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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Taguieff: «Le décolonialisme est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine», par Pierre Valentin.

    Manifestation d’un collectif de soutien à Adama Traoré. BERTRAND GUAY/AFP

    Le philosophe dénonce l’influence croissante du décolonialisme au sein de la gauche dans un essai tout juste paru, intitulé «L’imposture décoloniale».

    FIGAROVOX. - Dans votre dernier ouvrage L’imposture décoloniale vous dites: «Le postcolonialisme (…) risque d’entraîner toutes les familles de la gauche dans l’adhésion à une vision identitaire». Quelle est cette vision identitaire qui vous inquiète?

    Pierre-André TAGUIEFF. - Le postcolonialisme est, pour aller vite, la version soft du décolonialisme, lequel séduit non pas en raison de sa consistance théorique mais par sa «radicalité» idéologico-politique. Les idéologues décoloniaux appellent en effet à rompre totalement avec le passé maudit de la France et plus largement de l’Europe et de l’Occident, dont il réduisent l’histoire à celle du racisme, de la traite négrière, du colonialisme et de l’impérialisme.

    Ils rejoignent en cela les artisans-militants d’une contre-histoire dite «histoire mondiale» ou «globale», obsédés par la déconstruction du roman national français. Ils ne voient dans l’universalisme, celui du judéo-christianisme comme celui des Lumières, que l’expression d’un eurocentrisme qu’ils s’efforcent frénétiquement de «déconstruire» en même temps qu’ils s’appliquent à «provincialiser» l’Europe et sa culture. Ils criminalisent au passage la laïcité, dans laquelle ils ne voient qu’intolérance et rejet de la diversité, refus des saintes «différences».

    L’attractivité du décolonialisme à gauche et à l’extrême gauche s’explique largement par un appel du vide, dont les causes sont identifiables: la décomposition de la gauche et l’essoufflement du modèle social-démocrate, l’incrédulité croissante envers le marxisme et l’utopie communiste dont on hérite cependant l’anticapitalisme et l’anti-impérialisme, la banalisation d’un néo-féminisme misandre, dit «radical», dans les milieux intellectuels ainsi que le surgissement d’un antiracisme dévoyé, masquant à peine un racisme anti-Blancs doublé d’une judéophobie à visage «antisioniste».

    La gauche intellectuelle est profondément divisée sur ces questions qui s’entrecroisent

    À cela s’ajoute un sentiment de culpabilité à l’égard de l’islam, la «religion des pauvres» et des «dominés», qui fait que la «lutte contre l’islamophobie» peut être érigée en premier commandement de la «religion de l’Autre» (Philippe d’Iribarne). Il faut aussi bien sûr pointer l’influence du gauchisme identitaire à l’américaine, dont les thèmes se diffusent massivement sur les réseaux sociaux.

    Dans cette perspective, tous les malheurs du monde s’expliquent à partir de la relation d’inégalité entre «dominants» et «dominés», qu’on interprète en termes racialistes et victimaires: ce sont «les Blancs» qui dominent et les «non-Blancs» qui sont dominés. La «race» revient à l’ordre du jour: en dépit du fait qu’on la présente comme une «construction sociale», la couleur de la peau reste son principal indice.

    On brandit par exemple avec enthousiasme l’«identité noire», la «conscience noire» ou la «fierté noire», alors qu’on dénonce, à juste titre, les suprémacistes blancs qui parlent d’une «identité blanche», d’une «conscience blanche» ou d’une «fierté blanche». On se retrouve ainsi dans un monde divisé en «Blancs» et «Noirs» ou «non-Blancs», et ce, au nom d’un «antiracisme» douteux, qui s’avère un antiracisme anti-Blancs, c’est-à-dire une forme politiquement correcte de racisme. Une grande inversion des valeurs et des normes s’accomplit sous nos yeux.

    Est-ce que la gauche a les ressources intellectuelles pour y résister?

    La gauche intellectuelle est profondément divisée sur ces questions qui s’entrecroisent. À simplifier le tableau, je distinguerai trois nébuleuses idéologiques. Tout d’abord, les défenseurs de la laïcité stricte, dans la tradition républicaine privilégiant l’égalité dans une perspective universaliste, qui forment le camp de la gauche ferme ou «dure», intransigeante sur les principes. Ensuite, les partisans d’une laïcité «ouverte», tentés par le multiculturalisme, qui peuplent les territoires de la gauche «molle», convertie à la «religion de l’Autre».

    Enfin, les ennemis de la laïcité, dans laquelle ils voient l’expression proprement française d’un «racisme d’État» ainsi qu’une machine à justifier l’«islamophobie». Le slogan «Touche pas à mon voile» illustre cette position pseudo-antiraciste, qui consiste à retourner contre le principe de laïcité l’exigence de tolérance et l’impératif du respect des différences. C’est le camp de la gauche folle, celle qui s’est ralliée au drapeau du postcolonialisme et du décolonialisme, dont la passion motrice est la haine de l’Occident.

    La gauche « molle », (...) ayant pour seul horizon « l’ouverture », fournit des « idiots utiles » (...) à la gauche folle, qui mène la danse

    Cette nouvelle «gauche de la gauche» est rageusement anti-occidentale, elle est à la fois hespérophobe et gallophobe, en ce qu’elle réduit la France à un pays raciste et islamophobe. C’est cette gauche en folie, dont les nourritures psychiques proviennent des campus étatsuniens pratiquant le culte de la «radicalité», qui, voulant tout déconstruire et tout décoloniser, s’est engagée dans la voie dangereuse qu’est la «politique de l’identité».

    La gauche «molle», celle des bien-pensants (opportunistes, apeurés, naïfs, peu informés) ayant pour seul horizon «l’ouverture», fournit des «idiots utiles» (et parfois inutiles) à la gauche folle, qui mène la danse. Le décolonialisme, c’est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine.

    Vous insistez sur la dimension déresponsabilisante des théories «systémiques» qui soulagent l’individu du fardeau de la responsabilité individuelle. Est-ce pour vous une des raisons principales de leur succès?

    En parlant de «discriminations systémiques», on paraît expliquer avec objectivité les échecs socio-économiques des individus appartenant à des minorités supposées discriminées. Ces individus sont ainsi déresponsabilisés: ils peuvent accuser «le système» d’être le seul responsable de leurs malheurs, comme ils peuvent accuser un prétendu «racisme d’État» de couvrir ou de justifier les «discriminations systémiques» dont ils s’imaginent être les victimes. Ce qui n’empêche nullement de considérer les discriminations réelles à l’emploi ou au logement, dont les causes sont loin de se réduire aux origines ethno-raciales.

    La dénonciation litanique du «racisme systémique» fait partie de la rhétorique des mouvances décoloniales et islamo-gauchistes. Il s’agit du dernier avatar de la notion de «racisme institutionnel», élaborée par deux révolutionnaires afro-américains, l’activiste Stokely Carmichael et l’universitaire Charles V. Hamilton, dans leur livre militant titré Black Power, sous-titré «La politique de libération en Amérique», publié en 1967. Cette notion était destinée à mettre l’accent sur le caractère systématique («systémique», dit-on plutôt aujourd’hui) ou structurel du racisme anti-Noirs dans la société nord-américaine, en supposant qu’il était inscrit dans les normes culturelles, les institutions et les pratiques sociales «normales», qu’il dérivait de l’organisation même de cette société.

    Il pouvait donc fonctionner socialement sans être intentionnel ni conscient. Le présupposé de ce modèle critique du racisme est que seul le racisme blanc existe et qu’il se confond avec le «pouvoir blanc» et la «société blanche» que seule une «révolution noire» peut transformer. Autant dire que, construit pour dénoncer le racisme anti-Noirs dans l’Amérique de la fin des années 1960, ce modèle est daté et situé. On ne saurait l’importer aveuglément pour analyser le racisme dans la société française contemporaine.

    Mais c’est précisément son simplisme qui est attrayant pour les radicaux de gauche: le racisme invisible explique tout et les mobilisations antiracistes ont un parfum révolutionnaire. En répétant litaniquement que la France est une société intrinsèquement raciste, on justifie les appels à la destruction du «vieux monde», qu’on juge irréformable. La notion de «racisme systémique» illustre bien ce que Raymond Boudon appelait le «sociologisme», qui postule que l’individu est le jouet des structures et des institutions, et incite à ne poser qu’une question: À qui profite le «système»?

    Cette déclaration témoigne de l’extrême confusion qui dérive d’un demi-siècle de déconstructionnisme en philosophie (...) et de constructivisme en sciences sociales

    Mais la réponse est toujours connue d’avance. Les pseudo-antiracistes y répondent en donnant dans le complotisme: ils désignent les membres de la «race» dominante («les Blancs»), instaurateurs et profiteurs du «racisme systémique». Voilà qui justifie les prêches contre «l’hégémonie blanche» et «le privilège blanc».

    Vous citez la cheffe du Parti des Indigénistes de la République Houria Bouteldja: «Le ‘je’ cartésien va jeter les fondements philosophiques de la blanchité». Sans reprendre ses termes, l’universalisme des Lumières n’est-il tout de même pas spécifique à l’Occident, conséquence de l’universalisme chrétien?

    Relevons d’abord le mélange de stupidité et de cuistrerie d’une telle affirmation, émanant de l’activiste qui incarne parfaitement l’islamo-gauchisme à la française. Elle témoigne de l’extrême confusion qui dérive d’un demi-siècle de déconstructionnisme en philosophie («tout est à déconstruire») et de constructivisme en sciences sociales («tout est construction sociale»).

    Dans les milieux décolonialistes à la française, le thème de la «blanchité» est d’importation récente et soulève un problème insoluble: si, en bon antiraciste, on récuse l’essentialisme en tant que présupposé du racisme, comment concevoir d’une façon non essentialiste ladite «blanchité»? Répondre en agitant le terme magique de «construction sociale», c’est se payer de mots. Le réinvestissement du biologique s’opère ainsi sous couvert de «construction sociale». Les pseudo-antiracistes à l’américaine diabolisent les gènes, mais sacralisent la couleur de la peau. Chassée par la grande porte de l’antiracisme savant des généticiens, la «race» revient par la fenêtre du néo-antiracisme militant.

    Faisant de la «blanchité» un stigmate, les idéologues décoloniaux s’efforcent de réduire l’exigence d’universalité à une arme secrète de la «société blanche» pour inférioriser ou disqualifier les non-Blancs. Manière de réaffirmer leur dogme fondamental: l’Occident est intrinsèquement raciste.

    Mais il ne faut pas oublier que ce sont des intellectuels occidentaux «blancs» qui, les premiers, ont lancé cette grande accusation sur le marché des idées. La haine de soi et l’auto-accusation pénitentielle font partie de la pathologie des milieux intellectuels occidentaux. Ne voir dans l’universalisme que ses instrumentalisations politiques et ses corruptions idéologiques, c’est faire preuve soit d’ignorance, soit de mauvaise foi.

    «Il est facile de reconnaître dans cette bouillie discursive des traces de l’utopie communiste». Qu’est-ce qui vous donne à penser que nous faisons face à un «marxisme racialisé» à l’heure où les marxistes purs et durs sont difficiles à dénicher?

    À quelques exceptions près, les intellectuels marxistes-léninistes, encore nombreux dans les années 1970-1990, se sont ralliés, d’une façon plus ou moins explicite, aux courants subalternistes ou décoloniaux, après avoir flirté avec le tiers-mondisme et l’altermondialisme. Le décolonialisme se présente en effet comme une réinterprétation hypercritique de l’histoire et un programme d’action révolutionnaire séduisant.

    L’évolution des milieux trotskistes est à cet égard fort intéressante: nombre de leurs intellectuels ont repris à leur compte les principaux thèmes décoloniaux (dénonciation du «racisme systémique», du «racisme d’État», de l’«islamophobie d’État», etc.), au point de juger acceptables la vision racialiste de la société et la promotion de notions comme celles d’identité raciale ou de conscience raciale. Ils tendent à oublier la lutte des classes au profit de la lutte des races et des sexes-genres, avec ce supplément de verbiage pseudo-savant qu’est l’«intersectionnalité».

    La bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques

    Ce qui a fait basculer les marxistes, c’est d’abord la formation d’un prolétariat issu de l’immigration et de culture musulmane, et le ralliement croissant du prolétariat traditionnel aux partis dits populistes. C’est ensuite leur engagement inconditionnel en faveur de la cause palestinienne, qu’ils ont érigée en nouvelle «cause universelle». C’est, corrélativement, leur interprétation de l’islam politique comme une force potentiellement révolutionnaire avec laquelle il fallait s’allier. C’est aussi l’importance qu’ils ont accordé aux questions de «race» (la «race» étant une «construction sociale») et à la lutte contre le racisme, faisant passer au second plan la lutte des classes.

    C’est enfin leur passion de la critique radicale des sociétés occidentales, caractérisées par une somme de traits négatifs (capitalisme, impérialisme, colonialisme, racisme, sexisme, hétéro-patriarcat), donc vouées à être détruites. Ils ont ainsi comblé leur imaginaire utopiste de la table rase et de la construction d’une société parfaite (post-capitalisme, post-raciste, post-sexiste, etc.). Il ne leur restait plus, en rejoignant les rangs décoloniaux, qu’à ériger la «race» en principe explicatif de l’histoire, et, ainsi, à fondre le marxisme dans un néo-gobinisme dont le programme sommaire tourne autour d’une volonté de vengeance ayant pour cible la «société blanche» ou l’«homme blanc», abominable profiteur du «système hétéro-patriarcal».

    Vous rappelez que l’activiste Rokhaya Diallo a retweeté le compte satirique de Titania McGrath sur Twitter qui se moque des délires woke et devance même parfois des discours progressistes. La frontière entre la parodie et le premier degré est-elle ici en voie de disparition?

    C’est là un indice de la bêtise des nouveaux bien-pensants. Il ne s’agit pas de la bêtise ordinaire, pour ainsi dire innocente, mais d’une bêtise prétentieuse, arrogante, sophistiquée. Un esprit de sérieux idéologisé, doublé d’une roublardise plus ou moins affûtée. C’est la bêtise commune aux élites médiatiques et aux élites académiques faisant profession de «radicalité», à Rokhaya Diallo ou Lilian Thuram en version militante, à Judith Butler ou Gayatri Chakravorty Spivak en version «théorique», disons comiquement pédante.

    On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l’histoire, comme le notait Raymond Aron. Mais la bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques, conformistes dans le

  • Après l'hommage à Jeanne d'Arc...

     
    Action Française
     
    Honneur à Jeanne !  Pour complaire à une extrême-gauche qui, elle, est réellement intolérante, nocive, haineuse et dangereuse, Darmanin voulait nous interdire de nous réunir et de défiler, de réfléchir à la France et d’en célébrer une héroïne. La justice lui a infligé deux désaveux sévères. Non seulement ce ministre est nul mais ses tactiques politiciennes se retournent misérablement contre lui. Indignés à juste titre par les deux interdictions fulminées au dernier moment (nous ne savions pas le matin même si nous pouvions tenir le colloque l’après-midi !), la jeunesse royaliste était venue en masse à Paris pour défendre sa liberté de penser et de s’exprimer.
    Grâce au Secrétaire général de l’AF et grâce à nos avocats, qui ont réagi rapidement et intelligemment, les deux événements ont pu avoir lieu. Rappelons au passage que l’Action française a gagné tous ses procès depuis douze ans. Le colloque a réuni 500 participants, nous étions 2000 à défiler pour honorer sainte Jeanne d’Arc, l’État est condamné à verser 3000 euros à l’Action française : c’est une victoire sur toute la ligne, et la presse s’en est largement fait l’écho.
    Oui, l’Action française n’est pas un mouvement d’ultra-droite proférant des insanités racistes.
    Oui, Darmanin veut laisser la rue à l’ultra-gauche. Oui, Darmanin préfère inaugurer un fast-food à Tourcoing plutôt que de rendre hommage à celle qui sauva la patrie. Oui, Darmanin voulait que le préfet de Paris réédite le triste exploit des nazis et interdise le défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc.
    Oui, Macron et son gouvernement détestent la France au point de vouloir annihiler une fête nationale légale.
    Oui, la République est un régime liberticide. Oui enfin, l’Action française propose de réfléchir à un autre système politique, à un autre rapport à la Nation.
    Merci à tous ceux qui sont venus nous écouter, écouter des élus français, écouter des gens qui ne partagent pas nos opinions mais sont ouverts au débat d’idées. Merci à tous ceux qui ont décidé de célébrer sainte Jeanne d’Arc, pour qui la France n’était pas un vain mot.
    Si vous voulez qu’une pensée indépendante, souverainiste et libre persiste et s’exprime, soutenez-nous !  
     
     
    (courte vidéo, 2'22) :
     
    Statue équestre de Jeanne d'Arc (place des Pyramides ...
     

  • Sur TV Libertés, au Forum n°13 : Le putsch des Généraux (Alger 1961).

    Bernard Coll, animateur de l'émission "Au Forum" a choisi, actualité oblige, d'évoquer un véritable soulèvement militaire, celui d'avril 1961 à Alger. En compagnie de Louis de Condé, poète et partisan fervent de l'Algérie française, Bernard Coll essaie de répondre aux questions que soulève la tentative de "putsch" des quatre illustres généraux : Challe, Salan, Jouhaud et Zeller. La révolte des généraux d'avril 1961 a marqué une rupture dans l'histoire de la guerre d'Algérie qui est aussi celle de l'histoire de France.

  • LIVRES • Progrès, révélation ou catastrophe

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    Lafautearousseau a déjà rendu compte de la parution de cet important ouvrage. Il se trouve qu'Hilaire de Crémiers en donne ici une analyse qui doit être lue et publiée.   

    Apocalypse du progrès, tel est le titre du dernier essai de Pierre de La Coste. Puissant, remarquable, dans la veine de ses précédents essais. Il poursuit sa quête intellectuelle sur ce qui justifie cette idée de progrès que l’époque contemporaine a doté d’une majuscule comme une divinité. Pierre de La Coste, en une synthèse aussi forte que nourrie, passe en revue non seulement l’idée mais aussi le fait qui se trouve sous l’idée, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ; il montre comment l’idée prit son essor, essentiellement dans la révélation chrétienne, pour se stabiliser sur une double courbe de la grâce et de la volonté en permanente tension dans l’Occident chrétien depuis saint Augustin et Pélage, plus exactement entre l’augustinisme et le pélagianisme, double courbe qui rebondit avec la Renaissance et le calvinisme, et qui, par la suite, bifurque dans la modernité à travers les philosophies des Lumières, de l’histoire à la Hegel, de l’accomplissement de l’Humanité jusqu’à sa divinisation dans l’Absolu des théories, pour s’effondrer dans l’horreur, le doute, le matérialisme le plus plat, le plus technologique, le plus financier, le plus commercial, le progressisme religieux lui-même s’essoufflant à courir derrière cette chimère qui s’achève en effroi.

    Apocalypse au sens de « révélation » en ses débuts, cette apocalypse du progrès se termine aujourd’hui sur des visions catastrophiques dans l’autre acception du terme. L’idée chrétienne est devenue folle, selon le mot de Chesterton. Pierre de La Coste connaît tout son monde philosophique, religieux, politique, nous promenant d’Héraclite à Auguste Comte, de saint Augustin au cardinal de Lubac, de Platon à Maurras… Étourdissant de culture vraie et, au fond, merveilleux de sagesse : car si l’homme est fait pour le salut à venir, il ne lui appartient pas d’en déterminer la course, sagesse païenne, sagesse chrétienne, sagesse vraiment catholique. 

    Hilaire de Crémiers

     

    Apocalypse du progrès, de Pierre de La Coste, préface de Frédéric Rouvillois, Libres perspectives, 22 euros.

    Politique Magazine  

  • Choses vues : troisième message de nos amis en visite en Sicile : aujourd'hui, à Sperlinga et Savoca...

    (Ces lignes ont été rédigées, et envoyées, début août; aujourd'hui, Salvini n'est plus au gouvernement, Giuseppe Conte ayant remplacé son alliance avec lui par une alliance avec le Centre gauche : les jeux politiques du Pays légal italien ressemblent furieusement à ceux du Pays légal français ! Mais la vague de fond qui porte Salvini le servira certainement lors des prochaines élections, qu'il a rendu obligatoires en mettant fin lui-même à son alliance avec les "5 étoiles")...

    Maintenant, nous allons dans ce que Charles Maurras qualifiait si bien par son expression "pays réel", symbolisé ici par 2 villages atypiques de la Sicile que sont Sperlinga et Savoca (ci dessus et ci dessous).

    On remarque tout de suite l'attachement des villageois à leur patrimoine culturel, à leur histoire locale, à leurs traditions bien ancrées et surtout leur fierté de vouloir perpétuer cela de génération en génération.

    A défaut de se connaitre intimement, ici tout le monde se côtoie et fait parti d'une même et seule famille. Il est assez difficile de se faire accepter, mais quand ce barrage est franchi, il est fait avec le coeur et les bras ouverts pour la vie.

    Lorsque l'on parle à ces villageois de politique, le ton a changé et les regards sont pétillants surtout si on prononce le nom de Mattéo Salvini. Il faut dire que la plupart d'entre eux se sont rendus dans les grandes villes assister à ses meetings, l'entendre et surtout l'écouter.

    De nature plus méfiante, ces gens du "pays réel" ne s'attardent pas tant sur les bons mots ou de phrases bien tournées avec de belles métaphores. Ils veulent avant tout des faits accompagnés d'actes et en cela ils en sont satisfait et se sentent en sécurité grâce à cette politique anti migratoire prônée et, surtout, menée par Salvini.

    Ils voient en lui le défenseur de la civilisation italienne, le rempart aux ennemis du "pays réel". Leur soutien est non seulement de raison mais de coeur et en cela ils lui donnent le vote de confiance ultime.

    Salvini est devenu leur porte parole, leur voix, leur étendard, leur chef de troupe mais aussi un membre à part entière et indéfectible de leurs familles.

    BAYARD

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  • Jean Sevillia et ”M. le maudit”...

    MAURRAS 12.jpgDans l'une de ses récentes chroniques du Figaro magazine, Jean Sévillia est revenu sur Charles Maurras (qu'il appelle, comme nous, "M.le maudit"), à propos de la toute dernière étude qu'Olivier Dard lui a consacrée, sobrement intitulée "Charles Maurras" :

    sevillia m le maudit.jpg

    Rien à rajouter, évidemment, au très bon papier de Sévillia : on nous permettra juste de remettre - à l'attention de nos nouveaux lecteurs, qui n'ont probablement pas encore eu, tous, le temps de découvrir la totalité des documents que notre quotidien met à disposition - celui de nos 33 PDF/Documents à télécharger consacré, justement, à M. le maudit...

  • Rectificatif de Radio courtoisie....

            Ce ne seront pas, comme annoncé précédemment, Les Mardi de la Mémoire du 4 octobre qui seront consacrés au Cahier de l'Herne sur Charles Maurras (*), mais Les Mardi de la Mémoire du 18 octobre.

           Pas de changements par contre pour le reste : ce seront les mêmes intervenants, Stéphane Giocanti et Axel Tisserand, qui "passeront" à la même heure, de 10h45 à 11H45 (Fréquence 95,6 FM).

    (*) : dans lequel Jean-François Mattéei rédige l'article sur Maurras et Platon....

     

  • Boutang : « La république en France ne réunit pas les conditions minimales d'un Etat »

     

    4184492981.jpg« En remontant du salut public […] jusqu'à sa condition royale, [Maurras] a pu ériger la preuve puissante, jamais réfutée, que la république en France, règne du nombre, des partis, et, à travers eux, de l'or et de l'Étranger, ne remplissait pas les conditions minimales d'un État; qu'elle ne pouvait donc masquer sa nullité politique que par une tyrannie administrative et bureaucratique vouée à défaire la nation. Il en résultait que l'avantage majeur de la monarchie serait de n'être pas la République, de combler son vide par la présence d'une personne douée, en général et au moins, des attributs de l'humanité, la raison de « l'animal rationnel mortel » et la responsabilité. » 

     

    * Maurras, la destinée et l'œuvre, Plon, 1984

  • Conférence d'Hilaire de Crémiers à Marseille

     

    21106908_1314479941995428_5576558479160819346_n.jpgMercredi soir s'est tenue à Marseille 14 rue Navarin, la première conférence du Cercle Honoré d'Estienne d'Orves donnée par Hilaire de Crémiers sur « Maurras et le Chemin de Paradis ».

    Un plein succès, une quarantaine de militants et sympathisants ayant attentivement suivi une conférence brillante, empreinte d'érudition et aussi d'une part d'émotion suscitée par le propos d'Hilaire de Crémiers faisant apparaître la profondeur de la pensée de Charles Maurras et son engagement, dès sa jeunesse, dans les grands combats du siècle à venir. 

    Prochaine conférence : Mercredi 11 octobre. Rejoignez-nous !

    (Ci-dessus : Hilaire de Crémiers et Guy Bertran)

  • A la recherche de l'étude (pas forcément) perdue...

    Lu sur la page facebook de notre "ami" Emmanuel Boutang :

    BOUTANG LA FONTAINE.jpgA quinze ans, Charles Maurras analysait vingt-deux fables de La Fontaine, dans "Les cahiers du Collège d'Aix". Ainsi que le remarquait René Groos en 1967, dans le numéro 22 des "Cahiers Charles Maurras" cela constituerait une excellente base pour un manuel scolaire.
    Alors que mon fils apprend par cœur "le coq et le renard" pour Lundi, je vais tâcher de retrouver l'analyse de ces vingt-deux fables, parmi lesquelles figurent "Le lion et le moucheron", "Le rat des villes et le rat des champs", "La chauve-souris et les deux belettes", "Le bûcheron et Mercure".

    Espérons que vous retrouverez cette analyse, cher Emmanuel : vous feriez à tous un très beau cadeau...

  • Boutang : « La république en France ne réunit pas les conditions minimales d'un Etat »

    2802651628.jpg« En remontant du salut public […] jusqu'à sa condition royale, [Maurras] a pu ériger la preuve puissante, jamais réfutée, que la république en France, règne du nombre, des partis, et, à travers eux, de l'or et de l'Étranger, ne remplissait pas les conditions minimales d'un État; qu'elle ne pouvait donc masquer sa nullité politique que par une tyrannie administrative et bureaucratique vouée à défaire la nation. Il en résultait que l'avantage majeur de la monarchie serait de n'être pas la République, de combler son vide par la présence d'une personne douée, en général et au moins, des attributs de l'humanité, la raison de « l'animal rationnel mortel » et la responsabilité. »   

     

    Maurras, la destinée et l'œuvre, Plon, 1984

  • Une Europe sans boussole

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Il est désormais bien loin le temps où un universitaire américain pouvait tranquillement énoncer sa thèse de « la fin de l’histoire », grâce à l’avènement universel du capitalisme et de la démocratie. La chute du Mur de Berlin en 1989, avec l’effondrement du système soviétique semblait donner quelque crédit à cette idée d’une paix universelle avec la constitution d’un État de droit à l’échelle mondiale. D’ailleurs certains économistes libéraux plaidaient dans le même sens, en expliquant que désormais il était impossible de sortir du cercle de raison de l’économie mondiale, générant une prospérité générale. Ce bel optimisme s’est trouvé contrarié par des facteurs auxquels on n’avait guère pensé sur le moment. Mais il y eut un premier réveil brutal, le 11 septembre 2001, avec les attentats spectaculaires de New York et de Washington. On connaît la suite avec les guerres du Proche-Orient et l’offensive généralisée du fondamentalisme islamiste.

    Et puis il y a l’Europe elle-même. Ne devait-elle pas constituer l’exemple d’un espace de paix, assuré par son organisation politique ? Sa situation privilégiée ne devait-elle pas favoriser une extension du bien être et de la sécurité ? On a dû déchanter, non seulement à cause des attentats qui ont meurtri le sol européen mais à cause de la déstabilisation qui s’est emparée, depuis quelques années, du continent. Partout, on a assisté à la montée des populismes et au recul des formations de centre droit et de centre gauche. On parle pour l’Europe centrale, qui fut délivrée du communisme, de l’établissement d’un régime illibéral. Les vagues migratoires consécutives aux guerres et aux malheurs d’autres peuples ont suscité la crainte des populations locales, par ailleurs inégalement touchées par les retombées de la croissance mondiale.

    L’Italie est l’exemple même de cette incertitude qui s’est emparée surtout des classes moyennes et des classes défavorisées marquées par le chômage. Après les élections de dimanche on va jusqu’à parler de cataclysme électoral. Mais n’était-ce pas prévisible ? L’Europe semble avoir perdu la boussole qui avait orienté sa marche au lendemain de la guerre. On a peut-être aussi, du côté des élites, un peu trop pris de haut des gens qui n’étaient pas conquis par principe au bel avenir qu’on leur assurait. D’une façon ou d’une autre, il faudra bien répondre à un désarroi qui n’a pas trouvé, jusqu’ici, de réponse adéquate.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 mars 2018.

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau...

    Italie : l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs

  • Cinéma • Le Lion est mort ce soir

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Le Lion est mort ce soir, une comédie dramatique française de Nobuhiro Suwa, avec Jean-Pierre Léaud et Pauline Etienne. 

    Quoniam nominor Leo.

    Certes il s'appelle Léaud , mais seulement Jean dans le film ; certes, il y a la dernière image ; il n'en reste pas moins que le Lion et la chanson, dans le scénario et dans le titre, apparaissent comme tirés par la crinière, et Dominique Bourcier a bien raison dans Présent de dire l’ « allure de cabotin » de l'acteur.

    « et la raison,

    C’est que je m'appelle lion :

    À cela l’on n'a rien à dire ».

    Alors, où se situe l'intérêt du film ?

    Dans le décor, et ce fut une surprise, quasi « divine », venant de ce réalisateur japonais !

    Au bout de quelques minutes, nous voilà dans le port de La Ciotat avec son ancienne mairie, son quai, ses bateaux...

    Tandis qu’il y a quelques mois L’Atelier a fait sa pub sur la ville que l’on ne voyait pourtant que furtivement, ce long-métrage nous y promène, dans la rue des Poilus où Jean fait ses courses chez notre marchand habituel (5 fruits et légumes par jour), devant la fontaine de la place Sadi Carnot, et encore dans de nombreuses autres petites rues comme Fougasse ou Gueymard,..

    Le clou du spectacle enfin, la Villa d’Arcy où se joue le principal de l’action, et dans laquelle nous avons des souvenirs pour être allé enfant, adolescent et même il y a quelques années. Elle a d’ailleurs déjà été mise en scène, mais beaucoup plus brièvement, pour un téléfilm de 1990, Trahie. 

    Michel Simon, en son temps, avait aussi une villa à La Ciotat, et je me rappelle, petit, l’avoir vu en ville… Il avait, comme Jean-Pierre Léaud, le physique de l’emploi, et je l’imagine très bien dans ce film en tenir le rôle… mais ce Lion-là est bien mort… Est-ce pour cela que La Ciotat fait partie des soixante communes en France dont un maire, stupide, a signé un arrêté interdisant les représentations de cirque avec des animaux sauvages ?

    Curieux qu’il ait autorisé le tournage de ce film !    

  • Les institutions en faillite

     

    Logo_action_francaise.jpgAlors que certaines postures d’Emmanuel Macron avaient pu donner, dans les premiers mois du quinquennat, l’illusion d’une restauration de la verticalité du pouvoir et d’une incarnation plus satisfaisante des institutions, la succession des petites phrases, des bévues, des selfies, et surtout la calamiteuse affaire Benalla, a ramené l’homme à sa dimension réelle, — c’est-à-dire dérisoire —, celle du bateleur hystérique de la campagne électorale des présidentielles.

    La faillite de la Macronie à laquelle nous assistons serait comique si elle n’emportait pas avec elle le pays vers le gouffre ! Mais au-delà du cas Macron, il convient de considérer, en cette année du soixantième anniversaire de la constitution, la faillite des institutions elles-mêmes qui, à force d’être dénaturées, ont perdu l’essentiel de leur vertu monarchique.

    XVMd94611e0-cbc9-11e8-8ffb-6e0fcfe630eb.jpgComme le rappelle le prince Jean de France dans un récent article donné au Figaro, le passage au quinquennat notamment, a joué un rôle déterminant dans cette dégradation : « Selon une logique implacable, le président de la République a pris en charge toute la politique de la nation au détriment du Premier ministre en titre et le chef de l’État est devenu, plus directement que jamais, le chef du parti majoritaire. La fonction arbitrale, qui se confond avec celle de chef de l’État dans notre tradition millénaire, n’est plus assumée de manière effective. Dès lors, il n’est pas étonnant que les Français, attachés à la symbolique politique, se prononcent à chaque élection présidentielle par des votes de rejet plus que d’adhésion. »

    Mais le quinquennat n’est pas le seul en cause. En effet, comment un régime, quelle que soit la valeur de sa constitution, pourrait-il servir le Bien commun de la nation en étant asservi pour l’essentiel des décisions politiques à des instances supranationales et technocratiques dont la légitimité n’est plus reconnue par les peuples, si elle l’avait jamais été ?  

    L'Action Française a publié ce communiqué le 12 octobre. 

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : Pourquoi être royalistes aujourd'hui ?

    La réponse du Groupe d’Action Royaliste (partie 7 : l’hérédité, chance de la démocratie ?)
    Par la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’Etat d’un souverain-père à son fils-souverain, la Monarchie royale inscrit son œuvre dans la durée par la continuité et permet une politique à long terme, au-delà des secousses électorales ou des calendriers ministériels.

     
    Elle accompagne le temps sans le dépasser, elle en fait un allié quand la République use les gouvernements et les présidences en quelques années, ce qui peut expliquer que les deux précédents présidents, MM. Sarkozy et Hollande, n’aient pas réussi à être réélus, l’alternance se faisant désormais d’un quinquennat à l’autre depuis 2007...
    Cette maîtrise politique du temps par la Monarchie « à la française » assure ainsi la possibilité du renouvellement du personnel dirigeant et ministériel, sans rupture brutale, comme on peut le constater aujourd’hui dans les monarchies marocaine ou jordanienne, mais aussi hollandaise, belge ou danoise, par exemple : le monarque n’a pas forcément les mêmes idées et inspirations que son prédécesseur mais il assure la pérennité de la magistrature suprême de l’Etat et sa « figure » au monde, même en changeant le visage de celle-ci lorsqu’un roi-père décède et ouvre ainsi le règne du roi-fils. Cela autorise tous les changements possibles dans les échelons « de base » (assemblée nationale, conseils régionaux et départementaux, municipalités, etc.) selon les humeurs démocratiques du moment, puisque le symbole de l’unité nationale reste en place quelles que soient les aspirations des citoyens pour tel ou tel parti politique.
    D’autre part, la succession, le plus souvent prévisible par la simple connaissance des règles de succession du royaume, permet la préparation du futur souverain au “métier de roi”, de protecteur des libertés publiques et de l’exercice des jeux (sérieux) démocratiques et électoraux ? Quand en République, les politiciens s’épuisent à conquérir le pouvoir suprême, la « première place », en Monarchie royale, est déjà « prise » et cela pour l’éternité De plus, le futur roi s’occupe à apprendre son métier, l’esprit libre et sans nécessité de manœuvre... N’est-ce pas une véritable chance pour la démocratie qui peut ainsi s’exprimer dans tous les étages de la nation, le toit protecteur survivant à toutes les aventures et, parfois, déceptions politiciennes, qu’elles soient ministérielles ou parlementaires ?