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Depuis quelques semaines, les cahiers de doléances sont de retour, et cela nous rappelle aussi à notre propre histoire nationale et politique : le précédent de 1789 a ouvert la période révolutionnaire, dénaturant d'ailleurs rapidement le sens même des doléances rédigées dans les 60.000 cahiers issus de tous les coins et recoins du pays.
Il est intéressant de noter que certains républicains pur jus s'inquiètent de ce « retour » d'une forme de consultation « pré-révolutionnaire », voire « contre-révolutionnaire » car ne s'inscrivant pas exactement dans le cadre de la démocratie représentative qui, parfois, porte si mal son nom !
En fait, c'est la première fois depuis l'audacieuse demande du roi Louis XVI adressée aux « peuples du royaume », que l’État prend, à une telle échelle et sous cette forme ancienne, la responsabilité de demander à tous les Français, dans leur commune, leurs souhaits, leurs revendications, leurs propositions, au moment même où les colères, multiples et parfois incontrôlées, débordent et s'affirment en tumultes parfois incontrôlables. 230 ans que ce que l'on pourrait qualifier de « pays réel », entier et pluriel, n'a pas été ainsi appelé par « l’État légal » à prendre la parole...
Dans les cahiers de doléances finistériens et yvelinois étudiés par le quotidien Le Monde en son édition du dimanche 13-lundi 14 janvier 2019, et même si, à ce jour, la participation reste fort modeste et souvent œuvre de retraités, sans doute plus mobilisés par l'exercice du fait de la dévalorisation progressive des retraites, quelques revendications ressortent régulièrement, entre rétablissement de l'ISF (déjà repoussée par l'exécutif) et maintien, voire amélioration du pouvoir d'achat des gens modestes, entre suppression des avantages des anciens présidents de la République et mise en place du désormais célèbre Référendum d'Initiative Citoyenne, le RIC... Des revendications principalement matérielles avec une pointe de demande institutionnelle, comme pour rappeler que le « divorce » de plus en plus flagrant entre les classes dominantes « parisiennes » (au sens législatif du terme) et les classes dominées, souvent travailleuses et provinciales (sans méconnaître la part des populations franciliennes qui se sent aussi marginalisée au cœur même du système « parisien » mondialisé), mérite d'être évoqué et, surtout, surmonté.
Le grand débat national ne fait que commencer, et les cahiers de doléances n'en sont qu'un des aspects, mais que nous aurions tort de négliger ou de laisser à d'autres. Pourquoi bouder cette initiative, même si l'on peut légitimement être sceptique sur ses débouchés concrets et que l'on peut, même, s'inquiéter de certaines dérives liées aux effets de masse ou aux manipulations des groupes « féodaux », politiques comme syndicaux ? L'idée d'associer les maires à l'organisation du débat, ceux-là mêmes qui sont souvent les plus proches des préoccupations quotidiennes et qui forment, d'une certaine manière, « le pays réel des notables légaux » (mais sans grand pouvoir législatif, faute d'une décentralisation mieux ordonnée et plus poussée), est une bonne idée dont il faut souhaiter qu'elle ne soit pas le moyen de « court-circuiter » les citoyens actifs, ceux qui proposent et s'engagent dans les « discussions du concret ».
Il est des thèmes que les cahiers de doléances n'ont pas encore, semble-t-il, abordés et qui peuvent l'être en ces deux mois de débats et de rédactions, et que les royalistes auront à cœur d'évoquer : sur les questions régionales, par exemple, la nécessité d'un nouveau découpage territorial qui prenne aussi en compte les particularités historiques, comme en Alsace ou en Bretagne, avec le rattachement souhaitable de la Loire-Atlantique à la région administrative bretonne ; sur les questions d'aménagement du territoire avec un véritable « redéploiement rural » qui permette de redonner vie et vitalité à nos villages, et les nouvelles techniques de communication peuvent favoriser, par le télétravail par exemple, cette nécessaire politique ; sur les questions environnementales avec une meilleure prise en compte des intérêts locaux pour la préservation des paysages, ce qui éviterait bien des conflits et des blocages, comme on l'a vu jadis à Notre-Dame-des-Landes, dont la population a longtemps été tenue à l'écart des décisions prises « d'en haut » quand elles concernaient aussi les gens « d'en bas » ; sur les questions économiques, avec un soutien, étatique comme régional, plus actif au « Produire français » et un meilleur contrôle des pratiques de la grande Distribution ; sur les questions agricoles, avec le soutien aux agriculteurs qui veulent se dégager du productivisme et des jeux mortifères d'un Marché qui ne favorise plus que les « gros » quand il faut permettre à tous de vivre du travail de la terre et de la ferme ; sur les questions patrimoniales, avec une politique de rénovation et de valorisation à grande échelle de ce qui fait la richesse de notre pays en tous ses territoires, et pour lesquelles Stéphane Bern et tant d'autres ne cessent de se mobiliser malgré les petites manœuvres de Bercy ; sur les questions scolaires, avec la nécessité d'une plus grande autonomie de fonctionnement des établissements, de la maternelle à l'université, dans le cadre de la commune et de la région plutôt que dans celui de l’État qui ne doit jouer qu'un rôle d'arbitre et, éventuellement, d'investisseur (ou de facilitateur) pour certaines branches de la Formation des intelligences françaises...
Ne laissons pas à d'autres le monopole du débat et sachons, en tant que royalistes politiques et enracinés, soucieux du Bien commun et des libertés françaises, saisir l'occasion qui nous est donnée de faire entendre des idées que nous ne cessons de défendre depuis des décennies, non pour le plaisir mais pour le bien de la France, de ses territoires comme de ses habitants... ■
Il y a certains sujets importants sur lesquels nous sommes aujourd'hui en parfait désaccord avec Patrice de Plunkett. Nous partageons pourtant tout à fait son analyse de la situation du pays dans l'affaire des Gilets jaunes, ses causes, ses conséquences qui ont tout l'air d'un effondrement du Système sur lui-même. LFAR
Toute violence est déplorable. Mais déplorables aussi sont les causes de la violence !
L’intervention de casseurs de tout poil, et la « radicalisation » de gilets-jaunes, sont inévitables puisque la vague de manifestations perdure. Et elle perdure parce que la rage des manifestants vient de loin ; que leurs griefs sont multiples ; et que la Macronie leur répète qu’il n’y a rien à négocier. Ce qui équivaut à dire qu’il n’y a pas d’issue… Ce matin à la radio un LRM prend des airs offusqués : « Les gilets-jaunes sont incapables de négocier ! » Quoi : ces losers refusent de venir à une non-négociation, ils disent qu’on ne les écoute pas ? ils restent fâchés au point de se donner ENCORE rendez-vous à Paris, pour des manifestations donnant fatalement lieu à plus de violences ? Tout ça paraît méprisable aux supporters éclairés de M. Macron : « produits finis » de la « théologie du management » et du dogme « néolibéral » [*], ces gens considèrent que l’humain digne de ce nom commence au diplômé d’HEC ou de l’Essec ; un peu comme le chancelier Metternich considérait que « homme commence au baron ».
Mais Metternich avait plus de lucidité que les jeunes arrogants de la Macronie. Il disait : « Le plus grand don de n'importe quel homme d'État n'est pas de savoir quelles concessions faire, mais de reconnaître quand les faire. » L’Elysée avait entre les mains le moyen d’une concession apaisante, puisque M. Macron – le 27 novembre – avait évoqué un délai de “trois mois” pour élaborer des méthodes d’accompagnement : il aurait suffi de dire que cela impliquait un moratoire du prix des carburants... Cette manœuvre retardatrice aurait donné aux gilets-jaunes le temps de désigner de vrais délégués et de mettre au point des doléances concrètes... Mais non ! La Macronie ne discute pas ! Mue par la Main Invisible, elle a été placée là pour libérer les winners du vieux boulet de la solidarité avec les losers. Elle le fait sentir. Et les Français qui le sentent, se sentent par là méprisés. Et ça a donné le jour de fureur du 1er décembre.
Pendant que le chaos se déployait dans Paris à la barbe de M. Castaner, je quittais Dijon après des heures passionnantes aux 7èmes « Universités de la famille » (thème de ce colloque 2018 : Famille et écologie). A la gare il y avait les gilets-jaunes, très combatifs. Ils me disent : « Macron fait la politique de ceux qui vont bien en se foutant de ceux qui vont mal ! ». Au guichet, une dame énervée déblatère contre « ces imbéciles de gilets-jaunes ». Je lui demande : «pourquoi ‘imbéciles’ ? » – « Parce qu’ils ne comprennent rien à l’économie ! » – « En êtes-vous sûre ? » – « Monsieur, je suis dans une société financière et je sais ce que je dis. » Cette dame a dû prendre un plaisir vengeur, ce matin, en lisant la diatribe élyséenne du Journal du dimanche.
Entre le micro-milieu de ceux qui vont bien et la masse de ceux qui vont mal, ou (pour reprendre la formule de David Goodhart) entre « les individus de n’importe où », mobiles et bankables, et « le peuple de quelque part » lié à un territoire et un mode de vie, il n’y a plus de langage commun. De l’executive woman de la gare de Dijon à M. Castaner annonçant qu’il n’y a rien à négocier, 25 % des Français tournent le dos à tous les autres : voilà l’effet du néolibéralisme sur la personne humaine... Je laisse ce point de méditation à la bourgeoisie catholique de l’Hexagone.■
Publié le 11 mars 2016 - Actualisé le 6 février 2019
On discute toujours beaucoup sur ce que pourrait être une future monarchie. Mais la forme qu'elle prendrait dépendrait beaucoup des circonstances - sans-doute exceptionnelles - dans lesquelles elle apparaîtrait nécessaire. Autant ou davantage en tout cas que de toute théorie. Elle n'aurait pas à chercher ses modèles à l'étranger. Ce serait nécessairement une monarchie à la française. Quels en seraient les contours, au moins selon nos souhaits ?
Voici un commentaire des définitions que donnait la toute première Action Française*, publié en son temps sous le titre La monarchie que nous voulons**. Lafautearousseau
« Oui ou non l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? »
La question que pose Maurras au début de son enquête sur la Monarchie écarte les présupposés, les sentiments et les préjugés. Elle est concise, directe et rationnelle, car c'est sur le terrain de la raison, celui-même sur lequel se croit fondée la démocratie que le Martégal défend et batit la Monarchie. Aujourd'hui, alors que six quarts de siècle nous séparent de la dernière expérience monarchique et que l'idée royale a été systématiquement défigurée par les républicains, nous devons défendre nos idées, retrouver ce ton maurrassien clair, dense, précis, presque socratique, qui seul imposera la monarchie face aux nuées démocratiques. Ainsi avons-nous utilisé le « quadrilatère » maurrassien (une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, décentralisée) pour esquisser, en esprit puis en acte, LA MONARCHIE QUE NOUS VOULONS.
Une Monarchie Traditionnelle
Pour commencer, il semble indispensable de rappeler que la Monarchie n'a jamais été un modèle fixe, un prêt-à-porter ; elle a su au contraire s'incarner dans différents registres tout en gardant l'esprit qui était le sien. C'est cette continuité à travers les changements nécessaires qui caractérise le vrai sens de la tradition qui, d'après Paul Valéry, « n'est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de toutes autres en d'autres temps ». Ainsi, nous ne voulons pas restaurer une monarchie figée en un XVIIIéme siècle oublié, mais rétablir ce qui est d'abord un principe, principe d'autorité, de responsabilité et d'unité, et qui saurait s'incarner dans notre propre réalité économique, politique, culturelle et sociale.
Une Monarchie héréditaire
L'hérédité du pouvoir est sans doute le principe qui a été le plus attaqué depuis trois siècles. Pourtant que représente-t-il réellement lorsque l'on a écarté toute la mythologie méritocratique ? Il apparaît que l'hérédité a ce premier avantage d'éliminer la compétition pour le pouvoir, c'est-à-dire la radicalisation des conflits d'intérêts. Elle assure ainsi un Etat fort, indépendant et arbitre capable d'entreprendre des réformes administratives, économiques et sociales ou de laisser des libertés aux citoyens, sans craindre d'être toujours renversé. L'hérédité permettra à la nation d'être enfin gouvernée et non plus seulement gérée à court terme comme c'est le cas en république. De plus, le pouvoir étant à l'origine indépendant des forces d'argent, il peut gouverner sans, et même contre elles, et seul le roi héréditaire a pu châtier les Semblançay et les Fouquet que le régime actuel eût laissé courir. Enfin, l'hérédité assure la médiation active du peuple avec ses propres racines historiques : la nation, c'est la naissance, c'est-à-dire la reconnaissance d'une continuité historique.
Une Monarchie antiparlementaire
La tradition et l'hérédité étant posées, on pourrait être tenté d'y ajouter une institution parlementaire censée assurer la représentation populaire.
« A d'autres cette demi-royauté bourgeoise et parlementaire plus décrépite encore s'il le faut » s'écriait Maurras. Le parlementarisme, qui suppose l'existence de partis, est le contraire même de la monarchie qui est faite pour unir. D'ailleurs, le parlementarisme au niveau de l'Etat ne représente personne puisqu'il ne repose pas sur les réalités économiques, politiques et sociales mais sur le jeu formel des partis.
La Monarchie, au contraire, chercherait une représentation du pays réel par de multiples assemblées locales, culturelles et professionnelles souveraines en leur ordre et capables de défendre les intérêts de leurs membres. Nous n'en voulons en effet absolument pas au vote.
« L'ancienne France votait beaucoup, précise Maurras, cela est oublié. Cela reste vrai tout de même. On y votait pour quantité d'objets pour lesquels le Français moderne reçoit avec respect le choix et les volontés des bureaux ». Ce à quoi nous en voulons, c'est au système qui regroupe arbitrairement les individus en fonction de leurs opinions ou de leurs options métaphysiques dans le cadre de partis peu adaptés à la juste détermination de l'intérêt général. Et c'est pourquoi nous luttons pour la restauration d'une monarchie antiparlementaire où, les Français pourront, grâce à de multiples assemblées fédérées par un pouvoir indépendant, être représentés dans leurs intérêts tangibles et concrets, et ainsi passer du stade d'administrés abrutis et atomisés, à celui de citoyens responsables et actifs.
Une Monarchie décentralisée
Nous avons parlé de représentation d'intérêts locaux ; en effet antiparlementarisme et décentralisation sont deux caractères indissolublement liés. Nous sommes antiparlementaires parce que partisans d'une renaissance des collectivités locales. Cette volonté de promouvoir les richesses et les diversités de notre pays de façon intégrale est une composante essentielle de notre nationalisme. Nous voulons laisser s'organiser le pays réel en multitude de républiques locales, autonomes et souveraines, compénétrées les unes les autres et capables de prendre en main leur avenir. Mais ces communautés ne peuvent rester liées entre elles sans un tiers-pouvoir. Comme l'expliquait Pierre-André Taguieff, « il doit y avoir un troisième membre qui doit être “hors jeu” en quelque sorte. C'est la monarchie comme pouvoir transcendant, d'où la nécessité que le roi ne soit pas élu ou choisi, mais qu'il vienne d'ailleurs, qu'il soit inconditionnel ».
Voici posées les grandes lignes de la monarchie que nous voulons, c'est-à-dire la monarchie française adaptée à notre temps.
N'oublions pas cependant que « l'objet vrai de l'Action française, ce n'est pas, à bien dire, la monarchie, ni la royauté, mais l'établissement de cette monarchie, l'acte d'instituer cette royauté ». Seul notre engagement militant prouvera la possibilité d'une telle restauration, et même son imminence si elle est servie par des citoyens actifs, prêts à mourir avec joie, avec bonheur, pour notre Sire le roi de France. ■
* Dictateur et Roi, Enquête sur la Monarchie, 1900
** Cahier d'Action française n°3, supplément au n° 2177 d'Aspect de la France du jeudi 31 janvier 1991.
Merci à Philippe Lallement qui nous a transmis ce texte.
« Ils vont revenir » (10 juin 2013), « Daesh intra muros » (23 septembre 2014), « Guerre totale » (14 mars 2016) : ces trois titres, extraits de la liste des articles que nous avons consacrés à l’islamo-terrorisme dans ces colonnes, sont déjà une réponse au sujet redevenu brûlant du terrorisme.
Aujourd’hui, en effet, une échéance se précise puisque Mme Belloubet, ministre de la Justice, vient de confirmer et la prochaine sortie de prison d’une « trentaine » de jihadistes et le « rapatriement » de cent-trente individus prisonniers en Syrie. Les arguments fallacieux de M. Castaner, ministre de l’Intérieur (« ce sont d’abord des Français avant d’être des jihadistes ») et de M. Le Drian, ministre des Affaires étrangères (« les enfants [feront l’objet d’un] traitement spécial, au cas par cas, en relation avec la Croix-Rouge internationale et sous le contrôle des autorités judiciaires françaises ») peuvent donner bonne conscience à certains mais ne tromperont que ceux qui veulent bien l’être : que ces cent-trente soient français ou pas, enfants ou adultes, ce n’est pas la question. La seule question est : comment se débarrasser de cette engeance ?
La judiciarisation du terrorisme de guerre revient, dans les faits, à privilégier l’Etat de droit, c’est-à-dire à considérer le pouvoir judiciaire supérieur au pouvoir politique. En l’occurrence, cela nous conduira à quelques aberrations insupportables. On va ainsi juger, condamner et incarcérer quelques dizaines d’individus qui rejoindront les trop nombreux terroristes surpeuplant déjà nos prisons, soutenus par des familles et un entourage communautaire fanatisés, dans l’attente d’une sortie inévitable puisque forcément programmée par notre système judiciaire. Interrogé sur Europe 1, M. Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain, décrit ces « revenants » (« les durs des durs […] auréolés de gloire ») ; il reconnaît que leur retour et la succession de procès qui s’ensuivra seront mal acceptés par l’opinion publique ; il affirme d’ailleurs que ni la Justice ni l'administration pénitentiaire n’ont pris la vraie mesure du problème posé ; mais il estime en fin de compte que ce sera la moins mauvaise des solutions. Résignation.
Tonalité différente sur France Inter, radio militante. Qu’on nous permette une citation un peu longue de M. Legrand, éditorialiste politique : « Bien sûr, plus personne ne croit en une déradicalisation certaine des individus, bien sûr le jihadisme prolifère en prison… Mais la France se doit d’offrir (avec la rigueur de la loi) un procès équitable, même à ses pires ennemis, une fois qu’ils ne sont plus en état de nuire. Il est une évidence en perte de vitesse, en ces temps d’illibéralisme rampant : on ne défend pas la démocratie avec les armes de la tyrannie… Sinon, les jihadistes, même du fond de leur prison ou de leurs tombes, auront partiellement gagné… » (7/9, 1er février). Notre réponse : la France se doit à elle-même et ne doit rien à ses pires ennemis ; elle n’a pas pour mission de défendre la démocratie et ce n’est qu’une fois mort qu’un jihadiste cesse d’être en état de nuire.
M. Delahousse, grand reporter à L’Obs, auteur de La chambre des coupables, propose enfin, devant caméras et micros, une approche très « gauche chrétienne » de la question. L’alternative serait simple : « la justice ou la guerre ». La guerre, cela a pu consister dans des « assassinats ciblés », option sans doute efficace mais devenue difficile voire impossible [rappelons ici les dires exactement contraires, et tout à son honneur, de M. Dumont, député LR]. En fait, « il faut militer pour que la justice trouve son chemin », aussi bien pour les « rapatriés » de Syrie que pour les milliers de radicalisés connus vivant sur notre sol. M. Delahousse ne nie certes pas que beaucoup de jihadistes sont des fanatiques irrécupérables et très dangereux. Il ne nie pas non plus que notre Etat de droit fait ce qu’il peut mais qu’il est pris de court : il y a un « trou dans la raquette» dit-il - métaphore inquiétante pour la sécurité nationale. Néanmoins, ce qui le motive, ce sont les quelques « brebis égarées ». Amen.
Vous ne voulez pas la guerre ? Vous l’aurez quand même car ceux d’en face la veulent, quelque forme qu’ils lui donneront (ce sont eux qui ont la main). Mieux vaudrait admettre cette évidence et accepter d’utiliser tous les moyens à disposition d’un pays en guerre. A s’y refuser, on court le risque encore plus grand de l’ouverture d’un « front intérieur ». Ce serait non seulement la guerre, mais la pire des guerres. ■
À l'occasion de la publication du dernier ouvrage du docteur ès Lettres et agrégé de philosophie Philippe Granarolo, intitulé En chemin avec Nietzsche, Rémi Hugues nous propose une suite de huit articles « Nietzsche par temps bleu ». Il s'agit de tenter de nous faire découvrir ou redécouvrir l'essence de la pensée de l'auteur de Naissance de la tragédie. Nous suivrons ce chemin au fil des prochains jours. Bonne lecture ! LFAR
Nietzsche ou lʼinterminable laïcisation du christianisme
La laïcité, religion de la sortie du christianisme, reposant sur un certain nominalisme (au sens quʼHenri Poincaré (Photo) donne à ce vocable dans La Science et lʼhypothèse), elle sʼaccomode voire requiert des prêtres laïcs dʼécoles de pensée diverses pour donner lʼillusion de la liberté dʼexpression, principe qui lui est constitutif, dans la mesure où ce principe est la sécularisation de celui de libre-examen.
Et, sous la plume de notre auteur, Nietzsche de devenir un « humaniste » (p. 68), un instrument de lʼ « interminable laïcisation du christianisme » (p. 68), un énième avatar de ces « ombres de Dieu » (p. 68) qui pullulent depuis lʼirruption de la modernité afin de brouiller le sens exact de la Bonne Nouvelle[1].
Ecce Homo Deus
Page 88 notre auteur pose cette étrange question : « Quʼest la religion de lʼesprit libre sinon le mythe du Surhomme donnant sens à la Terre et reliant à nouveau lʼindividu savant au cosmos ? » Pour lui ce concept relevant du mythos de Surhomme est une « image religieuse qui échappera inévitablement à son créateur, image qui engendrera une piété » (p. 88). Le champ lexical est résolument numineux ; lʼhomo religiosus Granarolo dévoile la subtile nature de la laïcité : non un processus de désacralisation en général, car Dieu est désacralisé – parce quʼanéanti – au profit de lʼhomme. Au théisme se substitue lʼhumanisme : Homo Deus voici venu ton âge !
Granarolo ne peut sʼempêcher dʼériger son maître en figure religieuse : « Nietzsche est aussi prophète », écrit-il page 107. Nous aurions dit, nous, Nietzsche est aussi poète. Un poète à rapprocher du courant des symbolistes, à propos desquels Maurice Barrès écrivit :
« Gardons-nous peut-être de les saluer trop vite chrétiens, ces poètes. La liturgie, les anges, les satans, tout le pieux appareil, ne sont quʼune mise en scène pour lʼartiste qui juge que le pittoresque vaut bien une messe. Leur religion nʼa pas surgi soudain par la grâce dʼun élan de foi, cʼest la tristesse qui développa dans lʼintimité de leur âme des germes pieux héréditaires. »[2]
Nietzsche prophète donc ? Or selon Granarolo lʼune des vertus du nietzschéisme est son absence de finalisme. Comment dès lors admettre quʼil disposait de la faculté de savoir annoncer le futur, si ce futur est par nature indéterminé, le produit de la contingence la plus fortuite ? La notion de prophète ne présuppose-t-elle pas nécessairement un certain providentialisme ?
À cet égard nous sommes convaincus que toutes les idéologies modernes ont en commun de prophétiser un paradis terrestre. Marc-Alain Ouaknine note que le mouvement vers Olam haba (le monde futur, à venir) « est le ʽʽpoint messianiqueʼʼ de lʼhomme »[3].
En ce qui concerne le lien entre temporalité et modernité, Granarolo avance que « le manque de sens historique » (p. 111) est un trait distinctif de toute « idéologie moderne » (p. 111) à partir de la lʼétude dʼHumain, trop humain. Ce qui est faux sʼagissant du futur, comme nous venons de le voir. Les idéologies (religions profanes, sécularisées) portent la promesse des lendemains qui chantent. En revanche cʼest juste pour ce qui est du passé : elles tendent à nous couper du « lien qui nous unit inconsciemment au passé immémorial de nos ancêtres, et au-delà des humains qui nous ont précédés, à la totalité de lʼaventure de la vie terrestre » (p. 111).
Nietzsche et la modernité
Lʼattitude proprement moderne, Jean-Claude Michéa lʼa exprimée par la métaphore du complexe dʼŒdipe, à qui il est interdit de se retourner, de regarder derrière lui. La modernité nous intime in fine de devoir « haïr le passé » (p. 127). Sur ce point la critique nietzschéenne de la modernité est précieuse. De même quʼest précieuse son étude de la science, domaine qui sʼest substitué depuis lʼâge moderne à la religion en tant que source légitime de la connaissance, que vecteur conduisant à la Vérité.
Certes il y a un Nietzsche scientiste, rationaliste, celui de la période dite du « positivisme » (p. 182) – terme que notre auteur préfère à celui dʼAufklarüng, choisi par Eugen Fink –, qui veut poursuivre « la libération de lʼesprit entamée par la philosophie française du XVIIIème siècle » (p. 183), qui dédie son Humain, trop humain à Voltaire (Photo) et enfin qui écrit ceci : « Je sais si peu de choses des résultats de la science. Et pourtant ce peu me semble déjà dʼune richesse inépuisable pour éclairer ce qui est obscur et pour éliminer les anciennes façons de penser et dʼagir. » (Aurore, fragment posthume, cité p. 182)
Mais cet éloge de la tabula rasa permise par la science est à confronter avec dʼautres textes. Le jeune Nietzsche la qualifie de « barbare » (p. 108). Granarolo indique en outre que Nietzsche voyait dans la science un facteur du nihilisme et soulignait « lʼillusion du jugement objectif » (p. 122), thèse que lʼon trouve notamment dans Par delà bien et mal, où les systèmes philosophiques (prétendument scientifiques, ce qui vise en particulier le marxisme) sont réduits à de pures subjectivités, à des auto-portraits de leur auteurs. (À suivre) ■
[1] Jacob Boehme, un cordonnier allemand de la Renaissance, développa une pensée hétérodoxe. Dans une étude sur celle-ci, Nicolas Berdiaeff écrivit : « Le Mal est lʼombre du Bien » cité par Jean Phaure, Le cycle de l' humanité adamique. Introduction à l' étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des Temps, Paris, Dervy, 1994, p. 224. Et Carl Jung dit :« Dʼaprès les Pères de lʼÉglise, le Christ ʽʽa coupé son ombre de lui-mêmeʼʼ. Si nous accordons quelque poids à cette affirmation, nous pouvons reconnaître sans difficulté dans lʼAntéchrist la contrepartie ainsi coupée. LʼAntéchrist se développe dans la légende comme un imitateur pervers de la vie du Christ. Il est […] un esprit mauvais qui imite, qui suit en quelque sorte le Christ pas à pas, comme lʼombre suit le corps. », Aïon. Études sur la phénoménologie du soi, Paris, Albin Michel, 1983, p. 56.
[2]LʼŒuvre de Maurice Barrès, t. 1, Paris, Club de lʼHonnête Homme, 1965, p. 398.
À l'occasion de la publication du dernier ouvrage du docteur ès Lettres et agrégé de philosophie Philippe Granarolo, intitulé En chemin avec Nietzsche, Rémi Hugues nous propose une suite de huit articles « Nietzsche par temps bleu ». Il s'agit de tenter de nous faire découvrir ou redécouvrir l'essence de la pensée de l'auteur de Naissance de la tragédie. Nous suivrons ce chemin au fil des prochains jours. Bonne lecture ! LFAR
Nietzsche poète-philosophe protestant
Ne peut-on pas considérer au fond Nietzsche comme un poète-philosophe protestant, très marqué par les textes vétérotestamentaires, et qui voit dans lʼÉglise de Rome une institution corrompue par le mal ?
En témoigne son livre LʼAntéchrist. Lequel manque cruellement dans la partie consacrée par notre auteur au thème de lʼapocalypse, dʼoù est née la figure de lʼantéchrist. Seul un passage de lʼavant-propos est reproduit (p. 147), mais aucune mise en perspective nʼest faite entre ce volume de Nietzsche et le célébrissime texte johannique.
Un poète imprégné de protestantisme
Sʼil était indéniablement un anti-catholique rabique, il nʼest pas pour autant évident quʼil y ait chez Nietzsche « un véritable athéisme axiologique » (p. 68), comme lʼaffirme Granarolo. Peut-être plaque-t-il chez son maître à penser son propre athéisme, puisque dire que Dieu est mort présuppose quʼil a existé.
À cet égard on peut comprendre la thèse présente dans le Gai Savoir et Ainsi parlait Zarathoustra de la « mort de Dieu » comme un constat dʼordre sociologique, qui ne réjouit ni nʼexcède Nietzsche, sa réaction face au phénomène de sécularisation étant « tantôt celle de lʼangoisse, tantôt celle de lʼespoir » (p. 68).
Puisque « Hegel et Feuerbach (Photo) ont contribué à lʼavènement de la pensée nietzschéenne » (p. 238), celle-ci est assimilable au protestantisme, qui est dʼessence adogmatique car prescrivant le libre-examen.
Et si Dieu a progressivement disparu des sociétés protestantes, qui sont fortement sécularisées aujourd’hui, nʼest-ce pas le résultat dʼun croyance kabbalistique reprise par le rosicrucisme, lequel pava la voie au luthérianisme, en un retrait de Dieu, ou tsimtsoum ?
Nietzsche, de notre point de vue, a su de manière remarquable exprimer la signification de la modernité. Il nʼa pas manqué de signaler quʼil avait aperçu « lʼapparition dʼune civilisation factice dissimulant derrière la frénésie de ses actions et de ses progrès scientifiques et techniques, derrière le bonheur matériel offert à la plupart de ses membres, un nihilisme profond sʼétendant peu à peu à lʼensemble de la société. » (pp. 180-1).
Toutefois, il a omis le fameux adage selon lequel la nature a horreur du vide. Il a buté sur le sens précis du mot civilisation, pensant à tort que la disparition était consubstantielle à la mort du dogme. Alors que « la civilisation qui se met en place sous ses yeux » (p. 181) est à lʼimage de celle quʼelle remplace, fondée sur un dogme. Elle est un système social et historique semblable aux religions cimentant les sociétés traditionnelles, « qui toutes sʼenracinent dans un texte sacré inaugural et immodifiable » (p. 126).
Ledit écrit que Granarolo mentionne sans le mettre en questions au sujet de la « biurgie », à la page 113, est « notre Déclaration des droits de lʼhomme » à laquelle il suggère dʼajouter un droit nouveau, celui de ne pas subir des manipulations génétiques.
Les droits de lʼhomme négligés
La Déclaration des droits de lʼhomme, véritable impensé de la vision du monde post- nietszchéenne de notre auteur, est lʼÉvangile de la modernité, le Décalogue de lʼâge de la mort de Dieu. En ayant recours aux termes « cloître laïc », il montre quʼil nʼa pas pris la mesure de lʼimportance de cette notion de laïcité. Il utilise cet adjectif sans se douter de son absence de neutralité. La laïcité nʼest pas neutre, nʼest pas absence de la religion, mais elle la religion des droits de lʼhomme, comme lʼa reconnu Vincent Peillon dans son ouvrage La Révolution française nʼest pas terminée[1].
Et cʼest la seule objection que lʼon pourrait faire à Granarolo, qui au demeurant a signé un livre de très haut niveau. Il nʼa pas respecté lʼinjonction nietzschéenne suivante : « Il faut donner à lʼhomme le courage dʼun nouveau grand mépris, par exemple à lʼégard des riches, des fonctionnaires, etc. » (p. 64) En devenant agent de la fonction publique, il a choisi la voie de la soumission à lʼordre philosophique établi, en dépit de lʼavertissement lancé par son maître. Se méprise-t-il lui-même pour avoir sciemment repris dans son livre ces lignes publiées à titre posthume ?
En les mentionnant ne suggère-t-il pas à son lecteur quʼil a vidé le nietzschéisme de sa substance radicale en contrepartie de sa participation récompensée par des avantages matériels et symboliques à lʼentreprise idéologique de lʼÉtat républicain ? (À suivre) ■
Après une année de pandémie, plusieurs dirigeants, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel, ont signé une tribune appelant à la mise en place d’un «nouveau traité international sur la préparation et la riposte aux pandémies». Nouvelle usine à gaz ou vraie nécessité de coopération multilatérale?
«Ce sont plutôt les logiques nationales qui ont primé» durant cette première année de pandémie, observe Philippe Moreau-Defarge, ancien diplomate et spécialiste des relations internationales, auteur d’Une histoire mondiale de la paix (Éd. Odile Jacob, 2020). Pourtant vingt-six chefs d’État et de gouvernement –dont Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson– ont signé le 29 mars une tribune dans Le Monde appelant à la mise en place d’un nouveau traité international afin de riposter aux pandémies.
Contenant les lapalissades les plus abondamment répétées depuis un an, le texte souhaite avec grandiloquence «un leadership mondial pour bâtir un système de santé mondial», une action qui devra être guidée par «la solidarité, la justice, la transparence, l’inclusion et l’équité». L’initiative pourrait faire sourire, alors qu’une guerre des vaccins fait rage entre Britanniques et Européens.
Une tribune politicienne
Alors que la cote de popularité d’Emmanuel Macron a baissé de quatre points en mars, d’après un sondage IFOP pour le JDD, à 3 % d’opinions favorables contre 60% défavorables, le locataire de l’Élysée doit redresser la barre à treize mois de l’élection présidentielle. Selon Philippe Moreau-Defarges, ce texte répond donc avant tout à des fins politiques, pour le Président de la République qui devrait s’adresser aux Français dans les prochains jours tandis que la chancelière allemande, en fin de mandat, a récemment présenté ses excuses pour avoir annoncé un confinement pascal:
«Emmanuel Macron et Angela Merkel sont dans une position nationale difficile. Il faut qu’ils se trouvent une nouvelle légitimité. Évidemment, la lutte contre les pandémies peut être un moyen de conquérir cette nouvelle légitimité. Toute tribune d’un chef d’État obéit toujours à une situation. Elle ne se réduit pas à son objectif à long terme mais fixe des objectifs à court terme, strictement nationaux ou même électoraux.»
Cette posture internationale pourrait l’aider à s’affirmer sur la scène nationale, estime le géopoliticien, à l’image de son discours de la Sorbonne en 2017 qui a planté sa stature de partisan d’une Europe forte. Il s’était ensuite heurté au refus d’approfondissement des institutions bruxelloises par son homologue allemande.
«L’addition des faiblesses ne fait pas une force»
Une première mouture appelant à «bâtir un multilatéralisme plus solidaire face au Covid» avait été déjà publiée le 3 février dans Le Mondepar les dirigeants français et allemands accompagnés de l’UE et de l’ONU. Si ce terme de multilatéralisme est régulièrement invoqué par les chefs d’État européens, le bilan critique de la pandémie montre que ce sont bien les intérêts nationaux qui ont pris le dessus, considère pourtant Philippe Moreau-Defarge:
«Depuis un an, c’est l’intérêt national qui prime totalement. Face à ces pandémies et ces crises, l’une des premières réactions, c’est la volonté de défendre l’intérêt national. Mais au-delà, il y a eu aussi une logique de compétition. Il faut être le meilleur, il faut être le premier à avoir vacciné sa population, être le premier à avoir instauré des règles sanitaires efficaces», constate l’ancien diplomate.
Les organisations internationales telles que l’OMS ont surtout été «un lieu d’affrontements politiques entre les États-Unis et la Chine» et l’Union européenne a été vilipendée pour sa lenteur bureaucratique dans la course mondiale aux vaccins. Pourtant, l’argument phare des signataires européens, asiatiques, africains et sud-américains est toujours le même: «Aucun gouvernement ni aucun organisme multilatéral ne peut, seul, faire face à cette menace.» Mais est-il réellement pertinent?
Michel Geoffroy, essayiste et auteur de La nouvelle guerre des mondes (Éd. Via Romana, 2020), ne mâche pas ses mots pour cet «héritage d’un temps passé», considérant que «l’addition des faiblesses ne fait pas une force, cela crée des faiblesses plus grandes». L’opposition frontale entre Emmanuel Macron et Donald Trump à ce sujet lors de la tenue de l’assemblée générale de l’ONU en 2019 l’a particulièrement marqué. À la tribune, le Président français avait appelé lyriquement au «courage de bâtir la paix», continuant à «s’accrocher au multilatéralisme», selon Michel Geoffroy, face à un Donald Trump farouchement attaché à «l’intérêt national» et aux rapports de forces bilatéraux.
«On observait un décalage assez fort au sein des Occidentaux entre les Européens –qui ne pèsent rien sur le plan mondial et qui continuent de s’accrocher à ce mythe du multilatéralisme– et puis les grandes puissances qui n’ont pas besoin de ça.»
Les dirigeants de membres clés du G20(États-Unis, Russie, Chine, Japon, Inde et Brésil) ne figurent d’ailleurs pas parmi les signataires de la tribune.
En revanche, pour l’ancien diplomate, il est clair que l’ensemble des grandes problématiques planétaires, comme les pandémies, «nécessitent du multilatéralisme, c’est-à-dire un minimum de règles communes, de pratiques communes». Le mécanisme Covax de l’OMS, destiné à fournir des vaccins aux pays les plus démunis, en fait ainsi partie.
Et celui-ci d’ajouter que «les pandémies étaient une non-actualité à l’époque pour l’OMS». Le traité initial de l’institution créée en 1948 prévoyait une «coopération interétatique mais très peu de mécanismes supranationaux» afin de permettre aux «médecins et experts de travailler ensemble».
Ce dimanche, jour de Pâques, pas de notes sur lafautearousseau, qui fait "relâche", comme les jours de l'Assomption et de Noël...
"A la Grèce, nous devons surtout notre raison logique. A Rome, nos maximes de droit et de gouvernement. Mais à l’Evangile nous devons notre idée même de l’homme. Si nous renions l’Evangile, nous sommes perdus !" disait avec raison Jean de Lattre de Tassigny.
Et Chateaubriand écrivait "...Après Alexandre, commença le pouvoir romain; après César, le christianisme changea le monde; après Charlemagne, la nuit féodale engendra une nouvelle société; après Napoléon, néant : on ne voit venir ni empire, ni religion, ni barbares. La civilisation est montée à son plus haut point, mais civilisation matérielle, inféconde, qui ne peut rien produire, car on ne saurait donner la vie que par la morale; on n'arrive à la création des peuples que par les routes du ciel : les chemins de fer nous conduiront seulement avec plus de rapidité à l'abîme..." (Mémoires d'Outre-tombe, tome II, p.261).
Pourquoi ce "néant" dont parle, avec raison, Chateaubriand, après Napoléon, le sabre, l'héritier, le continuateur de la Révolution ?
Parce que la Révolution est d'abord et avant tout anti chrétienne; qu'elle s'est pensée, voulue et accomplie, en dehors, sans et contre l'héritage millénaire de la France chrétienne; un héritage qu'elle a voulu effacer et qu'elle prétend remplacer par elle-même, puisqu'elle se conçoit comme une nouvelle Religion, la Nouvelle Religion Républicaine.
Mais cette Nouvelle religion est inféconde : elle n'a su qu'affaiblir considérablement - sans le détruire complètement - le christianisme et avec lui l'âme, l'esprit Français. Et, aujourd'hui, les Français - des-éduqués par une Ecole sectaire qui les a voulus "sans Dieu et sans Roi" - pour reprendre le mot de Jules Ferry - se retrouvent désemparés face à un Islam conquérant - lui - ou alors face au "vide", au "néant" dont parlait Chateaubriand.
Et cela parce que ses soi-disant "valeurs" ne sont que des mots, des abstractions et des incantations vaines, des formules creuses, qui ne pèsent d'aucun poids devant les réalités. La République idéologique n'a su et pu que détruire, sans rien construire à la place de ce qu'elle effaçait...
Le 8 novembre 1906, René Viviani prononça un discours fleuve à l'Assemblée (extrait) :
"...Nous sommes face à face avec l’Église catholique... La vérité, c’est que se rencontrent ici... la société fondée sur la volonté de l’homme et la société fondée sur la volonté de Dieu... Les Congrégations et l’Église ne nous menacent pas seulement par leurs agissements, mais par la propagation de la foi... La neutralité fut toujours un mensonge.
Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse... de façon active, militante, belliqueuse...
...Nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d'irreligion; nous avons arraché la conscience humaine à la croyance...
...Ensemble, et d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus...
...Nous ne sommes pas seulement en présence des congrégations, nous sommes en face de l'Eglise Catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d'extermination..."
Peu de temps avant ce discours, haineux mais au moins clair, c'est Georges Clemenceau qui, le 29 janvier 1891, avait lui aussi été très clair :
"...La Révolution française est un bloc… un bloc dont on ne peut rien distraire... C’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie, c’est qu’elle dure encore, c’est que nous en sommes encore les acteurs, c’est que ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis. Oui, ce que nos aïeux ont voulu, nous le voulons encore. Nous rencontrons les mêmes résistances. Vous êtes demeurés les mêmes ; nous n’avons pas changé. Il faut donc que la lutte dure jusqu’à ce que la victoire soit définitive..."
Ce combat de titans a donc débuté avec la funeste Révolution de 1789, et, depuis l'instauration de la funeste République en 1875, la France subit ce Régime qui la déclasse inexorablement, du point de vue matériel, en même temps qu'il la "vide" intérieurement de sa richesse spirituelle. Après avoir "changé le peuple" dans son mental, son moral, son imaginaire, par l'école, la République idéologique, devenue Système monstrueux, "change le peuple" par une immigration massive et continue : tout, pourvu que meure la France traditionnelle, lentement surgie du fond des âges à partir de Clovis et de son baptême.
Nous, au contraire - qui préférons nous appeler "alter-révolutionnaires" que contre-révolutionnaires... - nous nous inscrivons clairement et fièrement dans cet héritage millénaire, chrétien et royal, écrit par nos ancêtres sur cette terre de France, et nous voulons poursuivre "l'aventure France" en commençant, d'abord, non pas pas "restaurer" un ordre ancien, mais par "ré-instaurer" l'esprit vivifiant et fécond de cet ordre, rénové et adapté aux exigences de notre temps...
"Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs" (Charles de Gaulle).
Voilà pourquoi - trop rapidement résumé, certes... - lafautearousseau, trois fois par an, manifeste son attachement aux vraies racines de la France, qui sont chrétiennes, plutôt qu'aux malfaisantes nuées d'une Révolution sanguinaire, belliqueuse et génocidaire...
A Noël, à Pâques et le 15 août, voilà ce que nous voulons dire, en... ne disant rien !
Une semaine ordinaire, dans ce qui fut la "Douce France", devenue, par la volonté exprès du Système, la patrie du "Vivre ensemble"...
Melun (77) : rixe géante à la gare opposant 30 à 40 « jeunes », tirs de mortiers, le trafic ferroviaire interrompu Noisy-le-Sec (93) : une femme grièvement brûlée dans un bus après avoir été aspergée d’essence (Vidéo) Rillieux-la-Pape (69) : le maire à nouveau menacé de décapitation Maisons-Laffitte (78) : une quinzaine de « jeunes » de 17 à 18 ans ont agressé les passagers d’un RER en filmant leurs exactions Rozay-en-Brie (77) : il pointe son arme factice sur la gorge d’un professeur et menace une cinquantaine de collégiens Maurepas (78) : les forces de l’ordre essuientdes tirs de mortiers Élancourt (78) : le commissariat ciblé par des tirs de mortiers Coignières (78) : les sapeurs pompiers et les policiers essuient des tirs de mortiers Verneuil-sur-Seine (78) : la police récupère des armes blanches telles que des couteaux, des marteaux et des barres de fer ainsi que des kits pour faire des cocktails Molotov dans des caches, ils reçoivent des projectiles Ancenis (44) : un « jeune » de 21 ans accusé d’avoir violé à plusieurs reprises une jeune fille de 13 ans, il a déjà été condamné l’année dernière pour agression sexuelle et est mis en examen pour viol dans une autre affaire Montbéliard (25) : tensions au quartier de la Petite Hollande en marge du tournage d’un clip de rap, une centaine de personnes affrontent la police Mons-en-Baroeul (59) : la BAC chassée par une cinquantaine de jeunes lors d’un tournage de clip (Vidéo) Menton (06) : des migrants « très violents » s’enferment dans le train, deux policiers blessés Le Perreux-sur-Marne (94) : refusant le contrôle, deux individus déjà connus des services de police renversent un policier et le traînent sur plusieurs mètres et s’engagent dans une course-poursuite Toulouse (31) : des policiers pris à partie lors d’une arrestation quartier de La Reynerie, ils reçoivent de multiples projectiles Villeneuve-lès-Maguelone (34) : Deux frères condamnés pour avoir lynché un étudiant de 24 ans, les familles avaient fait pression pour qu’ils ne portent pas plainte. « Je l’ai frappé, frappé, frappé, je n’arrêtais pas de le frapper » Lyon (69) : le maire du deuxième arrondissement insulté et menacé par une dizaine de « jeunes » Montbéliard (25) : deux policières tabassées à coups de pied au visage par un migrant afghan Échirolles (38) : il s’agace en voyant sa vitre brisée et reçoit trois coups de couteau par un « jeune » de 20 ans Échirolles (38) : un homme blessé de plusieurs coups de couteau en pleine rue Rhône (69) : en six mois, Bassem Saadaoui, déjà condamné 17 fois, avait commis 23 cambriolages à Lyon et Villeurbanne Dijon (21) : tirs de mortiers d’artifice et projectiles sur les policiers et les pompiers aux Grésilles Pont-de-Chéruy (38) : trois blessés, dont certains par armes blanches, dans une bagarre impliquant « plusieurs familles de la communauté turque » (Vidéo) Longvic (21) : trois ans de prison ferme pour un Congolais qui avait lynché sa logeuse qu’il suspectait de sorcellerie Agen (47) : violente bagarre entre deux groupes dans une rue du centre-ville, « cinq hommes » rouaient de coup un autre individu Goussainville (95) : un homme gravement blessé à la tête après une rixe Homécourt (54) : Des voitures brûlées la nuit, dégradations, rodéos sauvages : la colère monte Toulon (83) : deux adolescents blessés par arme blanche après une rixe près de la gare Toulon (83) : un poste de police visé par un coup de feu, la balle a traversé un bureau où se trouvait un policier
Caen (14) : un individu qui proférait des insultes racistes envers « les blancs » jugé pour rébellion, outrage et violence envers des policiers Clermont (60) : des gendarmes visés par des tirs de mortiers après un attroupement Dijon (21) : un homme grièvement blessé au cou après avoir reçu un coup de sabre, un suspect “très défavorablement connu de la police” interpellé Reims (51) : À Croix-Rouge, la violence perdure malgré le « lifting » du quartier dû à des dépenses publiques inédites. « Des chiffres qui donnent le vertige. Entre 2019 et 2024, la somme de 365 millions d’euros (TTC) va être investie dans les quartiers Croix-Rouge, Orgeval, Châtillons et Europe…» Mantes-la-Jolie (78) : ils lui roulent dessus et le lai
“Les faits sont têtus” écrivait Lénine, et le Russe très peu marxiste Mikhaél Boulgakov ajoutait dans son merveilleux roman, “Le Maître et Marguerite” : ” les faits sont la chose la plus obstinée du monde”. Entre Lénine, mort en 1924, et Boulgakov, qui écrit son ouvrage sous Staline, le premier a pris le pouvoir en s’appuyant sur les faits, tandis que le second installait une dictature totalitaire qui instaurera une sorte de bulle où les faits étaient niés par l’idéologie, l’histoire révisée, les statistiques corrigées, la pensée contrôlée.
C’est ce régime qui inspira “1984” d’Orwell. Les Français vivent aujourd’hui, eux-aussi dans une bulle idéologique. C’est bien sûr un système plus doux, sans goulag, mais où la langue de bois du pouvoir est enveloppée dans la pensée dominante de l’oligarchie qui règne dans l’organisation politique et administrative du pays et dans la désinformation idéologique qui prédomine dans les médias. Ainsi un certain nombre de faits sont présentés avec dédain, et inversés. Le fait brutal dont le Français fait l’expérience est traduit, analysé, décrypté, comme le disent sans vergogne certains journaux, pour devenir une illusion qui masquerait abusivement son contraire. Ainsi, l’insécurité par exemple ne serait qu’un sentiment subjectif qui voilerait la réalité d’un pays où la violence serait demeurée objectivement stable ou aurait même reculé depuis des décennies. C’est le discours de l’actuel ministre de la Justice, emblématique de la caste qui donne le “la” de la pensée unique en France. Habité par les théories développées dans les sciences molles qui ne sont souvent que de l’idéologie déguisée, celui-ci nie l’évidente réalité des liens entre la montée de l’insécurité, l’absence d’assimilation comportementale de nombreux immigrés, et la communautarisation géographique qui crée des îlots où les modèles de comportements et les règles de vie diffèrent du reste du pays. Pour mesurer la délinquance de manière objective et indépendante, avait été créé en 2004 un Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales. Il a été discrètement supprimé fin décembre 2020. Quand on ne veut pas révéler sa maladie au malade, il est mieux de casser le thermomètre.
L’une des réalités que refuse l’aveuglement obsessionnel de nos élites est la démographie. La polarisation sur les droits de l’individu et leur extension continue fait oublier que l’homme est avant tout un animal social, dont les idées et les actes dépendront de l’influence du milieu au sein duquel il aura été éduqué, et du rapport de forces qu’il évaluera entre le groupe auquel il appartient et les autres. Une classe scolaire composée très majoritairement d’enfants d’immigrés issus de fratries nombreuses baignant dans une ambiance culturelle distincte de celle du pays d’accueil par sa religion, par ses moeurs résistera à l’enseignement et établira une sorte de censure à l’encontre de celui-ci. L’enseignant, par prudence, évitera certains sujets, la direction refusera tout problème, le ministère adaptera les programmes. Récemment, à Cergy, un “Algérien” a clamé son racisme à l’encontre des Noirs et rappelé l’existence de l’esclavagisme arabo-musulman. Ce dernier est un fait répandu d’Alger à Zanzibar et qui d’ailleurs ne visait pas que les Africains mais aussi les Européens chrétiens. Des personnages aussi prestigieux que Cervantès ou Saint-Vincent de Paul ont été esclaves des Barbaresques, et rachetés à prix d’or par les congrégations spécialisées dans ce type de sauvetage. La loi française se voile la face et veut ignorer ces faits au prétexte, selon son instigatrice, Mme Taubira, que cette vérité créerait un malaise chez les jeunes Arabes musulmans immigrés en France. Ainsi, on enseigne la repentance chez les jeunes Français pour un esclavage qui ne concernait qu’une poignée de leurs ancêtres à Nantes ou à Bordeaux et dans les colonies insulaires du XVIIIe siècle, en omettant de rappeler que lors de la seconde vague coloniale, sur le continent africain, c’est au contraire l’arrivée des Européens comme Savorgnan de Brazza qui mit fin à la servitude. La pression démographique et la trahison des élites convergent pour inverser la réalité des faits et imposer l’idéologie dominante. Or la démographie est la clef de tout.
La France était l’une des toutes premières puissances du monde tant qu’elle dominait les autres nations européennes par le nombre de ses habitants. L’évolution des moeurs au XVIIIe siècle, la Révolution et son égalitarisme partageur, les guerres sanglantes menées de 1792 à 1815 ont ruiné cet avantage sans que les Français en prennent conscience. 1870, 1940, et, entre les deux, la victoire arrachée par une hécatombe en 1918, étaient pourtant des avertissements sévères. L’immigration vers le pays des “Droits de l’Homme” d’une foule d’étrangers enthousiastes devait compenser le vide à l’époque où l’école de la République instruisait sans complexe et où la plupart des immigrés venaient de pays catholiques. Ce n’est plus le cas, si cela l’a jamais été. Les immigrés ne sont plus catholiques, sont loin d’être enthousiastes, viennent pour des motifs économiques et sociaux, conservent souvent leur nationalité étrangère en plus de la carte d’identité française pourvoyeuse de droits. En cas de conflits, de quel côté se rangeraient-ils ? L’évolution démographique projette de manière inéluctable un changement de population, de moeurs, de pays, et notre “élite” décadente et suicidaire s’acharne à promouvoir l’individualisme hédoniste, qui tue la famille reproductrice et éducatrice au profit de la foule solitaire des enfants sauvés de l’avortement, virevoltant d’un couple à un autre, suivant leurs désirs du moment, laissant leur progéniture grandir sans repère. Cette manière de vivre n’a aucun avenir. Elle programme l’effacement de ceux qui s’y complaisent. Mais les faits ne sont pas si têtus, puisque en fonçant vers le ravin, les idéologues et les politiciens persistent à klaxonner leur refus du réel.
La modernité serait-elle le résultat d’une régression d’ordre infantile, voire le signifiant de cette régression elle-même ? Un auteur comme Jacques Derrida (1930-2004) nous incite à le penser. Le jeune enfant, qui ne serait pas guidé et soutenu par la férule, certes bienveillante mais inflexible du tuteur ou du maître, est enclin à ne bâtir que sur du sable, livré aux impétueux courants de ses désirs incontinents et contradictoires.
Son château une fois édifié sera balayé par sa petite main aussi maladroite qu’irascible et capricieuse, cette destruction provoquant probablement, aux tréfonds de sa psyché encore incertaine, un cataclysme mystérieux que sa raison toute juvénile est impuissante à éclairer. C’est alors que, désordonné, erratique, hésitant, il partira en quête d’autres aventures ludiques qui l’affronteront à d’autres murs d’incompréhension toujours plus inexpugnables. L’homme (hyper)moderne est cet enfant qui, face à l’autorité, l’histoire, la religion, les mœurs, ne s’embarrasse pas de sens, de logique, d’ordre, d’héritages : il détruit, déconstruit et refaçonne à sa guise, en fonction de ses goûts et dilections du moment. Bref, construire, déconstruire, reconstruire, détruire participe pleinement du jeu. Pour le moderne hédoniste – ou postmoderne (lequel n’est que le moderne en transit entre le moderne proprement dit issu des Trente Glorieuses et l’hypermoderne, soit l’acmé d’une modernité parvenue à un stade suprême, dont le transhumanisme serait la première marche) –, l’existence ne serait rien d’autre qu’un parc d’attractions.
La référence au jeu nous est suggérée par Derrida lui-même qu’il substitue au logos, dans l’objectif de défier ouvertement les fondements de la philosophie occidentale, à commencer par la métaphysique. Dans L’Écriture et la différence (1967), il définit le jeu comme « un système dépourvu de centre, qui permet des déplacements et des transformations infinies sans que rien ne vienne l’arrêter ». Au prix d’une interprétation dévoyée de la pensée de Nietzsche et de ses prophéties zoroastriennes sur l’assomption de ce que Derrida – prenant, sans doute, ses désirs nihilistes pour des réalités révolutionnaires – nomme le « peut-être » – qu’il emprunte, en l’extrapolant, au Par-delà le bien et le mal de l’Allemand – Derrida, donc, propose de « démonter », démembrer, démantibuler cette pensée occidentale, de Platon à Kant, jusqu’à Husserl et Heidegger – de la « Destruktion» duquel il s’inspirera pour forger sa propre « déconstruction » – jugée trop contrainte et limitée. Mais à quelles fins ? Derrida ambitionnait de dépasser le « logocentrisme » à l’œuvre, selon lui dans toutes les théories de la connaissance, en philosophie, comme en littérature et, plus tard, dans, l’art, la politique, l’histoire, etc.
Constater que la déconstruction est à l’origine des gender studies, des cultural studies, des queer studies, comme de ses avatars, féministes, décoloniaux, indigénistes ou trans/inter-sexués que sont le political woke, ou la cancel culture, revient cependant à camper au milieu du gué, si l’on ne conserve présent à l’esprit que le dessein d’une doctrine aussi corrosive est de s’attaquer par principe à toute anamnèse sur les origines de ce qui constitue notre être primordial en tant qu’héritier d’une multiséculaire civilisation gréco-latine, judéo-chrétienne et germano-celte. Le « logocentrisme » de la métaphysique occidentale ainsi déconstruit laissait entrevoir ce que Derrida n’hésitait pas à appeler le « phallogocentrisme ». Dès cet instant, en rupture radicale avec les permanences et les invariants anthropologiques, c’est, comme un mot d’ordre lancé tous azimuts, la totalité de l’édifice moral, spirituel, culturel, intellectuel de l’Occident qui devait s’écrouler tel un vulgaire château de cartes (autorité, transmission, transcendance, rapports au beau, au juste, décence commune, sens des limites, etc.). À l’époque de Derrida, soit dans les années 1965-1975, l’enjeu de la déconstruction était de faire pièce au structuralisme alors triomphant dans toutes les sciences humaines. En pulvérisant les cadres conceptuels hérités de la linguistique saussurienne, la théorie de la déconstruction tendait, par là-même, à les discréditer – notamment en ringardisant les classiques oppositions masculin/féminin, vérité/mensonge, esprit/corps, essence/existence, etc. – et à laisser place nette à un poststructuralisme de nature expérimentale – dont la création de l’université de Vincennes en 1968 sera le poste avancé.
Si Derrida assumait de ne jamais pouvoir apporter une définition précise de la déconstruction, métonymie ambivalente de l’indécidabilité, de l’indifférenciation, de l’indétermination, de la polysémie, de la ductilité, de la labilité – en résumé, de l’auberge espagnole et du capharnaüm –, gageons que des continuateurs, tel Emmanuel Macron, lançant le 18 avril 2021, à une journaliste américaine de CBS, que « nous devons déconstruire notre propre histoire », sauront en faire un usage herméneutique qui éclairera l’hermétisme déconcertant du maître.
Avant-hier nous célébrions la fameuse abolition des privilèges par l’assemblée constituante censée mettre fin aux inégalités d’ancien régime, alors qu’en réalité elle affaiblira les faibles et renforcera les forts. Non seulement cette loi est injuste, mais elle réductrice des libertés et annonce déjà la loi le Chapelier qui sera promulguée en 1791 et mettra un terme à la protection sociale dans les métiers. (AF)
le 4 août 1789 : abolition des « privilèges » par l’Assemblée constituante.
« La nuit du 4 août 1789 est un événement fondamental de la Révolution française, puisque l’Assemblée constituante proclame la fin du régime féodal et de ses privilèges. »
Voici ce qu’on peut lire dans tous les livres d’histoire depuis la 3ème république jusqu’à nos jours. C’est un énorme mensonge, qui cache le viol fait par une minorité d’idéologues extrémistes. La nuit du 4 août n’est pas l’abolition des « privilèges de la noblesse et du clergé » mais la disparition de tous les us et coutumes propre à chaque province française. Le système féodal a été supprimé peu de temps avant, entre le 20 juin 1789, date du serment du jeu de paume et le 27 juin quand Louis XVI cède et que les trois états se réunissent en Assemblée nationale.
Les Rois de France ne parlaient pas du « peuple français », mais de « nos peuples » ; soulignant par là, la diversité des traditions, des langues et des cultures des provinces de France. Les « Privilèges » sont étymologiquement les « privata lex », les« lois privées ». C’est-à-dire que chaque décision royale devait avant être enregistrée par les Parlements provinciaux pour avoir force de loi localement. Ce système faisait de la Monarchie française un système de gouvernement équilibré, tempéré où la liberté était profondément respectée.
Le 4 août ces gardes fous disparaissent ; les décisions parisiennes s’imposent à tous. Les parlements sont supprimés. L’on est bien loin du mythe révolutionnaire d’une France assoiffée d’égalité ! La république pour détruire ces traditions va imposer par la violence la langue française, un nouveau découpage administratif avec les départements qui font fi de l’histoire locale, des lois uniformisatrices contraires à la volonté des Français.
Jean Sévillia note que la nuit du 4 août est une manœuvre préparée à l’avance.
« Ce n’est pas seulement l’égalité devant la loi, réforme que Louis XVI n’avait pu réaliser, qui est adoptée. En quelques heures ce sont tous les statuts particuliers, ces franchises, libertés, coutumes et lois privées (Lex privata privilèges) qui particularisaient la société d’ancien régime qui sont abolis. Un coup de rabot législatif aplanit la condition des Français à quelque milieu qu’ils appartiennent : la révolution sociale est faite. »
Abolition des privilèges. Nuit du 4 au 5 août 1789. Exemptions d’impôts clergé et noblesse.
Mais pourquoi en jouissaient ils ?
(D’après « Mensonges révolutionnaires », paru en 1854)
Au milieu du XIXe siècle, Alexandre Rémy, rédacteur en chef du journal La Mode et « de ceux que la vérité passionne, et que la mauvaise foi révolte », publie un recueil intitulé Mensonges révolutionnaires, au sein duquel il entend réfuter les contre-vérités véhiculées par des écrivains brossant une histoire de cette période dans le seul but de la falsifier. Où l’on apprend que Louis XVI oeuvrait à ne pas alimenter la fracture sociale et que les exemptions d’impôts, ces fameux « privilèges » abolis dans la nuit du 4 août 1789 et dont jouissaient la noblesse et le clergé, n’étaient pas concédées sans exiger lourde contrepartie.
Dans le quatrième chapitre de son ouvrage, Alexandre Rémy revient sur les propos reproduits complaisamment en 1853 par le Constitutionnel, propos tenus originellement dans une brochure en date de 1804 intitulée Naturel et légitime et dont l’objet était d’établir que la dynastie des Bourbons avait, par le fait et dans la personne de Louis XVI, perdu le caractère de légitimité qu’elle tenait de son origine et du temps, en refusant à la nation les réformes que le progrès avait rendu nécessaires. Cette thèse, que le journal ministériel s’appropriait en y donnant un assentiment explicite, explique Rémy, s’appuie sur les assertions suivantes :
« Des qualifications devenues insignifiantes, des parchemins et des livrées, restes absurdes de la féodalité, séparaient honteusement vingt millions de Français, pleins de courage, de talents et d’industrie, d’une caste oisive et dégénérée, à laquelle étaient réservés tous les emplois, qui seule avait la faveur du souverain, et à laquelle seule le souverain se vantait d’appartenir. La classe industrieuse semblait être la propriété de la classe fainéante. Le roi disait mon peuple ; alors le peuple ne voyait plus son roi.
Séance de l’Assemblée nationale dans la nuit du 4 au 5 août 1789
Séance de l’Assemblée nationale dans la nuit du 4 au 5 août 1789
« (…) L’affranchissement des impôts des nobles rendait encore plus révoltante la condition de ces ineptes privilégiés. Le clergé possédait des biens immenses soumis à de faibles taxes ; des évêques intrigants, des moines fainéants et dépravés, regorgeaient de richesses ; des pasteurs vigilants et secourables languissaient dans une avilissante pauvreté. »
On ne saurait, s’indigne Alexandre Rémy, fausser l’histoire avec plus d’impudence, et calomnier plus systématiquement notre ancienne royauté dans la personne d’un monarque à qui l’Assemblée constituante a décerné le titre de Restaurateur des libertés françaises. Le Constitutionnel, qui s’est donné pour mission de réhabiliter le principe d’autorité au profit, il est vrai, d’une quatrième dynastie, devrait peut-être moins que tout autre remettre au jour ces arguments usés de l’école révolutionnaire, poursuit Rémy pour qui trois assertions principales constituent la thèse que le Constitutionnel prend hautement sous son patronage, et qui a pour but de justifier la répudiation de la maison de Bourbon.
La première, explique-t-il, tend à présenter la nation, au moment où éclata la Révolution, comme divisée en deux classes, dont l’une monopolisait les emplois et la faveur du souverain, et dont l’autre, composée de vingt millions de Français, semblait être la propriété de la première. Que cet état de choses ait existé en effet sous l’Ancien Régime, la question n’est point là ; ce qu’il s’agit de savoir, c’est si le maintient des privilèges dont jouissaient la noblesse et le clergé constituait, dans la pensée royale, un système politique auquel il fût interdit de toucher, ou si plutôt ce n’est point par le fait que la royauté même, c’est-à-dire par sa propre initiative, que la suppression de ces privilèges fut provoquée, et si cette suppression n’a point précédé la Révolution.
Or, ce point historique ne souffre aucune controverse sérieuse, affirme Alexandre Rémy : dès 1787, en effet, Louis XVI, s’adressant à la noblesse et au clergé, demanda à ces deux ordres de se soumettre de leur plein gré au droit commun qu’il voulait rétablir dans le royaume ; d’un autre côté, et cette même année, le collège des pairs de France, se portant fort pour l’ordre entier de la noblesse, acquiesça solennellement à la demande du roi ; cet acquiescement fut renouvelé par les deux ordres, dans l’assemblée des notables qui se tint quelque temps après ; et enfin, dans la fameuse nuit du 4 au 5 août, le clergé et la noblesse firent volontairement l’abandon de ce qui leur restait de privilèges et de droits féodaux.
Que ces droits et ces privilèges fussent autant d’abus contre lesquels protestait l’esprit public, la question n’est point là davantage, renchérit Rémy ; ce qu’il importe seulement de savoir, c’est, comme nous l’avons déjà dit, si la réforme de ces abus, demandée par la nation, entrait dans le programme de la politique royale, et si cette réforme a été réalisée en effet sous le gouvernement même de Louis XVI.
Or, cette question est tranchée affirmativement par les faits mêmes. Il n’y a pas lieu, dès lors, à tirer de l’existence antérieure de ces abus un grief contre l’ancienne royauté, et encore moins un grief de nature à ôter ipso facto à cette dernière « le caractère de légitimité qu’elle tenait de son origine et du temps. » L’argument invoqué par le Constitutionnel n’existe donc pas, ou plutôt n’existe que sous bénéfice de mensonge historique.
La seconde assertion, qui, par le fond, rentre dans l’objet de la première, et n’en est qu’un développement spécial, porte sur l’exemption des impôts en faveur du clergé et de la noblesse. En admettant que cette exemption fût un abus, nous venons de voir comment il prit fin : or, dès lors qu’il avait cessé d’exister, la Révolution n’était donc pas fondée à s’en faire un argument contre la monarchie.
Rémy explique reconnaître sans difficulté le fait de cette exemption : oui, le clergé et la noblesse étaient exempts de la taille pour leurs biens nobles. Mais que va dire le Constitutionnel, quand nous lui aurons appris et démontré que cette exemption, pour être un privilège, n’en était pas moins pour les deux ordres plutôt un fardeau qu’un avantage ? lance-t-il.
Commençons par le clergé : avant 1789, c’est le clergé qui, avec ses seuls et propres revenus, subvenait aux besoins du culte, à l’entretien des pauvres, des veuves et des orphelins, et plus tard à celui des hôpitaux. C’était, ce nous semble, contribuer pour une bonne part aux charges publiques ; et peut-être, si l’on était moins prévenu, reconnaîtrait-on que l’exemption de la taille n’était à son égard que de stricte justice. Mais hâtons-nous de dire que le clergé ne se retrancha jamais dans ce privilège, puisque privilège il y a, pour refuser de venir en aide à l’État, quand celui-ci faisait appel à son patriotisme. On a même pu calculer que ses dons volontaires ont plus rapporté au trésor public que n’eût fait un impôt régulier établi sur ses propriétés.
Abolition des privilèges (nuit du 4 août 1789)
Abolition des privilèges (nuit du 4 août 1789)
Au surplus, ajoute Alexandre Rémy, le clergé n’hésita pas, en 1789, à se dépouiller au profit de l’État d’une fortune qui était immense, sans doute, mais dont il avait toujours fait le plus saint et le plus patriotique usage, et cela sous la seule réserve d’une dotation indispensable à ses besoins, à l’entretien des églises et à la dignité du culte. Et l’on sait comment la Révolution acquitta envers lui la dette de l’État ! Si par hasard le Constitutionnel l’ignorait, qu’il fasse le compte des prêtres déportés et guillotinés, s’insurge notre auteur.
Venons maintenant à la noblesse : l’exemption de la taille n’était pas moins fondée en équité que par rapport au clergé. Les nobles, en effet, étaient soumis au service du ban et de l’arrière-ban – ce qui équivaut à dire qu’ils avaient le privilège de verser gratuitement leur sang pour la patrie sur les champs de bataille, et de se ruiner généreusement en frais de guerre pour la défense du pays. C’était là un privilège glorieux, sans doute ; mais il est juste de reconnaître que la Révolution s’en est suffisamment vengée par la proscription, la confiscation et l’échafaud. Ajoutez à cela que, rivalisant avec le clergé de dévouement à la chose publique, ils ne songeaient pas plus que lui à marchander à l’État leurs dons volontaires, quand le trésor royal se trouvait épuisé.
On voit que l’exemption de la taille pour les biens nobles seulement, car elle ne s’étendait pas aux biens roturiers qui étaient entre les mains des deux ordres privilégiés, reposait sur des considérations de justice dont on peut bien tenir un peu compte. Dans tous les cas, la nuit du 4 au 5 août en eut définitivement raison ; et dès lors qu’elle a été abolie en droit et en fait sous le règne de Louis XVI même, on ne peut être admis à s’en faire une arme contre le gouvernement de ce monarque.
La troisième assertion, écrit Rémy, tend à présenter Louis XVI comme isolé de la nation, et réciproquement le peuple comme séparé de son roi. Si jamais mensonge historique fut flagrant, c’est bien, certes, celui-là. Le roi et la nation séparés ! Mais jamais l’accord du peuple et de la royauté se manifesta-t-il, dans tout le cours de notre histoire, avec un éclat aussi solennel qu’en 1789 ? Qu’on rapproche la Déclaration royale, du 23 juin de cette année, des Cahiers des députés aux États-Généraux, et l’on verra que la royauté avait sanctionné d’avance les droits et les réformes revendiqués par la nation !
En présence d’une si manifeste identification d’un roi avec son peuple, que venez-vous donc nous parler de dynastie usée et abandonnée de la sève nationale ? s’indigne Rémy. Usée ! Une dynastie qui venait précisément de se retremper dans sa source même ; abandonnée de la sève nationale ! Une dynastie qui venait précisément de recevoir comme une nouvelle consécration populaire des suffrages de six millions de Français !
Le citoyen Caussidière [Marc Caussidière (1808 – 1861) : haute figure du mouvement républicain français de la première moitié du XIXe siècle, il prendra une part active au sein de la Révolution de février 1848] avait la prétention de faire de l’ordre avec du désordre : le métier de certains écrivains serait-il d’écrire l’Histoire uniquement pour la falsifier ? s’interroge Alexandre Rémy.
Le compte Twitter de Jean Messiha définitivement fermé
Tribunal apparemment arbitraire, implacable, Twitter vient de fermer définitivement le compte de Jean Messiha. Mais en démocratie, bâillonner un homme politique peut rapidement devenir une affaire de justice.
Samedi, Jean Messiha a reçu un message de la part de Twitter l’informant que son compte avait été suspendu. Ce n’était pas pour la première fois. À la fin du mois de juin, il avait été privé de la plupart des fonctionnalités de la plateforme pendant sept jours. Mais cette fois la suspension était définitive. Certes, il avait posté un tweet contre l’immigration en se plaignant d’actes d’agression commis en France par des immigrés, actes qui, selon lui, s’ils avaient été commis par des Français dans les pays d’Afrique du Nord ou subsaharienne, auraient été vengés avec la plus grande violence par les populations locales. On peut accepter son argument ou non, mais son message n’a rien d’une incitation à la violence contre les immigrés en France. Quelle est donc la logique de cette suspension définitive ? S’enquérant des motifs de ce jugement draconien, il n’a reçu qu’une réponse sèche, impersonnelle, prétextant des infractions répétées aux Règles (avec majuscule) de Twitter.
Capture d’écran des mails reçus de l’équipe Twitter par Jean Messiha
Aujourd’hui, la plateforme fait partie, avec Facebook, Instagram et autres YouTube, de ce véritable oligopole de médias sociaux qui, pour notre plus grand malheur, sont devenus indispensables à tout politicien démocratique qui cherche à communiquer avec les électeurs. En être expulsé est dramatique et ne devrait pas résulter de la seule décision d’un salarié ou – pire – d’un algorithme. Bloquer le compte d’une personnalité publique représente – comme nous l’a confié Jean Messiha lui-même – un acte castrateur. Le président de l’Institut d’Apollon est désormais privé de ses plus de 160.000 suiveurs et réciproquement. La démocratie est-elle compatible avec une justice aussi sommaire ?
L’homme propose, Twitter dispose
Comme les autres médias sociaux, Twitter a entrepris de nettoyer sa plateforme des discours haineux, des fausses informations et des actes de harcèlement personnalisés qui vicient le monde prétendument merveilleux d’Internet. Si un client trouve son compte bloqué, c’est parce qu’il a commis une infraction à ces « Règles » apparemment précises formulées par Twitter et destinées à être appliquées à tout le monde de façon impartiale. Quelles sont ces fameuses Règles et en quoi Jean Messiha aurait-il pu les enfreindre ? Selon la liste fournie par le média à l’oiseau, la première règle interdit de menacer quelqu’un de violence ou de faire l’apologie de la violence, voire du terrorisme. Messiha en est-il coupable ? Non. Également interdite est la « conduite haineuse », c’est-à-dire le fait de menacer de violence des groupes définis par leur genre ou leur ethnie. Messiha a-t-il fait preuve une telle conduite ? Non. A-t-il encouragé l’exploitation sexuelle ? Non. Harcelé tel ou tel individu ? Jamais. Encouragé des gens à se suicider ? Que nenni ! Partagé des contenus excessivement violents ou érotiques ? Non plus. Dans cet univers qui mérite comme nul autre l’épithète éculé de « kafkaïen », le crime dont on est accusé et pour lequel on est jugé reste inconnu pour le condamné lui-même.
Pourtant, Twitter proclame qu’« il est facile de faire appel. » Mais auprès de qui exactement ? Certaines suspensions se révèlent assez vite être des erreurs et sont corrigées, mais laissent souvent l’impression que la condamnation originale est un jugement automatique généré par un algorithme ou un robot. Twitter s’évertue à nous rassurer à cet égard, affirmant que « Notre équipe d’assistance est composée de charmants humains du monde entier. » On voit mal le charme du message adressé à Jean Messiha, à moins que, dans certaines parties de ce monde, le charme ne s’exprime paradoxalement par la rudesse. Nous savons que les êtres humains, en dépit de leur charme, commettent souvent des erreurs de jugement et font preuve de partialité. C’est pour cette raison que la justice humaine doit être rendue avec la plus grande transparence possible. En revanche, les modérateurs de Twitter semblent cultiver une opacité dangereuse.
La Justice ou l’inquisition ?
Les verdicts rendus par Twitter et les autres médias sociaux sont-ils cohérents ? Difficile de le croire. Nous savons que Donald Trump a été banni de Twitter pour avoir – selon cette plateforme – incité ses supporteurs à attaquer le Capitole le 6 juin. Pourtant, les comptes associés au chef suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, continuent à publier en dépit du caractère souvent antisémite des messages. Dans un post en anglais du 7 mai, par exemple, on apprend qu’Israël « n’est pas un pays » mais un « camp terroriste » qui faut combattre. Autrement dit, cette nation doit être rayée de la carte. Le personnel charmant de Twitter semble incapable d’interpréter ce langage qu’on ne peut même pas qualifier de voilé.
Pourtant, il y a peut-être une cohérence à cette incohérence dans les jugements. Les oligarques de la Silicon Valley sont des adeptes du catéchisme mondialiste selon lequel les individus, comme les capitaux, ne doivent pas connaître de frontières, du moins dans les pays occidentaux. Or, la démocratie est censée nous permettre de débattre librement de toutes les questions, y compris de celle de l’immigration. Ce système de deux poids deux mesures est néfaste pour la liberté d’expression et, à la longue, en étouffant le débat, ne servira même pas la cause de ceux qui sont pour l’immigration.
En juillet, l’ex-président Trump a intenté un procès en justice contre Twitter et Facebook. Jean Messiha est déterminé lui aussi à se battre contre la plateforme à l’oiseau, et Gilles-William Goldnadel a indiqué – par un tweet – qu’il est prêt à le défendre. En démocratie, il faut préférer la justice à l’inquisition des médias sociaux. Les juges seront peut-être moins « charmants » que les modérateurs de Twitter mais – espérons-le – ils seront plus justes.
Pourquoi votre compte Twitter a-t-il été suspendu ?
J’ai reçu un certain nombre de messages contradictoires de Twitter dans lesquels ils me reprochent de diffuser soi-disant des fausses informations sur le Covid. Puis ils mentionnent un tweet où je dénonce le comportement criminel de certains migrants. Donc je n’ai pas très bien compris. J’ai fait appel de cette décision, pour l’instant elle n’a pas été examinée. J’ai déjà eu maille à partir avec l’oiseau bleu à plusieurs reprises. Mon compte avait toujours été rétabli. La dernière fois j’ai été suspendu pour neuf jours et face au tollé provoqué et au fait que ce n’était pas justifié, mon compte a été rétabli en moins de 48 heures. J’espère que cette censure n’en est pas une. Elle résulte de la mobilisation de certains comptes malveillants qui font sauter le mien pour un oui ou pour un non.
Comment expliquez-vous la censure que l’on remarque sur les réseaux sociaux ?
Derrière cette censure, il y a l’idéologie des patrons qui gèrent les plates-formes, ce sont les mêmes qui gèrent les GAFAM dont Twitter fait partie. Les GAFAM sont à la fois un outil et une idéologie gaucho-progressiste. Par conséquent, à travers ce prisme idéologique, une censure s’exerce à l’endroit de toutes les voies qui peuvent écorner cette vision gaucho-progressiste du monde sur de nombreux sujets, à commencer par celui de l’immigration. Lorsque j’ai eu maille à partir avec Twitter, c’était toujours sur le sujet d’immigration. Je n’ai jamais incité à la haine, je prends mille et une précautions pour ne pas faire d’amalgame et ne pas stigmatiser une catégorie. Je parle toujours de certaines immigrations, je dis toujours « des migrants » et non pas « les migrants » car ils ne sont pas tous comme ça. Mais Le simple fait de critiquer de quelque façon que ce soit, certaines immigrations ou certains migrants, ils vous censurent, comme s’il n’était plus possible de parler d’immigration sauf pour en dire du bien. Je ne suis pas d’accord avec cela et je continuerai à dire les choses telles qu’elles sont : il y a de bonnes immigration et de mauvaises immigrations. Quand certains migrants s’illustrent par des actes héroïques, je le souligne, mais lorsque vous en avez qui se livrent à des crimes, à des délits ou à des agressions sur notre territoire, il n’y a aucune raison de le taire. Ce n’est pas qu’une succession de faits divers, c’est un phénomène.
Pensez-vous que des plates-formes secondaires comme Signal ou Telegram par exemple puissent garantir une meilleure liberté d’expression sur Internet ?
À ce jour ma page Facebook est sur le point d’être dépubliée, mon compte TikTok est également censuré, je ne sais pas pourquoi car je n’ai rien publié de condamnable, et même le compte de l’institut Apollon sur lequel nous publions des choses factuelles subit lui aussi une censure. Ce n’est pas du hasard, cela relève d’une logique de harcèlement de ceux qui pensent mal ou qui pensent contre le système. Il y a une censure à l’œuvre.
Ces réseaux sociaux sont devenus un outil politique, public. Il faut faire en sorte que les réseaux sociaux ne soient plus de l’ordre de la gestion privée car ils permettent une expression publique. Leur gestion doit relever de la loi. Seule la loi et la justice peuvent interdire à quelqu’un de dire ou pas quelque chose. Il n’appartient pas aux plates-formes privées de vous censurer.
Sur les plates-formes alternatives, le ton y est plus libre mais c’est un peu un entre-soi où l’on retrouve tous ceux qui ne peuvent s’exprimer librement sur les autres réseaux sociaux. Or un réseau social est aussi un outil de communication qui permet « d’évangéliser » des publics éloignés des positions politiques qui sont les nôtres. Avoir un réseau où tous les bords politiques sont représentés favorise une certaine émulation intellectuelle et une qualité du dialogue qui doit rester pluraliste, dans le respect de toutes les convictions politiques des uns et des autres, dans le cadre défini par la loi.
Mais les grands réseaux sociaux sont des entreprises privées…
Oui, mais à partir du moment où on admet l’idée que la communication politique et la santé démocratique dépendent aussi de la vitalité et de la pluralité des réseaux sociaux, on voit bien que ces entreprises sont exorbitantes du droit commun.
On ne peut pas traiter les entreprises Facebook et Twitter, sur lesquelles s’expriment des milliards de personnes au niveau mondial, comme le vendeur de yaourts du coin qui lui aussi est une entreprise. Cela va au-delà de la notion d’entreprise. Ce sont des réseaux qui structurent la démocratie, la liberté d’opinion et d’expression. À partir de là, c’est exorbitant du droit commun, la législation doit donc s’appliquer à ces réseaux sociaux et à terme il faut les transformer en biens publics. Leur contenu doit relever de la loi. Les suites juridiques qui vont être réservées à cette censure – comme le fait le président Trump contre Twitter et Facebook – vont peut-être accoucher d’une jurisprudence qui modifiera l’environnement et le cadre législatif dans lequel ces réseaux sociaux exercent leur activité.
La crise sanitaire aidant, certains pensaient que la réforme des retraites jadis promise par le candidat de 2017 Emmanuel Macron et en partie remise, voire compromise par la pandémie, ne serait plus d’actualité.
Le président lui-même avait évoqué cette impossibilité, en somme, de continuer à réformer sous les bombardements covidiens, et les syndicats, échaudés par leurs échecs à empêcher les premières vagues réformatrices et libérales, s’en rassuraient, semble-t-il bien à tort : alors que nous sommes à huit mois de l’échéance présidentielle, voilà que la question des retraites, telle un monstre du Loch Ness audacieux, resurgit dans le discours politique et gouvernemental, tandis que les journaux de tendance libérale insistent, à l’image du journal Le Figaro dans son édition du vendredi 3 septembre dernier, sur la problématique du temps de travail global des Français : « Pourquoi les Français vont devoir travailler davantage », titre les pages économiques du quotidien conservateur sans beaucoup de délicatesse et avec un entrain nouveau, comme si la sidération syndicale des derniers mois autorisait tous les assauts. Il est vrai que la timidité estivale des organisations syndicales officielles et nationales face aux menaces désormais légalement assumées et assurées contre les droits des salariés rétifs à la vaccination (et il ne s’agit pas ici de prendre parti pour ou contre cet acte médical, ni d’en évoquer les effets et les limites), a pu donner l’impression de leur manque de résilience comme il est non moins vrai que nombre de syndiqués, se sentant alors abandonnés, marquent désormais une défiance profonde à l’égard du syndicalisme du « pays légal ». Une défiance qui pourrait priver les syndicats de leurs troupes habituelles de manifestants ou qui pourrait les réduire à une portion si congrue que le gouvernement se sentirait conforté dans ses intentions, et saurait alors avancer sur ce terrain déserté par les opposants. Avec des « si », l’on mettrait aisément Paris en bouteille, mais il n’est pas interdit de penser que le gouvernement pourrait bien se saisir de l’occasion de la « fatigue syndicale » pour pousser son avantage…
D’autant plus que les circonstances paraissent favorables au gouvernement et au président, la crise sanitaire, là encore, ayant changé les donnes de la question économique et sociale en Europe, et que l’Union européenne, fidèle à son idée déjà ancienne mais jamais abandonnée de fixer l’âge légal de départ à la retraite dans tout l’espace unioniste à 67 ans (motivation évoquée et revendiquée depuis 2011), l’a imposée comme condition sine qua non de l’attribution des aides à la relance à d’autres pays comme, par exemple, l’Espagne. Dans son édition du 26 août dernier, le quotidien Les Echos rappelait cette situation particulière et ce chantage de l’UE aux gouvernements des pays européens du Sud (en attendant plus ?) : « Cette réforme est l’une des conditions au déblocage des fonds du plan de relance européen », explique-t-il, en précisant plus loin : « Le nouveau système vise à rapprocher l’âge effectif de départ -64 ans en moyenne actuellement- de l’âge légal qui est fixé à 66 ans et doit être repoussé à 67 ans d’ici à 2027. » Le gouvernement espagnol étant dirigé par une Gauche socialiste à laquelle le soutien de la Gauche radicale (Podemos) ne doit pas manquer pour survivre politiquement, il peut servir de référence à la République française pour signifier aux syndicats et aux Gauches locales que s’opposer aux mesures d’élévation de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans reviendrait à s’isoler un peu plus en Europe, ce qui, évidemment, apparaîtrait comme le comble pour une Gauche radicale qui se veut « internationaliste » : en fait, le piège se referme, et les contradictions de la Gauche radicale, en Europe, sont autant d’éléments de satisfaction pour les partisans de la réforme des retraites en France. De plus, l’exemple de Syriza et de M. Tsipras, choisissant « l’Europe » plutôt que « les Grecs » en l’été 2015, alors même que la Gauche radicale hellène avait su, un temps, créer les conditions d’un rapport de forces qui ne lui était pas forcément défavorable, peut inciter M. Macron à « jouer le coup ». Pour risqué qu’il soit, il n’en serait pas moins payant à moyen terme pour le président sortant qui, ainsi, pourrait paraître tenir ses promesses même à l’orée d’élections incertaines, et couperait l’herbe sous le pied de ses concurrents de la Droite libérale sans, pour autant, provoquer une renaissance française d’une Gauche trop divisée et affaiblie pour s’imposer au printemps 2022. Le simple fait d’en parler ou d’en laisser parler, en cette veille d’automne qui s’annonce plus « sanitaire » que « social », montre la confiance des dirigeants en cette stratégie osée : la relative apathie qui a accueilli ces « rumeurs » de réforme des retraites-bis chez les adversaires du Chef de l’État semble démontrer que ce dernier applique la formule de Danton (1) sans effroi particulier…
Reste à savoir si une sorte de « chouannerie sociale », surgie du pays réel des forces vives et des travailleurs indépendants (fondements du mouvement premier des Gilets jaunes), est possible ou non, et pourrait enrayer ce mouvement (qui semble inéluctable) d’un recul annoncé (et permanent ?) de cet âge légal de la retraite pour les salariés. Non pour empêcher qui le veut de travailler aussi longtemps que sa santé le lui permet, mais pour permettre à ceux qui veulent sortir du monde du travail (ce qui ne signifie pas, d’ailleurs, ne plus travailler…) à un âge raisonnable au regard de l’espérance de vie sans incapacité (ou « en bonne santé », sans affection grave) qui, en France, n’atteint même pas les 63 ans, bien loin des 67 ans « légaux » que l’Union européenne voudrait imposer à tous et, de toute façon, inférieure à l’âge légal de départ à la retraite voulu par M. Macron (64 ans, mais 65 ans pour les candidats libéraux républicains) et hautement désiré par le patronat français.
(à suivre)
Notes : (1) : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! ». Il faudrait replacer cette célèbre formule de Danton dans son contexte historique (celui des terribles journées de septembre 1792 et des massacres dans les prisons parisiennes, versaillaises ou lyonnaises que Danton va laisser faire ou, pour certains historiens, suscitera) pour en saisir toute la dimension stratégique, le but étant de terrifier l’adversaire pour mieux le bousculer et le vaincre. Ce qui a marché, terriblement, du temps des débuts sanglants d’une République pas encore établie, peut-il encore fonctionner aujourd’hui ? Si les parlementaires macroniens paraissent plus timorés que leur inspirateur, il n’est pas douteux que le président lui-même et ses proches disciples n’ont pas de ces timidités politiques… Et quelques sondages favorables à la réforme (ou pas trop hostiles…) pourraient bien entraîner les réticents à suivre l’élan donné d’en haut ! Le « Qui m’aime me suive » du président Macron pourrait connaître le même sort bénéfique pour lui que pour son prédécesseur Philippe VI de Valois…