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  • Le blasphème catholique, par Manuel Cardoso-Canelas.

    De quoi le blasphème est-il exactement le nom ? Quelle relation avec Dieu altère-t-il ? C'est une atteinte à sa bonté. Est-il vraiment pertinent d'utiliser ce mot pour désigner l'extension sans limites de la liberté d'expression ?

    Il est pour le moins surprenant qu’une société revendiquant son athéisme ou son laïcisme en vient, régulièrement, à revendiquer un « droit au blasphème ». En effet, la notion de blasphème, comme peu d’autres, appartient en propre au domaine religieux et est étrange en dehors de ce domaine.

    3.jpgDe prime abord, donc, un système laïc ou athée qui agite le « droit au blasphème » apparaît comme schizophrène : un fois évacuée la religion, celle-ci revient sous forme de « droit au blasphème ». Énoncée ainsi, la chose apparaît non seulement comme une chimère notionnelle mais comme une monstruosité théologique : un blasphème se superposant au blasphème.

    Puisque le blasphème appartient en propre à la sphère religieuse, qu’il y naît, y apparaît et y sévit, il est bon de se demander ce qu’est, après tout, le blasphème. Aussi, après avoir fait un détour par les Évangiles, nous nous intéresserons à ce qu’en dit saint Thomas et le catéchisme de l’Église catholique. Mieux renseignés, nous ferons un détour rapide par l’islam – puisque c’est à son sujet que le « droit au blasphème » est invoqué dans l’opinion (la République ne s’est jamais donné la peine de définir les insultes à l’encontre de l’Église catholique). Enfin, en conclusion, nous reviendrons sur cette notion hybride de « droit au blasphème » du strict point de vue religieux.

    Remarquons donc pour commencer que Jésus est à plusieurs reprises accusé de blasphème dans les Évangiles. Souvent lorsqu’il pardonne les péchés des uns ou des autres, comme en Marc 2,7 ou Luc 5,2. Le pardon des péchés est une prérogative divine : revendiquant le droit de pardonner les péchés, Jésus se fait au moins l’égal de Dieu ce qui, pour les Juifs, est un blasphème !

    C’est d’ailleurs cette prétention théologique qui conduira Jésus devant le Sanhédrin et à la croix. Un dernière fois, lors de son procès, après avoir à nouveau déclaré son extrême proximité avec Dieu, il est accusé de blasphème (Matthieu 26,65) par le Grand-Prêtre qui entend parfaitement ce qui est dit. Aux yeux des religieux juifs de l’époque, c’est le motif principal de la condamnation. Jésus meurt donc pour blasphème, pour s’être fait l’égal de Dieu ; c’est cette perception religieuse et théologique juive qui l’envoie à la croix.

    La perception catholique du blasphème se fait selon deux lignes complémentaires mais nettement distinctes. D’abord celle enseignée par saint Thomas d’Aquin, pour qui le blasphème est contraire à la foi, et puis celle retenue par le Catéchisme de l’Église catholique (CEC), pour qui il est plutôt contraire à la vertu de religion.

    C’est dans la partie morale de la Somme Théologique (IIa, IIae) que cette question est directement abordée. Après avoir traité de la vertu théologale de foi (sa nature et les dons du Saint-Esprit qui lui correspondent), notre saint traite des vices opposés à cette même vertu. Les vices opposés à la foi appartiennent tous au genre de l’infidélité et c’est pourquoi Thomas commence par distinguer deux types d’infidélité, celle qu’il appelle de « pure négation » : c’est le cas de celui qui n’a pas la foi ; et celle qui est une « opposition », c’est le cas lorsqu’on refuse de prêter l’oreille à cette foi. C’est de cette dernière façon qu’elle est proprement l’infidélité à la foi et un péché grave. Les vices qui déclinent cette infidélité sont l’hérésie, l’apostasie, le blasphème, l’aveuglement de l’esprit et l’hébétude du sens. Évidemment, il est souvent difficile de déterminer si nous avons affaire dans nos sociétés à l’un ou l’autre cas, voire aux deux simultanément.

    Un péché contre la foi et la religion

    Le blasphème est traité en deux temps : d’une façon générale d’abord et ensuite avec un point particulier sur le blasphème contre le Saint-Esprit.

    Pour Thomas, « celui qui nie de Dieu quelque chose qui lui convient, ou bien affirme de lui quelque chose qui ne lui convient pas, porte atteinte à la bonté divine ». Le blasphème chez Thomas peut rester secret, intérieur, c’est le blasphème du cœur, ou être proféré en paroles, c’est celui de la bouche. En outre, cette atteinte à la bonté divine qu’est le blasphème, qu’il soit de cœur ou de bouche, peut être une « opinion de l’intelligence » ou/et « une détestation du sentiment », autrement dit il peut être intellectuel ou affectif. Le blasphème portant atteinte à la bonté de Dieu et, ce faisant, à la charité, est, en son genre, un péché mortel. Ce péché d’infidélité est aggravé lorsque s’y ajoute une détestation de la volonté et plus encore s’il éclate en paroles, puisque la foi proclamée est, elle, plus digne d’éloges que la foi muette. Le blasphème, aggravant l’infidélité, exact revers de la foi, est le plus grand péché.

    En ce qui concerne le blasphème contre le Saint-Esprit. Il y a trois sortes de péchés contre le Saint-Esprit : le blasphème contre la personne du Saint-Esprit, l’impénitence finale (la rémission des péchés étant l’œuvre de l’Esprit-Saint) et enfin le choix du mal par malice caractérisée. Selon cette dernière façon, on rejette la bonté divine qui est une caractéristique propre de la troisième personne de la Trinité. L’impénitence finale est irrémissible et la malice caractérisée, quant à elle, risque bien de compromettre la rémission, cependant « cela ne ferme pas la voie du pardon et de la guérison devant la toute-puissance et la miséricorde de Dieu, et il arrive grâce à elles que le tels pécheurs sont spirituellement guéris comme par miracle ».

    En conclusion, le blasphème, atteinte grave à la bonté de Dieu – et plus particulièrement au Saint-Esprit – est un péché contraire à la vertu théologale de foi. Rappelons que les vertus théologales communiquent la vie de Dieu et nous font toucher – à l’aveugle, certes – Dieu lui-même. Ce péché peut être intérieur ou rendu public : dans ce cas il est plus grave et davantage encore s’il est caractérisé par une détestation de la volonté. Enfin, le blasphème par excellence, si l’on peut dire, est l’impénitence finale, autrement dit le refus obstiné du pardon auquel la malice caractérisée peut conduire. L’un et l’autre sont des blasphèmes contre le Saint-Esprit.

    La note sur la malice laisse tout de même une ouverture de champ, puisque le choix du mal pour le mal, s’il a lieu, se fait de façon graduée et en plusieurs matières. Par exemple, vouloir le mal de l’autre par malice peut être considéré comme une déclinaison du blasphème.

    Pour le Catéchisme de l’Église catholique, « le blasphème s’oppose directement au deuxième commandement ». On voit donc que l’on n’aborde pas le problème de la même façon que saint Thomas. Si pour Thomas on reste, par inversion, dans la dynamique des vertus, dont celle, théologale, de foi, pour le CEC, on se réfère au respect du Nom de Dieu : le blasphème consiste à proférer – intérieurement ou extérieurement – des paroles de haine, de reproche ou de défi contre Dieu, ou à lui manquer de respect. Cela s’étend à l’Église, aux saints et plus généralement aux choses saintes. Le catéchisme ajoute « est encore blasphématoire de recourir au nom de Dieu pour couvrir des pratiques criminelles, réduire des peuples en servitude, torturer ou mettre à mort. » Ce dernier point rejoint quelque peu la malice que nous avons rencontré chez saint Thomas, compliquée ici par un recours « malicieux » et blasphématoire au Nom du Dieu qui est bon. Enfin, pour le CEC, le blasphème contre le Saint-Esprit est le refus du pardon final donné par l’Esprit Saint.

    Pour résumer l’approche catholique du blasphème : il s’agit d’un péché grave contre la foi et la vertu de religion. En portant atteinte à la bonté de Dieu ou au respect qu’on lui doit par des paroles ou d’autres actes mauvais, on pèche gravement. Le summum du blasphème, et donc péché irrémissible, est le refus obstiné du pardon accordé par le Saint-Esprit au terme de l’existence terrestre.

    Un péché contre la charité

    L’approche musulmane ne s’encombre pas de tant de nuances. Tout d’abord, le blasphème n’existe pas comme tel (Jacqueline Chabbi va jusqu’à dire, de façon un peu rapide, que le Coran l’ignore) : on connaît l’insulte (33,58-59) à Dieu ou au prophète, le manque de respect ou la diffamation de la religion (2,218), toutes choses qui, pour un chrétien, ressortiraient de la vertu de religion. L’islam ajoute l’apostasie et l’idolâtrie (3,91) qui, pour le christianisme, sont techniquement autre chose que du blasphème. En reniant sa religion, on considère que le musulman la déclare mauvaise et donc la diffame ; en associant à Dieu autre chose, on insulte l’absolue transcendance divine, on comprend dès lors pourquoi apostasie et idolâtrie (association) sont des variantes de ce que nous appellerions blasphème, et qui se rapprocherait du péché d’infidélité vu chez saint Thomas. De plus, il n’est pas inutile de préciser que pour ces deux dernières choses, c’est du point de vue du fidèle musulman que l’on se place, alors que l’insulte à Dieu, au prophète et le non-respect de l’islam s’adresse à tous, fidèles ou infidèles.

    L’apostasie étant la quintessence de l’atteinte aux choses saintes, il y a, en islam, une tendance à tout ramener à ce « vice », pour parler comme l’Aquinate. Et ce, même si le « crime » – par exemple, des caricatures du prophète – est commis par des « infidèles ». En caricaturant, Charlie hebdo n’apostasie pas mais manifeste une expression intolérante, irrespectueuse voire de la haine envers les musulmans (c’est du moins ainsi que l’Organisation de la coopération islamique le perçoit) et envers le prophète, et se place donc dans la même situation, aux yeux des plus radicaux, que le musulman qui apostasierait : dénigrer le prophète revient à dire qu’il est inutile et que la foi musulmane est fausse ou mauvaise. Cette approche musulmane, faite essentiellement du point de vue de ce que nous appelons la vertu de religion, rend la législation plus facile dans un système théocratique, ce qu’est par essence l’islam.

    Même si l’approche du CEC est, elle aussi, essentiellement faite selon la même vertu de religion, il n’empêche que le blasphème, plus profondément, est avant tout un vice contre la foi, ce qui le fait échapper, pour une part, à toute tentative de législation, que ce soit pour l’autoriser ou le proscrire ; comme, de plus, il peut y avoir un blasphème intérieur, on voit mal comment une législation plongerait jusqu’au cœur de l’homme (quoique…).

    En réalité, ce que l’opinion courante, libertaire, et la République laïque entendent par « droit au blasphème » est une extension sans limites de la liberté d’expression aux choses religieuses quand bien même celles-ci seraient tenues pour sacrées par certains. Nos sociétés, logiquement, en définitive, ne voient pas pourquoi les choses sacrées devraient bénéficier de respect. Ce respect n’est évidemment pas une émanation de la vertu de foi ou de la vertu de religion mais une simple règle du fameux « vivre ensemble », et l’un des vecteurs d’édification du bien commun.

    Plus encore, la seule chose qui puisse faire s’émouvoir sont les appels à la haine, haine dont le blasphème seraient a priori exempt. Pourtant, il y a bien souvent dans ces « blasphèmes », que ce soit par paroles ou autres formes d’expression, beaucoup de haine tacite ou explicite. Si donc les blasphémateurs modernes ne pèchent pas contre la foi, qu’ils n’ont pas, s’ils pèchent peut-être contre la vertu de religion sous la modalité de l’insulte publique, ils pèchent certainement contre la charité, de notre point de vue, et mettent à mal leur sacro-sainte « philanthropie ».

    Je disais qu’ils ne blasphémaient pas vraiment puisque le blasphème suppose la foi ; cela dit, seul Dieu sonde les « cœurs et les reins » et Lui seul sait si le cœur humain blasphème ou non à la mesure de la connaissance que ce dernier a de son Créateur. D’un point de vue chrétien, une offense faite à Dieu par un infidèle, au sens de celui qui n’a pas la foi, est toujours une offense faite à Dieu, et cela résonne toujours à nos oreilles comme un blasphème. Nous avons à prier et à compenser, en charité et foi, les insultes de ceux « qui n’adorent pas, ne croient pas, qui n’espèrent pas et qui n’aiment pas », et supplier qu’à l’heure ultime, ils s’ouvrent au Saint-Esprit Consolateur.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Ce n'est pas ”bon à savoir”, puisqu'on le savait déjà; c'est la confirmation du ministre dans Le Parisien qui est ”bonne

    http://www.leparisien.fr/politique/valls-il-y-a-sans-doute-des-dizaines-de-mohamed-merah-en-france-06-12-2012-2385787.php 

    valls,merah

    "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? Qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête ?..." dit la chanson. Qu'est-ce qu'on attend pour changer nos lois, pour déchoir et expulser, en masse (et pas que "des imams") ? répond en écho le bon sens le plus élémentaire... Que ces "dizaines de mohamed merah" (qui sont surement plutôt des centaines, des milliers, voire plus...) passent tous à l'acte ?...

  • Faillites technocratiques 2020, l’année du naufrage de l’Etat français, avec Edouard Husson, Charles Reviens.

    11.jpgAtlantico.fr : En quoi l’année 2020 a été le révélateur des faillites technocratiques de l’Etat ? 

    Edouard Husson : Je pense qu’il faut faire la part des circonstances: elles ont accéléré une prise de conscience qui aurait dû avoir lieu plus tôt. La crise du Covid-19 sert en effet de révélateur sur plusieurs points: Emmanuel Macron représente théoriquement ce qu’il y a de meilleur dans la haute administration. Or il y a un contraste fort entre ses poses de « chef de guerre » et son incapacité à faire face à une épidémie d’intensité très relative si l’on se fonde sur les chiffres de la mortalité.  Il n’est pas le seul. Edouard Philippe aura réagi aussi comme un technocrate dépassé par les événements. Il est vrai qu’après Philippe on a Castex. Si l’on pointe l’objectif sur le Ministère de la Santé, Olivier Véran ou Jérôme Salomon révèlent une grave baisse de niveau dans la formation de nos médecins: le facteur humain, si important dans le rapport entre un médecin et son patient, a fortiori entre le ministère de la Santé et une société plongée dans l’incertitude par un virus inconnu, est totalement absent du comportement de ces docteurs Knock. Et surtout, la mise en place des Agences Régionales de Santé il y a une dizaine d’années a produit une bureaucratie qui coûte très cher mais semble largement parasiter le fonctionnement de l’hôpital. Nous aurons donc eu une équipe très peu politique, très bureaucratique en charge de combattre une épidémie qui demandait une souplesse d’analyse et une réelle capacité organisatrice, du bon sens, une vue synthétique. Il aurait fallu faire confiance à nos grands chercheurs, laisser faire la médecine de ville, solliciter nos industriels pour faire fabriquer ou importer ce qui nous manquait en stock. Il aurait été vital de fermer nos frontières, de faire confiance à l’immunité collective tout en protégeant de manière ciblée les personnes à risque. Mais pour cela nous ne pouvons pas être gouvernés par des bureaucrates. Nous avons besoin de personnalités politiques dans un pays qui ait gardé une culture industrielle.  

    Charles Reviens : L’extraordinaire année 2020 qui s’achève a permis une impitoyable analyse comparative des performances des écosystèmes publics nationaux, sanitaires mais pas seulement, pour la simple et bonne raison que la covid-19, à la différence d’autres pandémies récentes, a touché à peu près en même temps tous les pays du monde. Le système public français dominé par son Etat, a ainsi dû en temps réel voir ses choix et plans d’action comparés à ceux de nombreux autres pays, par exemple les autres pays occidentaux et les pays asiatiques développés.

    La crise sanitaire de 2020 est donc un rare moment de vérité pour l’Etat de notre pays en montrant au grand jour l’aboutissement de tendances de long terme et révélant de façon assez facile sa performance relative en matière de préparation et de résilience dans tous les domaines d’action publique impactés et ils sont nombreux.

    Dans le domaine sanitaire, une étude récente analyse la progressive dégradation de fait de la grande institution républicaine qu’est depuis 1945 l’hôpital public sous le poids d’une bureaucratisation et centralisation croissante, de limitation des investissements avec des personnels soignants « profitant » certes depuis de 20 ans des 35 heures mais au prix de rémunérations faibles et de réduction de moyens.

    Le benchmark covid-19 de 2020 conduit ensuite au douloureux constat d’une performance sanitaire française plutôt médiocre : qualité de la prévention, réactivité, gestion de crise, nombre de contaminés ou de décès par unité de population…. La comparaison est effectivement cruelle avec la totalité des pays développés d’Asie mais également avec les voisins allemands, dotés d’une organisation sanitaire décentralisée et de moyens initiaux très supérieurs tant dans le domaine des tests que dans leurs capacités hospitalières. On note d’ailleurs que pour d’autres raisons les pays anglo-saxons ont également des résultats médiocres, avec par exemple 80 fois plus de décès covid-19 par unité de population que la Corée du Sud.

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    Si l’on se penche sur les enjeux de sécurité et d’ordre public, il faut rappeler que les augmentations très importantes de dépenses publiques françaises (tout simplement les plus élevées des 37 pays membres de l’OCDE) n’ont absolument pas profité aux fonctions régaliennes de l’Etat et notamment aux politiques de sécurité et d’ordre public. S’ajoute à cela la hantise pour les responsables politiques du syndrome Malik Oussékine (décédé en 1986 lors des manifestations de protestation contre la réforme des universités), à l’instar de la situation dans les banlieues en 2005. L’année 2020 poursuit quelque peu cette tendance avec certains événements à très fort impact médiatique conduisant à une remise en cause inédite de l’institution policière, dont le caractère impartial et républicain est pour partie remis en cause jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.

    Une autre grande institution française et républicaine semble également en péril. Les résultats mauvais pour la France de l’enquête 2019 TIMSS sur le niveau des élèves en science et en mathématiques rentrent en résonnance avec les restitutions régulières des enquêtes PISA de l’OCDE qui placent la France à un rang au mieux moyen, avec en outre la spécificité d’un écart particulièrement important des élèves en fonction du milieu socio-professionnel de leurs parents. Tout cela renvoie à la fois au cadre pédagogique de l’éducation en France depuis un demi-siècle ainsi qu’au fait les enseignants en France sont, comme leurs collègues soignants, nombreux, travaillant plutôt moins qu’ailleurs mais également particulièrement mal payés. La crise sanitaire a confirmé ces tendances.

    Pourquoi l’Etat français et son système social qui étaient si performant (et vantés dans le monde entier) sont-ils devenus si obèses et impotents ?

    Edouard Husson : La France a tiré le plus mauvais parti possible de Maastricht. Loin de rendre l’Etat vertueux, le système de banques centrales a permis aux dirigeants français un endettement apparemment sans douleur, à l’abri des taux allemands. Comme par ailleurs la monnaie unique était surévaluée pour l’appareil socioéconomique français (il s’agit moins de productivité des individus que de poids des charges sociales), il y a eu un laisser-aller français, sur lequel l’Allemagne a fermé les yeux car elle a besoin de la France pour que la monnaie unique tienne: on a créé des emplois publics faute de création d’emplois par le secteur marchand. Ajoutez le tournant raté d’un véritable contrôle de l’immigration, durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. L’immigration légale et illégale pèse énormément sur les finances publiques dans un pays qui ne crée pas d’emplois industriels. Enfin, cerise sur le gâteau, la crise de l’Education Nationale et, plus généralement, de notre capacité à former les jeunes générations aux emplois de la troisième révolution industrielle. Prestations sociales, coûts visibles et cachés de l’immigration, faiblesse du taux d’emploi dans le secteur marchand, étiolement du secteur industriel. Depuis que Nicolas Sarkozy a réalisé un quinquennat en demi-teinte, le pays s’est donné successivement à un apparatchik dépassé par la complexité de la situation puis à un bureaucrate caractérisé par un fort contraste entre sa compréhension, médiocre, des enjeux du monde et de la nation et sa volonté de puissance, sans limite.

     

    Charles Reviens : La France est tout à fait spécifique en matière de finances publiques dans l’OCDE : les plus gros impôts n’arrivent pas à financer les plus grosses dépenses publiques toujours croissantes avec apparition par accumulation de déficits d’une dette publique particulièrement élevée alors qu’elle était très faible au début des années 1970. L’énorme dépense publique est avant tout au service d’un Etat social plus ou moins hors de contrôle, alors même que les dépenses régaliennes ou l’investissement public sont tendanciellement en régression.

    Il est effectivement de plus en plus difficile de considérer que ces dépenses sociales conduisent à un Etat social performant. Le doute est de mise sur leur soutenabilité et leur efficacité, comme en atteste la performance déjà évoquée de l’écosystème sanitaire français dans la pandémie ou d’autres convulsions à l’instar du mouvement des gilets jaunes de 2018-2019.

    Le caractère « obèse » et « impotent » évoqué tient principalement à des décisions publiques particulièrement impactantes prises il y a plusieurs décennies par la gauche (retraite à 60 ans en 1982, RMI devenu RSA en 1988, réduction du temps de travail en 1997) puis fait avalisées par la droite au pouvoir ensuite, décisions qu’il est extraordinairement difficile de remettre en cause. La dérive financière des dépenses sociales conduit en outre à l’étranglement tant de l’Etat régalien que de l’économie productive.

    A l’instar d’un Gorbatchev, Emmanuel Macron serait-t-il le fossoyeur d’un système technocratique qu’il avait été élu pour sauver ?

    Edouard Husson : Gorbatchev avait vécu, avant d’arriver au pouvoir. Comme beaucoup de Soviétiques qui avaient connu la Seconde Guerre mondiale, il avait été formé à l’école de la vie. Emmanuel Macron n’a rien vécu. Il se meut dans un univers protégé, celui de la haute fonction publique française. Il a eu de puissants parrains mais dont l’objectif est de pérenniser la rente qu’ils tirent de l’ouverture de la France à la mondialisation. Alors effectivement, pour faire écran entre la société française, sans protections réelles, et les grands vents de la mondialisation et de la troisième révolution industrielle, notre « aristocratie stato-financière », comme l’appelle Emmanuel Todd, a laissé proliférer un secteur public central et territorial qui coûte toujours plus cher dans un pays de plus en plus endetté grâce aux facilités qu’accorde le système des banques centrales européennes et, bientôt, la Commission européenne. Emmanuel Macron n’a pas de plan B. Celui que certains ont appelé, par une flagornerie qui touche à la bêtise, le « Mozart de la finance » ne sait faire qu’une chose: endetter toujours plus le pays pour pallier les ratés de sa politique. Même si on lui laisse deux ou trois bonnes intuitions dans la réforme du Code du Travail, cela pèsera peu au bout du compte à côté de la crise des Gilets Jaunes, du fiasco de la réforme des retraites et de la Berezina du Covid-19. 

    Quelles armes reste-t-il aux citoyens français pour obtenir que l’Etat se ressaisisse ?

    Edouard Husson : Nous sommes dans une situation curieuse où d’un côté le pays est anesthésié par l’argent facile de la BCE et la prolifération des emplois publics; et de l’autre un véritable malaise couve sous la cendre des trois gâchis du quinquennat (Gilets Jaunes, Retraites, Coronavirus). Comme le président a de plus amorcé un jeu très dangereux consistant à déplacer pour raisons sanitaires les élections sans aucune cohérence dans les reports, il n’est pas impossible qu’il y ait une grosse explosion sociale avant les régionales ou les présidentielles. Le vote doit normalement canaliser les frustrations. Si ce n’est plus le cas, le pays cherchera d’autres exutoires. Je pense en particulier qu’il y a un point que personne n’a voulu voir: les fonctionnaires n’ont eu aucun sacrifice à faire durant la crise du coronavirus. Pour eux, il n’y a pas eu de feuille de paie réduite par le chômage partiel. C’est un potentiel explosif considérable. 

    Charles Reviens : Commençons par revenir aux fondamentaux de la situation française. Tout au long du XVIIIème siècle la France, premier Etat-nation abouti, était la troisième puissance démographique et économique du monde, derrière la Chine et l’Inde. C’est aujourd’hui la 27ème population du monde du fait d’un repli démographique très précoce et la 9ème économie suivant la méthodologie parité des pouvoirs d’achat du FMI. Cette évolution peut expliquer certains éléments de la nostalgie et du déclinisme français.

    Pour améliorer la situation de la France et de son Etat, il serait particulièrement utile d’abandonner collectivement plusieurs cadres idéologiques qui ne marchent pas : refus de la recherche de la concorde et guerre de tous contre tous, mépris constant des questions de compétitivité économique (« l’intendance suivra »), conscience de la réalité des confrontations économiques et technologiques, amour immodéré de l’égalité et de l’égalitarisme, abandon regrettable dans les années 1980 des ambitions en matière industrielle et d’aménagement du territoire, soutenabilité économique et anthropologique de la politique d’immigration.

    Il est peu probable que  telles transformations se fassent sans résistance : concernant ainsi le seul sujet de l’immigration, l’essayiste britannique Douglas Murray indique dans un récent article du Figaro que « pour admettre le défi auquel nous sommes confrontés, il faudra admettre que plusieurs générations de décideurs politiques à travers l’Europe ont commis des erreurs historiques ou été totalement incompétentes. Le plus simple, pour les politiques, est toujours de remettre cette question à plus tard, de mettre un terme à la discussion et de persécuter les gens parce qu’ils ont dit la vérité ».

    Se pose également une question sur les modalités d’exercice du pouvoir en France dont on commence à voir les défauts : poids devenu dominant des enjeux de communication dans l’action politique, centralisation politique et administrative sans aucun équivalent dans le monde développé et aboutissant pourtant à « absolutisme inefficace » dénoncé par Jean-François Revel dès 1992. Jacques Julliard nous disait récemment que « beaucoup des absurdités que chacun dénonce depuis un an proviennent de ce que la France est tout à la fois suradministrée et sous-gouvernée. »

    On peut enfin rappeler l’ouvrage de 2006 de Jacques Marseill

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     @AFRoyaliste  

     

    Expatriation des jeunes et abstention en hausse: un Système qui dégoûte les Français de la France et de la chose publique est mauvais en soi...

  • Le tweet du jour...

    IMG_0096.jpg

     

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    Notre (mauvais) Système dévore ses enfants, comme le Saturne de Goya: Dépenses publiques de l'Etat, en % du PIB: 1914, 8,9% - 2014 : 57,1%.!

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    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpgVous voulez participer à notre action de diffusion de nos Idées, faire connaître nos points de vue sur l'actualité, nationale et internationale, faire découvrir notre critique du Système, qui est la source de tous nos maux ?

    Bref, vous voulez donner des ailes aux Idées qui sont les vôtres, vous voulez les voir conquérir de nouveaux esprits et un public de plus en plus large ?

    Mais, vous le pouvez, et très facilement, par exemple des trois façons suivantes :

  • Place du Capitole, Toulouse, 18 novembre 2009....

            ...(envoi de lecteur) : retour sur un "fait divers" qui est tout, sauf, justement un "fait divers"; et qui en dit long sur la situation catastrophique dans laquelle le Pays légal qui nous gouverne, le Système, à plongé la France. Et face à laquelle il faudra bien réagir, un jour, au sens propre du terme....

            Les_larmes_du_drapeau1.pps

  • La crise, oui, mais pas pour tout le monde...

                On a pris la Bastille ? On a fait la Révolution pour abolir les privilèges ? La bonne blague ! Le système en place a créé cent, mille Bastilles, largement plus scandaleuses que l'ancienne...

                En voici une, la liste n'est pas limitative.....

     

    Comparaison.jpg

     

    Les indemnités parlementaires...pps

  • Les royalistes veulent ”nationaliser l'Etat par le Roi” (Léon Daudet)...

    FLEUR DE LYS SAINT LOUIS KANSAS.jpg... le Système, lui, a nationalisé l'Etat par "les copains et les coquins", les "requins" qui aiment les "Caïmans"...


    Une seule solution :

    1. Ne pas croire "en l'amélioration électorale de la peste républicaine"...

    2. Et mener une action authentiquement "française", "étant réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime"...

  • ”Sept ans” pour Ahmed ? NON ! DECHEANCE/EXPULSION ! et pareil pour Fathi, ”le violeur au hachoir” !......

     avril 2013 .jpg

     ("La Provence", lundi 8 avril 2013)

    violeur au hachoir.jpg

    ("La Provence", mardi 23 avril 2013 : Fathi, c'est le charmant "jeune" homme, chance pour la France,  "violeur/hacheur", un prénom "bien d'chez nous" !...) 

     

    Déchoir expulser et donc remettre en cause la nature du Système qui est le nôtre.pdf 

  • ”18 mois fermes” pour Zakaria Bouguerba ? NON ! DECHEANCE/EXPULSION ! et pareil pour ”les 40 voleurs Hamidovich” ! et pa

    I

    agresseur au couteau 2013.jpg

    II

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/04/25/97001-20130425FILWWW00608-paris-40-voleurs-interpelles.php

    III

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/04/26/97001-20130426FILWWW00666-agression-anti-blanc-4-ans-requis.php

      

    Déchoir expulser et donc remettre en cause la nature du Système qui est le nôtre.pdf 

  • Sur la page facebook de l'Action Sociale Corporative

     

    Tout notre soutien royaliste aux avocats qui se battent pour garder leur système propre de retraites, et contre la spoliation de leur caisse de retraite (leur patrimoine corporatif, en somme) par une République qui, à défaut de bien gérer le pays, se contente de voler ceux qui réussissent mieux qu'elle !

  • Action française Ile de France : Résistance Bioéthique.

    Hier soir de nombreux jeunes parisiens se sont rassemblés spontanément à l'appel du collectif Résistant Bioéthique, pour marquer leur opposition à la loi autorisant la PMA et la GPA.

    Nos militants, mobilisés depuis toujours sur ces questions éthiques, étaient présents en nombre.

    Les forces de l'ordre du système républicain ont durement réprimé ce rassemblement pacifique.

    Face à la destruction de la Famille, cellule de base de la Nation, rejoins-nous !

  • Ploutocratie, macronisme et civilisation bourgeoise sur la page facebook de l'Action française Toulon

    La ploutocratie au pouvoir est un système de gouvernement où la richesse constitue la base principale du pouvoir.

    Le macronisme est l'idéologie de la société bourgeoise. Jouisseuse, matérialiste et gangrenée jusqu'à la moëlle.

    Le substrat de la civilisation bourgeoise est cette triple coalition (marchand, intellectuel et politicien) incapable d'une unité interne organique.

    Contre l'or il n'y a que le fer qui puisse prévaloir.

     

  • Vu sur la page FB La vraie démocratie : le personnel d'un CHU recadre sévèrement la politique de Macron.

    « Bobo, Euros, Dodo, c'est un système qui se délite. À cause des abrutis d'en haut qu'on ose encore appeler des élites » Message du personnel du CHU de Toulouse

    Inspiré du clip : Orelsan - Basique
    Compositeur : Matthieu Le Carpentier
    Paroles : Jérémie Canzian
    Mixage : MA2MA

    Crédit vidéo : CGT CHU Toulouse