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  • Société & Education • Professeur de lycée giflé ou la décomposition française

     

    Par   

    TRIBUNE - Une enseignante a été giflée par un élève dans un lycée professionnel de Gagny, mardi 10 octobre. La scène, filmée par un élève, a été diffusée sur les réseaux sociaux. Barbara Lefebvre, qui a enseigné en banlieue, revient sur cette agression [Figarovox, 18.10]. Et elle le fait non seulement de façon descriptive, détaillant les symptômes du mal qui ronge l'école, mais aussi en remontant aux causes structurelles, idéologiques, sociétales et finalement politiques, les plus profondes et les plus générales. Une très belle analyse qu'on ne peut qu'approuver ici et dont on doit saluer le courage intellectuel et la lucidité. Grâce à de tels auteurs, tout de même, une réaction monte peu à peu du pays et une prise de conscience. Ce ne sera pas sans effets. Bravo ! Lafautearousseau

     

    barbara-lefebvre-1_5858139.jpgIl y a quelques jours, dans un lycée professionnel de Gagny, une enseignante était molestée par un élève qui, l'ayant acculée contre le tableau, lui avait asséné une gifle, pendant qu'un autre filmait et que des rires gras résonnaient dans la classe, constituant la désolante bande-son de cette courte vidéo. 

    Cet événement aurait dû rester inconnu de tous, comme tant d'autres violences physiques et psychologiques déployées dans nos établissements de l'école élémentaire au lycée.

    Bien sûr, des experts en violences scolaires expliqueront qu'il s'agit d'un fait marginal, que les médias - et les néo réacs qui gangrènent la société - focalisent sur ces actes isolés à des fins idéologiques indignes de la noble mission de l'école de la République.

    Ces experts sont formels : il ne faut surtout pas répondre à la violence scolaire par un « discours sécuritaire ». Tout est pédagogie, médiation, travail sur soi… Il paraît en effet que l'immense majorité des élèves sont heureux d'aller à l'école. Circulez.

    Quant à ces vieux barbons de profs qui témoignent quasi unanimement, dans les enquêtes de ces mêmes experts, d'un climat scolaire de plus en plus dégradé, il faut leur faire admettre que tout cela ne relève en rien de la crise de l'éducation dont Hannah Arendt avait analysé les contours dès 1954.

    Encore et toujours, c'est la « violence institutionnelle » qui est tenue pour responsable de la crise de l'éducation, c'est la structure bureaucratique et pyramidale de notre Ecole qui génère ces dysfonctionnements créateurs de violences... Les élèves, l'éducation familiale n'y sont pour rien, ce sont des victimes du système, eux aussi. Circulez.

    Les transformations culturelles subies par l'Homo democraticus postmoderne atomisé par la mondialisation et la métropolisation n'ont rien à voir là-dedans non plus.

    Le lycéen qui se croit autorisé à frapper son enseignante (l'aurait-il fait s'il s'était agi d'un enseignant …) révèle l'état de déréliction du corps social où toutes formes d'autorité légitime et de hiérarchie ont été déconstruites avec minutie et délectation par le gauchisme de salon depuis cinquante ans.

    On ne dira jamais à quel point l'acculturation qui sévit dans notre société a été l'arme de destruction massive de nos civilités et de notre morale civique. Sur ce désert culturel ont poussé des plantes toxiques. Cette acculturation s'est traduite depuis presque trois décennies par une montée ininterrompue des violences dans l'école (et logiquement au-delà).

    Violences entre élèves, violences envers les adultes. Certaines de ces violences trouvent leur origine et leur expression dès la petite enfance. Mais le déni continue. Le réel est réduit à rien ou presque rien, il est donc le signe du Rien.

    Les enseignants démissionnent en plus grand nombre chaque année, la plupart d'entre eux n'iront plus au bout de leur carrière et se réorientent au bout de dix ou vingt ans, alors qu'ils devaient tenir presque quarante ans ; on baisse le niveau des concours pour recruter. Mais tout va bien ! C'est pourtant le déracinement de tout ce qui bâtit une culture commune qui a lentement mais sûrement conduit à une dégradation généralisée du climat scolaire dans nos écoles.

    Sans la littérature française d'abord, la rigueur d'une syntaxe et d'une grammaire appuyée sur l'enseignement des lettres classiques ensuite, sans l'histoire enfin, il n'y a pas d'identité commune sur quoi fonder une cohésion sociétale a minima.

    Les quartiers de l'éducation prioritaire sont loin d'être les seuls concernés par les ravages de l'acculturation et des violences induites. Presque partout, on cherche à y échapper en évitant telle école, tel collège, tel lycée. A Paris même, à quelques rues d'écart, une école peut être désertée au profit d'une autre.

    Les stratégies parentales sont toujours plus complexes. Ces stratégies d'évitement ne sont pas la cause du problème, comme l'ancienne ministre de l'Education le faisait croire en culpabilisant les familles, elles sont la conséquence de la dégradation de notre école publique.

    Combien ai-je entendu de parents d'élèves regretter devoir inscrire leur enfant dans le privé, ou le faire domicilier à dix kilomètres du domicile familial s'obligeant chaque jour à d'épuisants trajets. Ils estimaient que l'Education nationale n'était plus en mesure d'assurer la sécurité de leur enfant ou proposer un niveau d'instruction suffisant.

    Ce déracinement culturel a commencé sous la présidence Giscard d'Estaing, le président jeune et moderne, passionné d'Europe et d'ultralibéralisme. Avec lui, ce fut le collège unique : une massification scolaire qui ne rima jamais avec la véritable démocratisation promise. Sous Giscard, les idéologues du pédagogisme furent promus « experts de l'éducation », ils ont ainsi occupé tous les postes clés, de la formation enseignante à la rédaction des programmes et aux instructions qui les accompagnaient.

    Les décennies mitterrandienne puis chiraquienne auront été leur âge d'or, culminant avec le tunnel des ministères Jospin-Lang-Allègre-Bayrou de 1988 à 2002. La droite ne fut pas plus au rendez-vous : hier comme aujourd'hui, l'éducation est un non sujet pour elle. C'est sans doute pourquoi Xavier Darcos a dû souffrir rue de Grenelle, car pour lui c'était « le » sujet.

    La droite ne connaît qu'une solution aux problèmes de l'école : donner aveuglément toujours plus d'autonomie aux établissements, encourager l'Ecole privée, réduire les effectifs (sauf pour les ZEP qui continuent de bénéficier d'une politique de discrimination positive ruineuse pour les contribuables et sans efficacité pour les publics concernés).

    Le ministère a été contraint de s'exprimer sur l'affaire de Gagny. Cela a été fait sobrement, inutile de faire de grands discours. L'Education nationale a dû réagir depuis le sommet de la hiérarchie uniquement parce que le cas a été révélé par la mise en ligne de cette vidéo sordide sur Snapshat et Twitter, véritables poubelles de la sociabilité postmoderne.

    Mais hélas cet événement n'a rien de surprenant. Ce lycée « qu'il ne faut pas stigmatiser » comme l'institution s'évertue à le clamer, avait déjà défrayé la chronique en 2009 quand une vingtaine d'inconnus cagoulés, armés de barres de fer et de couteaux avaient fait intrusion dans l'établissement. Une douzaine d'élèves avaient été blessés lors de la rixe et une enseignante avait été légèrement blessée avec une arme blanche.

    On avait lu, déjà, que ce lycée était formidable, sans histoire, que personne ne comprenait ce qui s'était passé. Des enseignants insultés, physiquement menacés, ce n'est ni rare, ni méconnu de l'institution scolaire. Des élèves harcelés, qui vont en cours la peur au ventre car leurs agresseurs sont dans l'impunité totale, depuis longtemps voire toujours, ce n'est ni rare, ni méconnu.

    Combien d'élèves dissimulent à leur entourage qu'ils vivent un cauchemar entre ces murs ? Jusqu'au matin où ils ne peuvent plus se lever, écrasés par des douleurs psychosomatiques ou des crises de panique.

    Combien d'enseignants gardent pour eux ces violences intra-muros ? Certains de nos collègues, par discrétion, par honte, par peur du jugement de leurs pairs, ont décidé que les murs de leur classe serviraient aussi à enfermer leur secret.

    Quand un enseignant a « des problèmes pour gérer sa classe » comme on dit pudiquement, il trouve rarement du soutien auprès du chef d'établissement qui a, en général, reçu pour consigne (implicite ou non) du rectorat ou de l'inspection académique le fameux « pas de vague ».

    Le soutien est plus fréquent auprès des collègues, mais il en est toujours pour accabler l'enseignant en difficulté en lui reprochant d'en faire trop, de vouloir trop bien faire...

    Ainsi, cette enseignante qui avait confisqué le téléphone portable (raison pour laquelle le lycéen lui aurait asséné la violente gifle) a fait preuve d'autorité, elle voulait incarner le respect de la règle commune. Certains enseignants penseront qu'elle aurait dû fermer les yeux, laisser l'élève envoyer ses texto tranquillement ou supporter la sonnerie intempestive de cet objet qui devrait être interdit dans tous les établissements.

    Il y a encore une décennie, des millions d'élèves allaient à l'école sans posséder de téléphone. Des millions de parents pouvaient supporter l'idée que leur enfant ne serait pas traçable pendant les sept ou huit heures où ils l'avaient confié à l'institution scolaire ! Cet objet est devenu une obligation sociale, une addiction généralisée qui invente des sociabilités, permet les délations, encourage tout à la fois le voyeurisme et le flicage.

    Le smartphone n'a pourtant rien à faire dans l'espace scolaire. Et cette enseignante a eu raison de le confisquer à l'élève.

    C'est aussi par cet objet que son agression fut connue. Peut-être a-t-elle vécu cette publicité comme une humiliation ? Mais en cherchant à faire respecter la règle et aussi une forme de common decency, elle a osé faire ce que tant d'autres ne font plus, soit qu'ils sont accablés par la tâche, soit qu'ils sont devenus les complices des élèves qu'ils considèrent comme leurs égaux.

    Pour ces enseignants-là, l'acte d'éduquer ne relève plus d'aucune forme de verticalité, ne répond plus à aucun ordre hiérarchique.

    Cette horizontalité pédagogique qu'on a cherché à imposer depuis plusieurs décennies ce n'est pas le calme plat, la paix perpétuelle de l'illusion égalitaire. C'est au contraire la mise en équivalence de toutes les passions, de toutes les impulsivités, de toutes les revendications individuelles au nom d'un « droit à » auquel personne ne veut déroger au profit du bien commun.

    La passion de l'égalité en oubliant la transmission d'une culture exigeante pour tous aura décidément conduit l'Ecole de la République dans l'impasse.   

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    Barbara Lefebvre est enseignante et co-auteur de les territoires perdus de la République (Pluriel, 2002-2015) et Une France soumise (Albin Michel, 2017)

  • L’important « capital » royaliste, par Philippe Germain

    Depuis 1924 le duc de Guise était devenu dauphin suite au décès de Montpensier, frère de Philippe VIII. Considérant problématique la restauration de la monarchie, il s’est tout de même concentré sur l’éducation politique de son fils Henri, qu’il considère amené à succéder à son cousin Philippe VIII, sans postérité. Il est donc surpris en 1926 lorsque le duc d’Orléans meurt du choléra au retour d’un voyage. Longtemps simple cadet de la famille d’Orléans et non préparé a cette charge, Guise déclare pourtant assumer ses devoirs de chef de la Maison de France pour une prétendance qui va durer 14 ans. Jean III hérite alors d’un « capital » royaliste puissant car l’Action française de 1925 a atteint trois objectifs stratégiques fondamentaux.

    49804302_100328897741338_603677698065170432_n.jpgTout d’abord l’Action française a réglé la question primordiale de la formation intellectuelle et pratique d’un socle de cadres royalistes, et son organisation en appareil de prise du pouvoir. La preuve par les 12.000 participants a son 7° congrès de 1920 qui lui permettent de ne pas, s’enfermer dans la problématique du recrutement pour lui-même, ce qui déboucherait sur la croissance des effectifs sans réelle efficacité.

    Ces cadres royalistes, l’Action française les a ensuite utilisés à conquérir des pouvoirs dans certains terrains institutionnels ou sociaux, en s’y implantant au travers des courroies de liaison. C’est la conquête de l’intelligence autour de la Revue Universelle ( Jacques Bainville, Jacques Maritain, Henri Massis),le renouveau corporatiste ( Georges Valois), l’implantation paysanne ( Action française agricole)  et l’organisation des anciens combattants ( légion des combattants).

    Enfin sa participation aux élections de 1919 a consacré l’entrée de l’Action française dans la phase de politique effective, au sens habituel du terme. Agir aux abords du pouvoir, mais aussi proposer aux français une alternative de société. Un succès tel que beaucoup d’observateurs purent penser que Daudet prendrait le pouvoir à Paris de la même façon que Mussolini à Rome.

              Revenons sur ce triple succès. Il a reposé sur la capacité de l’Action française à changer sa stratégie «  révolutionnaire  » d’avant 1914. Ayant misé sur le prolétariat comme réserve principale, l’A.F. de 1919 s’est trouvée en porte-a-faux lors du passage de l’anarcho-syndicalisme vers un communisme auréolé de sa victoire russe. Le marxisme, perdu en 1890, est triomphant en 1920. Preuve qu’en politique le désespoir est une sottise absolue et que l’histoire donne toujours à ceux qu’elle condamne une chance de venir en appel devant son tribunal. Par cette victoire du marxisme, l’Action française s’est vu contrainte a stratégiquement se replier sur sa réserve secondaire. Les couches moyennes auprès de qui elle a obtenu un gain d’image de marque suite à son attitude pendant la guerre. Rien de contradictoire à ce changement stratégique car sa philosophie politique ne la lie à aucune classe ou couche sociale privilégiée. De surcroît l’Action française estime qu’il n’y a pas de secteur qui par principe, monopoliserait les potentialités révolutionnaires. Pour elle, le potentiel révolutionnaire n’est le fait de tel acteur social mais celui de sa situation face aux autres. Et en 1919 l’Action française considère que la petite bourgeoisie pourrait entrer «  en réaction  » face au communisme.

              Doctrinalement inentamable, le noyau dirigeant de l’A.F. est moins homogène stratégiquement. Pour les uns, (Plateau, Dimier et Valois)  une couche sociale est utile en ce qu’elle risque d’agir à moyen terme, comme un détonateur. L’important c’est le risque de rupture qu’elle constitue pour le système car les couches sociales en régression sont souvent amenées à radicaliser leur opposition pour survivre (les Gilets Jaunes en 2018). Elles deviennent alors des sources d’agitation permettant de déclencher par conjonction de mécontentements une crise institutionnelle susceptible d’être exploitée. Cette vision «  illégaliste  » ne l’emporte pas en 1919.

                Pour les autres (Daudet, Maurras et Pujo) l’essentiel c’est l’importance du pouvoir social de la petite bourgeoisie  ; d’ailleurs couche en régression[1] depuis 1917. C’est pourquoi, forte d’un important crédit dans l’opinion publique au sortir de la guerre, l’A.F. décide tactiquement d’une utilisation électorale de cette couche sociale, afin de pénétrer le régime de l’intérieur. Une conquête des abords du pouvoir par l’entrisme parlementaire pour favoriser une réaction nationale. Celle-ci devant aboutir à une restauration monarchique car la ligue et son journal lanceraient dans l’opinion, l’homme qui porte les espérances (prétendant ou homme providentiel  : Poincaré – général Mangin), et constitue le recours à la crise. Cette «  moyen légal  » a eu l’appui du duc d’Orléans.

              Élu, Daudet crée un groupe parlementaire charnière lui permettant de proposer des solutions pour la France et ainsi situer le royalisme dans l’opinion publique. Cette phase de conquête des abords du pouvoir nécessite de peser sur le gouvernement par des actions force de proposition ou force de menace. Daudet va donc insérer, idéologiquement et politiquement l’A.F. dans les problèmes majeurs de la période. Par son «  spectacle  » parlementaire, il exerce une action décisive sur le pouvoir. L’Action française passe ainsi en 1921 pour avoir permis le rétablissement des relations avec le Vatican. Elle devient en 1922, le «  tombeur  » du Président du conseil Aristide Briand et en 1923 responsable de l’occupation de la Ruhr par l’armée française. Parallèlement  l’A.F. se crée une nouvelle image de marque en imposant dans la lutte idéologique le choix monarchie ou socialisme. Et ce au moment ou Mussolini en Italie, impose face au communisme une dictature monarchiquement compatible.

                Ce succès, reposant sur la tactique du prolongement artificiel de l’Union sacrée et celle du refus de la politique du pire, inquiètent[2] le pays légal. La hantise républicaine du complot le conduit alors a une répression féroce au travers le bras anarchiste (antifa, Black blocs de 2019). Début 1923, c’est l’assassinat du secrétaire général de l’A.F. Marius Plateau par  Germaine Berthon. Le pays légal camoufle l’implication policière. C’est ensuite la mort maquillée en suicide de Philippe, fils de Léon Daudet, chez le libraire anarchiste Le Flaouter (l’amant de Berthon). Pourtant la stratégie des moyens légaux n’est pas remise en cause et Daudet explique que le coup de force n’est plus envisagée qu’en cas de nécessité puisqu’il peut agir beaucoup plus efficacement de l’intérieur. Effectivement Poincaré (que Maurras rencontre tandis qu’il mise sur l’affectation du général Mangin[3] comme gouverneur militaire de Paris !) a obtenu les pleins pouvoirs grâce aux voix de Daudet. Malgré la répression, l’A.F. est à son apogée. Elle inquiète tant que Daudet est lâché par le bloc conservateur, et donc non réélu en 1924.

              Reculant sur la phase de conquête légale des abords du pouvoir, l’Action française va modifier les objectifs de sa phase de conquête des pouvoirs sociaux. Sur la suggestion de Georges Valois l’A.F.  décide adresser le terrain des anciens combattants, bafoués par une paix faite pour des intérêts particuliers tandis que l’État fléchit sous la pression ploutocratique. A partir de ses articles dans l’A.F. quotidienne, il publie son ouvrage La Révolution nationale  : philosophie de la victoire (1924). S’appuyant sur l’Union des Corporations Française il lance avec Daudet, une campagne de propagande réclamant la convocation d’États Généraux. En accord avec Maurras un hebdomadaire est crée (Le Nouveau siècle), pour servir de support aux diverses formations qui gravitent autour de l’A.F.  Puis est lancée la création de Légions destinées à rassembler les combattants pour lutter contre le parlementarisme. Pour le noyau dirigeant de l’A.F. cette nouvelle ligne répond à deux objectifs  ; d’abord faire jouer[4] à Valois auprès des anciens combattants le rôle qui lui avait été confié jadis auprès du monde ouvrier, mobiliser un important secteur de l’opinion avec lequel il possède des affinités particulières. Ensuite répondre au mécontentement de ses activistes, suite au refus de «  marcher  » sur la place Beauvau lors des obsèques de Plateau alors que les Camelots du Roi de province étaient présents à Paris, sans oublier les nombreux anciens combattants (probablement près de cent mille sympathisants). D’autant qu’après Plateau et Philippe Daudet, le trésorier de l’A.F. Ernest Berger à aussi été assassiné par une anarchiste (Maria Bonnefoy). Maurras rencontre donc le duc de Guise le 1 juin et Valois le 9 juin 1925. Ancien ambulancier du Front, le duc est sensible à l’approche ancien combattants de Valois tandis que son fils Henri est receptif au discourt social de celui que Lénine considéra comme le meilleur économiste occidental.

              Le 27 mars 1926 lorsque le duc de Guise devient prétendant, il est soutenu par son épouse, partisane passionnée de la restauration monarchique et de l’Action française. Son fils croie en son destin. Son capital de partisans comprend l’Action française appuyée sur la bourgeoisie et les catholiques mais aussi le jeune  Faisceau rassemblant quelques 30.000 anciens combattants de tous les horizons regroupés autour d’un fort noyau monarchiste.  Que va donner la prétendance de Jean III  ?


    [1]La régression de la classe bourgeoise commence en 1917, voir Pierre Debray, Une politique pour le XXI° siècle – Une Action française au service de l’avenir, pages 61-65, Éditions de Flore, 2019.

    [2]On ignore que Maurras entretient une correspondance et rencontre le Président de la République Poincaré tandis que Daudet dispose encore de ses réseaux policiers mis en place depuis 1917.

    [3]Pendant la grande guerre Pétain avait prévenu Mangin : « Vous êtes considéré comme suspect. »

    Après la guerre, Mangin commande après la zone d’occupation et favorise le mouvement séparatiste visant l’établissement d’une République rhénane liée à la République française. Clemenceau le suspend de son proconsulat en 1920, sur injonction des Anglo-Saxons. Mangin a rapporté leur échange : « Et puis … avec ce que vous avez fait … une armée … quelle tentation pour la politique !  »

    [4]Malgré ses approximations, voir Zeev Sternell, Ni droite, ni gauche – l’idéologie fasciste en France, Seuil, 1983, pages 115-117.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : la journée d'hommage du 1er septembre 2012 (2/5)

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les deux dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; nous passerons cette semaine-ci avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montrera bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Ce que fut la journée d'hommage du 1er septembre 2012, soixantième anniversaire de la mort de Maurras, dans le jardin de sa Bastide du Chemin de Paradis, à Martigues (2/5) :

    A Martigues : la Messe, le repas et l'après-midi d'hommage dans le jardin...

     

     

    A Martigues (I), la Messe : La Messe était prévue à 11h15. Pour honorer sa promesse d'être à Martigues ce 1er septembre, d'y célébrer et d'y prononcer l'homélie - ce qu'il fit - l'Abbé Guillaume de Tanouärn, en Pologne la veille, dut prendre trois avions ! Pas plus que l'homme n'est maître du mistral, il n'est maître des contraintes horaires et des retards...

    abbé de tanouarn.jpegOn attendit donc le célébrant, occasion de se retrouver entre vieux amis et d'accueillir de nouveaux venus, de nouveaux visages : on venait de Paris (Georges Rousseau et son épouse...), de Nice (Gérard de Gubernatis...), de Perpignan, du Languedoc (Henri Bec et son épouse, Pierre Daudé...), d'Aix, de Ventabren, de Marseille... et bien sûr, de Martigues : avec la présence des Anciens (des "Avi", comme les chantait Mistral), on côtoyait ceux qui avaient connu Maurras, pour qui il n'était que "Charles", tout simplement; et ces anciens retrouvaient trois frères, les petits-fils de leur ami et parent Émile, qui fut l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française de Martigues : Tradition, transmission...

    Enfin l'abbé de Tanouärn  arriva, célébra et prononça son homélie : il y évoqua, entre autres, la grande et belle figure de l'abbé Penon - qui devait devenir évêque - et qui tendit la main au tout jeune Charles, atteint d'une très sévère déficience auditive (voir le bel ouvrage d'Axel Tisserand : Dieu et le roi : Correspondance entre Charles Maurras et l'abbé Penon (1883-1928) - Privat).

     

     

    A Martigues (II), le repas de "midi", presque à l'heure espagnole !

    Heureusement, Martigues n'est pas si grande, et le restaurant est à un jet de pierre de "la cathédrale" (c'est ainsi que les martégaux appellent, volontiers, l'église de l'Île, ou de la Madeleine) : une trentaine de mètres, tout au plus, sur ce magnifique "miroir aux oiseaux", quai Brescon, qui est le quai natal de Charles Maurras. Celui-ci est né dans une maison très étroite, située exactement à l'autre extrémité (ouest) de ce quai, dont vous voyez ici l'extrémité est, et qui s'étire en forme de parenthèse, regardant vers le sud...

    1680x675.jpgLa centaine de convives ne put ni manger en terrasse, évidemment (sauf quelques amis arrivés un peu après, comme Danièle et Michel Masson...), ni même prolonger ce bon moment, vu le retard pris par la Messe; il n'empêche : répartis en une douzaine de tables, par groupes de six à douze, dans ce restaurant à plusieurs niveaux à l'intérieur, le temps du déjeuner fut fort chaleureux, et Nicole Maurras, passant de table en table pour s'assurer que tout allait bien, voyait qu'effectivement, "tout allait bien"... 

     

    A Martigues (III), dans le jardin du Chemin de Paradis : Heureusement, la partie du jardin où était prévue l'évocation forme un espace relativement protégé : la sono a pu ainsi "tenir", malgré le "vent furieux", et les paroles être entendues, et enregistrées.

    C'est un Jacques Trémolet de Villers lyrique et chaleureux qui prit la parole en premier : venu en voisin de sa chère Corse, il enchanta l'auditoire en présentant avant tout et surtout, et d'abord, Maurras poète, car Maurras était poète, et il était poète parce qu'il aimait, comme le dit également Thibon dans l'extrait magistral que donne de lui le récent Cahier de l'Herne...

    1680x675.jpgOn ne s'étendra pas ici sur les interventions, puisque vous les écouterez dans la vidéo de vendredi; et vous avez même pu lire la deuxième d'entre elles, celle de Jean-François Mattéi, la semaine passée : lui qui, d'habitude, improvise, s'en est tenu, cette fois-ci, à ses notes; et, comme il nous l'avait promis samedi, il vient de nous envoyer le scripte de sa magistrale réflexion, dans la quelle il rebondissait sur les propos de Jacques Trémolet de Villers et se livrait également à une fine analyse des neuf contes du livre de Maurras Le Chemin de paradis.

    A la suite de Jean-François Mattéi, Jean-Baptiste Donnier se montra, une fois de plus, clair et rigoureux, comme il nous y a habitués à chacun des Cafés politiques où il est intervenu.

    Enfin, il appartenait à Hilaire de Crémiers de conclure, en revenant lui aussi sur ces neuf contes du Chemin de Paradis, dont on sait qu'il en propose une analyse très fine et très érudite (analyse que nous relayons dans l'une de nos Pages).

     

    A Martigues (IV), à la Villa Khariessa : où règne le souvenir de Maurice Pommé, fervent admirateur et disciple fidèle de Maurras.

    Les meilleures choses ont une fin. En l'occurrence, le mot "hélas" est bien le seul qui convienne ! Il a bien fallu finir par se résoudre à quitter ce jardin presqu'enchanté, ces intervenants enchanteurs.

    1680x675.jpgLa dernière séquence avait été programmée Villa Khariessa, et permit à tous de se retrouver une dernière fois - pour cette fois... - de partager encore quelques instants d'amitié, de sympathie, de bonheur simple, dû à la réussite de cette journée que l'on venait de vivre. 

    On était tout au bord de l'Etang de Berre, à un jet de pierre de ces "deux frères" qu'évoque Maurras dans son magnifique poème Où suis-je ? : "..de la conque de Fos aux Frères de La Mède / Laissez-moi chanter : Je suis vous !"

    C'est d'ailleurs "en poésie", et par ce poème, Où suis-je ?, puisque l'on a tant parlé de Maurras poète, que nous finirons notre récit de cette magnifique journée. On mesurera encore mieux la beauté de ce poème lorsqu'on y verra la force d'âme de l'homme : Maurras écrit ce poème en 1945, après avoir été injustement condamné; il sait qu'il ne reverra plus jamais "son" Martigues, sa maison, son jardin...

    Mais il écrit : 

    Ce petit coin me rit de toutes de les lumières
    De son magnifique soleil ;
    Ô mon Île natale, ô jardin de Ferrières,
    Qui fleurira sur mon sommeil,

    C’est peu de vous crier que mon cœur vous possède,
    Mon Martigues plus beau que tout,
    De la conque de Fos aux Frères de la Mède,
    Laissez-moi chanter : Je suis Vous !

    Mes cinq arpents de fruits, de fleurs, d’herbes arides,
    De pins dorés, de cyprès noirs,
    Et ma vieille maison que nul âge ne ride,
    Est-il besoin de vous revoir ?

    Que l’agave, métèque aux écorces barbares,
    Dise à sa fleur qui le tuera
    D’arborer notre deuil tant qu’une grille avare
    De ses barreaux nous couvrira !

    Mais vous, mes oliviers, vous, mon myrte fidèle,
    Vous, mes roses, n’en faites rien ;
    Je n’ai jamais quitté nos terres maternelles,
    Frères, Sœurs, vous le savez bien !

    Vous vous le murmurez au secret de vos branches,
    Nous sommes nés du même sang,
    Et ma sève est la vôtre et nos veines épanchent,
    Dans un tumulte éblouissant,

    La forme ou la couleur que, pareillement belles,
    Fomenta le plus beau des dieux ;
    Quand, surgeons d’Athéna, de Cypris, de Cybèle,
    Il nous nourrit des mêmes feux

    Dont il brûla mon cœur et qui m’emportent l’âme
    Pour la ravir de ciel en ciel,
    Partout où retentit sur un verdict infâme
    Le grand rire de l’Immortel.

     

    A suivre, demain : un intéressant et émouvant reportage photo, qui vous permettra de voir les lieux où s'est déroulé l'hommage, et les visages de certain(e)s ami(e)s disparu(e)s...

    lafautearousseau

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : la journée d'hommage du 1er septembre 2012 (3/5)

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les deux dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; nous passerons cette semaine-ci avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montrera bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Ce que fut la journée d'hommage du 1er septembre 2012, soixantième anniversaire de la mort de Maurras, dans le jardin de sa Bastide du Chemin de Paradis, à Martigues (3/5) :

     

    Aujourd'hui : Petit reportage photo, où l'on retrouvera des ami(e)s qui nous ont quittés depuis...

     

     

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    L'extrémité est du Quai Brescon, ou "Miroir aux oiseaux", le quai natal de Charles Maurras... Le quai s'étire d'ouest en est, avec la forme d'une parenthèse : la maison natale de Maurras est située à l'autre extrémité, ouest, du quai, exactement à l'opposé de cette vue. 

     maurras,martigues

    Avant la messe : Jacques Davin (de face, veste blanche) en grande conversation avec Jean-Louis Hueber, son épouse (en rouge) et le frère de celle-ci, Richard Gaud, derrière elle...

     

    maurras,martigues

    Jacques Trémolet de Villers sourit à Joël Broquet et son épouse, Jean-Louis Hueber serre une main, Richard Gaud est avec sa soeur, Hilaire de Crémiers devant la porte d'entrée...

     

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    Grande conversation entre Jacques Davin, à gauche, et Jean-Louis Hueber de face...

     

    maurras,martigues

    En attendant l'Abbé Guillaume de Tanouärn : au premier rang, Nicole Maurras, à l'extrême gauche du premier banc; derrière elle, Jean-François Mattéi avec, à sa droite, Jacques Trémolet de Villers...

     

    maurras,martigues Amies, parentes, alliées, de vieilles familles martégales se sont retrouvées pour l'occasion : les Salomon, Antelme, Meiji, Gallet, Davin... On a transpercé le temps et, à travers les générations, on a fait la jonction symbolique avec les Anciens qui ont connu et aimé Maurras, et pour qui il était, tout simplement, "Charles"... Marie-Claire Salomon a revu les trois frères Davin, fils et petits-fils de Camelot du Roi, dont le grand'père, son ami et allié Emile, père de Pierre, fut l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française de Martigues...

    maurras,martigues

    Arrivé de Pologne, après trois avions, l'Abbé de Tanouärn officie et prononce l'homélie...

    maurras,martigues

    Malgré le mistral, "sixième beauté de Martigues" tout de même, selon Maurras, on s'attarde quelques instants devant "la cathédrale" : à droite, de dos, veste bleue, Pierre Matarèse; au centre, Jean-Baptiste Donnier s'entretient avec Dominique Paoli (de dos, veste rouge); Joël Broquet est au fond, à gauche, devant le pilier de gauche...

    maurras,martigues

    Jean-Baptiste Donnier et Laurence de Crémiers; de dos, à gauche, Mme Berret...

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    Hilaire de Crémiers et Auguste Berret

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    Venus de Paris, Georges Rousseau et Suzanne Loetscher...

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    Auguste Berret et son épouse.

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    Dans l'une des salles du restaurant : debout, au téléphone, Philippe Kaminski, animateur de l'indispensable site Maurras.net ; assis, Jean-Louis Hueber, Richard Gaud, sa soeur Sylvie Hueber, Jacques Davin, de dos...

    maurras,martigues

    Deux autres salles, ci-dessus et ci-dessous : à droite, ci-dessous, Guy Brocard et Brigitte Montignon, venus d'Aix en Provence; debout, veste rouge et de dos, Dominique Paoli en discussion avec André Latil; à gauche, veste sombre et cravate, Serge Antelme, dont la maison se trouve à un jet de pierre de celle de Charles Maurras, à Ferrières...

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    Jacques Trémolet de Villers avec, à sa droite, Nicole Maurras. En face d'eux, Franck Charriol et son épouse...

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    Jean-François Mattéi et Marie-Louise Dujol, au fond, devant la fenêtre...

    maurras,martigues Presque immuable, presque hors du temps, le Martigues des pêcheurs...

    maurras,martigues

    Juste avant le début des interventions, dans le jardin du Chemin de Paradis : le mistral n'empêchera pas la sono de fonctionner, ni les images et les sons d'être captés : Nicolas Balique, de RFI, est aux commandes... Satisfaction d'Hilaire de Crémiers, qui aime à répéter "Maurras m'est à coeur..." et qui propose une analyse fine et érudite des Contes du Chemin de Paradis...

    maurras,martigues

    Paul Lombard, maire communiste de Martigues, n'avait pas hésité à venir en personne "chez" Charles Maurras, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques Maurras : certains devraient réviser leurs "classiques". Étonnons ceux qui connaissent mal Maurras : il avait, lui-même, prévu la place du Parti Communiste, dans le comité qui, selon lui, devait gérer, après lui, sa maison...  

    maurras,martigues

    Henri Bec et les Hueber semblent passionnés par ce que leur montre François Davin (casquette)...

    maurras,martigues

    Dominique Paoli "lance" les interventions et annonce Jacques Trémolet de Villers, Jean-François Mattéi, Jean-Baptiste Donnier, Hilaire de Crémiers.... Jean-Louis Faure aura ce commentaire : "Je n’ai pu assister qu’à la seconde partie de l’événement.
    Après midi de féérie, hors de temps, fasciné par quatre authentiques savants, qui nous ont fait voyager, chacun selon leur sujet, de l’Antigone de Sophocle au désespérant 20ème siècle, au travers de la poésie d’un grand français..."

    maurras,martigues

    Nicole Maurras souhaite à son tour la bienvenue aux quatre intervenants et souligne l'action de la Municipalité de Martigues pour l'entretien de la maison...

    C'était "avant"...

    maurras,martigues

    C'est un Jacques Trémolet de Villers éblouissant, lyrique, émouvant, qui rendit le premier de ces quatre magnifiques hommages au maître de Martigues...

    maurras,martigues

    Après vint le philosophe, qui parla de sagesse, de poésie, d'amour : les intervenants se trouvaient tout à côté du "petit logis de pierre" contenant le coeur de Maurras (son corps est à Roquevaire, dans le caveau familial); sur ce logis court un bandeau de marbre avec un vers d'Euripide, pour lequel Jean Moréas a proposé la traduction suivante : "Hélas, que le soleil est beau..."; et, en dessous, deux vers de Mistral, à la fin de Miréio : "...La mar, bello plano esmougudo, / Dou paradis es l'avnegudo..." ("la mer, belle plaine frémissante / Du paradis est l'avenue...")

    maurras,martigues

    Avec Jean-Baptiste Donnier, c'est le juriste rigoureux qui s'exprime, en un exposé clair, solide, convaincant : "Maurras est un bon guide parce que Maurras est un penseur moderne; mais c'est un critique moderne de la modernité; Maurras représente, je crois, l'autre versant de la modernité; l'autre modernité possible". Notre société, aujourd'hui, gagnerait à s'en inspirer...

    maurras,martigues

     Hilaire de Crémiers a la lourde tâche de "passer" en dernier, après trois intervenants qui ont enthousiasmé l'assistance : il reprend, prolonge et approfondit ce qui a été dit sur le Maurras poète, sur les vers de Mistral, sur les neuf Contes du Chemin de Paradis, dont il est - on l'a dit - un passionnant commentateur...

    maurras,martigues

    Une partie de la salle de la Villa Khariessa : au premier rang, Henri Bec et (pantalon blanc) Gérard de Gubernatis : bientôt quarante-cinq petits enfants, "bon pied, bon oeil" et "Camelot un jour, camelot toujours !"...

  • 28 février 2007/28 février 2020 : lafautearousseau a treize ans; treize ans, nous l'espérons, de bons et loyaux services

    « Tout ça pour ça ! »

     

    lfar flamme.jpg28 février 2007 - 28 février 2020

    Lafautearousseau a treize ans...

     

    C'est en effet le 28 février 2007 que fut mise en ligne la première note de ce qui allait devenir notre quotidien royaliste sur le net. 

    Avec Lafautearousseau, l'Action française disposait ainsi, à nouveau, d'un moyen d’expression quotidien, et ce, pour la première fois depuis 1944, année où une période de « Terreur » dénatura et souilla la libération du territoire national et permit aussi aux « révolutionnaires » d’alors de dépouiller l’Action française de ses biens (notamment son imprimerie) et d’interdire purement et simplement la parution du quotidien fondé en 1908, qui avait été l’une des gloires de la presse française.

    Bien sûr, notre quotidien ne prétend pas lui être comparé.

    Mais, en premier lieu, à l'exemple de l'Action française, il propose tous les jours de l’année, une ligne politique claire sur tous les sujets touchant aux grands intérêts de la France, sur le double plan intérieur et international (immigration, terrorisme, économie, culture, justice, institutions, grands enjeux géopolitiques...). Cette ligne politique d’Action française nous la proposons soit directement, à travers nos propres analyses, soit en les confrontant aux articles et réflexions de différentes autres publications, en y adjoignant nos commentaires. Ainsi, nos positions se dégagent souvent de riches débats…   

    Et nous le faisons dans l’esprit de L'Action française – un esprit « réellement d'opposition, c'est-à-dire prêchant ouvertement la subversion du régime » (Léon Daudet). Une subversion du régime ou du Système non pour elle-même, non par esprit révolutionnaire, mais pour « restaurer (au sens de Pierre Boutang) l’ordre légitime et profond ».

    Quels sont nos autres objectifs ? A quoi servons-nous encore ? Voici :

    Contribuer à faire connaître le Prince, et notre Famille royale, rendre compte de ses activités, de sa pensée, de sa vie familiale et publique, de sa présence sur le sol français, de sa participation à la vie nationale. Pour susciter envers le Prince un courant de sympathie, d'estime et d'affection, et préparer cet appel, ce recours au Prince qui ne manqueraient pas d’apparaître nécessaires aux Français si des circonstances graves l’exigeaient. Circonstances graves dont, de toute évidence, nous ne sommes pas très éloignés.
     
    Servir de caisse de résonance aux activités royalistes partout en France. L'on s'aperçoit alors qu'il y en a beaucoup ... Lafautearousseau (ainsi que ses pages Facebook et son compte tweeter) annonce et rend compte de toute activité importante (colloque, réunion, manifestation, actions militantes, etc.) organisée par ceux que nous considérons comme des amis, c'est à dire aux deux seules conditions que les dites activités se fassent dans la fidélité à la tradition, à la pensée, à la doctrine de l'Action française, et dans la fidélité au Prince et à la Famille de France.
     
    Servir - on nous passera l'expression – de « boîte à outils » ou, pour mieux dire, de riches et précieuses archives, à tous ceux qui veulent travailler à penser clair et marcher droit, et qui peuvent piocher à volonté dans cette véritable malle au trésor, où se trouve stockée, pour aujourd’hui et pour demain, une partie importante de la mémoire, de l’héritage, de l’Action française. Et ce, sous diverses formes (Grands textes, Albums, vidéos anciennes et récentes, dossiers et Pdf à télécharger librement, sans compter plus de 15.000 articles, des milliers de commentaires...
     
    • "Servir" en proposant les Ephémérides pour chaque jour de l'année, parce que nous avons décidé, dès la création du quotidien, de donner une large part à la Culture; parce que nous n'imaginons pas que des militants royalistes ignorent, ou connaissent mal, ou trop peu, leur Histoire; et parce que nous n'imaginons pas de proposer aux Français un régime politique - la Royauté - sans faire référence explicite à l'authentique politique de civilisation qu'a menée, dès ses origines, cette royauté : on verra par là que, ce que nous voulons, est bien plus que la ré-instauration d'un type, d'un mode de gouvernement et de gestion des choses et des gens, mais une Royauté au service de ce que Pierre Boutang appelait « l'ordre légitime et profond »; une Royauté qui n'ampute pas l'homme de sa dimension verticale et transcendante mais qui, bien au contraire, le place dans les meilleures conditions pour accomplir son devoir, ses devoirs. 
     
    Servir, enfin, à maintenir une liaison, une cohésion, et donc une unité, entre membres – anciens ou nouveaux car nombreux sont ceux qui arrivent – d’une même famille d’esprit. Cet ultime service que nous tentons de rendre – avec quelque succès ! – n’est sans-doute pas le moindre.

    Au compteur, donc, pour l'instant, treize ans de militantisme au quotidien.

    Et maintenant ?

    La réponse est claire : aussi longtemps que nécessaire, on progresse et on continue !

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    Rapide petite histoire de lafautearousseau...
     
    C'est en effet le 28 février 2007 qu'a été "envoyée" notre première note, et qu'a débuté l'aventure de lafautearousseau. Intitulée "La question de fond", il s'agissait - dans cette première note - de dresser une sorte de bilan, à grands traits, de l'état dans lequel se trouve la France deux cent quinze ans après la rupture imposée par la Révolution.
     
    Et de poser cette simple question: Tout ça, pour ....ça ?

    Irrégulier d'abord, le rythme de publication des notes est devenu "quotidien" à partir du 30 juillet 2007, puis il est passé à deux notes par jour à partir du 8 février 2008 (avec une note brève, "Ainsi va le monde", signalant une tendance, un fait, un propos intéressant ou significatif, tiré de l'actualité immédiate...; suivie d'une note plus étoffée, traitant plus à fond d'un sujet important, de nature très variée...

    Ensuite sont venues les Ephémérides, puis plusieurs autres rubriques, notamment celle recensant les Activités partout en France, et la publication d'Albums, de Grands Textes, de Documents au format PDF, de Vidéos etc...

    Sans oublier, bien sûr, l'ouverture de notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste, puis de notre Compte Twiter A.F. Royaliste...

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    Voici, à titre de document d'archive en quelque sorte, l'intégralité de notre première note : 

     

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    Mercredi, 28 février 2007

    "LA" question de fond...

    Comment en sommes-nous arrivés là ? La République a pris une France en bon état, elle nous laisse une France au plus mal... nous étions le pays le plus peuplé d'Europe sous Louis XV et Louis XVI, nous avons été rattrapés puis dépassés par les autres. Notre vitalité démographique a été brisée par les saignées effroyables directement liées à la Révolution et à la République : 800.000 morts (Révolution); 1.500.000 morts (folles guerres napoléoniennes); 500.000 habitants perdus en 1815 à cause des Cent jours, dernier mauvais coup porté à la France par l'orgueil délirant de Napoléon; I.5OO.000 morts en 14/18 et 600.000 en 39/45; total: 4.900.000 français "évaporés", disparus, sortis de l'Histoire par les conséquences directes ou indirectes de l'irruption des idées révolutionnaires et des politiques aberrantes des différentes républiques. Quel pays pourrait-il supporter de tels traumatismes à répétition ? La France y a perdu une part importante de sa substance, au sens fort du terme (physique, pourrait-on dire)...

    Et que dire du rayonnement de la France, de l'attrait universel que sa culture, ses Arts, sa civilisation exerçaient sur l'Europe entière, et bien au delà: tout le monde nous enviait et nous imitait sous Louis XV et Louis XVI : le Roi de Prusse commandait ses armées en français; Mozart commençait ses lettres à son père par "Mon cher père"; les écrivains russes parsemaient leurs ouvrages de mots français, et parfois de phrases entières; on construisait Washington (symbole d'un pays nouveau) en s'inspirant ouvertement du classicisme architectural français; presque tous les dirigeants européens se sont fait construire leur petit Versailles; dans tous les domaines, c'était la France qui donnait le ton, c'était vers Paris que convergeaient tous les regards: la France royale avait su amener la société à son plus haut degré de raffinement, et nous connaissions alors ce qu'était "la douceur de vivre"... : la France en est-elle toujours là aujourd'hui ? Séduit-elle toujours autant ? Tient-elle la même place, ou d'autres que nous donnent-ils le ton...?

    Comment ne pas être frappé par la dégradation effarante du moral des français, de leur "mental" ? Nous étions optimistes sous Louis XV et Louis XVI, car avec nos 29 millions d'habitants nous étions le mastodonte démographique de l'Europe, dont nous étions également, et de très loin, le pays le plus étendu: cette double sécurité nous rendait foncièrement optimistes, et c'est de cette époque que date ce dicton selon lequel "en France, tout finit par des chansons": aujourd'hui nous sommes un peuple frileux, qui doute, et qui est le champion d'Europe incontesté de la consommation d'anti-dépresseurs; et que dire de notre situation économique et de notre richesse: entre le quart et le tiers de notre patrimoine artistique a été détruit par la Révolution; notre pays ne cesse de reculer au classement mondial des performances, cependant que l'appauvrissement et la précarité ne cessent de s'étendre parmi nos concitoyens; la violence et l'insécurité (dans tous les domaines) ont littéralement explosé et sont devenus des réalités tristement quotidiennes; la classe politique est très largement discréditée - même si un grand nombre d'élus ne méritent pas de reproches particuliers - et l'opinion publique se détache de plus en plus de la "chose publique", n'ayant plus d'espoir en l'avenir et se laissant aller à un pessimisme nouveau dans notre Histoire...

    Comment se fait-il donc, qu'en partant du pays le plus riche et le plus puissant d'Europe on en soit arrivé à un résultat aussi catastrophique et aussi désolant ? Puisqu'on a appliqué à ce pays la plus merveilleuse des constructions intellectuelles qui soient, puisqu'on l'a régi en fonction des meilleurs principes qui aient jamais été inventés, en toute logique ce pays n'a pu que passer du stade de super puissance qui était le sien à celui de super puissance démultiplié ! Nous devons donc nager dans le bonheur... sinon: cherchez l'erreur ! Il est vrai qu'avec le conformisme que fait régner la république, un conformisme qui n'a jamais été aussi fort chez nous et qui confine à l'étouffement de la pensée, nos concitoyens ont du souci à se faire: dire que nous vivons sous le règne du politiquement correct, de la police de la pensée, du conformatage de l'opinion ne relève même plus du constat mais de la banalité. Qu'on se souvienne de la grande liberté de ton, de parole, d'action dont nous jouissions sous Louis XV et Louis XVI, et une seule question vient à l'esprit: tout ça, pour... ça ?

    Avec, si rien n'est fait, l'effacement continu, la disparition progressive de la France, sa sortie prochaine de l'histoire, du moins en tant que grande puissance, voire puissance tout court...

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    lafautearousseau

  • Les secrets de l'Islamisme (2ème partie) (7), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le septième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    DE LA DECOLONISATION A L’ISLAMISME

    ÉTAT D'URGENCE EN FRANCE FACE A L'ISLAMISME RÉVOLUTIONNAIRE. Attentats à PARIS, Charlie-hebdo,etc. Otages, exécutions, guerres, islamisme font en ce moment la une .La France aussi embarquée dans ce tourbillon sanglant. Présenté au Parlement Européen.

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/8/e3b3c85e-e513-447d-9c67-223f3d95f844.mp3

     

    Attentats à PARIS , à CHARLIE-HEBDO, Hyper-Cacher, Air-Products,etc. Otages, exécutions, guerres, islamisme font en ce moment la une de l’actualité. Et la France est aussi embarquée dans ce tourbillon sanglant. Il peut être utile de savoir comment nous en sommes arrivés là et examiner quelques pistes pour en sortir. Voici quelques réflexions dont nous avons présenté les grandes lignes dans un colloque au Parlement Européen.

    2° Les suites de la décolonisation dans les pays arabes.

    De nombreux pays arabes eurent dans un premier temps un gouvernement de transition notamment avec un roi. Cependant souvent ces régimes d’indépendance ont été considérés comme des survivances des temps anciens (monarchies,..) ou comme ayant collaboré et étant soutenus par les anciennes puissances coloniales. Certains de ces gouvernements ont été remplacés - pacifiquement (comme ce fut le cas du bey de Tunis) - ou avec un coup d’état militaire (Egypte, Irak, Libye,…) par des gouvernements laïques et socialisants inspirés ou soutenus par les pays communistes. Depuis les années 1950 jusqu’aux années 1970 la plupart des pays arabes qui avaient un tel gouvernement traditionnel ou de transition ont vu leurs souverains renversés par des capitaines ou des colonels lors d’une révolution militaire. Seuls pays qui ont résisté à cette vague ont été la Jordanie et le Maroc. Et ce malgré de nombreux attentats. Jusqu’à aujourd’hui les mêmes dynasties sont encore à la tête de ces deux nations. Seules les monarchies pétrolières (qui n’avaient que très peu de citoyens, auxquels on pouvait donner des privilèges fabuleux) ont résisté sans trop de difficulté. Par contre la plupart des autres pays arabes sont devenus des états laïques et plus ou moins socialistes. La religion n’étant donc plus une partie principale de l’Etat et de la nation. Les deux exceptions de la Jordanie et du Maroc peuvent aussi se comprendre par le côté religieux du roi de Jordanie et le fait que le roi du Maroc soit descendant du Prophète et Commandeur des croyants (comme dans la tradition ancienne des sultanats et califats qui existait dans les pays musulmans arabes ou turcs, du Moyen Âge aux siècles récents, en soudant le politique au religieux ou vice-versa). Hormis ces deux exceptions la plupart de ces nouveaux régimes se sont développés en regardant soit vers le bloc communiste, soit vers l’Occident capitaliste, mais dans les deux cas en mettant de côté la religion (au nom des principes marxistes ou du laïcisme areligieux de nombre de pays occidentaux). D’ailleurs cet exemple de laïcité inspirée de l’Occident fut déjà appliqué après la 1ère guerre mondiale et l’effondrement de l’Empire ottoman, par Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne. Il avait laïcisé son pays : interdiction du port du voile, séparation du politique et du religieux (ce qui est contraire aux principes traditionnels des pays islamiques). Dans les autres pays arabes on a aussi eu – après les indépendances - un développement de cette laïcisation de la société, où l’on interdisait aussi le voile dans les établissements publics, comme en Tunisie, dans d’autres on réduisait l’importance de la religion qui devait rester dans les mosquées.

    3° Des Printemps arabes à l’islamisme

    A partir des années 2000 tout a changé. Il y a eu la crise qui s’est développée au niveau mondial. Dans le cycle de la mondialisation. Après un boum économique avec des délocalisations de l’Occident vers ces pays arabes (à la main d’œuvre nombreuse et pas cher), la crise s’est développée et le cycle infernal de la mondialisation s’est poursuivi. Avec des délocalisations se faisant toujours plus loin, toujours vers des pays moins chers au niveau du coût du travail (salaire + charges) et donc plus rentables pour les multinationales, vers la Chine, vers le Pakistan, etc. Après des années de développement économique, ce cycle infernal des délocalisations successives a déclenché dans ces pays arabes, à forte population, une crise économique en parallèle à un boum démographique. Dans ces pays-là 40 ou 50 % de la jeunesse est sans travail. Ce fut l’ensemble de la société qui s’est alors interrogé. Les régimes nés de la décolonisation ou du renversement des monarchies qui étaient soutenus par l’Union soviétique, se sont retrouvés bien seuls avec l’effondrement, à partir de 1989, du rideau de fer et de l’Union soviétique. Ils n’ont plus été soutenus ni financièrement, ni idéologiquement. Ce sont des régimes qui se sont de plus en plus corrompus. Il n’y avait plus de principes et ni de philosophie à défendre, plus d’ « idéal socialiste » à promouvoir. La nouvelle pensée fut le « chacun pour soi » ; l’important était de garder le pouvoir en mettant le maximum d’argent de côté à titre personnel. Ces pays se sont vus piller de leur richesse par une classe dirigeante préoccupée uniquement d’augmenter son trésor personnel. La population s’appauvrissant, tout en ayant une vue sur l’Occident et les mirages de la société de consommation. Ces régimes se sont alors mis à développer leurs relations commerciales et autres avec les pays occidentaux. Ce qui permis à certains de trouver qu’ils étaient des soutiens de l’ordre des anciennes puissances coloniales. Mais de puissances accusées par les mouvements islamistes d’être devenues la « nouvelle Babylone ». Par la télévision et les journaux qui parvenaient dans ces pays arabes on voyait chaque jour ce qui se passait en Occident. Suite aux années 60, l’Occident c’était mai 68, la libération sexuelle, l’explosion à la fois des unions libres et de l’avortement, l’explosion de la pornographie et de l’homosexualité jusqu’au mariage qui se met en place dans les législations d’un certain nombre de ces pays occidentaux. Tous principes contraires aux bases les plus fondamentales de l’Islam. Une décadence morale, reproche sur lequel se fondent les islamistes révolutionnaires d’aujourd’hui pour trancher la tête des Occidentaux qu’ils prennent en otage. A signaler par contre que cette décadence est également contraire aux valeurs chrétiennes, auxquelles l’Occident tourne à présent le dos. Ces régimes des pays arabes à la fois laïques - le laïcisme représentant l’Occident – et à la fois socialistes - représentant les anciens pays communistes qui s’étaient effondrés - n’avaient plus de légitimité. C’est pourquoi les populations ont voulu se débarrasser de ces régimes autoritaires où les libertés publiques n’étaient guère respectées. Avec cette vague déferlante que l’on a appelé « PRINTEMPS ARABES ». Mais les seules forces qui pouvaient représenter une alternative à ces régimes laïques et ex-socialistes étaient issues de l’islam. Avec la volonté de retrouver des racines contre le laïcisme et pour des pays musulmans (arabes, iranien ou turc) : des racines islamiques. On a voulu revenir à des principes issus de l’Islam. C’est pourquoi quand on a organisé des élections libres - dans la plupart de ces pays - ce sont des mouvements islamiques (qui souvent avaient été interdits par le régime précédent) qui ont remporté ces élections. En Égypte le parlement et le président de la République, en Tunisie de même. Il est vrai que des pays musulmans, mais non arabes, l’Iran et la Turquie avaient depuis longtemps déjà ouvert la voie. Le programme commun de la plupart de ces mouvements était de remettre dans la société les principes islamiques avec aussi les traditions et coutumes de l’Islam comme le port du voile dans l’espace public. Par contre l’extrême de cet islamisme politique allait jusqu’à proposer (comme en Libye ou dans d’autres pays musulmans) de réinstaurer la charia, la loi islamique dans la société. Face à la corruption des anciens régimes, à la fin des idéologies socialistes et à la décadence morale de l’Occident on s’est retourné vers un enracinement dans la terre de ses ancêtres. C’est d’ailleurs une option qui pourrait également concerner des populations d’Occident de revenir à de vraies valeurs. Mais en même temps cette aspiration à de vraies valeurs a été exploitée par des partis islamistes dont certains islamistes extrémistes et révolutionnaires pour instaurer par la Révolution ou la guerre civile des républiques ou régimes islamistes. Comme ce fut le cas déjà à la fin des années 70 en Iran qui était un peu le premier modèle de ce qui pouvait remplacer ces régimes laïques pro-occidentaux ou régimes laïques pro-socialistes qui avait pris place dans ces différents pays arabes ou musulmans. C’est ainsi qu’on est passé d’une conception où la laïcité était la norme (d’inspiration occidentale ou socialiste) à des sociétés qui ont pour objectif de revenir à des principes islamiques. Une telle situation n’est pas sans danger. Dans certains pays, face à ces partis islamistes (vainqueurs dans les urnes) et au risque d’islamisation de la société, il y a eu une réaction violente d’une partie de la société comme ce fut le cas de l’armée en Égypte ou précédemment en Algérie (avec une guerre civile et ses dizaines de milliers de morts). Avec en fin de parcours l’instauration d’un régime semi militaire et autoritaire. Dans d’autres pays - Libye, Syrie, Irak,…- c’est la guerre civile qui s’est instaurée pour longtemps avec des islamistes révolutionnaires triomphants (comme le Mouvement pour l’Etat Islamique en Syrie et en Irak) qui répandent la terreur révolutionnaire (comme en France pendant la Révolution de 89) et des lois très restrictives pour les autres religions notamment les chrétiens (présents en communautés importantes depuis deux millénaires) et qui n’ont comme solution que de prendre le chemin de l’exil pour échapper à la mort, à la conversion forcée ou au viol pour les femmes.

    EN CONCLUSION

    Se développe aujourd’hui et pour de nombreuses années encore le risque terroriste de mouvements islamistes révolutionnaires qui non seulement progressent dans certains pays arabes, mais qui ont aussi déclaré la guerre à l’Occident en prenant des otages sur place (tout en mettant en scène médiatique leur exécution) et en formant des Occidentaux à la guerre et au terrorisme pour exporter leur djihad par des attentats dans leurs pays d’origine. Et en incitant les extrémistes islamistes locaux à se servir de ce qu'ils ont sous la main ( couteau, voiture, kalachnikov,...) pour tuer le maximum de personnes et semer la terreur révolutionnaire dans leur pays d’accueil. Comme c'est le cas pour les attentats de CHARLIE HEBDO, de Montrouge, etc. Tant que l’Occident n’aura comme principe que la course à l’argent et à la société de consommation, avec tous les plaisirs hédonistes jusqu’à la pornographie (avec les blasphèmes en plus, comme le porte-étendard en était CHARLIE-HEBDO) et à une explosion des mœurs cela continuera de choquer des sociétés encore traditionnelles qui gardent ou retrouvent un certain nombre de racines. Et cela donnera des arguments à tous ces révolutionnaires islamistes qui se servent de la religion pour instaurer un système politique de sang et de larmes chez eux et demain chez nous. Seul un sursaut des valeurs en Occident qui retrouvera ses racines chrétiennes et ses valeurs morales pourra endiguer la décadence et le terrorisme. Ce n’est pas la guerre qui répond à la guerre, des bombes qui répondent à d’autres bombes qui résoudront durablement ce problème. Le Bien, le Vrai, le Beau, les valeurs universelles pourront à nouveau éclairer le monde à partir d’un Occident redevenu chrétien qui fera la séparation entre la Lumière et les Ténèbres. Et redonnera ainsi l’Espérance et le Respect de toute vie aussi bien aux pays arabes qu’au reste de l’humanité. Il sera à nouveau fidèle à sa vocation chrétienne de porter la Lumière aux extrémités de la Terre dans le respect des peuples et de leurs différences. Pour que ces Printemps arabes ne se transforment pas en un long Hiver de ténèbres et de sang. Dès le Printemps 2013 la France a connu le début d’une « insurrection des valeurs » avec 3 millions de personnes dans la rue, que ce soit un exemple pour tous les autres pays.

    Qu’un Eté de Lumière porteur de fruits d’Espérance, d’Amour et de Vie puisse succéder à ces Printemps.

  • Dans la revue l'Incorrect, chloroquine, vaccin, masques : où en sommes-nous ?, par Gabriel Robin.

    Déjà une petite dizaine de jours que notre confinement dure. Le temps vous semble long ? Courage, c’est loin d’être fini. Pour sortir de cette sombre période, il n’y a pas de secret ; il faut vaincre cette cochonnerie de Sars Cov-2.  Une victoire qui passera par le développement de traitements médicaux, le dépistage massif de la population et l’équipement des Français, particulièrement de nos armées de soignants. Une victoire qui ne se fera pas sans une bonne appréhension du problème par la population française. Elle a trop longtemps été méprisée et tenue dans l’ignorance, à tel point qu’on nous juge trop ignares pour savoir correctement enfiler un masque chirurgical ! Une honte.

    Faute d’avoir pris à temps les mesures prophylactiques qui s’imposaient (à commencer par l’arrêt des lignes aériennes de passagers en provenance de Chine, comme l’a fait la Russie), nous sommes contraints à livrer une course contre la montre face à la nature. L’OMS avait prévenu : plus les mesures sont prises tôt, plus elles sont efficaces. Revue d’effectif dans la sixième puissance mondiale ayant l’un des taux de prélèvements obligatoires les plus élevés au monde … où les hôpitaux en sont réduits à lancer un appel aux dons pour avoir le minimum nécessaire.

     

    Les traitements et l’espoir d’un vaccin

     

    a-Etat des lieux en France :

    Il n’y a toujours pas de traitement spécifique pour traiter le covid-19, maladie provoquée par le Sars Cov-2. Par ailleurs, aucun médicament reconditionné dans le cadre d’un protocole de traitement contre le covid-19 ne suscite encore de consensus scientifique. Pour pallier ces déficiences, des recherches et des expérimentations cliniques in vivo sont actuellement menées dans le monde entier. En Europe, un grand essai clinique portant sur 3200 patients (dont 800 en France) appelé Discovery a démarré le dimanche 22 mars pour une durée d’une quinzaine de jours. Quatre traitements sont évalués : le remdesivir (développé pour le virus Ebola) , le lopinavir en combinaison avec le ritonavir (médicament contre le VIH), le lopinavir et le ritonavir associés à l’interféron bêta et enfin l’hydroxychloroquine (antipaludéen dont la promotion médiatique a bénéficié sous nos latitudes de la personnalité charismatique du professeur Raoult de l’IHU Méditerranée). Notons que pour l’heure, sont éligibles aux essais cliniques les patients présentant des signes respiratoires inquiétants.

    Tous ces traitements ont pour objectif de limiter la réplication du virus. Le problème est que ce virus doit être combattu dès l’apparition des premiers symptômes, comme l’ont expliqué la plupart des spécialistes internationaux et Français. Le susnommé Didier Raoult l’a explicitement dit dans sa dernière vidéo : « Sur le plan thérapeutique, ce que l’on est en train de voir, c’est que les malades, au moment où ils ont une insuffisance respiratoire et qu’ils rentrent en réanimation, n’ont presque plus de virus. C’est alors trop tard pour traiter les gens avec des antiviraux. C’est quand ils ont des formes modérées, moyennes, ou qui commencent à s’aggraver, qu’il faut les traiter. À ce moment, on contrôle les virus qui se multiplient. Quand ils sont rentrés en réanimation, le problème ce n’est plus le virus » S’attaquant aux voies respiratoires, le Sars cov-2 provoque dans ses formes les plus grandes une pneumonie interstitielle bilatérale et un « sepsis » comparable à celui du virus de la variole. C’est d’ailleurs pour éviter le risque de surinfection que Didier Raoult associe à la chloroquine un antibiotique appelé azithromycine (qui convient aux personnes allergiques à la pénicilline).

    Pour schématiser, les antiviraux doivent être administrés précocement aux contaminés, soit avant la détérioration de l’état du patient. Une fois la pneumonie provoquée par le covid-19 déclenchée, l’oxygénation et l’assistance respiratoire deviennent les traitements les plus importants, ce qui explique la grande proportion de personnes hospitalisées … mais aussi l’intérêt des tests généralisés et précoces. Plus le diagnostic est posé tôt, plus les traitements antiviraux pourront être efficaces. La simple téléconsultation ne saurait être efficace face à des patients qui ne ressentent pas qu’ils ont des infiltrats pneumoniques et peuvent s’effondrer à tout moment. C’est tout le problème de la stratégie française qui, faute de diagnostiquer suffisamment, renvoie des patients à la maison avec une boite de dolipranes et des tisanes. Une atroce sélection qui trahirait presque le serment d’Hippocrate. La médecine n’est-elle pas l’exercice visant à déterminer le soin adapté à une maladie diagnostiquée avec certitude ? Sans dépistage, il est difficile d’établir un diagnostic fiable à une maladie qui, dans ses premiers jours, peut ressembler à un virus saisonnier classique avant de basculer dans une forme beaucoup plus grave et déstabilisante pour les spécialistes.

    La Société de réanimation française a ainsi diffusé un guide intitulé « Propositions d’aide au choix des traitements pharmacologiques ». Ce groupe de réflexion précise en introduction que le document ne consiste pas en une série de recommandations mais qu’il est un guide pratique pour les médecins dépassés par la situation souhaitant utiliser des traitements hors essais cliniques. La première information intéressante du texte est que trois types de contaminés hospitalisés sont distingués, fonction de la gravité de leur état : les patients hospitalisés avec atteinte respiratoire oxygéno-requérante, les patients hospitalisés avec SDRA (syndrome de détresse respiratoire aigüe) léger et les patients avec SDRA modéré et sévère. Deux approches sont « proposées ». L’une antivirale et l’autre immunomodulatrice. Pour l’heure, la chroloroquine suscite un motif d’espoir pour la prise en charge des patients en début de maladie, en dépit des critiques sur la méthodologie de l’étude de Raoult … qui sera peut-être confirmée par les essais cliniques.

    Subsiste un point aveugle : les capacités d’accueil du système hospitalier français. Avec les soins intensifs, de nombreuses personnes pourront être sauvées. C’est pour cette raison qu’il est demandé aux Français de pratiquer les gestes barrières et d’éviter les contacts interpersonnels rapprochés et nombreux. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrouver dans la situation lombarde (1247 lits de soins intensifs occupés sur le 1250 disponibles). De plus, une étude chinoise diffusé le 19 mars 2020 a démontré qu’une forte exposition à la charge virale augmentait les risques de choc septique. Ce que le professeur Ian Mac Kay (Innovation Lead Advanced Therapies at Innovate UK) a confirmé, expliquant que la sévérité de la maladie pouvait être liée à la charge virale détectée et que les ré-inoculations virales répétées avaient de grandes chances d’aggraver le diagnostic. De quoi inquiéter les soignants qui déplorent déjà cinq décès en France. En première ligne, ils se sacrifient littéralement pour le bien commun.

     

    B-Etat des lieux à l’international

    Les traitements expérimentés en Europe le sont aussi dans le reste du monde. Toutefois, quelques différences et innovations sont notables. D’abord, l’étude « randomisée » qui a obtenu les meilleurs résultats porte sur un médicament japonais anti grippal connu sous le nom d’Avigan, soit du favipiravir développé par les laboratoires Fujifilm Toyama. Zhang Xinmin, un officiel chinois du ministère des sciences et de la technologie, s’est montré enthousiaste puisque les patients traités à Shenzen sont devenus séronégatifs au covid-19 en quatre jours contre 11 jours pour les autres traitements testés. Comme pour les autres traitements, celui-ci fonctionne mieux s’il est pris dès les premiers symptômes, afin d’empêcher la reproduction virale. Un autre médicament a aussi été testé, montrant quelques signes encourageants : l’arbidol. Vieil antiviral à large spectre, il peut être utilisé en prophylaxie mais n’est pas homologué par l’Union européenne ni disponible dans le commerce. On peut se poser une question : pourquoi n’avons-nous pas un seul antiviral à large spectre à donner aux soignants ? C’est indigne du XXIème siècle.

    Dans cette guerre, on s’aperçoit que les vieilles armes sont parfois les plus fiables quand le combat fait rage. Ainsi, une grande étude clinique est lancée à Utrecht (mais aussi en Australie ou en Chine) autour de ce bon vieux BCG anti tuberculose bien français. Dans une vidéo passionnante, le médecin interniste Roger Seheult explique que ce vaccin stimule nos défenses immunitaires et permettrait d’offrir un premier rideau de protection contre le Sars Cov-2, comme on l’avait aussi constaté autrefois avec la fièvre jaune. Naguère obligatoire sous nos latitudes, le BCG pour fonctionner dans le contexte de l’épidémie de coronavirus doit avoir été injecté il y a moins de 20 ans. C’est pour cette raison que certains pays, dont la France par la voix de Jérôme Salomon, envisagent de revacciner les soignants de première ligne.

     

    C-L’espoir d’un vaccin :

    Au contraire des médicaments évoqués plus avant, le vaccin du Sars Cov-2 risque bien de reposer sur une technologie de rupture et une innovation. Avec deux milliards de personnes confinées chez elles, le temps presse. Les Etats-Unis, l’Allemagne (CureVac, la Russie, le Japon, la Chine ou la France (Sanofi-Institut Pasteur) se livrent une féroce compétition. La société américaine Moderna est la première à avoir lancé un essai clinique de Phase 1. Olivier Schwartz, directeur de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur a indiqué que « Cette entreprise propose une nouvelle stratégie vaccinale. Elle consiste à injecter directement un ARN [Ndlr : un morceau de patrimoine génétique] synthétique chez l’homme, qui va permettre à l’organisme de produire directement une des protéines du coronavirus. L’objectif est que le patient développe une résistance spécifique au virus, en produisant des anticorps neutralisants contre cette protéine ». Si cela se confirmait, ce serait une première et un changement majeur.

     

    Masques, tests et mesures prophylactiques : la défaite de l’Europe                                                                                            

    Pour finir un point sur l’essentiel : nous manquons de tout. De masques. Essentiels pour limiter l’expansion du virus, les masques sont le gros point d’interrogation de cette crise. Marisol Touraine affirme qu’elle a quitté le ministère de la Santé en laissant 750 millions de masques FFP1 derrière elle. Pourtant, nous n’en avions qu’une petite centaine de millions au déclenchement de l’épidémie. Où sont passés les autres ? Un mystère qui devra être élucidé. On  sait que 19 millions d’entre eux ont été envoyés en Chine… Ces masques sont nécessaires pour en finir avec le confinement. Ils sont indispensables et utilisés massivement dans toute l’Asie, comme le recommande d’ailleurs l’OMS. Au lieu de prendre les Français pour des imbéciles, le gouvernement aurait dû expliquer que nous n’en avions pas. Nous devons donc les rationner comme nous le faisons avec les médicaments.

    À l’identique, nous ne testons pas assez. Nous avons grand besoin de tests rapides et efficaces pour évaluer la situation et isoler les malades contagieux le temps qu’ils se remettent. Lesquels devront aussi, le plus rapidement possible et quand l’état des stocks le permettra, bénéficier de traitements antiviraux hors hospitalisation. C’est en ça que le traitement du docteur Raoult représente un espoir, n’étant pas cher ni compliqué à produire. Tant pour les soulager d’une maladie douloureuse et incapacitante que pour les rendre moins contagieux le plus vite possible. C’est ce que fait la Corée du Sud avec un grand succès.

  • Sur le site officiel de l'Action française, troublantes analogies, l’éditorial de François Marcilhac.

    TROUBLANTES ANALOGIES

    Les crises ont ceci d’opportun, pour les gouvernements en place, qu’elles permettent d’en appeler à l’unité nationale, voire à l’union sacrée, pour mieux faire oublier les politiques de division qu’ils n’ont cessé de pratiquer. François Hollande, après la lutte qu’il mena contre les fondements de la société avec le «  mariage pour tous  » et la répression impitoyable de ses opposants, n’hésita pas à en appeler à l’unité nationale face au terrorisme, instrumentalisant la nécessaire cohésion nationale face au crime pour mieux avaliser son refus de désigner l’ennemi, affaiblissant, du même coup, la défense de la nation, qui continue de réchauffer en son sein le serpent du terrorisme islamiste — et non de ce «  terrorisme » hors sol dont il inventa alors le concept.

    Aujourd’hui, face à l’épidémie de Covid-19, il n’est pas un représentant du pays légal, du chef de l’État au moindre secrétaire d’État en passant par les représentants des partis d’opposition et tout ce que les médias comptent de serviteurs zélés du pouvoir — les voix de leurs maîtres —, pour ne pas fustiger toute critique qui briserait le nécessaire consensus face à l’ennemi commun, alors que l’exécutif n’a cessé, depuis juin 2017, d’opposer les Français les uns aux autres et de saborder la cohésion sociale, n’hésitant pas à employer des méthodes d’une brutalité extrême contre les libertés publiques.

    Nous sommes d’autant plus à l’aise sur la question que l’Action française, tout au long de son histoire, a toujours appelé à l’union sacrée face au danger de mort pour la patrie. Dans le cas présent, très particulier, d’une épidémie nouvelle —  cette nouveauté ajoutant à l’inquiétude légitime qu’elle suscite —, nous avons aussitôt appelé au respect des consignes gouvernementales, notamment en matière de confinement et de «  gestes barrières  » ou de « distanciation sociale  », démarches dont le jargon technocratique des intitulés ne doit pas dissimuler l’efficacité, du moins dans la situation où nous sommes. 

    «  Dans la situation où nous sommes  » — ou encore : «  toutes choses étant égales par ailleurs  » : c’est là que se joue, précisément, notre refus, que nous avons également annoncé aussitôt, d’un confinement physique s’accompagnant d’un confinement intellectuel, moral et politique, celui qui, aux yeux du gouvernement et de ses acolytes médiatiques, est certainement le plus important. Car nous exigeons d’ores et déjà que des comptes soient rendus aux Français.

    Vous avez dit «  guerre  » ?

    Nous n’avons pas été de ceux qui dénient à Emmanuel Macron le droit de recourir au mot de «  guerre  »  : ceux qui le font ont surtout témoigné d’un formalisme un peu niais, ce vieux mot francique ayant toujours été employé à divers degrés, dans différents contextes. D’autant que la comparaison pourrait se retourner contre son auteur… Car nous sommes aussi de ceux qui demandent à ce qu’on use sérieusement des mots, même et surtout au sens métaphorique. Il ne faudrait pas, en effet, que le mot de «  guerre  » soit employé à géométrie variable  ! Il ne faudrait pas qu’il le soit pour justifier le tri des malades, comme on recourt au tri des blessés, face au manque de moyens à l’arrière d’un champ de bataille, c’est-à-dire pour justifier a priori l’incurie gouvernementale et la désorganisation délibérée de notre système de santé pour des motifs de rationalité financière. Il ne faudrait pas que le mot de «  guerre  » soit employé pour dénier aux Français le droit de poser les bonnes questions, comme l’état-major et le pouvoir politique le font, à juste titre du reste, lorsqu’une armée fait face à l’ennemi, afin de ne pas affaiblir le moral des troupes — cela peut aller jusqu’à la censure. Il ne faudrait pas que le mot de «  guerre  » soit employé pour restreindre nos libertés fondamentales sur le long terme — le comte de Paris s’en est inquiété récemment dans un communiqué sévère pour le gouvernement [1] —, comme cela se pratique lorsque la priorité est à la défense nationale, voire, une première — l’histoire retiendra que c’est sous Macron —, les libertés religieuses, notre République laïciste privant désormais les mourants de la possibilité de recevoir le secours de la religion : nous relayons en cela la protestation du vicaire général du diocèse de Paris [2] . Non, tout cela ne doit pas être rendu possible et, qu’en même temps, ce gouvernement continue de brader notre économie nationale et de jouer le jeu de la gouvernance internationale.

    Le Gamelin de l’économie française

    Car la guerre, si guerre il y a, implique des moyens exceptionnels, également en matière de liberté économique et financière. Le Gouvernement, pour rassurer ces gogos, voire ces «  goujats  » de Français que nous sommes [3], évoque ainsi de possibles nationalisations, auxquelles il ne procédera jamais, mais il botte en touche lorsqu’il s’agit d’assurer réellement la souveraineté économique de la France dans des domaines stratégiques, notamment sanitaires. Quid de l’avenir de Famar, la seule usine française à produire de la chloroquine, actuellement en redressement judiciaire ? Bruno Le Maire a encore botté en touche, ce lundi matin, sur BFMTV  : prépare-t-il déjà son rachat par les Américains, comme ce fut le cas de Latécoère, fleuron stratégique français  ? Alors que le gouvernement n’a que la souveraineté économique française à la bouche, jamais un exécutif n’a organisé la vente à la découpe de notre industrie comme celui-ci. Et Macron n’a pas attendu d’être à l’Élysée pour commencer, vendant Alstom énergie aux Américains sous Hollande ! Même silence radio sur la privatisation d’Aéroports de Paris, à laquelle nos fondés de pouvoir de la finance internationale n’ont que provisoirement renoncé, pour des raisons d’opportunité boursière. Pourquoi, alors que le Parlement a adopté des lois d’exception en matière politique, aucune loi d’exception n’a été adoptée en matière de dividendes   ? Toujours ce lundi matin sur BFMTV, Bruno Le Maire s’est contenté de demander aux entreprises de se montrer «  exemplaires  » ? «  J’invite […] toutes les entreprises qui ont accès aujourd’hui au chômage partiel, c’est-à-dire qui ont leurs salariés payés par l’Etat, à faire preuve de la plus grande modération en matière de versement de dividendes. J’irai plus loin : soyez exemplaires. Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes » On ne demande pas aux Français de faire preuve de «  modération  » et de se montrer «  exemplaires  » en matière de confinement : on le leur impose et on sanctionne tout manque de «  modération  ». Mais on sait depuis bientôt trois ans que Bruno Le Maire, avant d’être ministre de l’économie et des finances, est surtout le ministre des coups de menton. La ficelle est désormais un peu grosse. «  J’irai plus loin  »  :  Le Maire est le Gamelin de l’économie française.

    Le syndrome de 1940

    Gamelin… Qui dit «  guerre  » dit aussi exemples historiques. Or les analogies sont accablantes  : c’est au syndrome de 1940 que nous assistons depuis le début de cette crise sanitaire. Comme en 1940, on engage une guerre avec un manque criant d’armements, en l’occurrence de tests, de masques et de lits de réanimation — Macron commettant même le crime d’envoyer en Chine des tonnes de matériels alors qu’il savait fort bien que nous n’en avions déjà pas assez pour nous. La Chine, elle, et personne ne saurait le lui reprocher, a attendu de maîtriser la situation chez elle, avant de recourir à la diplomatie des masques. Mais il fallait à Superman montrer qu’il était à la hauteur de son titre de sauveur du monde que lui avait délivré l’ONU en 2018 ! Comme en 1940, toujours par idéologie, on subit les conséquences des demi-mesures qu’on a prises : en contradiction avec sa doctrine défensive, la IIIe République n’achève pas la ligne Maginot, ce qui permet à Hitler de passer par les Ardennes ; Macron, lui, commence par ne pas fermer les frontières, tout en les fermant sans les fermer…  avant que ses voisins ne le rappellent à la réalité. Comme en 1940 aussi, on compte plus sur autrui pour se tirer d’affaire que sur soi : ce n’est plus le Royaume-Uni, dont la défection fut à l’époque quasi-totale, c’est aujourd’hui l’Europe, notamment l’Allemagne dont la solidarité devait assurer le salut de tous et qui, pour toute réponse, a été la première à fermer les frontières et refuse aujourd’hui toute solidarité notamment financière. Macron, il est vrai disciple revendiqué de Julien Benda, en est encore aux illusions multilatérales qui furent celles de la SDN. Face à l’ennemi, ses armes sont les vœux pieux, les illusions idéologiques et la naïveté dans une Europe qui n’existe pas. Que n’a-t-il déclaré, dès février, le Covid-19 illégal comme Aristide Briand l’avait fait de la guerre en 1928 ! Jusqu’au matin du 3 septembre 1939, la IIIe République s’est ainsi crue immunisée contre tout risque d’invasion. 

    Enfin, qui dit guerre dit aussi responsabilités, trahison, voire haute trahison. Cette dernière ne fait plus partie de notre code pénal, elle ne peut même plus être imputée au chef de l’Etat depuis février 2007 ; mais les responsabilités ? On sait que les responsables de la défaite de juin 1940 ne furent pas punis ; à la libération, certains d’entre eux, toute honte bue, demandèrent même des comptes. Il est vrai que De Gaulle avait décidé, très tôt, pour des raisons d’opportunité politique, de remettre en selle les hommes (et leurs partis) dont l’incurie, sur tous les plans, avaient préparé la défaite. Mal lui en prit : dès 1946, les hommes du passé renvoyèrent pour douze ans l’homme de l’histoire à Colombey. Ne nous faisons aucune illusion : l’annonce d’une commission d’enquête par le groupe LR du Sénat n’est faite que pour «  enterrer  », comme disait Clemenceau, la recherche des responsabilités. Une incurie se prépare sur de longues années : dès le milieu des années 30, quand il fut flagrant que la France désarmait, alors que l’Allemagne réarmait, Maurras enjoignait, sans illusion, la République de faire preuve de prévoyance au moins une fois dans son histoire. Et on sait qu’il approuvait aussi, à l’époque, les efforts de De Gaulle pour repenser la stratégie. Ce fut naturellement en vain. Il en est de même face au Covid-19   : c’est au moins depuis Sarkozy (UMP = LR), puis sous Hollande (PS), que s’est pensée et poursuivie l’incurie sanitaire actuelle (LREM). Le pays légal ne peut que se serrer les coudes  : tous coupables, donc tous innocents  ! Car il est une constante : si la République gouverne mal, faute de rien prévoir, elle sait en revanche très bien se défendre. Faire semblant de chercher les responsables est encore le meilleur moyen de n’en pas trouver. Et donc de s’innocenter avec le régime. Comme pour le sang contaminé, vous verrez, ce sera la faute à pas de chance  !

    François Marcilhac

    [1] https://comtedeparis.com/confinement-journal-de-bord-semaine-3/

    [2]https://www.lefigaro.fr/vox/religion/mgr-benoist-de-sinety-les-aumoniers-doivent-pouvoir-se-rendre-au-chevet-des-malades-20200329?fbclid=IwAR14Afq-piJ76siULPv5NT8DK513PyB0zDypoKqhtSAwccw6sN2Lo3kKUjA

    [3] Nous récidivons dans l’emploi de ce terme, signifiant «  gens de peu  », tiré la semaine dernière de La Fontaine, d’autant plus volontiers qu’un des sens originels est valet d’armée… En ce contexte guerrier, il s’impose…, du point de vue du pays légal, du moins.

  • Face au coronavirus, Didier Raoult, seul à proposer une stratégie contre la maladie.

    Source : https://www.valeursactuelles.com/

    Plutôt que de lutter contre le virus, les autorités sanitaires préfèrent tirer dans les pattes de l’un des leurs. Une stratégie regrettable, dénonce Benoît Rittaud, d’autant que la réalité semble bien donner raison au chercheur marseillais.

     

    Didier Raoult va vite. Très vite. Il fonce, l'intendance statistique suivra. En temps normal ses méthodes hétérodoxes mériteraient mille reproches : court-circuitage des canaux ordinaires de la science, communication fracassante sur les réseaux sociaux, annonces spectaculaires lancées sans précautions oratoires ni méthodologiques… Sauf que le franc-tireur marseillais n'est pas là pour faire de la science mais pour mener une guerre. Une guerre dont en tant qu'infectiologue mondialement réputé il a tout pour être le chef d'État-Major. Comme dans toute guerre, le cadrage initial devrait être binaire : SARS-CoV-2 contre Homo sapiens. Malheureusement, cette clarté de principe s'est vue compliquée par la propension de la sous-espèce Homo sapiens gallus, peut-être inspirée par les rivalités gauloises de jadis, à tirer au moins aussi volontiers sur son propre camp que sur celui de l'ennemi. Nos plus hauts gradés nationaux ont ainsi affirmé carrément que les masques de protection ne servaient à rien (un mensonge aujourd'hui avoué), retardé la politique de tests massifs (qui pourtant s'impose selon l'OMS), méprisé les dispositifs de caméras infrarouges mis en place en Asie, et regardé avec condescendance les premiers jours de malheur chez nos frères Italiens.

    À cela on peut offrir l'excuse d'une tactique politique certes pas très jolie mais qui semblait seule disponible : feindre d'être les organisateurs d'une catastrophe qu'on ne peut éviter. Voilà qui est désolant, mais faire semblant de maîtriser la situation peut en effet constituer la première étape d'une reconquête. En revanche, nul pragmatisme, si machiavélien fût-il, ne justifie l'affrontement interne persistant entre les troupes marseillaises de Didier Raoult et les autres, notamment parisiennes, qui les prennent de haut tel un Martin Hirsch affirmant sur Europe 1 que « la chloroquine n’a jamais marché sur un être vivant » ou un Axel Kahn raillant dans un tweet tel résultat de l'IHU de Marseille.

    La vaste étude européenne Discovery qui devait nous dire le fin mot de l’histoire n’a certes toujours pas délivré ses résultats préliminaires. Mais un peu de patience, que diable…

    Au lieu de mener la guerre contre SARS-CoV-2 comme le font ses congénères, la branche gallus d'Homo sapiens s'offre donc le luxe d'une guéguerre intestine entre deux de ses groupes. Selon le premier, parisius, il est urgent d'attendre. Jugeant sans doute que l'effondrement économique, les difficultés psychologiques du confinement ou encore le déclassement de la France et de l'Europe, voire de l'Occident, sont des craintes un peu surfaites, parisius estime que rien ne saurait remplacer une bonne grosse étude scientifique internationale avec tests en double aveugle, échantillons randomisés et autres plans d'expérience qui, dans quelques mois à peine, nous offriront sûrement toutes les certitudes nécessaires. Celles-ci devraient, n'en doutons pas, permettre de lever le confinement en toute sécurité avant Noël. La vaste étude européenne Discovery qui devait nous dire le fin mot de l'histoire n'a certes toujours pas délivré ses résultats préliminaires, mais un peu de patience, que diable…

    De son côté, Homo sapiens massalioticus, sans doute mû par quelque folklorique bon sens méridional, estime au contraire qu'il convient d'agir au plus vite face à une situation qui, il faut en convenir, présente divers inconforts parmi lesquels des hôpitaux saturés, une récession inévitable, et accessoirement quelques décès. Fort de cette logique qui fleure sans doute un peu trop la province, l'IHU Méditerranée-Infection de Marseille s'est donc lancé dans une grande campagne de dépistage et de soins, tenant quotidiennement les comptes des résultats — flatteurs — de sa politique sur une page facétieusement intitulée "Southern France Morning Post" (allusion aux données fournies quotidiennement par le South China Morning Post — qui les tire en fait de la collecte menée par l'université Johns Hopkins).

    Laissons là l'ironie : depuis le début de l'épisode, la proposition de Didier Raoult constitue la seule vision stratégique véritable a avoir été proposée en France. Jamais chacun de nous n'avait eu autant intérêt à être Marseillais. La stratégie tient en deux aspects indissociables : le dépistage précoce (avec, dans l'idéal, un confinement des seuls malades), et le traitement, là aussi précoce, à l'aide de 600 mg quotidiens d'hydroxychloroquine (administrés en trois fois 200 mg) et d'un complément d'azithromycine (un antibiotique), sous contrôle médical. Primum non nocere dit l'adage hippocratique : « d'abord ne pas nuire ». L'hydroxychloroquine, en plus d'être extrêmement bon marché, n'a que des effets secondaires parfaitement connus, elle n'est à proscrire que dans des cas bien documentés et faciles à identifier en amont.

    Depuis le début de l’épisode, la proposition de Didier Raoult constitue la seule vision stratégique à avoir été proposée en France

    On parle surtout du traitement, mais le dépistage est lui aussi un pilier stratégique pour limiter la propagation du virus. Le dépistage massif mené à Marseille permet d'accumuler quantité de données, ainsi que de permettre aux cas asymptomatiques (porteurs mais sans symptômes manifestes) de redoubler de vigilance pour ne pas contaminer leur entourage. Rien à voir, donc, avec la stratégie actuelle de confinement, qui consiste plus ou moins à faire de chaque famille un mini-foyer de la maladie. La stratégie Raoult tient donc toute entière en deux paragraphes de quelques lignes. Les avez-vous comprises ? Si oui, alors vous venez de passer un test d'intelligence auquel bien des personnes haut placées s'ingénient à échouer, car à peu près tous ceux qui ont critiqué le traitement de Didier Raoult l'ont fait à l'aide de sophismes. (On passera charitablement sur les critiques ad personam, notamment sur le fait que Didier Raoult a affiché par ailleurs son scepticisme sur l'alarmisme climatique.)

    Parmi ces sophismes, les détracteurs ont voulu monter en épingle ce couple d'Américains morts brutalement après avoir ingéré « préventivement » de la chloroquine. Les malheureux ont fait tout ce qu'il ne fallait pas : l'automédication, ainsi que l'ingestion d'un produit non destiné à la consommation — en l'occurrence du phosphate de chloroquine destiné à l'entretien des aquariums, à une dose sans rapport avec la dose médicale. Le vocabulaire de la guerre dispose d'un terme pour désigner ce genre de drame. Il s'agit d'un dommage collatéral, qui a tous les risques de se reproduire à chaque prochaine annonce de traitement potentiel, quel qu'il soit.

    Sur la méthode : aux habituelles publications scientifiques sur un ton feutré, Didier Raoult a préféré les vidéos YouTube. Certes. Sauf qu'il lui avait été jusque-là impossible de faire connaître son message, et que ce n'est que grâce à son tapage qu'il a pu être entendu des responsables politiques comme du reste de la profession, réussissant finalement à faire inclure l'hydroxychloroquine à l'essai européen Discovery.

    On ne peut que s'étonner d'une organisation d'un système de santé qui conduit à ce que le lauréat 2010 du grand prix de l'INSERM doive se résoudre à employer une tactique qu'on imaginerait réservée aux seuls guérisseurs et rebouteux. Serait-ce que le traitement n'est qu'une poudre de perlimpinpin de plus à ajouter à l'interminable liste des « remèdes miracles » des marchands ambulants de nos westerns de jadis ? Il semble de plus en plus que, fort heureusement, ce soit le contraire qui soit vrai.

    Le traitement doit se faire au début de la maladie, ce qui explique que le traitement “compassionnel” tenté sur des patients en réanimation ne fonctionne pas

    Les détracteurs ont contesté la première étude faite par Didier Raoult, arguant du fait qu'elle portait sur trop peu de patients (24) et sans groupe témoin. La seconde, (80 patients), a subi les mêmes foudres. Là encore, il faut comprendre que nous ne sommes pas dans des temps ordinaires, où la science peut prendre le temps de suivre tranquillement des protocoles : il faut faire vite, quitte à revenir sur ce qui aura été tenté sans succès — autant il est aujourd'hui de bon sens de vouloir étendre le traitement à l'hydroxychloroquine au vu des premiers résultats, autant il faudra savoir revenir en arrière sans hésiter si les résultats venaient à se dégrader. Une étude chinoise avec groupe témoin suggérant des résultats contraires à ceux de l'IHU de Marseille a été elle aussi brandie contre l'hydroxychloroquine, mais là encore l'argument était spécieux : non seulement le test n'incluait pas d'azithromycine, mais l'hydroxychloroquine était administrée en une seule dose quotidienne de 400 mg, là où Didier Raoult préconise 600 mg en trois prises. Preuve que ces détails ont de l'importance : une autre étude, chinoise elle aussi, s'est ensuite révélée bien plus favorable lorsque la posologie se rapprochait de celle de Marseille.

    Enfin, le traitement à l'hydroxychloroquine et à l'azithromycine doit se faire au début de la maladie et non lorsque celle-ci devient grave. C'est la raison pour laquelle le traitement « compassionnel » qui a été tenté sur des patients en réanimation ne fonctionne pas et que Didier Raoult prévoit d'ores et déjà que l'essai « Discovery », tel qu'il est conçu, sera un échec qui ne signifiera rien. Il est donc possible que le salut vienne de la base plutôt que du sommet. D'ailleurs, face aux atermoiements la fronde s'étend désormais à des niveaux de plus en plus élevés, comme cette tribune publiée dans Le Figaro, mais aussi cette pétition lancée par plusieurs spécialistes ainsi que deux anciens ministres de la Santé. Cette pétition a atteint les 375 000 signatures à l'heure où ces lignes sont écrites, un chiffre qui est probablement obsolète à l'heure où vous les lisez.

    Les pays victimes du paludisme, où la chloroquine est administrée depuis des années, sont moins victimes que les autres du coronavirus

    Des remontées de terrain de plus en plus nombreuses semblent confirmer l'efficacité du traitement. Le fait que la mortalité à Marseille soit nettement plus faible qu'ailleurs commence à crever les yeux. Les « conversions » au traitement Raoult se multiplient, les services de certains hôpitaux commencent à le pratiquer, sous le manteau ou au grand jour. Des pays étrangers s'y lancent, ayant compris que c'était la meilleure chose à faire faute de meilleure option. Il apparaît aussi que les pays victimes du paludisme sont moins victimes que les autres du coronavirus, c'est-à-dire les pays dans lesquels la chloroquine est administrée depuis des années préventivement au paludisme. Ce n'est pas une preuve, mais dans le cadre d'une médecine de guerre, voilà un important élément d'appréciation.

    Notre pays sera-t-il donc le plus frileux à se lancer pour de bon dans un traitement pourtant issu d'un scientifique de nos rangs ? Il est plus que temps de retrouver l'esprit pionnier d'un Pasteur. L'échec n'aurait que des inconvénients limités, alors que le succès nous permettrait fièrement d'entonner La Marseillaise.

  • Dans Le Point, comment la France se prive de 150 000 à 300 000 tests par semaine ?

    Depuis le 13 mars, le gouvernement dispose d'une solution pour augmenter considérablement les capacités de tests de la France. Mais rien n'a bougé.

    Les biologistes médicaux sont des gens polis. Lorsque Le Point les a contactés il y a 10 jours, ils ont hésité à parler. « Nous sommes en contact avec le gouvernement, la situation va forcément se débloquer… » Et puis ? Et puis rien. Silence radio. Un silence « incompréhensible », pour plusieurs des directeurs de laboratoires départementaux que Le Point a entendus. Les Français les connaissent mal, mais ils sont un rouage essentiel de notre système de santé. Implantés sur tout le territoire, 75 laboratoires publics (et leurs 4 500 employés) dépendent des départements, et assument la lourde tâche d'effectuer les analyses de contrôle des eaux, d'hygiène alimentaire ou de santé animale. Contrairement aux laboratoires de santé humaine, qui ne traitent ordinairement qu'un faible nombre d'analyses, ils sont dimensionnés pour travailler « par troupeaux », à la chaîne : pendant les crises de la vache folle ou de la peste aviaire, ils ont réalisé des dizaines de milliers de tests… par jour ! Et justement : c'est cette spécificité qu'ils pensaient que le gouvernement prendrait en compte. « Les laboratoires de biologie humaine, qui réalisent les tests aujourd'hui, travaillent avec des machines très performantes, mais » fermées, « c'est-à-dire conçues pour ne travailler qu'avec un seul type de réactifs », décrypte Philippe Nicollet, directeur du laboratoire départemental de l'environnement et de l'alimentation de Vendée.

    Cela explique la pénurie actuelle de réactifs : les appareils disponibles dans les CHU ou les laboratoires privés, peu nombreux, sont souvent limités aux réactifs de leurs fabricants (une machine bioMérieux ne peut pas traiter un réactif Roche, par exemple.) À l'inverse, les machines utilisées dans les laboratoires départementaux sont « ouvertes » : « Pour nous prémunir contre une pénurie de réactifs en cas d'épizootie, nous avons choisi d'utiliser des thermocycleurs qui acceptent différents types de réactifs, précise Philippe Nicollet. Nous pouvons donc travailler avec une trentaine de kits disponibles. » Des tests PCR, ils en réalisent des centaines par jour. Et, parmi leurs kits, certains détectent déjà le coronavirus : « Le Covid-19 appartient à la même famille que les autres coronavirus ! » insiste Jean-Pierre Barreaud, président du laboratoire d'analyses départementales de la Creuse. « Il suffirait de vérifier auprès de l'Institut Pasteur que nos kits sont fiables, de les adapter au besoin… C'est l'affaire de quelques jours », confirme Jean-Louis Hunault, président du SIMV (Syndicat de l'industrie du médicament et du diagnostic vétérinaires).

    Une proposition est adressée par mail dès le 15 mars

    Lorsqu'ils entendent, le 12 mars,Emmanuel Macron appeler à la mobilisation générale, les acteurs de l'analyse vétérinaire se lancent dans un recensement de leurs « troupes ». Soixante-quinze laboratoires d'analyses départementaux maillent le territoire. Du personnel de pointe, formé et compétent, est disponible pour réaliser les tests. Des chaînes capables de travailler à grande échelle sont opérationnelles. Et des fournisseurs, capables de pallier, en partie, la pénurie de réactifs qui fait les unes de la presse se manifestent aussitôt : les fabricants (tous basés en France) IDVET, IDEXX, BIOSELLAL confirment qu'ils disposent de la matière première pour fournir des kits en grande quantité. Une proposition est adressée par mail dès le 15 mars au directeur général de la santé Jérôme Salomon. Quelques jours plus tard, les professionnels ont établi leur plan : les laboratoires départementaux pourraient réaliser, sous un délai de 15 jours, entre 150 000 et 300 000 tests PCR par semaine. Et ils sont outillés pour traiter en masse les tests sérologiques à venir, éléments clés de la sortie de confinement, qui permettront de déterminer quelle population est immunisée.

    La réponse ? Pas de réponse.

    « On nous répète, depuis, que le dossier est à l'étude », se lamentent différents acteurs, qui se battent localement pour accélérer la décision. Dans le département d'Indre-et-Loire, les élus s'en arrachent les cheveux. Le laboratoire du secteur couvre quatre départements. « Notre labo [Inovalys, NDLR] peut monter à 2 000 tests par jour, il a stocké des réactifs pour 30 000 tests, et acheté 30 000 écouvillons pour les prélèvements », détaille un proche du dossier, que la préfecture essaie vainement de pousser depuis deux semaines. « Nous avons établi un protocole de prélèvement avec le CHU de Tours, tout le monde travaille en intelligence, on est prêts… Mais l'ARS bloque. » L'ARS : l'Agence régionale de santé, instance administrative dépendant du ministère, qui refuse pour l'instant l'hypothèse, d'après des motifs flous. « On ne nous a pas vraiment dit ce qui bloquait », explique Jean-Gérard Paumier, président du conseil départemental d'Indre-et-Loire. « On me parle de blocages juridiques, qui seraient à l'étude… Mais moi, sur le terrain, je dois gérer mon personnel d'Ehpad, qui vient travailler sans être testé, la peur au ventre, et qui menace de s'arrêter chaque jour ! » À l'heure actuelle, le CHU n'est en mesure de délivrer qu'une centaine de tests quotidiens… Insuffisant pour tester l'ensemble du personnel hospitalier, celui des Ehpad, de la gendarmerie, des pompiers, sans parler des manutentionnaires, livreurs et caissières de supermarchés, qui redoutent chaque jour de contaminer quelqu'un – ou d'être contaminés. « Je n'ai pas l'impression qu'ils réalisent, au ministère, les conséquences concrètes de leur blocage. J'entends partout qu'une rupture de la chaîne logistique serait terrible pour le pays, mais on ne fait rien pour l'empêcher. Et sur le front, la ligne de soldats se réduit  ! »

    Un blocage administratif

    L'explication (parcellaire) fournie jusqu'à présent par les services d'Olivier Véran, qui refusent de répondre aux questions, tient en une formule sibylline, répétée hier encore par le Premier ministre : « C'est à l'étude. […] Nous avons des normes réglementaires à respecter. » Mais quelles normes ? Curieusement, elles n'embarrassent ni les Allemands, ni les Belges, ni les Espagnols qui mobilisent d'ores et déjà toutes les ressources disponibles, y compris leurs laboratoires vétérinaires. Mais en France, depuis une loi du 30 mai 2013, les laboratoires de biologie médicale vétérinaire n'ont plus le droit de traiter le moindre prélèvement issu d'un corps humain, et inversement. Si bien qu'à ce jour, seul le laboratoire départemental des Bouches-du-Rhône réaliserait des tests Covid-19… Parce qu'il compte dans ses effectifs un médecin biologiste, habilité à traiter des échantillons que les vétérinaires biologistes ne peuvent pas toucher. « C'est absurde. Il n'y a que l'homme pour se considérer comme non-mammifère », s'étrangle Jean-Louis Hunault. « Un virus est un virus, quel que soit le corps où il se loge. » Mais pour autoriser les vétérinaires à traiter des échantillons humains (ce que d'autres pays font sans problème), il faudrait modifier la règle. Et vérifier, bien sûr, la validité des tests. « Concrètement, nous en sommes là. Nos tests existent. L'Institut Pasteur doit les homologuer, et nous les rectifierons au besoin. Dès l'homologation reçue, et si le gouvernement donne son feu vert, nous pouvons déclencher la production de tests, disponibles sous 15 jours. Mais tant que nous n'avons pas ce feu vert, nous ne pouvons rien faire… »

    Et chaque jour qui passe, les possibilités d'actions se réduisent. "Il y a deux semaines, nous avions des stocks de produits d'extractions de l'ARN (l'un des réactifs indispensables aux tests, NDLR). Mais faute de consigne claire du gouvernement, nous n'avons pas pu les conserver pour nos clients habituels", confie au Point un dirigeant d'Idvet, fabricant de réactifs de diagnostics pour la détection de maladies infectieuses. Chaque jour qui passe, ces stocks s'écoulent donc lentement. "Nous les avons vendus à ceux qui en ont fait la demande, en Allemagne notamment. C'est incompréhensible..." 

    Trois semaines perdues

    La pression des fantassins du terrain pour des conditions de travail dignes se fait tellement intense que de nombreux élus, ces derniers jours, sont montés au créneau. Le président de l'Association des départements de France Dominique Bussereau, celui des députés LR à l'Assemblée, Bruno Retailleau, en ont parlé, ce jeudi matin, au Premier ministre Édouard Philippe. Jusqu'au président du Sénat Gérard Larcher, vétérinaire de profession, qui a directement évoqué la question, à deux reprises, avec le président Emmanuel Macron. Résultat ? Si le président se serait dit favorable, son administration répond invariablement : « C'est à l'étude. […] Nous avons des normes réglementaires à respecter. » De quoi faire s'étrangler les acteurs de terrain. « Si la décision avait été prise dès le départ, le 15 mars, nous serions déjà en train de réaliser ces tests, à un rythme de 150 000 à 300 000 par semaine », enragent les professionnels. Qui peinent sincèrement à comprendre quelle est la stratégie de dépistage du gouvernement, et d'où vient le blocage. « Est-ce que les ARS surfent sur la crise pour obtenir le financement de machines pour leurs propres centres hospitaliers ? Est-ce qu'elles méconnaissent le fonctionnement de nos laboratoires ? » s'interroge un élu. Lui préfère rester anonyme : il veut croire que cette situation ubuesque finira par se débloquer. «  Peut-être qu'ils n'ont pas assez de personnel pour effectuer les prélèvements en amont ? C'est possible. Ce n'est pas le tout d'analyser des échantillons : encore faut-il des bras pour les prélever. Et cela fait beaucoup de bras. Mais dans ce cas, qu'ils arrêtent leur stratégie, et qu'ils nous le disent ! Mais je ne veux pas les braquer, vous comprenez ? »

    Nous comprenons. Sollicité par Le Point à plusieurs reprises depuis 10 jours, le ministère de la Santé ne nous a pas répondu. Sinon par ces mots : « Il y a un problème de norme. C'est à l'étude… »
     
    Par Géraldine Woessner
    Par Géraldine Woessner
  • Sur le blog de Michel Onfray : des nouvelles de Radio-Paris.

    Je ne sais où en est le journalisme français dans le classement international mais, avec l’épidémie de coronavirus, il me semble qu’il doit maintenant bientôt faire jeu égal avec celui de la Corée du nord…

    Reporter sans frontière a donné un classement mondial de la liberté de la presse en 2019: la France était déjà trente-deuxième et l’on trouvait, avant elle, hors pays européens, la Jamaïque (8ème), le Costa-Rica (10 ème), l’Uruguay (19 ème), le Surinam (20 ème), Samoa (22 ème), la Namibie (23 ème), le Cap-Vert (25 ème), le Ghana ( 27 ème) et, juste avant, l’Afrique du sud (32 ème). C’est dire l’état de la démocratie française!

    Le récent discours du président de la République a été vu par trente sept millions de téléspectateurs. Chacun aura pu mesurer l’indigence d’une prise de parole de presque une demi-heure dans laquelle l’information majeure était que le confinement, si les citoyens ont d’ici là été sages et soumis, et non si le gouvernement s’est montré intelligent et performant, pourrait être levé le 11 mai. En dehors de cela, du vent, de la bise, du zéphyr, de l’aquilon, de l’autan, du mistral, comme il en soufflait sur les tréteaux du théâtre scolaire de madame Trogneux. Mais, pitoyable jusqu’au bout, ce vent était même un faux fabriqué par les ventilateurs de communicants. Tiens d’ailleurs, puisque je parle de ventilateurs communicationnels, où est donc passée Sibeth Ndiaye depuis sa sortie sur les profs qui ne fichent rien depuis qu’ils sont confinés et feraient mieux d’aller ramasser les gariguettes chez les maraîchers?
     

    J’ai regardé le monologue présidentiel sur BFMTV. Mais comme il n’y avait rien à dire sur ce qu’il a feint de dire, je me suis dit que le plus intéressant serait de me demander comment les journalistes présents sur le plateau toute la soirée (!) qui a suivi allaient bien pouvoir commenter ce courant d’air verbal.
     

    J’ai cru avoir changé de chaîne avec une fesse distraite qui aurait écrasé ma télécommande et m’aurait redirigé vers Groland. Car, assistant à ce que dans les écoles de journalisme on nomme le débriefing, et qu’on devrait bien plus tôt nommer l’enfonçage de clou, ou bien encore, avec un terme plus adéquat encore la propagande, je me suis demandé si je n’étais pas sur une soirée «spécial 1er avril».

    Qu’on en juge [1]:


    Alain Duhamel, diplômé l’Institut d’études politiques de Paris: «C’est son meilleur discours (sic) depuis le début, le plus humain (sic). Un discours plus modeste (sic), précis (sic). Il y avait un ton, des réponses, un calendrier».


    Ruth Elkrief, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et du Centre de formation des journalistes: «Une date, un ton, l’humilié (sic), l’empathie (sic). Une allocution très carrée (sic), très précise (sic).».
     

    Apolline de Malherbe, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris: «C’était un ton extrêmement (sic) humble (sic), assez naturel. Il était assez franc, assez vrai. Ensuite, l’humilité pour lui-même et sur l’avenir (sic). On a le sentiment du Paul Valéry qui dit que les civilisations sont mortelles. C’est une étape extrêmement (sic) importante (sic)».


    Anna Cabana, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et dont Wikipédia nous dit qu’elle est entrée «à Marianne sous la houlette de son mentor Nicolas Domenach» [2]: «Dans la tonalité, l’espoir renaît. Dans les précédentes allocutions, il était très tragédien (sic). Là, il nous parle des jours heureux à venir. C’est du lyrisme souriant (sic)».

     

    Faut-il en pleurer ou bien en rire?

     

    Un discours modeste chez cet homme qui nous a dit qu’il y a peut-être eu des disfonctionnements depuis le début de l’épidémie, mais pas plus dans le pays qu’il dirige que partout ailleurs sur la planète? Faut-il parler de l’Allemagne, juste de l’Allemagne, par exemple pour lui faire honte? Ou de Taïwan? Pas question pour lui de reconnaître une seule erreur, il n’en commet jamais aucune – comme ses amis journalistes d’ailleurs dont certains se mettent à dire du bien du souverainisme, du protectionnisme, des frontières, de l’Etat et de la nation après avoir copieuse traité de fascistes pendant des années tous ceux qui défendaient ces dispositifs politiques ayant fait leurs preuves depuis des siècles[3].


    Un discours humain chez cet individu qui , dans le ton d’une distribution des prix ou d’un laïus de sous-préfet en comice agricole, remercie les Français modestes qui font fonctionner le pays alors qu’il les méprise depuis le début de son quinquennat et devrait bien plutôt leur présenter ses excuses pour les avoir humiliés depuis deux ans en les traitant d’alcooliques et d’illettrés, de Gaulois réfractaires, d’égoïstes plutôt intéressés par la fin du mois que par la fin du monde , de fumeurs de gitanes qui roulent au diesel, comme disait son ami Griveaux, qui avait alors la formule plus heureuse que la main, sinon d’antisémites, de racistes, d’homophobes, de misogynes et de phallocrates quand ils se contentaient juste de demander le maintien de l’Etat protecteur français – dont chacun constate aujourd’hui la faillite?


    Un discours d’humilité et d’empathie chez un chef de l’Etat qui, comme l’a montré un dessin génial ayant beaucoup tourné sur le net, se trouverait dans la tour de contrôle et annoncerait à l’avion qui se précipite au sol que tout va bien, qu’il veille, qu’il maîtrise la situation, qu’il est là, qu’il faut avoir confiance dans ce Clemenceau en culotte courte, puisque les gilets de sauvetage ont été commandés et qu’ils arriveront sans faute à la fin du mois?
     

    Un discours à la Paul Valéry? Mais jusqu’où faudra-t-il aller dans la courtisanerie, la flatterie, l’adulation, la flagornerie, pour gagner le trophée du journaliste le plus servile, le plus misérable ? Car, soit Apolline de Malherbe connaît les pages de Paul Valéry, ce que j’ignore, elle a eu tellement de choses à lire pour se trouver là où elle est, alors quelle bassesse de convoquer ce magnifique discours sur le destin des civilisations pour le mettre en relation avec la verbigération présentielle qui n’a rien à voir avec l’un de ces discours qu’on trouvait aussi chez Malraux sur ce qu’est une civilisation et comment, quand on est chef de l’Etat, on peut agir pour en infléchir le cours! Soit elle ignore ce texte, alors il lui faut cesser de faire croire qu’elle en connaît plus qu’elle n’en sait et demander à présenter la météo où l’on ne risque pas d’avoir à citer Spengler ou Toynbee pour obtenir de l’avancement ou de l’augmentation.
     

    Un discours lyrique souriant ? Cette dame dont le maître est Domenach fils, c’est dire, estime que l’avenir est formidable parce que le président de la République annonce une date probable de déconfinement ! Je ne sais si cette journaliste transcendantale a des enfants et si elle ira, guillerette et chantante, gazouillante et lyrique, les conduire au matin du 11 mai dans l’école où des centaines d’enfants et des dizaines d’adultes se retrouveront du jour au lendemain dé-confinés mais surtout dans une totale promiscuité sanitaire puisque tout le monde sait que le virus sera toujours actif! L’intervention présidentielle n’a servi qu’à annoncer le prolongement du confinement jusqu’au11 mai et la reprise de l’école à cette date. Il faut bien du talent journalistique pour faire de cette annonce présidentielle une occasion de lyrisme souriant! Pour ma part j’y verrai, bien plutôt, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, de l’improvisation, du tâtonnement, du pari, disons-le en un seul mot: du bluff.

     

    Résumons-nous: humanité, modestie, précision, humilié, empathie, franchise, vérité, lyrisme souriant, l’intervention du président de la République française fut, selon cette brochette de journalistes, un sommet de morale et d’intelligence, de vertu et de justesse. Bizarre, sans le secours et le concours de ce genre de lumières, je ne m’en serais pas rendu compte…

    Michel Onfray

     

    [1] Ces citations que j’ai voulu retrouver sur le net sont toutes dûment et judicieusement répertoriées par @SamGontier. Révolution jaune média.

    [2] «"DoMNack", comme elle dit. Ses yeux se mouillent, et la voix s’éclaircit quand elle en parle » peut-on lire dans Les Inrocks, 13.IV.2016.

    [3] Raphaël Glucksmann affirme dans L’Obs, c’est d’ailleurs le titre du papier : «Ce qui doit primer, ce n’est pas l’idéal européen, c’est la nécessité d’être souverain» (sic). Qu’en pense-t-on chez les socialistes dont ce jeune homme accort est devenu le porte-drapeau? Combien seront-ils dans les temps futurs, parmi ce qui reste de socialistes, à venir manger le chapeau de Mitterrand? Et que se passe-t-il dans les cerveaux pensants de l’hebdomadaire du système en publiant un texte qu’il y a un mois, aurait valu à son auteur les épithètes les plus infamantes? Mais que fait donc Eric Aeschimann? Ou bien encore, avec une eau du même tonneau, un certain DSK, expert en confinements divers, qui affirme, cynique puisqu’avec les socialistes il a contribué à marche forcée au pire qu’il affecte de dénoncer aujourd’hui: «Nous constatons, éberlués, qu’une bonne part de nos approvisionnements en médicaments dépend de la Chine. En laissant ce pays devenir "l’usine du monde" n’avons-nous pas renoncé dans des domaines essentiels à garantir notre sécurité?» in Politique internationale, 5 avril 2020. Le journaliste de Russian Today qui commente cet article écrit quant à lui : «Plus étonnant, [DSK] admet que les "doctrinaires", estimant que la mondialisation est le "stade suprême du capitalisme", ou que les "idéalistes", qui voient l'une des causes de la pandémie dans "l’absurdité écologique de faire transiter vingt fois des marchandises d’un bout à l’autre de la planète qui était en cause" […] avaient partiellement raison». Il ajoute : «Il est fort probable que la crise conduise à des formes de relocalisation de la production.» 

  • “La France, l’Italie et l’Espagne ne pourront pas surmonter la crise en restant dans l’euro”.

    Source : https://www.causeur.fr/

    Entretien avec l'économiste Jacques Sapir par David Desgouilles

    Recourir au protectionnisme économique revient à la mode à la faveur de la crise sanitaire. Y compris dans la bouche du président Emmanuel Macron! Mais la volonté de mettre en place une planification stratégique imposera que la France se dégage du carcan européen. L’économiste Jacques Sapir répond aux questions de David Desgouilles.

    David Desgouilles. Avant d’évoquer la situation économique provoquée par le confinement, je souhaitais que vous puissiez tordre le coup à une légende urbaine répandue dans les médias. Lorsqu’on évoque les fameux 56.5 ou 57% de dépenses publiques par rapport au PIB, cela signifie-t-il qu’il ne reste que 43 ou 43.5% pour le secteur privé comme on peut le lire ?

    Jacques Sapir. Bien sûr que non. Tout d’abord, une grande partie de l’argent prélevé par l’État revient vers le secteur privé. Les impôts sont globalement un mécanisme de transfert. C’est pourquoi la distinction entre secteur public et secteur privé peut être trompeuse, car les dépenses des uns sont les revenus des autres. Ainsi, vous êtes commerçant, vous payez des impôts ; avec ces impôts, l’État paye par exemple des fonctionnaires ; ces fonctionnaires dépensent cet argent et sont vos clients. La boucle est bouclée. Même quand les impôts sont utilisés pour payer les intérêts de la dette, il s’agit en fait d’un transfert (sauf quand cette dette est détenue par des non-résidents). Car, l’assurance-vie, l’un des produits d’épargne préférés des Français, contient beaucoup de bons du Trésor. Les intérêts finissent aussi par alimenter la consommation, donc le secteur privé. Ce que l’État prélève, il le rend que ce soit directement (les consommations des administrations publiques), ou que ce soit indirectement, via les salaires des fonctionnaires, qui donnent à leur tour lieu à des consommations.

    La pandémie actuelle est un choc considérable, qui n’est effectivement comparable qu’à la crise de 1929

    Plus globalement, il convient de distinguer les recettes de l’État (impôts directs et indirects, taxes diverses) qui représentent non pas 56% mais environ 42,5% du PIB et les cotisations sociales. Ces cotisations, ou prélèvements sociaux, qui représentent effectivement autour de 13,5% du PIB, sont payées par les salariés et les employeurs qui cogèrent les caisses. Si ces cotisations peuvent dans certains cas transiter par l’État, ce dernier n’est ici qu’un intermédiaire ; il n’est pas « propriétaire » de cet argent et il n’est pas le « payeur ». Il joue le rôle d’une « banque » quand vous payez une consommation par un chèque bancaire. Si l’État verse de l’argent à ces caisses, c’est parce qu’il a unilatéralement décidé d’exempter certaines catégories de ces cotisations (essentiellement les employeurs d’ailleurs). Il est alors tenu par la loi de compenser le manque de recettes. C’est ainsi le cas du Crédit d’Impôt appelé CICE qui a été consolidé l’an dernier en une exonération générale de cotisations pour les employeurs. Il est d’ailleurs curieux de voir que les mêmes qui se plaignent du montant des impôts ne disent rien au sujet des subventions que l’État leur fait, via les dégrèvements fiscaux ou les exonérations de cotisations sociales, et qui sont considérables. Globalement, le système de cotisations et de prestations sociales constitue ce que l’on appelle un « stabilisateur automatique » qui permet, en temps de crise, de maintenir la consommation et donc l’activité économique, comme on peut le constater aujourd’hui.

    Venons-en maintenant à la situation actuelle. Le ministère de l’Économie annonce une récession de 9% pour 2020. Bruno Le Maire fait référence à la grande crise de 1929 ! À quelle gravité évaluez-vous les conséquences du confinement qui va donc durer deux mois au minimum, voire bien davantage pour tout un pan de notre économie (restauration, hôtellerie, culture, sport professionnel etc.) ?

    Il est évident que les conséquences du confinement, et plus généralement de l’épidémie, seront encore plus graves que ce qu’indiquent Bruno le Maire et Gérald Darmanin. Et cela d’autant plus que la fin du confinement, annoncée pour le 11 mai par le président de la République, ne signifiera pas un retour immédiat à la normale. L’économie va fonctionner pendant entre six semaines et six mois de manière réduite par manque d’approvisionnements mais aussi par manque de débouchés. Il faut donc s’attendre à ce que le PIB baisse d’au-moins 10% en 2020, voire plus. La Banque d’Angleterre, qui fait des calculs plus réalistes, estime même que le PIB du Royaume-Uni devrait baisser de 12% à 13%. C’est un choc considérable, qui n’est effectivement comparable qu’à la crise de 1929. Il va falloir soutenir l’ensemble de l’économie par des subventions directes et indirectes aux entreprises mais aussi aux ménages. 

    Des secteurs sont complètement à l’arrêt comme la restauration ou le tourisme, et d’autres fonctionnent de manière réduite. Une partie de l’industrie est à l’arrêt et une autre ne fonctionne que de manière réduite.

    La phrase fameuse attribuée à Jacques Chirac “les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent” ne peut manquer de résonner à nos oreilles ! Pourtant, on peut penser que les réalités d’après l’épidémie vont s’imposer à Emmanuel Macron

    Nous avons actuellement 8,8 millions de salariés qui sont au chômage partiel, soit 44% de la main d’œuvre du secteur privé. Le coût budgétaire de ces prestations sociales sera très élevé, alors que la chute du PIB va entraîner une chute importante des recettes fiscales. Dans mon centre de recherches, le CEMI, nous avons estimé le besoin de financement de l’État, c’est-à-dire le déficit budgétaire, à plus de 300 milliards d’euros, soit approximativement 13,5% du PIB.

    On a pu observer à l’occasion que les tensions entre Europe du Nord et Europe du Sud ont été exacerbées par cette crise. Estimez-vous que les initiatives de la Banque centrale européenne et la mise au rencart du pacte de stabilité suffiront à pérenniser la zone euro ? 

    La commission européenne a décidé de suspendre le pacte de stabilité et la BCE a mis sur pied le PEPP, ou Pandemic Emergency Purchasing Program. Il convient de saluer ces décisions, mais aussi de reconnaître qu’elles sont très insuffisantes. La somme des déficits pour les États de la zone euro devrait représenter à la fin de l’année entre 1150 et 1300 milliards d’euros, alors que les mécanismes regroupés dans le Mécanisme Européen de Stabilité ne couvrent que 550 milliards d’euros. Par ailleurs, il faut s’attendre à un déficit à l’échelle de la zone euro d’environ 450 à 500 milliards pour l’année 2021 du fait de la crise engendrée par le Covid-19. Les États auront donc besoin de 1600 à 1850 milliards, et cela sans même évoquer les garanties de dettes accordées au secteur privé et le refinancement de ce dernier au travers du programme LTRO de la BCE. Les besoins de financement des États ne sont donc pas compatibles avec ce qu’ont prévu les institutions européennes.

    Le problème du financement se pose de manière particulièrement grave pour l’Italie, l’Espagne, mais aussi pour la France. Le Mécanisme Européen de Stabilité est inadéquat pour traiter cela. Il impose de fait une conditionnalité qui n’a plus lieu d’être dans les circonstances actuelles. Il faut alors se demander comment nous aurions fait si la BCE n’existait pas. Eh bien, tout simplement, comme va le faire la Banque d’Angleterre, la Banque centrale aurait prêté directement aux États ! C’est la fameuse « monnaie magique », qui existe en réalité, n’en déplaise à Emmanuel Macron, même si le volume et la durée de son emploi peut poser des problèmes d’inflation. On comprend alors que l’euro va pénaliser trois fois les pays du sud de l’Europe. Une première fois parce que l’on ne peut pas procéder à une péréquation des dettes, l’Allemagne et les Pays-Bas ayant refusé les fameux « coronabonds ». Une deuxième fois, parce que l’euro nous empêche de recourir au financement monétaire, qui serait pourtant la manière la plus logique et la plus simple de faire face à cette crise. Une troisième fois, enfin, parce que l’euro – et cela a été démontré par les différents rapports (External Sector Reports) du FMI – aboutit à sous-évaluer la monnaie de l’Allemagne et à surévaluer celle de l’Italie, de la France et de l’Espagne. La différence entre les deux mouvements, de 25% à 43% en faveur de l’Allemagne, explique à la fois l’insolente santé de ce pays mais aussi pourquoi la France, l’Italie et l’Espagne qui avaient déjà tant de difficultés avant cette crise ne pourront pas la surmonter en restant dans l’euro.

    Emmanuel Macron évoque « le jour d’après ». Il dit vouloir « se réinventer », lui « le premier ». On évoque ici et là son « Chemin de Damas » économique, social et européen. On ne voyait plus que le drapeau bleu-blanc-rouge derrière lui lundi dernier lors de son allocution, sachant qu’on imagine très mal que ce cadrage soit dû au hasard… Croyez-vous à sa sincérité et à un véritable virage de la politique du président de la République ?

    Par principe je ne crois pas en la sincérité d’un homme politique ; je crois en ses actes. Alors, il est vrai qu’Emmanuel Macron a eu des paroles fortes dans sa dernière allocution. Quand le président dit : « notre monde sans doute se fragmentera », quand il parle de « rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française », on croirait entendre le Général de Gaulle mais aussi les hommes politiques de la IVème République, en particulier Pierre Mendès France. Quand le président rappelle les mots de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » (Art. 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen NDLR) il mobilise des symboles de notre histoire qui sont très forts. Ce n’est certes pas un hasard. Enfin, quand il dit à la fin de son discours : « Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier », on croirait entendre du Jean-Luc Mélenchon dans le texte.

    Certes, la phrase fameuse attribuée à Jacques Chirac “les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent”, ne peut manquer de résonner à nos oreilles ! Pourtant, on peut penser que les réalités de l’économie mondiale d’après l’épidémie vont s’imposer à Emmanuel Macron. Les chaines de productions internationalisées sont trop fragiles en cas de perturbation majeure, et cela est reconnu maintenant par de nombreux économistes. Il faudra donc nécessairement relocaliser. La pénurie de masques, de tests, de médicaments et de respirateurs que nous connaissons montre aussi que l’on ne peut plus dépendre exclusivement des importations. Il faudra nécessairement rebâtir un outil de production national, réindustrialiser la France. Et, cela ne sera pas possible sans un minimum de protectionnisme. Seulement, pour faire tout cela, il faudra donc s’émanciper de nombreuses règles et directives de l’UE, retrouver notre souveraineté monétaire c’est-à-dire sortir de la zone euro, et, effectivement, mettre en œuvre une forme de planification stratégique.

    Seulement, pour cela, il faudrait à Emmanuel Macron mettre ses bottes dans les pas de l’opposition la plus radicale, de Mélenchon à Marine le Pen, ce qui est très peu vraisemblable. Mais, à tout le moins, il a d’une certaine façon légitimé dans son discours les propos de ses opposants les plus radicaux et rien que cela doit être remarqué. Dans le futur, il ne pourra plus chercher à déconsidérer ses opposants au prétexte que leurs propositions économiques seraient incohérentes. Alors, oui, avec ce discours, il a aussi suscité des espoirs immenses, et pas seulement par l’annonce d’une date de déconfinement. Naturellement, il sera jugé sur ses actes.

  • Fermeture de 14 réacteurs : un gâchis financier, humain et climatique, par Philippe Murer.

    Sources : https://www.causeur.fr/

    http://leblogdephilippemurer.com/

    Un décret du gouvernement du 23 avril, passé inaperçu dans cette période d’épidémie, grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs nucléaires pour les 15 années à venir[1].

    2.jpgUn terrible gâchis climatique, financier et humain.

    Ces 14 réacteurs représentent le quart du parc nucléaire français. Les centrales nucléaires, décriées par les écologistes, ont pourtant rendu un sacré service au climat en économisant depuis 40 ans de gigantesques quantités d’émission de CO2. Elles rendent aussi un service important à l’emploi et à l’économie française puisque la filière nucléaire emploie 250.000 personnes. Le gâchis financier qui résulterait de leur mise à la casse est lui aussi énorme, la construction des centrales françaises ayant coûté 96 milliards d’euros selon la Cour des Comptes.

    Mettre à la casse de telles unités de production d’électricité, avant leur fin programmée, est un gâchis : gâchis d’argent par dizaines de milliards d’euros, gâchis d’emplois bien rémunérés, gâchis dans la lutte contre le réchauffement climatique.

    Nous n’avons pourtant aucun chemin pour produire de l’électricité en émettant moins de CO2. En effet, stocker les énergies éoliennes et solaires, intermittentes par nature, avec des batteries est irréaliste. L’académie des Sciences a publié en 2017 une étude rappelant que pour stocker 2 jours de besoins électriques d’hiver pour la France, il faut 15 millions de tonnes de batterie contenant 300.000 tonnes de lithium soit 7 fois la production mondiale actuelle de lithium[2]. La façon la plus propre pour remplacer l’électricité des 14 réacteurs est donc de produire de l’électricité avec des énergies renouvelables éoliennes et solaires complétées par des centrales au gaz lorsqu’il n’y a pas assez de vent ou de soleil, la nuit par exemple. Dans le meilleur des cas, à cause des périodes sans vent ou sans luminosité, les éoliennes et les panneaux solaires produiraient 35% de la production d’électricité avec peu d’émission de CO2 et des centrales au gaz complémentaires 65% avec beaucoup d’émission de CO2[3]. Le calcul, simple, montre que ces 14 réacteurs émettent 30 fois moins de CO2 que le couple énergies renouvelables et gaz[4] nécessaire pour les remplacer.

    Si on réalise le programme d’Europe Ecologie les Verts, le remplacement de toutes les centrales nucléaires par des énergies renouvelables et des centrales au gaz, les émissions de CO2 de la France augmenteraient de 121 millions de tonnes de CO2. Ces calculs montrent toute l’absurdité d’un tel projet : chaque année, la France rejetterait 40% de CO2 en plus dans l’atmosphère qu’elle n’en rejette aujourd’hui !

    Le nucléaire a économisé l’équivalent de 22 ans de rejets de CO2 d’un pays comme la France.

    Le nucléaire a beau être brocardé par les « verts », il émet nettement moins de CO2 que l’électricité renouvelable intermittente, obligatoirement complétée par des centrales fossiles. Ce n’est pas pour rien que le champion des énergies renouvelables, l’Allemagne, a ouvert nombre de centrales au gaz (et même au charbon) ces dernières années. Ce pays démarrera d’ailleurs en 2020 une énième centrale… au charbon[5] !

    De 1977 à aujourd’hui, les centrales nucléaires françaises ont économisé 22 ans de rejets de CO2 d’un pays comme la France d’aujourd’hui ou 9 ans de rejets de CO2 d’un pays comme l’Allemagne [6].

    Le nucléaire permet à la France d’être le grand pays industrialisé le plus économe en CO2 : le français moyen émet selon la Banque Mondiale 4,6 tonnes de CO2 par an quand le terrien moyen en émet 5 tonnes par an, l’Allemand 8,9 tonnes par an.

     

    graphique-murer-co2-nations

    Produire massivement de l’hydrogène, l’essence de demain.

    Le nucléaire est donc nécessaire à une production d’électricité avec le minimum d’émission de CO2. Faut il en déduire que les éoliennes et les panneaux solaires ne peuvent servir à rien ? Assurément non.

    Un pays comme la France, ayant une électricité rejetant très peu de CO2, peut installer des éoliennes et des panneaux solaires en nombre. L’électricité produite sera utilisée pour produire sans émission de CO2 de l’hydrogène dans des électrolyseurs[7]. Cerise sur le gâteau pour la France, les centrales nucléaires ne produisent pas toujours à plein régime. Il est possible et très rentable de se servir de cette production d’électricité supplémentaire à coût quasi nul pour produire encore plus d’hydrogène propre.

    Cet hydrogène propre est produit à un coût acceptable et coute moins cher que l’essence si on ne lui met pas sur le dos les taxes excessives sur le carburant. L’hydrogène est bien l’essence de demain.

    Il existe déjà des trains à hydrogène Alstom permettant de remplacer les trains au Diesel. Bizarrement, ce train roule en Allemagne. La SNCF va cependant commander 17 trains Alstom à hydrogène[8]. En utilisant cette technologie, nous pourrons remplacer les bus diesel par des bus à hydrogène en ville, allégeant du coût l’émission de particules fines. Les infrastructures hydrogène se développant, nous pourrons, dans une dizaine d’années, passer aux camions à hydrogène, aux voitures à hydrogène (3 voitures de série existent déjà et Paris compte 100 taxis à hydrogène et bientôt 600[9]). Dans un jour lointain, l’avion à hydrogène et le bateau à hydrogène sont un développement tout à fait réaliste.

    Le système de transport peut donc à terme se passer d’énergie fossile.

    Voilà pourquoi, la fermeture de Fessenheim et la fermeture programmée de nombre de centrales nucléaires françaises est une erreur fatale dans la transition énergétique : c’est un gâchis terrible dans la lutte contre le réchauffement climatique, un gâchis financier et un gâchis humain. Une très mauvaise décision de nos gouvernements qui n’ont malheureusement pas de stratégie réaliste et pragmatique pour que la France se passe à terme des énergies fossiles.

    Le sujet de la transition énergétique et tous les autres sujets de la transition écologique sont développés dans un livre à paraître en mai : « Comment réaliser la transition écologique, un défi passionnant »[10].

    [1] « La France adopte finalement sa feuille de route énergétique » https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/nucleaire-photovoltaique-la-france-adopte-finalement-sa-feuille-de-route-energetique-845962.html

     

    [2] « La question de la transition énergétique est elle bien posée dans les débats actuels ? » https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/lpdv_190417.pdf

    [3] En France, une éolienne produit à plein régime l’équivalent de 2000 heures par an, un panneau photovoltaïque produit à plein régime l’équivalent de 1100 heures par an. En additionnant les deux, ce qui est simpliste mais donne le résultat le plus favorable pour les énergies renouvelables, nous arrivons à 3100 heures par an soit 35% du temps. Le calcul réel est complexe, tient compte de la courbe réelle de consommation nationale d’électricité et de production heure par heure des énergies renouvelables, de la présence de vents et de soleil au niveau local quand il ne l’est pas au niveau national mais les ordres de grandeur sont acceptables.

    [4] La production des 14 réacteurs est de 95 milliards de kilowatts-heure d’électricité par an. Chaque réacteur émet 12 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Ces 14 réacteurs émettent donc chaque année 4,56 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 95*109*12/1012=1,14).

    Une centrale au gaz émet 490 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit quand le couple éolienne et solaire émet en moyenne 30 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Le couple énergie renouvelable centrale au gaz émettra donc chaque année 31,25 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 65%*(380*109*490/1012)+35%*(380*109*30/1012)=31,25). Pour remplacer l’ensemble du parc nucléaire français, le même calcul aboutit à un surplus de 125 millions de tonnes de CO2 émis.

    [5] « L’Allemagne va mettre en service une toute nouvelle centrale à charbon en 2020»https://www.bfmtv.com/economie/l-allemagne-va-mettre-en-service-une-toute-nouvelle-centrale-a-charbon-en-2020-1799343.html

    [6] La production nucléaire de la France depuis 1977 est de 14 000 milliards de kilowatts heure. En les remplaçant par des centrales au gaz, puisque les énergies renouvelables n’existent que récemment, l’économie est environ de 6700 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 14000*109*(490-12)/ 1012=6692). La France a émis environ 300 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale). L’Allemagne a émis environ 700 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale).

    [7] Lire par exemple « H2V prêt à déployer ses deux usines d’hydrogène vert» https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/h2v-pret-a-deployer-ses-deux-usines-dhydrogene-vert-993002

    [8] A qui va profiter la future commande de 15 trains à hydrogène par la SNCF https://www.usinenouvelle.com/article/a-qui-va-profiter-la-future-commande-de-quinze-trains-a-hydrogene-par-la-sncf.N878830

    [9] Et maintenant, les taxis à l’hydrogène http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/et-maintenant-les-taxis-a-l-hydrogene-24-02-2019-8019378.php

    [10] Edition Jean-Cyrille Godefroy

    Philippe Murer

  • La pesanteur ou la grâce, par Hilaire de Crémiers.

    Illustration : L’État jacobin se défausse sur les responsables locaux.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Serait-il possible de rebondir après la crise ? Le gouvernement se l’imagine, mais le passé devrait lui servir de leçon.

    « L’après » ne sera plus comme « l’avant ». C’est le leitmotiv, « l’élément de langage » que nous répètent à satiété ceux qui tiennent en main les destinées de la République.

    hilaire de crémiers.jpgCette formule par sa généralité devrait, en principe, concerner les futurs aménagements politiques de la nation. Macron semblait bien le supposer dans son discours du 13 avril qui se voulait stimulant, comme celui d’un chef d’armée : il visait « l’après » en annonçant souverainement la date du 11 mai et en décidant de la reprise de l’activité en France dans l’attente espérée « des jours heureux », allusion non équivoque au Conseil national de la Résistance. Cependant la clef d’un avenir meilleur se trouverait, si nous le comprenons bien, dans des changements salutaires qu’il faudrait savoir opérer, une révolution dans nos modes de pensée, dans nos manières d’agir. « Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies et nous renouveler, moi le premier. » Il aspirait même alors de façon explicite à une union nationale que les temps difficiles rendaient plus nécessaire que jamais. « Dans les prochaines semaines, avec toutes les composantes de la nation, je tâcherai de dessiner ce chemin. » L’été passera qu’il est plus que probable que rien de ce superbe projet d’unité nationale pour vaincre l’adversité ne pourra même éclore.

    La pesanteur macronienne

    Pour une raison simple : c’est que Macron, en parlant ainsi, oublie qu’il n’est jamais qu’un petit chef comme les autres, élu d’ailleurs pas surprise, parvenu au pouvoir à la tête d’un clan par un coup combiné de ruses politiques et de pressions médiatiques ; il feint d’oublier, encore qu’il y pense constamment, que dans deux ans à peine il devra se resoumettre à l’épreuve électorale dans un contexte de défiance généralisée et de luttes intestines aggravées.

    D’où il résulte qu’il n’a pas en lui-même, malgré sa prétention, une légitimité suffisante pour invoquer, comme jadis un Henri IV, un esprit d’union nationale. Pas plus que ses prédécesseurs qui étaient tous entachés du même vice originel. Il joue au monarque, et mal, s’imaginant que la décision solitaire est le sceau de son statut, y ajoutant des airs inspirés, alors qu’il n’est jamais constitutivement, comme il a déjà été écrit dans ces colonnes, qu’un faux roi, au mieux un substitut de roi, ce qu’a été chez nous, constitutionnellement, historiquement, le président de la République. De Gaulle, Mitterrand, Chirac même le savaient pertinemment. Il arrive à Macron d’en avoir quelque lueur.

    Contrairement à ce qu’on fait croire au Français moyen, la France n’est pas en monarchie, pas même en monarchie républicaine ; elle est soumise à un pouvoir à la fois monocratique (tyrannique, chez les Grecs), oligarchique et démagogique, trois caractéristiques des systèmes politiques viciés que décrit magistralement Aristote.

    Le renforcement de la présidence doublé de l’abrègement du mandat n’a fait qu’imprimer davantage dans les institutions ce caractère de déviance essentielle. Le pouvoir devient un lieu de dévoiement et de transgression où l’usage de la puissance sert à couvrir la faiblesse originelle du principe même de légalité et de légitimité : l’autorité souveraine conquise par aventure en usant de la machinerie électorale. Aucun jeu de majesté, aucun autoritarisme de compensation ne peut pallier cette débilité fondamentale.

    Et Macron peut d’autant moins revendiquer une légitimité historique nationale faite de continuité et d’unité qu’il a contribué plus qu’aucun autre à la ruiner par son mépris constant de la France, des Français, en récusant au surplus et systématiquement, en tout domaine, toute solution proprement française qu’il considérait toujours comme inadéquate. L’aventurier de passage qu’il est n’a jamais manifesté d’intérêt que pour l’aventure européiste dans des perspectives mondialistes. Dans combien de discours n’a-t-il pas affirmé ou sous-entendu qu’il était prêt à sacrifier la souveraineté française pour une chimère de souveraineté européenne, ou même mondiale ? Alors que la France fait aujourd’hui le constat accablant du résultat des politiques menées depuis des décennies par une République française que des générations de dirigeants, avant Macron et déjà tout comme lui, ont privée de ses capacités industrielles, techniques, économiques, financières, monétaires et, surtout, essentiellement politiques, par des séries indéfinies de lâches abandons, tout en alourdissant constamment l’État et tout l’appareil de la puissance publique pour des motifs idéologiques et partisans, au point de les rendre ingérables. Impéritie structurelle, bureaucratie technocratique, tel est le double effet mécanique, absurde et criminel, des mesures accumulées par toute la série des politiciens qui se sont succédé à la tête de l’État avec leurs partis depuis cinquante ans !

    Tous les esprits avisés le disent aujourd’hui : un État prépotent, impotent, pesant effroyablement sur la nation et pourtant dénationalisé, tentaculaire par ses lois et ses règlements, totalitaire dans son esprit, aussi tatillon qu’inefficace. Et rien ne sert de vilipender, comme il est devenu de mode de le faire depuis quelque temps, la technostructure qui serait responsable en tant que telle de ce désastre, ni de gémir sur les carences d’une administration jacobine en cherchant des causes dans ce qui ne constitue jamais que des effets, pour éviter de dénoncer le mal en son principe essentiel. Et ce mal n’est pas le « mal français », comme l’écrivait naguère Alain Peyrefitte, pour imputer à l’esprit français les tares du régime inepte dont crève la France, c’est le mal républicain, précisément républicain. La République, elle et elle seule, avec son fonctionnement aux mécaniques implacables est la cause directe et proportionnée du malheur français. Aujourd’hui comme hier. En 1940, ce fut le temps d’une défaite, la plus grande de notre histoire nationale, une certitude aveuglante qu’on s’est empressé par la suite de nier. Qui a dirigé la France entre 1919 et 1939 ? Et maintenant ? N’est-ce pas aussi clair ? Pour tout esprit cohérent, il y a là matière à tirer des conclusions ! Eh bien non ! Il est plus que probable que Macron, comme ses prédécesseurs, ne changera pas. La pesanteur républicaine qui nous écrase, l’écrase également, il ne peut s’en dégager. Sauf grâce spéciale ! Il faudrait qu’il comprenne avec l’esprit et le cœur, en réalité qu’il accepte en lui-même de comprendre ce que sa formation, sa manière même de concevoir la vie et le pouvoir, l’empêchent absolument de comprendre. Bref, il lui faudrait une conversion. « Brûler ce qu’il a adoré et adorer ce qu’il a brûlé », comme jadis Clovis.

    « L’obéissance à un homme dont l’autorité n’est pas illuminée de légitimité, c’est un cauchemar », a écrit Simone Weil, la philosophe si profonde, revenue de toutes les erreurs modernes par expérience personnelle, et jusqu’au tragique, et qui, à la fin de sa vie, détestait le régime des partis qui avait perdu la France de l’entre-deux guerres et vicié toute représentation de la nation, ainsi qu’elle l’exprime vigoureusement dans sa Note sur la suppression générale des partis politiques. Sa quête perpétuelle et courageuse de vérité jusqu’au sacrifice total la détournait peu à peu des chimères progressistes et de toutes les faussetés socialo-révolutionnaires, et la poussait sans cesse en avant vers la claire évidence de la légitimité religieuse qui ne peut être pour elle, en même temps, que politique, sociale, christique. « La légitimité, c’est la continuité dans le temps, la permanence, un invariant. Elle donne comme finalité à la vie sociale quelque chose qui existe et qui est conçu comme ayant toujours été et devant être toujours. Elle oblige les hommes à vouloir exactement ce qui est. »

    Le mépris de la grâce

    Ou bien la formule de « l’après » qui ne doit plus être comme « l’avant » se réduira-t-elle aux multiples mesures que le Premier ministre doit mettre en œuvre, en tous secteurs, l’État s’occupant de tout, plus ou moins cohérentes, souvent contradictoires, présentées différemment par les deux têtes de l’Exécutif, le président censé fixer les grandes lignes mais ne pouvant s’empêcher de déborder sur le détail, le Premier ministre lancé dans des énumérations indéfinies mais ne pouvant s’empêcher de donner quelque sens à un ensemble touffu et disparate. L’Elysée ou Matignon ? Problème récurrent de la Ve République quinquennatisée !

    Ce qui fait qu’à cette heure « l’après » ressemble étrangement à « l’avant ». Et ce qui est prévisible, c’est que de plus en plus avec le déconfinement tout sera sujet à discussion, de la rentrée des classes à la reprise du travail et des transports. L’État, de plus, par la voix du Premier ministre, a fait savoir que la religion, les cultes comme on dit, était le dernier de ses soucis, méprisant en fait très spécifiquement les catholiques, ne considérant leur vie spirituelle et sacramentelle pas plus qu’une activité ludique. Des évêques, des prêtres, des laïcs ont protesté avec la plus juste des indignations. Nos gens de pouvoir qui nient la grâce, créent des abîmes de pesanteur. Savent-ils le prix qu’ils en paieront ? Il n’est pas bon de bafouer le Seigneur de la gloire !

    Au lieu d’infantiliser les Français, il apparaît de plus en plus que la meilleure façon de régler les problèmes est, dans un cadre général fixé par l’État, de laisser l’initiative aux élus et aux responsables administratifs locaux, les préfets en particulier. Ne serait-il pas sage de remettre enfin les Français dans la vie réelle, dans l’exercice de leurs responsabilités et de leurs libertés ? Ils ont montré partout dans la pénurie leur débrouillardise et leur sens civique, ce qui est, pour le moment, le salut concret de la France. Rendons aux Français la pratique et le goût de leurs libertés, y compris religieuse. Le comte de Paris s’est exprimé sur le sujet fermement, avec toute l’autorité d’un prince soucieux du bien commun.

    Les dispositions prises par les autorités de l’État en raison d’un mensonge originel ont causé des effets catastrophiques. On sait dès maintenant que la crise économique qui va frapper la France sera pire que celle que subiront la plupart des autres pays d’Europe. Les chiffres sont là, plus dramatiques que ce qui était prévu ; ils s’aggraveront encore, entraînant des conséquences que personne n’ose supputer : faillites, chômage de masse, endettement massif de l’État qui ne pourra subvenir à tout, casse sociale et appauvrissement généralisé des familles, épargne spoliée, manque d’approvisionnement, même famine pour certains et qui commence déjà. Edouard Philippe qui n’est pas complètement idiot, a parlé d’effondrement économique. Il faudra y ajouter la révolte sociale et l’éclatement des banlieues. L’Europe n’y pourra rien, même avec ses milliers de milliards annoncés qui ne feront qu’ajouter des problèmes à d’autres problèmes, avec au bout l’explosion de la zone euro quasi inéluctable. Un « après » qui ne sera jamais qu’une conséquence de plus de « l’avant ».

    L’avenir français ne présente, à cette heure, aucune perspective heureuse. La mécanique républicaine avec toute sa pesanteur habitudinaire aura épuisé le pays, selon la pente naturelle de ce régime inaméliorable. « Tous les mouvements naturels de l’homme sont régis par des lois analogues à celles de la pesanteur matérielle. La grâce seule fait exception », écrivait avec justesse Simone Weil, et sa réflexion portait sur le tout de la vie, y compris sociale. L’heure est au choix. La lourde machinerie d’habitudes invétérées ou l’appel à un salut libérateur ? La pesanteur ou la grâce ?

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  • Des nouvelles du radeau de la méduse, par Michel Onfray.

    On se demande pour quelles raisons Emmanuel Macron a bien pu choisir Sibeth Ndiaye comme secrétaire d’Etat porte-parole du gouvernement.
     

    Je ne le crois pas assez cynique pour l’avoir nommée parce que c’est une femme noire, il ne serait pas capable d’un pareil coup tordu, ce qui équivaudrait, par exemple, à choisir un ministre de la culture parce qu’il serait homosexuel! Ces manœuvres communautaristes et bassement électoralistes seraient indignes d’un président de la République ayant souhaité que figurent les œuvres du général de Gaulle sur sa photo officielle et qui a fait ajouter une croix de Lorraine sur le logo de communication de l’Elysée.

    Je ne le crois pas assez immoral pour l’avoir désignée parce qu’elle savait mentir dans les grandes largeurs – qu’on se souvienne de son: «J’assume de mentir pour protéger le Président ». Un chef de l’Etat qui a choisi L’Immoraliste  de Gide pour accompagner le général de Gaulle sur une photo de lui et de son bureau envoyée dans toutes les mairies de France ne saurait couvrir une pareille infamie.
     

    Je ne crois pas non plus que ce soit parce qu’elle fume comme un sapeur sur son lieu de travail et tient élégamment sa clope au bord des lèvres comme Jean Gabin dans un film de Jean Grémillon. Une cigarette qu’elle calcine dans son bureau de secrétaire d’Etat alors que la loi du 1er février 2007 en interdit l’usage. On appréciera que BFM, qui a diffusé malencontreusement les images, se soit cru obligée de présenter des excuses à sa place alors que la contrevenante n’était pas la chaîne mais la fumeuse à qui, bien sûr, une contravention aura été présentée dans la foulée par ceux des policiers qui n’utilisent pas les drones pour débusquer les dangereux contrevenants à la loi d’exception qui marchent dans les montagnes…
     

    Non, le chef de l’Etat, garant de la loi, n’a pas choisi cette femme noire qui ment et fume pour ces raisons-là mais parce qu’elle a dit: «Il y a un rationnel (sic) derrière les décisions que nous prenons». Non pas une raison ou des raisons, on aura bien lu, mais «un rationnel»…

     

    Quiconque s’interrogerait sur ce «rationnel» dans un article publié sur le net pourrait bien tomber sous le coup de la loi de madame Avia qui, avant de se faire connaître en associant son nom à une loi liberticide, avait dans un premier temps obtenu les honneurs des gazettes pour avoir mordu un chauffeur de taxi puis, dans un second temps, pour accusations de sexisme, d’homophobie et de harcèlement au travail sur les personnes de cinq, pas moins, de ses assistants parlementaires. On sait également qu’elle a donné des ordres pour que soit réécrit la notice de son article Wikipédia. Il est vrai qu’on peut y lire ceci après d’autres informations accablantes: «Dans un autre échange, on y trouve la déclaration suivante: «C’est ma copine [mais] elle communique très mal sur ce qu’elle fait. C’est ce qu’il se passe quand tu mets un gay à la com’». Toujours selon ses anciens assistants, la députée insulte souvent, en privé, les députées qu’elle n’aime pas, les traitant de «putes», nourrissant de nombreuses remarques sur leur physique. La députée serait aussi une habituée des humiliations devant d'autres parlementaires, réprimandant et dévalorisant ses collaborateurs publiquement dès que l'occasion s'y prête. Au cours du confinement lié à l'état d'urgence sanitaire provoqué par l'épidémie de COVID-19 en 2020, Libération, avait ainsi rapporté que Laetitia Avia avait demandé à son attachée parlementaire (personne à risque, atteinte d'une maladie chronique, en confinement dans le Gard) de revenir à Paris pour le télétravail. Avia assure ne l'avoir jamais forcée. La collaboratrice dénonce le mercredi 1er avril 2020 à Mediapart une situation injuste et irrationnelle». Ou cela: «Les ex-collaborateurs reprochent également à la députée des tâches sans lien manifeste avec le travail d'assistant parlementaire, comme «brumiser ses jambes» ou «corriger ses copies [de] Sciences Po». Ils lui reprochent également «de méprise[r] ses électeurs» et éviter au maximum le contact avec eux en les faisant recevoir par ses assistants parlementaires». C’était en effet la bonne personne pour proposer une loi contre les contenus haineux sur Internet, une loi votée en plein confinement le 13 mai dernier…

     

    Interrogeons-nous donc sur «le rationnel derrière les décisions» prises par le chef de l’Etat:
     

    1. Le virus est celui d’une grippette, on va donc rechercher les expatriés français en Chine, on remet en permission les militaires qui effectuent le transport sanitaire, on laisse arriver des kyrielles d’avions chinois sur le sol français sans aucun contrôle sanitaire; mais le chef de l’Etat cloue au sol les avions, ferme les aéroports, fait de même avec les gares et les ports.
     

    2. La pandémie ne va pas nous empêcher de sortir, ou d’aller au cinéma, sinon au théâtre comme le font savoir le président de la République et son épouse qui joignent le geste à la parole; mais le chef de l’Etat décrète qu’il faut rester confiné chez soi et met la clé sur la porte des cinémas, des théâtres, des festivals, des salles de spectacle.


    3. L’épidémie ne va pas générer la fermeture des écoles, dixit le ministre de l’Education nationale bien informé par le président de la République; mais le chef de l’Etat ferme le primaire, le collège et l’université.
     

    4. Le virus ignore les frontières; mais, après discussion avec chef de l’Etat, ledit virus reconnaît celles de Schengen mais aussi, plus fort, celles des départements français, y compris ceux d’outre-mer – dont la Guyane, une fameuse île selon l’énarque Macron.
     

    5. Le masque est sans utilité, il s’avère même dangereux, difficile à mettre, toxique parce qu’il garde les virus dans ses fibres; mais le chef de l’Etat annonce qu’il faut le porter sous peine d’amende.

     

    6. Les petits marchés du dimanche installés sur les parkings de supermarchés sont interdits; puis le chef de l’Etat autorise en même temps les supermarchés à rester ouvert et à vendre leurs produits.
     

    7. Les masques ne sont pas en assez grande quantité pour les distribuer aux Français, l’Etat annonce en avoir commandé, il prétend qu’ils arrivent, on les attend toujours; mais les supermarché les vendent à prix coûtant afin d’en faire des produits d’appel et se servent de la maladie pour que les gens apeurés viennent acheter des masques en remplissant leurs charriots de victuailles sans que le chef de l’Etat ne songe une seule seconde à les réquisitionner afin de protéger les personnels soignants – à qui il propose en revanche une médaille en chocolat le 14 juillet prochain.
     

    8. Le confinement est total, la police utilise des drones pour traquer le solitaire dans les montagnes, elle verbalise le marcheur seul dans la forêt, la grand-mère qui a rempli son autorisation de sortie au crayon à papier, ou le distrait qui a omis de faire figurer son heure de sortie; mais le chef de l’Etat donne des consignes pour ne pas verbaliser dans les banlieues où le ramadan donne à certains le droit de s’affranchir de ce qui vaut loi pour tous.
     

    9. Le déconfinement est décrété, puisqu’il faut reprendre le travail, le MEDEF s’impatiente. Le métro se fait donc prendre d’assaut par des millions de gens qui reprennent le turbin à la même heure en utilisant les mêmes lignes. Cette promiscuité ne pose aucun problème, il faut juste se tenir à un mètre l’un de l’autre aux heures de pointe dans le compartiment; mais, dans le même temps, des centaines de milliers d’hectares du littoral français balayées par les vents de la Manche ou de l’Atlantique sont interdits au public - avant d’être déclarées accessibles à nouveau.

     

    10. Les messes sont interdites, on envoie même la soldatesque macronienne en armes dans une église pour faire cesser l’office (comme en 1793…) mais on autorise les supermarchés à recevoir du public sans que le ministre de l’intérieur envoie ses pandores au point qu’un ecclésiastique qui ne manque pas d’humour (il mériterait de devenir pape un jour…) a proposé d’aller célébrer l’eucharistie dans un quelconque Leclerc!

     

    Je m’arrête à dix exemples. Cela suffit pour mener une enquête épistémologique afin de savoir ce qu’est «le rationnel derrière les décisions» prises par le chef de l’Etat: c’est tout bonnement le principe du en même temps qui est à la fois la pathologie du chef de l’Etat et son slogan de campagne – on ne pourra pas dire que l’homme aux deux alliances ait trompé son monde! Il a clairement annoncé la couleur.
     

    Cette logique permet donc cette série d’assertions: la bouteille est en même temps pleine et vide; la porte est en même temps ouverte et fermée; une femme est en même temps enceinte et vierge – ce qui s’est déjà vu ailleurs, mais je ne sais plus où…; il a lu un livre en même temps qu’il ne l’a pas lu; il est marié avec Brigitte Trogneux en même temps qu’il n’est pas marié avec elle; il est président de la République en même temps qu’il ne l’est pas; il est l’assistant de Paul Ricoeur en même temps qu’il ne l’est pas; etc.
     

    Chacun aura compris que sa logique est illogique, que sa raison est irrationnelle, que son raisonnement est déraisonnable, que ses vérités sont fausses, que ses erreurs sont vraies, que sa pensée est impensable, que sa cohérence est incohérente, que son Emmanuel n’est pas Macron… Chez Deleuze, qui en aurait fait un personnage conceptuel et un héros de sa philosophie, la chose se nomme schizophrénie et passe pour désirable. Nous y sommes… Il faut bien l’aplomb et le culot d’une Sibeth Ndiaye pour tenter de nous convaincre que tout cela tient debout. Un peu de bon sens suffit à comprendre qu’un bateau ne peut suivre le cap nord en même temps que le cap sud.

     

    Emmanuel Macron parle beaucoup, il verbigère sans cesse. On se demande à quoi servent ses sorties qui le tiennent éloigné du bureau où les citoyens pourraient attendre qu’il y effectue son travail de chef de l’Etat! Des producteurs bretons de fraises hors sol, des instituteurs dans leurs écoles, plusieurs fois des soignants dans leurs hôpitaux, le professeur Raoult dans son bureau marseillais, le fantôme du général de Gaulle sur ses champs de bataille: à quoi bon ces exhibitions si ce n’est pour saturer les médias de sa personne?
     

    A la Pitié-Salpêtrière, il dit: «on a sans doute (sic) fait une erreur sur la stratégie annoncée». Les journaux à son service s’empressent de parler d’un mea culpa! C’est mal comprendre ce qui s’est dit: d’abord convenir que la stratégie ne fut, peut-être, pas bonne, ça n’est pas dire que l’objectif qu’elle visait était mauvais! N’oublions pas le «sans doute» qui est une litote car, au contraire de la chose annoncée, l’expression signifie: peut-être, probablement, mais pas certainement. Une erreur, sans doute, sur la façon de faire n’est pas un aveu que le but n’était pas bon. Si l’on débarrasse cette phrase de sa tournure alambiquée, confuse, obscure, Macron dit: «l’objectif de mettre les hôpitaux au pain sec n’était pas mauvais, mais nous nous y sommes peut-être mal pris pour réaliser ce projet…». Mea culpa disent les journalistes! Aveu naïf et cynique bien plutôt…
     

    Car Macron verse des larmes de crocodile: depuis qu’il occupe l’Elysée, il sait en effet très bien ce qu’il fait en commandant au rouleau compresseur maastrichtien de passer sur la santé publique française, d’écraser l’instruction publique française, de broyer le système de retraite français, de compacter l’industrie française, d’aplatir la culture française, de laminer la civilisation judéo-chrétienne, de compresser l’histoire de France -puisque c’est son programme.
     

    Le pire n’est pas qu’il fasse semblant de confesser une erreur sur la stratégie et non sur l’objectif, mais bien plutôt qu’il mente en disant qu’il croyait bien faire, mais cette conclusion sidérante: «C’est très cruel pour moi-même»! On croit rêver: cette épidémie n’est pas cruelle pour les bientôt trente mille morts, pour les trente mille familles en deuil qui n’ont pas pu accompagner leurs défunts dans les cimetières, pour ceux qui savaient leurs morts dans des entrepôts frigorifiques de Rungis sans pouvoir les y visiter, pour les personnes âgées triées dans les couloirs des urgences hospitalières et renvoyées chez elles, donc à la mort, pour les anciens abandonnés dans les mouroirs que sont les EPAHD, pour les médecins et les infirmières qui, faute de masques et de protections, sont morts au travail, pour les enfants qui sont de ce fait privés de père ou de mère, les maris privés de leurs femmes, les femmes privés de leurs maris, pour les artisans et les commerçants qui ont fait ou vont faire faillite, non, elle était cruelle pour sa petite personne dépassée par les évènements… Peut-on faire aveu plus narcissique ou égotiste? Cet homme est incapable d’empathie, il n’a d’amour que de lui-même. Il n’a que faire de la France et des Français.
     

    Or, Emmanuel Macron qui se plaint n’est pas au bout de ses peines: son calvaire est devant lui.

     

    Michel Onfray