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  • Guerre totale

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Lundi 7 mars, attaque surprise des combattants de l’Etat islamique contre la petite ville tunisienne de Ben Guerdane, toute proche de la frontière libyenne. Pendant quelques heures, les islamistes prennent le contrôle de la circulation et de la population avant d’être tués ou mis en fuite par les forces de l’ordre. Les assaillants, c’est prouvé, savaient où ils mettaient les pieds : une majorité de Tunisiens, dont certains originaires de Ben Guerdane même et disposant de relais et de complicités sur place. L’attaque, parfaitement organisée, s’inscrivait dans un plan d’ensemble, leur objectif, selon M. Essid, Premier ministre de Tunisie, étant d’« instaurer une wilaya ». Les optimistes diront qu’après tout ils ont échoué, les réalistes que, prospérant sur un terreau démographique inépuisable, cela recommencera : « il y aura d’autres attaques de ce genre […]. Les militaires s’attendent au pire » prévient ainsi Mme Chettaoui, députée tunisienne.

    On peut tirer à chaud deux leçons de l’événement. La première relève de la géopolitique. Si, au vu de nos moyens et de nos intérêts, notre engagement militaire en Irak et en Afghanistan n’était pas souhaitable, si notre politique syrienne est un échec évident, si notre intervention en Libye aura eu les conséquences catastrophiques que l’on sait, il est vital de soutenir la Tunisie. En effet, derrière la Tunisie il y a une Algérie à l’avenir douteux et un Maroc dont le point fort reste l’institution monarchique : imagine-t-on les conséquences dramatiques d’une vague islamiste qui se répandrait au Maghreb pour le plonger dans le chaos ? Des centaines de milliers, voire des millions, de nouveaux candidats à l’immigration; une poussée énorme de la fièvre islamiste sur notre propre territoire. 

    Car, justement, la seconde leçon concerne la France elle-même. Ce qui s’est passé à Ben Guerdane pourrait bien s’y produire directement. Des gens connaissant les lieux, des armes de guerre, des individus « radicalisés », des complicités jusque dans l’armée et la police (où, si l’on en croit certaines notes pourtant étiquetées « confidentielles », le fondamentalisme progresse) : il n’est peut-être pas si lointain le jour où le drapeau noir flottera, même pour quelques heures, sur une « cité » ou un « quartier ». Ce jour-là on regrettera peut-être le traitement socio-psychologique que les bonnes âmes « humanistes » appliquent à l’engagement islamiste. Déradicaliser, même en jouant sur les mots, n’est pas éradiquer : il faudra bien finir par admettre que tout(e) « Français(e) » (quels que soient son âge et son « origine ») qui, de près ou de loin, collabore ou cherche à collaborer avec l’ennemi est un ennemi et le traiter en conséquence, c’est-à-dire d’abord l’empêcher de nuire (…). 

    Essid affirme que la Tunisie est en « guerre totale contre le terrorisme ». La France doit et conforter son propre engagement à ses côtés et se donner à elle-même des moyens plus importants et plus adaptés. Ne comptons pas pour cela sur l’Union européenne. Schengen est un fiasco et Mme Merkel, son accord avec le « Grand Turc » le prouve, ne cherche qu’à sous-traiter au prix fort un mode de fonctionnement plus « convenable » dans la gestion de la migration-invasion qui accable et islamise l’Europe.  

    Encore et toujours, le salut sera d’abord national. 

     

  • L’ordre ou le désordre

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    17157572_1122549931188431_1550775479523421171_o  ydc.jpgAucune société ne peut vivre dans le désordre permanent. C’est la raison du grand échec de la politique de la ville : des centaines de milliards, jamais vraiment calculés, déversés pour rien dans des banlieues, maintenant dans des quartiers entiers qui sont devenus officiellement des « zones » dites « de non-droit ». Expression typique d’une « gouvernance » molle, créée il y a une trentaine d’années pour rendre compte d’un phénomène de société qui semblait échapper à toute maîtrise.

    Autrement dit, c’était la faute de personne. Ces populations étaient les oubliées du progrès social, les mal assurées de l’État providence, les victimes collatérales de la mondialisation heureuse. Il suffisait de compenser : des budgets, encore des budgets, des plans, encore des plans, du social, encore du social !

    Cette manière de voir et d’agir avait l’avantage d’évacuer toutes les questions gênantes : l’immigration devenue inassimilable, la dégradation et la dénaturation des mœurs et des comportements requalifiés en « incivilités », l’organisation de trafics de toutes sortes, gravement illicites, trafics humains, trafics de drogues, que la puissance publique tolérait, faute de pouvoir les éradiquer et afin d’assurer une apparence de paix sociale, l’installation en position dominante d’une religion qui refuse de reconnaître le droit et les usages de la nation d’accueil, la disqualification simultanée et voulue, opérée par l’État lui-même, des familles et des éducateurs, une Éducation nationale incapable d’assurer son service, et pour cause, singulièrement dans ces zones, aggravant ainsi « les inégalités »…

    Et comme il fallait remédier aux « inégalités », grand mot qui évitait encore de traiter les vraies causes et qui justifiait encore et encore la démagogie, la gabegie et les discours politiciens, les gouvernements en exercice, de gauche comme de droite, relançaient indéfiniment la même politique aussi aveugle que criminelle.

    Maintenant les faits sont là. Les bandes font la loi. Plus de 900 quartiers « sensibles » – toujours le mot qu’il faut ! – recensés officiellement, vraisemblablement beaucoup plus. C’est-à-dire des lieux où ni la police ni la justice ne peuvent exercer leurs prérogatives, mais pas plus les services publics ni aucun représentant de l’autorité politique ou même sociale, pompiers, médecins.

    Les policiers sont assassinés, violemment agressés, blessés par milliers… La peur règne dans la population, dans les services de l’État, partout jusque dans la police et la gendarmerie.

    La peur ! On les laisse se débrouiller, on leur commande de loin et de haut, du fond d’un fauteuil ministériel ou d’une voiture de fonction. Ah, il est si facile dans un hémicycle de faire un discours ; la bravoure y est aisée et quel regard sagace porté sur la situation ! Les hypocrites, les misérables, les pleutres ! Mais qu’ils y aillent donc – et seuls avec leurs mots ! –, qu’ils rencontrent face à face les bandes et qu’ils essayent d’y pérorer.

    Aucun ne l’a fait. Le président de la République, bien escorté et bien filmé, s’est rendu au chevet de « Théo » dans un hôpital préalablement sécurisé. Il n’a point rendu visite aux policiers gravement blessés de Viry-Châtillon.

    Dans ces conditions-là, l’ordre n’est pas près d’être rétabli en France. La mécanique politique et la mécanique médiatique, fort bien articulées et manipulées, ont leurs veilleurs – ah, ce devoir de « vigilance » ! En ce moment, ils s’ingénient à ce que toute possibilité de redressement et de libération soit rendue vaine.

    C’est ce que montre ce numéro de Politique magazine. Si les Français pouvaient réfléchir sur la vraie cause de leur malheur ! La restauration de l’État souverain est la première condition de l’ordre.   

    Politique magazine mars 2017, éditorial  -  Consulter ... S'abonner ...

  • Justice & Actualité • Que vienne le Prince

    Le Duc et la Duchesse de Vendôme

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

     

    1295935921.jpgLes hasards des travaux, des plaidoiries, des discours et des conférences m'ont conduit, depuis quelques semaines, à fréquenter un très ancien confrère âgé de plus de deux mille ans : Marcus Tullius, dit Cicéron.

    Cette rencontre avait un aspect de retrouvailles car, en dehors des années d'humanités, comme on disait alors à propos des lettres classiques, je l'avais quelque peu fréquenté dans les premières années de mon exercice professionnel. Elle s'est révélée d'une jeunesse étonnante.

    Depuis que j'ai embrassé la carrière d'avocat, voilà maintenant plus d'un demi-siècle, je n'ai cessé d'entendre le même refrain. À savoir que notre profession changeait, suivant l'évolution du droit et des moeurs, des nécessités et des techniques.

    On se moquait des avocats à la Daumier, à l'allure méprisante et au geste emphatique, sans se rendre compte que, Daumier, de son temps, se moquait déjà d'eux et que le pli méprisant de la bouche et le verbe incontrôlé sont d'aujourd'hui et seront demain comme ils étaient hier.

    Et, dans ces retrouvailles, que dit Cicéron, aujourd'hui, aux avocats mais aussi aux juges et aux hommes politiques - car il fut, par la nécessité, autant juge qu'avocat et homme d'État ? II dit que ces métiers - disons mieux ces professions, ou, selon les termes qu'il employait, ces « devoirs » - ne peuvent pas être convenablement accomplis si ceux qui en ont la charge n'ont pas exercé leur esprit et leur âme à la pratique d'une saine et simple philosophie. Tout le reste, techniques, agrément, art de la parole, sens de la communication, habileté, richesse, voire même cette vertu que Napoléon appréciait tant chez ses généraux - la chance - sont secondaires. En effet, sans cette vertu (au sens premier du mot) fondamentale, les hommes ne sont ni bien défendus, ni bien jugés et les cités ne sont pas bien gouvernées.

    Que cette lumière simple, égale et tranquille, éclaire aujourd'hui, comme elle servait en son temps à voir ou à éclairer le droit des gens et la prospérité de la république ! Elle renvoie les interminables et ennuyeux débats à leur vide. Elle pose les questions essentielles à ceux qui se présentent à nos suffrages : qui êtes-vous ? Que pensez-vous ? Où est votre âme ? Où est votre esprit ? Qui sont vos amis ? Et pourquoi sont-ils vos amis ? Avec, en ligne de fuite nécessaire à la compréhension du tableau : que savez-vous de la France et que voulez-vous pour elle ?

    Elle nous renvoie aussi nous-mêmes à nos propres responsabilités. La République n'est pas la chose de quelques-uns. Elle n'est surtout pas l'enjeu des factions. Elle est la chose publique. C'est-à-dire qu'elle appartient à tous. Et donc d'abord à nous, qui nous en préoccupons, avec, au fond de l'âme, l'angor patriae, cette angoisse de la patrie qui est la marque sensible de la vraie charité politique.

    ciceroa.jpgNous connaissons, tous le combat sans issue que Cicéron mena pour sauver l'unité de la République et la concorde des citoyens contre les factions en furie. Il en mourut, martyr d'un temps qui semblait révolu. Mais nous savons aussi que la semence jetée par sa sagesse devait fleurir chez celui-là même qui commit la faute - le crime - de le faire exécuter. Octave devenu Auguste, remplaça le chaos républicain par un principat qui vit fleurir les arts de la paix, Horace, Virgile, les routes et les aqueducs, les villes et le droit, la civilisation étendue au monde connu.

    Après la cacophonie insupportable de nos campagnes interminables, que vienne, pour nous aussi, celui en qui germent nos espérances : le Prince français. 

    Politique magazine, février 2017  -  Consulter ... S'abonner ...

  • Sur les chemins de chez nous

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Peu importe qui il est. Désireux d’accomplir la promesse qu’il s’était faite sur son lit d’hôpital (« si je m’en sors, je traverse la France à pied »), un jour, il s’est mis en marche. Pas façon Macron, façon chemineau, comme un personnage de Giono. A pied donc, de Tende à La Hague, une belle diagonale du Mercantour au Cotentin, du 24 août au 8 novembre 2015, en empruntant au maximum les chemins les plus improbables, les plus délaissés, les plus retirés de la vraie France profonde. En est résulté un petit livre qui, en contrepoint du récit de cette pérégrination, propose une véritable réflexion sur la France d’aujourd’hui.

     

    Fuyant le « clignotement des villes » et méprisant les « sommations de l’époque » (en anglais, comme il se doit à l’ère de la globalisation : « Enjoy ! Take care ! Be safe ! Be connected ! »), le voyageur met en pratique une stratégie de « l’évitement ». Eviter quoi ? Ce qu’il appelle « le dispositif ». D’abord visible à l’œil nu : c’est la France des agglomérations telle que l’ont voulue les « équarrisseurs du vieil espace français », ZAC et ZUP des années soixante ayant enfanté les interminables zones pavillonnaires et les hideuses zones commerciales. Laideur partout.

     

    XVM344ffd0c-80af-11e6-8335-81b4993a1518-805x453.jpgCe réquisitoire implacable contre le saccage du territoire rejoint la dénonciation de la mondialisation, cette « foire mondiale » qui ruine un terroir « cultivé pendant deux mille ans ». Aux « temps immobiles » a succédé un « âge du flux » dont le « catéchisme » (« diversité », « échange », « communication ») est véhiculé par l’arrivée d’internet et la connexion généralisée. Temps immobiles : une nuit passée au monastère de Ganagobie (« Les hommes en noir […] tenaient bon dans le cours du fleuve. En bas, dans la vallée, les modernes trépidaient ») ; ou la vision du Mont-Saint-Michel (« C’était le mont des quatre éléments. A l’eau, à l’air et à la terre s’ajoutait le feu de ceux qui avaient la foi »).

     

    Faisant sienne la vision de Braudel selon laquelle la France procède d’un « extravagant morcellement » humain et paysager, l’auteur dénonce ensuite le « droit d’inventaire » que s’arrogent  « les gouvernants contemporains », notamment « les admirateurs de Robespierre » qui,  favorables à « une extension radicale de la laïcité », veulent « la disparition des crèches de Noël dans les espaces publics » (et pourquoi pas des milliers de calvaires ?) pour les remplacer par … rien du tout, le néant, la mort.

     

    Ce n’est certes pas un livre de propagande, ni un bréviaire idéologique mais bien l’œuvre d’un loup solitaire. Un livre qui peut sembler défaitiste, voire nihiliste (« je me fous de l’avenir »), au mieux nostalgique. Voir dans l’auteur un énième avatar du « bon sauvage » serait pourtant bien réducteur. On l’imagine mieux prêt à « chouanner » (selon le mot de Barbey qu’il rapporte lui-même). C’est sans doute là sa véritable portée : « Sur les Chemins noirs » de Sylvain Tesson est l’œuvre d’un antimoderne de bonne race qui nous aide à retrouver le chemin de chez nous. 

     

    Sur les chemins noirs. Sylvain Tesson, Gallimard, 144 p., 15 €

     

  • Les affinités de M. Ayrault

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    La victoire des troupes syriennes contre les insurgés islamistes d’Alep est désormais plus que probable. La presse n’en finit pas de nous conter le martyre et l’agonie de la ville insurgée, pour mieux critiquer le régime prétendument « barbare » de M. Assad. Cette instrumentalisation de la situation déplorable de la population repose d’abord sur une sorte de déni : toute guerre, a fortiori une guerre civile, génère forcément sont lot d’horreurs et de massacres. Il est de plus évident que l’engagement purement idéologique des pays occidentaux hostiles à M. Assad a favorisé une rébellion islamiste armée et solidement équipée par les puissances sunnites du Golfe, causant ainsi le malheur des populations civiles : il faut être bien naïf en effet pour croire que les soldats loyalistes n’ont en face d’eux, depuis plus de quatre ans, qu’une population désarmée et protégée par quelques volontaires.

    Naïf et pleurnichard, c’est bien l’image que donne de lui notre ministre des Affaires étrangères, M. Ayrault. En accord avec son prédécesseur, M. Fabius, et surtout avec le chef de l’Etat, M. Hollande, il mène dans le dossier syrien une politique, ou plutôt une absence de politique, dont la France risque de payer longtemps les conséquences. Nos « humanistes », se défiant du bon sens pragmatique le plus élémentaire, oubliant ainsi qu’un pays a d’abord des intérêts avant d’avoir des amis, ont poursuivi la politique initiée par MM. Sarkozy et Juppé, à la grande satisfaction de quelques intellectuels de gauche, laquelle se réduit à des formules médiatiques (« M. Assad est le problème, il n’est pas la solution ») ou à des demandes insensées (« M. Assad doit comparaître devant le Tribunal pénal international »). Leur faute à tous est d’avoir pu penser que quelques lamentations humanitaires et autres voeux pieux dans l’air du temps pouvaient suffire : faute de stratégie et de vision d’ensemble, aucun n’a jamais indiqué ce que devrait et pourrait être la politique de la France au Proche-Orient.

    La France fut un temps « puissance mandataire » en Syrie et cela lui a valu de pouvoir continuer à « exister » pendant plusieurs décennies dans la région. Depuis quelques années, nous y avons, comme des imbéciles à la remorque des « printemps arabes », brandi l‘étendard du droit-de-l’hommisme. Aujourd’hui même, M. Ayrault annonce réunir « le 10 décembre prochain à Paris les pays européens, arabes et les Etats-Unis, qui soutiennent une solution politique en Syrie et qui refusent cette logique de guerre totale ». On peut déjà penser qu’il ne sortira pas grand chose de cette conférence anti-Assad. En revanche, devenue sous la houlette de M. Ayrault, « puissance affinitaire », la France est menacée aujourd’hui de relégation diplomatique. En effet, il aura bonne mine, M. Ayrault, lorsque, la guerre civile quasiment terminée, se réunira sans doute une conférence autrement sérieuse, avec Damas et ses alliés, Téhéran et surtout Moscou : la France y sera-t-elle seulement conviée ? Si ce n’était pas le cas, cela entérinerait sa rétrogradation diplomatique et serait à porter au passif, déjà bien lourd par ailleurs, du quinquennat de M. Hollande  

     

  • Les leurres de la société civile

    Le nouveau gouvernement affiche une moitié de personnes issues de la « société civile ». /Reuters

     

    823330531.jpgFrançois d'Orcival a eu raison de dénoncer « les leurres de la société civile » et de les dénoncer au moment opportun. C'est à dire au moment  où le Système - ce que les maurrassiens appellent aussi Pays légal - pour surmonter ses crises,  met en avant la société civile et fait monter jusqu'à lui, en fait en les intégrant,  quelques membres de ladite société civile. Cette dernière ainsi sollicitée, mise à contribution, en fait récupérée, ne doit pas être confondue avec ce qui subsiste du Pays réel. S'il en est un,  celui-ci se compose de Français dans leurs familles, leurs métiers, leurs villes ou leurs régions. Et qui, sous sa forme actuelle, sont à mille lieues des rouages nauséabonds du Système. 

    Ce qu'écrit François d'Orcival [Figaro magazine du 20.05] mérite d'être lu - en particulier par les lecteurs de Lafautearousseau - raison pour laquelle nous reprenons ci-dessous cet article in extenso.   LFAR

     

    francois-d-orcival-direct-8.jpgLa « société civile » est de retour, le summum de la démocratie, la France d'en bas, nous les citoyens, les « vrais gens ». Elle prolifère par temps politique : l'année dernière, celle des primaires de la droite et de la gauche, nous avions eu droit à une « primaire citoyenne » qui a avorté ; à la présidentielle, sur les 61 candidats inscrits au Conseil constitutionnel qui prétendaient aux parrainages, une quarantaine se revendiquaient de la société civile, autant de zozos retournés depuis dans l'anonymat. Et sur les onze candidats finalement retenus, cinq ont recueilli 91 % des voix... Eh bien, revoilà la société civile pour les législatives !19 000 de ces « citoyens » se sont présentés pour obtenir l'investiture de La République en marche - Emmanuel Macron en a retenu 1 sur 33 ! Et naturellement les plus « politiques ».
    Il n'y a pas de société civile opposée à une société militaire, religieuse ou étatique. C'est pourtant un phénomène qui s'est construit contre une classe politique (aujourd'hui on dit « politico - médiatique ») ressentie comme trop homogène, par ses origines sociales, intellectuelles et professionnelles. Jean-Pierre Chevènement et ses deux complices (Gomez et Motchane) n'avaient pas tort quand ils dénoncèrent, il y a cinquante ans, fin 1967, « l'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise ». Six mois plus tard, et sans savoir qu'ils préfiguraient la « société civile », quelques milliers d' « enragés» levaient les barricades de Mai 68 en signe de révolte contre le pouvoir. Avant que celui-ci ne reprenne la main.

    Certes, Mai 68 n'est pas resté sans suite. On a vu la « société civile », à travers ses réseaux, lobbies, cercles et clubs, en un mot sa floraison d'associations, pénétrer lentement les institutions, jusqu'à gangrener le coeur de l'Etat. Pour autant, la société civile reste un leurre ; il n'y a que les naïfs pour s'improviser « politiques », comme si la politique n'était pas un apprentissage, des procédures, un métier. La société civile permet surtout aux seuls détenteurs du pouvoir de faire croire au citoyen qu'il est le coq quand il n'est que le dindon d'une farce préparée par les chefs. C'est tout leur talent de savoir ainsi renouveler les têtes et les troupes pour les conduire, en bon ordre, à voter comme il faut. 

  • Musée des Confluences : la blancheur de l’éléphant, par Olivier d'Escombeau

     

    Au croisement du Beaujolais et du Bourgogne, ou plutôt du Rhône et de la Saône, se dresse désormais un musée gigantesque. Le musée des Confluences où une souris, le conseil général du Rhône, vient d’accoucher d’une montagne. La culture et le patrimoine lyonnais n’en sortent pas grandis.

    La grandeur vue par les petits

    Si vous êtes automobiliste, vous ne pourrez par le rater. En traversant Lyon, non loin du débouché du tunnel de Fourvière, un immense amas de verre et d’acier s’apprête à bondir sous vos roues. C’est le dernier-né des grands musées de province. Plus haut que le Mucem de Marseille, plus cher que le Louvre Lens, plus audacieux que le Centre Pompidou Metz, voici le dernier éléphant blanc sorti tout armé des poches des contribuables lyonnais qui les ont, il est vrai, profondes. Il devait coûter 60 millions d’euros. La somme a juste suffi à ses fondations avec un coût final de 255 millions d’euros ; hors taxes, bien sûr. C’est le testament du conseil général du Rhône bientôt fondu dans la métropole de Lyon.

    Comment une institution qui s’est illustré, honorablement pendant deux siècles de rang dans l’art subtil du vin d’honneur a-t-elle pu engendrer pareille ineptie culturelle, budgétaire, architecturale ? Même l’inauguration a été un fiasco à faire rêver un scénariste de comédie : le préfet de région en vacances, le président du conseil régional excusé, le ministre de la Culture empêché, le président de la République au bois (à Chambord exactement) et, seule représentante du gouvernement, la fidèle Najat Vallaud-Belkacem, muette. Quel tour de force pour inaugurer un musée en chantier, au personnel tout aussi désemparé que celui du Restaurant Royal du film de Jacques Tati, Playtime.

    Culture et brocante

    Ce musée s’inscrit, selon la typologie consacrée, dans la catégorie des musées dits « de civilisation ». Il rassemble en une synthèse approximative le squelette de mammouth et le Minitel, le masque primitif sénoufos et les météorites, une femme âgée de 25 000 ans reconstituée et un camion Berliet. On gage que les écoliers, cible privilégiée de l’institution, apprécieront.

    Le gigantisme stupide que l’on croyait l’apanage des hommes politiques nationaux et des administrations centrales trouve ainsi une nouvelle terre d’élection du côté de Perrache. Quant aux potentats locaux, ils n’ont rien oublié mais ils n’ont rien appris. Alors que les errements initiaux du Centre Pompidou ou de la Bibliothèque nationale de France ont été jugulés, ainsi que le montrent des projets nationaux récents comme le musée des Arts premiers ou le nouveau centre des Archives nationales. Leurs coûts ont été plutôt maîtrisés, leur fonctionnement est correct, leur utilité sociale reconnue.

    Ce péché de grandeur consommé, le paysage culturel lyonnais laisse bien d’autres dossiers en souffrance. Les élus locaux semblent plus attachés à leurs propres métastases culturelles qu’aux legs engrangés par leurs prédécesseurs. À bas bruit, un autre patrimoine s’étiole, se disperse. Ainsi le musée Gadagne, consacré à l’histoire locale et aux marionnettes, se cherche un avenir bien incertain, la Fondation Napoléon Bullukian vend, au profit d’un projet immobilier de standing, son siège historique et disperse ses collections pourtant léguées à la Ville, le musée Malartre du château de Rochetaillée, autre legs, s’oriente vers la réimplantation de sa rarissime collection d’automobiles anciennes dans une banlieue périphérique, « emblème de la diversité ».

    Ainsi le musée des Confluences à Lyon, « ogre mégalo » selon Télérama, est-il en train d’écraser de sa seule ombre le patrimoine local. Lyon capitale de la Résistance ? À d’autres. 

     

    Olivier d'Escombeau - Politique magazine

  • Robert Ménard à Boulevard Voltaire : La France de 2015 n’est plus celle du gendarme de Saint-Tropez !

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    « Faire patrouiller des policiers municipaux sans armes, c’est tout simplement irresponsable ! »

    Depuis le 1er février, la police municipale de Béziers est armée. On imagine que ce genre de décision ne se prend pas à la légère. Cette mesure était donc selon vous devenue nécessaire ?  

    Evidemment ! La France de 2015 n’est plus celle du gendarme de Saint-Tropez ou même de François Mitterrand. Quand un Premier ministre en déplacement à Marseille voit son arrivée ponctuée par des tirs de kalachnikov, qui peut douter que nous avons changé d’époque ? 

    Faire patrouiller, de nos jours, des policiers municipaux sans armes, c’est tout simplement irresponsable. Et c’est également mentir. Mentir aux citoyens. Un policier désarmé ne peut accomplir l’ensemble des missions qui sont les siennes. Il peut gronder une maman qui fait traverser ses enfants en dehors des clous. Il ne peut pas contrôler une voiture avec à l’intérieur quatre individus louches. Ou alors à ses risques et périls…  

    Quand, depuis le 11 janvier, l’État nous demande d’aider à la protection de certains lieux, comment le faire si notre police n’a pas d’armes à feu ? Il faut être cohérent. À nouvelle situation, nouvelle réponse. Un jour viendra peut-être où les polices municipales ne seront plus nécessaires. Nous aurons alors un gouvernement qui protège les Français et qui enferme les délinquants. En attendant, nous avons Mme Taubira et François Hollande, comme nous avons eu M. Sarkozy.  

    Cette annonce fait d’autant plus de bruit dans la presse et sur les réseaux sociaux qu’elle a été accompagnée d’une campagne publicitaire choc. Sur une affiche, on peut voir un 7,65 semi-automatique avec ce commentaire : « Désormais, la police municipale a un nouvel ami. » On vous accuse de provocation, de cultiver un côté « Inspecteur Harry »… Quel est le but de cette affiche ?   

    Informer. Informer, d’abord, les Biterrois : leur police municipale est désormais armée. C’était une promesse de campagne. Or, une promesse de campagne réalisée, dans la France de la Ve République, c’est toujours un peu un miracle démocratique. Mais si les miracles ne s’expliquent pas, en revanche, ils font réfléchir. Ensuite, c’est un message à tous ceux qui pourrissent la vie des gens : les règles du jeu ont changé ! La police municipale de Béziers a acheté des 7,65. Pas des Kärcher. Bien sûr, nous aurions pu faire une affiche consensuelle, appelant au respect républicain et au vivre ensemble. Pour l’illustrer, nous aurions mis une licorne rose, avec des ballons de goûter d’anniversaire et une bonne bouteille de Champomy. Nous aurions précisé qu’il s’agit de pistolets à bouchon et que, bien évidemment, aucune arme ne sera dégainée sans une autorisation en trois exemplaires délivrée par une commission spéciale qui se réunit les premiers jeudis de chaque mois… Nous avons préféré une affiche efficace, à l’image des mesures que nous prenons et appliquons dans cette ville.  

    Ne craignez-vous pas, d’une part, une « bavure », – ce mot est évidemment omniprésent dans les journaux -, d’autre part, une surenchère de la violence ?
     
    Il y a dans ce pays, chaque jour, 200 viols. 2.000 agressions. Combien de bavures ? Un nombre infinitésimal en trente ans. Surenchère de la violence ? La police municipale – comme la nationale – ne sont pas « violentes ». Elles font régner l’ordre, elles répriment le désordre. Si un voyou abat un passant, c’est un acte violent. Quand un policier abat un voyou, il rétablit l’ordre. Voilà les mots de la réalité. Il faut cesser de parler comme la gauche, de relayer ses fantasmes. La gauche a perdu la bataille du sens. Pourquoi continuer à employer son langage ? Parce que c’est encore celui des médias ? Laissons l’usage de la langue officielle au système en place. Ce sont des antonymes. Ces mots visent à affirmer le contraire de ce qui est. Ainsi, « richesse de la banlieue » veut dire, en réalité, qui coûte cher. Dans ce contexte, « bavure » veut dire ordre républicain, protection des honnêtes gens, rétablissement de la norme.
      

    Aujourd’hui, quoi de plus révolutionnaire ?   

    Entretien avec Robert Ménard

    Maire de Béziers

    Ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

    Propos recueillis par Gabrielle Cluzel.

  • Fêtes de Pâques : Le pape a dénoncé la « furie djihadiste », la complicité de la « communauté internationale » et les am

    « Le vieillard en vêtements blancs qui siège au sommet du système catholique peut ressembler aux princes du sceptre et de l'épée quand il tranche et sépare, quand il rejette ou qu'il fulmine » Charles MAURRAS, Le Dilemme de Marc Sangnier, 1906

     

    (Avec AFP) – Le pape François et le Vatican ont haussé le ton en célébrant Pâques contre « le silence complice » et « l’indifférence » devant la « furie djihadiste », qui frappe les chrétiens et vient encore de se déchaîner au Kenya.

    Le pape argentin, qui a commémoré vendredi la « passion du christ » (sa crucifixion à Jérusalem), devait présider samedi soir la Veillée pascale, qui célèbre, selon la croyance chrétienne, la résurrection de Jésus.

    Sous le choc de la tragédie du Kenya, la dénonciation de la violence jihadiste a pris le pas sur tous les autres thèmes comme la paix et la justice, évoqués comme chaque année à Pâques.

    Jorge Bergoglio a condamné dès vendredi matin la « brutalité insensée » du massacre des jihadistes Shebab contre les étudiants de Garissa dans l’est du Kenya, qui a fait 148 morts. « Tous les responsables doivent redoubler leurs efforts afin de mettre un terme à une telle violence », a demandé le chef d’1,2 milliard de catholiques.

    Au Vatican, on s’irrite du fait que la multiplication des persécutions de chrétiens – par des individus ou des groupes islamistes – de l’Irak au Kenya en passant par la Libye, le Pakistan ou le Nigeria, ne soit pas plus dénoncée, y compris par les autorités occidentales et musulmanes.

    « Aujourd’hui nous voyons nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux ou souvent avec notre silence complice », a accusé d’une voix sombre Jorge Bergoglio à la fin du Chemin de Croix vendredi soir au Colisée, s’adressant au Christ, « prince de la paix ».

    Les méditations de cette « Via Crucis » retransmise en mondiovision, ont rappelé que « des hommes et des femmes sont emprisonnés, condamnés ou même tués seulement parce qu’ils sont croyants ».

    « Ils n’ont pas honte de la Croix. Ils sont de magnifiques exemples », proclamait ainsi un lecteur, citant l’exemple du « martyr » catholique pakistanais, l’ancien ministre pour les minorités Shahbaz Bahtti, assassiné le 2 mars 2011.

    Auparavant, lors d’une célébration solennelle dans la basilique Saint-Pierre, « la furie djihadiste » avait été dénoncée.

    Le prédicateur de la Maison pontificale, le prêtre franciscain italien Raniero Cantalamessa, avait rappelé les 21 coptes égyptiens morts assassinés en février par un groupe djihadiste en Libye « en murmurant le nom de Jésus ».

    « Les chrétiens ne sont certainement pas les seules victimes, mais on ne peut ignorer qu’ils sont les victimes désignées et les plus fréquentes dans de nombreux pays », avait-il fustigé.

    « Qui a à cœur le sort de sa propre religion ne peut demeurer indifférent », avait-il ajouté dans un propos qui paraissait s’adresser aussi aux musulmans.

    Le Vatican – notamment par la bouche de l’énergique ministre du dialogue interreligieux, le cardinal français Jean-Louis Tauran – ne cesse de plaider pour que ses interlocuteurs musulmans comme l’université sunnite Al-Azhar du Caire prennent position, en se distançant des islamistes et de toute persécution anti-chrétienne.

    La prise surprise de la ville irakienne de Mossoul, à l’été dernier, par le groupe Etat islamique (EI) a été un tournant. Il a conduit le Saint-Siège à se montrer plus incisif face aux ambiguïtés de certaines autorités musulmanes.

    En novembre dernier, François a lui-même appelé « à une vaste mobilisation des consciences » de tous ceux « qui ont des responsabilités au niveau local et international ».

    En décembre, il était plus précis encore en demandant à « tous les dirigeants musulmans du monde, politiques, religieux, universitaires » de « se prononcer clairement » contre la violence des djihadistes. Il prenait soin de parler des autres minorités religieuses persécutées comme les yazidis.

    Récemment, le Souverain pontife reprochait enfin à la communauté internationale de « vouloir cacher » les persécutions contre les chrétiens.

    Selon un éditorial du quotidien La Stampa, « l’islam doit bannir des mosquées ceux qui prêchent le terrorisme. Trop souvent derrière les condamnations du terrorisme par le monde musulman résonne l’écho d’une compréhension. L’islam doit sortir de l’ambiguïté ». 

    Source : Pascal Bories Causeur, 4 avril

     

  • Depuis le Maroc : Médiocres relations, excellentes expositions • Par Péroncel-Hugoz

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     « Mustapha » de Girodet (1819) © Copyright : DR

     

    Grâce à Péroncel-Hugoz, nous avons chaque jour des nouvelles du Maroc, car.il nous fait adresser le quotidien en ligne marocain indépendant le 360.ma où il tient une chronique renouvelée chaque jeudi soir. Le 360.ma, rappelons-le, est le premier media francophone du Maroc toutes catégories confondues, audiovisuel non compris. Péroncel-Hugoz s'intéresse, ici, aux médiocres relations franco-marocaines, mais aussi et surtout, de nouveau, aux peintres orientalistes français et aux expositions en cours. Ses commentaires nous confirment que l'Histoire, la culture et l'art unissent bien plus aisément et profondément les peuples et les nations que l'économique ou le politique ... Lafautearousseau  ♦

     

    Probablement suite aux intrigues, pour le moment réussies, de l’influent «clan algérien» au sein du Parti socialiste et de l’Etat français, les relations franco-marocaines n’ont cessé de se détériorer depuis début 2014. Ce climat plus que maussade perdure, malgré le geste significatif du Palais de déléguer la sœur aînée du Roi pour inaugurer, avec le président Hollande, les manifestations artistiques sur le «Maroc contemporain» à l’Institut du monde arabe, tandis que le «Maroc médiéval» est illustré au Louvre et que «le Roi Juba II» a été précédemment honoré au MUCEM de Marseille*.

    Ni ces évènements d’envergure internationale ni les médiocres relations actuelles entre Paris et Rabat ne nous permettent cependant d’ignorer une petite expo organisée en ce moment dans l’atelier même du peintre Eugène Delacroix* en plein Saint-Germain-des-Prés, non pas autour des toiles du maître orientaliste (1798-1863) mais des objets locaux rapportés de Chérifie par l’artiste et dont il se servit pour recréer en peinture des décors qu’il n’avait pu souvent voir que fugacement, durant un séjour de cinq mois, de janvier à juin 1832, entre Tanger et Meknès.

    Donc limitée, mais captivante, est cette expo d’une centaine d’objets que Delacroix eut sous les yeux et utilisa durant le reste de sa vie, après le séjour marocain: armes en tous genres, boîtes à poudre, bois enluminés, broderies, harnachements de montures et surtout ces plats fassis dont les irisations se retrouvent dans plusieurs œuvres de Delacroix. C’est un peu l’envers du décor mais un envers dispensateur, lui aussi, de couleurs et formes relevant également de l’Art ou tout au moins d’un Artisanat artistique, d’ailleurs toujours vivant dans le Maroc actuel grâce aux commandes du Palais, des mosquées et d’institutions étatiques (on pense par exemple à l’Institut royal amazigh et au nouveau musée d’Art contemporain, tous deux à Rabat).

    Profitons de cette chronique pour rectifier une erreur bien des fois commise, sans doute de bonne foi, ici ou en Europe, et qui fait de Delacroix le «père de l’orientalisme». Non, il fut un immense créateur mais pas le «père» de cette école! On sait maintenant à coup sûr que la première toile orientaliste est due à un aîné de Delacroix que celui-ci, d’ailleurs,  admirait: Anne-Louis Girodet-Trioson, dit Girodet (1767-1824). Son portrait de « Mustapha de Sousse» (1819), un Turco-arabe de la Régence de Tunis, superbement enturbanné et barbu, se trouve depuis 1988 au modeste musée de Montargis, la très jolie petite ville natale de Girodet, à 100 kilomètres au sud de Paris. C’est «la Venise du Gâtinais», avec ses 130 ponts, d’où venait également la famille du plus fameux des pieds-noirs marocains, Michel Jobert,  et elle vaut donc doublement la visite avec son portrait de « Mustapha*** », pionnier de l’orientalisme pictural. ♦

     

    * Voir notre chronique du 16 juillet 2014 sur le 360.ma

    ** Atelier Delacroix, « Souvenirs du Maroc », jusqu’au 2 février 2015, 6 rue de Furstenberg, 75006- Paris. Tel : 00.33.(0).1.44.41.86.50 / www.musee-delacroix.fr/

    *** Musée Girodet, Montargis. Tel : 00.33 (0).2.38.98.07.81/ www.musee-girodet.fr/

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  • Migrations, par Louis-Joseph Delanglade

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    M. Hollande vient d’inaugurer le Musée de l’histoire de l’immigration. En reprenant, on s’y attendait, tous les poncifs du politiquement correct. Peu importe que ce musée, ouvert depuis sept ans, ne soit sans doute qu’un « machin informe qui n’a jamais trouvé ni sa destination ni son public, sauf celui des élèves de banlieue qu’on y traîne de force et en rangs par deux » (Mme Delarue, Boulevard Voltaire). Ce qui est plus grave, c’est qu’au lieu de donner à l’immigration-intégration toute sa place dans une Maison de l’Histoire de France digne de ce nom, on ait privilégié un lieu de repentance et de mauvaise conscience : ce n’est pas ainsi qu’on favorisera le fameux « vivre ensemble », bien au contraire.   

    Et pourtant, oui, une certaine forme d’immigration peut être une chance pour la France. Notre Histoire, malgré problèmes et vicissitudes, en est la preuve, depuis ces brillantes individualités que l’Ancien Régime avait su attirer jusqu’aux vagues européennes de la première moitié du vingtième siècle. Mais l’immigration idéologique de masse, concernant des populations culturellement très, voire trop, différentes, voulue et/ou encouragée depuis les années soixante-dix par un patronat apatride, une Eglise universaliste et une classe politico-médiatique soucieuse de bien-pensance, cette immigration-là constitue dans son principe un danger gravissime pour notre pays, dès lors menacé d’un changement de nature.   

    C’est ce que rappelle opportunément la mauvaise querelle faite, à l’initiative de M. Mélenchon, et sur des propos qu’il n’a pas tenus, à M. Zemmour, une nouvelle fois victime d’un déchaînement de haine et d’intolérance. M. Zemmour propose un constat et un rappel historique. Constat : deux peuples coexistent désormais en France, une population d’origine immigrée et essentiellement musulmane et une autre dite « de souche ». Rappel historique : des populations entières (Pieds-Noirs, Allemands) ont été dans un passé récent obligées de (re)passer d’un territoire à un autre. De son constat, M. Zemmour tient pour plus que plausible le scénario d’un affrontement violent - qu’en aucun cas il ne dit souhaiter. De l’Histoire, M. Zemmour laisse entendre que ce qui est arrivé hier peut arriver demain, même si cela lui paraît aujourd’hui irréaliste.   

    Reste heureusement vrai que, dans « beaucoup de villes ou de quartiers […] un mélange harmonieux d’immigrés et de Français de souche, permet une intégration silencieuse mais réelle » (M. Legrand, France Inter) et, paradoxe (?), qu’existent même de nombreux « Français de confession musulmane qui, si l’on prend la peine d’éviter les clichés […] sont monsieur et madame « Tout-Le-Monde » […], heureux de rencontrer une France qui s’aime, une France fière de son histoire, de sa langue, de ses valeurs […] » (M. Bechikh, président de « Fils de France »). S’il est vrai que le désespoir ne saurait tenir lieu de politique, rien n’interdit de penser que, sur ces valeurs-là, non négociables, la vieille nation française trouvera la force de perdurer. 

     

  • CINEMA • Le voeu de Dominique JAMET : La Palme à Timbuktu !

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    Alors que le film magnifique d’Abderrahmane Sissako sort en salles, on ne peut que souhaiter qu’il soit vu par le plus vaste public.
     
    Sélectionné et présenté au dernier Festival de Cannes, Timbuktu y avait eu droit à un beau succès d’estime. En d’autres termes, il n’y avait bénéficié d’aucune récompense officielle. Trop politique, peut-être, trop fort, trop engagé, trop brûlant ? Alors que le film magnifique d’Abderrahmane Sissako sort en salles, on ne peut que souhaiter qu’il soit vu par le plus vaste public. Actuel au printemps dernier, il n’a fait hélas que gagner en urgence.
     
    Aimable et mystérieuse, endormie dans la touffeur d’un éternel été, perdue au milieu des sables du désert, à l’abri de ses murailles ocre et de ses maisons de pisé, Timbuktu mène une vie inchangée depuis des siècles, à l’écart des agitations du monde lorsqu’un groupe djihadiste armé et motorisé prend le contrôle de la ville.
     
    Les habitants les plus avisés ont eu le temps de fuir. Les autres, tous les autres, ceux qui ne savent et n’ont où aller, sont restés sur place, prêts à courber le dos devant leurs nouveaux maîtres. Musulmans pour la quasi-totalité, devraient-ils craindre des occupants qui se présentent en libérateurs et brandissent le drapeau de l’islam ?
     
    Une terreur aussi abjecte qu’obtuse s’abat sur la malheureuse cité. Ça commence, pour les hommes, par la consigne de raccourcir leurs pantalons qui doivent découvrir le mollet, pour les femmes par l’obligation de se couvrir non seulement le corps et le visage mais les pieds et les mains : chaussettes et gants de rigueur. Les interdictions pleuvent : défense de jouer au football, défense de chanter, défense d’écouter de la musique, défense de fumer. Puis, vient le temps des incarcérations arbitraires, des mariages forcés, des châtiments corporels, des lapidations, des exécutions sommaires. Tout cela au nom d’une lecture dévoyée du Coran, et d’une impitoyable application de la charia combinée avec les traditions ancestrales les plus rétrogrades.
     
    La bande hétéroclite qui a fait main basse sur Timbuktu est constituée pour l’essentiel de jeunes hommes, venus de toutes les cités et de tous les pays d’Europe et du Sahel, commandés par des fanatiques et des pervers, Torquemadas et Tartuffes de l’islamisme qui usent et abusent de la naïveté de leurs recrues. Ces gamins sans repères, meilleurs connaisseurs du football – eh oui – que de la religion, n’y voient pas plus loin que le bout du canon de leurs kalachnikov, et prennent un grand plaisir à jouer avec leurs motos, leurs pick-up, leurs portables, leurs armes flambant neufs et leurs esclaves.
     
    Il est bon, il est salubre, il est exemplaire que le réalisateur de ce chef-d’œuvre soit lui-même mauritanien, de culture et sans doute de religion islamique. Car son film nous rappelle on ne peut plus opportunément que si des Occidentaux, civils ou militaires, fourvoyés ou envoyés dans les pays actuellement en proie à la guerre de civilisation que nous vivons, sont régulièrement pris en otages ou pris pour cibles par les djihadistes, ce sont les populations locales qui fournissent, et de loin, le plus gros contingent des victimes.
     
    La beauté des images et des paysages, le jeu admirable des interprètes, l’authenticité du décor et des sentiments exprimés, l’histoire elle-même confèrent une force et une efficacité exceptionnelles à ce réquisitoire sans faiblesse, mais aussi sans excès, sans pathos, sans mélo, et qui parvient même à teinter d’humour l’étalage de la violence et de la cruauté. Il paraît que le ministère de l’Éducation nationale a du mal à donner un contenu aux nombreuses activités périscolaires que prévoit la mise en place de ses nouveaux rythmes. Une suggestion : ce n’est pas au programme de quelques salles et pour un temps limité mais au programme de tous les établissements d’enseignement français (écoles, collèges et lycées) qu’il serait utile d’inscrire Timbuktu. En attendant cette hypothétique consécration officielle et à défaut de Palme d’or, le film d’Abderrahmane Sissako a d’ores et déjà mérité celle du courage. 
     

     

     

     
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
  • Polémique : Ploërmel et la statue de saint Jean-Paul II, par François Reloujac*

     

    Le Tribunal administratif de Rennes, saisi par l’association la Libre pensée, vient de rendre une décision grave de conséquence le 30 avril dernier. La statue de saint Jean-Paul II qui a été érigée à Ploërmel, ne peut pas rester sur le domaine public ; la croix et l’arche qui la surplombent, doivent être démontées car ce sont des « symboles ostentatoires de la religion ». Passons sur le fait que cette œuvre est protégée par la loi sur la propriété intellectuelle et que cette décision du tribunal administratif peut donc avoir des conséquences pécuniaires non négligeables.

    Ce qui doit être examiné ici, ce sont les conséquences logiques de cette décision si elle était appelée à faire jurisprudence. Plus aucune croix ne devrait donc, en France, rester sur le domaine public. D’où, deux solutions : soit on les enlève toutes, au nom de la laïcité ; soit l’État les vend, avec le bout de terrain sur lequel chacune est implantée. Mais qui aura l’argent nécessaire pour les acheter, d’autant que, Bruxelles et l’Autorité de la concurrence veillant, l’État – ou les collectivités locales – sera tenu de les vendre au plus offrant !

    Compte tenu de la motivation, les conséquences ne s’arrêtent pas là : puisque ce qui est visé ce sont les « symboles ostentatoires de la religion », il est indispensable de faire disparaître les croix, les croissants et les étoiles de David de tous les cimetières de France. Peut-être que cela fera baisser le nombre des profanations. Le gouvernement avait déjà réussi ce qu’aucun dialogue interreligieux n’avait obtenu jusqu’à présent : réunir sous une seule bannière catholiques, juifs et musulmans… contre ce que l’on a appelé abusivement le « mariage pour tous ». Le tribunal administratif de Rennes ouvre donc ainsi la voie à un nouveau rapprochement entre les hommes – et les femmes – de bonne volonté.

    Mais, les conséquences ne s’arrêtent pas là. Car les « symboles ostentatoires de la religion » comprennent aussi les basiliques, les cathédrales, les monastères – le Mont Saint-Michel –, les synagogues et les mosquées… sans compter la pagode de Chanteloup ! Comment peuvent-elles rester sur le domaine public ? L’État va-t-il devoir rendre à l’Église les lieux de culte nationalisés en 1905 ? Ou devra-t-il détruire les monuments les plus fréquentés de France. Au moins, il pourra faire des économies sur le plan Vigipirate puisqu’il n’aura plus à protéger aucun lieu de culte. Cela sera certes insuffisant pour satisfaire les demandes de Bruxelles concernant la réduction des dépenses publiques, mais cela ira du moins dans le bon sens.

    Il faudra aussi faire disparaître de tous les musées publics français les « symboles ostentatoires de la religion ». Comment exposer au public des œuvres de Raphaël, Michel-Ange, Philippe de Champaigne ou même Claude Monet ou Salvador Dali ? On a déjà fait disparaître de l’enseignement de la littérature les œuvres de Racine, alors pourquoi s’arrêter en chemin ?

    Quant à l’Opéra Bastille, il devra désormais faire tomber le couperet sur le final de Faust. Comment accepter en effet qu’une salle subventionnée par un État laïc puisse laisser Marguerite prier « Anges purs, anges radieux, portez mon âme au sein des Cieux » avant que le chœur ne vienne couronner l’œuvre en chantant la conclusion : « Christ est ressuscité » ?

    Reste un autre problème. Comment ne pas être obligé de changer la dénomination des Saint-Etienne, Saint-Raphaël, Saint-Tropez ou encore Saint-Malo, villes dont le nom sont là aussi des « symboles ostentatoires de la religion » ?

    Non, décidément, la décision du tribunal administratif de Rennes ne saurait s’arrêter à la seule statue de saint Jean-Paul II à Ploërmel. Et, puisque la Turquie est un pays laïc à l’image de la France, gageons que demain la Mosquée bleue et Sainte Sophie disparaîtront du ciel d’Istanbul. 

     - Politique magazine

     

  • Histoire & Actualité • La France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux Africains

     

    par Bernard Lugan

     

    46878456-jpeg_preview_large.jpgDans la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France par les partisans du « grand remplacement », la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement la bataille de Verdun, constitue un argument de poids. Son résumé est clair : les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont donc des droits sur nous.

    Voilà qui explique pourquoi ces ardents défenseurs du « vivre ensemble » que sont MM. Samuel Hazard, maire socialiste de Verdun, et Joseph Zimet, à la ville époux de Madame Rama Yade, et en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, ont voulu mettre le sacrifice de millions de Poilus au service de leur idéologie.

    Laissons donc parler les chiffres[1] : 

    1. Effectifs français (métropolitains et coloniaux)

    - Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20% de la population française totale.

    - Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73.000 Français d’Algérie, soit environ 20% de la population « pied-noir ».

    - Les pertes françaises furent de  1.300 000 morts, soit 16,67% des effectifs.

    - Les pertes des Français d’Algérie furent de 12.000 morts, soit 16,44% des effectifs.

    2. Effectifs africains

    - L’Afrique fournit dans son ensemble 407.000 hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de l’armée française.

    - Sur ces 407.000 hommes, 218.000 étaient des « indigènes » originaires du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, soit 2% de la population de ces trois pays.

    - Sur ces 218.000 hommes, on comptait 178.000 Algériens, soit 2,28 % de tous les effectifs français.

    - L’Afrique noire fournit quant à elle, 189.000 hommes, soit 1,6% de la population totale et 2,42% des effectifs français.

    - Les pertes des unités nord africaines furent de 35.900 hommes, soit 16,47% des effectifs.

    - Sur ces 35.900 morts,  23.000 étaient Algériens. Les pertes algériennes atteignirent donc 17.98 % des effectifs mobilisés ou engagés.

    - Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15.87%. Pour importants qu’ils soient, ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de « chair à canon » africaine. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.

    Des Africains ont donc courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Gloire à eux. Cependant, compte tenu des effectifs engagés, il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la victoire. Un seul exemple : le 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments. Les 2/3 d’entre eux étaient formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.

    Autre idée-reçue utilisée par l’idéologie dominante : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre. Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, si la France importa six millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire, elle en importa 170 millions du reste du monde.

    Conclusion  durant la guerre de 1914-1918, l’Afrique fournit à la France 3,5% de toutes ses importations et 5,22 % de ses soldats. Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de les négliger. Mais prétendre qu’ils furent déterminants est un mensonge doublé d’une manipulation.


    Bernard Lugan

    13/05/2016 

    [1] Les références de ces chiffres sont données dans mon livre Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours. Le Rocher, en librairie le 2 juin 2016.

    le blog officiel de Bernard Lugan

  • D’un concert l’autre

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Alpha Diallo est, si l’on en croit sa biographie, un « chanteur français d'origine guinéenne » connu sous le pseudonyme poétique de Black M (M pour Mesrimes, contraction de « Mesrines », en son temps ennemi public numéro un, et « rimes»). S’adressant à ses parents, il dit dans un de ses couplets sur la France : « J´me sens coupable - Quand j´vois tout ce que vous a fait ce pays kouffar » (« Désolé », chanson du groupe de rap Sexion d’Assaut, 2010). M. Diallo ne peut ignorer que ce terme, « kouffar » (en arabe le pluriel de « kafir »), signifie « mécréant » et, par glissement sémantique, est devenu chez nous - chez lui, donc - « cafard ». On appréciera par là les sentiments qu’il éprouve à l’égard de « son » pays. 

    Et on s’étonnera quand même qu’il ait pu être invité à se produire en concert, le 29 mai prochain, à Verdun, en marge des cérémonies commémoratives du centenaire de la bataille. Avant que la mairie ne renonce, M. Diallo assumait son rôle avec une certaine inconscience : « on va s’amuser » répondait-il ainsi au journaliste de L’Est Républicain qui l’interrogeait sur la polémique suscitée par sa venue. M. Ménard dénonçait en effet dans « cette idée d'un concert de rap » à Verdun « le reflet d'une réécriture de l'histoire de France que met en place l'idéologie de gauche depuis des années sous la pression des lobbys immigrés » (Europe 1) et protestait contre ce qu’il appelait une « profanation de la mémoire et, symboliquement, [un] viol de l’histoire. » M. Hazard, maire socialiste de Verdun, se défendait en présentant le chanteur comme « un enfant de la République » (Le Parisien) au succès commercial immense. L’alternative était simple : ou c’était voulu ou c’était pur opportunisme. Dans les deux cas, c’était grave et intolérable. 

    syrie-concert-d-un-orchestre-symphonique-russe-a-palmyre_V001_MMV884432_TFR.jpgUn concert d’un tout autre genre s’est tenu le 5 mai à Palmyre, en Syrie. Un chef d’orchestre, un vrai, un grand, le Russe Valéri Guerguiev, a dirigé dans l'amphithéâtre de la ville antique, l'orchestre symphonique du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. Bach, Prokofiev, Chtchedrine. Ni bruit, ni haine. De la musique. Tout simplement magnifique. Le concert, retransmis en direct par la télévision publique russe, a été salué comme un "extraordinaire acte d'humanité" par le président russe M.Poutine qui a voulu y voir un acte fort pour « la renaissance de Palmyre » et contre « le terrorisme international ». L’initiative étant russe, ce concert a bien évidemment été critiqué par la grande majorité de la presse française, au motif qu’il s’agissait d’une opération de communication. L’objectivité eût consisté à dire que ce concert a effectivement constitué, en dehors de sa qualité artistique incontestable, ou plutôt grâce à elle, une remarquable publicité pour la Russie. On nous dit aujourd’hui que les combattants de l’Etat islamique menacent toujours Palmyre. Espérons n’avoir jamais à regretter que le concert de Palmyre ait été le dernier. 

    « Hommes, ici n'a point de moquerie » : l’avertissement de François Villon, (« Ballade des pendus ») pourrait concerner Verdun autant que Palmyre. Mais là aurait pu s’arrêter, en ce mois de mai, leur égalité « tragique ». Un rappeur à Verdun, Jean-Sébastien Bach à Palmyre : tout était dit. Mais, finalement, le rappeur ne viendra pas et c’est tant mieux.