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  • Société • Quand le capital carbure au halal

     

    par Aristide Leucate 

    L’islam est un marché juteux, même s’il est particulièrement difficile de déterminer avec précision son importance économique. C'est ce qu'Aristide Leucate expose ici [Boulevard Voltaire 10.06] avec pertinence et, justement, précision.

     

    aristide-leucate.jpgEt si le « grand capital » était hautement plus responsable de l’islamisation de nos pays que les musulmans eux-mêmes, en dépit de leurs nombreuses et incessantes revendications communautaristes, elles-mêmes complaisamment relayées par des élus plus soucieux d’entretenir leur clientèle électorale que du bien commun ?

    À en croire notre quotidien vespéral de « référence », « comme l’explique l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler dans Comprendre le halal (Edipro, 2010), le marché halal a été inventé par les pays occidentaux, dans les années 1970-1980. Afin d’exporter leurs carcasses dans les pays musulmans, les producteurs de viande (comme le volailler Doux, par exemple) les ont abattues selon le rite halal. Il s’agissait alors d’un marché de “dégagement” pour des produits de faible qualité ou en surproduction. La demande a ensuite émergé en France par le biais des populations immigrées » (Le Monde, 8 juin).

    L’islam est un marché juteux, même s’il est particulièrement difficile de déterminer avec précision son importance économique – que l’on peut, malgré tout, estimer entre 3,5 et 5,5 milliards d’euros. Qui plus est, toujours selon Le Monde, ce marché « est en croissance continue, selon Nielsen : + 7,3 % entre 2015 et 2016, + 20 % depuis 2013. De quoi aiguiser l’appétit de certains acteurs industriels. »

    En outre assiste-t-on à une relative désinhibition marketing de ces mêmes industriels et de la grande distribution qui n’hésitent plus, aujourd’hui, à afficher plus clairement – jusque sur les ostensibles panneaux publicitaires ornant les couloirs du métro ou les entrées de villes et vantant des produits « fièrement halal » – leur ciblage ethnique. Il en va ainsi des marques plus spécifiquement halal comme Wassila, Zakia, Samia ou Isla Délice, jusqu’à celles plus généralistes comme Herta, Fleury-Michon, Pierre Martinet et même Labeyrie. De leur côté, les enseignes ne sont pas en reste et l’on ne compte plus les tapageurs « le goût de l’Orient » chez Auchan, « toutes les saveurs du ramadan » chez Carrefour, « Spécial Orient » chez Intermarché, sans oublier les chaînes de restauration rapide qui, à l’instar de KFC ou de Quick, ont, depuis longtemps, intégré le régime « sans porc » dans leurs menus. Chez ces gens-là, on ne fait déjà plus dans la dhimmi-mesure.

    Mais, depuis quelques années, le « business halal » étend consciencieusement son empire commercial et, s’aventurant au-delà des berges de l’alimentaire, accoste sur les rives, non moins lucratives, de la mode (Dolce & Gabbana, Yves Saint Laurent, Zara et leurs collections « spécial ramadan »), de la cosmétique ou de la finance. Les banques islamiques spécialisées dans le prêt non usuraire fleurissent, çà et là, allant même jusqu’à ouvrir leurs dépôts aux non-musulmans, à l’instar de NoorAssur, créée en 2012, qui assure que « la finance islamique est un compartiment de la finance responsable, non spéculative et éthique, l’éthique n’ayant ni couleur, ni religion ». L’argent n’a pas d’odeur, même chez les mahométans.

    Du moins le croit-on car, à la différence du christianisme qui, dès l’Évangile, fit son aggiornamento à l’égard du pouvoir temporel, l’islam est, par essence, une idéologie totale ne dissociant guère la cité d’Allah de celle des hommes (pour paraphraser Augustin d’Hippone). Dès lors, toute entreprise, fût-elle drapée dans le voile pudique des intentions ouvertement les moins prosélytes, sert nécessairement la cause de l’Oumma.

    En ce domaine, les parts de marchés sont commensurables aux conquêtes territoriales. L’implantation d’une mosquée n’est jamais neutre, le cultuel se tapissant prudemment derrière le culturel et, a fortiori, derrière l’économique. 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste 

  • Que s’est-il passé à Béziers ?

     

    par Dominique Bonnétable

     

    Le rendez-vous que Robert Ménard avait proposé ne manquait pas d’intérêt : débattre en toute liberté des sujets qui réunissent ou divisent la droite nationale française, contribuer à réduire les hostilités, permettre l’établissement d’un consensus de nature à remettre en cause le « Front républicain » et donc la domination idéologique de la Gauche. Faire contrepoids, enfin, à la tendance jugée trop socialisante, sur le plan sociétal et sur le plan économique, de Florian Philippot. Le maire de Béziers avait bien fait les choses : les bâtiments publics avaient été préparés pour accueillir les participants, dans une ville dont la propreté et la bonne tenue témoignaient de l’efficacité de son nouvel édile. Malheureusement les personnes que Ménard avait choisies pour animer cette réunion et réaliser cette mission n’étaient pas toutes nécessairement les mieux placées pour cela, et cette situation s’est révélée dès les premières minutes de parole. L’ouverture des débats avait été confiée à Yves de Kerdrel, rédacteur en chef de « Valeurs actuelles », et à Denis Tillinac, écrivain réputé. Or, le premier, qui ne fait pas mystère de son désir de voir Sarkozy revenir aux affaires, ou à défaut Fillon ou Juppé, a considéré que son ennemi désigné était le Front National, déclarant en liminaire qu’il existait une « extrême-extrême droite sectaire » qui défendait le dirigisme et combattait les lois du marché. Quant à Denis Tillinac, au cours d’un exposé destiné à définir la « Droite », au cours duquel il a répété avec talent que la Droite, ce sont « des sentiments, des valeurs et des images », laissant ainsi les idées à la Gauche, il a soutenu que le Front National était depuis l’origine un soutien du parti socialiste. On aurait pu penser que les résultats des dernières élections régionales dissuaderaient quiconque de répéter ce type de slogan absurde, mais le mépris du réel est enraciné chez certains. Quoiqu’il en soit, après cela, il était évident que les seules personnalités politiques présentes, à savoir Marion Maréchal Le Pen et Louis Alliot allaient se trouver de trop et quitter les lieux. M. Ménard lui-même répéta pour faire bon poids qu’il n’était pas là pour « servir de marchepied au Front National ». Les choses avaient donc mal commencé. Le lendemain, les débats furent inégaux et marqués, comme il en est toujours, par les oppositions personnelles et partisanes : ainsi Mme de La Rochère refusa de se trouver en présence de Mme Bourges à la même table ronde sur la famille. A noter tout de même, et au grand dam de M. de Kerdrel, une étonnante et complète unanimité contre l’Union Européenne, tant parmi les intervenants que parmi les participants, au premier rang desquels Hervé Juvin, qui donna un échantillon de sa rigueur et de son audace. Malheureusement, la teneur des tables rondes ne permit pas de déboucher sur des propositions solides : les 51 articles de la motion finale, malgré leur bon esprit, sont quelquefois redondants et même démagogiques, et surtout laissent de côté l’économie, l’Europe et notamment l’euro, la politique étrangère et les questions idéologiques, pourtant essentielles. On n’a pas abordé l’idéologie de la non-discrimination, ni l’idéologie mortifère des droits de l’homme. En bref, seules les questions secondaires faisaient l’objet d’une proposition. Evidemment, les mandants de M. de Kerdrel, actionnaires de sa revue, n’auraient pas aimé qu’il en fût autrement. Or, pour faire de la force en faveur du clan national, on ne peut pas faire l’impasse sur la remise en cause de la démocratie idéologique.

    En conclusion, et malgré les tentatives timides de Robert Ménard pour atténuer l’effet de ses propos, la réunion se solde par un demi-échec pour leurs organisateurs : ils ne pourront se fonder sur ses résultats pour passer à l’action, et les relations entre FN et Ménard seront compromises quelque temps. Quant à Kerdrel, il ne pourra réaliser son but inavoué, à savoir arracher suffisamment de voix au Front National pour mettre en selle son candidat libéral et atlantiste. Il reste le plaisir d’avoir pu rencontrer des personnalités marquantes, d’avoir resserré les liens avec nos amis de près ou de loin, d’avoir échangé des propos roboratifs et d’avoir pu apprécier la qualité de la gestion municipale de Béziers. Ce n’est pas tout à fait rien.

  • Anonymisation des terroristes : du f(l)outage de gueule !

     

    Par André Bercoff        

    Dans cette humeur [Figarovox - 28.07] André Bercoff s'insurge contre l'anonymisation des terroristes. Pour lui, la lâcheté de ne pas voir ne permettra pas de vaincre l'islamisme radical qui sévit en France. Le parler vrai, simple et direct, du style, un grand bon sens. A la manière d'André Bercoff ... On approuve.   LFAR

     

    photo.jpgAlléluia. Joie, joie, pleurs de joie. La France - alors qu'un Donald Trump ose dire qu'elle n'est plus la France - vient enfin d'entrer en action résistante. Face aux attentats, massacres et autres destructions qui deviennent quasiment quotidiens, les princes qui nous gouvernent et les penseurs qui nous pensent, ont trouvé la parade : ne plus publier les photos, les identités, les parcours de ceux qui ont décidé de mettre le feu au pays. Ainsi, disent ces génies de la stratégie, on ne suscitera pas de nouvelles vocations de djihadistes puisque des jeunes paumés de la République ne pourront plus, désormais, s'identifier à des figures précises.

    Dans certains médias, le floutage de gueule a déjà commencé. Demain, après-demain, d'autres décapitations se commettront dans tel ou tel lieu, d'autres camions faucheront des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants dans une ville d'ici ou d'ailleurs, d'autres soldats fanatisés viendront pratiquer une épuration identitaire dans une boîte de nuit, un restaurant ou un café. Eh bien, il sera opposé à ces criminels l'arme absolue de l'anonymat institutionnalisé. On ne dira plus qui ils sont, à quoi ils ressemblent, d'où ils viennent, qui sont leurs alliés, leurs appuis, leurs commanditaires : ainsi arrivera-t-on les combattre encore plus efficacement.

    On connaît le « ne pas nommer les choses, c'est d'ajouter au malheur du monde » d'Albert Camus. On se souvient du « faute de changer les choses, on change les mots » de Jean Jaurès. Aujourd'hui, tout se passe comme si un certain nombre de responsables avaient décidé de mettre les voiles. Dans tous les sens du terme. Puisque nous sommes incapables de nous attaquer au Mal avec efficacité, cachons-le. N'en parlons plus. Il disparaîtra de lui-même. Comme par enchantement.

    A ce stade de schizophrénie active, on ne sait plus que penser. Comment ces gens ignorent qu'Internet et les réseaux n'arrêteront jamais de diffuser les photos, les noms et les éléments à disposition, dès qu'ils seront postés par une ou plusieurs sources ? A l'heure d'une décomposition avancée de l'esprit de volonté et de décision, comment peut-on adopter, comme ligne juste du parti régnant, la ligne Maginot ? A titre anecdotique, le simple fait que SOS Racisme en arrive à qualifier Daesh de « secte d'extrême-droite », témoignant ainsi d'une lucidité historique, et qu'un François Hollande déplore « qu'il n'y ait plus de journaux de gauche », montre à quel point une panique illimitée a pris le gouvernail. Il serait plus que temps d'arrêter le naufrage, car il y a encore pire que la terreur imposée par les uns : la médiocrité proposée par les autres.

    André Bercoff           

  • Tant d’amour et de paix, ça laisse muet… Mon antiprofession de foi

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    Le talent de Brighelli, sa plume, son esprit, son sens des formules et son intelligence lui font souvent rédiger de petits chefs d'œuvres. Nous ne partageons pas toutes ses idées, mais nous aimons ses chroniques. En voici une avec laquelle nous sommes d'accord; sur un sujet grave, traité avec humour. LFAR 

     

    2918084506.jpgJe ne parlerai pas des martyrs de Charlie. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne disserterai pas sur les massacres du Bataclan et d’ailleurs. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je n’évoquerai pas les tueries de Boko Haram, de l’AQMI, d’Al-Qaïda, d’Al-Nosra et d’une foule d’autres groupes d’assassins organisés, en Syrie et ailleurs, au nom du Prophète, sur lui la paix et la lumière. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne dirai rien des près de 300 morts tués dans un attentat à Bagdad le 3 juillet, ni des 15 autres tués dans la même ville le 25, ni… Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Et j’ai eu tort de parler ici-même des infidèles tués au musée du Bardo l’année dernière. Car j’ai pris le risque de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne rappellerai pas, pas même pour mémoire, les centaines de viols perpétrés à Cologne, entre autres, au dernier jour de l’An — bonne année ! Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne gloserai pas sur les attentats commis en Arabie saoudite, au Yemen, en Syrie, en Irak, en Turquie. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Ni même ne comptabiliserai-je les 80 morts de Kaboul de samedi dernier — les derniers dans une très longue liste. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

     

    Ne comptez pas sur moi pour condamner les attentats à la hache, à la machette, et autres procédés ingénieux perpétrés en Allemagne ces derniers jours. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    De même ne commenterai-je pas l’utilisation d’acide au Pakistan pour défigurer les jeunes filles « impudiques » — la dernière a été étranglée par son frère. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne dirai rien, oh non, sur le prêtre octogénaire égorgé ce mardi 26 juillet dans une église normande pendant la messe par deux courageux « soldats » de Daech — tout comme d’autres valeureux combattants de Daech avaient fixé au sommet d’une colonne romaine le corps décapité du conservateur octogénaire de Palmyre — ce sont des hommes qui aiment les vieillards, et ils ont prouvé à Nice qu’ils aiment aussi les enfants. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    (Parenthèse. Si un vieil imam avait été tué dans une mosquée par deux connards — ce qui serait difficile vu que les mosquées sont le plus souvent protégées, comme les synagogues, le président de la République et le Premier ministre, si prompts à condamner et à combattre le terrorisme, appelleraient déjà à une manifestation monstre contre la montée des périls d’extrême droite, et envisageraient peut-être de dissoudre tel ou tel groupuscule. Et sans doute auraient-ils raison. Mais ils n’envisagent pas, semble-t-il, de dissoudre l’islam, ni de prendre de vraies mesures contre les milliers de terroristes islamistes potentiels français — ou qui se sont invités en France. Car l’islam est une religion de paix et d’amour. Fin de parenthèse)

    Et je ne citerai pas les sourates qui appellent au meurtre des infidèles, par le fer et par le feu. Car l’islam est une religion de paix et d’amour, et seules de méchantes langues propagent ce genre d’information.

    Et si jamais demain je me fais égorger par un illuminé, mes amis, ne mettez pas en cause l’islam. Car l’islam est une religion de paix et d’amour. 

    Jean-Paul Brighelli
    anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

  • Société • Poulet, ce métier de chien. On croirait une fable de La Fontaine, c’est leur triste quotidien…

     

    C'est sous ce titre drôle, littéraire, et véridique, que Jean-Paul Brighelli publie dans son blog, Bonnet d'âne, hébergé par Causeur [30.06], l'article qu'on va lire, plein de verve, de sagesse et d'humour mêlés. Du Jean-Paul Brighelli comme on peut l'aimer ... LFAR

     

    985859-1169345.jpgFlic, franchement, c’est difficile.

    Qu’un peuple qui a cru intelligent de garder comme symbole le coq hérité des Gaulois vous traite de « poulet », passe encore. Entre volatiles…

    Qu’un gouvernement qui vous paie mal vous enjoigne de réprimer des gens tout aussi mal payés que vous et qui l’admettent mal, bon, c’est le job. Pas drôle, mais c’est le job.

    Que des truands ou des islamistes vous prennent pour cibles, quand vous savez que les gilets dont vous disposez n’arrêtent rien au-delà du calibre 7,65 — et certainement pas des balles de kalachnikov, il y a de quoi la trouver saumâtre.

    Vous êtes membre de la BAC, en première ligne dans les « quartiers » — et ailleurs, parce que la criminalité n’a pas de frontières, et voici ce que vous lisez tous les jours : « NIQUE LA BAC ! REVOLTE ! »

    Et encore, ça, ce n’est rien. Chargés depuis six mois d’assurer « l’état d’urgence », vous avez de surcroît les supporters à vous coltiner, et le Vieux-Port à déblayer. Et le Vieux-Port des supporters, c’est ça :

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    Vient se rajouter à ça la répression des manifestants qui trouvent inélégant de la part d’un gouvernement de gauche (ah ah ah !) de vous offrir tout crus aux patrons. Du coup, les manifestants qui vous avaient à la bonne à l’époque de Charlie, quand vous étiez en première ligne contre les massacreurs de Charlie et d’ailleurs — à propos, le gouvernement qui fait apposer des plaques pour célébrer l’événement, si je puis dire, salue bien la mémoire de l’un des vôtres, mais en omettant de signaler que les « terroristes » qui l’ont abattu étaient effectivement islamistes — un gros mot qui suinte d’islamophobie, sans doute : 

     

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    Ces manifestants, donc, vous vomissent à présent — en franglais dans le texte :  « Fight cops ».

    Ça fait du bien de se sentir aimé à ce point. D’être aimé mort : « More dead cops ».

    Sans compter qu’à chaque déplacement de Hollande pour assister à un match de foot, il faut rajouter aux 1 200 CRS censés gérer les supporters (et rester stoïques sous les avalanches d’amabilités) 150 hommes de plus pour assurer la sécurité d’un président si immensément populaire… 

    Ajoutez qu’une basse vengeance a récemment permis de mettre vos noms et adresses sur le Net, afin d’offrir plus d’opportunités à tous ceux qui veulent vous féliciter à domicile, et vous aurez un panorama presque complet.

    Et bientôt il va leur falloir en plus réprimer les émeutes que les services de renseignement voient venir à l’horizon 2017, quand le résultat des élections ne satisfera personne. Et à ce moment-là, qui sait de quel côté ils seront ? Quand l’exaspération s’ajoute à la fatigue…

    Des poulets qui font un métier de chien — on dirait une fable, mais ça ne les fait pas rire.

    En attendant, depuis hier, il n’est plus possible de siroter une orange pressée dans un verre normal à Marseille. Depuis deux jours, en prévision de l’arrivée des Polonais et des Portugais, le préfet de police ne permet plus que des gobelets plastique, dont les dépouilles traînaient harmonieusement sur le Quai de Rive-Neuve ce matin. Il plane sur la ville une atmosphère étrange — et les CRS reprendront tout à l’heure leur marche machinale autour du Cours d’Estienne d’Orves. C’est bon pour la santé, la marche. Et il ne fait pas trop chaud ce matin — heureux veinards ! Quand je pense qu’il y en a pour les plaindre ! Pff ! 

    Jean-Paul Brighelli
    anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

     

  • Histoire & Actualité • Aux armes, citoyens dentistes ! C’était écrit ...

     

    par Jérôme Leroy

    Si la réalité dépasse parfois la fiction, c'est que la fiction précède souvent la réalité. La littérature prévoit l'avenir. Cette chronique le prouve. Avec le talent, la plume, l'humour, l'érudition, la sagacité alerte de Jérôme Leroy. [Causeur, 11.11] Si la « littérature prévoit l'avenir », il arrive parfois - pour le meilleur ou pour le pire - qu'elle contribue à le former. Ainsi s'il advenait qu'un nouveau patriotisme « devienne dangereusement révolutionnaire ». S'il venait à l'idée de « la Garde nationale voulue par Hollande » de le chasser de Paris « et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. » Comme au temps de la Commune de Paris ... Et même, imaginons qu'il vienne à l'idée de ladite Garde Nationale, avec quelques autres, voire beaucoup d'autres, de retourner ses nouvelles armes contre les hommes du Système ? Contre le Système lui-même ? La littérature permet de rêver. Parfois, aussi, de faire l'Histoire. Ainsi, pour en finir avec les guerres des partis religieux, le Parti des Politiques, avait-il demandé en 1594 « un Roi qui donnera ordre à tout ». Ils l'exprimèrent dans la Satire Ménippée et ce fut le règne réparateur d'Henri IV.   Lafautearousseau     

     

    4141331940.jpg« La Garde nationale de Buchy était venue s’adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume, et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile que toute la partie vitale de sa personne semblait être descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d’un seul mouvement. » Aurait-on déjà favorablement répondu dans nos cantons à la création de la Garde nationale qui « concourt, le cas échéant par la force des armes, à la défense de la patrie et à la sécurité de la population et du territoire » annoncée au Journal officiel du 14 octobre 2016 ? Non, puisqu’il s’agit ici d’une scène de Madame Bovary.

    L’appellation « Garde nationale » a en effet un genre très XIXe. On la croise chez un Balzac réfractaire à l’uniforme, arrêté à son domicile en 1836 par un « ignare dentiste » qui cumule son « affreuse profession » et « la fonction atroce de sergent major ». Balzac aurait pu avoir honte, surtout s’il avait pris connaissance de l’enthousiasme civique et connecté de Razzy Hammadi, député de Seine-Saint-Denis : « J’ai candidaté via mon smartphone. J’attends une réponse de la part de la réserve pour savoir où mon profil pourrait être utile. Tous les citoyens et citoyennes sont appelés à se mobiliser. » Flaubert, en revanche, est aussi bon patriote qu’Hammadi : il est prêt à rejoindre la Garde nationale après le désastre de 1870 comme il l’écrit à sa nièce Caroline : « Si le siège de Paris a lieu, je suis très résolu à ficher mon camp avec un fusil sur le dos. »

    gn-pleinevie.fr_.jpgCette idée-là me donne presque de la gaieté. À vrai dire, il n’en fera rien, à la différence de Jules Vallès qui, quelques mois plus tard, rejoint la Garde nationale parisienne qui avait pris fait et cause pour la Commune comme il l’écrit dans Le Cri du peuple : « Gardes nationaux de Paris, le monde vous regarde, et nous qui aimons la patrie et la République, nous vous acclamons ! Votre drapeau est vraiment aujourd’hui le clocher de la ville en deuil, autour duquel tous doivent se presser, sans regarder s’il y a au bout un lambeau de toile bleue ou un bonnet rouge. » La Garde nationale qui existait depuis la Révolution sera dissoute en 1871 suite à cet événement. C’est qu’il arrive parfois que le patriotisme devienne dangereusement révolutionnaire. Et il ne manquerait plus que la Garde nationale voulue par Hollande le chasse de Paris et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. 

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    LA SATIRE MENIPPEE : O Paris, qui n'es plus Paris !

  • Présence de Maurras, tous azimuts

     

    3578948983.jpg« Au secours, Maurras revient ! ». s'alarmait l'Obs, le mois dernier, dans une vidéo pour les nuls, où un journaliste indigne - François Reynaert - dressait de Charles Maurras un portrait d'une pauvreté extrême. Pauvre et faux à la fois  ! Il s'agissait de faire savoir « pourquoi on doit s'inquiéter du retour de Maurras, l'idole de Patrick Buisson ». Le même Patrick Buisson qui venait de publier un ouvrage de réflexion politique profonde, connaissant un grand succès et suscitant de nombreux éloges venus de tous les bords ... 

    Mais Nathalie Kosciusko-Morizet s'était déjà publiquement émue et indignée de cette influence de Maurras, penseur politique - dont elle ne savait rien et n'avait pas lu une ligne - sur Patrick Buisson, - mais pas seulement - du temps où ce dernier était le conseiller le plus écouté et le plus déterminant du président de la République alors en exercice, Nicolas Sarkozy. dont elle-même avait été, pourtant, porte-parole de campagne ... Drôle de monde !

    L'influence de Maurras n'avait d'ailleurs attendu ni Sarkozy ni Buisson pour s'exercer jusqu'aux plus hauts sommets de l'Etat. Ceux qui connaissent quelque peu l'histoire de la Ve République savent que Kiel et Tanger fut un livre de chevet de Georges Pompidou, alors que lui aussi était président de la République, et qu'il en fit l'un des sujets les plus remarqués d'une célèbre conférence devant les étudiants de Science Po Paris.

    En vérité, l'influence de Maurras - maudit, selon son statut officiel - n'a jamais cessé d'être une réalité, dans le monde politique, journalistique, intellectuel et universitaire, où les recherches qui lui sont consacrées n'ont jamais été aussi nombreuses et approfondies, telles celles que mène, par exemple, le professeur Olivier Dard, aujourd'hui, à Paris Sorbonne (Paris IV) ... Le même Oliver Dard qui lui a consacré un ouvrage et qui définit Maurras comme un « contemporain capital ». En réalité, dans tous les secteurs où cela importe particulièrement, Maurras est présent.   

    Hommage à Charles Maurras 1.jpgChose étonnante pour certains : l'influence et l'attrait que Maurras exerce aussi aujourd'hui sur une nouvelle jeunesse, nombreuse et ardente. Ainsi celle qui s'est rassemblée, avec quelques anciens, à Roquevaire, ce samedi [19.11] et qui s'est rendue en cortège à travers les rues de la petite ville provençale sur son tombeau pour un hommage fervent. (Illustration en titre). 

    Cette nouvelle jeunesse se retrouve dans ce qu'évoquent ces lignes de Pierre Boutang, qu'elle cite sur sa page Internet, et qui parlent de circonstances anciennes étonnamment semblables à celles qu'elle vit aujourd'hui, preuve que - fût-ce pour que quelques uns s'en inquiètent - l'influence tous azimuts de Maurras n'est pas près de s'éteindre :

    « La présence de Maurras étonne ; la séduction qu'il recommence d'exercer sur les jeunes esprits, ce second printemps de la génération spirituelle, plonge les puissants et les habiles dans la plus lourde, et plaisante, stupeur. De lui, de sa méthode, des belles harmonies qu'il a instituées, il recommence de naître un grand murmure, moins audible dans les lâches assemblées publiques ou les timides salles de rédaction, que dans les petites réunions, les pauvres chambres, où les étudiants se rassemblent, et se demandent : qu'en sera-t-il de nous, de la vérité et du pays ? »

    Pierre Boutang,

    Les Abeilles de Delphes 

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    « Au secours, Maurras revient ! » s'alarme l'Obs... Mais un misérable Maurras forgé par la haine et la bêtise

    L'Obs

    Un triste sire a encore frappé : François Reynaert vient de déverser sur Maurras sa haine et son inculture

  • Ecologie & Société • Ma petite ONG

     

    par Ph. Delelis

    Nous nous étions déjà interrogés, à propos de la COP 21, sur le nombre de participants à cette « conférence des parties à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques » : les 196 parties au traité avaient de nombreux invités. Il s’agissait des consciences éveillées du « ça chauffe » venues une dernière fois contempler la Ville Lumière avant l’extinction de la Tour Eiffel. Conformément à sa vocation universelle, la France avait affirmé (sans être contredite, comme disent les juristes) que le sommet de Paris était celui de la « dernière chance ». Devant un tel succès, on se demande pourquoi l’édition 2016 – la COP 22 – réunit encore 30 000 participants. Certes, le climat et l’ambiance de Marrakech ont une grande puissance d’attraction mais on imagine bien que les militants de l’avenir planétaire ne se laissent pas distraire de la sorte. L’explication est ailleurs. Sans doute dans les quelque 3 300 organisations non-gouvernementales inscrites aux travaux de la COP 22. Ce n’est pas rien…  Et le nombre des ONG explique que l’on passe de plusieurs dizaines de délégations étatiques – soit quelques centaines de diplomates tout au plus – à 30 000 participants inscrits ! C’est que la création d’une ONG est des plus simple (au moins dans les pays qui respectent à peu près l’Etat de droit). Il suffit d’entrer « créer une ONG » sur un moteur de recherche et des dizaines de sites apparaissent, permettant de fonder une institution très présentable en deux coups de cuiller à pot (avec un nom sympa comportant Green et une petite légende du genre : Since 2016 But Forever). Nous nous en voudrions d’être en retard sur le sujet car d’autres destinations sympathiques ne manqueront pas d’être proposées pour veiller, dans les années qui viennent, à l’application de l’Accord de Paris. C’est pourquoi nous vous proposons ici une méthodologie rapide de création d’une ONG climato-respectable. Il suffit de répondre avec sincérité aux questions suivantes (le corrigé est fourni) :
     
    a) Ai-je conscience des dérèglements du climat et de la responsabilité de l’homme ? (OUI)
     
    b) Fais-je confiance aux dirigeants étatiques pour régler le problème ? (NON)
     
    c) Suis-je prêt(e) à m’engager pour aider, au moins par ma réflexion, à la maîtrise du réchauffement global ? (OUI)
     
    d) Suis-je prêt(e) à des compromis sur les solutions à trouver ? (NON)
     
    e) Suis-je prêt(e) à donner mon temps (pas mon argent) pour faire triompher le bien ? (OUI)
     
    f) Vais-je rejoindre une structure existante, même si cela suppose d’en accepter les dirigeants actuels ? (NON)
     
    g) Suis-je disposé(e) à télécharger les statuts types d’une association, les signer, les déposer en préfecture et remplir les formulaires de demande de subventions ? (OUI)
     
    Si toutes les réponses sont conformes au corrigé, la voie de l’ONG s’impose. Et à la réception du premier virement de subvention (ou des billets d’avion pour une destination paradisiaque), retentira l’hymne du regretté Léonard Cohen : Allelujah ! 

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  • Notes d’actualité : de Morano à Villiers

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgIl n’y a plus de politique française. Le spectacle qu’elle offre n’est plus que bouffonneries. En politique intérieure, l’incident Morano révèle l’état de déliquescence mentale de la classe politique. Ce que l’on savait déjà depuis des décennies, est confirmé : le réflexe pavlovien y tient lieu de pensée. Dans un cadre pareil tous les objectifs de redressement intérieur sont rendus impossibles. Une superstructure partisane, médiatique, syndicale, quelque 50 000 personnes, avec tous leurs réseaux d’obligés et leurs clientèles, fait la loi en France et impose ses vues. Cette superstructure ne représente nullement la France, ni ses territoires ni ses intérêts ni ses populations, et elle prétend la gouverner ! En revanche, elle se nourrit et vit de la réalité française comme un énorme parasite qui en dévore la substance : les familles, les entreprises, les régions, les territoires, tout est mis en coupe réglée et quand elle prétend déréguler et même décentraliser ( !), elle ne le fait que pour mieux asseoir son pouvoir tyrannique et en fait centralisateur. Les partis avec leurs idéologies s’installent partout et dominent tout, de la ville à la campagne, de l’administration aux professions ! Les syndicats pareillement. Ce qui se passe à Air-France est typique du mal-être français. Ainsi dans toutes les réformes ou prétendues telles, territoriales, économiques, sociales et « sociétales », la superstructure ne fait plus que détruire ; elle détruira jusqu’au dernier village, jusqu’à la dernière entreprise, jusqu’à la dernière famille. Sa raison d’être, ce sont les appareils, eux seuls existent ; le parti, l’appareil d’abord : voilà le mot d’ordre. Les financiers qui tiennent médias et partis dictent leurs choix. Des idéologues de pacotilles enfument les esprits. L’astuce est de faire croire à de grands combats : socialisme, libéralisme, droits de l’homme et tout ce qu’on voudra. Il ne s’agit en réalité que de conquérir le pouvoir, à tous les niveaux, afin de se l’approprier. Ce n’est plus une république, c’est une « chose privée » avec ses gardes-chasse, ses vigiles, ses sonneurs, ses laquais. Ils sont tous si heureux de se croire indispensables et importants ! Mais, répétons-le, leurs appareils dont ils vivent, qui les promeuvent et qui les tiennent – car ils ne sont plus libres –, ne sont que superstructures dont la vacuité mentale et morale est inversement proportionnelle à la lourdeur physique et au poids financier et qui se révèlent de plus en plus inutiles, inefficaces, obsolètes et terriblement contraignantes. Les superstructures, en bonne théorie et en exacte pratique, sont faites pour disparaître ; que ces messieurs qui furent plus ou moins marxistes ou saint-simoniens dans leur jeunesse, veuillent bien se souvenir des leçons qu’ils ont répétées comme des perroquets ! Une superstructure est faite pour tomber.

    Ajoutez à cette superstructure dite nationale, la superstructure européenne dotée des mêmes caractéristiques, il devient évident que la France a perdu toute liberté. Son droit a été évincé, ses intérêts bafoués, sa souveraineté avilie. L’Allemagne commande, au moins pour le moment. La politique extérieure française n’est plus dictée par les intérêts propres de la France ; les visions de sa diplomatie traditionnelle n’ont plus cours. Au Moyen-Orient comme en Afrique, la France n’agit plus selon ses données historiques. Nous sommes vassalisés et François Hollande dans sa ridicule posture n’a que trop mérité l’interpellation de Marine Le Pen au Parlement européen. Cet homme qui est légalement le chef de l’État français, n’a aucun sens de la France ; son moralisme de façade ne fait que couvrir l’imposture de son personnage qui s’essaye à jouer du Mitterrand alors qu’il n’arrive pas à la cheville du Florentin. Mitterrand connaissait son Machiavel. Le cynisme hollandais est du niveau de la petite « frappe » bourgeoise qui a réussi à devenir chef de gang.

    Lire le livre de Philippe de Villiers, Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel), est un régal pour tout ce qui reste d’esprits libres en France – et ils sont plus nombreux que nos apparatchiks ne le croient ! Il nous montre ces superstructures dans leur malfaisance essentielle, c’est-à-dire institutionnelle. Il les a expérimentées ; il en connaît la perversité. Et, surtout, il décrit – et dans quel style ! – tous les personnages de cet univers politico-médiatique que le peuple français dans sa crédulité imagine grands et qui sont, vus de près, d’une bassesse à vomir et d’un ridicule à hoqueter.

    Merci à Philippe de Villiers qui libère nos esprits et, dans sa haute idée de la France, ramène à leur juste et misérable mesure les esprits faux et médiocres qui, en se servant des appareils et des superstructures, ont régenté et régentent encore notre pauvre pays. À quand sa libération ?  

  • SOCIETE & ACTUALITE • Petit glossaire de la migration

     

    Par Ph. Delelis 

    La grande affaire de ces derniers mois et plus encore de cet été avec de bonnes conditions de navigation mais aussi, désormais, l’ouverture d’un axe terrestre à travers les Balkans, est sans conteste le déplacement des populations venues du Moyen-Orient. On aura sûrement remarqué que le langage des médias est particulièrement étudié : il s’agit de ne pas être pris en flagrant délit d’opinion dominante ni, inversement, d’injurier l’avenir qui n’est écrit nulle part, comme chacun sait (surtout les politiques). Il a donc paru utile de donner à nos lecteurs quelques clés sémantiques devant ce grand bouleversement qui, probablement, en annonce d’autres. Parler ainsi de « Migrant » ou de « Réfugié » n’est pas neutre, ne jamais employer les vieux mots d’« Emigré » ou d’ « Immigré », non plus : tout se passe comme si les acteurs et les commentateurs de l’évènement étaient lancés dans un nominalisme aussi débridé qu’empirique. Essayons de ne pas y voir plus clair.

    Balkans : Ont causé beaucoup de soucis au début du XXe siècle en raison de leur géographie politique complexe. Se reconvertissent aujourd’hui en route de migration (voir ce terme) géographiquement beaucoup plus simple que la Méditerranée (voir ce terme).
    Calais : Ville franchement mal placée, qui ne fait plus dans la dentelle. Si ses Bourgeois ne s’étaient pas sacrifiés pendant la Guerre de Cent ans, ce serait aujourd’hui un problème anglais. Victime de l’attractivité du libéralisme anglo-saxon.
    Emigré : Terme désuet désignant un Migrant (voir ce terme) du point de vue de son pays d’origine.
    Immigré : Terme désuet désignant un Migrant (voir ce terme) géographiquement et souvent culturellement stabilisé du point de vue de son pays d’arrivée.
    Méditerranée : Mer fondatrice des civilisations égyptienne, minoenne, phénicienne, carthaginoise, grecque, romaine, etc. que l’on ne regarde plus du même œil depuis que des embarcations de fortune veulent y rivaliser avec les paquebots et les yachts.
    Migration : Déplacement collectif. S’utilise de préférence avec l’adjectif « grande », et, encore mieux, au pluriel. Concept de démographie popularisé avec succès par l’exemple.
    Migrant : Héros des temps modernes de ces derniers mois, surtout s’il s’avère être Réfugié (voir ce terme).
    Passeur : Commerçant peu scrupuleux, faisant courir des risques inconsidérés à ses clients, permettant aux Migrants de réaliser leurs projets, voire leurs rêves.
    Photo : Voir Plage.
    Plage : Endroit dangereux : 60 noyades d’enfants entre le 1er juin et le 9 août en France soit presque une par jour. Aucune photo diffusée ni sans doute prise car confinant au voyeurisme malsain. Néanmoins, une tragédie personnelle peut devenir universelle avec une bonne Photo (voir ce terme).
    Réfugié : Héros des temps modernes de ces dernières semaines ayant vocation à remplacer le Migrant (voir ce terme). Pacifiste dans l’âme, il a fui la guerre et les persécutions. S’il est économique et non politique, sujet à discussion politique.
    Quota : Vérifie l’adage selon lequel on se refait pas. Concept technocratique inventé par la Commission européenne pour contraindre (puis, devant le tollé général, inviter) chaque Etat membre à accueillir les Migrants (voir ce terme). Selon son dernier calcul, la France devrait en accueillir 24 031 et l’Allemagne 31 443 (sic). Cette dernière table plutôt sur 800 000. 

     

  • MILITANTISME • Un article contre-révolutionnaire, en 1989, par Jean-Philippe Chauvin

     

    « Militant royaliste d'Action Française » c'est ce que nous avons été. Et c'est ce que nous sommes Du moins pour beaucoup d'entre nous, lecteurs ou plus encore responsables de Lafautearousseau. Nous ne faisons rien d'autre que de prolonger cette tradition - qui nous lie - d'activités et de réflexions mêlées les unes aux autres. Il est bon, comme le fait ici Jean-Philippe Chauvin d'en conserver la mémoire. Indispensable aussi d'en vivre et d'en organiser la continuité, car une Action française, sous toutes les formes qu'elle peut prendre ou reprendre, nous paraît plus utile que jamais à notre pays. LFAR

        

    arton8470-7b8cd.jpgAu printemps 1989, j'étais en maîtrise d'histoire à l'université Rennes2, plus communément appelée Villejean, et je hantais quotidiennement ses couloirs, passant d'un amphi à l'autre, de la cafétéria du grand hall à la bibliothèque universitaire, mais aussi les cafés du centre-ville, particulièrement La Paix que je fréquente toujours, y compris pour rédiger les articles de ce site... Militant royaliste d'Action Française, j'avais fort à faire en cette année du bicentenaire de 1789, et les affichages précédaient les réunions, tandis que, dans le même temps, je travaillais sur mon mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine portant sur les royalistes d'AF de Mai 68 au printemps 1971. Pourtant, l'heure était surtout aux cours, colloques, débats et commémorations autour de la Révolution française, et je dévorais tout, ou presque, de ce qui sortait sur ce thème, avec un farouche appétit et une envie non moins grande d'en découdre avec les conformismes du moment... 

    Rennes2 abritait quelques spécialistes de la période commémorée et discutée (voire disputée...), comme François Lebrun et Roger Dupuy, et l'UFR d'histoire, dont le couloir servait de panneau d'affichage aux tracts du Cercle Jacques Bainville (nom de la section royaliste locale), disposait d'un petit bulletin de liaison rédigé par quelques amis et intitulé Ulysse... En rangeant quelques papiers, j'ai retrouvé le numéro consacré à la Révolution française, dans lequel j'avais eu droit à une tribune d'une demi-page sur ce thème. En voici ci-dessous le texte original*, qui mériterait d'être complété, mais que je ne renie évidemment pas, même s'il me semble, avec le recul, incomplet et un peu maladroit dans son expression : 

    « Commémorer ne veut pas dire louer, mais réfléchir, retrouver la mémoire ». Cette phrase du philosophe Pierre Boutang prend tout son sens en cette année de bicentenaire d'une Révolution avec laquelle nous n'en avons pas entièrement fini. 

    « Retrouver la mémoire » : ne pas oublier ni les grands élans des premiers révolutionnaires pleins d'une sincérité devenue certitude, ni les horreurs sacrificielles d'une Révolution devenue folle d'avoir trop voulu avoir raison. Cette mémoire nous fait mal, comme un déchirement, celui du manteau fleur-de-lysé de l'unité sans l'uniformité. La mémoire est cruelle pour les mythes fondateurs de notre démocratie, et nous savons, comme Charles Maurras l'a si justement énoncé, que « l'expérience de l'histoire est pleine des charniers de la liberté et des cimetières de l'égalité ». 

    Dans notre Bretagne, il est des traces de la tourmente : combien d'églises violées, au mobilier et à la statuaire brûlés en un autodafé qu'on voulait « purificateur » ? Combien de noms rayés du champ de vie sous le « sabre de la Liberté » ? Tout cela pour parvenir à quoi ? A une cicatrice toujours ouverte. A une province peu à peu vidée de son âme après avoir été privée de sa langue. A un règne despotique de l'Argent-Dieu. A cette soumission de l'intelligence au pouvoir des « bien-pensants », au nom des « Droits de l'Homme », légalisation de la loi de la jungle... 

    Réfléchir sur la mémoire de la Révolution non en termes de bilan, mais en termes d'actualité. Notre société contemporaine découle de l'application des « principes de 1789 ». Il faut en être conscient. L'Histoire n'est pas une « grande chose morte », elle est cette « tradition critique » qui ouvre la voie à toute « fidélité créatrice ».   

    * Extrait d'Ulysse, bulletin de liaison de l'UFR d'Histoire, avril 1989, numéro 6

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Inquiétante fin de règne en Algérie

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la stabilité de l’Algérie est d’autant plus précaire qu’elle tient à un mort en sursis, M. Bouteflika, quasi octogénaire dans son fauteuil roulant et déjà victime de quelques attaques cérébrales. On peut bien sûr penser que le régime se survivra une fois de plus dans un nouvel équilibre entre l’armée et l’ex-parti unique d’un côté, les islamistes de l’autre - à ceux-ci l’emprise sur la société, à ceux-là la réalité du pouvoir. Mais pour combien de temps ? 

    Outre que rien n’est certain, il semble avéré qu’une lutte féroce est en cours. Certains voient un signe dans le récent limogeage du général Médiène, dit Toufik, lequel, à la tête du Département du renseignement et de la sécurité, a toujours été, pendant un quart de siècle, l’ennemi irréductible des islamistes. C’est l’avis de M. Pons dont L.F.A.R. du 22-XII-2015 a reproduit l’article intitulé « Bouteflika veut livrer l’Algérie aux islamistes ». D’autres analysent plutôt l’éviction de Toufik comme une preuve de la mainmise de fait sur le pouvoir de M. Saïd Bouteflika, frère de l’actuel président. Mais les velléités dynastiques de Saïd (le terme de « régence » a même été employé à son propos), en l’opposant à l’armée, en font un allié objectif des islamistes…  

    Il faut aussi prendre en compte l’existence d’une caste de profiteurs du système, lesquels, même s’ils ne constituent pas stricto sensu une oligarchie pourraient le devenir puisqu’ils visent à rien de moins qu’à une appropriation des richesses du pays par un petit groupe d'hommes d’affaires. Là où cela se complique, c’est que « le programme économique des islamistes est assez compatible avec l'idée que se font les oligarques de la gestion de l’Etat » (M. Boucetta, L’expression*). 

    Si les islamistes semblent donc en position de force pour la suite, on ne peut exclure un autre scénario, celui du chaos et de la guerre civile, d’autant que la population algérienne est la première victime de la cure d’austérité qu’impose l’effondrement des cours du pétrole et la persistance d’un prix très bas. L’explosion des déficits qui en est résultée rend de plus en plus difficile, si ce n’est impossible, d’acheter la paix sociale en puisant dans les milliards de l’or noir. 

    Dans tous les cas de figure, il faut s’attendre à des jours mauvais, avec risque de contagion non négligeable, d’abord vers la Tunisie, qui reste le maillon faible de l’ancienne A.F.N. et, n’en doutons pas, exportation vers la France à travers les Algériens, bi-nationaux ou pas. Le roi Hassan II aimait à souligner qu’on n’échappe pas à la Géographie. Rappelons donc que Marseille est à 750 km d’Alger. Rappelons surtout qu’on évalue à plusieurs millions (parfois jusqu’à cinq ou six selon les études citées par Réflexion*) les personnes d’origine algérienne en France. 

    Si l’on en juge par le laxisme récurrent des autorités françaises face aux manifestations « algériennes », à preuve les drapeaux déployés, sur la voie publique (voies de circulation bloquées à l’occasion de mariages; manifestations et saccage du centre-ville de Marseille à l’occasion de matches de foot-ball, etc.) il est impossible que nous soyons épargnés par des troubles graves qui secoueraient l’Algérie. Quant à notre diplomatie, elle semble inexistante, en tout cas apparemment incapable d’agir ès qualités, c’est-à-dire de manoeuvrer, en Algérie même pour déterminer une politique enfin favorable aux deux pays. 

    Les perspectives sont donc très inquiétantes. Euphémisme ?  

    * Quotidien algérien

     

  • Terrorisme & Société • Attentats évités ? Le pire est à venir

     

    Une réflexion de Dominique Jamet

    Face aux menaces grandissantes, aux coups reçus, aux carnages subis, à la certitude de leur renouvellement, à la perspective de longues années de crainte où l'insouciance ne sera plus de mise, un peuple se soumet ou se ressaisit. Qu'en sera-t-il du peuple français ? Son Histoire plaide pour le sursaut. Mais se répétera-t-elle ? Le peuple français sera-t-il seulement capable de résistance et de réaction en l'état actuel de décomposition structurelle et mentale de la société civile ? N'est-il pas, d'autre part, trahi par ses élites, stérilisé par son système politique ? La France pourra-t-elle s'en sortir sans transformations radicales, sociétales, politiques et institutionnelles ? Telle est la troisième série de réflexions à laquelle nous conduisent celles, au nombre de deux, que développe ici Dominique Jamet avec son habituelle lucidité.   LFAR 

     

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    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…

    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?

    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.

    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.

    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.  •

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
  • « La France va mieux » ... Ah bon ?

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu. 

    Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculture française est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière... 

    Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle. 

    M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes... 

    En cette année électorale, il faudra bien, en définitive, poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ». 

    Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Mesdames et Messieurs les candidats, n’oubliez pas les pauvres !

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

     

    1345578492.2.jpgLa question de la pauvreté contrainte est un sujet qui ne me laisse pas indifférent, et cela depuis fort longtemps, sans doute aussi parce que, en d'autres temps, j'en ai personnellement connu quelques aspects et quelques légères morsures... Lors des dernières élections européennes, au printemps 2014 et sous les couleurs de L’Alliance Royale, j'en avais même fait un de mes principaux thèmes de campagne, à la fois pour sensibiliser les électeurs à cette question toujours pendante mais souvent occultée, et pour proposer quelques pistes pour faire reculer cette insécurité sociale qui ronge nos sociétés et les affaiblit. Mais c'est un thème qui n'est pas assez électoralement porteur, sans doute, pour que les partis politiques et leurs dirigeants s'y intéressent, et il semble être « abandonné » aux associations comme le Secours catholique ou les Restos du cœur qui font, d'ailleurs, un travail important pour soulager, autant que faire se peut, la misère dans nos villes. Les royalistes du Groupe d'Action Royaliste, quant à eux, organisent régulièrement des « Soupes du Roi », et cela depuis presque dix ans, fidèles à leurs prédécesseurs du début XXe siècle mais aussi des siècles précédents, gardant en mémoire que, au Moyen âge, le Roi était « le père des pauvres ». 

    Pourtant, la pauvreté n’est pas un sujet mineur en France et les récents chiffres donnés par le Secours catholique la semaine dernière font plutôt froid dans le dos : « En 2000, on comptait 7,8 millions de personnes pauvres ; on en recense 8,8 millions aujourd’hui. Parmi ces personnes, entre 4 et 4,5 millions sont des jeunes de moins de 30 ans, ce qui devrait nous interpeller concernant l’impact de la pauvreté sur l’avenir de notre société », explique son secrétaire général Bernard Thibaud dans les colonnes de La Croix du jeudi 17 novembre dernier. Sans oublier que, selon Eurostat, 21,2 % des enfants de France sont menacés de pauvreté… 

    Bien sûr, il y a toujours eu des pauvres depuis que les sociétés humaines existent, mais elle est scandaleuse aujourd’hui au regard de toutes les richesses naturelles que nous exploitons et de toutes celles qui envahissent nos sociétés au risque de l’engloutir sous une débauche de produits marchands souvent inutiles : la démesure est dans cette invasion des objets qui semble nous faire oublier notre prochain, notre voisin. 

    Le politique ne peut ignorer ceux qui souffrent de « n’avoir pas assez » quand d’autres consomment sans compter. Il ne s’agit pas de dénoncer la richesse mais plutôt la démesure et l’égoïsme, et de rappeler, comme le fait régulièrement le pape François à la suite de tant d’autres princes de l’Eglise, la valeur du partage. 

    J’espère que cette question de la pauvreté contrainte sera abordée dans les prochains débats présidentiels, mais, au regard des jeux médiatiques actuels, je crains que cela ne soit pas le cas : « cachez ces pauvres que je ne saurais voir »… J’entends même quelques uns dire qu’en parler serait faire du « populisme » ! C’est dans ce genre de réaction stupide que l’on mesure le grand écart qu’il y a entre des élites mondialisées et le commun des mortels, mais aussi cette absence de compassion à l’égard des « perdants de la mondialisation » : est-ce la (triste) victoire de Benjamin Franklin ? Je préfère, en bon Français, l’exemple de saint Martin de Tours, de celui qui n’hésita pas à couper son manteau pour en donner la moitié à un malheureux transi de froid, un soir d’hiver de l’an 334… Et les candidats de 2017 pourraient bien y trouver quelque source d’une inspiration sociale bienvenue en ces temps d’incertitude… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

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