choix cornélien.

     

    LA NATION FRANCAISE. – Pages 2 à 4. Politique : StopCovid, les apprentis sorciers , par Laurent Lagadec. Politique : Ultralibéraux à l’offensive, par Sylvie Fernoy. Économie : Air France ou le vol des dindons, par Jean Latour. L’Écho du net : «  Fakestate », par Loïc de Bentzmann.

     

    LES CHEMINS DU MONDE. – Pages 5 et 6. Actualité : Les États-Unis dans la tempête, par Marc Sévrien. Chronique internationale : Pékin-Taïwan : les deux modèles chinois , par Yves La Marck. Voix étrangères : Le VE Day et le coronavirus , par Yves La Marck. Les Faits marquants : Corée du Nord, États-Unis, Royaume Uni.

     

    PROPOSITIONS POUR UN DÉBAT. – Pages 7 à 10. Introduction : Pour préparer le jour d’après, par Bertrand Renouvin. Offensive : Les royalistes ouvrent le débat. Nos Analyses : Le poids de l’irresponsabilité. Nos Analyses : La France en première ligne. Nos Analyses : Un modèle économique dépassé. Nos Analyses : Les nations reprennent la main. Ils le disent aussi : Arnaud Montebourg, Stéphane Séjourné, Dominique Lordon. Qui sommes-nous ? : La NAR, un projet d’ensemble.

     

    LES IDÉES. – Pages 11 et 12. La vie des idées : L’héritage d’Emmanuel Mounier, par Gérard Leclerc. Idées politiques : Emmanuel Todd et le cycle des Gilets Jaunes, par Casimir Mazet.

     

    LES FORMES. – Page 13. Séries télévisées : Quand la télé s’en mêle, s’emmêle, par Léon Skinwel. Sur les écrans : La conquête de la lune, par David Navarro.

     

    LE MOUVEMENT ROYALISTE. – Pages 14 et 15. Des royalistes contre les nazis (2) : Jean de Launoy, par François-Marin Fleutot. Actualités royalistes : activités de la NAR, Maison de France, Dynastie.

     

    ÉDITORIAL. – Page 16. La décision de Karlsruhe , par Bertrand Renouvin 

     
     

    Pour acheter ce numéro :  http://nouvelle-action-royaliste.fr/boutique/resultat/sous/royaliste

    Pour vous s’abonner et nous soutenir: http://nouvelle-action-royaliste.fr/presentation/royaliste

     

    Pour nous contacter : Royaliste, rédaction-administration :

    Bloc C, BAL 13 – 36,38, rue Sibuet, 75012 PARIS

    lejournal@nouvelle-action-royaliste.fr

     
    Pour vous désinscrire de la liste de diffusion:
     
    A nos abonnés, à nos lecteurs
    ROYALISTE PARAIT RÉGULIÈREMENT ET ACCROÎT MÊME SA PAGINATION SUR 16 PAGES, malgré les difficultés liées à la crise sanitaire actuelle.
    Vous recevez donc votre journal en version numérique, sous format PDF, lors de sa parution.
    A partir de ce numéro 1190, nous reprenons l'impression du journal et l'expédition par La Poste des exemplaires papier, qui vous seront livrés dans les délais habituels.
     
    Pour les lecteurs qui renouvellent leur abonnement ou pour ceux qui souscrivent un premier abonnement, nous les invitons à le faire :
    - via le site de la NAR (http://nouvelle-action-royaliste.fr/presentation/royaliste) sur notre boutique en ligne en utilisant l’option PayPal de règlement sécurisé par carte bancaire,
    - ou par virement sur notre compte Nouvelle Action Royaliste auprès de la Banque Postale (IBAN : FR26 2004 1000 0100 1931 4Z02 066, en précisant votre nom, votre adresse, votre éventuelle adresse mail et la formule d’abonnement choisie (« Papier et PDF » ou « Uniquement PDF ») afin d’alléger autant que possible nos taches de gestion.
    Nous vous remercions de votre compréhension. Royaliste a besoin de votre soutien dans cette période difficile.
    Veuillez donc trouver en fichier joint le numéro 1190 (18 mai 2020) qui vient de paraître.
    N’hésitez pas non plus à transmettre tout ou partie de ce journal à vos amis qui pourraient être intéressés : c’est grâce à vous que l’audience de Royaliste peut s’accroître.
     
    Bonne lecture.
    La Rédaction
     
  • Royaliste n°1194 (14 Septembre 2020)

    Un nouveau numéro de “Royaliste” (numéro 1194, daté du 14 septembre) vient de paraître.

    SOMMAIRE du numéro

    Page 1 – Les ultras verts.
    Page 2 - Politique : un plan de relance en trompe-l’œil.
    Page 2 - Politique de l’offre vs politique de la demande.
    Page 3 – Toi aussi, deviens Royco-friendly !
    Page 3 - L’Écho du net.
    Page 4 – Convention citoyenne sur le climat : un objet politique sans portée juridique.
    Page 4 - La quinzaine sociale.
    Page 5 – Comité Théodule ou « démocratie augmentée » ?
    Page 6 – Le Liban, entre tragédie et espoir.
    Page 6 - Voix étrangères (Israël).
    Page 6 - Les faits majeurs (Biélorussie – États-Unis – Royaume-Uni).
    Pages 7 – Inde et Chine : entre Shiva et Confucius.
    Pages 8 et 9 – Enquête : où en est le renseignement français ? Un article de Alain Juillet.
    Page 10 – Michel Goya : s’adapter pour vaincre (sur le livre de Michel Goya “S'adapter pour vaincre – Comment les armées évoluent”).
    Page 10 - Dans les revues (Études – Sensibilités – Le Matricule des anges).
    Page 11 – Sur la fin du “Débat”.
    Page 12 – Pourquoi le port du masque est-il autant politisé ?
    Page 13 – Mauriac, Michelet et de Gaulle (sur le livre de Xavier Patier “Demain la France”).
    Page 13 – Lectures – L'Empire au crépuscule (sur le livre de Michel Bernard “Hiver 1814 – Campagne de France”).
    Page 14 – Royalistes contre nazis : Hélène de Suzannet.
    Page 15 – Brèves royales (Royaume-Uni – Bulgarie – Japon – Espagne).
    Page 15 - Le mouvement royaliste (Campagne d'adhésion – Mercredis de la NAR – Revue Dynastie).
    Page 16 – Éditorial : Que le débat continue !

    Pour acheter ce numéro :
    http://nouvelle-action-royaliste.fr/…/macron-relance-la-fra…

    Pour vous s’abonner et nous soutenir: http://nouvelle-action-royaliste.fr/presentation/royaliste

     

    Pour nous contacter : Royaliste, rédaction-administration :

    Bloc C, BAL 13 – 36,38, rue Sibuet, 75012 PARIS

    lejournal@nouvelle-action-royaliste.fr

     
    Pour vous désinscrire de la liste de diffusion:
     
     
    A nos abonnés, à nos lecteurs
    ROYALISTE PARAIT RÉGULIÈREMENT ET ACCROÎT MÊME SA PAGINATION SUR 16 PAGES, malgré les difficultés liées à la crise sanitaire actuelle.
    Vous recevez donc votre journal en version numérique, sous format PDF, lors de sa parution.
    A partir de ce numéro 1190, nous reprenons l'impression du journal et l'expédition par La Poste des exemplaires papier, qui vous seront livrés dans les délais habituels.
     
     
    Pour les lecteurs qui renouvellent leur abonnement ou pour ceux qui souscrivent un premier abonnement, nous les invitons à le faire :
    - via le site de la NAR (http://nouvelle-action-royaliste.fr/presentation/royaliste) sur notre boutique en ligne en utilisant l’option PayPal de règlement sécurisé par carte bancaire,
    - ou par virement sur notre compte Nouvelle Action Royaliste auprès de la Banque Postale (IBAN : FR26 2004 1000 0100 1931 4Z02 066, en précisant votre nom, votre adresse, votre éventuelle adresse mail et la formule d’abonnement choisie (« Papier et PDF » ou « Uniquement PDF ») afin d’alléger autant que possible nos taches de gestion.
    Nous vous remercions de votre compréhension. Royaliste a besoin de votre soutien dans cette période difficile.
     
    N’hésitez pas non plus à transmettre tout ou partie de ce journal à vos amis qui pourraient être intéressés : c’est grâce à vous que l’audience de Royaliste peut s’accroître.
     
    Bonne lecture.
    La Rédaction
  • Sur la page FB de nos amis du GAR : #86 - Didier Gascuel sur le thème de la ”Révolution dans la mer et l'écologie marine

    Une conférence passionnante sur la mer et l'écologie, publiée par la Nouvelle Action Royaliste. A écouter, et à méditer !
    Présentation : Directeur du Centre de Sciences Aquatiques et de la Pêche à l’Agrocampus de Rennes, membre du Conseil scientifique d’Ifremer et du Conseil scientifique des pêches de l’Union européenne, Didier Gascuel a récemment publié Pour une révolution dans la mer : de la surpêche à la résilience (Actes Sud).

    L’avenir de la pêche concerne les consommateurs, les citoyens, les pêcheurs et les pouvoirs publics en France et dans le monde entier. Face à la surexploitation des mers, polluées et affectées par le changement climatique, est-il possible de concevoir et de mettre en œuvre une exploitation durable des ressources vivantes des océans ?

    La NAR sur le net :

    FB : https://urlz.fr/9p5M

    Twitter : https://twitter.com/NARoyaliste

    Site : http://nouvelle-action-royaliste.fr

     

    Sources : http://www.actionroyaliste.fr/

    https://www.facebook.com/GroupeDActionRoyaliste

  • Aux Mercredis de la NAR : #78 - Dominique DECHERF sur ”La politique étrangère des Etats-Unis après l'élection de Joe Bid


    Diplomate, Dominique DECHERF a occupé de nombreux postes an Afrique, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient avant d’être ambassadeur, au Rwanda puis à Djibouti. Il a publié plusieurs livres, dont une biographie de Jacques Bainville.

    Après l’élection de Joe Biden, il importe de discerner les grandes lignes de la politique étrangère des Etats-Unis. Après avoir présenté l’entourage du nouveau président, qui aura la charge effective de la restauration de l’outil diplomatique et de la conduite des affaires étrangères, Dominique Decherf étudie les différents champs de l’action américaine vis-à-vis de l’Iran, de la Chine, de la Russie et de l’Union européenne.

     

    La NAR sur le net :

    FB : https://urlz.fr/9p5M

    Twitter : https://twitter.com/NARoyaliste

    Site : http://nouvelle-action-royaliste.fr

  • Dans notre Pays légal en folie : pourquoi ?

    Pourquoi est-ce qu'on allonge le congé de paternité - car c’est bon pour l’enfant - et "en même temps" on permet la Pma Sans Père parce que le père ça "peut être la grand mère" (sic). "Ils" sont devenus fous ?

    Pourquoi, dans la Métropole d'Aix-Marseille, le virus circule-t-il à des heures précises, surtout dans les bars et restaurants : ailleurs, il est beaucoup plus calme ?...

    Pourquoi 40.000 mineurs isolés étrangers, en provenance essentiellement du Maroc et d’Algérie, se maintiennent-ils en France en situation irrégulière ? Ce n’est plus un épiphénomène mais une filière migratoire organisée !

    Pourquoi l’Alan Kurdi ne débarque-t-il pas ses passagers CLANDESTINS dans le port le plus proche, c’est à dire en TUNISIE, comme l’exige la réglementation maritime internationale ?

    Pourquoi le magistrat Charles Prats est-il menacé de mort pour avoir parlé de la fraude sociale à la télévision : il la chiffre à 30 milliards d'euros, d'autres à... 50 !

    Face à un système calamiteux, la seule action qui vaille d'être menée :

    "Une action réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion de Régime !" (Léon Daudet)

    LFAR FLEURS DE LYS.jpg

  • Sur TV Libertés, préparer la révolution pour un populisme radical - Le Zoom - Julien Langella.


    "Refaire un peuple - Pour un populisme radical", voici un livre fondateur qui s’adresse à la nouvelle génération de cadres conservateurs et à tous les cœurs rebelles qui ne consentent pas à la mort programmée de leur civilisation. Renforcer leur structure de pensée et les pousser à l’action, c’est l’objectif assumé de Julien Langella, qui signe un manifeste ambitieux et fédérateur. S’y livrant à une critique approfondie du capitalisme mondialisé, il renvoie dos à dos la tyrannie de l’étatisme et la sauvagerie libérale. Résolument populiste et identitaire, il appelle de ses vœux une révolution du local contre le global, prélude à la renaissance de nos patries charnelles. Plus encore qu’un programme, c’est une exhortation à la pratique radicale et à l’action concrète, sur tous les fronts. Refaire notre peuple commence dès maintenant. À chacun d’y œuvrer sans relâche.

  • L. Dandrieu : « La sécurité personnelle ne peut exister si les nations basculent dans l'anarchie »

     

    Entretien par Eugénie Bastié

    Laurent Dandrieu réagit ici à la publication d'un texte dans lequel le pape François va très loin dans la défense des migrants [Figarovox, 22.08]. Il déplore le désintérêt du souverain pontife pour les pays qui les accueillent. Lafautearousseau, de son côté (voir lien en fin d'article) a marqué son désaccord avec ces déclarations. Lorsque le Pape empiète sue le terrain politique et lorsque, ce faisant, il nuit gravement à la sécurité ou à la stabilité de notre société, nous n'avons aucunement l'obligation de le suivre et, au contraire, en de tels cas, nous avons le devoir de nous y opposer.  LFAR  

     

    2591938438.jpgLe pape François vient de publier un texte où il plaide pour «faire passer la sécurité personnelle [des migrants] avant la sécurité nationale», et appelle à un accueil beaucoup plus large des migrants. Que vous inspirent ces propos? Sont-ils inédits ?

    Il me semble que ce message qui vient d'être publié en préparation de la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, qui aura lieu le 14 janvier prochain, est dans la droite ligne des positions défendues par le pape François depuis le début de son pontificat, mais qu'il va cependant plus loin que d'habitude sur un certain nombre de points. Dans un entretien accordé à une radio portugaise le 14 septembre 2015, par exemple, le pape reconnaissait le risque d'infiltration terroriste lié à la crise des migrants, mais n'en ajoutait pas moins qu'« à l'évidence, si un réfugié arrive, en dépit de toutes les précautions liées à la sécurité, nous devons l'accueillir, car c'est un commandement de la Bible ». Quand, dans ce nouveau message, François écrit que « le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale », il donne en quelque sorte une version plus théorique de cette précédente déclaration.

    La question est de savoir si, ce faisant, il ne cède pas à un certain idéalisme, potentiellement désastreux : car c'est oublier que la sécurité nationale est le plus sûr rempart de la sécurité personnelle, et qu'il n'existe aucune sécurité personnelle qui puisse exister en dehors de cadres politiques, juridiques et légaux qui en sont le rempart. Aucune sécurité personnelle ne peut exister si les nations occidentales, par exemple, du fait du terrorisme ou d'une immigration incontrôlée et ingérable, basculent dans l'anarchie.

    Par ailleurs, le principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité nationale. On attend vainement, tout au long de ce texte, une prise en considération des intérêts des populations des pays d'accueil, qui ont droit, eux aussi, à la sollicitude de l'Église, et dont une partie de plus en plus importante vit, elle aussi, des situations de grande détresse et de grande précarité, matérielle, spirituelle et morale.

    Deuxième élément important et pour le coup très novateur de ce texte : le pape prend position pour « la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire » : ce qui veut dire qu'il réclame des droits égaux pour les clandestins et pour les immigrants légaux, pour les demandeurs d'asile et pour les immigrés économiques. Parmi ces droits figurent « la liberté de mouvement dans le pays d'accueil, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de télécommunication »: ce qui veut dire, concrètement, que le pape réclame un droit d'installation préalable pour tous les migrants, avant même que soit étudié leur cas. Ce qui revient à donner une prime à l'illégalité d'autant plus forte qu'il est évident qu'un clandestin qui, entre-temps, aura trouvé un moyen de subsistance, aura d'autant moins de chance de voir son dossier rejeté. Cette prime à l'illégalité me paraît une seconde atteinte, très forte, contre les droits des nations et la citoyenneté: car la nation, la citoyenneté n'existent que par un consensus sur la légitimité de la loi. Si on postule que la loi est faite pour être contournée, il n'y a plus de bien commun possible.

    Ce discours a-t-il selon vous une dimension politique ?

    Un autre aspect du message me semble clarifier ce qui apparaissait jusqu'alors une ambiguïté dans le discours de François. Il prônait jusqu'alors une grande générosité dans l'accueil, sans que l'on sache toujours si cela signifiait un simple rappel évangélique de la charité avec laquelle le chrétien se doit de traiter l'étranger croisé sur sa route, ce qui relève à l'évidence du rôle du pape, ou s'il s'agissait d'un appel plus politique, et donc plus discutable, à ouvrir les frontières. En stipulant que la protection des migrants « commence dans le pays d'origine », c'est-à-dire consiste à les accompagner à la source dans leur désir de migrer, le pape assume plus clairement que jamais la dimension politique de ce discours, la volonté de ne pas se cantonner à affronter une situation de fait, mais en quelque sorte d'accompagner et d'encourager ce mouvement migratoire vers l'Europe.

    Dernière clarification : en stipulant que les migrants doivent être mis en situation de se réaliser y compris dans leur dimension religieuse, le pape François donne une sorte de blanc-seing à l'entrée massive de populations de religion musulmane et à l'acclimatation de la religion musulmane sur le continent européen, en semblant indifférent aux innombrables problèmes identitaires et sécuritaires que cela pose.

    La position de François tranche-t-elle avec celle de ses prédécesseurs, et notamment celle de Benoit XVI ? Que dit l'Église sur le devoir d'accueillir les migrants?

    La continuité est indéniable, et est attestée dans ce message par des nombreuses citations de son prédécesseur. Quand le pape prône le regroupement familial, au risque de transformer systématiquement les réfugiés temporaires en immigrés permanents, il ne fait que reprendre des positions défendues inlassablement, par exemple, par Jean-Paul II et Benoît XVI, comme je le montre abondamment dans mon livre.

    Le discours de l'Église, en son Catéchisme, reconnaît à la fois le droit de migrer quand la nécessité s'en fait sentir, et le droit des États de limiter les flux quand ils l'estiment nécessaire. Mais, dans les faits, le discours des papes oublie fréquemment ce second aspect. Il l'oublie d'autant plus volontiers que l'Église a souvent cédé à une vision quasi messianique des phénomènes migratoires, censés conduire vers « l'unité de la famille humaine », selon l'expression de Jean XXIII. Jean-Paul II écrit ainsi que « parmi toutes les expériences humaines, Dieu a voulu choisir celle de la migration pour signifier son plan de rédemption de l'homme », et Benoît XVI y voit une « préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu ». Face à cela, la protection de la population des pays d'accueil est condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est quasiment absente du regard que l'Église pèse sur les phénomènes migratoires. En face de cela, l'Église prône inlassablement l'intégration du Migrant, avec un grand M, sans se poser la question de savoir concrètement qui est ce migrant, et si le fait qu'il vienne, en grand nombre, avec un bagage culturel et religieux radicalement différent du nôtre, et dans certains cas incompatible avec le nôtre, ne rend pas cette intégration pour le moins illusoire.

    L'État nation et l'existence de frontières se justifient-ils d'un point de vue théologique?

    Bien évidemment, car c'est une suite logique du commandement d'honorer son père et sa mère. Saint Thomas d'Aquin écrit qu'« il appartient à la piété de rendre un culte aux parents et à la patrie » et, à la suite de saint Augustin, stipule qu'on doit la charité en priorité à ceux qui nous sont proches par les liens du sang ou de la citoyenneté. Léon XIII écrit que « la loi naturelle nous ordonne d'aimer d'un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés », et Pie XII enseigne que « dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux. Le Divin maître lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte.»

    Plus récemment, Jean-Paul II a abondamment développé cette « théologie des nations », des nations qu'il ne voit pas seulement comme un bien politique, un outil au service du bien commun, mais à qui il reconnaît une dignité spirituelle éminente : la nation, explique-t-il, de toutes les communautés humaines, est « la plus importante pour l'histoire spirituelle de l'homme ». Il va même jusqu'à dire que « la fidélité à l'identité nationale possède aussi une valeur religieuse. » De là, on peut évidemment déduire que les nations ont un droit irrépressible à défendre leur identité nationale face aux menaces extérieures, comme une immigration incontrôlée et inintégrable.

    « L'intégration n'est pas une assimilation qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle », a aussi dit le pape. Y a-t-il position traditionnelle de l'église en matière d'assimilation ?

    Cette condamnation de l'assimilation, au nom du respect de la culture d'origine de l'immigré, est malheureusement une constante dans le discours de l'Église sur l'immigration. Jean-Paul II va jusqu'à la renvoyer dos à dos avec des politiques de discrimination allant jusqu'à l'apartheid : « On doit en effet exclure aussi bien les modèles fondés sur l'assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu'aux choix de l'apartheid. » Je dis « malheureusement », car on ne voit pas bien, dès lors, malgré les appels répétés de l'Église à une politique d'intégration, comment l'appel de la hiérarchie catholique à un accueil généreux des migrants pourrait ne pas déboucher sur un multiculturalisme, d'ailleurs parfaitement assumé par le pape François.

    Le problème est que ce multiculturalisme aboutit dans les faits à un refus de considérer la culture du pays d'accueil comme une culture de référence, et rend de facto l'intégration illusoire. Sous la pression de l'immigration de masse et de l'idéologie multiculturaliste, les sociétés occidentales se réduisent de plus en plus à une juxtaposition de communautés d'origines, de cultures et de religions différentes, qui se regardent en chiens de faïence faute d'avoir de référence commune, autre que de très vagues principes abstraits, tels que cette « culture de la rencontre » à laquelle le pape François tend à réduire l'identité européenne. Le bien commun, faute de valeurs partagées, se réduit ainsi à un vivre ensemble qui, de plus en plus, tourne dans la réalité à un apartheid de fait. Soit le contraire du but recherché, et une catastrophe civilisationnelle majeure en germe tant pour les peuples européens que pour les populations immigrées. •

    Laurent Dandrieu est rédacteur en chef des pages Culture à Valeurs Actuelles. Il a publié Église et immigration, le grand malaise. Le pape et le suicide de la civilisation européenne, de Laurent Dandrieu. Presses de la Renaissance, 288 p., 17,90 €. 

    2863182147.2.jpg

    Eugénie Bastié

    Journaliste & essayiste - Sa biographie 

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Désolés, Saint-Père, nous ne sommes pas d'accord

  • Une formidable leçon

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

    1841978860.5.jpg

    Analyse politique. Après ce qui s’est passé à Trèbes, il devrait y avoir une réflexion de fond pour engager une politique de salut national. 

    Le meurtrier de Carcassonne et de Trèbes, Radouane Lakdim, était connu de la justice, des services de police et des renseignements.

    Né au Maroc en 1992, il était devenu français à la suite de l’obtention de la nationalité française par son père qui en avait formulé la demande. Il avait été condamné en 2011, il avait 19 ans, pour port d’arme, mais comme c’est la pratique habituelle de la justice en pareil cas, à 1 mois avec sursis, c’est-à-dire pour un garçon comme lui : rien ; recondamné pour trafic et usage de stupéfiants en 2015, cette fois-là, il écope d’un mois ferme, c’est-à-dire presque rien. Il s’arrange pour ne pas se faire remarquer.

    Il reprend sa vie ordinaire en ne faisant rien de toute la journée que mener, comme ses camarades, ses petites activités dans une cité où il n’y a plus de vie normale en dehors des trafics illégaux et où aucun service d’État ne peut pénétrer de manière assurée, coutumière et continue. La cité Ozanam – c’est ainsi qu’elle s’appelle, du nom du grand chrétien qui fut un apôtre de la charité ! – selon un langage devenu courant, « vit sur elle-même » ; trois cités de ce genre « prospèrent » dans les mêmes dispositions selon les mêmes « lois », « mœurs » et « habitudes », autour de Carcassonne ; personne ne l’ignore ni dans la population ni dans les services d’État. « Les étrangers » – entendez évidemment les personnes extérieures à la cité – sont rejetés, comme l’ont éprouvé violemment les journalistes qui ont essayé d’y faire un reportage après l’évènement, et les forces de l’ordre qui y sont intervenues non sans difficultés.

    Il est plus que probable qu’une fois passée l’émotion, tout y redeviendra comme avant, c’est-à-dire comme dans des centaines, voire des milliers de cités et de quartiers en France, ce qu’on appelle pudiquement « les territoires perdus de la République ». Qui peut-on ? Et qui y pourrait quelque chose ? Hors, jusqu’à aujourd’hui, des discours. Et des discours, Dieu sait s’il y en a et s’il y en aura après l’affaire de Carcassonne et de Trèbes !

    Il était repéré !

    Radouane Lakdim était suivi par les renseignements, mais ce n’était que par intermittence, tantôt en haut du spectre, tantôt en bas pour reprendre les termes d’usage, ce qui se comprend – explique-t-on – puisque c’est maintenant près de 10 000 personnes – certains disent le double – qui sont susceptibles en France de mener des actions terroristes.

    Selon les précisions officielles bien connues et cent fois répétées, comme il est difficile de discerner le degré de radicalisation d’un si grand nombre de personnes, il apparaît qu’il est impossible d’exercer une surveillance totale et continuelle sur l’ensemble des criminels potentiels. De fait ! C’est parfaitement compréhensible ! Mais, soit dit entre nous, quel aveu !

    Toutefois, lui avait fréquenté un groupe sur Carcassonne en lien avec une cellule d’islamistes radicaux venus d’ailleurs. Il avait donc été, dès 2014, fiché S ; ainsi que, plus tard, sa compagne, une « convertie » à l’islam, âgée de 18 ans, dont les enquêteurs constatent aujourd’hui l’islamisme farouche ; elle ne regrette rien et approuve l’action de son compagnon.

    Radouane Lakdim ne cachait pas sa radicalisation sur les réseaux sociaux, mais selon encore l’expression consacrée – car tout dans ce domaine est affaire d’expression –, rien ne laissait prévoir « qu’il allait passer à l’acte ». Il a agi seul – expression pareillement convenue et resservie à chaque fois. Il s’était procuré – vraisemblablement seul ! – une arme de poing, trois engins explosifs artisanaux et un couteau de chasse pour signer son acte : le lieutenant-colonel Beltrame est décédé de l’égorgement perpétré rituellement et non des balles qui l’ont atteint.

    L’homme a manifesté la plus décidée des intentions, comme tous ceux qui ont commis les précédents attentats. Pour voler une voiture à Carcasonne, il a blessé gravement le conducteur et tué le passager ; il a tiré sur une équipe de gendarmes, car – apprend-t-on de source autorisée (!) – il détestait la police et les gendarmes ; puis, survenant à Trèbes, cherchant à faire une prise d’otages dans le Super U, il a tué, au cri d’Allah akbar, encore deux personnes, le boucher et un client du magasin ; il s’apprêtait vraisemblablement à tuer une autre otage prise comme bouclier humain et peut-être à commettre d’autres tueries si le lieutenant-colonel Beltrame ne s’était interposé en proposant de se substituer à l’otage et sans doute – car il faut le faire ! – en impressionnant le meurtrier par son autorité, sa parole, son attitude et son courage, puisque Lakdim a accepté cette étrange substitution. Leur face à face en huis-clos a duré près de trois heures. Arnauld Beltrame ayant laissé exprès son téléphone portable ouvert sur une table, il fut possible d’entendre les propos de Radouane Lakdim qui ne différaient guère de ceux de ses prédécesseurs en pareil genre de crimes, revendiquant son acte, récitant des sourates du Coran, parlant de la Syrie et de Daech, réclamant la libération de Salah Abdeslam, le survivant du commando de Saint-Denis et du Bataclan.

    C’est lorsque trois coups de feu retentissent que le GIGN de Toulouse se décide à intervenir et met hors d’état de nuire Lakdim. Le lieutenant-colonel gît dans son sang ; il décèdera à l’hôpital de Carcassonne dans la nuit du vendredi au samedi, assisté par le père Jean-Baptiste des chanoines de La Mère de Dieu de l’abbaye de Lagrasse, devenu son ami, qui lui administra l’extrême-onction.

    La politique s’en mêle

    Le président Macron a voulu rendre un hommage national à celui qui est devenu à titre posthume le colonel Beltrame. La France émue et admirative ne peut qu’approuver. Elle l’a montré par sa présence. Il y a là une union nationale qui se réalise autour d’une personnalité exceptionnelle, un vrai fils de la France, qui a témoigné par son sacrifice de la noblesse de son âme et de la grandeur de sa vocation. Son nom est déjà donné à des rues de France et c’est tant mieux.

    Reste qu’il s’agit encore d’un attentat islamiste. Les télévisions, les radios, les réseaux sociaux ont été saturés de déclarations et de commentaires. L’essentiel est perdu de vue. À écouter Gérard Collomb, rien n’était prévisible et c’est la faute à personne. Le président Macron chante l’union nationale mais estime que sa loi contre le terrorisme suffit à préserver la République pourvu qu’elle soit rigoureusement appliquée.

    Laurent Wauquier réclame la restauration de l’état d’urgence. Marine Le Pen pense qu’il est grand temps que le fichier S serve à quelque chose de plus précis que de simples surveillances qui se révèlent n’être, de plus, qu’occasionnelles – et elle n’a pas tort !

    Cependant, les autorités compétentes nous assurent que les services français font bien leur métier ; ce qui est certainement vrai. Pour un attentat qui s’est malheureusement concrétisé, ce sont cinquante projets d’attentats qui – nous confirment les experts – ont été déjoués dans les derniers mois ! On reste pantois. Tant que ça ! Et qu’en est-il alors de tant de potentiels criminels ? Les experts nous certifient encore que les différentes directions des services vont mieux se coordonner. La justice se réveillerait : le 8 mars dernier, la commission d’expulsion – dite la comex –, composée de magistrats de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif, a consenti au renvoi en Algérie d’un iman salafiste de Marseille, El Hadj Doudi, dont la mosquée As-Sounna a été fermée, il y a trois mois, pour prédication islamiste et terroriste et activisme salafiste. Le quartier tout entier a été infecté par une radicalisation intolérable. La procédure entamée par la préfecture de police de Marseille aurait enfin une chance d’aboutir. Ce n’est pas fait. Le ministère de l’Intérieur doit prendre la décision de l’arrêté d’expulsion. Combien d’arrêtés pris, depuis trois ans que les attentats se multiplient ? À peine une quarantaine…

    Le sens d’une vraie politique

    Qui ne voit qu’une telle politique se contente seulement de répliquer – et comme elle peut – aux attaques d’un adversaire acharné et prêt à évoluer selon les circonstances et l’actualité qui l’inspirent. Cet adversaire – non déclaré comme tel – dispose sur notre sol de territoires, de quartiers, de cités. Certes, la France a à sa disposition des hommes remarquables et des services de haut niveau comme le montrent – et que trop, malheureusement ! – tous les évènements récents. Mais, en raison des politiques suivies, il est clair que la France ne cherche en fait que des réponses à des problèmes qu’elle s’est elle-même créés. Elle ne fait jamais que répondre aux agressions de toutes sortes qu’elle subit ; et elle est contente et fière d’elle-même quand elle oppose une réponse efficace ou héroïque, comme ce fut le cas à Trèbes.

    Cependant, il est facile de comprendre qu’une telle politique ne suffit pas. Que ce soit pour le terrorisme, que ce soit pour la criminalité, pour l’immigration ou toutes les questions politiques, sociales, économiques, pendantes. L’État français demeure toujours dans la réponse ou la réplique, même quand il donne et se donne l’impression d’anticiper.

    Aujourd’hui, plus aucun État ne peut se permettre une telle conception, surtout dans les graves matières de sécurité. La France se devrait d’avoir une énergique politique de redressement, toute d’initiative, qui recompose le tissu national déchiré et redonne aux Français le goût de vivre – et pas seulement de se défendre ! C’est ce qu’ils attendent. Des faits et non des discours. Une indépendance nationale recouvrée qui les sorte de leurs sottes querelles intestines. Macron est-il capable de porter un tel projet ?  ■  

    Hilaire de Crémiers

  • La modernité, une hérésie chrétienne*, par Paul Ducay.

    Sous le titre Le recours à la tra­di­tion, le socio­logue catho­lique Michel Michel, maître de confé­rences à l’Université des Sciences Sociales de Gre­noble, a réuni un ensemble de réflexions for­mant une cri­tique « théo­lo­gi­co-poli­tique » de la moder­ni­té : si celle-ci est bien issue du chris­tia­nisme, c’est sous la forme d’une héré­sie, à laquelle l’Église catho­lique doit répondre en recon­nais­sant son fond tra­di­tion­nel com­mun aux autres religions.

    3.jpegComme l’indique expres­sé­ment le sous-titre du livre de Michel Michel, le diag­nos­tic que l’auteur pro­pose de la socié­té moderne consti­tue une exé­gèse d’une célèbre cita­tion de G. K. Ches­ter­ton en 1908 : « Le monde moderne est plein d’anciennes ver­tus chré­tiennes deve­nues folles. » Que « tout dans le monde moderne est d’origine chré­tienne », comme l’affirme encore l’écrivain anglais, qu’est-ce que cela signi­fie exac­te­ment et que faut-il y voir ? Les chré­tiens « moder­nistes » auraient-ils rai­son d’embrasser les valeurs, les mœurs et les repré­sen­ta­tions du monde moderne, parce que celui-ci est issu du chris­tia­nisme ? Ou bien, à l’inverse, les « néo­païens » auraient-ils rai­son d’être anti-chré­tiens par rejet de la moder­ni­té ? Michel Michel consi­dère ces deux atti­tudes de louange et de blâme comme deux oppo­sés gémel­laires, soli­daires d’une même erreur : celle d’envisager la moder­ni­té comme fille légi­time du chris­tia­nisme, alors qu’elle en est une fille illé­gi­time. La moder­ni­té, pour Michel, n’est ni une époque, ni une œuvre fidèle du chris­tia­nisme, mais une héré­sie, comme le chris­tia­nisme en a connu d’autres dans son his­toire. 

    L’hérésie moder­niste

    Michel déve­loppe et étend le point de vue adop­té par Ches­ter­ton dans ses Héré­tiques pour résoudre ce sérieux pro­blème de généa­lo­gie, dont l’irrésolution en a entraî­né plus d’un dans les errances du moder­nisme ou dans celles du néo-paga­nisme : com­ment se peut-il que la moder­ni­té pré­sente, sous les rap­ports de la pen­sée et de l’action, une franche oppo­si­tion à l’Église catho­lique, tout en uti­li­sant les idées du chris­tia­nisme de manière sécu­la­ri­sée ? La notion qui, en fait, per­met de rendre compte de ce double carac­tère de tra­hi­son et d’héritage du chris­tia­nisme dans la moder­ni­té est celle d’hérésie.  Comme l’explique le phi­lo­sophe Fabrice Had­jadj dans sa pré­face au livre de son beau-père Michel Michel, « “héré­sie” [vient] du mot grec qui signi­fie “choix” [haí­re­sis]. Ce choix, qu’on pour­rait prendre pour un accom­plis­se­ment de la liber­té, accueille une par­tie du vrai afin de mieux reje­ter l’autre. […] Comme de bien enten­du, ces héré­sies dépendent de l’héritage, mais c’est un héri­tage sans tes­ta­ment, qu’on dila­pide loin de la mai­son du Père. » Tan­dis que l’héritier fait l’effort de trans­mettre l’essence entière du dépôt reçu, l’hérétique, au contraire, mutile cette trans­mis­sion en sélec­tion­nant et arran­geant à sa guise une par­tie de ce dépôt. C’est pour­quoi, remarque Michel, « il ne faut pas […] confondre le chris­tia­nisme et les héré­sies dont il est por­teur » mal­gré lui. Une telle confu­sion est pour­tant une ten­ta­tion d’une par­tie de l’Église elle-même, ce que Pie IX a appe­lé le « moder­nisme ». Pour­quoi ? Si « l’Église est si faible devant les idéo­lo­gies modernes », c’est parce qu’« elle se recon­naît dans l’attente d’un Monde Nou­veau ». L’eschatologie chré­tienne se recon­naît en par­tie dans la croyance moderne au Pro­grès historique.

    Cette recon­nais­sance a cepen­dant le défaut de négli­ger l’opposition essen­tielle des points de vue : spi­ri­tuel et éter­nel pour le chris­tia­nisme, maté­riel et tem­po­rel pour la moder­ni­té. Au point de vue tra­di­tion­nel en effet, la rédemp­tion du monde doit se réa­li­ser au-delà de l’Histoire, puisque l’Histoire n’est que le récit de l’éloignement de l’Homme à l’égard de son Prin­cipe. Nier le carac­tère néga­tif du deve­nir his­to­rique revien­drait à nier la Chute dont il est l’effet exclu­sif. En effet, comme l’explique phi­lo­so­phi­que­ment Michel à par­tir des ana­lyses lit­té­raires de Vla­di­mir Propp sur les contes, « il n’y a pas d’histoire pos­sible sans acci­dent, sans rup­ture de la norme. Toute his­toire est d’abord l’histoire d’un mal­heur. […] La chute est la condi­tion même de l’histoire. […] Le car­di­nal Danié­lou le remar­quait : à par­tir du cha­pitre 3 de la Genèse, l’histoire, c’est l’histoire du pro­grès du mal dans ce monde, et ce fut semble-t-il la concep­tion domi­nante des chré­tiens jusqu’à la fin du Moyen Âge. »

    À l’inverse, l’idéologie moderne du Pro­grès consiste à pen­ser que l’histoire est une chance, qu’elle suit une ten­dance imma­nente d’amélioration pro­gres­sive des condi­tions de la vie maté­rielle, morale et spi­ri­tuelle de l’Homme. De cette théo­rie résultent les idées contra­dic­toires d’une fin de l’histoire dans l’histoire, d’un affran­chis­se­ment de la misère humaine par les condi­tions mêmes de la vie maté­rielle. Là-dedans, le moder­niste chré­tien hésite, car il hérite de la ver­sion du mil­lé­na­risme pro­po­sée par Joa­chim de Flore (1135 – 1202), « ce moine cala­brais qui ima­gi­na trois âges dans l’histoire du monde : l’âge du Père, l’âge du Fils et l’âge de l’Esprit Saint. Il est le modèle de toutes ces héré­sies post-chré­tiennes que sont les phi­lo­so­phies pro­gres­sistes de l’histoire à trois temps, qui dominent l’imaginaire occi­den­tal depuis la grande rup­ture de la fin du Moyen Âge. »

    Deux œcu­mé­nismes

    Michel iden­ti­fie ain­si dans l’histoire du chris­tia­nisme deux fonc­tions anta­go­nistes : « celle de reli­gion du salut et celle d’idéologie cor­rup­trice de la socié­té. L’une est por­tée par l’Église, l’autre par les héré­sies qui trouvent leur source dans cette même Église ». L’hérésie moderne retient du chris­tia­nisme sa puis­sance de désor­ga­ni­sa­tion en sépa­rant ses idées prin­ci­pales de leur hori­zon théo­lo­gique ou sur­na­tu­rel : l’Homme devient objet de foi à la place de Dieu, son his­toire imma­nente devient le motif de l’espérance à la place de l’éternité, la lutte poli­tique et les œuvres huma­ni­taires se sub­sti­tuent à l’amour du pro­chain en vue de sa sanc­ti­fi­ca­tion.

    Dans ces condi­tions, la com­po­si­tion de l’Église avec le monde moderne n’est pas une nou­velle forme de rela­tion avec des « païens » d’un genre nou­veau, mais une com­po­si­tion de l’Église « avec sa propre héré­sie ». Cela est bien dif­fé­rent, car l’hérésie moderne sépare le chris­tia­nisme des autres reli­gions en fon­dant sa supé­rio­ri­té et son ori­gi­na­li­té sur ce qui ferait du chris­tia­nisme la « reli­gion de la sor­tie de la reli­gion », en rai­son de son carac­tère sup­po­sé­ment laïque et révo­lu­tion­naire. Or en adhé­rant à la men­ta­li­té moderne, des repré­sen­tants de l’Église catho­lique ont, mal­gré leurs récentes pré­ten­tions favo­rables aux dia­logue inter­re­li­gieux, engen­dré une perte géné­rale du sens du sacré. Ce sens du sacré, c’est-à-dire la (re)connaissance des hié­rar­chies natu­relles, de l’ordre sur­na­tu­rel et de la fidé­li­té rituelle à celui-ci, consti­tue pour­tant le ciment com­mun des reli­gions, la condi­tion sine qua non d’un fruc­tueux dia­logue entre elles. Au contraire, l’abandon de la connais­sance sacrée est la cause d’une désaf­fec­tion du sacer­doce et d’une incom­pré­hen­sion mas­sive des sym­boles et des sacre­ments chré­tiens, à tel point que, par exemple, « deux tiers des catho­liques amé­ri­cains ne croient plus en la pré­sence réelle [du Christ dans les espèces du pain et du vin eucha­ris­tiques] : c’est ce qui res­sort d’une étude publiée par le Pew Research Cen­ter, le 5 août 2019. »

    C’est pour­quoi, quels que soient les reproches que l’Église peut adres­ser aux autres reli­gions tra­di­tion­nelles, il faut bien consta­ter qu’elles recon­naissent, comme elle, « la supé­rio­ri­té et l’autorité de prin­cipes trans­cen­dants, toutes se sou­mettent – ou du moins l’affirment – à une “loi non écrite” d’origine supra-humaine, toutes savent que l’homme n’est ni sa propre ori­gine, ni sa propre fin. » Michel s’indigne que les ini­tia­tives œcu­mé­niques ne concentrent pas, dès lors, toute leur atten­tion sur cette uni­té trans­cen­dan­tale des reli­gions. Il déplore qu’« en pra­tique, l’œcuménisme consiste […] à rap­pro­cher l’aile moder­niste du catho­li­cisme avec l’aile pro­gres­siste du pro­tes­tan­tisme » et à mêler, dans un dia­logue rela­ti­viste par défaut de cri­tère méta­phy­sique défi­ni, les croyances reli­gieuses et irré­li­gieuses dans un but très insuf­fi­sant et vague d’amitié sociale. Au lieu de cela, un œcu­mé­nisme bien com­pris, c’est-à-dire un œcu­mé­nisme tra­di­tion­nel pro­cé­dant « par le haut » et non un œcu­mé­nisme moder­niste pro­cé­dant « par le bas », devrait plu­tôt « retrou­ver les tra­di­tions com­munes des Églises apos­to­liques » et, à plus forte rai­son, « mon­trer les admi­rables cor­res­pon­dances du catho­li­cisme avec les croyances et les rites des autres reli­gions, comme le fai­saient les théo­lo­giens de la Renais­sance ou les tra­di­tio­na­listes du début du XIXe siècle, au lieu de s’ingénier comme les mau­vais apo­lo­gistes “modernes” naï­ve­ment eth­no­cen­tristes à inven­ter des dif­fé­rences ou des supériorités. »

    Le recours à la Tradition 

    L’ambition affi­chée de Michel est donc celle du péren­nia­lisme, c’est-à-dire de « ce tra­di­tio­na­lisme [attri­buable] à S. Augus­tin, à S. Vincent de Lérins, [au car­di­nal] Nico­las de Cues ou Joseph de Maistre ». Le pro­blème, faute d’une méthode œcu­mé­nique adap­tée aux condi­tions d’une véri­table anthro­po­lo­gie reli­gieuse, est que « les théo­lo­giens catho­liques se sont détour­nés de ces pers­pec­tives ; si bien qu’on est obli­gé de cher­cher hors de l’Église ces concep­tions qui pour­tant sont aus­si les siennes. Hors de l’Église et tout par­ti­cu­liè­re­ment chez René Gué­non », ce grand nom fran­çais du sou­fisme et de la méta­phy­sique orientale.

    Dans cette pers­pec­tive gué­no­nienne, recou­rir à la Tra­di­tion, c’est entre­prendre la connais­sance des nom­breuses cor­res­pon­dances mythiques, sym­bo­liques et rituelles qui démontrent l’existence de cette « tra­di­tion per­pé­tuelle et una­nime » (Gué­non) d’où le chris­tia­nisme lui-même est issu, de cette tra­di­tion que S. Vincent de Lérins défi­nit comme étant « ce qui a été cru par tous, par­tout et tou­jours ». En effet, les inter­prètes du chris­tia­nisme affec­tés par le point de vue moderne (l’auteur cite René Girard) n’ont pas su recon­naître, avec Joseph de Maistre au XIXe siècle et René Gué­non au XXe siècle, que « l’universalité d’une croyance ou d’un rite – les sacri­fices, par exemple – attes­tait de la véri­té des pra­tiques de l’Église catho­lique. » Pour­tant, la connais­sance d’un sens uni­ver­sel et unique sous-jacent au conte­nu doc­tri­nal et rituel des reli­gions entraîne a mini­ma la confir­ma­tion du carac­tère sacré des Écri­tures, de la sym­bo­lique et de la ritua­li­té chré­tiennes, contre les entre­prises démys­ti­fiantes et maté­ria­listes de la modernité. 

    La décou­verte par l’Église de l’œuvre de René Gué­non et de ses héri­tiers est donc capi­tale pour satis­faire cette ambi­tion, pour­vu que l’exercice intel­li­gent de dis­cer­ne­ment soit effec­tué. Mais ce qui est vrai au niveau du culte doit for­cé­ment l’être aus­si au niveau de la culture, car, explique Michel, « si la Tra­di­tion se trans­met, c’est habi­tuel­le­ment par les tra­di­tions et sin­gu­liè­re­ment le lan­gage et tout ce qui hété­ro­gé­néise l’espace (les hauts lieux), le temps (les fêtes), les hommes (les “voca­tions” par­ti­cu­lières) et ordonne le monde ». C’est pour­quoi, par exemple, « si un eth­no­logue venu de Sirius débar­quait dans nos contrées, il consta­te­rait que par leurs struc­tures, elles sont mas­si­ve­ment chré­tiennes ou roma­no-hel­lé­no-judéo-chré­tiennes : semaine de sept jours, clo­chers qui dominent les agglo­mé­ra­tions, pré­noms se réfé­rant à des saints, valeurs morales lar­ge­ment ins­pi­rées du Déca­logue, etc ». En renouant avec la connais­sance sacrée des mys­tères de la reli­gion chré­tienne, l’enjeu est donc, plus lar­ge­ment encore, de rendre intel­li­gible le lan­gage de toute la culture occi­den­tale. Et mor­tui resurgent.

    *Article paru sur le blog :

    https://philitt.fr/contact/

    2.jpg

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Quand Charles Péguy plaidait pour un peuple cultivé !

    charles_peguy.jpg

    "I y a un abîme pour une culture (...) entre figurer à son rang linéaire dans la mémoire et dans l'enseignement de quelques savants et dans quelques catalogues de bibliothèques, et s'incorporer au contraire, par des études secondaires, par des humanités, dans tout le corps pensant et vivant, dans tout le corps sentant de tout un peuple, (...) dans tout le corps des artistes, des poètes, des philosophes, des écrivains, des savants, des hommes d'action, de tous les hommes de goût, (...) de tous ces hommes en un mot qui formaient un peuple cultivé, dans le peuple, dans le peuple au sens large."

    Charles Péguy, Les suppliants parallèles

     

  • Logique élémentaire et folie furieuse...

     Qu'est-ce qui est le plus stupéfiant ? Que de tels propos aient été pensés et dits, dans une précipitation aussi insensée que dangereuse ? Ou bien la rapidité avec laquelle, veste retournée, on s'en éloigne, l'affaire se mettant à traîner en longueur, c'est le moins qu'on puisse en dire ? Grâce - il faut bien le reconnaître... - à l'action de... Vladimir Poutine, qui, sur ce sujet précis, a, jusqu'à présent, joué les bonnes cartes et mené une politique saine et intelligente. Que dire des autres, et de notre "normal" de président ?...

    obama syrie.jpg

  • Reconstruire le château de Saint Cloud...

    Lu sur la page Facebook d'un "ami" de la page facebook de lafauteraousseau : Laurent Bouvet, et son action pour la reconstruction du château de Saint Cloud :

    http://www.facebook.com/lafautearousseau#!/laurent.bouvet.3
     

    ‎"LE POINT.FR" a consacré à la reconstruction du CHÂTEAU DE SAINT-CLOUD, le 20 juin, un bon ARTICLE avec photo : http://www.lepoint.fr/culture/saint-cloud-veut-renaitre-de-ses-cendres-20-06-2012-1475753_3.php
  • Vendredi 4 novembre : Assemblée générale de Gens de France

    Gens de France LOGO 9 HD .jpg

    A l’occasion de l’Assemblée Générale 2011 de Gens de France,

    SAR le Prince Jean de France, duc de Vendôme,

    vous invite à assister à la soirée au cours de laquelle il évoquera :

    L’action sociale des Princes de France

    avec la participation de Frédéric Rouvillois.

      SAR la duchesse de Vendôme

    honorera cette soirée de sa présence.

    Cette soirée est ouverte à tous, membres ou non-membres de Gens de France.

    Réservation avant le 25 octobre 2011. Inscription obligatoire. 

    img290.jpg

     

    prince jean MANAGEMENT CAPETIEN PARIS.jpg

     

  • Quand Charles Péguy plaide pour une culture qui soit celle de tout un peuple !

     

    « Il y a un abîme pour une culture (...) entre figurer à son rang linéaire dans la mémoire et dans l'enseignement de quelques savants et dans quelques catalogues de bibliothèques, et s'incorporer au contraire, par des études secondaires, par des humanités, dans tout le corps pensant et vivant, dans tout le corps sentant de tout un peuple, (...) dans tout le corps des artistes, des poètes, des philosophes, des écrivains, des savants, des hommes d'action, de tous les hommes de goût, (...) de tous ces hommes en un mot qui formaient un peuple cultivé, dans le peuple, dans le peuple au sens large. »

    Charles Péguy, Les suppliants parallèles

  • Manif Paris 19 Janvier contre le projet de loi bioéthique : le Centre Lesdiguières communique...

    Pour ceux qui le souhaitent 
     
    " Places gratuites dans les bus qui se rendent dimanche 19 janvier à Paris pour prendre part à la journée d'action contre le projet de loi de bioéthique"; 
     
    Il reste plus d'une vingtaine de places gratuites disponibles dimanche matin, pour le transport des Dauphinois à Paris afin de prendre part à la marche contre le projet de loi de bioéthique. 
     
    Se renseigner auprès d'Elisabeth ZITOUN !