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  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : les équipes municipales à Martigues, depuis 1945...

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : Une pause, dans notre découverte des lieux, pour répondre à une question "technique" d'un lecteur : quel est l'état des forces en présence, à Martigues, après les dernières élections ?...

    Thierry, de Paris, nous demande - pour faire court - "qui représente quoi" sur place. Il pense que, peut-être, les prochaines municipales vont changer les choses...

    Cela nous éloigne un peu, temporairement, de notre sujet de départ, mais toute question mérite réponse...

    Disons simplement que beaucoup de choses ont changé, depuis les dernières municipales de 2014, et même depuis les dernières européennes. Nous nous garderons bien de pronostiquer quoi que ce soit, et nous donnerons simplement à notre lecteur les résultats de ces deux dernières élections, ainsi que quelques informations sur les maires de Martigues depuis la Libération : nous serons fixés fin mars 2020 - demain !... - sur la composition du nouveau (?) Conseil municipal...

    Juste après la Libération, Martigues fut dirigée par un Maire communiste, Francis Turcan (en 46 et 47). Puis, de 1947 à 1949 (durant deux mandats tout de même) les Maires furent socialistes (on disait à l'époque "SFIO") : Théodore Cheillan puis Paul Pascal. En 1959, le PCF reprit la mairie, jusqu'à aujourd'hui : d'abord avec le retour de Francis Turcan (de 1959 à 1969) puis avec Paul Lombard, pendant 40 ans (de 1969 à 2009). Depuis 2009, le Maire, toujours communiste, est Gaby Charroux, mais la Mairie n'est plus exclusivement "PCF", elle est "Union de la Gauche".

    A noter le net recul de "la gauche" entre les municipales de 2001 (Paul Lombard, "Liste de gauche" : 64,33% au 2ème tour) et celles de 2008, où le même Paul Lombard fut ré-élu au 2ème tour à la tête d'une "Liste d'union de la Gauche", mais avec 57,51% des voix, soit une perte non négligeable de 7% des voix. 

    Cette érosion des voix "de gauche" fut stoppée en 2014, Gaby Charroux étant élu au 2ème tour avec 58,52% des voix...

    C'est  Paul Lombard qui, le 29 septembre 1997 reçut les clés de la bastide des Maurras, remises par Jacques Maurras, neveu et fils adoptif de Charles Maurras, conformément au voeu de Maurras lui-même.

    Les relations étaient bonnes, alors, et l'accès au lieu (maison et jardin) parfaitement libre. Le "patriotisme municipal" de Paul Lombard, natif de Martigues, devait être plus fort que celui de Gaby Charroux, originaire de la commune toute proche de Chateauneuf les Martigues, mais, surtout entouré par une équipe dont on ne sait si elle est plus ignorante que sectaire, ou l'inverse...

    C'est depuis cette élection que les choses se sont gâtées, et que maison et jardin ont été, finalement, fermés au public...

    Alors, y aura-t-il un effet Macron/LaRem à Martigues (et ailleurs...) lors des prochaines Municipales ? Le monolithisme de "l'union de la Gauche" va-t-il résister au macronisme ou bien se fissurer, voire voler en éclats ? L'équipe stalinienne des Salazar et Compagnie peut-elle - dans ce cas - perdre la Mairie ?

    Si un groupe, quel qu'il soit, était en mesure de faire tomber l'actuelle équipe, nous l'avons écrit, quitte à surprendre voire choquer : nous serions prêts à appeler à voter pour ce groupe, uniquement à Martigues et à cause du cas spécial de "la maison Maurras"; sans illusions, mais "par tous les moyens, même légaux", faire tout le possible pour que tombe l'équipe qui a élevé autour de bastide du Chemin de Paradis le dernier mur de Berlin d'Europe, aussi invisible que réel...

     -------

    (rappel :  il y avait 35.070 électeurs inscrits lors des dernières Européennes)

    1. RÉSULTATS MUNICIPALES 2014 - MARTIGUES

    Premier Tour

    • M. Gaby CHARROUX LISTE UNION DE LA GAUCHE
      49.9 %
    • M. Cyril MARTINEZ LISTE FRONT NATIONAL
      17.14 %
    • M. Jean-Luc DI MARIA LISTE DIVERS DROITE
      15.88 %
    • M. Paul LOMBARD LISTE DIVERS GAUCHE
      8.75 %
    • Mme Michèle VASSEROT LISTE UNION DE LA DROITE
      8.3 %

    Deuxième Tour

    • M. Gaby CHARROUX LISTE UNION DE LA GAUCHE
      58.52 %
    • M. Cyril MARTINEZ LISTE FRONT NATIONAL
      22.99 %
    • M. Jean-Luc DI MARIA LISTE DIVERS DROITE
      18.47 %     

       

      2. RÉSULTATS EUROPEENNES 2019

    • Tête de listeMartigues% des voix
      Jordan BARDELLAJordan BARDELLA PRENEZ LE POUVOIR, LISTE SOUTENUE PAR MARINE LE PEN30,99%
      Nathalie LOISEAUNathalie LOISEAU RENAISSANCE SOUTENUE PAR LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE, LE MODEM ET SES PARTENAIRES14,76%
      Ian BROSSATIan BROSSAT POUR L'EUROPE DES GENS CONTRE L'EUROPE DE L'ARGENT12,14%
      Yannick JADOTYannick JADOT EUROPE ÉCOLOGIE11,25%
      Manon AUBRYManon AUBRY LA FRANCE INSOUMISE8,56%
      François-Xavier BELLAMYFrançois-Xavier BELLAMY UNION DE LA DROITE ET DU CENTRE4,52%
      Raphaël GLUCKSMANNRaphaël GLUCKSMANN ENVIE D'EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE4,06%
      Nicolas DUPONT-AIGNANNicolas DUPONT-AIGNAN LE COURAGE DE DÉFENDRE LES FRANÇAIS AVEC NICOLAS DUPONT-AIGNAN. DEBOUT LA FRANCE ! - CNIP2,99%
      Benoît HAMONBenoît HAMON LISTE CITOYENNE DU PRINTEMPS EUROPÉEN AVEC BENOÎT HAMON SOUTENUE PAR GÉNÉRATION.S ET DÈME-DIEM 252,06%
      Hélène THOUYHélène THOUY PARTI ANIMALISTE1,62%
      Dominique BOURGDominique BOURG URGENCE ÉCOLOGIE1,61%
      François ASSELINEAUFrançois ASSELINEAU ENSEMBLE POUR LE FREXIT1,31%
      Jean-Christophe LAGARDEJean-Christophe LAGARDE LES EUROPÉENS1,14%
      Florian PHILIPPOTFlorian PHILIPPOT ENSEMBLE PATRIOTES ET GILETS JAUNES : POUR LA FRANCE, SORTONS DE L'UNION EUROPÉENNE !0,93%
      Francis LALANNEFrancis LALANNE ALLIANCE JAUNE, LA RÉVOLTE PAR LE VOTE0,91%
      Nathalie ARTHAUDNathalie ARTHAUD LUTTE OUVRIÈRE - CONTRE LE GRAND CAPITAL, LE CAMP DES TRAVAILLEURS0,64%
      Olivier BIDOUOlivier BIDOU LES OUBLIÉS DE L'EUROPE - ARTISANS, COMMERÇANTS, PROFESSIONS LIBÉRALES ET INDÉPENDANTS - ACPLI -0,21%
      Pierre DIEUMEGARDPierre DIEUMEGARD ESPÉRANTO - LANGUE COMMUNE ÉQUITABLE POUR L'EUROPE0,09%
      Nagib AZERGUINagib AZERGUI UNE EUROPE AU SERVICE DES PEUPLES0,07%
      Yves GERNIGONYves GERNIGON PARTI FÉDÉRALISTE EUROPÉEN - POUR UNE EUROPE QUI PROTÈGE SES CITOYENS0,05%
      Florie MARIEFlorie MARIE PARTI PIRATE0,03%
      Sophie CAILLAUDSophie CAILLAUD ALLONS ENFANTS0,02%
      Nathalie TOMASININathalie TOMASINI À VOIX ÉGALES0,01%
      Robert DE PREVOISINRobert DE PREVOISIN UNE FRANCE ROYALE AU COEUR DE L'EUROPE0,01%
      Christophe CHALENÇONChristophe CHALENÇON ÉVOLUTION CITOYENNE0,01%
      Audric ALEXANDREAudric ALEXANDRE PACE - PARTI DES CITOYENS EUROPÉENS0,01%
      Renaud CAMUSRenaud CAMUS LA LIGNE CLAIRE0,01%
      Gilles HELGENGilles HELGEN MOUVEMENT POUR L'INITIATIVE CITOYENNE0,00%
      Vincent VAUCLINVincent VAUCLIN LISTE DE LA RECONQUÊTE0,00%
      Cathy Denise Ginette CORBETCathy Denise Ginette CORBET NEUTRE ET ACTIF0,00%
      Antonio SANCHEZAntonio SANCHEZ PARTI RÉVOLUTIONNAIRE COMMUNISTES0,00%
      Hamada TRAORÉHamada TRAORÉ DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE0,00%
      Christian Luc PERSONChristian Luc PERSON UDLEF (UNION DÉMOCRATIQUE POUR LA LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ)0,00%
      Thérèse DELFELThérèse DELFEL DÉCROISSANCE 20190,00%
      Participation au scrutinMartigues
      Taux de participation
    • La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !

      C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

      Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

      Aujourd'hui : La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !

      maurras maison se delabrant.jpg

      C'est La Provence qui l'a annoncé, mercredi dernier 27 novembre : par un petit visuel très court dans son édition de Marseille (ci dessous), et par un article un peu plus étoffé dans son édition de Martigues, avec une photo inquiétante, qui montre bien le mauvais état du lieu (ci dessus), en état de délabrement continu depuis des années, par manque de soins et d'entretien, tout simplement.

      Sans se rendre compte, probablement, de ce qu'il écrit, et qui permet de lancer une accusation contre la richissime Mairie de Martigues, justement pour négligence coupable, défaut de soins et d'entretien d'un Patrimoine remarquable, l'auteur de l'article commence ainsi, par ces lignes "bucoliques" (il aurait du talent, on dirait "virgiliennes", mais passons...) :

      "Le portail vert s'ouvre, découvrant un beau jardin. Allées de graviers blancs, massifs automnaux, oliviers, magnolias, myrte, arbousiers, buis, entourent la fameuse belle maison, classée sous le nom de "bastide du chemin de Paradis", connue à Martigues et dans les milieux politico-historiques comme la "maison de Maurras" (Lire par ailleurs). Léguée par sa famille à la mairie de Martigues pour 1 franc symbolique en 1997, celle-ci s'apprête à recevoir des travaux d'envergure, le permis ayant été voté à l'unanimité lors du dernier conseil municipal. Et elle en a bien besoin..."

      maurras bastide.jpg

      Ah, bon ? La bastide a "bien besoin" de "travaux d'envergure" ? Mais pourquoi donc ?

      Et c'est là que le bât blesse, pour la Mairie, qui voit ainsi dévoilée au grand jour son incurie, et :

      - soit sa mauvaise gestion,

      - soit sa volonté délibérée de laisser se dégrader la maison de Maurras, dans l'espoir peut-être de la voir disparaître, un jour, par écroulement ou parce que, son mauvais état empirant sans cesse, le bâti finirait par ne plus être "restaurable"...

      On pense à ce qui s'est passé à Marseille avec ces maisons de la rue d'Aubagne, qui ont fini par s'écrouler il y quelques semaines, après qu'on les ait laissé pourrir sur pied pendant des décennies, sans travaux d'entretien...

      Encore ces maisons formaient-elles un ensemble, se soutenant les unes les autres, et, même indigne, cet "habitat" (!) était... habité, les malheureuses personnes qui y logeaient leur apportant le peu de soins qu'elles pouvaient, et qui ont fini par ne plus suffire. 

      Rien de tel chez Maurras, où la maison est isolée, comme en pleine nature; jamais chauffée; dont les poutres sont forcément la proie, comme partout, des termites et des champignons; rongée par les intempéries et surtout l'humidité, qui a pénétré au coeur des pierres, des poutres et de la chaux qui sert de "liant" - comme on le faisait à l'époque - dans cette ville construite non pas au bord de l'eau mais dans l'eau, comme aimait à le dire Alexandre Dumas, amoureux du lieu :

      3039456636.jpg

       

      Cette maison, ce jardin de Maurras au Chemin de Paradis, nous les connaissons par coeur, à titre individuel ou à titre collectif, nous les militants et tous les membres de l'Union Royaliste Provençale, pour y être allé des dizaines de fois et y avoir organisé un grand nombre de rencontres, visites et manifestations diverses (et même un repas en soirée pour plusieurs dizaines de personnes, dans le jardin : un grand souvenir !...).

      Nous pouvons tous témoigner que cette maison, pleine des livres et objets familiers de Charles Maurras, était une maison en bon état, une belle bâtisse, et qu'il était seulement triste de la savoir inhabitée en permanence. Mais les gardiens s'en occupaient très correctement, et on ne voyait aucun signe de vétusté alarmante, nécessitant des "travaux d'envergure" dont elle aurait eu "bien besoin".

      Alors, que s'est-il passé ?

      Tout simplement, ceci...

      En 1997, il y a 22 ans, selon le voeu de Maurras lui-même, sa maison fut donnée à la ville de Martigues par Jacques Maurras; le Maire de l'époque était Paul Lombard, qui, bien que communiste, avait un "patriotisme municipal" qui lui permettait de passer outre les divergences politiques, pour ne considérer que le Patrimoine (dans une ville qui - ce n'est pas l'injurier que de le reconnaître simplement - n'est pas très riche en monuments remarquables).

      Au début, donc, tout se passa bien.

      La Mairie reprit même, et fit refaire à l'identique, mais en respectant la façon ancienne de construire, l'ensemble de la toiture, afin de mettre le monument hors d'eau, ce qui est la première des choses à faire, toujours et partout.

      Et l'ensemble maison/jardin était ouvert normalement au public.

      Cela dura tout le temps que Paul Lombard fut Maire, c'est-à-dire jusqu'en 2009, mais devait changer ensuite, lorsqu'une nouvelle équipe municipale d' "union de la Gauche" prit la Mairie. C'est à partir de ce moment-là qu'un petit groupe d'élus, aussi ignorants que sectaires et haineux, entama le processus qui devait mener à la fermeture de la totalité du lieu au public, et l'abandon complet de son entretien. 

      Situation démentielle et catastrophique, qui devait nous amener là où nous en sommes aujourd'hui : et maintenant, comme par hasard, quatre mois avant les Elections municipales, l'équipe en place se souvient qu'il y a une "maison de Maurras"; qu'elle a "bien besoin" de "travaux d'envergure" et vote un budget de 850.000 euros !

      Mais, que n'a-t-elle entretenu son patrimoine, au jour le jour - comme nous le faisons tous pour le nôtre ? Et pourquoi donc a-t-elle interdit l'entrée du lieu, depuis de trop longues années ? S'est-il passé quelque chose, qu'il faudrait cacher ?  

      Comme d'habitude, à chaque fois qu'il n'y a pas transparence, des rumeurs courent, parfois contradictoires, souvent convergentes. Quoi qu'il en soit, tous nos amis sur place nous disent la même chose : aucun n'a vu, ces dernières années, d'allées et venues de personnels d'entretien, la maison est toujours fermée, et son état est celui d'un édifice en voie de délabrement.

      Alors, voilà qu'on nous sort 850.000 euros du chapeau, et il faudrait que l'on s'extasiât ! Et que l'on remerçiât une Mairie si généreuse (elle peut, avec les millions, voire plus, qu'elle a !...) ! Eh bien, non !

      Les travaux dans la maison de Maurras ? Depuis des années, c'est... l'Arlésienne. Alors maintenant, nous ne croirons plus que ce que nous verrons. Car, c'est bien connu, les promesses n'engagent que ceux qui les croient...

      Et nous persistons à formuler nos demandes raisonnables, d'une façon calme et pacifique; au minimum :

      1. Que la Mairie re-donne l'accès au moins au jardin, si la maison a "bien besoin" - par sa faute - de "travaux d'envergure".

      2. A propos de ces travaux, que la Mairie "communique" (comme on dit aujourd'hui dans le jargon), qu'elle explique dans quel état se trouve le bâti, et qu'elle donne des informations sur un calendrier, même approximatif, des travaux, de leur durée, et de la future réouverture du lieu.

      Faute de quoi, on ne nous empêchera pas de penser - et nous ne sommes pas les seuls - qu'il s'agit là d'une opération de basse campagne électorale. On vient d'apprendre en effet que les Ecologistes - dont une partie au moins, à Martigues, est dans la majorité "de gauche" - viennent de déclarer que leur objectif - excusez du peu !... - est... l'Elysée pour 2022 ! Et on ne sait pas encore ce que feront les membres de l'ancienne gauche (PS...) qui font aussi partie de l'actuelle équipe municipale mais dont les groupes ont rejoint Macron depuis.

      L'équipe municipale actuelle préfère probablement ne pas laisser s'ouvrir un domaine de critiques éventuelles dans une élection qui va s'annoncer difficile...

      Dans ce contexte-là, nous pensons, oui, que l'annonce des travaux - même bienvenus... - dans une maison volontairement laissée à l'abandon pendant des années a quelque chose de... surprenant.

      lafautearousseau

    • Etre citoyen et responsable ?, par Olivier Perceval.

      On nous dit, qu’il faut jouer « l’Union Sacrée » face au fléau national et international qui s’abat sur nous, et toutes notes discordantes seraient indignes en plein milieu du combat, et même de « la guerre » pour reprendre l’expression dramatique du président Macron.

      Mais pour mener une guerre, il faut que le peuple entier fasse confiance en ses chefs, ceux là même qui ont ruiné le système de santé le plus performant du monde et fait tabasser les personnels médicaux en grève pour manque de moyens. Je ne parle pas de la répression sauvage des gilets jaunes, lesquels étaient coupables de ne pas croire aux bienfaits de la « mondialisation heureuse ».

      Olivier Perceval.jpgLes mêmes qui nous parlent encore, à l’instar du président, de ne pas sombrer dans le repli nationaliste et refusent de fermer les frontières au prétexte que les frontières n’arrêtent pas les virus, argument imbécile et de mauvaise foi puisque l’on nous serine par ailleurs que le virus est transporté par les hommes, lesquels, eux, peuvent être arrêtés par les frontières, dont c’est la fonction. 

      C’est d’ailleurs ce que comprennent, notamment, les allemands, les italiens et les espagnols.

      Sait-on que le laboratoire de Wuhan, en Chine,   a été inauguré en 2017 par Yves Lévy, PDG de l’Inserm et accessoirement mari d’Agnès Buzyn, pour procéder à des tests sur cellules souches de Coronavirus avec des chauves-souris  ? Cette proximité eut dû permettre à nos responsables, peut-être d’en savoir plus et expliquer les dernières déclarations de l’ex-ministre de la santé à propos de la mascarade des municipales.

      Aussi,  les mesures annoncées avec gravité sollicitant avec emphase le sens des responsabilités de chacun, sont contestées par des scientifiques tout de suite voués aux gémonies par l’académie, laquelle est immédiatement soutenue par les grands médias et bien sûr, le gouvernement, dont le sens même des responsabilités depuis quelques temps n’est pourtant pas démontré.

      Il semble quand même que les professionnels qui font référence, optent comme de vulgaires technocrates pour les solutions radicales, faute d’avoir anticipé, se trouvant débordés par le tsunami viral. Les politiques très mal à l’aise, en dehors de faire la morale au peuple indiscipliné s’en remettent aux «  spécialistes  » qui deviennent l’alpha et l’oméga, argument d’autorité repris en boucle sur les plateaux télé. Nos politiques semblent avoir oublié ce pourquoi ils sont faits  : Décider après avoir pris conseil (sachant que les conseilleurs, comme dit le proverbe, ne sont pas les payeurs)

      Le confinement général et brutal supplée aussi aux manques de moyens, notamment en matière de tests.

      Notre voisine l’Allemagne semble avoir mis en place des mesures  plus efficaces  :

      “Depuis le début [de l’épidémie], nous avons systématiquement demandé à nos médecins de tester les gens”, indiquait le docteur Lothar H. Wieler, président de l’Institut Robert Koch, lors de la conférence de presse quotidienne de l’organisation le 11 mars, cité par Euronews. Le pays dispose en effet d’une capacité de dépistage massive évaluée “par les autorités allemandes à 12 000 tests par jour” grâce à un “maillage territorial important de laboratoires”, souligne Laurent Desbonnets. Des “drive” ont même été mis en place dans le pays, comme en Corée du Sud ou aux Etats-Unis, afin de tester rapidement de très nombreuses personnes, relève le New York Post.

      Contrairement à la France, qui face à la hausse du nombre de cas suspects, a dû progressivement réserver les tests aux patients présentant des symptômes avancés.

      Résultat  : Lundi 16 mars, l’Allemagne recensait ainsi 6 012 cas confirmés, dont 13 morts (soit un taux de mortalité 0,2 %), selon l’Institut Robert Koch, l’établissement allemand responsable du contrôle et de la lutte contre les maladies au niveau fédéral. La France comptabilisait dans le même temps 6 633 cas confirmés, dont 148 morts (soit un taux de mortalité de 2,2 %), selon Santé publique France.

      “Comme l’Allemagne teste davantage de personnes, y compris certaines qui ne sont pas tant malades, cela nous donne une meilleure compréhension du taux de mortalité”, avance Thomas Schulz médecin à l’institut de virologie de Hanovre (Allemagne), interrogé par France info.

      Au contraire, la France ne dispose que d’une capacité de 2 500 tests par jour, a indiqué à France Info la Direction générale de la santé, mardi 17 mars. Et seuls 70 laboratoires sont en capacité de traiter ces tests, a-t-elle précisé à 20 Minutes. Les autorités sanitaires ont donc progressivement réservé les tests aux patients présentant des symptômes avancés

      Ainsi donc l’appel à la responsabilité des citoyens vient palier l’irresponsabilité chronique  et l’incapacité d’anticiper de nos dirigeants, devant lesquels nous avons reçu l’injonction de nous taire, de nous soumettre, au nom même de cette responsabilité.

       Les EPHAD désormais inaccessibles 

      Pendant deux jours trop courts, la consigne concernant les visites aux parents âgés était de se rendre un par un, à des horaires limités, de se laver les mains avant et après la visite et de se tenir à une distance d’un mètre de la personne visitée.

      Et puis, très rapidement la sentence est tombée  : Plus de visite du tout. Or nous savons tous que les personnes déjà confinées dans les établissements et qui se rapprochent inexorablement de leur fin, n’attendent que la prochaine visite de leur famille, la principale note d’espoir qui leur permet de vivre ou de survivre.

      Le mental étant le dernier ressort qui maintienne nos parents en vie. Si on le met à mal, malgré le dévouement du personnel de santé et

      d’accompagnement, on les condamne à mourir d’ennui et de tristesse, un virus pourtant que l’on sait combattre avec un peu d’amour.

      Ainsi, sous le prétexte de les sauver du virus, les vieux sont assignés dans ce qui ne devient pour eux qu’un mouroir…

      Une solution à double tranchant pour Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). “Limiter encore plus n’est absolument pas souhaitable pour les gens parce que ne pas voir les gens qu’on aime pendant trois mois, c’est insupportable  »

      “Le bénéfice, évidemment, c’est que si on suspend les visites il y a peu de probabilité que le virus entre dans un établissement”, estime Pascal Champvert. Mais il ajoute : “Le risque, c’est qu’on peut avoir des gens qui, pendant deux trois mois n’ont aucune visite”. “Est-ce que vous vous accepteriez de ne pas voir les gens que vous aimez, vos parents, votre famille, vos amis pendant trois mois ? Je ne suis pas sûr”, conclut-il enfin.

      Il faut ajouter que nos anciens sont en fin de vie, et qu’il est du ressort des vivants de les accompagner jusqu’à leur terme.

      Il y aura des morts non comptabilisés, parce que «  d’apparence naturelle  », que l’on ne pourra certes pas imputés au COVID 19, mais au désespoir de nos anciens morts d’isolement et de tristesse, parce que les politiques s’en remettant à des spécialistes de la statistique virale auront jugé que c’était plus commode. Etait-ce si difficile de laisser au moins un référent par personne et de l’équiper de surblouse et de masque  ? Ceux qui ont eu dans leur entourage, des malades immunodéprimés notamment dans le traitement des cancers ont pu  leur rendre visite avec cet équipement. Mais, ah oui, nous manquons aussi de surblouses et de masques…

      Ainsi en va-t-il du père de l’auteur de cet article, héros de la 2eme DB, blessé, croix de guerre, médaille militaire, légion d’honneur, patriarche d’une centaine de descendants, qui se trouve mourant seul, loin de tous, alors qu’avant l’ordre de confinement il recevait au moins une visite par jour.

    • De la colère sociale à l’espérance royale par Jean-Philippe Chauvin

      396556_jean-philippe-chauvincorr.jpg« Nous ouvrons là un mois de décembre qui promet, si l’on en croit la rumeur publique, d’être fort mouvementé, un an tout juste après le début de la longue protestation des Gilets jaunes qu’il nous est arrivé d’accompagner et d’encourager. Ainsi, nous pourrions paraphraser la célèbre formule de Rochefort : « La France compte aujourd’hui 66 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement… »

       

      « Désormais, c’est la question des retraites, de leurs formes comme de leur financement, qui agite la rue, mais aussi les salles des professeurs, les cantines d’entreprise et qui se discute, voire se dispute, au comptoir du café, ce « Parlement du peuple », selon le royaliste Balzac. L’un des éléments de débat se focalise sur l’âge légal de départ à la retraite, que les libéraux souhaitent, à tout prix, relever, le plus souvent à 67 ans, en attendant sans doute mieux (ou pire) encore : au-delà du Rhin, la Bundesbank allemande propose déjà 69 ans, mais ce sera bientôt au-delà de 70 ans si l’on suit leur argumentation « démographique ». Pourtant, l’espérance de vie, si elle augmente (mais elle semble atteindre un plafond difficilement transperçable), reste fort inégale selon les professions, et il semble qu’un ouvrier vive environ (et en moyenne) 13 ans de moins qu’un cadre supérieur. De plus, l’espérance de vie sans incapacité (ou en bonne santé), elle, n’atteint qu’un peu plus de 62 ans en France, ce qui n’est pas anodin quand on évoque la qualité de vie même de nos concitoyens. N’est-ce pas, pourtant, cette dernière mesure qu’il s’agirait de prendre en compte pour être juste, socialement juste ?

       

      retraite enfin.jpg« Mais comment financer les retraites par répartition sans aggraver les conditions de vie et de travail des Français ? Faire de grands calculs n’est pas suffisant ni satisfaisant car ils ont le défaut de négliger les êtres au profit des chiffres qui, eux, n’ont pas besoin de se nourrir, de se loger et de se vêtir. Commençons plutôt par la responsabilisation et l’action de chacun, en consommant en priorité français, c’est-à-dire en finançant indirectement (mais bien sûrement, fiscalement parlant) les caisses de l’Etat plutôt que celles de ces grandes firmes transnationales états-uniennes ou étrangères qui « oublient » de payer leurs impôts ou, surtout, se débrouillent pour ne rien lâcher de leurs immenses profits en se localisant dans des paradis fiscaux, parfois proches de la France et, même, membres de la même Union européenne que notre pays (n’est-ce pas le comble, au regard de ce que l’on nous dit - depuis plus de soixante ans - de ce que devait être « l’Europe », une sorte de super-Etat dans lequel les mêmes règles s’appliqueraient, de Brest à Chypre ?). Consommer français, c’est bien possible, et c’est plus civique que d’acheter des produits d’ailleurs sur une plateforme étrangère qui, en définitive, pratique une forme de fraude certes légale et baptisée de la formule trompeuse « optimisation fiscale », qui reste bien peu morale au regard de la nécessaire justice sociale que tous les acteurs économiques devraient avoir à cœur de promouvoir et de pratiquer ?

       

      « D’autre part, n’est-il pas possible de permettre à chacun des travailleurs français, à quelque branche qu’il appartienne ou à quelque niveau hiérarchique qu’il soit, de disposer d’une retraite honorable en favorisant la création de caisses de retraites autonomes par profession ou par branche d’activités ? D’ailleurs, cela existe déjà pour les avocats, les médecins, les infirmières, ou les orthophonistes, entre autres, et c’est justement le gouvernement, alléché par les fonds de ces caisses excédentaires quand le régime général est déficitaire, qui veut mettre la main sur eux : ce n’est rien d’autre qu’une spoliation ! En somme, la République de 2019 nous rejoue « 1791 » quand la Révolution, en mettant fin au système corporatif français, récupérait le patrimoine des corps de métiers dissous par le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier…

       

      « Certains me trouveront peut-être sévère, mais pourquoi faire crédit à une République qui, incapable de réussir par elle-même, n’hésite pas à confisquer ce que d’autres, plus efficaces et moins démagogues, ou « moins mauvais » (économiquement parlant), ont patiemment épargné et fait fructifier, par leurs efforts et malgré la pression fiscale actuelle ? En tout cas, cette spoliation montre à l’envi que la République n’est pas la plus convaincante quand il s’agit de finances publiques, malgré la bonne volonté, qu’il ne faut pas méconnaître si l’on veut être entièrement juste, de quelques ministres ou grands commis de l’Etat moins politiciens que les autres et qui n’ont pas oublié que leur charge impose de grands devoirs… Un roi saurait mieux les employer, sans doute.

       

      « D’ailleurs, souvenons-nous, quand le baron Louis, sous la Restauration, disait simplement au souverain : « Faîtes-moi de bonne politique, je vous ferai de bonnes finances ». D’une certaine manière, tout est dit ! Et il rajoutait : « L’Etat doit être le plus honnête homme de France ». Or, la République ne répond à aucun des deux critères valorisés par le financier de la Restauration, l’efficacité et l’honnêteté de l’Etat…

       

      « Il n’est pas indifférent que les deux citations aient pu être prononcées sous la Monarchie et non sous la République, là encore malgré les personnes de qualité dont la République a pu s’enorgueillir et dont elle n’a su, visiblement, que faire… Si certaines voulaient servir et tentaient de le faire, c’est la République qui, elle, les a desservies !

       

      gabin president.jpg« Et s’il n’y avait que la question des retraites qui montrait l’incompétence ou la négligence de la République ! Or, en parcourant les colonnes des journaux et les zones industrielles de nos métropoles, nous pouvons aussi constater cette désindustrialisation qui nous appauvrit et nous livre aux firmes transnationales étrangères, dans cette mondialisation qui tourne de plus en plus au cauchemar pour le monde de nos producteurs locaux et des ouvriers de nos usines. Et, dans nos rues et nos campagnes, la précarité et la misère sociale que l’on pensait éteindre il y a quelques décennies grâce aux progrès techniques et aux possibilités apparemment infinies qu’ils offraient ou que l’on nous en promettait… Sans oublier cet « asséchement du monde rural » qui se marque par la fin des services publics et la fermeture programmée des écoles de campagne comme des gendarmeries, au nom d’une logique purement économique qui ne parle que de rentabilité ou de réduction des déficits quand il faudrait aussi et d’abord penser en termes d’équité territoriale et de justice sociale, en n’oubliant jamais ce qui constitue les sociétés humaines, c’est-à-dire les personnes dans leur diversité et leurs particularités.

       

      « Et pourtant ! Nous vivons dans le plus beau des pays, avec des atouts immenses en métropole comme en Outre-mer, avec un domaine maritime qui est, avec ses 11 millions de kilomètres carrés, le deuxième du monde ! La République semble bien tout gâcher…

       

      « Si nous sommes royalistes, ce n’est pas seulement par la colère de voir la République dilapider l’héritage, mais par la volonté de vivre et de faire vivre notre pays, pour aujourd’hui comme pour demain ; de faire vivre la justice sociale, concrète et active, y compris contre les égoïsmes économiques ! Mais notre colère serait vaine et dangereuse si elle ne s’accompagnait pas d’une véritable espérance, ou si elle n’était pas, au-delà de sa forme tempétueuse, une espérance : une espérance royale, mais une espérance, d’abord, en la France et pour celle-ci, et une espérance à faire advenir, envers et contre tout ! Car il ne s’agit pas, pour nous, de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie, en Monarchie française… »

    • Est-ce le temps de sortir de l’emprise de l’État ?, par Philippe Kaminski.

      Entre les mastodontes que sont l’État et le Marché, une troisième voie existe. Elle s’est incarnée aujourd’hui sous le nom et la forme de l’Économie Sociale. Dans la trinité économique, l’État représente le Père, le Marché correspond au Fils, tandis que l’Économie Sociale pourrit être assimilé au Saint-Esprit.

      Actualités de l’économie sociale

      Dans ma précédente chronique, je déplorais l’absence, face aux deux continents aux mille visages que sont l’État et le Marché, d’un tiers acteur mieux à même de définir les voies du Bien commun et de débloquer les impasses, tant intellectuelles qu’organisationnelles, dans lesquelles se fourvoient nos sociétés dites « développées », en fait victimes de leur prospérité et de leur vieillissement. Je pensais bien entendu à l’Économie Sociale, dans sa forme actuelle, qui certes n’est pas absente mais qui ne parvient pas à sortir d’un rôle de second rang. Et je mettais cet effacement sur le compte d’une trop grande complaisance, du moins en France, vis à vis des Pouvoirs publics, dont elle se contente trop souvent de n’être qu’un sous-traitant docile et zélé.

       

      Je sais que cette quête d’une « troisième voie » n’est pas chose nouvelle. Mais si, depuis bientôt deux siècles, elle a le plus souvent pris les traits d’une utopie irréaliste, c’est parce que ses promoteurs ont trop semblé vouloir lui donner l’exclusivité de la conduite des sociétés humaines. Puisqu’elle est, selon ma démonstration, supérieure au collectivisme étatique et supérieure au capitalisme libéral, elle doit se substituer à eux, prendre leur place et les renvoyer au cimetière des idées mortes : tel a toujours été, peu ou prou, le discours des prophètes d’un monde meilleur reconstruit selon leurs visions. Il n’en est sorti que des sectes, avec leurs cortèges de scissions et d’illuminés, des théories plus ou moins fumeuses, et quelques micro-réalisations éphémères.

      Mais ce qui a survécu, ce que les épreuves de l’Histoire ont reconnu comme pérennes, ce sont les organisations qui n’ont pas eu cette prétention folle et qui se sont contentées de lutter pour survivre en faisant valoir leurs avantages comparatifs. Coopératives, mutuelles, fondations, institutions caritatives ou sociales de natures diverses, certaines étant en vie depuis fort longtemps, ont fait et font chaque jour la preuve de leur aptitude à s’adapter et à conquérir de nouveaux espaces. On peut, bien entendu, leur faire grief de s’être banalisées, d’avoir perdu, renié ou simplement laissé s’étioler leur potentiel de subversion, de transformation sociale. C’est un débat récurrent et inévitable. C’est la vie. On peut mourir jeune par excès d’idéal, et par symétrie on peut mourir sur le tard par insuffisance d’idéal. Reconnaissons tout de même que beaucoup d’entreprises d’Économie Sociale ont su se maintenir à égale distance de l’un et l’autre de ces risques mortels.

      Il faut se rendre à l’évidence : oui, la troisième voie existe. Elle s’est incarnée aujourd’hui sous le nom et la forme de l’Économie Sociale. Elle avait pris d’autres formes, d’autres noms dans le passé, selon les lieux, selon les temps et les cultures. Pour la première fois sans doute, on la retrouve sous des aspects semblables dans tous les pays du monde. Elle repose sur des principes très différents de l’économie publique et de l’économie capitaliste. Mais il ne s’agit pas de les opposer, de vouloir que l’une d’entre elles domine et écrase les deux autres. Il ne s’agit pas de les mettre en concurrence, ce qui aboutirait immanquablement à un vainqueur et deux vaincus. Il s’agit de les composer, de les faire coexister en harmonie, de tirer le meilleur parti de chacune d’entre elles. J’entends proposer une conception trinitaire (que les théologiens me pardonnent cette incursion dans leur pré carré) de l’organisation économique : l’économie du Père, égalitaire et sécurisante voire bureaucratique, qui convient à beaucoup ; l’économie du Fils, faite de fougue et d’audace, qui accepte tous les risques et se soucie peu des dégâts qu’elle occasionne ; enfin, l’économie du Saint-Esprit, celle des solidarités organiques, où la protection du groupe n’est acquise que moyennant adhésion et effort collectif. C’est le fameux principe de la propriété commune et impartageable des bénéfices, dont une part ne peut être redistribuée qu’au prorata de l’activité, et non du capital investi.

       

      Autre chose : l’Économie Sociale ne doit pas être vue comme un composé hybride, sorte de mélange incestueux à mi-chemin entre l’État et le Marché. Non, elle ne se situe pas entre le collectivisme et le capitalisme ; elle est, avec eux, le troisième sommet d’un triangle équilatéral, aussi distante de chacun d’eux qu’ils le sont entre eux. C’est pourquoi je considère qu’elle trahit son rôle lorsqu’elle se met au service de l’État Providence, ou du moins lorsque ses porte-parole autorisés le font, alors qu’elle devrait sans cesse proclamer son autonomie et la transcrire dans les faits, dans ses comptes, hors des subventions et des prébendes d’un système d’État obèse et inefficient.

      La situation actuelle est le fruit, non pas de la décentralisation en elle-même, mais de la conjonction fortuite après l’élection de 2002 d’une majorité présidentielle de droite, prête à laisser l’Économie Sociale vivre sa vie de son côté, et de régions toutes acquises à la gauche (sauf l’Alsace, mais l’Alsace, qui a de fortes traditions d’Économie Sociale, s’est alignée sur les autres régions).

      Les conseils régionaux prirent tous des mesures favorables, en apparence, à l’Économie Sociale, s’en faisant une sorte de chasse gardée, puisque ce n’était plus une affaire du gouvernement central. Au début, c’était l’euphorie ! Les Chambres régionales de l’Économie Sociale se voyaient reconnues, valorisées, dotées de quelques moyens. Mais très vite, le piège se referma sur les uns et les autres : programmes, projets, budgets, contractualisations, objectifs, tout était soumis au rythme et aux caprices des instances politiques régionales, avec le vocabulaire des meilleures intentions du monde. Les « représentants » de l’Économie Sociale se coulèrent très vite dans ce nouveau moule et adoptèrent un discours d’assujettis heureux renchérissant sur les vertus de leur nouveau statut.

      C’est sur ce terrain qu’arriva le gouvernement de 2012, qui allait faire adopter la loi Hamon dont le seul contrepoids à l’étatisation de fait de l’Économie Sociale fut la promotion, sur un modèle importé des États Unis, de l’entreprise sociale que là-bas on appelle le social business. Cette greffe quelque peu étrangère à notre culture ne se développa guère, mais elle est devenue un des mantras du gouvernement issu des élections de 2017. Notre actuel Haut-Commissaire ne jure que par ses social start-up, son French Impact et autres billevesées linguistiques dont il a du mal à faire partager le charme.

       

      Le proche avenir, au sortir de l’actuelle crise, pourrait cependant ouvrir des voies porteuses d’espoir. La sphère publique a beau accaparer un pourcentage record de la richesse nationale, son pouvoir réel et son efficacité intrinsèque n’en sont pas plus solides pour autant, loin s’en faut. Au contraire, l’État s’en trouve plus fragile, plus exposé. Tout le monde aura à gagner à une Économie Sociale pleinement autonome, et il suffira peut-être d’une légère secousse pour rompre le nœud de dépendance qui les lie. Qu’il me soit au moins permis de le souhaiter. Et de vous convier, chers lecteurs, à agir en ce sens.

      Suite à la prochaine chronique : un retour sur une troisième voie esquissée au lendemain des événements de Mai 1968.

      Philippe KAMINSKI

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      * Spécialiste de l’économie sociale et solidaire (ESS) en France, le statisticien Philippe Kaminski a notamment présidé l’ADDES et assume aujourd’hui la fonction de représentant en Europe du Réseau de l’Économie Sociale et Solidaire de Côte-d’Ivoire (RIESS). Il tient depuis septembre 2018 une chronique libre et hebdomadaire dans Profession Spectacle, sur les sujets d’actualité de son choix, afin d’ouvrir les lecteurs à une compréhension plus vaste des implications de l’ESS dans la vie quotidienne.

    • COVID-19 : L’Europe sans masque, par François Schwerer.

      L’Union européenne, qui ne sert à rien pour juguler la pandémie et en a même, préventivement, aggravé les effets, veut se servir de cette crise pour renforcer son contrôle inutile…

      Alors que les Français entament leur quatrième semaine de confinement, nos hommes politiques semblent surtout préoccupés d’une chose : l’Union européenne. C’est le président Macron qui, le 26 mars, expliquait à l’occasion du sommet européen tenu par visioconférence : « Ce qui est en jeu, c’est la survie du projet européen. […] Le risque, c’est la mort de Schengen ». C’est Jean-Pierre Raffarin qui, deux jours plus tard, s’inquiétait : « la situation est dangereuse, le virus menace l’existence de l’Europe ». C’est Jacques Delors qui constatait avec amertume : « Le climat qui semble régner entre les chefs d’Etat et de gouvernement et le manque de solidarité européenne font courir un danger mortel à l’Union européenne »…

      françois Schwerer.jpgCe qui explique cette surenchère dans le pessimisme c’est que, depuis le début de la crise actuelle, l’Union européenne brille par son absence la plus totale[1]. Et cela, malgré les multiples incantations du Président français de la République.

      Que reste-t-il des accords de Schengen ?

      Le 26 mars, après avoir longuement expliqué que fermer les frontières ne servait à rien, le président Macron avait demandé d’installer un contrôle aux frontières de l’espace Schengen. Sans succès. Le seul à avoir alors répondu, par avance, à son appel a été le président Trump lorsque, l’espace d’une journée, il avait interdit d’accès au sol américain les Européens provenant des pays appartenant à l’accord de Schengen. Le lendemain il l’avait étendu à tous les Européens, Britanniques compris.

      L’Allemagne avait déjà fermé ses frontières avec l’Italie, puis avec la France. Par la suite, plusieurs pays de l’Europe du Nord ont pris une même mesure. À l’inverse, les Polonais et les Autrichiens exceptés, tous ont laissé les Grecs faire face, seuls, à l’invasion migratoire décidée par la Turquie. Le 13 avril le président français a réitéré sa demande de fermer les frontières extérieures de l’espace Schengen, faisant semblant d’ignorer que « nos » partenaires ne laissent pas les Français entrer sur leur territoire.

      En fait, une seule chose a fait réagir les fonctionnaires de Bruxelles et le Premier ministre Luxembourgeois. Les uns ont simplement écrit : « La pandémie de Covid-19 perturbe fortement le 25e anniversaire de l’entrée en vigueur des accords de Schengen, ce jeudi 26 mars. » Quant à l’autre, il n’a rien trouvé de mieux que de s’insurger contre la décision de fermer les frontières prises par l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, les exhortant à « rétablir Schengen dans les meilleurs délais » car, dit-il, « la réintroduction de contrôles aux frontières communes entre certains pays ne peut être que ponctuelle et temporaire et elle doit se faire en conformité avec les traités ». Devant les décisions prises en ordre dispersé, la Commission européenne a fini par décider de fermer les frontières de l’espace Schengen, mais uniquement pour un mois, du 17 mars au 17 avril, et pour les déplacements non essentiels.

      Que reste-t-il du traité de Maastricht ?

      Sur le plan économique, ce n’est pas mieux. Les accords de Maastricht, déjà mis à mal depuis longtemps avec les crises économiques à répétition, ont purement et simplement volé en éclats. Il ne reste rien de la discipline budgétaire imposée à tous les États ayant adopté la « monnaie unique » ni des règles fixées à l’action de la Banque centrale européenne. Lorsqu’elle est intervenue pour la première fois dans le débat, Christine Lagarde a déclaré qu’elle n’avait pas à s’occuper de la différence de « spread » entre les divers pays européens, ce qui a aussitôt entraîné un nouveau plongeon de la Bourse… et conduit neuf pays (France, Italie, Espagne, Portugal, Slovénie, Luxembourg, Grèce, Belgique et Irlande) à réclamer la mise en œuvre, au-delà du MES (Mécanisme européen de stabilité), d’emprunts communautaires, baptisés « coronabonds ». « Nous devons travailler sur un instrument de dette commun émis par une institution européenne pour lever des fonds sur le marché » ont écrit, le 25 mars, les neuf chefs d’État concernés au président de l’Union européenne, le Belge Charles Michel. Mais ce mécanisme qui avait été créé en 2012 pour empêcher la Grèce de quitter le giron de l’euro n’est certainement pas adapté à la crise actuelle. Il ne faut donc pas s’étonner du fait que les Allemands et les Néerlandais ont répondu par une fin de non-recevoir. Sans oublier qu’une telle demande est une atteinte à la souveraineté de chacun des membres de l’Union européenne dans la mesure où il obligerait les États bénéficiaires des fonds ainsi obtenus de respecter une discipline imposée par les garants de la dette commune, notamment l’Allemagne.

      Que reste-t-il des quatre libertés fondamentales ?

      Il convient de rappeler que l’Union européenne se veut essentiellement un « espace » dans lequel sont placées au-dessus de tout les quatre libertés fondamentales que sont les libres circulations des biens, des services, des hommes et des capitaux. Or les trois premières ont été plus ou moins annihilées par les diverses mesures de fermeture des frontières et de confinement. Au stade actuel, il ne reste plus véritablement en vigueur qu’une seule liberté : la libre circulation des capitaux ! Comme les marchés financiers sont fortement interconnectés et fonctionnent sans flux matériels réels, cette libre circulation ne concerne pas que l’Union européenne, mais le monde entier. Ceci est révélateur de la seule chose qui compte vraiment dans le monde d’aujourd’hui, et l’Europe en particulier : la finance.

      À quoi joue l’Union européenne ?

      L’Allemagne a refusé d’aider ses voisins et d’abord l’Italie qui se débattait pourtant avec une crise sanitaire dramatique. Elle a fermé ses frontières et mis l’embargo sur les matériels de protection et d’assistance respiratoire dont ses voisins avaient besoin. Si par la suite les médias ont largement communiqué sur le fait que les Allemands ont accueilli chez eux une vingtaine de malades, ils oublient que l’Allemagne, ayant imposé à ses partenaires une politique monétaire qui lui était favorable (euro oblige), a ruiné le système hospitalier de tous les pays de l’Europe du sud. Elle y est ainsi devenue quasiment le seul fournisseur d’appareils respiratoires. C’est ce qui explique qu’au début de la crise elle disposait de six fois plus de lits de réanimation que la France ou l’Italie et d’une importante possibilité de test alors qu’elle avait officiellement moins de cas graves à soigner.

      Profitant de cette désunion, la Russie et la Chine – et aussi Cuba – ont apporté à l’Italie d’abord, à la France ensuite, une aide importante qui faisait cruellement défaut. Toutefois, il ne faut pas croire que la Russie et la Chine aient agi uniquement par solidarité ; ce qui se joue là est un épisode de la guerre géopolitique que ces deux pays livrent aux États-Unis et pourrait donc avoir des conséquences non négligeables, y compris sur l’équilibre de l’Union européenne. Mais au lieu de se préoccuper sérieusement de la situation sanitaire des pays membres, cette Union européenne se penche sur son élargissement à deux nouveaux pays, l’Albanie et la Macédoine du Nord que l’on veut accueillir quoique ne respectant pas les conditions en principe requises pour adhérer, et sur l’exclusion de la Hongrie, accusée en fait de privilégier les moyens de protéger sa population sur la discipline européenne.

      L’ensemble de ces observations montre que s’il existe des institutions communes (Commission européenne, Cour de Justice de l’Union européenne, Parlement européen, etc.) il n’existe pas de volonté commune des États constituant cet ensemble hétéroclite et il n’existe pas non plus de « peuple » européen. Chaque État a suivi sa propre politique, en fonction de ses priorités, de son taux d’équipement en matériels divers et de la vitesse à laquelle l’épidémie s’est propagée chez lui.

      Quand le président Macron explique, le 13 avril, qu’il faut refonder l’Europe et « bâtir des solidarités et des coopérations nouvelles », on peut se demander s’il a vraiment en tête ce que souhaitent les Français ou s’il appuie, sans le dire, la position de l’ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown, lequel appelle à la disparition pure et simple des nations. Dans une déclaration à The Guardian il avait constaté que « cette affaire ne peut pas être réglée au niveau d’un seul pays ». C’est pourquoi il proposait « une réponse globale coordonnée » et donc la mise en place d’un « gouvernement global », qui devrait aussi se charger des questions économiques. Il rejoignait ainsi Jacques Attali qui, voilà plus de dix ans, appelait de ses vœux une pandémie, seule capable à ses yeux de conduire rapidement à un gouvernement mondial !

       

      [1] Si l’on excepte les interventions de Madame von der Leyen, la première pour expliquer comment il faut se laver les mains (en chantant l’hymne à la joie) et la seconde pour proposer de confiner les vieux jusqu’à la fin de l’année en cours.

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    • A la découverte de l'homme Maurras : Maurras et les premiers établissements phocéens sur la côte provençale...

      C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

      Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

      Aujourd'hui : Maurras et les premiers établissements phocéens sur la côte provençale...

      (extraits du texte Inscriptions sur nos ruines, texte du 26 décembre 1941, in Maurras.net)

       

      Cinq ou six semaines ont passé depuis une promenade poignante à ce tragique plateau de l'Avarage sur lequel reposent notre classique Mur Grec et ses vingt-cinq siècles chargés des mystères de la première Provence hellène, déterrés en 1934 par notre ami Henri Roland 1. Nous venions de longer les 800 mètres de belles pierres blondes, admirablement taillées, dignes sœurs de celles qui soutiennent encore l'Acropole d'Athènes. Par un admirable après-midi de soleil, la double solitude de la terre et de l'air étendait ses arceaux de lumière stratifiés sur les couches vert sombre de kermès et de genévriers alternant avec le rocher nu. Au bas de la falaise, reposaient dans leur pourpre et leur aigue-marine les quatre étangs salés, Lavalduc, Engrenier, Citis, plus loin la Stouma et, toute dorée, la grande mer latine dont nous séparait une langue de terre, sous le château de Fos ; vaste monde immobile où la végétation comptait peu, où l'homme était à peine discernable, et qui offrait, avec son cœur, la pure et simple image du repos que rien ne trouble, pacemsolitudinem, la paix, la solitude, comme dans Tacite 2

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      Car enfin, ce désert a été populeux. Pas une anfractuosité de cette côte, pas une embouchure de ces étangs, στοηαλίμναι 3, qui n'ait possédé ville, citadelle, entrepôt ou comptoirs. D'Arles à Marseille, l'Itinéraire d'Antonin compte toutes sortes de postes et d'habitats, et il faut bien que des échanges importants y fussent faits, puisque cette voie littorale était doublée d'une autre route, intérieure, également frayée par la jeune Rome, et qui suivait, entre Aix et l'Étang de Berre, à peu près le même tracé qu'aujourd'hui la grande ligne de Paris-Lyon-Méditerranée. Et c'était aussi l'époque où Gaulois, Ligures, Grecs, Romains, sans parler des anciens habitants des factoreries phéniciennes, vidaient leurs longues querelles séculaires, incorporant aux besoins de leur vie la verve inexorable de l'éternel combat. Sur l'horizon couchant, brille le seuil de Galéjon d'où partaient, jusqu'au pied des Alpilles, les canaux et les galères de Marius, qui s'y était retranché contre le premier flot germain.

      On ne peut regarder cette plane étendue des terres et des eaux sans évoquer le mouvement perpétuel des populations, descendant sur la rive quand les corsaires arrêtaient d'y promener la dévastation, remontant à la hâte vers les hauteurs et s'y fortifiant dès que les barques suspectes réapparaissaient à l'horizon. Voilà, au loin, le Fort de Bouc. Il a été construit par Vauban. C'est seulement au XVIIe siècle qu'une tour solide a mis nos étangs à l'abri des Barbaresques ; encore s'y remontrèrent-ils de temps à autre tant qu'Alger ne fut pas conquise. En 1830, c'est d'hier.

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      Ici, sur le plateau des ronces et des roches on peut faire le compte des constructions et des destructions. Aucun vestige punique n'y a été relevé sans doute. Peut-être un habitat ligure, dont le nom d'Avarage et, plus loin, Varège a gardé la trace. Ensuite, la grande ville grecque attestée par cette Acropole, derrière laquelle aucune fouille n'a percé jusqu'à présent ; ville innomée encore (si ce n'est la première Marseille), à laquelle succède une ville latine, probablement Maritima Avaticorum, dont Martigues, là-bas, dans la plaine, fut la « colonie ». Puis, un oppidum bas-latin ou du haut moyen âge, Castellium Vetus, avec ses rondes tours barbares, couronnant le Mur Grec de leur suite presque continue et qui se retrouve encore un peu au delà, sous le nom de Castel Veyre… Castel Veyre a été saccagé au XIVe siècle par les bandes du vicomte de Turenne 4.

      Mais la vie ne s'est pas éteinte, elle y subsiste dans un village appelé Saint-Blaise, couronné d'une chapelle du XIIe siècle, réparée en 1614, et qui se trouve dédiée, comme par hasard, à Notre-Dame de Vie ! Qu'en reste-t-il ? Un pèlerinage, tous les 8 septembre, une procession, avec des vêpres en plein air qu'on chante sous les pins… Voilà sur un territoire si bref ce qui florit durant deux mille ans, murs écroulés l'un sur l'autre, remparts renversés près de leurs merlons, et sous lesquels, au delà de longues nécropoles creusées dans la roche vive, il faut bien situer des guerriers sans lesquels on n'imagine point les places où se sont entassés tous ces monuments !

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      Dans le jardin de Maurras, devant le mur des Fastes, ce portrait/buste de Maurras, offert par une confrérie de pêcheurs, est l'oeuvre du sculpteur Henri Bernard, Grand prix de Rome; il a été placé sur un merlon grec, provenant de l'établissement Grec de Saint Blaise, et offert à Charles Maurras par Henri Rolland.

      Ce merlon remonte à l'arrivée des Grecs en Provence, il est contemporain des vestiges de Marseille, l'antique Massalia, et ramène donc vingt six siècles en arrière...

       

      1. Henri Rolland (1887–1970) et non Roland (contrairement au texte, que nous avons respecté), archéologue provençal, membre de diverses sociétés savantes et ami de Maurras. Il est notamment à l'origine de l'exhumation du « mur grec » de Saint Blaise.

      2. Allusion à un passage célèbre du discours de Galgacus, dans la Vie d'Agricola, XXX : « Auferre, trucidare, rapere, falsis nominibus, imperium, atque, ubi solitudinem faciunt, pacem appellant.  » Soit : « Enlever, massacrer, piller, voilà avec des mots trompeurs ce qu'ils appellent l'empire, et là où ils font un désert, ils l'appellent la paix.  » 

      3. Littéralement : les bouches des étangs. 

      4. Raymond de Turenne (1352–1413), personnage considérable de l'époque de la Papauté d'Avignon. Suzerain d'un domaine couvrant une grande partie de l'actuel Sud-Ouest de la France, son orgueil et sa rigidité d'esprit l'amenèrent, par respect de la lettre du droit féodal, à ravager la Provence au cours de la dernière décennie du quatorzième siècle. 

      lafautearousseau

    • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

      lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

      C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

      Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

      Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

      Nous avons passé la semaine dernière en bonne compagnie, avec Axel Tisserand; nous passerons celle-ci en bonne compagnie également, cette fois avec Jean-François Mattéi et son intervention - le samedi 1er septembre 2012 - lors de la journée d'hommage à Charles Maurras, dans le jardin de sa maison de Martigues, pour le soixantième anniversaire de sa mort...

      MATTEI 1.jpgLe Chemin de Paradis (V/V)

      Tout l’ouvrage est donc conduit, avec la métaphore du « chemin », de la vie présente vers le Paradis futur à travers l’épreuve inéluctable de la mort. Le conte le plus remarquable, à cet égard, est celui des « Serviteurs ». Il se passe chez les Morts, comme dans le voyage d’Ulysse aux Enfers au cœur de l’Odyssée. Le narrateur, Criton (un coup d’œil au Criton de Platon qui visitait Socrate dans sa prison avant sa mort) se retrouve aux Champs-Élysées après son décès. Son ancien serviteur, Androclès, déplore que son maître soit mort comme lui et qu’il ne puisse plus régner sur ses esclaves. Et Maurras de justifier l’ordre inégalitaire de la vie grecque par un éloge de la hiérarchie qui structure une véritable communauté au lieu de la dissoudre dans un individualisme mortel.

      C’est ce que montre le conte « le Miracle des Muses », dans lequel on voit Phidias terminer la statue en or et en ivoire de Zeus à Olympie. Ulcéré d’avoir été peu rétribué par les prêtres du temple alors que la statue attire les visiteurs de toute la Grèce, il ouvre une école de sculpture où l’on blasphème les dieux, et il refuse l’aide des Muses alors qu’il sculpte leur bas-relief. Égoïste et vaniteux, il déclare qu’il mourrait plutôt que de devoir son art aux Muses et non à lui-même. Les Muses s’enfuient alors d’Olympie, et la statue de Zeus perd aussitôt son éclat, son front devient « terne et muet », tandis que toutes les statues de Phidias sombrent dans la décrépitude. Le sculpteur suit sa promesse et se donne une mort qui sera le sommet et le terme de son impiété.

      Que signifie cette mort qui frappe les personnages du Chemin de Paradis au moment même où ils sont au sommet de leur vie, de leur amour ou de leur art ? Maurras pose pour principe qu’il y a un point extrême de l’existence humaine. Lorsqu’il est atteint, seule la mort peut en garantir la pérennité. On le voit dans le conte « Le Jour des Grâces ». Le vieil Euphorion, élève de Pythagore et d’Empédocle, un homme sage donc, tue son esclave Syron. Celui-ci revient de Sybaris, capitale de toutes les voluptés, et lui raconte l’anéantissement de la ville par les dieux qui ont puni sa démesure. L’esclave lui-même a joui de ces voluptés, mais a miraculeusement échappé à la mort. Le sage alors le transperce d’un stylet parce qu’il n’a pas respecté l’équilibre de la nature. Et Euphorion de se dire en lui-même : « Rien d’entier ne demeure au monde, et la perfection entraîne la mort.  Dès que l’homme confine à Dieu, il est juste qu’il n’ait plus que faire de vivre ». Mais une telle sentence s’applique aussi à celui qui l’a prononcée. Le sage, à son tour, se donnera la mort parce qu’il est arrivé, en tuant son esclave, « au plus haut point de la sagesse ».

      Tout Le Chemin de Paradis est ainsi conduit par une esthétique de l’amour et de la mort qui exalte, et punit à la fois, la démesure, l’hubris, tout en évoquant, en contrepoint, l’idéal classique d’ordre et de mesure. Il se retrouve dans la tension constante entre les Religions et les Voluptés que le stade supérieur des Harmonies ne parvient pas, du moins en cette vie, à accorder. C’est ce que laisse entendre « La consolation de Trophime » qui appartient aux trois contes du cycle des Voluptés. L’action se passe en Arles. Une belle courtisane nommée Myrto, en hommage à la jeune Tarentine morte sous « la vague marine », veut mourir après avoir épuisé toutes les ressources du plaisir. L’évêque Trophime, étranger à la ville d’Arles, accourt pour essayer de l’amener à Dieu. Son nom grec signifie « le nourricier ». Mais Myrto ne se rend pas à l’enseignement de l’évêque qui veut la convaincre que « ce qui doit mourir » ne peut « persister dans sa forme heureuse ». En face de lui, le philosophe Philétas défend Myrto en s’appuyant sur la dialectique platonicienne de l’amour. « Elle est montée au plus haut point » de l’existence, et les arguments de Trophime ne la feront pas redescendre. Le philosophe arlésien défend ici l’« ascension dialectique » de l’âme de la courtisane au détriment de la conversion chrétienne que le prêtre lui promet. Myrto se laisse donc mourir, et la foule arlésienne, furieuse, mettra à mort le prêtre qui a échoué à la sauver.

      Maurras laisse à son lecteur le soin de comprendre qu’il est d’autres chemins de paradis que les chemins offerts par la religion. Ne peuvent y accéder que ceux qui ont accédé à un point extrême de perfection, serait-ce dans les voluptés, au-delà duquel l’homme n’attend plus que la mort. C’est la leçon du dernier des neuf contes du Chemin de Paradis : « Discours à la louange de la double vertu de la mer ». Sous une épigraphe de Frédéric Mistral, extraite de Mireille lors de la mort de la jeune provençale : « La mer, belle plaine agitée, est l’avenue du Paradis » (1), Maurras rappelle que c’est un « chemin étroit » qui conduit les hommes à leur terme, tout en leur signifiant à quel point ils seront toujours « inégaux à [leurs] espérances ».

      Jean-François Mattéi

      La Maison du Chemin de Paradis,

      Samedi 1er septembre 2012

       

      1. « La mar, bello plano esmougudo,

       Dóu paradis és l’avengudo », Mirèio, de Frédéric Mistral. 

      lafautearousseau

    • Bernanos.............. La servilité, par Frederic Poretti-Winkler.

      « Oui, pourvu qu'ils restent libres ! Non, s'ils souffrent que vous brisiez, par une mesure inouïe, le pacte national, car dès que vous aurez fait, par simple décret, des millions de Français soldats, il sera démontré que vous disposez souverainement des personnes et des biens de tous, qu'il n'y a pas de droit au-dessus du vôtre, et dès lors où s'arrêteront vos usurpations ? N'en arriverez-vous pas à prétendre décider du juste et de l'injuste, du Mal il et du Bien ? S'il en était ainsi un jour, que serais-je ? Vous auriez fait de cette vieille Chrétienté une espèce de Tyrannie analogue à celle des Barbares d'Orient…

      frédéric winkler.jpgMais l'Etat rival, tôt ou tard, fera la même chose que vous, et l’exception deviendra la règle, au consentement de tous, car je connais les hommes, moi qui suis une Patrie d'hommes. Ils trouvent la liberté belle, ils l'aiment, mais ils sont toujours prêts à lui préférer la servitude qu'ils méprisent, exactement comme ils trompent leur femme avec des gourgandines. Le vice de la servitude va aussi profond dans l'homme que celui de la luxure, et peut-être que les deux ne font qu'un. Peut-être sont-ils une expression différente et conjointe de ce principe de désespoir qui porte l'homme à se dégrader, à s’avilir, comme pour se venger de lui-même, se venger de son âme immortelle. La mesure que vous me proposez d’approuver ouvrira une brèche énorme au flanc de la Cité Chrétienne. Toutes les libertés, une à une, s'en iront par-là, car elles tiennent toutes les unes aux autres, elles sont liées les unes aux autres comme les grains du chapelet. Un jour viendra où il vous sera devenu impossible d'appeler le peuple à la guerre pour la défense de sa liberté contre l'envahisseur, car il n'aura plus de liberté, votre formule
      ne signifiera donc plus rien… » (La France contre les robots)
      « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration contre la vie intérieure. Hélas ! La liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles ! »
      Le siècle des machines est celui de l’inhumanité : « l’angoisse s’est substitué à la foi ». « L’homme moderne est, avant toute chose, un déséquilibré, un anormal, et que cet homme ne pourra se sauver qu’en rompant avec la pseudo-civilisation qui détruit ses facultés supérieures. On s’obstine à ne dénoncer que les effets, sans vouloir remonter aux causes (Paul Sérant, Les dissidents de l’Action française) : « Avant d’oser parler de justice sociale, commencez donc par refaire une société, imbéciles ! » (La liberté, pour quoi faire ?). L’Etat moderne devient un « prodigieux instrument de contrainte et d’asservissement » à la fois tentaculaire, malfaisant, parasite même, vivant sur une masse d’individus que l’on rend anonyme et irresponsable : « mi-usurier, mi-policier, dont l’œil est dans toutes les serrures et la main dans toutes les poches », disposera bientôt, sans entraves, des libertés et des biens des citoyens. Il est devenu « un monstre », il a des besoins de montre, les monstres ne discutent pas, ils croissent, et leur croissance est leur seule loi. Ces organisations colossales qui ne sont plus à l’échelle humaine et qui se chargent de tout, assument tout, n’ont plus rien de politique » ». Il surveille nos vies comme nos consciences, contrôle nos besoins comme nos biens, limite notre liberté et demain ? Sera-t-il ce monstre dont la croissance sans limites tuera toute vie ?
      « Le citoyen moyen des démocraties s’attache encore désespérément à l’idée que, le cauchemar dissipé, il se réveillera dans le monde qu’il a connu jadis et qu’il pourra y jouir tranquillement de l’espèce de liberté qui lui paraît la plus précieuse – celle du commerce. En attendant, il spécule tant qu’il peut sur la hausse… » (Le chemin de la croix des âmes). Il va jusqu’à dire, plus loin que lorsque les dictateurs seront pendus, qu’on n’oublie pas d’y mettre à côté les grands spéculateurs internationaux : « …et qui pour vendre un peu plus longtemps aux dictatures leur houille, leur acier, leur pétrole, ont failli perdre le monde »
      Et puis, que peut comprendre un homme sortit de la matrice sociétale actuelle, conformiste et aseptisée. Cet homme actuel est formaté aux besoins d’une société matérialiste dont il accepte par résignation les menottes dorées. Que comprend-il encore de nos temps classiques, de nos temps médiévaux de grande lumière, où libres nous vivions. Peut-être étions-nous soumis à des disgrâces, des épidémies comme des inégalités multiples, mais quelle vie communautaire c’était alors. Que comprend encore cet homme aux lignes de Molière et de Racine, aux courbes de la Cathédrale de Chartres, comme à la grâce de Versailles. Est-il encore capable de frissonner aux dentelles des remparts de quelques murs transpirant l’histoire. Peut il apprécier l’éclosion d’une fleur comme le passage des nuages moutonnés aux couleurs arc-en-ciel. Peut-il encore apprécier la fraîcheur des sources sous les clairières, où chantent encore quelques elfes, naissant de notre subconscient imaginaire ? Il faudra un jour choisir le chemin de la vie où s’enfoncer dans celui destructeur de la technique. N’oublions jamais, comme le disait Bernanos, que nous avons le choix et c’est nous qui faisons l’histoire !
      Des monstres bureaucratiques menant une économie sans quartier, pour des masses sous tutelle de l’Etat. Un Etat caché sous des apparences libertaires impose des dictatures économiques donnant un : « idéal de réformes sociales destinées à assurer le confort des masses sous la tutelle croissante de l’Etat… Or chaque « victoire de l’égalité » est d’abord et avant tout une victoire pour l’Etat au détriment de la société. Quant aux masses, ces immenses agrégats d’individus désocialisés et impuissants, elles ne peuvent que se donner à des tyrans, ces derniers n’étant précisément que leur sublimation. A ces divers titres, les Etats démocratiques ne sont donc que des Etats totalitaires en pleine genèse et il est aussi ridicule de les opposer d’une manière tranchée que d’opposer le « têtard à la grenouille… » ». Selon Bernanos c’est une victoire de l’Etat sur la société. Les familles comme les individus ne sont plus que des masses « désocialisées », sans pouvoir, se livrant au bon vouloir de tyrans, les manipulant et les emmenant vers des sociétés concentrationnaires : « les régimes totalitaires n’avaient fait que parcourir en peu d’années le même chemin que les démocraties réalistes et matérialistes devaient parcourir en un siècle ou deux ». L’Etat républicain a réussi à supprimer la société d’Ancien régime, aidé d’ailleurs du Code civil, destructeur des familles : « Mon frère, je veux avoir à Paris cent familles, toutes s’étant élevées avec le trône et restant seules considérables, puisque ce sont des fidéicommis et que ce qui ne sera pas à elle va se dissocier par l’effet du Code civil. Etablissez le Code civil à Naples ; tout ce qui ne vous est pas attaché va se détruire en peu d’années et ce que vous voulez conserver se consolidera (grâce a l’institution des majorats). Voilà le grand avantage du Code civil. Il faut établir le Code civil chez vous. Il consolidera votre puissance puisque par lui, tout ce qui n’est pas fidéicommis tombe et il ne reste plus de grandes maisons que celles que vous érigerez en fiefs. C'est ce qui m’a fait prêcher un Code civil et m’a porté à l’établir » (Lettre de Napoléon Bonaparte à son frère Joseph). La société qui survit aujourd’hui n’est plus qu’une poussière d’individu, bref celle-ci est dans un état de décomposition et l’Etat qui reste par conséquent est omnipotent. L’Etat prend ainsi tous les pouvoirs qui jadis, constituaient la société civile. L’égalitarisme a tout nivelé ce qui, hier en était l’ossature : privilèges, corps, traditions, autorités, hiérarchie, droits. Bernanos s’insurge contre l’Etat qui a détruit la vie sociétale, composée de « l’ensemble des groupements particuliers qui la composent et se font assez rigoureusement équilibre ». Bref l’Etat moderne est un cancer et la société « un corps en train de pourrir. L’armature se fera de plus en plus rigide, prendra de plus en plus de place à mesure que le corps en occupera moins, jusqu’au jour où l’appareil orthopédique se sera tout à fait substitué au corps réduit à rien ». La destruction des corps intermédiaires, voulu par la Révolution, une certaine nuit du 04 aout et officialisé par l’Empire, entraîna l’horrible souffrance ouvrière du XIXe siècle. Ces corps protégeaient l’individu comme les familles dans l’évolution technique d’alors, désormais le progrès technologique, sans contrôle, est un des meilleurs instruments de massification pour l’asservissement progressif des peuples. La technique est aussi pour Bernanos, devenue trop présente, envahissante. L’Etat totalitaire « est moins une cause qu’un symbole, ce n’est pas lui qui détruit la liberté, il s’organise sur ses ruines ».
      Le système repose sur une fausse conception de l’homme. Pour le comprendre, il suffit de revenir sur les thèses rousseauistes, comme celles des « Lumières », qui engendreront celles du marxisme, par réaction, faisant de l’homme un « animal perfectionné ». Cette conception entraîne tous les abus possibles, comme les massacres et populicides. Ce n’est pas pour rien que selon l’historien juif Israël ELDAD : « La dernière pierre que l’on arracha à la Bastille servit de première pierre aux chambres à gaz d’Auschwitz. » Il appellera donc à une révolution « totale », spirituelle et élitiste contre la « religion du progrès », idée de « vieux acceptants » : « ce pitoyable alibi « d’hommes dévalués… préférant se venger sur l’histoire de leur dévaluation », idée qui justifie depuis deux siècles la résignation des imbéciles ». A cela Bernanos déclare que l’on ne subit pas l’histoire mais on la fait !
      F. PORETTI-Winkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre..

    • L'Action Française face à la question sociale. Partie 1 : La condamnation du libéralisme, par Jean-Philippe Chauvin.

      2737274333.79.jpgL’histoire du royalisme, souvent ignorée par les monarchistes eux-mêmes alors qu’ils devraient être hommes de mémoire, est pleine de malentendus, de bruits et de fureurs, mais elle est aussi passionnante et beaucoup plus riche qu’on pourrait le croire au regard des manuels d’histoire ou des articles de presse, souvent ricaneurs ou polémiques, qui lui consacrent quelques pages.

      jean philippe chauvin.jpgDepuis quelques années, de nombreux colloques ont étudié l’Action française, accompagnés de publications universitaires ou érudites fort intéressantes, mais il reste encore de nombreux chantiers historiques à explorer sur cette école de pensée qui fut aussi (et surtout ?) une presse et un mouvement inscrits dans leur temps, avec toutes les pesanteurs de celui-ci et les risques d’incompréhension. Ces études, d’ailleurs, liées sans doute à l’esprit et aux inquiétudes de notre époque, pourraient être utilement complétées par celles sur les stratégies des princes de la Famille de France et sur les « royalismes provinciaux », parfois moins doctrinaires sans en être moins intéressants. A quand de grandes thèses sur les parlementaires royalistes d’avant 1940 ou sur la presse royaliste « hors-AF », comme La Gazette de France, dans laquelle écrivirent Maurras et Daudet, ou Le Soleil, fort peu maurrassienne ? La revue Lys Rouge, publiée il y a quelques années par la Nouvelle Action Royaliste, a ouvert quelques pistes de recherche qui mériteraient de ne pas être refermées avant d’avoir été complètement explorées…

       

       

      J’ai été amené il y a peu à m’intéresser à nouveau au sujet de l’Action française et la question sociale, fort bien traité par Bertrand Renouvin pour l’AF d’avant 1944 et abordé par Zeev Sternhell mais aussi par François Huguenin en quelques pages lumineuses, qu’il faudrait toutes citer. C’est un sujet passionnant, et qui aborde un pan de l’histoire politique et sociale de notre pays trop souvent négligé ou phagocyté par une certaine Gauche persuadée d’être la seule légitime à parler des ouvriers ou des salariés, à tel point que nombre de penseurs ou d’électeurs de Droite considèrent toute évocation du « social » comme une revendication gauchiste ou communiste…

       

       

      Contrairement à une idée reçue, l’Action Française n’a pas méconnu la question sociale, mais elle l’inscrit dans sa critique globale du libéralisme, et Maurras se réfère à Frédéric Le Play et, plus encore peut-être, au marquis de La Tour du Pin, véritable théoricien du corporatisme et de la décentralisation, en déclarant « Ce n’est pas La Tour du Pin qui est d’Action française mais l’Action française qui est de La Tour du Pin ». Au cours de l’histoire du mouvement royaliste, d’autres apports, au-delà des trois précédents cités, viendront enrichir la doctrine sociale de l’AF et, non pas seulement l’actualiser, mais bien plutôt la préciser et la contextualiser, comme le fera un temps Georges Valois, mais aussi Nel Ariès ou Firmin Bacconnier après lui, et Pierre Debray plus près de nous. Mais, pour l’AF, la question sociale n’est pas dissociable de la question politique, encore plus que du domaine économique.

       

      La question sociale ne naît pas exactement au XIXe siècle mais bien plutôt dès les années de la Révolution française, voire même dès le milieu du XVIIIe siècle quand Louis XV accepte (avant de se raviser quelques années plus tard) la libéralisation du commerce des grains (lois de mai 1763 et de juillet 1764), véritable coup d’envoi du libéralisme économique en France dont Turgot sera le représentant le plus emblématique à la suite de Montesquieu. Les lois d’Allarde et Le Chapelier, votées par l’Assemblée constituante en mars et juin 1791, défont le modèle social corporatif français (par la suppression des corporations, l’interdiction de s’associer et de faire grève, etc.), laissant l’ouvrier démuni face au pouvoir patronal et financier. A partir de ce moment-là, les travailleurs se retrouvent, au nom de la « liberté du travail » (qui n’est que celle de celui qui a les moyens d’en donner et de le financer, et non celle du travailleur même), soumis à la loi d’airain du capitalisme et de sa loi de l’offre et de la demande dans laquelle il n’apparaît plus que comme une variable d’ajustement. Comme l’explique l’historien maurrassien Pierre Gaxotte, la réaction est légitime face à ce libéralisme inique, et « tout le syndicalisme contemporain est une insurrection contre la loi Le Chapelier » : effectivement, le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle constitueront une sorte de « rattrapage » social pour les salariés pour retrouver, d’une part une dignité déniée par l’exploitation des ouvriers par les puissances d’argent, et d’autre part des conditions de travail plus favorables à la bonne santé des salariés d’usine ou de mine. L’Action française condamne ce libéralisme esclavagiste et Maurras y consacrera quelques fortes pages lors des fusillades de Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges ou lors de certaines grèves des années 1900, du temps de Clemenceau, prenant le parti des ouvriers et dénonçant la République antisociale : « La Révolution a supprimé les organisations ouvrières et confisqué leur patrimoine, c’est depuis lors que l’ouvrier souffre et se révolte. » Les ouvriers privés de reconnaissance, empêchés d’être propriétaires de leur métier et dépendants du bon-vouloir des patrons forment le prolétariat, pire encore que le précariat contemporain : « Situation sans analogie dans l’histoire. Le serf avait sa glèbe et l’esclave son maître. Le prolétaire ne possède pas sa personne, n’étant pas assuré du moyen de l’alimenter. Il est sans titre, sans état. Il est sauvage, il est nomade. » C’est cette « expropriation sociale », cette désaffiliation née des lois libérales de 1791, qui empêche les prolétaires de sortir de leur condition misérable et qui les pousse parfois à se révolter contre la société toute entière quand il leur faudrait concentrer leurs efforts et leurs attaques contre le système qui a favorisé cette situation indigne.

       

      Dans un article paru dans La Revue universelle en 1937, l’essayiste Thierry Maulnier synthétisera en quelques paragraphes la pensée d’AF sur la question sociale, s’appuyant sur les textes écrits et revendiqués hautement par le théoricien de l’Action française : « Ceux qui connaissent tant soit peu l’histoire de la pensée maurrassienne savent qu’elle fut orientée dès ses débuts contre ce qu’elle considérait comme le principal adversaire (…) : le libéralisme. Or, le libéralisme a deux faces, l’une politique, l’autre économique. Ces deux faces, l’analyse maurrassienne ne pouvait les séparer. (…) Si le libre jeu des volontés individuelles ne produit pas naturellement, en politique, le bien de la cité, il n’y a aucune raison pour que le libre jeu des volontés individuelles produise davantage, en économie, le bien de la cité.

      « Non seulement la critique maurrassienne de l’individualisme devait conduire son auteur à dénoncer les ravages de l’économie sociale individualiste ; mais encore elle devait le rapprocher dans une certaine mesure des critiques socialistes, par une haine commune de l’individualisme régnant. S’il est deux idées qui dominent la philosophie maurrassienne, c’est bien, d’une part, l’idée du bien public, conçu comme différent de la somme des intérêts particuliers, supérieur à ces intérêts qui doivent plier devant lui ; c’est bien, d’autre part, l’idée qu’une société où les individus sont livrés à eux-mêmes est une société barbare, qui tend naturellement à l’anarchie et à la tyrannie des plus forts. » En rappelant ces vérités simples, Maurras, dans la ligne des catholiques sociaux et des contre-révolutionnaires du XIXe siècle, réfute la doctrine de l’éclatement individualiste qui sera synthétisée par Mme Thatcher sous la formule terrible « La société n’existe pas »… La démocratie française, fondée sur les individus plutôt que sur les personnes intégrées et enracinées, forme en fait ce que Marcel de Corte baptisera du nom de « dissociété ».

      (à suivre)

    • COVID-19 : L’Europe sans masque, par François Schwerer.

      L’Union européenne, qui ne sert à rien pour juguler la pandémie et en a même, préventivement, aggravé les effets, veut se servir de cette crise pour renforcer son contrôle inutile…

      Alors que les Français entament leur quatrième semaine de confinement, nos hommes politiques semblent surtout préoccupés d’une chose : l’Union européenne. C’est le président Macron qui, le 26 mars, expliquait à l’occasion du sommet européen tenu par visioconférence : « Ce qui est en jeu, c’est la survie du projet européen. […] Le risque, c’est la mort de Schengen ». C’est Jean-Pierre Raffarin qui, deux jours plus tard, s’inquiétait : « La situation est dangereuse, le virus menace l’existence de l’Europe ». C’est Jacques Delors qui constatait avec amertume : « Le climat qui semble régner entre les chefs d’État et de gouvernement et le manque de solidarité européenne font courir un danger mortel à l’Union européenne »… Ce qui explique cette surenchère dans le pessimisme c’est que, depuis le début de la crise actuelle, l’Union européenne brille par son absence la plus totale[1]. Et cela, malgré les multiples incantations du président français de la République.

      françois schwerer.jpgQue reste-t-il des accords de Schengen ?

      Le 26 mars, après avoir longuement expliqué que fermer les frontières ne servait à rien, le président Macron avait demandé d’installer un contrôle aux frontières de l’espace Schengen. Sans succès. Le seul à avoir alors répondu, par avance, à son appel a été le président Trump lorsque, l’espace d’une journée, il avait interdit d’accès au sol américain les Européens provenant des pays appartenant à l’accord de Schengen. Le lendemain, il l’avait étendu à tous les Européens, Britanniques compris.

      L’Allemagne avait déjà fermé ses frontières avec l’Italie, puis avec la France. Par la suite, plusieurs pays de l’Europe du Nord ont pris une même mesure. À l’inverse, les Polonais et les Autrichiens exceptés, tous ont laissé les Grecs faire face, seuls, à l’invasion migratoire décidée par la Turquie. Le 13 avril le président français a réitéré sa demande de fermer les frontières extérieures de l’espace Schengen, faisant semblant d’ignorer que « nos » partenaires ne laissent pas les Français entrer sur leur territoire.

      En fait, une seule chose a fait réagir les fonctionnaires de Bruxelles et le Premier ministre Luxembourgeois. Les uns ont simplement écrit : « La pandémie de Covid-19 perturbe fortement le 25e anniversaire de l’entrée en vigueur des accords de Schengen, ce jeudi 26 mars. » Quant à l’autre, il n’a rien trouvé de mieux que de s’insurger contre la décision de fermer les frontières prises par l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, les exhortant à « rétablir Schengen dans les meilleurs délais » car, dit-il, « la réintroduction de contrôles aux frontières communes entre certains pays ne peut être que ponctuelle et temporaire et elle doit se faire en conformité avec les traités ». Devant les décisions prises en ordre dispersé, la Commission européenne a fini par décider de fermer les frontières de l’espace Schengen, mais uniquement pour un mois, du 17 mars au 17 avril, et pour les déplacements non essentiels.

      Que reste-t-il du traité de Maastricht ?

      Sur le plan économique, ce n’est pas mieux. Les accords de Maastricht, déjà mis à mal depuis longtemps avec les crises économiques à répétition, ont purement et simplement volé en éclats. Il ne reste rien de la discipline budgétaire imposée à tous les États ayant adopté la « monnaie unique » ni des règles fixées à l’action de la Banque centrale européenne. Lorsqu’elle est intervenue pour la première fois dans le débat, Christine Lagarde a déclaré qu’elle n’avait pas à s’occuper de la différence de « spread » entre les divers pays européens, ce qui a aussitôt entraîné un nouveau plongeon de la Bourse… et conduit neuf pays (France, Italie, Espagne, Portugal, Slovénie, Luxembourg, Grèce, Belgique et Irlande) à réclamer la mise en œuvre, au-delà du MES (Mécanisme européen de stabilité), d’emprunts communautaires, baptisés « coronabonds ». « Nous devons travailler sur un instrument de dette commun émis par une institution européenne pour lever des fonds sur le marché », ont écrit, le 25 mars, les neuf chefs d’État concernés au président de l’Union européenne, le Belge Charles Michel. Mais ce mécanisme qui avait été créé en 2012 pour empêcher la Grèce de quitter le giron de l’euro n’est certainement pas adapté à la crise actuelle. Il ne faut donc pas s’étonner du fait que les Allemands et les Néerlandais ont répondu par une fin de non-recevoir. Sans oublier qu’une telle demande est une atteinte à la souveraineté de chacun des membres de l’Union européenne dans la mesure où il obligerait les États bénéficiaires des fonds ainsi obtenus de respecter une discipline imposée par les garants de la dette commune, notamment l’Allemagne.

      Que reste-t-il des quatre libertés fondamentales ?

      Il convient de rappeler que l’Union européenne se veut essentiellement un « espace » dans lequel sont placées au-dessus de tout les quatre libertés fondamentales que sont les libres circulations des biens, des services, des hommes et des capitaux. Or, les trois premières ont été plus ou moins annihilées par les diverses mesures de fermeture des frontières et de confinement. Au stade actuel, il ne reste plus véritablement en vigueur qu’une seule liberté : la libre circulation des capitaux ! Comme les marchés financiers sont fortement interconnectés et fonctionnent sans flux matériels réels, cette libre circulation ne concerne pas que l’Union européenne, mais le monde entier. Ceci est révélateur de la seule chose qui compte vraiment dans le monde d’aujourd’hui, et l’Europe en particulier : la finance.

      À quoi joue l’Union européenne ?

      L’Allemagne a refusé d’aider ses voisins et d’abord l’Italie qui se débattait pourtant avec une crise sanitaire dramatique. Elle a fermé ses frontières et mis l’embargo sur les matériels de protection et d’assistance respiratoire dont ses voisins avaient besoin. Si par la suite les médias ont largement communiqué sur le fait que les Allemands ont accueilli chez eux une vingtaine de malades, ils oublient que l’Allemagne, ayant imposé à ses partenaires une politique monétaire qui lui était favorable (euro oblige), a ruiné le système hospitalier de tous les pays de l’Europe du sud. Elle y est ainsi devenue quasiment le seul fournisseur d’appareils respiratoires. C’est ce qui explique qu’au début de la crise elle disposait de six fois plus de lits de réanimation que la France ou l’Italie et d’une importante possibilité de test alors qu’elle avait officiellement moins de cas graves à soigner.

      Profitant de cette désunion, la Russie et la Chine – et aussi Cuba – ont apporté à l’Italie d’abord, à la France ensuite, une aide importante qui faisait cruellement défaut. Toutefois, il ne faut pas croire que la Russie et la Chine aient agi uniquement par solidarité ; ce qui se joue là est un épisode de la guerre géopolitique que ces deux pays livrent aux États-Unis et pourrait donc avoir des conséquences non négligeables, y compris sur l’équilibre de l’Union européenne. Mais au lieu de se préoccuper sérieusement de la situation sanitaire des pays membres, cette Union européenne se penche sur son élargissement à deux nouveaux pays, l’Albanie et la Macédoine du Nord que l’on veut accueillir quoique ne respectant pas les conditions en principe requises pour adhérer, et sur l’exclusion de la Hongrie, accusée en fait de privilégier les moyens de protéger sa population sur la discipline européenne.

       

      Tous ont laissé les Grecs faire face, seuls, à l’invasion migratoire.

       

      L’ensemble de ces observations montre que s’il existe des institutions communes (Commission européenne, Cour de Justice de l’Union européenne, Parlement européen, etc.) il n’existe pas de volonté commune des États constituant cet ensemble hétéroclite et il n’existe pas non plus de « peuple » européen. Chaque État a suivi sa propre politique, en fonction de ses priorités, de son taux d’équipement en matériels divers et de la vitesse à laquelle l’épidémie s’est propagée chez lui.

      Quand le président Macron explique, le 13 avril, qu’il faut refonder l’Europe et « bâtir des solidarités et des coopérations nouvelles », on peut se demander s’il a vraiment en tête ce que souhaitent les Français ou s’il appuie, sans le dire, la position de l’ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown, lequel appelle à la disparition pure et simple des nations. Dans une déclaration au Guardian, il avait constaté que « cette affaire ne peut pas être réglée au niveau d’un seul pays ». C’est pourquoi il proposait « une réponse globale coordonnée » et donc la mise en place d’un « gouvernement global », qui devrait aussi se charger des questions économiques. Il rejoignait ainsi Jacques Attali qui, voilà plus de dix ans, appelait de ses vœux une pandémie, seule capable à ses yeux de conduire rapidement à un gouvernement mondial !

       

      [1].   Si l’on excepte les interventions de Mme von der Leyen, la première pour expliquer comment il faut se laver les mains (en chantant l’Hymne à la joie) et la seconde pour proposer de confiner les vieux jusqu’à la fin de l’année en cours.

    • Réindustrialisation et volonté politique : la piste royale, par Jean-Philippe Chauvin.

      Le déconfinement a commencé depuis déjà deux semaines, et nombre d’illusions sur « le monde d’après » sont déjà entrées au cimetière des bonnes intentions, peu aptes à survivre dans une société de consommation, mais aussi « distractionnaire » comme la qualifiait Philippe Muray avec une ironie un peu triste. Ainsi en va-t-il de l’idée, souvent émise au cours de la période de confinement, de la relocalisation des industries parties hier (un hier qui remonte parfois aux années 1990…) vers les pays asiatiques ou est-européens, idée qui est déjà démentie par les propos du commissaire européen au commerce, M. Phil Hogan, et que rappelle Serge Halimi dans son éditorial du Monde Diplomatique de juin 2020 :

      jean philippe chauvin.jpg« Quelques entreprises sanitaires seront relocalisées sur le Vieux Continent, comment faire autrement ? « Mais il s’agit là d’une exception », nous avertit M. Hogan. Et, s’adressant à ceux qui parlent de circuits courts, de décroissance, il prévient : « En 2040, 50 % de la population mondiale vivra à moins de cinq heures de la Birmanie. (…) Il me semble évident que les entreprises européennes ne voudront pas se priver de cette manne d’activité. Ce serait complètement idiot. » Il sait d’ailleurs déjà à quoi il emploiera les prochains mois : « Nous devons approfondir nos accords de libre-échange existants - on en a avec quelque soixante-dix pays - et chercher à en contracter d’autres. »

       

      Ainsi s’accélère la logique de mondialisation, et les désirs de « rattrapage » des dividendes perdus chez nombre d’actionnaires, de plus en plus asiatiques d’ailleurs, n’y seront pas non plus étrangers : d’ailleurs, même les actionnaires français sont sensibles à ce discours, d’autant plus que nombre d’entre eux, et il n’est pas interdit de le regretter, n’ont plus guère de sens patriotique, ce sens qui n’est rien d’autre, en économie, que la solidarité des plus aisés avec les autres classes sociales, une solidarité qui, pour être complète et efficace, doit évidemment fonctionner dans les deux sens, mais selon les critères reconnus et acceptés de la justice sociale, fondement majeur de toute harmonie nationale durable. Mais, doit-on s’accommoder de cette situation et de cette mentalité individualiste et « libéraliste » qui, si l’on n’y prend garde, pourraient bien mener notre pays à la perte de sa souveraineté économique, préambule ou accélérateur de celle de toute indépendance politique ?

       

      En fait, il n’y a pas une seule réponse économique, mais bien plutôt une stratégie politique qui doit utiliser diverses propositions ou solutions économiques, avec la boussole nécessaire du bien commun et de la justice sociale, boussole qui n’est pas exactement celle de la seule logique du Marché et de sa pratique mondialisée. Cela implique un État qui ne soit pas forcément omnipotent mais, en revanche, fort et sûr, sinon de son fait (l’erreur est toujours possible, mais il faut éviter d’y persévérer…), au moins de sa légitimité pour s’imposer aux féodalités financières, actionnariales ou économiques. Il semble bien que la République, trop dépendante des puissances qui estiment n’avoir pas de comptes à lui rendre (ce que dénonçait Jean Gabin dans son fameux discours à la Chambre, dans le film - politiquement incorrect - « Le Président »…), n’arrive pas toujours à se faire entendre d’elles, au risque d’aggraver le discrédit de la fonction politique aux yeux de nos concitoyens, de plus en plus abstentionnistes, voire « inciviques » (ou « impolitiques »), et de la désarmer un peu plus encore…

      Pour ce qui est de la relocalisation des entreprises, sans doute le terme, sympathique en lui-même, cache-t-il quelques ambiguïtés et faiblesses : relocaliser des entreprises automobiles qui produisent en Chine pour vendre dans ce même pays, n’aurait guère de sens et serait même peu responsable, ne serait-ce que pour des raisons écologiques ; mais relocaliser des usines, aujourd’hui asiatiques, dont les productions sont majoritairement destinées aux marchés français et européen, paraît beaucoup plus utile et efficace, même si les marges bénéficiaires des entreprises et les dividendes des actionnaires peuvent en être diminués sans être, pour autant, annihilés. Néanmoins, la relocalisation de quelques activités industrielles est-elle suffisante, au regard des enjeux contemporains, qu’ils soient industriels, économiques ou écologiques ? Louis Gallois, grand patron français, a des idées plus précises sur ce sujet quand il évoque, plutôt que la seule relocalisation (dont il complète la formule plutôt qu’il ne la rejette), la nécessaire réindustrialisation qui doit nous permettre de subvenir à nos propres besoins et de garantir cette souveraineté économique qui est l’une des clés (mais pas la seule…) de la capacité du politique à pouvoir se faire respecter face aux puissances de l’économique et sur la scène mondiale. Et quand il insiste sur trois domaines prioritaires de « relocalisations d’activités et de systèmes productifs », ceux de la Santé, de l’agro-alimentaire et du numérique (ce dernier domaine relevant, pour lui, de « l’Europe » - mais façon Airbus - plus que de la seule France, ce qui peut être discuté et, pourquoi pas, approuvé), il me semble bien qu’il a raison et qu’il faut l’entendre.

       

      Mais, là encore, ses propositions (qu’il n’est pas impossible de compléter, dans une logique d’ententes européennes et de grands ensembles géopolitiques dans lesquelles la France aurait sa place à tenir, en tant que telle, et non comme une simple puissance « européenne » ou prisonnière de « l’Europe ») nécessitent une véritable volonté politique, au-delà même des moyens (c’est-à-dire la fameuse « intendance » évoquée par le général de Gaulle) de sa mise en pratique, . Or, la volonté politique ne se décrète pas, elle s’institue, c’est-à-dire qu’elle s’ancre dans un État, dans une forme politique qui lui assure d’être immédiatement reconnue et suivie d’effets. Après tout, la Cinquième République, quand elle se pensait comme une « monarchie républicaine » incarnée par un homme né de l’histoire (et de la tragédie surmontée), a démontré la capacité de la volonté politique à « faire l’histoire », y compris à contre-courant des idéologies dominantes. Sans doute s’agit-il désormais de faire advenir une monarchie royale qui reprenne l’élan des débuts de la Cinquième, non pour l’imiter, mais pour incarner et pérenniser la volonté politique, au-delà d’un homme, forcément faillible (et c’est tant mieux, la nature de l’homme n’étant pas de devenir un démiurge), dans une institution familiale dont les visages vieillissent et se succèdent au rythme du temps et des générations. Car la nouvelle Monarchie royale n’aurait pas pour seul rôle (même s’il n’est pas négligeable) de « symboliser » l’État mais se devrait d’en assumer la magistrature suprême et sa fonction d’arbitrage et d’impulsion (et de garantie) des grandes politiques séculaires, celles qui ne sont pas « que » gouvernementales mais qui sont, avant tout et au fil des grands cycles politiques et géopolitiques, des politiques « du temps long » : celui-là même qu’évoquait le philosophe Michel Serres dans une émission ancienne dans laquelle il se faisait (philosophiquement parlant et sans oser employer le mot exact) l’avocat de la Monarchie de transmission intergénérationnelle, successible et héréditaire, « pour donner du temps au temps »

    • La République s’apprête à traiter avec l’islam ...

       

      Par Philippe Mesnard
       

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      Le concordat inutile

      Droit public de l'islam. La République a été capable de casser tous ses liens avec l’Église catholique qui a façonné et accompagné l’histoire de France, au nom de la laïcité, et elle s’apprête à traiter avec l’islam en lui accordant pour assurer sa paix des privilèges exorbitants.

       

      La conclusion du Rapport de l’Institut Montaigne sur La fabrique de l’islamisme est claire : si l’on veut éviter le séparatisme islamiste, il faut arracher les musulmans de France à l’idéologie islamiste, imaginée, promue et financée par l’étranger ; il faut créer un islam de France, et cet islam de France doit avoir une structuration française et un financement français pour garantir son indépendance. « En France, une réorganisation du culte pour lutter contre l’islamisme est indispensable et se traduirait par la création d’une institution chargée d’organiser et de financer le culte musulman (formation et rémunération des imams, construction des lieux de culte, travail théologique et lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme) : l’association musulmane pour l’islam de France (AMIF) (1). Cette institution viendrait pallier les lacunes organisationnelles et les conflits d’intérêts des organes actuels. En effet, la place prépondérante laissée aux pays d’origine des familles musulmanes et la mauvaise gestion de l’argent lié au commerce du halal, du pèlerinage et des dons individuels empêchent l’émergence d’un islam géré en France par des Français en fonction des intérêts des musulmans de France ».

      Et qui mieux que les musulmans serait capable de porter cette structure, son discours ? Personne. L’État doit donc s’engager dans la voie concordataire, avec les musulmans de France, et déployer son action anti-islamiste, et donc pro-musulmane, dans toutes les dimensions de son pouvoir : culturelle, éducative, diplomatique. « Il convient aussi d’assurer avec l’Arabie saoudite que l’AMIF aura un rôle central dans l’organisation du pèlerinage […] Plus largement, une coopération religieuse avec le Maghreb et les pays du Golfe est à envisager sérieusement ».

      Le concordat théorique

      Le Rapport, dans sa conclusion, évoque les quartiers arrachés à la loi républicaine et la masse des musulmans modérés, inaudibles et invisibles : « [L’État doit] mettre en place des dispositifs et plans d’action interministériels de reconquête républicaine dans les quartiers où c’est nécessaire. Il doit enfin assurer un travail de communication intense, qui encourage les musulmans modérés, jusqu’ici trop silencieux, à s’emparer des débats qui agitent l’islam. ». Le Rapport examine assez brièvement quartiers et musulmans dans leur différentes qualifications dans le premier chapitre L’islamisme en France : de la communauté au communautarisme de la partie IV du rapport Situation de l’islamisme en Occident. Il constate la sécession de fait, la compare avec d’autres « quartiers » européens, démontre que le halal commercial est un outil de soupçon permanent par rapport à la pureté et la licéité des mœurs mais aussi des produits comme des agents de l’État ! Enfin il dénonce la manière dont les élus ont acheté une fragile paix sociale aux « grands frères » (ceux qui avaient engagé la guerre…). Dans son rapport de 2016, 28% des musulmans seraient des sécessionnistes, selon Hakim El Karoui : ces opposants « se définissent davantage par l’usage qu’ils font de l’islam pour signifier leur révolte que par leur conservatisme. […] 28 % des musulmans de France peuvent être regroupés dans ce groupe qui mélange à la fois des attitudes autoritaires et d’autres que l’on pourrait qualifier de “sécessionnistes”. » C’est un groupe composé à 50% de jeunes.

      Il faut donc, d’après le rapport, réintégrer les sécessionnistes et donner une voix aux musulmans sécularisés, ces 46% qui sont « soit totalement sécularisés, soit en train d’achever leur intégration dans le système de valeurs de la France contemporaine ». Hubert Champrun remarquait alors, dans Monde & Vie, que les sécularisés étaient quand même réputés, de l’aveu même du Rapport, « faire évoluer [les valeurs républicaines] par leurs spécificités religieuses. » La solution concordataire permettrait donc d’homogénéiser toute la population musulmane en continuant à lui laisser développer ses spécificités : l’islam de France sera un islam en France, organisé et financé par les musulmans de France sous le contrôle diplomatique de l’État en charge de coordonner les discussions théologiques avec les autres grands pays musulmans, autrement dit de réguler le flux intellectuel qui justifiera l’évolution douce des mœurs françaises ! Comme il est dit ailleurs, il n’est pas certain que c’est de ce genre de concordat qu’a besoin la France.

      Le concordat de fait

      5ee60b3_9335-1nwkyvp.jpgMais ce concordat à la mode AMIF est inutile… car il existe déjà un concordat de fait. La France n’a pas jugé bon de procéder comme le Canada à d’officiels accommodements raisonnables ; elle s’est contentée de promulguer des lois tout en incitant à ne pas les faire respecter. Si Redoine Faïd a pu rester caché trois mois en se déplaçant en burqa, dont le port dans l’espace public est illégal, c’est que personne ne contrôle, verbalise, arrête les femmes en burqa – parce que la hiérarchie conseille de ne pas contrôler, comme en témoignent les policiers. Si Gérard Collomb parle de deux populations « côte à côte » (tout en laissant son successeur face à face avec ce problème), c’est que tout a été fait pour que la population musulmane, sécularisée ou non, puisse se constituer de manière autonome. Manuel Valls parlait d’apartheid, ce qui avait effarouché les bons esprits). D’une part, en refusant tout traitement statistique qui aurait pu alerter officiellement sur les mutations démographiques en cours. D’autre part, en favorisant l’afflux d’immigrés musulmans, le sommet de l’absurdité étant atteint avec la Fraternité comme principe d’absolution des passeurs qui introduisent illégalement des immigrés (cf. Politique Magazine n° 172). Tout l’appareil judiciaire fonctionne en permanence dans la validation des mœurs islamistes, voile ou burkini par exemple, en amont et en aval, dans l’installation de zones de non-droit par le laxisme des jugements prononcés et des peines effectuées, les juges refusant de considérer et la lettre de la loi et le contexte sécessionniste des infractions. Les procédures sont compliquées à loisir et détournées à l’envi sans que jamais elles soient modifiées dans un sens efficace. Même le combat intellectuel est mené par la Justice contre les adversaires de l’islamisme, comme en témoigne le procès Bensoussan : non seulement le parquet avait jugé recevable la première plainte, mais il a fait appel du jugement de relaxe ! Et a laissé plaider le CCIF, pourtant irrecevable… Le CCIF et le PIR instrumentalisent une justice qui leur aplanit toute difficulté.

      L’islamisme a gagné

      Plus le péril est avéré, moins les politiques suivent, plus les discours de tolérance sont gravement pontifiés aux tribunes officielles. L’examen du budget prouve qu’aucun moyen n’est réellement dégagé pour les expulsions ; la police et la gendarmerie crient famine ; et Muriel Pénicaud, ministre du Travail, débloque 15 millions pour l’intégration professionnelle des « réfugiés »… terme dont on sait qu’il ne veut plus rien dire. Tout le discours politique, sans parler du monde des médias et de la culture, sur les bienfaits économiques de l’immigration, sur les bienfaits culturels de la diversité et du multiculturalisme, n’est qu’une justification de la constitution d’une « nation islamiste », aux niveaux local, régional et national. C’est fait.

      Dans ces conditions, pourquoi un concordat ? Quels bénéfices réels la France tirerait-elle d’une population musulmane constituée en bloc officiel, les activistes libérés de leurs pénibles devoirs de besogneuse infiltration ou de harcèlements judiciaires, les indécis encouragés à basculer dans la revendication identitaire ; et la majeure partie des musulmans qui n’ont que faire d’un islam de France, car ils sont bien prêts de se laisser dissoudre dans la société telle qu’elle est – curieuse vertu de ses défauts, puisqu’elle dissout tout ! –,découragés et assignés à une soumission labellisée par l’État ?

      Le concordat arrimerait irrémédiablement les Français musulmans et les musulmans résidant en France à l’islam sans détacher le prétendu islam de France de la communauté des croyants, rattachés à leurs commandeurs saoudien ou marocain ou leurs califes. Le concordat ferait de la France une « terre de fidèles », avec ce que cela signifie, dans le fantasme et la règle islamiques, comme droits nouveaux et possibilités nouvelles.  

      Philippe Mesnard
    • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE...

      A partir du vendredi 19 juillet, et jusqu'à la fin du mois d'août, nous vous proposerons de découvrir, ou de mieux connaître, mais aussi de faire découvrir à d'autres (par le jeu des partages) l'immense Jacques Bainville, par le biais d'une photo quotidienne tirée de notre "Album Jacques Bainville" (lafautearousseau vous propose également un "Album Léon Daudet" et un "Album Charles Maurras").

       

       

      Aujourd'hui : 31. Le Mémorial, "évangile" malfaisant... (II/III)

      (en guise de complément, et de réponse, au très contestable Napoléon de Secrets d'Histoire, ce jeudi 15 Août...)

       

      Illustration : "...apparu dans une île du Levant pour s'éteindre dans une île du Couchant...
      ...De son île perdue, à deux mille lieues de la France, presque sans livres et sans journaux, il sonda mieux que personne l'esprit et le coeur des Français...."

      Le Mémorial, "évangile" malfaisant... (II/III)

      (De "Histoire de Trois générations, avec un épilogue pour la quatrième", Chapitre I, L'évangile de Sainte-Hélène, pages 14 à 20) :

      "...De ces choses, grandes et petites, nul témoin, nul acteur n'avait mieux compris la portée, mieux dégagé le sens général que Napoléon lui-même. Sur son rocher de Sainte-Hélène, il conçut une idée qui valait ses plans de bataille et le Code civil. Pour lui ou pour quelqu'un de sa race il prépara plus qu'un retour de l'île d'Elbe, plus qu'un coup de Brumaire. Devinant le siècle, il allait en façonner, en diriger la pensée à distance. Législateur et capitaine, il se révéla profond psychologue et psychologue d'action.
      De son île perdue, à deux mille lieues de la France, presque sans livres et sans journaux, il sonda mieux que personne l'esprit et le coeur des Français. Par une intuition géniale, il pressentit le mélange de sentiments qui était appelé à se former chez eux et il vit la semence à faire fructifier. En s'écoutant lui-même, en racontant son histoire prodigieuse à Las Cases et à Montholon, il entendait distinctement ce que la France se disait mal encore. Austerlitz et Waterloo, le drapeau tricolore tour à tour triomphant et humilié, la Révolution vaincue par le retour des Bourbons, c'est le principe des nostalgies, celle de la liberté, celle de la gloire, qui vont tourmenter le peuple français. Des désirs un moment étouffés renaîtront. Ils s'aviveront par le regret et par la magie des souvenirs. Dans une sorte de captivité morale, équivalant à celle que subissait l'empereur vaincu, il se formera un état d'esprit nouveau. Sed non satiata. La France n'était pas rassasiée de gloire, même de gloire vaine, coûteuse, payée par des invasions. Les principes de sa Révolution ne cessaient pas de lui être chers. Le désastre final, les traités de 1815, en laissant un sentiment d'humiliation et d'impuissance, inspiraient aussi la passion d'une revanche à prendre par les idées et par les armes. L'empereur voulut que son nom fût le symbole de cette revanche. 
      Ce n'était pas seulement à l'intérieur que la Révolution, continuée par Bonaparte, avait fait faillite. Elle avait échoué au dehors; pour elle, vingt ans de guerre n'avaient pas assez transformé le monde. Le cycle révolutionnaire se fermait chez nous par la restauration de la monarchie, par le gouvernement des prudents et des sages. En Europe, les traités de Vienne et la Sainte-Alliance des rois fondaient la tranquillité du continent sur les anciennes méthodes de l'équilibre , sur une combinaison de droits et d'intérêts propre à garantir chacun et tous contre les exigences des peuples, contre les mouvements nationaux et contre les appétits de domination des Etats. Ainsi d'immenses calamités étaient épargnées à la communauté européenne, où personne ne peut bouger que tous ne se heurtent. Ainsi apparaissaient des horizons sûrs. Mais c'étaient des horizons limités. Le repos, le travail pacifique succédaient à une ère de bouleversements. Etait-ce assez pour contenter les hommes ? Napoléon ne le crut pas. Toujours il avait su parler à la nation française. A Sainte-Hélène, il eut la divination des paroles qu'elle voulait entendre encore.
      Par le système européen qui était sorti du Congrès de Vienne, les ambitions et les passions des peuples - non seulement du peuple français, mais celles des autres, bien plus dangereuses, - se trouvaient comprimées. Napoléon savait que les foules ne se gouvernent pas par la raison, encore moins par le bon sens. Les rois calmaient l'Europe. Il paria pour le réveil et pour l'explosion. Dans sa solitude, il élabora la doctrine qui devait rallier à sa cause les sentiments confus qu'il sentait destinés à grandir. Déjà, pendant les Cent Jours, il avait fait alliance avec les républicains et avec les libéraux. Il avait vu, après la seconde abdication, le grand Carnot pleurer sur son épaule. A ce moment une politique nouvelle lui était apparue, la seule qu'il eût encore à tenter. Les année qui lui restaient à vivre en exil, il les employa à rajeunir l'idée napoléonienne, à changer le plumage de l'aigle. 
      Parfois il eut l'illusion qu'il travaillait pour lui-même et que, chassant les rois, les peuples viendraient le délivrer, enflammés par ses promesses. En tout cas, il travaillait pour son fils, il travaillait pour l'avenir. Il donnait à la cause napoléonienne un fondement plus vaste et plus solide que sa personne et son génie. Il l'associait à une force universelle. Tôt ou tard, quelqu'un des siens devait profiter de cette alliance entre les souvenirs d'Austerlitz, les aspirations des peuples et les regrets de la Révolution. 
      C'est peut-être de Sainte-Hélène que Napoléon aura eu le plus d'action sur les destinées de la France. Là-bas il a préparé la démocratie impériale, le règne 
      de Napoléon III, les malheurs qui ont suivi. Le premier Empire, terminé par deux invasions, avait été liquidé par Louis XVIII dans les conditions les meilleures que pût espérer la France, alors que de folles entreprises avaient amenées quatre armées ennemies sur notre territoire. La France telle qu'elle était en 1789, avant ses aventures, ne se retrouvait plus tout à fait intacte. Du moins, l'essentiel était sauf. Nos anciennes frontières étaient à peu près respectées. Le vieux péril germanique, conjuré au XVIIème siècle, après tant de luttes, par les traités de Westphalie, ne reparaissait pas à nos portes. Nous gardions le contact et la protection du Rhin. Il n'y avait pas de puissante Allemagne unie pour menacer à toute heure la paix et notre existence. L'élément positif laissé par vingt ans de guerre nous restait aussi. C'était un capital de gloire accru, une réputation de valeur militaire qui enseignait de quoi les Français étaient capables, qui conseillait aux convoitises étrangères de ne pas s'y risquer. La France, à l'abri du danger allemand, son grand danger de toujours, pouvait vivre, prospérer, se développer conformément à son génie. Avec un peu de prudence, cette situation était facile à maintenir. Avec du temps, de la patience, elle fût devenue encore meilleure. Les dernières conséquences de Waterloo eussent été réparées. Sur tous les points, sans irriter ou blesser aucune nation, nos limites naturelles pouvaient être atteintes. Il suffisait de laisser faire ceux qui savaient, ceux qui prévoyaient, ceux qui possédaient les saines méthodes et les traditions éprouvées. 
      Le vade mecum diplomatique rédigé par La Besnadière, sous l'inspiration de Louis XVIII et de Talleyrand, pour nos représentants au Congrès de Vienne, traçait très exactement la ligne de conduite qu'il y avait à suivre pour épargner à la France l'invasion de 1870 et celle de 1914. Il n'était pas possible d'être plus pénétrant. Cette instruction mémorable, dont la clairvoyance a été admirée trop tard, disait en quelques mots le suffisant et le nécessaire :
      "En Italie, c'est l'Autriche qu'il faut empêcher de dominer; en Allemagne, c'est la Prusse. La constitution de sa monarchie lui fait de l'ambition une sorte de nécessité. Tout prétexte lui est bon. Nul scrupule ne l'arrête. La convenance est son droit. Les Alliés ont, dit-on, pris l'engagement de la replacer dans le même état de puissance où elle était avant sa chute, c'est-à-dire avec dix millions de sujets. Qu'on la laissât faire, bientôt elle en aurait vingt, et l'Allemagne entière lui serait soumise. Il est donc nécessaire de mettre un frein à son ambition, en restreignant d'abord, autant qu'il est possible, son état de possession en Allemagne, et ensuite en restreignant son influence par l'organisation fédérale..."

       

       

      Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

    • EUROPÉENNES 2019 : LE NOUVEAU CLIVAGE PERSISTE ET SIGNE

      Par Rémi Hugues

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      Alors que se termine la campagne des élections européennes cru 2019, le premier scrutin intermédiaire de dimension nationale de l’ère Macron (les élections dites partielles ayant d’ailleurs été très rares), un enseignement peut déjà être tiré. Il concerne la structuration du système politique français issue du « collapse » de 2017.           

      Les résultants des études d’opinion suggèrent que l’opposition nationale fait jeu égal avec la majorité présidentielle, chacune réunissant un cinquième des sondés ayant l’intention de se déplacer au bureau de vote le 26 mai prochain. La République en marche (L.R.E.M.) et le Rassemblement national (R.N.) en tête, au même niveau : il y a du suspense dans l’air, comme en 2014. Lors des dernières européennes, la droite et le Front national se tiraient la bourre avec un étiage similaire dans les sondages (la première devançant la seconde d’une très courte tête), avant que celle-ci creuse l’écart de façon nette le jour du vote, rassemblant le quart du corps électoral. Pour la première fois de son histoire le mouvement lepéniste pouvait se targuer d’être le premier parti de France. « Bis repetita ! » souhaitent de tout cœur les caciques du RN.

      Quelle que soit la formation qui arrivera en tête, le rapport de force qui se dessine confirme qu’un nouveau clivage s’est substitué au clivage gauche / droite, qui depuis les débuts de la Vème République opposait le socialo-communiste aux gaullistes et leurs alliés chrétiens-démocrates. La singularité commune au président Macron et à Marine Le Pen est d’avoir posé, dans notre époque caractérisée par la mondialisation et la crise économique, la fin de la pertinence de ce clivage gauche / droite, d’avoir diagnostiqué son obsolescence.

      6884814_mafg_1000x625.jpgAinsi a surgi le « et-en-même-temps-de-gauche-et-de-droite » du premier, face « au ni droite ni gauche, Français » de la seconde. Dès les lendemains de l’élection présidentielle de 2012, dans les colonnes de « Trop libre »[1], je mettais en évidence que ledit clivage était en train de devenir obsolète, dépassé, archaïque, et qu’à sa place émergeait le clivage libéral / souverainiste.

      Le 26 avril 2012, d’abord : « Ce double clivage territorial – est/ouest et centre/périphérie – peut être vu comme la matérialisation en termes géographique du nouveau clivage qui caractérise la France électorale du XXIème siècle, structuré autour des thèmes de la mondialisation, de la question européenne et du libéralisme culturel : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ et ʽʽsouverainistesʼʼ, par-delà la coupure traditionnelle droite/gauche. »[2] 

      Puis le 9 mai 2012 : « clivage, qui depuis le referendum de 2005 pourrait bien être le plus opérant dans la vie politique française : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ (...) et ʽʽsouverainistesʼʼ (...) sur les questions de la mondialisation, du libre-échange et de la construction européenne. »[3]           

      Il est à noter que dautres nomment différemment ce clivage né de la mondialisation et de la crise : « ouverts » contre « fermés », « progressistes » contre « populistes », « mondialistes » contre « patriotes »... en la matière il existe une grande variété de vocables !

      Mais au-delà de la question – décisive s’il en est – de la terminologie, ce qu’il importe c’est de constater que ce nouveau clivage ne cesse de s’affermir, laissant, d’une part, une gauche éparpillée façon puzzle entre plusieurs mouvements, qui, au mieux, frôlent les 10 %, et d’autre part, une droite réduite à incarner le « parti catholique » afin d’attirer les voix de la bourgeoisie traditionnelle de province vieillissante ; lesquelles forces de l’ « ancien monde » jouent en dernière instance le rôle de supplétifs de la majorité présidentielle au second tour, dont l’avènement est résulté de la synthèse des deux.

      XVM52b7d548-65b4-11e9-8e63-23165fe113f9.jpgDépouillés de leurs oripeaux antilibéraux, de leur mystique propre, une foi messianiste dans le peuple pour lune et un amour fou de la nation pour l’autre, il ne leur restait que l’idéal libéral de l’ordre en mouvement, du tout-marché, du tout-Europe, du tout-à-l’égo, du tout-pour-la-disparition-de-la-France, idéal incarné de manière chimiquement pure par le pouvoir macronien.

      En négatif de cette synthèse s’inscrit celle de la France d’avant, qui s’accorde sur un certain nombre de points, que l’on pourrait agréger autour de la notion orwellienne de Common decency, de « décence commune », notion à laquelle pourrait adhérer autant un Étienne Chouard qu’un Patrick Buisson. Le pays réel en somme, qui estime que l’effort, le mérite, le travail, ne sont pas assez valorisés tout en défendant le dimanche chômé, le repos dominical. Qui s’émeut des onze vaccins obligatoires à trois ans et des cours d’éducation sexuelle prodigués dès l’école primaire. C’est cette France qui soutient le « mouvement des gilets jaunes », qui ne répugne pas par principe à payer l’impôt, mais qui a bien compris que ce qui nous est prélevé ne sert pas à assurer un fonctionnement optimal des services publics mais à alimenter le train de vie dispendieux d’une caste xénophile, soucieuse de servir les gnomes de la City et de Wall Street, ces « spéculateurs » dans le sens que donnait à ce terme Vilfredo Pareto dans son Traité de sociologie générale[4], qui parient à la baisse sur l’actif France, sponsorisant toute action publique ayant pour seuls bénéficiaires les sans-papiers (ou migrants), érigés en nouvelle classe messianique au détriment des catégories populaires et de la fraction paupérisée de la classe moyenne, qui usent du vote contestataire comme d’un défouloir, un moyen de faire la nique à l’élite établie.   

      macron_et_le_pen_jeudi_27.04-3025235.jpgS’il faut se risquer à un pronostic quant au vainqueur du 26 mai prochain – exercice ô combien périlleux ! –, je dirais que la liste conduite par Jordan Bardella est celle qui arrivera en tête. En mars 2018, L’humanité Dimanche mentionnait un sondage IFOP réalisé en décembre 2017 plaçant LREM en pole position avec 26 % des suffrages, suivi par le FN avec 17 %[5]. La dynamique, on le voit, par rapport à maintenant, est clairement du côté du parti rebaptisé depuis RN.

      Séparés alors par un écart de dix points, les deux partis sont aujourd’hui au coude-à-coude : pour l’observateur attentif, une telle évolution du rapport de force signifie que la liste de la ministre Loiseau sera battue. Si cela s’avère exact, le journaliste Benjamin Köning de l’hebdomadaire communiste avait vu juste en signant un article intitulé « Front national. Pourquoi il est loin d’être mort. » Réponse le 26 mai au soir...   

       

      [1]Un blog rattaché à une fondation financée indûment par nos impôts que pilotent deux fidéicommis de la maison Rothschild, Nicolas Bazire et Grégoire Chertok, administrateurs donc, outre leur activité professionnelle principale, de la chiraco-sarkozyste Fondapol.
      [2]http://www.trop-libre.fr/la-vague-rose-s%E2%80%99arrete-a-l%E2%80%99est/
      [3]http://www.trop-libre.fr/le-front-national-avant-garde-de-la-%C2%AB-nouvelle-classe-ouvriere-%C2%BB-2/
      [4]Les spéculateurs sont les « possesseurs d’actions de sociétés industrielles et commerciales […]. Il y aura aussi les propriétaires de bâtiments, dans les villes où l’on fait des spéculations immobilières; de même les propriétaires de terres, avec la condition semblable de l’existence de spéculations sur ces terres; les spéculateurs à la Bourse; les banquiers qui gagnent sur les emprunts d’Etat, sur les prêts aux industries et aux commerces. Ajoutons toutes les personnes qui dépendent de celles-là : les notaires, les avocats, les ingénieurs, les politiciens, les ouvriers et les employés qui retirent un avantage des opérations indiquées plus haut. En somme, nous mettons en- semble toutes les personnes qui, directement ou indirectement, tirent un profit de la spéculation, et qui par différents moyens contribuent à accroître leurs revenus, en tirant ingénieusement parti des circonstances. », Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale, vol. II, Lausanne / Paris, Payot & Cie, 1919, p. 1431. Dans cet ouvrage, le sociologue exprime avec un brin d’ironie son scepticisme vis-à-vis de la démocratie représentative, analyse que je partage entièrement : « Qui est ce dieu nouveau qu’on appelle ʽʽSuffrage universelʼʼ ? Il n’est pas mieux défini, pas moins mystérieux, pas moins en dehors de la réalité que tant d’autres divinités, et sa théologie ne manque pas plus qu’une autre de contradictions patentes. Les fidèles du ʽʽSuffrage universelʼʼ ne se laissent pas guider par leur dieu ; ce sont eux qui le guident, qui lui imposent les formes sous lesquelles il doit se manifester. Souvent, tandis qu’ils proclament la sainteté de la majorité, ils s’opposent par  ʽʽobstructionʼʼ à la majorité, même s’ils ne sont qu’une petite minorité ; et tout en encensant la déesse Raison, ils ne dédaignent nullement, en certains cas, le secours de la ruse, de la fraude, de la corruption. », ibid., p. 1396. Gustave Mirbeau était bien inspiré quand il en appelait à la « grève des électeurs ».
      [5]N° 599, 1-7 mars 2018.

      A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...

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